Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

économie et finance - Page 762

  • Zone euro : En Europe, la gouvernance économique a surtout besoin d’une gouvernance politique

    François Hollande a proposé l’instauration d’un gouvernement économique de la zone euro lors de la deuxième conférence de presse de son quinquennat, le 16 mai 2013. Pour Laurent Ozon, le problème de l’euro provient de notre incapacité à lui assigner une direction politique.

    Barack Obama avec les écouteurs de la NSA, représenté par Dave Brown, caricaturiste américain

     

    L’actuelle crise de l’euro est le résultat d’une opération d’instabilisation menée par le monde financier et le gouvernement profond US pour maintenir le statut du dollar comme monnaie de change internationale. Cet outil monétaire (le dollar) est ce qui permet aux USA de continuer à financer leur domination par une dette contractée sur le monde entier dans une unité de change qui n’a que la valeur du papier sur laquelle elle est imprimée.

     

    De fait, le problème de l’euro est celui de notre incapacité à lui assigner une direction politique et cette difficulté provient en premier lieu de la difficulté d’une organisation politique comme l’UE à définir les contours d’une volonté politique claire, tiraillée entre les volontés contradictoires de ses membres, les empiétements des multinationales, les tentatives répétées de sabotage des USA (via ses satellites), etc.

    De fait, toute monnaie non adossée à une volonté politique est un outil problématique. Ceci est valable pour toutes les monnaies, qu’elles soient nationales ou européennes. La question fondamentale est donc bien de savoir où peut se constituer une volonté politique capable d’une direction économico-financière souveraine et conforme à ses intérêts. La seconde question qui découle immédiatement de la première est : quels seront ses moyens réels d’action (en matière monétaire et au delà) face à une hégémonie financiaro-militaire de plus en plus agressive.

    La nation par son unité héritée de l’histoire, peut apparemment fournir un environnement de pouvoir mieux maîtrisé et donc un potentiel de volonté politique opérationnel plus simple à obtenir qu’une fédération d’États aux intérêts parfois contradictoires comme l’UE. En clair, la France, par exemple, peut imaginer se donner une monnaie et lier les conditions de sa politique monétaire à ses intérêts souverains.

     

    La question qui se posera secondairement sera : quel poids aura la France face à cette hégémonie, compte tenu de son niveau d’autonomie vivrière, énergétique, militaire, médiatico-culturelle, économique et financière ? Un poids faible à n’en pas douter. D’autant plus faible que le niveau d’intégration de la France dans l’économie mondiale ne repose pas seulement sur sa monnaie mais sur un dispositif d’imbrication beaucoup plus vaste et infiniment plus profond que ne le croient ceux qui rêvent d’un destin politique retrouvé, l’œil dans le rétroviseur.

     

    C’est un partisan du protectionnisme et de la relocalisation qui l’affirme, dans l’état actuel des choses, il faudra des efforts immenses et du temps à une France isolée des grands systèmes monétaires et des sphères d’influence correspondantes, pour pouvoir résister aux pressions du système financier et militaire de la première puissance mondiale, pour ne pas évoquer les autres.

     

    Confrontée probablement dans les vingts années à venir à une crise civile grave, dépendante de ses importations, sans autonomie industrielle (pièces, technologies, etc.) et sans puissance militaire de premier ordre ni ressources capables d’impacter les rapports de forces géopolitiques mondiaux, la France ne profitera de sa liberté monétaire que bien peu de temps. Celui de s’enfoncer dans la guerre et la ruine, sort qu’elle ne pourra in fine conjurer qu’en passant sous contrôle total d’une puissance dont elle pensait s’affranchir.

     

    De fait, je le pense, la France n’a pas les moyens de faire cavalier seul. Adossée aux centaines de millions d’européens tournée vers la Russie, elle pourrait se donner dans l’UE, les moyens d’une politique monétaire conforme aux intérêts de son économie. Car ce qui peut être fait en France peut être fait en Europe, certes dans un premier temps plus difficilement, mais à la condition préalable d’une vigoureuse refondation des institutions communautaires qui permettrait à une Europe débarrassée du Royaume-Uni et autres satellites US, de retrouver les moyens de son retour à l’histoire dans un monde multipolaire et de défendre ses choix avec plus de poids que celui d’un pays en pré-guerre civile ne disposant pas des moyens de puissance pour maîtriser, isolé, les conséquences de ses coups de mentons monétaires.

     

    En bref, évoquer la question de la sortie de l’euro sans évoquer celui des rapports de forces internationaux et des implications vitales induites relève au mieux de l’amateurisme politique. De ce point de vue, un gouvernement économique de la zone euro pourrait être une solution, si il n’associait pas les habituels porte-avions américains au sein de l’UE et si la France et l’Allemagne s’engageaient à ajouter une dorsale russe à l’axe Carolingien…

     

    C’est en tous cas le moment, à quelques mois des élections européennes d’ouvrir sérieusement le débat, non ?

     

    Newsring

    http://fortune.fdesouche.com/317599-zone-euro-en-europe-la-gouvernance-economique-surtout-besoin-dune-gouvernance-politique

  • Olivier Delamarche: Croissance: un avion sans moteur se crashe - 13 Août 2013

  • Après le RMI et le RSA, un nouveau machin : la « GJ »

    Vingt-cinq ans après la création par l’inénarrable Michel Rocard du « Revenu minimum d’insertion », lequel s’est rapidement transformé en « revenu maximum d’indolence », puis en « Revenu de solidarité active » ou « revenu sans avenir », nos socialistes nouveaux qui ont l’art de pratiquer le changement sans rien changer en remettent une couche en inventant la « Garantie jeune ».

    Si vous avez entre 18 et 25 ans et que vous vous trouvez en situation précaire, isolé, sans ressources et qu’en dépit des 3,2 millions de chômeurs qui sont déjà devant vous, vous décidez courageusement de braver l’adversité, l’État-providence va se fendre d’une « Garantie jeune », un nouveau droit – parce que vous le valez bien – qui devrait vous permettre de vous insérer dans la vie professionnelle. Celle-là même dont sont privés les 3 millions de demandeurs d’emploi.

    L’État garantit 450 euros mensuels. Le RSA, quant à lui, s’élève à 483 euros. À quelques euros près, notre État aurait pu faire un effort d’équité. Mais il paraît qu’il n’y a pas de petites économies !

    Dans un premier temps, 10.000 jeunes seront concernés. Parmi les dix territoires retenus se trouvent les Bouches-du-Rhône (tiens !), la Seine-Saint-Denis (tiens, tiens !), le Vaucluse (oh ?) et un DOM : La Réunion, à taux de chômage et nombre de bénéficiaires de RSA record. Des prestations qui, sans faire de vague, semblent s’y transmettre d’une génération à l’autre depuis 1988. Si les Réunionnais se sont insérés, ce n’est pas dans une vie professionnelle mais dans une vie tout court.

    Les socialistes, forts de leurs expériences réussies et toujours pétris d’une noble et grande âme, décident donc, en 2013, quand chaque jour 1.000 personnes perdent leur job parce qu’une usine met quotidiennement la clé sous la porte, et quand chaque jour 1.500 personnes voient leur niveau de vie passer au-dessous de la barre du seuil de pauvreté, quand la classe moyenne est asphyxiée par les impôts, les socialistes donc, continuent de dépenser l’argent qu’ils n’ont pas puisque ce revenu est destiné à 100.000 jeunes par an.

    Mais on peut se demander si les socialistes ne poursuivent pas, en vérité, des buts inavouables. Quand l’entreprise de déculturation massive qu’est devenue l’école poursuit son funeste dessein en lâchant sur les bancs de la fac des bacheliers quasi illettrés, quand elle introduit à la rentrée la théorie du genre afin de créer l’homme nouveau sans passé, sans culture, sans sexe défini, il n’y a en effet plus que cela à faire : donner l’aumône à 100.000 jeunes par an que l’État a lui-même contribué à jeter sur le carreau.

    Finalement, 450 euros après vous avoir détruit, c’est vraiment une misère !

    Source: BVoltaire

  • L’essoufflement des réserves pétrolières mondiales

    Combien de pétrole nous reste-t-il à exploiter, au juste? Jean Laherrère a récemment repris les calculs qu’il avait faits en 1998 pour « The End of Cheap Oil », un article de la revue Scientific American resté célèbre. Pour cet ingénieur pétrolier qui a travaillé 37 ans chez Total avant de devenir un consultant de réputation internationale, les chiffres sont clairs : les réserves s’épuisent rapidement. Dans à peine 30 ans, la production mondiale de pétrole aura déjà chuté de 40 %.

    Ces résultats contredisent ceux des économistes, qui prédisent en général une croissance infinie. « Les économistes, explique Jean Laherrère, se fient seulement aux énoncés de réserves émis par le Oil & Gas Journal, l’EIA, la firme BP et l’OPEP, qui sont erronés; ils n’ont pas accès aux données techniques confidentielles. Les économistes qui négligent le pic pétrolier ne font pas d’erreur de calcul, mais ils calculent à partir des mauvaises données! »

     

     

    Les statistiques gouvernementales, tout comme les énoncés financiers des entreprises pétrolières, se fondent sur les ressources récupérables probables, des données préliminaires qui sont souvent trop optimistes, ou gonflées pour faire saliver les actionnaires. Jean Laherrère, en raison de sa position privilégiée, a eu accès aux données confidentielles sur les réserves prouvées.

     

     

     

    Il s’en est servi pour construire ce tableau ci dessous. La courbe verte montre l’état des réserves prouvées et leur évolution en fonction de certaines grandes découvertes historiques. Les autres courbes montrent les réserves probables, selon les statistiques officielles : les réserves mondiales totales en rouge, celles des pays de l’OPEP en mauve et celles des producteurs non membres de l’OPEP en bleu.

     

     

    Alors que les données gouvernementales montrent une rassurante progression, la courbe verte des réserves prouvées montre un déclin marqué depuis 1980. Les réserves mondiales ne dépasseraient plus les 800 Gb (milliards de barils), alors qu’il y en avait 2 200 Gb à l’origine. Nous aurons donc déjà brûlé près des deux tiers de notre pétrole. Comme nous le consommons au rythme de 26 Gb par année, les réserves actuelles représentent donc en principe que 30 ans de consommation.

     

    En pratique, les nouvelles découvertes aident un peu. Mais les découvertes prouvées ne représentent que la moitié de la production. De plus, un puits de pétrole n’est pas comme une baignoire, qui se vide à vitesse constante. Il est plutôt comme une éponge imbibée, dont le liquide s’écoule de plus en plus lentement. Le débit d’un puits conventionnel diminue de 5 % par année en moyenne, de sorte que la production décline sans cesse, même quand il reste beaucoup de pétrole sous terre.

     

    Le véritable enjeu consiste donc à maintenir le rythme de production malgré l’épuisement des réserves et la baisse de débit des puits existants. Et nous allons y échouer, selon Laherrère. La production mondiale totale (la ligne brune), qui plafonne depuis 2005 à environ 26 Gb par année, va bientôt se mettre à diminuer, pour n’atteindre que 15 Mb dans 30 ans et 7,5 Mb dans 50 ans. Même si l’ingénieur pétrolier ne s’avance pas sur ce point, on peut aussi s’attendre à une explosion du prix de l’or noir.

     

    Il ne faut pas chercher de solution du côté du pétrole de schiste. En dépit des énormes ressources dont les médias font état, les ressources actuellement prouvées ne représentent guère que neuf mois de consommation mondiale. De plus, la recherche dans ce domaine a connu quelques échecs retentissants qui ont refroidi l’ardeur des pétrolières.

     

    L’impact du pétrole lourd

     

    Les chiffres de Laherrère ne tiennent toutefois pas compte du pétrole extralourd, notamment des sables bitumineux, dont il existe deux grands gisements dans le monde, l’un en Alberta (175 Gb) et l’autre au Venezuela (200 Gb). Ces ressources sont extrêmement coûteuses à exploiter et après des dizaines de milliards de dollars d’investissement, la production canadienne n’atteint que 1,8 million de barils par jour (soit environ 650 Mb par année). Quant aux sables vénézuéliens, ils sont enfouis à plus de 1 500 mètres de profondeur et il n’est pas évident que leur exploitation sera un jour rentable.

     

    Ce pétrole extralourd est représenté sur quatre courbes à part, dont la plus importante est la noire, qui représente la production mondiale totale. Selon le consultant, celle-ci augmentera lentement jusqu’à atteindre environ 6 Gb par année, vers… 2070. Cette production s’ajoutera alors à environ 6 Gb de pétrole conventionnel (moyen et léger), pour un total de 12 Gb. Soit environ 60 % moins de pétrole qu’aujourd’hui – ou un retour au niveau de production de 1965.

     

    La seule différence, c’est que nous étions 3,3 milliards en 1965. Nous serons au moins trois fois plus nombreux en 2070. Nos sociétés pourront-elles s’adapter à ce monde presque à sec? Que deviendront l’industrie et les transports? Le prix astronomique du pétrole restant tuera-t-il dans l’oeuf tout début de croissance économique, comme cela semble être le cas depuis 2008? On ne peut plus nier la réalité. Il faut maintenant s’y préparer… ou la subir, avec tout ce que cela implique.

    Notes :

     

    Rapport  de Jean Laherrère  (technique, 39 pages en anglais) :

     

    http://aspofrance.viabloga.com/files/JL_2013_oilgasprodforecasts.pdf

     

    voir.ca http://fortune.fdesouche.com/316933-lessoufflement-des-reserves-petrolieres-mondiales#more-316933

  • Alerte dans nos assiettes

     

    20130818-164309.jpg

    Plus de quatre-vingts substances chimiques, dont certaines susceptibles d’être cancérigènes, sont ingérées en une seule journée par un enfant de 10 ans à travers ses repas composés suivant les recommandations du ministère de la santé, selon une étude du mouvement Générations futures – qui milite notamment pour une agriculture sans pesticides et sans OGM – et du réseau Health and Environnement Alliance, en partenariat avec WWF-France et le Réseau environnement santé. (Lire l’article du Monde, en édition abonnés, « Des résidus chimiques dans l’assiette des enfants »).

    Les associations, qui lancent une campagne de sensibilisation intitulée « Cancer et environnement », ont acheté dans des supermarchés de l’Oise et de Paris entre juillet et septembre les denrées alimentaires généralement consommées en quatre repas et un encas en une journée par un enfant d’une dizaine d’années. Ces repas-types, incluant les recommandations officielles – telles que cinq fruits et légumes frais, trois produits laitiers et 1,5 litre d’eau par jour – ainsi que des friandises, ont été examinés par plusieurs laboratoires indépendants en France et en Belgique pour y détecter la présence de substances chimiques, pesticides, métaux lourds et autres polluants.

    Le bilan de l’assiette, selon cette étude publiée mercredi, est accablant : cent vingt-huit résidus, quatre-vingt-une substances chimiques, dont quarante-deux sont classées cancérigènes possibles ou probables et cinq substances classées cancérigènes certaines ainsi que trente-sept substances susceptibles d’agir comme perturbateurs endocriniens (PE). « Même si, dans la quasi-totalité des cas, les limites légales pour chaque substance chimique prise individuellement ne sont pas dépassées, on voit bien dans notre enquête que la réalité de l’exposition des consommateurs aux contaminants possiblement cancérigènes et/ou PE est préoccupante », note l’association.

    LE SAUMON, LE PLUS RICHE EN PESTICIDES

    Pour le petit-déjeuner, le beurre et le thé au lait contiennent à eux seuls plus d’une dizaine de résidus cancérigènes possibles et trois avérés comme des cancérigènes certains ainsi que près d’une vingtaine de résidus susceptibles de perturber le système hormonal.

    La pomme, importée du Brésil, prévue comme encas, présente des traces de six substances chimiques, dont un fongicide pourtant interdit en France. Même chose pour les haricots verts du Kenya, inclus dans le déjeuner, sur lesquels l’étude a détecté des traces d’un insecticide puissant également interdit dans l’Union européenne.

    Le steak haché, le thon en boîte, et même la baguette de pain et le chewing-gum, étaient truffés de pesticides et autres substances chimiques. Dans l’eau du robinet les analyses ont révélé la présence de nitrates et chloroforme. Mais c’est le steak de saumon prévu pour le dîner qui s’est révélé le plus « riche » avec trente-quatre résidus chimiques détectés. Même l’examen de l’assiette en plastique utilisée pour réchauffer le repas au micro-onde n’en était pas exempte.

    « COCKTAILS CONTAMINANTS »

    Le risque final pour le consommateur de ce « cocktails de contaminants » « est probablement sous-estimé », selon l’étude. Le problème serait-il résolu par un lavage voire un épluchage systématique des fruits et légumes avant consommation ? « Certaines études montrent que ces précautions ne sont pas suffisantes voire qu’elles sont inutiles », a souligné Générations futures.

    Source

    http://www.contre-info.com/29187#more-29187

  • François Hollande : Le désastre annoncé des fausses prévisions économiques

    Voici une chronique de BFM TV qui fait froid dans le dos. Emmanuel Lechypre nous dresse un portrait inquiétant concernant la réalité des chiffres de l’économie française.

    François Hollande ne serait pas seulement nul en géographie, notre cher président est également un véritable cancre en économie. Après avoir parlé de Macédonie au lieu de Macédoine, le chef de l’état est maintenant ciblé par les spécialistes économiques.

     

    En effet, la bulle spéculative des promesses faites en 2012 sont sur le point de voler en éclat. L’effet politique des annonces miracles n’aura pas duré suffisamment longtemps, en effet la croissance ne sera pas au rendez-vous cette année.

    C’est désormais une certitude et ce n’est que le début !

    Une nouvelle qui fait l’effet d’une douche froide pour le contribuable, l’indice de croissance pour le bilan 2013 ne dépassera pas les 1 %. Un chiffre bien loin des 1,7 % annoncés par François Hollande. Emmanuel Lechypre de BFM TV met directement en cause les prévisions de François Hollande et relève une erreur de 5 point dans le calcul prévisionnel du PIB.

    Les conséquences sont lourdes, les promesses de politiques sociales ne peuvent plus être soutenues financièrement. Le gouvernement se retrouve ainsi dans une impasse avec l’obligation d’augmenter les impôts et les taxes.

    Si le contribuable se fait déjà un sang d’encre pour la gestion de ses économies, les internautes semblent encore capables de jouer la carte de l’ironie, reste à savoir pour combien de temps encore.

    meltybuzz 

    http://fortune.fdesouche.com/317467-francois-hollande-le-desastre-annonce-des-fausses-previsions-economiques#more-317467

  • BRUXELLES SE DECHAINE CONTRE LA FRANCE (arch avril 2006)

    Le 4 avril était un (nouveau) "mardi noir", en raison des grèves, des manifestations et des troubles autour du CPE. L'attention des médias étant monopolisée par ces événements pourtant répétitifs, l'offensive de Bruxelles contre la France est presque passée inaperçue. Elle est pourtant de taille.
    Au cours de sa seule réunion de ce mardi, la Commission européenne a en effet lancé pas moins de trois procédures contre la France. La plus importante est la « mise en demeure », première étape de la procédure d'infraction, sur le décret dit « anti-OPA ».
    Le flic en chef apatride du marché intérieur, le commissaire Mac Creevy, et le flic en chef apatride de la concurrence, la commissaire Neelie Kroes, sont très en colère. Dès l'annonce par le gouvernement français d'une disposition visant à limiter les prises de contrôle étrangères dans certains secteurs définis comme stratégiques, l'été dernier, ils s'étaient indignés d'une résurgence aussi archaïque du protectionnisme national depuis longtemps jeté aux poubelles de l'histoire européenne. Comme non seulement le gouvernement n'a rien répondu, mais qu'il a effectivement pris le honteux décret, Bruxelles se voit dans l'obligation de sévir : la France viole gravement le principe de la libre circulation des capitaux, garanti par les traités européens.
    Certes, les traités stipulent aussi que pour des motifs impérieux de sécurité nationale ou d'ordre public, les gouvernements peuvent restreindre la liberté de circulation. Mais il s'agit en quelque sorte d'une clause de style, visant à ne pas passer sous silence une éventualité qui en fait ne se produit jamais. En l'occurrence, la France exagère manifestement en définissant onze secteurs «stratégiques» dans lesquels les investisseurs étrangers doivent demander l'autorisation du gouvernement, et cette procédure n'est pas «proportionnelle» aux objectifs poursuivis. 
    Au détour de leur réquisitoire, les flics en chef montrent aussi que leur rôle n'est pas tant de faire respecter les règles européennes que de veiller à l'extension du mondialisme. Ils s'en prennent en effet à un aspect «discriminatoire» (c'est l'accusation qui tue, dans tous les domaines) du décret : des sociétés établies dans l'UE, mais contrôlées par des capitaux étrangers à l’UE, sont soumises à la procédure d'autorisation préalable, « alors qu'une société établie légalement et matériellement dans un État membre devrait normalement être traitée comme un ressortissant de cet État ». Autrement dit, peu importe d'où sont les capitaux, ce qui importe est seulement leur point de chute actuel : s'ils ont une adresse aux Pays-Bas ou au Luxembourg, ils doivent être considérés comme néerlandais ou luxembourgeois, et il est «discriminatoire» de vouloir discerner sous l'OPA une prise de contrôle par des capitaux asiatiques ou américains, même si c'est l'évidence.
    L'acharnement contre la France qui a voté NON
    Le même mardi 4 avril, la Commission européenne a lancé une procédure d'infraction contre la France (et 16 autres États… ), envoyant une lettre de mise en demeure pour mauvaise transposition dans le droit national ou mauvaise application de la directive sur l'ouverture à la concurrence du gaz et de l'électricité.
    Enfin, ce même jour, la Commission européenne a menacé de traduire la France devant la Cour européenne de justice si elle ne lève pas sous deux mois l'interdiction de rémunérer les comptes courants. Menace ubuesque, puisque la France, obéissant à un arrêt de la même Cour de justice, a levé cette interdiction il y a... un an. Mais elle a «oublié» de le signaler aux flics apatrides. Donc la procédure se poursuit comme si de rien n'était...
    Dans un communiqué, Jean-Marie Le Pen a dénoncé cet « acharnement avec lequel la Commission européenne se déchaîne contre la France ». Cette offensive, souligne-t-il, « n'est pas innocente : la Commission veut faire payer à la France son NON au référendum sur la Constitution européenne et sa résistance, même modérée, à l'ultra-libéralisme ». Il fait remarquer que « le Front national, seule formation politique à combattre l'Europe de Bruxelles et les ukases des commissaires européens non élus, est le mieux placé pour dénoncer ces ingérences scandaleuses dans la vie politique et économique de la France et les atteintes à sa souveraineté ».
    Yves Daoudal National Hebdo du 13 au 19 avril 2006 

  • LE G20 DECLARE LA GUERRE AUX MULTINATIONALES

    L'évènement nouveau dans le paysage politico-médiatique est que le G 20 s'en prend aux multinationales au prétexte de l'optimisation fiscale. Si ce n'était tragique, ce serait fort drôle. C'est la guerre des drôles. Une grande parlotte internationale est convoquée à MOSCOU avec pour objectif de changer les règles du jeu de la ftscalité internationale : rien que cela.
    L'OCDE a préparé le projet. Cet OCDE est un mammouth gigantesque dont personne n'a besoin sauf ses dirigeants et son personnel. Le voici chargé d'un vrai boulot qui lui permettra de poursuivre son engraissement dans la paix, les sous arrivant sans fin grâce à la force fiscale.
    Le groupe des 20 créé en1989 rassemble 19 pays plus la CEE. De ce fait il réunit 90 pour cent de l'activité mondiale ce qui lui donne une force de frappe considérable. Les politiques qui le composent s'arrogent le droit de prendre des dispositions globales quand cela leur plaît. Il en découle cette déclaration de guerre.
    VIVE L'OPTIMISATION FISCALE
    Le prétexte de la guerre est bien que les super firmes se livreraient avec succès à de l'optimisation fiscale. Certaines d'entre elles parviendraient même, horreur, à ne payer aucun impôt. L'on comprend sans l'excuser du tout pourquoi les créateurs de l'enfer fiscal mondial se sentent un peu nerveux à cette perspective.
    Mes lecteurs habituels savent exactement comment et pourquoi ces 20 artisans de l'enfer fiscal ont donné naissance par leur propre activité à 270 paradis fiscaux répertoriés. Cette activité se présente comme une véritable punition infligée aux peuples bien conditionnés par les médias. Les gérants de l'enfer le font en général par intérêt personnel refusant de réaliser par ailleurs les économies nécessaires et possibles e qui allègerait la pression fiscale.
    Ici, dans cette guerre, nous sommes dans un cas très particulier : le paradis fiscal en formation résulte de l'optimisation fiscale.
    Je n'hésite pas à dire que l'optimisation fiscale est non seulement un droit mais un devoir pour tout un chacun. Cela consiste tout simplement à tirer parti de la loi telle qu'elle est en vue de minimiser les impôts et charges. Rien de plus normal. Certains pays ont d'ailleurs, imaginé des procédures horribles pour la réduire ; la France a créé la procédure de l'abus de droit qui permet au fisc de déqualifier toute formulation qui ne lui plaît pas
    UNE BATAILLE PERDUE
    À jauger les forces en présence, la guerre engagée par le G 20 est perdue d'avance.
    Les hyper firmes ont des moyens considérables : experts, avocats, flexibilité, possibilité de placer son siège ailleurs, liberté de situer les profits ou l'on veut. S'ajoute la rapidité de décision. Cette force est si grande qu'un analyste financier honnête pourrait critiquer une multinationale se payant le luxe de supporter trop d'impôts.
    En face, les créateurs de l'enfer sont des politiciens avides et encombrés de leur lourdeur et de leur idéologie. Les décisions se prennent lentement avec le risque permanent de subir des recours. La corruption active ou passive ne dort que d'un œil.
    LUTTER CONTRE LA PAUVRETE
    Je fais de nouveau appel à mes lecteurs. Ils savent parfaitement comment les politiques créent la paupérisation dans le monde entier. Panne de croissance, chômage, faim et d'autres manifestations en sont le fruit.
    Si les très grande firmes gèrent bien les impôts, elles vendront de plus en plus de bons produits réduisant ainsi la pauvreté.
    Cela semble un paradoxe, mais cette perspective est une réalité.
    Les multinationales au secours du G 20.
    Pourquoi pas ?
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net/Libeco_804.htm

  • Aujourd'hui, la décroissance

     

    La croissance et son culte constituent désormais la seule religion occidentale quasi-unanimement partagée. A l'inverse du catholicisme, jamais elle ne s'est si bien portée ni n'a compté autant d'adeptes. De l'extrême-droite à l'extrême-gauche, personne ne remet en cause le dogme sacré sous peine d'être exclu du cercle des « gens sérieux ». Le débat se borne donc aux choix des méthodes pour atteindre ce graal productif puis aux modalités de redistribution et de partage de ses mirifiques bienfaits. Toute pensée véritablement révolutionnaire est donc exclue de facto puisque les oppositions et confrontations se font exclusivement dans le cadre d'une même pensée et d'un même horizon indépassable. Hors la croissance, point de salut !

    Sans celle-ci, il n'y aurait pas de bonheur possible pour les nations. C'est l'accroissement productiviste et l'accumulation des biens qui mèneraient à la grandeur des Etats et à la prospérité des populations. Il n'y a pourtant qu'à voir dans quel état de décrépitude physique et morale se trouvent les européens après à peine trois siècles de ce régime de « croissance » pour s'interroger sur l'infaillibilité de ce présupposé qu'on nous rabâche comme s'il s'agissait d'une vérité révélée. Ou encore de regarder du côté de la Chine qui fait fantasmer et saliver d'envie les économistes de tous poils avec sa croissance à deux chiffres mais qui est en train d'empoisonner son sol et ses eaux, de détruire ses structures ancestrales, de perdre son identité et de vendre son âme au profit d'une pâle imitation occidentaliste !

    Mais le dogme se défend bien, toute personne osant le remettre en cause – ou même simplement l'interroger- étant immédiatement mis au ban de la communauté, interdit de médias et fermement ghettoïsé.

    La décroissance. Aucune pensée politique – à l'exception du fascisme – suscite des réactions aussi virulentes, aussi violentes, des dénonciations et des condamnations aussi radicales, simplistes et définitives, venants de tous les horizons du système... Peu de personnalités sont autant moquées, calomniées, caricaturées et hystériquement dénoncées que celles qui tentent de défendre et de promouvoir cette idée de « décroissance », c'est à dire de changement radical de paradigme sociétal. « Hippies, rétrogrades, obscurantistes, allumés, khmers verts, écolo-fascistes, utopistes, beatniks, doux dingues, réacs... » tous les anathèmes sont bons pour discréditer sans débat cette pensée véritablement iconoclaste qui sape le fondement même du règne de la quantité et du pognon.

    On voudrait faire passer la décroissance pour une volonté de « retour à la bougie et à la traction animale », bref pour un passéisme. C'est au contraire une pensée innovante refusant le formatage du monde par le seul imaginaire capitaliste. La décroissance ce n'est pas refuser la technologie, c'est combattre le primat de la Technique, ce n'est pas refuser les innovations, c'est faire le tri entre elles, ne pas considérer qu'une nouveauté est bonne « par nature » et écarter celles dont les conséquences sont néfastes, ce n'est pas déifier ni sacraliser la nature, c'est avoir conscience de notre interdépendance avec l'environnement et défendre le patrimoine biologico-écologique des générations futures, ce n'est pas refuser le confort, c'est rejeter le superflu, ce n'est pas souhaiter la pauvreté mais la sobriété, ce n'est pas idéaliser « antan », c'est se nourrir de notre plus longue mémoire pour privilégier le temps long et la stabilité sur le zapping et le bougisme...

    A titre d'exemple, l'agriculture biologique est une démarche de type décroissante, puisqu'elle réduit les rendements et la productivité. Il n'en reste pas moins qu'en permettant d'obtenir des fruits et légumes plus sains et goûteux et en assurant la prolongation de la fertilité des sols, elle représente un « progrès ». Pas pour l'industrie agro-alimentaire certes, mais pour l'homme oui. Dans un autre domaine, se passer de télévision – c'est à dire d'une lobotomie quotidienne – est-il un recul ou un progrès ? Poser la question, c'est y répondre.

    On nous rétorquera que la « décroissance » est antinomique de la « puissance » d'un Etat ou d'un peuple. Pour cela il faut déjà raisonner en termes géopolitiques alors que l'on peut penser qu'on est aujourd'hui plutôt au stade de la simple survie. Mais même en admettant cette dialectique, encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est la puissance. La santé, mentale et physique, d'un peuple, sa démographie, ses arts et lettres, sa conscience nationale, son aptitude à produire du sens ne sont-ils pas des éléments fondamentaux de la puissance ? Or ces domaines ont été totalement sacrifiés, saccagés, par la société de la croissance, du primat de la pensée matérialiste et productiviste.

    Par ailleurs, que nous importent que la France, l'Italie ou l'Europe soient « puissantes », s'il n'y a plus de français, d'italiens et d'européens ? Si ces « entités administratives » ne sont plus peuplées que de zombies consuméristes, des clones hyperconnectés et réduits à leurs seules fonctions de production et de consommation, accrocs aux shopping, bourrés de médicaments, des non-êtres interchangeables ne levant la tête de leur Iphone que pour se traîner devant un quelconque écran de télé ou d'ordinateur pour y ingurgiter du porno et des séries américaines ? Nous y sommes déjà presque...

    Alors répétons-le, aucun changement économico-politique majeur ne pourra avoir lieu tant que l'on ne sera pas sorti de cette vénération de la croissance qui représente une aliénation totale du monde à l'imaginaire de la technique et de l'avoir.

    Source: A moy que chault

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Georges Berthu : « La fin de l’euro est inéluctable »

    La monnaie unique, la majorité n’en voulait pas. Et de grandes voix autorisées comme celles de Maurice Allais ou Robert Mundell (tous deux Prix Nobel d’économie) prévenaient qu’une monnaie multinationale ne serait pas viable. L’euro a néanmoins réussi à démarrer grâce à l’alliance contre-nature des deux grands ennemis des frontières nationales : les eurocrates fédéralistes et la finance mondiale qui s’enrichit en jouant sur les différences de conditions salariales. L’échec de l’euro, prévisible, est aujourd’hui cuisant et ce sont peuples qui paient et paieront.

    Le constat de Georges Berthu, ancien député européen, et auteur de nombreux ouvrages visionnaires sur le sujet, est sans concession :

    « La fin de l’euro est inéluctable » et ce en raison des « caractères fondamentaux de cet étrange système européen : l’ouverture des frontières aux échanges inéquitables et aux flux humains déracinés, joue le rôle d’un choc asymétrique qui fait diverger les États les uns des autres ; la divergence s’inscrit sur l’appauvrissement des populations, les déficits publics et les endettements qui ne sont pas maîtrisables. »

    L’auteur de « A chaque peuple sa monnaie » (1998) propose que l’Europe sorte du piège « diabolique » euro + libre-échangisme, que les gouvernements resserrent leurs dépenses publiques, révisent leurs politiques publiques, reprennent en main leurs frontières et renégocient entièrement les accords commerciaux européens. [...]

    Dans “A chaque peuple sa monnaie” paru en 1998, vous annonciez l’échec de l’euro, machine à fabriquer du chômage en l’absence de zone monétaire optimale. Comment l’euro a attaqué et continue d’attaquer la compétitivité française ?
    A l’origine, on nous annonçait que l’euro allait améliorer la compétitivité des pays européens. D’abord, parce qu’en introduisant davantage de transparence sur les prix à l’intérieur de la zone, il allait stimuler la concurrence. Et aussi parce qu’une gestion monétaire unifiée allait produire des synergies, des économies d’échelle, un élargissement des marchés financiers, bref une rationalisation générale qui ne pouvait qu’être favorable à la performance de la zone.

    Mais comme toujours avec l’euro, rien n’est tout blanc ou tout noir. Il y a des avantages et des inconvénients qu’il aurait fallu savoir pondérer avec prudence. C’était la méthode que je préconisais dans « A chaque peuple sa monnaie ». Mais à l’époque il y avait une véritable hystérie pro-euro. Les gouvernants n’ont rien pondéré du tout.

    Aujourd’hui, avec un peu de recul et avec l’expérience, il devient plus difficile de nier les inconvénients. Du point de vue de la compétitivité, il y a une contradiction flagrante : à l’heure où tout le monde demande de la flexibilité pour résister à la concurrence dans un monde en mouvement, l’unification monétaire a installé au cœur de l’Europe une zone de change parfaitement rigide.

    Plus question d’ajustement souple des monnaies les unes par rapport aux autres en fonction de l’évolution de chaque pays. Et en plus cette rigidité contamine les secteurs périphériques, comme la coordination budgétaire.

    Nous avons réinventé à l’échelle européenne un système rigide, une sorte de copie, dans son esprit, de l’étalon-or de triste mémoire.

    Au total, les inconvénients du point de vue de la compétitivité s’avèrent supérieurs aux avantages. Et cela arrive au plus mauvais moment, puisque simultanément ou à peu près, l’Union européenne a intensifié la concurrence des pays tiers en signant les accords de Marrakech.

    Face à une monnaie contraire à nos intérêts, quelles alternatives s’offrent à nous ? Peut-on modifier le fonctionnement de l’euro, de la banque centrale européenne, ou la fin de la monnaie unique est-elle inéluctable ?

    On peut bien sûr essayer d’améliorer le fonctionnement de l’euro, et les gouvernements le font régulièrement. On a mis en place des mécanismes européens de soutien aux pays en difficultés, la Banque Centrale s’est mise en position d’aider les banques, de racheter la dette des États sur le marché secondaire. Ces modifications peuvent faire illusion pour traiter les crises dans des pays petits ou même moyens, mais elles seront impuissantes lorsque la crise se propagera à un grand pays.

    Et elle se propagera forcément. Il ne faut pas se laisser étourdir par les discours des politiciens et des banquiers centraux. Nous devons au contraire ne jamais perdre de vue les caractères fondamentaux de cet étrange système européen : l’ouverture des frontières aux échanges inéquitables et aux flux humains déracinés, joue le rôle d’un choc asymétrique qui fait diverger les États les uns des autres.

    La divergence s’inscrit sur l’appauvrissement des populations, les déficits publics et les endettements qui ne sont pas maîtrisables, sauf à faire appel à la solidarité des pays entre eux. Mais comme un nombre grandissant a besoin d’aide, la solidarité va devenir insupportable pour le petit nombre de ceux qui restent. Or cette solidarité est un pilier constitutif de l’euro. Sans elle, il s’écroule.

    Si l’on considère ces fondamentaux, la fin de l’euro est inéluctable, quels que soient les petits artifices et les montages financiers branlants qui sont imaginés aujourd’hui par les gouvernements européens.

    J’avais posé la question à Jacques Sapir, je vous la repose : est-ce que la sortie de l’euro (si vous trouvez cette expression juste, parce que je ne vous ai pas vu l’utiliser, ni celle de « dissolution » ou de « démontage » de l’euro) est la pire des solutions à l’exception de toutes les autres ?

    Effectivement, je n’utilise pas l’expression « sortie de l’euro », car je crois que c’est une fausse fenêtre. Ceux qui l’utilisent pensent à une sortie concertée, volontaire, organisée. Une sortie qui résulterait d’une négociation dans le calme, dans la transparence, entre gouvernements de bonne volonté qui se rallieraient tous à une solution de bon sens et d’intérêt commun. Mais ce monde féérique n’existe pas.

    Vous pensez bien que les hommes politiques et les partis dits « de gouvernement », qui ont tous trempés dans la mise œuvre de l’euro, qui se sont trompés et qui ont trompé leurs concitoyens, qui nous ont plongé dans un système au coût démesuré – quelle qu’en soit l’issue d’ailleurs – ne vont pas tout d’un coup reconnaître leurs erreurs.

    Au contraire, ils vont essayer de tenir le plus longtemps possible, et plus cela durera, plus cela coûtera cher finalement.

    L’issue la plus probable, c’est une rupture du système dans les cris et les larmes le jour où les divergences entre les États seront devenues insoutenables. Ce jour là, on n’en sera plus à calculer le coût de telle variante par rapport à telle autre. On n’en sera plus à rêver à ce qui serait souhaitable. Le système se détruira parce qu’il ne pourra plus tenir, tout simplement.

    Tous les pays de la zone euro ont-ils intérêt à un retour aux monnaies nationales ? L’Allemagne, par exemple, réalise deux tiers de ses excédents commerciaux sur les pays de la zone euro, privés de l’arme de la dévaluation. N’entrerait-elle pas en récession ?

    Finalement, je crois que oui, tous les pays de la zone ont intérêt à un retour aux monnaies nationales. Je sais bien que l’Allemagne y a trouvé un grand intérêt, dans un premier temps, parce que ses concurrents européens ne peuvent plus dévaluer et se trouvent pieds et poings liés face aux importations allemandes.

    Mais dans un deuxième temps, ces pays entrent en crise, et l’Allemagne, qui se découvre attachée à eux dans le même système monétaire rigide, sera appelée à faire preuve de solidarité et à mettre la main à la poche.

    Au total l’Allemagne va s’apercevoir qu’il faudra rembourser d’un seul coup ce qu’elle a gagné pendant des années ! Acceptera-t-elle de se ruiner pour sauver les autres ? Probablement pas. Non par égoïsme, mais parce qu’elle s’apercevra que même si elle se ruine, elle ne sauvera personne.

    Elle ne sauvera personne parce que le système diabolique euro + libre-échangisme génère de l’appauvrissement et des déficits à un rythme tel que même elle, l’Allemagne, ne pourra pas faire face pour les autres.

    Quant aux autres États de la zone, en dehors de l’Allemagne et de sa périphérie, leur cas est encore plus clair : ils ont bénéficié de taux d’intérêt très bas, d’abord à cause de l’optimisme des marchés sur l’euro, et maintenant parce que les banques centrales injectent massivement des liquidités. Mais c’est une situation anormale, défendable ponctuellement, mais qui ne peut pas durer éternellement.

    Quand elle prendra fin et que les taux remonteront, les pays concernés resteront avec les pertes de compétitivité et les disciplines imposées. Seul avantage qui subsistera : la satisfaction de participer à un système européen beau comme une usine à gaz.

    La fin de l’euro signifiera-t-elle la fin de l’austérité ?

    Il serait démagogique de faire porter tous les péchés à l’euro. L’euro est un facteur aggravant de la crise, mais ce n’est pas la cause première.

    La cause première est double. D’un côté les pays européens ont depuis longtemps vécu dans le déficit, et cela continue bien que certains parlent d’austérité. D’un autre côté, ces mêmes pays – et pas seulement ceux de la zone euro – ont ouvert leurs frontières inconsidérément, sans chercher à graduer l’ouverture en fonction de ce que leurs économies pouvaient supporter. D’où une déstabilisation générale dont j’ai récemment analysé les mécanismes dans une longue étude sur l’« Observatoire de l’Europe ».

    Donc, première étape dans la réponse à votre question : si l’on veut récupérer notre équilibre économique et budgétaire, il faudra faire des efforts bien au-delà de la fin de l’euro.

    Mais dans votre question, il y a aussi une affirmation sous-jacente : nous serions supposés vivre actuellement une époque d’austérité, sous-entendu « budgétaire ». Ce n’est pas exact. Il y a bien un appauvrissement de la majorité des Français, dû à la déstabilisation de l’économie. Mais en ce qui concerne l’austérité budgétaire, elle n’existe pas.

    Jamais les déficits publics et l’endettement de l’État n’ont été aussi grands. Et ils continuent de galoper parce que beaucoup d’États, dont la France, estiment qu’il faut déverser encore plus de dépenses sociales pour calmer les souffrances des peuples engendrées par la déstabilisation de l’économie.

    D’ailleurs, on pourrait même soutenir que l’euro a eu pour inconvénient supplémentaire et accessoire de différer les mesures d’austérité : après son entrée en vigueur, la bienveillance des marchés a maintenu les taux d’intérêt si bas pour tous les pays membres que beaucoup ont trouvé plus pratique d’emprunter que de faire des réformes. Sous cet angle aussi, l’euro n’a fait qu’aggraver la crise.

    Donc finalement, on ne peut pas limiter la critique à un système, celui de l’euro, qui serait pervers et aurait engendré tous nos problèmes. Il faut remettre en cause en même temps plusieurs politiques publiques enchevêtrées qui amplifient mutuellement leurs effets négatifs. C’est assez compliqué.

    Peut-on imaginer les mesures qu’il faudra prendre au moment de la rupture de l’euro ?

    Des experts travaillent actuellement sur ce sujet, et c’est très bien. Mais il faut rester prudent sur le détail des mesures car évidemment nous ne connaissons pas les circonstances précises qui prévaudront lorsque cette rupture se produira. En tout cas, la concertation risque de n’être pas très grande.

    En gros, nous voyons bien les conséquences d’une rupture pour les pays qui sortiront : dévaluation de la nouvelle monnaie nationale, inflation à deux chiffres temporairement, remontée des taux d’intérêt, redémarrage de la croissance après une période assez dure d’au minimum deux ans.

    Je voudrais insister sur deux points. D’abord, au cas où l’euro perdurerait entre l’Allemagne et ses « clients » périphériques, il faudra relibeller notre dette en nouveaux francs. Sinon, compte tenu de la dévaluation de notre monnaie, la dette deviendrait encore plus écrasante. Je sais bien que les banquiers vont lever les bras au ciel, et qu’ils agiteront le spectre de la faillite – et peut-être certains assureurs aussi.

    Leurs investissements dans les titres publics des pays sortants perdront en effet de la valeur. C’est une conséquence négative qu’il faudra gérer. En tout cas, pour les pays sortants, je pense qu’il n’y a pas vraiment le choix : il faut relibeller la dette dans la nouvelle monnaie.

    Mais surtout, il faut souligner que les mesures à prendre ne concerneront pas seulement l’euro stricto sensu.

    Comme je l’ai dit, ce que l’on appelle improprement « crise de l’euro » est en réalité une crise de l’euro et de plusieurs autres politiques publiques qui enchevêtrent leurs effets. Donc cela signifie que les gouvernements devront agir sur plusieurs registres à la fois, notamment celui du resserrement des dépenses publiques, d’une véritable révision des politiques publiques, d’une reprise en mains des frontières et d’une renégociation des accords commerciaux européens.

    Ce dernier point est très important. Pour qu’une dévaluation ait des effets positifs, il faut que l’économie puisse redémarrer. Et pour qu’elle puisse redémarrer assez vite, il faut que ses meilleures activités n’aient pas été toutes délocalisées. Sinon, il faudra relocaliser, c’est-à-dire attendre les effets positifs d’une renégociation des accords commerciaux européens. Or cela peut prendre assez longtemps.

    Et en plus, bien entendu, certains de nos partenaires européens ne voudront pas renégocier les accords commerciaux. Ils voudront rester dans un système libre-échangiste. Il faudra donc aller vers des formules de coopérations différenciées au niveau européen. Tout cela ne sera pas simple. Il faudra qu’à la fin d’un système monétaire rigide corresponde la fin d’une Europe rigide.

    On voit à quel point l’attentisme des gouvernements actuels est désastreux : le temps passe, l’industrie délocalise, le redressement sera encore plus difficile le moment venu, lorsque l’euro se rompra. Mais nous n’y pouvons rien. Nous aurons seulement l’amère satisfaction d’avoir dit ce qu’il fallait au moment où il le fallait.

    Appelez-vous toujours de vos vœux un nouveau système monétaire européen, avec une monnaie commune superposée aux monnaies nationales ?

    La proposition d’un système européen doté d’une monnaie commune, se superposant aux monnaies nationales sans les éliminer, était présentée il y a une vingtaine d’années dans un but bien précis : intercaler une étape intermédiaire avant la monnaie unique, permettant de tester prudemment certains aspects du système avant de faire le grand saut. Et bien sûr, je pensais que le test serait négatif.

    Les circonstances aujourd’hui ne sont plus les mêmes : nous avons fait le grand saut, et d’ailleurs nous allons nous écraser. Je ne vois plus très bien ce que la monnaie commune pourrait nous apporter.

    Mais on peut toujours essayer de réfléchir à d’autres systèmes monétaires, à condition qu’ils soient souples : par exemple recréer un « serpent monétaire » auquel participeraient les États sortis de l’euro, avec leurs nouvelles monnaies nationales, et l’euro lui-même s’il en subsiste un pour certains pays.

    Je ne veux pas interdire les réflexions. Encore une fois, nous ne connaissons pas à l’avance toutes les circonstances de la fin totale ou partielle de l’euro. Mais franchement, je pense qu’avec la fin de la monnaie unique et compte tenu des souffrances qu’elle aura engendrées, tout le monde sera dégoûté pour un moment des mirifiques montages monétaires européens. C’est aussi, hélas, une des conséquences de l’euro que nous avions prévue depuis longtemps.

    Mais nous vivons d’espoir. « A chaque peuple sa monnaie » était aussi un plaidoyer pour une Europe de la libre coopération, respectueuse de ses peuples, appuyées sur ses démocraties nationales qui d’ailleurs auraient bien besoin d’être revivifiées elles aussi. Voilà un chantier digne de tous nos efforts.

    Vous avez évoqué à plusieurs reprises les responsabilités des gouvernements européens. Pouvez-vous préciser comment on en est arrivé à la situation que vous dénoncez ?

    Il faudrait un livre entier pour répondre à votre question. Je donnais déjà des éléments de réponse dans « A chaque peuple sa monnaie ». Vous en trouverez aussi dans le livre « La sale guerre de la monnaie européenne » écrit en 1996 par Bernard Connolly, un fonctionnaire européen qui, à l’époque, était au cœur de la préparation de la monnaie unique.

    Pour résumer, il n’y avait pas a priori de majorité en Europe pour une unification monétaire. C’était une aventure trop risquée, à moins de lancer tous les pays dans une construction politique de type fédéral. Mais de cette construction fédérale, personne ne voulait car elle ne correspondait pas à l’état de l’Europe : il n’y a pas de zone monétaire optimale pour une unification parce que, avant tout, il n’y a pas de zone politique optimale pour une fédération.

    Les conditions n’y sont pas réunies pour faire vivre une démocratie européenne. Bref, en un mot, le projet d’unification monétaire était destiné à avorter.

    Il a néanmoins réussi à démarrer grâce à l’alliance contre-nature des eurocrates fédéralistes et du très grand patronat, celui qui travaille à l’échelle internationale et gagne beaucoup d’argent en jouant sur les différences de conditions salariales. Ce très grand patronat n’avait pas vraiment besoin de l’euro, il pouvait vivre sans lui – Jacques Calvet l’avait bien expliqué – mais il avait besoin d’une Europe qui démolisse les frontières.

    Le projet de l’euro, qui devait renforcer les pouvoirs de cette Europe démolisseuse, leur convenait en ce sens. Ils l’ont donc soutenu par tous les moyens d’influence à leur disposition.

    Aucun de ces deux groupes ne pouvait à lui seul porter le projet de la monnaie unique. Mais alliés, ils étaient complémentaires et représentaient une force bien plus considérable.

    Pris en tenailles entre les manœuvres des eurocrates, très bien décrites par Bernard Connolly, et les exigences de ce très grand patronat, les gouvernements n’ont pas su résister. Ils ont lancé le projet, et réussit le lancement. Mais évidemment les réalités sont toujours là, et le succès ne suit pas. Ce sont les peuples qui paieront.

    Cette triste histoire devra servir de leçon. Notre « gouvernance » européenne donne un pouvoir démesuré aux eurocrates, et elle présente incontestablement une fragilité face aux exigences de la finance internationale.

    Recentrer l’Europe sur les démocraties des différentes nations, c’est aussi vouloir réparer cette fragilité.

    Liberté Politique  

    http://fortune.fdesouche.com/316971-georges-berthu-la-fin-de-leuro-est-ineluctable#more-316971