Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

économie et finance - Page 817

  • L’UE mesure enfin l’urgence sociale de la crise

    Réunis en sommet à Bruxelles les dirigeants européens ont évoqué la guerre civile en Syrie, qui entre dans sa 3e année. Sur le plan interne, ils veulent se donner des moyens pour accélérer la croissance et la création d’emplois, face à la colère qui monte et à l’euroscepticisme qui gagne du terrain.

    Rome, 14 novembre 2012 : heurts entre police anti-émeute et manifestants contre l’austérité

    L’emploi, plus particulièrement celui des jeunes, est redevenu une préoccupation de premier ordre au sein de l’Union européenne. Alors que la colère gronde dans la rue face à un taux de chômage battant record après record et face à des millions de jeunes en manque de perspective, alors que l’euroscepticisme gagne du terrain, les dirigeants européens ont consacré leur sommet de ces 14 et 15 [mars 2013] au volet social de la crise. Ils ont décidé de mettre les bouchées doubles pour favoriser la croissance et l’emploi.

    Jusqu’ici, pour les dirigeants européens, issus pour la plupart des partis politiques conservateurs, la priorité était de redresser les finances publiques, corriger les déséquilibres macroéconomiques et restaurer la confiance des investisseurs. Il ne fallait en tout cas pas dépenser ce qu’on n’avait pas. La croissance et l’emploi allaient suivre. L’Allemagne d’Angela Merkel, était le modèle tout indiqué à suivre.
    Ce raisonnement n’est pas faux. Grâce à des mesures prises, mais aussi aux sacrifices consentis depuis bientôt cinq ans, l’économie européenne a fini sa descente aux enfers. Elle est certes en récession et le restera encore en 2013 et 2014, mais petit à petit, les conditions se réunissent pour négocier un tournant. Grâce à l’assainissement des comptes, les pouvoirs publics pourront consacrer plus de ressources à l’éducation, la formation et la recherche qu’aux intérêts de la dette.

    José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et partisan d’une politique économique rigoureuse, a affirmé jeudi soir que le bout du tunnel était en vue. « Notre économie est plus stable qu’il y a une année, a-t-il dit. Le taux d’intérêt que réclament les investisseurs pour prêter aux Etats est en baisse. La confiance revient. Nous avons gagné en compétitivité et les exportations sont en hausse ». Face à ces perspectives, il a invité les vingt-sept dirigeants de l’UE à maintenir le cap de réformes.

    Mais le président de la Commission a aussi concédé que les budgets bien équilibrés ne remplissaient pas les ventres, plus particulièrement ceux des couches les plus défavorisées. Il a remarqué que tout l’effort de redressement pourrait être réduit à néant par un populisme grandissant qui se nourrit du chômage et d’autres frustrations nées de la crise.

    En Grande-Bretagne, les sondages indiquent que la moitié des Britanniques seraient prêts à voter leur départ de l’UE. Aux récentes législatives italiennes, plus de la moitié des électeurs ont déposé un vote de protestation contre l’Europe dans les urnes. « Aucun dirigeant ne peut être satisfait d’une situation où 26 millions de personnes sont sans emploi en Europe », a fait remarquer jeudi le premier ministre irlandais Enda Kenny, dont le pays assure la présidence de l’UE jusqu’au juin.

    L’ex-président de l’eurogroupe, le luxembourgeois Jean-Claude Junker, a évoqué jeudi le risque de « rébellion sociale ».

    Dans son allocution au sommet, le président du parlement européen Martin Schulz a rappelé que depuis le dernier sommet du printemps, l’Europe avait détruit deux millions d’emplois. « Les gens attendent légitimement que l’UE prenne en compte leurs soucis et leurs difficultés », a-t-plaidé.

    A l’issue de la réunion au sommet jeudi soir, José Manuel Barroso a, non sans une certaine solennité et pour la première fois, déclaré que le taux de chômage avait atteint un niveau insupportable et que l’ensemble de la société devait participer à combattre ce fléau.

    Dès lors, il a mentionné de nombreuses pistes pour accélérer la mise en œuvre de nombreuses mesures déjà annoncées : réduire la bureaucratie, gagner en compétitivité et redevenir une puissance exportatrice, moderniser l’administration publique, restaurer le crédit pour les petites et moyennes entreprises…

    Le président de la Commission européenne a par ailleurs rappelé que 16 milliards d’euros ont été affectés en 2012 à la lutte contre le chômage de jeunes et que le nouveau budget européen – il doit encore être voté par le parlement européen – prévoit encore 9 milliards d’euros. Reste à voir si ces bonnes intentions se traduiront en résultats concrets.

    Le Temps  http://fortune.fdesouche.com

  • Faire des économies ? Chiche ! Et si on inversait l’immigration ?

    A la suite de notre dossier consacré la semaine dernière au scandale des subventions publiques, voici de nouvelles pistes pour aider le gouvernement à réaliser des économies conséquentes sans pénaliser les Français : inverser une immigration qui, chaque année, coûte au bas mot 17 milliards d’euros aux contribuables. Soit trois fois la somme que veut recueillir le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac.

    Le 2 mars dernier, Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région Ile-de-France était l’invité du Bondy blog café, rendez- vous phare du site d’extrême gauche animé par des représentants de l’immigration. Dans l’ambiance cordiale, le robinet d’eau tiède coule à flots: oui, la « diversité » des banlieues mérite toujours plus de soutien de la part des pouvoirs publics; certes, les racailles sont avant tout des victimes marginalisées par une société frileuse; bref, il faut aider, aider, aider… Au détour d’une tirade lénifiante, Huchon se laisse cependant aller à un constat lucide: « Concernant les quartiers sensibles, on n’a jamais le sentiment d’en faire assez pour la banlieue… [Et ce] malgré les sommes considérables [ndlr: 90 milliards d’euros entre 1989 et 2012!] qui ont été déversées sur les différentes villes de banlieue avec ce que l’on appelle “la politique de la ville”. »

    De fait, cette gigantesque mise sous perfusion des populations résidant dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler les « banlieues de l’immigration », n’a servi à rien. Sinon à faire augmenter les impôts des contribuables, qui, outre l’insécurité, doivent encore subir le racket fiscal. Ce constat de Jean-Paul Huchon, de manière plus générale, et au moment où le gouvernement cherche à réaliser 6 milliards d’euros d’économies, pose la question du poids de l’immigration sur l’économie nationale.

    Faire des économies ? Chiche ! Et si on inversait l’immigration ?

    L’Express

    Le sujet préoccupe beaucoup les Français. La preuve avec le dossier qu’a osé « L’Express », le 14 novembre 2012, sur « le vrai coût de l’immigration ». Un sujet vendeur, assorti, en « une », de la photographie d’une musulmane voilée de pied en cap, accompagnée d’une enfant et se dirigeant vers… un guichet d’aide sociale! A l’intérieur, en revanche, changement de programme. Car si « L’Express » donne dans la couverture putassière, c’est bien sûr pour mieux rééduquer son lecteur, avec deux articles sur « ces bras qui rapportent » et une étude tentant de démontrer les bénéfices de l’immigration sur… la protection sociale!

    Quatre milliards de trop…

    L’ennui, c’est que « L’Express » a négligé toutes les enquêtes évaluant le coût de l’immigration de manière non apologétique. A la trappe donc, les travaux du pionnier Pierre Milloz, qui eut le malheur de travailler pour le Front national. A la trappe Polémia, malgré des travaux de qualité méritant au moins la discussion. Le démographe Jean-Paul Gourévitch, qui, depuis vingt ans, étudie l’impact de l’immigration en France et produit régulièrement des monographies faisant autorité sur le coût de l’immigration à l’attention de l’association Contribuables associés, voit son compte réglé en une phrase: « Ses travaux sont régulièrement cités par Marine Le Pen ». A la trappe en fin, les résultats du colloque organisé par l’Institut de géopolitique des populations, dirigé par Yves-Marie Laulan, homme de droite certes, mais néanmoins démographe et économiste ayant enseigné à l’ENA et à Polytechnique, après avoir travaillé au FMI et à la Banque mondiale, puis présidé le Comité économique de l’OTAN…

    De fait, la seule source de l’hebdomadaire était l’enquête réalisée par une équipe de l’université de Lille, sous la direction du sociologue de gauche Xavier Chojnicki. Au demeurant, il s’agit de l’unique étude estimant que l’immigration aurait un effet bénéfique sur l’économie, grâce à un prétendu apport de 12,4 milliards d’euros pour les finances publiques. A aucun moment, cependant, les journalistes ne soulignent que ce chiffre a considérablement été revu à la baisse par ses propres auteurs. Critiqué par Gourévitch, le professeur Chojnicki a en effet reconnu une erreur de calcul dans le quotidien « Le Monde » (12 avril 2011) et corrigé son diagnostic en le réduisant à 4 milliards…

    Quatre milliards de trop, d’ailleurs, car Gourévitch pointe impitoyablement les limites de cette étude: « La grande différence entre ses estimations et les miennes vient de ce qu’il se fonde sur des chiffres de 2005 et moi sur ceux de 2010 à 2012. Il fait également l’impasse sur les coûts de l’immigration irrégulière, les coûts de structure, les coûts sécuritaires, les coûts sociétaux et même la plus-value apportée au PIB par le travail des immigrés. »

    Gourévitch, lui, relève le coût de l’immigration clandestine, la prise en compte des enfants, l’impact de la criminalité, le cas des territoires d’outre-mer… Il dresse ainsi le bilan des dépenses engendrées par les immigrés. Puis il calcule l’ensemble des recettes fiscales et sociales auxquelles contribuent ces immigrés et leurs descendants directs de plus de 18 ans.

    On peut avoir des papiers et être un délinquant !
    Faire des économies ? Chiche ! Et si on inversait l’immigration ?

    Contribuables associés – Monographie de Jean-Paul Gourévitch

    Pour poser les bases, Gourévitch – comme Jean-Yves Le Gallou ou Yves-Marie Laulan – a remis en question les chiffres officiels de l’INSEE, clairement sous-évalués. Selon lui, la France abrite 9,975 millions d’immigrés, soit 15 % de sa population. Chiffre auquel il faut additionner les enfants des immigrés, ce qui, en 2009, donnait une population d’origine étrangère de pratiquement 12 millions de personnes sur seulement deux générations. Soit, au minimum, 19 % de la population. En tout, ces immigrés réguliers rapporteraient à notre pays 83,4 milliards d’euros.

    L’ennui, c’est que cette même immigration légale occasionnerait 88,9 milliards de dépenses, soit un déficit de 5,5 milliards d’euros!

    Citons, par exemple, les 5,24 milliards d’euros de coûts de structure de l’ex-ministère de l’Immigration et de l’aide médicale d’Etat; 1,8 milliard d’euros pour l’accueil de 270000 étudiants étrangers; 6,1 milliards pour l’emploi et la réinsertion des immigrés (un chiffre à méditer au moment où explosent les pics du chômage des Français); 13,6 milliards d’euros de « coûts sociétaux et fiscaux » pour lutter contre le travail illégal, la fraude, la contrefaçon, la prostitution – car être un immigré en situation légale n’empêche en rien d’être un délinquant de droit commun; 29,9 milliards d’euros consacrés à la couverture santé d’immigrés spécialement venus sur notre sol pour se faire soigner gratuitement; et le pompon est décroché par les 31,2 milliards d’euros consacrés au minimum vieillesse, aux aides sociales en tout genre et aux allocations familiales… Les trois quarts des dépenses liées à l’immigration portant, de fait, sur la protection sociale qui fait désormais défaut à nos compatriotes en détresse.

    Faire des économies ? Chiche ! Et si on inversait l’immigration ?

    Au total, les immigrés légaux ne rapportent à l’Etat que 61 % des aides sociales qu’ils reçoivent. Le reste étant à la charge du contribuable français, décidément très généreux.

    L’aide humanitaire ne sert à rien

    A ces sommes rondelettes, s’ajoute un déficit de 3,2 milliards pour l’immigration illégale. Là encore, il faut compter les frais de santé spécifiques aux illégaux non admissibles à l’aide médicale d’Etat (84,25 millions d’euros) ; ou la scolarisation gratuite des enfants d’immigrés irréguliers (56 millions d’euros). S’y ajoutent 125 millions d’euros consacrés à la lutte contre l’immigration illégale, comprenant les accords de réadmission dans les pays d’accueil (28 millions d’euros), la participation de la France au dispositif européen Frontex (14,8 millions d’euros) et l’ensemble des opérations de lutte ou de contrôle menées par le ministère de l’Intérieur (85 millions). Cerise sur le gâteau, voilà encore 206 mil lions d’euros supplémentaires pour les reconduites à la frontière.

    C’est fini? Pas du tout! « L’Etat et les collectivités locales consacrent 8,6 milliards d’euros à l’aide humanitaire et à l’intégration, explique Gourévitch. La rentabilité de ces dépenses est nulle – on ne note pas de réduction de la pression migratoire du fait de l’aide au développement des pays d’origine – ou difficilement mesurable, concernant la politique d’intégration ».

    In fine, l’immigration représente donc un coût net de 17,4 milliards d’euros pour la France. Soit le triple de ce que le gouvernement doit trou ver pour faire face à la crise! Et encore s’agit-il peut-être d’une hypothèse basse, puisque les estimations de Gourévitch ont donné lieu à une polémique avec Jean-Yves Le Gallou : selon ce dernier, il faudrait pratiquement doubler les chiffres de l’auteur de La France africaine!

    Une chose est sûre, l’immigration ne profite en aucun cas à notre pays. Dans Immigration, qualification et marché du travail (juin 2009, p. 37), une étude réalisée par le Conseil d’analyse économique – instance chargée de conseiller le premier ministre, donc peu suspecte de racisme ou de parti pris! – on peut lire que 1 % d’immigration supplémentaire représente 1,2 % de baisse des salaires français ! Crise ou pas, voilà qui devrait largement inciter des dirigeants de bon sens à inverser les flux migratoires.

    Patrick Cousteau 

    Article de l’hebdomadaire “Minute” du 13 mars 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

    Faire des économies ? Chiche ! Et si on inversait l’immigration ?

    http://fr.novopress.info

  • Trierweiler accusée de détournement de fonds publics par Kemlin

    Xavier Kemlin est l'arrière-petit-fils de Geoffroy Guichard, fondateur du groupe Casino. Il a déposé plainte contre Valérie Trierweiler avant-hier, jeudi 14 mars, au Tribunal correctionnel de Saint-Etienne. Motif de la plainte : détournement de fonds publics. Rien que ça ! Encore un pavé dans la mare élyséenne.

    À l’instar de quelques autres sites, « Le Gaulois » posait déjà la question dans un article publié le 25 février 2013 : « Valérie Trierweiler est-elle coupable de complicité de détournement de fonds publics ? » Ce qui arrive était en fait assez prévisible.

    Xavier Kremlin estime en effet que la maîtresse du Président n’a aucun droit à profiter de l’argent des contribuables. Il s’appuie sur le fait que, n’étant précisément que la maîtresse de celui-ci, elle n’a pas à se faire entretenir par l’État. Il précise que « les impôts des Français ne peuvent servir à loger, nourrir, blanchir, vêtir, payer les voyages ainsi que le personnel d'une dame avec qui l'on n'a aucun lien juridique en tant que contribuables ».
    Au commissariat, Xavier Kremlin a d’ailleurs eu du mal à se faire entendre. C’est lourd et dur une chape de plomb. « On m’a dit qu’on ne voulait pas prendre ma plainte, parce que c’était trop compliqué ! » Mais pour lui, « C’est une question de morale : Le Président représente la France à l’étranger, il est garant d’un certain nombre de choses. On parle du mariage pour tous. C’est bien ! Mais qu’il le fasse pour lui ! Aujourd’hui cette dame… Il est pas marié, donc c’est pas sa femme. Il est pas pacsé, donc c’est pas sa compagne. Qu’est-ce que c’est ? C’est juste sa maîtresse. »
    Xavier Kemlin soupçonne également que François Hollande et Valérie Trierweiler ne se marient pas afin d'éviter de payer l'ISF car, leurs deux revenus regroupés, ils y seraient soumis. « Je trouve ça scandaleux que cette gauche caviar qui nous donne des exemples en permanence se permette de contourner la loi ! », s’insurge-t-il. Il suspecte aussi Valérie Trierweiler de conserver son nom d’épouse pour dissimuler le fait qu’elle vient d’une famille de banquiers (famille Massonneau).
    Le plaignant ajoute encore : « Les Français sont la risée de tous les chefs d’État et de tous les gens à l’étranger. Si c’est un président normal, il doit avoir une épouse, il doit se marier, ou au moins se pacser. Aujourd’hui, c’est Mme Trierweiler, demain ce sera peut-être Julie Gayet ou une autre demoiselle qui traîne à droite à gauche. Je trouve ça pas acceptable, pas moral, je me révolte de payer des impôts en France pour ça. »
    Avec l’information toujours pas démentie selon laquelle Julie Gayet serait la nouvelle maîtresse de Hollande (1), le tout mis ensemble nous promet un cocktail détonant. Du rififi en perspective à l’Élysée !¢
    (1) voir nos articles :
  • Hollande sera-t-il le fossoyeur de l’armée française ?

    EXCLUSIF. Vers une apocalypse budgétaire pour les armées

    Le scénario noir prévoit la vente du Charles de Gaulle, la suppression de 30 régiments, l’arrêt des chaînes du Rafale et l’abandon de l’A400M. Une débâcle !

    Les armées se préparent en secret à une apocalypse budgétaire. Avant même la publication du Livre blanc sur la défense qui doit intervenir dans quelques semaines, il n’existe qu’un sujet de préoccupation au ministère de la Défense : les options budgétaires de la future loi de programmation militaire. Pour simplifier, on peut dire que le Livre blanc définit une perspective stratégique globale, quand la loi de programmation militaire qui sera discutée ensuite, durant l’été, en tire les conclusions budgétaires. Or après des mois de tergiversations, François Hollande, chef des armées, annoncera ses choix financiers le 19 mars prochain lors d’un conseil de défense, avant de les préciser le 26 mars. Rappelons qu’un conseil de défense et de sécurité rassemble autour du président le Premier ministre (Jean-Marc Ayrault), les ministres de la Défense (Jean-Yves Le Drian), de l’Intérieur (Manuel Valls), de l’Économie (Pierre Moscovici), du Budget (Jérôme Cahuzac) et des Affaires étrangères (Laurent Fabius). Le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud, est présent.

    Projections apocalyptiques

    Passons sur les épisodes précédents et sur les exercices budgétaires internes au ministère de la Défense, qui ont accompagné les travaux sur le Livre blanc. Fin décembre 2012, les problèmes sont apparus lorsque les prévisions budgétaires sont devenues franchement inquiétantes. Avec une croissance nulle ou presque, une situation économique gravement détériorée, il est alors devenu clair que le maintien de l’effort de défense actuel (1,56 % du produit intérieur brut en 2013, pour un budget de 31 milliard d’euros) ne pourrait pas être maintenu. Jean-Yves le Drian a toujours dit que la défense serait touchée en proportion des efforts consentis par les autres ministères, pas davantage. Sauf qu’aujourd’hui, les deux projections préparées pour le conseil de défense de mardi prochain sont désastreuses pour la première, apocalyptique pour la seconde.

    Hypothèse Y

    La première épure budgétaire, qualifiée à l’hôtel de Brienne - siège du ministère de la Défense -, d’hypothèse "de survie", est terrible. Il s’agirait pour la défense de continuer à faire tout ce qu’elle fait aujourd’hui, mais avec beaucoup moins de personnels et de moyens. Elle impliquerait la perte de 30 000 emplois dans les armées et de 15 000 autres dans l’industrie de défense. Dans ce schéma, toutes les armées perdraient des plumes, mais d’abord l’armée de terre qui verrait disparaître sa capacité de projection. En clair, et pour prendre un scénario on ne peut plus actuel : les forces spéciales qui perdureraient auraient été capables de stopper l’offensive des groupes djihadistes sur Bamako, début janvier. Mais projeter ensuite 4 000 hommes au Mali pour une mission de plusieurs semaines, il faudrait oublier.

    Dans cette hypothèse, la question du maintien de la composante aérienne de la dissuasion est posée et de nombreux programmes d’équipements seraient retardés ou repoussés aux calendes grecques. Du côté de l’industrie de défense, ce serait également un massacre et l’éventualité de la disparition de l’industriel d’armement terrestre Nexter est explicitement évoquée. "On ne sait pas faire une telle réduction, qui vient après les 54 000 suppressions de poste du précédent quinquennat", dit un hiérarque connaissant le dossier. "Mais quand on en parle avec les gens du Budget, ils nous expliquent franchement que l’hypothèse Y n’est pas possible pour eux. Qu’il faut y aller plus fort !" Mais la défense va devoir contribuer pour un milliard à l’austérité en 2014, et pour deux milliards en 2015. En deux ans, avant même de trancher dans le vif, ce sont 10 % d’une annuité qui vont sauter ! Quant à l’hypothèse Z, c’est... l’apocalypse !

    Une conflagration

    François Hollande, chef des armées, est pris en tenaille ! D’une part l’hypothèse Y que nous venons de voir est déjà considérée comme inacceptable par Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense sait, même si c’est accessoire, quels sont ses risques personnels dans cette affaire, face à des militaires qui n’ont jamais jugé in fine leurs ministres qu’à la capacité de défendre leur budget. Mais, d’autre part, l’hypothèse Z est celle que défend Bercy avec ardeur, dès lors qu’elle est seule compatible avec la politique de rigueur décidée par... le chef de l’État ! Or, là, on ne parle plus de la même défense de la France. Cette éventualité implique en effet 50 000 suppressions d’emploi dans les armées (c’est l’effectif total de l’armée de l’air) et autant dans l’industrie de défense. Dans cette hypothèse, ce serait la fin de l’armée française telle que nous la connaissons, alors même que le monde devient de plus en incertain. Nous avons entendu évoquer la "mise sous cocon" du porte-avions Charles de Gaulle, ou sa vente au Brésil ou à l’Inde. "Ce serait une conflagration, estime un expert, un bateau qui porte ce nom, en plus ! Un nouveau paquebot France, en pire, une fierté nationale, alors que 66 % des Français pensent qu’il faut augmenter le budget militaire !" Mais ce n’est pas tout. Ces choix budgétaires consisteraient à ramener d’ici quelques années le budget de la défense d’environ 30 milliards à 20 milliards, à faire passer la part de la richesse nationale consacrée aux armées de 1,5 % du PIB à 1,1 %. Impensable ? Apparemment, non.

    Économies à la hache...

    La renonciation par la France à son groupe aéronaval n’empêcherait pas, dans cette hypothèse, la renonciation à l’avion-cargo A400M, synonyme de la fin du programme dans son ensemble, et la perte des 10 000 emplois d’Airbus Military. Oubliés aussi, les programmes Scorpion des nouveaux blindés de l’armée de terre, des commandes d’hélicoptères NH-90 et Tigre, comme sont envisagées la fin de la série des Rafale, celle d’une grande partie des frégates FREMM et des sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda. Les nouveaux ravitailleurs aériens MRTT, on oublie aussi... On évoque la dissolution d’une trentaine de régiments. "Nous sommes dans une situation de crise grave", admet-on sans finasser au ministère de la Défense, où l’on reconnaît à voix basse avoir secrètement lancé un groupe de travail sur l’abandon du transfert du ministère à Balard. "On va mesurer ce que coûteraient les dédits et un maintien dans nos taudis du boulevard Saint-Germain. On n’a plus le choix, on rabote et on passe tout à la paille de fer", lance un interlocuteur décontenancé. Un autre, moins mesuré, lance : "On prend le mur en pleine gueule. On a bien tenté de faire comme d’habitude, de repousser les problèmes après 2017 ! Mais ça n’a pas marché..."

    Sortir de la crise

    Évidemment, de telles perspectives font réfléchir. Avec la fin des capacités de projection et de maintien de la paix, mais aussi des ambitieuses capacités d’anticipation (satellites, renseignement technique, etc.), c’en serait fini des ambitions et de la puissance françaises : "On aurait l’armée du Benelux, la dissuasion en plus...", lance un homme au courant des débats internes, qui ne se résout pas à voir les armées se contenter d’un grand écart : Vigipirate et la bombe atomique, que François Hollande a promis de ne pas toucher. Il ne semble pourtant pas sérieux qu’un tel bond en arrière soit vraiment envisagé par le président de la République, au risque de voir la France abandonner son statut international.

    Comment faire ? C’est la question qui sera posée au conseil de défense la semaine prochaine. Les militaires se prennent à rêver que le président fasse passer la défense au rang de priorité nationale, comme l’éducation ou la "sécurité", qui ne concerne curieusement à cette heure que le ministère de l’Intérieur. Mais soyons-en certains : les prochains jours seront chauds et les calculettes vont crépiter...

    Le Point.fr

    L’évolution budgétaire de l’effort de défense : ou comment la (Ve) République a méthodiquement sapé la défense nationale !

    http://www.actionfrancaise.net

  • Des économies sur les collectivités territoriales ? Le bon sens et le bon mot du journaliste de France info qui contredit les illusions présidentielles...

     Ce mercredi matin, un journaliste de France info explique que François "normal" veut faire des économies; enfin ! se dit-on, pensant qu'il a - même un peu tard... - été finalement touché par les ailes du génie du bon sens. Sauf que...

    Posant la question à un autre journaliste, en duplex, et lui demandant où le président va faire ses économies, l'autre journaliste - qui suit le président dans son déplacement en Bourgogne - répond sans langue de bois (pour une fois !) que c'est "avec les collectivités territoriales". Et d'expliquer que c'est là que le bât blesse parce que, au fond, qu'est-ce que c'est, dit-il, que les collectivités territoriales : en substance, "une grosse PME socialiste à laquelle, vu les retombées électorales auxquelles leurs dépenses renvoient, il va être extrêmemnt délicat de toucher, et qu'il ne va pas falloir trop titiller...".

    Saluons la franchise du ton, et la justesse de l'analyse. 

    caricature gaspillage collectivites locales.jpg

    La décentralisation, c'est la meilleure des choses. Faite par le Système, avec les Lois Deferre, elle s'est révélée aboutir au pire des résultats : recréer des dizaines de féodalités, gourmandes en fonds publics, et à visées électoralistes et clientélistes évidentes. Tout cela parce qu'il n'y a pas de fédérateur, pas d'arbitre au sommet de l'Etat; où, si l'on préfère, parce que la République, qu'est-ce que c'est, sinon "l'absence de Roi" - comme le rappelait Hilaire de Crémiers dans son Café politique de samedi dernier à Marseille...

    Ce qu'une Royauté moderne pourrait faire et ferait, car l'Etat serait "nationalisé par le Roi" (la formule célèbre est de Léon Daudet), une République caracterisée par l'absence d'un pouvoir stable, permanent, a-démocratique au sommet de l'Etat ne peut pas le faire. Et si elle le fait - comme elle s'y est essayé avec les lois Deferre - cela aboutit à la catastrophe à laquelle on assiste avec nos collectivités locales budgétivores, et pièce supplémentaires du monstrueux millefeuille de notre sur-administration, qui nous ruine, nous étouffe, nous paralyse...

    Précisément parce que cette absence d'autorité stable, ce court-termisme institutionnel, empêche l'Etat de jouer le rôle de régulateur, d'arbitre, sans lequel les autorités locales dégénèrent en autant de féodalités, dont le centre d'intérêt n'est pas le Bien commun, mais leur bien à elle, tout court, et tout simplement...

    caricature gaspillage collectivites territoriales 1.JPG

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Salaire à vie : L’emploi est mort, vive le salariat !

    Et si, de la même manière que le suffrage universel est venu récompenser notre capacité à tous participer à la chose publique, un salaire à vie venait consacrer notre capacité à tous produire de la valeur ? C’est l’idée mise en avant par l’économiste et sociologue Bernard Friot.

    Imaginez une société où chacun d’entre nous toucherait un salaire à vie, versé de façon inconditionnelle à partir de la majorité. L’échelle des revenus serait de 1 à 4, soit de 1.500 à 6.000 euros.

    Le passage d’un niveau à l’autre serait fonction de la qualification, équivalent du grade dans la fonction publique, attestant qu’une personne «peut participer à un certain niveau de création de valeur économique et a donc droit à un tel niveau de salaire». Ces qualifications, dont la liste précise serait sujette à délibérations, incluraient l’ancienneté, la pénibilité, les diplômes…

    Cette société existe, du moins sur le papier: elle est l’œuvre de l’économiste et sociologue Bernard Friot, professeur à l’université Paris-X et auteur notamment de L’Enjeu du salaire, qui voit dans ce système du salaire à vie le moteur d’une véritable révolution. Il permettrait en effet de nous libérer de la «convention capitaliste du travail», qui nous réduit au rang de marchandises que l’on échange sur le marché du travail.

    Pour cet universitaire, le chantage à l’emploi fait de nous des «mineurs sociaux» qui ne sont pas reconnus comme «producteurs de valeur économique», et le salaire à vie nous transformerait en «majeurs sociaux».

    Tous retraités!

    Bernard Friot postule que la qualification et le salaire correspondant viendraient récompenser notre capacité à tous à créer de la valeur économique, au même titre que le suffrage universel est venu reconnaître notre capacité à participer à la chose publique. Il rappelle que le salaire à vie existe déjà: en effet, les fonctionnaires et les retraités touchent déjà un salaire universel. En le généralisant à l’ensemble des Français, le sociologue ne veut pas seulement éradiquer la misère, mais bien dessiner les contours d’un nouveau système:

    «L’enjeu du salaire, c’est la possibilité de sortir du capitalisme. Non pas de le contenir, non pas de bouger le curseur de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du salaire et au détriment du profit, mais de se passer des capitalistes, d’affecter toute la valeur ajoutée au salaire, y compris la part qui doit aller à l’investissement. Nous n’avons besoin pour travailler ni d’employeurs, ni d’actionnaires, ni de prêteurs.»

    Cette révolution qu’il appelle de ses vœux est, selon lui, déjà en marche car elle s’appuie sur un «déjà-là émancipateur» dont nous ne soupçonnons pas la puissance subversive: la cotisation.

    En effet, entre les cotisations dites «patronales» et «salariales», près de la moitié de notre salaire est aujourd’hui socialisé et permet de financer la sécurité sociale et les minimas sociaux. Bernard Friot propose de prolonger cette conquête et de socialiser 100% du salaire.

    La fin du profit

    Ainsi, une entreprise ne paierait plus de salaires mais verserait de l’argent directement dans une caisse dédiée, chargée de rémunérer les salariés en fonction de leur qualification, qu’ils soient ou non en poste chez elle. Mais Bernard Friot ne s’arrête pas là : il propose que toute la valeur ajoutée de l’entreprise soit socialisée et que le profit soit donc supprimé. L’argent ainsi collecté servirait à payer les salaires mais aussi l’investissement des entreprises et la Sécurité sociale.

    «Cet assèchement du profit permettra la maîtrise de l’investissement, bien sûr, mais aussi sa progression considérable, puisqu’il sera financé sans remboursement et sans taux d’intérêt, deux freins à la dynamique des entreprises», explique-t-il. Avec cette méthode, il estime que la part du PIB consacrée à l’investissement pourrait passer à 30%, contre 20% aujourd’hui.

    Les porteurs de projets devraient demander des financements auprès d’une caisse chargée d’en étudier la viabilité et l’utilité. Ainsi, ils ne seraient plus dépendants des prêts bancaires, de leur épargne personnelle ou du bon vouloir des apporteurs de capitaux et leur vision court-termiste.

    En conséquence de quoi, les entreprises «permettront de travailler mais ne rapporteront aucun revenu, qu’elles soient individuelles, en cas de travail indépendant, ou collectives. [...] Il n’y aura plus ni employeurs, ni actionnaires». Pour autant, les entrepreneurs, qu’il définit comme «des personnes qui impulsent des productions et des collectifs de travail» existeront toujours, de même que la hiérarchie au sein des entreprises.

    «La coopération s’imposera entre qualifiés pour trancher les conflits; conflit sur les valeurs d’usage à produire, conflit sur les conditions de travail, conflit sur le périmètre de l’entreprise et les relations interentreprises», prédit Bernard Friot. La suppression du profit permettra de rendre les entreprises démocratiques et non ploutocratiques comme c’est le cas aujourd’hui.

    Pour mener à bien cette révolution, Bernard Friot s’appuie donc sur deux piliers, la cotisation et la qualification, qui sont au cœur de sa proposition. Mais pour que les citoyens retrouvent la souveraineté sur la création de valeur économique, il envisage un autre bouleversement majeur: la remise à plat de la création monétaire.

    Le crédit bancaire, que le prix Nobel d’économie français Maurice Allais apparentait à de la création de monnaie par les faux-monnayeurs, serait ainsi supprimé. La monnaie ne serait plus créée en anticipation du rendement d’un investissement, comme le font les banques, mais en prévision de la qualification de nouvelles personnes arrivant à l’âge de 18 ans.

    Pour commencer en douceur, l’auteur propose d’attribuer un salaire à vie à la tranche des 18-22 ans, ce qui représenterait un effort financier de l’ordre de 4% du PIB (environ 20% si on opte pour les 18-37 ans). «Ainsi les entreprises pourront-elles tester l’intérêt qu’il y a à cotiser plutôt qu’à payer des salaires, les caisses prendront leurs marques avant l’extension du dispositif à toute la population, les effets pervers ou induits pourront être appréciés et corrigés», avance-t-il.

    Son projet est débattu par diverses organisations politiques (NPA, Front de Gauche, Alternative libertaire, CGT…), notamment dans les sections locales qui l’invitent fréquemment à débattre, mais aucune de ces organisations n’a officiellement pris position  en faveur du salaire à vie au niveau national.

    Payés à rien foutre ?

    D’une radicalité assumée, la proposition de Bernard Friot séduit autant qu’elle interroge. Une des principales objections opposées au salaire à vie (comme au revenu de base) est le fait qu’avec un salaire garanti, les gens arrêteraient de travailler.

    Bernard Friot conteste cette allégation. Il rappelle que «c’est une intention que l’on prête toujours aux autres: interrogés sur le fait de savoir s’ils continueront à travailler avec un salaire à vie, les sondés répondent qu’eux continueront mais pas les autres. Ensuite, ceux qui ne font rien sont bien moins dangereux que tant qui font aujourd’hui. Mieux vaut ne rien faire que d’être une inspectrice d’académie appliquée à détricoter la fonction publique ou un ouvrier fabriquant des OGM».

    Il argue également que sa proposition rendra caduque cette objection fréquente car la qualification viendra remplacer le temps de travail comme mesure de la valeur économique. L’auteur rappelle que les retraités, par exemple, contribuent à hauteur de 13% du PIB sans que cette création de valeur ne soit prise en compte.

    Enfin, il met en garde contre «l’ethnocentrisme petit-bourgeois» qui fait croire que certains arrêteront leur activité jugée dégradante. S’appuyant sur une étude, il relève que les éboueurs, contrairement à ce que l’on pourrait croire, non seulement aiment leur métier mais ont conscience de leur utilité sociale. Il faut ajouter à cela le besoin humain de reconnaissance de son utilité sociale, qui passe notamment par le travail.

    Il prend également l’exemple de la fonction publique où les fonctionnaires sont moins menacés dans leur emploi mais se présentent tout de même au travail. Il rappelle enfin que, même si le salaire est garanti dans son système, le licenciement, lui, est toujours en vigueur.

    Il nous faut des patrons !

    Un autre argument avancé contre le salaire à vie est la nécessité d’avoir des entrepreneurs compétents dont la seule motivation serait l’argent. C’est comme cela que l’on justifie les rémunérations extrêmement élevées des grands patrons actuels. Avec un salaire plafonnée à 6.000 euros, ne risquerait-on pas de voir l’envie d’entreprendre et la volonté d’innover freinées, et de devoir se contenter de «minables»?

    Bernard Friot fait valoir que sur le web, la coopération non lucrative marche très bien, prenant l’exemple des logiciels libres. De même, dans le milieu universitaire, la motivation n’est pas tant le salaire que celle d’être «le premier à mettre à jour une nouveauté».

    D’autres mettent en cause la capacité des citoyens à gérer une entreprise. «L’incapacité populaire est l’argument classique de tout privilégié, et les propriétaires lucratifs ne manquent pas de communicants pour entretenir cette conviction, y compris chez ceux qu’ils maintiennent en servitude», réplique l’auteur. Il remarque qu’à chaque fois que des salariés se mobilisent pour reprendre leur entreprise, ils ont un «appétit vif pour comprendre les questions économiques face au sentiment d’avoir été bernés par les experts».

    Les partisans du revenu de base, une autre forme de revenu inconditionnel, partagent les ambitions émancipatrices de Bernard Friot mais critiquent sa proposition. Un d’eux, Baptiste Mylondo, avance notamment que des salaires allant de 1.500 à 6.000 euros ne feraient que nous encourager à consommer plus sans prendre en considération les limites écologiques. Bernard Friot explique qu’il imagine bien volontiers une fourchette plus basse, à condition que la sphère de la gratuité soit étendue (notamment au logement).

    Les défenseurs du revenu de base mettent également en cause le caractère constructiviste de la proposition de Friot: elle ne laisserait pas assez de place à l’individu pour décider de la société dans laquelle il veut vivre, contrairement au revenu de base, qui serait lui plus humaniste et adaptable aux volontés de tous. La socialisation totale du salaire rappelle inévitablement le communisme (il est d’ailleurs proche du PC), un projet politique qui est loin de faire l’unanimité.

    C’est bien là la principale limite de son projet: dans une société ou le capitalisme est largement intériorisé, il paraît difficile de convaincre une majorité de personnes de la nécessité d’un changement radical de système. L’auteur se dit néanmoins «tout à fait confiant quant à la possibilité de faire valoir de manière majoritaire une qualité de vie fraternelle, sobre. Ça rejoint une aspiration extrêmement partagée. La consommation actuelle n’est qu’une compensation de l’absence de maîtrise de son quotidien».

    Pourtant, il ne croit pas que son salaire à vie s’imposera grâce aux urnes. Mais il compte sur le «spectacle de l’inefficience du capitalisme» pour que le salaire à vie s’impose comme une évidence et met l’accent sur le travail de sensibilisation qu’il réalise avec le Réseau salariat et l’Institut européen du salariat:

    «La demande est énorme. Certes, ça concerne encore une minorité, mais une minorité prescriptive. Nous sommes actuellement dans un temps froid de l’histoire. Mais dans un temps chaud pendant lequel le peuple se met en mouvement, ce qui arrive régulièrement (1789, 1870, 1936), cette minorité tirera le mouvement. Il faut préparer ce moment par un travail d’éducation populaire.»

    Slate   http://fortune.fdesouche.com

  • Les racines et les pièges du virage américain vers l’Asie

    Le président Obama a décidé un mouvement de bascule vers l’Asie-Pacifique. Mais ce « pivot » se heurte aujourd’hui à de complexes considérations budgétaires et géostratégiques.

    Le constat a l’apparence de la simplicité : le centre de gravité de la politique étrangère des Etats-Unis, de leur sécurité nationale et de leurs intérêts économiques bascule vers l’Asie. Un mouvement « pivot », selon la terminologie officielle, qui devait, aux yeux du président Barack Obama, s’accompagner d’une modification de la stratégie de l’Amérique, laquelle se considère depuis longtemps comme une puissance du Pacifique tournée vers l’Asie.

    Le virage vers l’Asie se justifie d’autant plus que l’Amérique perçoit une montée de la puissance militaire et de l’agressivité de Pékin à l’égard de ses alliés traditionnels en mer de Chine méridionale et orientale. Une Chine qui, en augmentant régulièrement son budget militaire de plus de 10 % par an depuis deux décennies (10,7 % prévu pour 2013), peut un jour devenir un inquiétant rival. Sans oublier la menace que fait peser la Corée du Nord sur la Corée du Sud.

    Le « pivot » est aujourd’hui facilité par deux éléments de nature différente, qui doivent permettre aux Etats-Unis d’alléger leur présence dans ce que George W. Bush avait appelé le « Grand Moyen-Orient », cette zone allant du Maghreb jusqu’à l’Afghanistan-Pakistan. Tout d’abord, l’armée américaine a pu effectuer son retrait d’Irak en décembre 2011 et se prépare à faire de même, d’ici à la fin de 2014, en Afghanistan. De plus, l’Amérique entrevoit la perspective d’une réduction de sa dépendance énergétique à l’égard des importations pétrolières du Moyen-Orient grâce au gaz de schiste. La fin de la guerre froide a permis en outre un désengagement progressif en Europe. Un mouvement qui devrait se poursuivre avec une diminution supplémentaire des troupes basées en Allemagne.

    Le « pivot » s’appuie ainsi sur deux grands axes. D’une part, l’Amérique d’Obama souhaite parvenir à une meilleure intégration économique et commerciale avec l’Asie en participant notamment pour la première fois aux « sommets de l’Asie orientale » et en proclamant sa volonté de négocier un accord de libre-échange au sein du Partenariat économique transpacifique (TPP).

    D’autre part, cet engagement vers l’Asie-Pacifique s’accompagne d’un mouvement de repositionnement militaire. Comme en témoigne l’annonce de l’envoi progressif depuis avril 2012 de 2.500 Marines en Australie sur la nouvelle base de Darwin. L’Amérique a également resserré ses liens avec Singapour grâce au stationnement de navires de combat en zone littorale, et avec les Philippines en y positionnant des avions de surveillance et en effectuant des rotations de troupes plus fréquentes. L’objectif est ainsi de parvenir à une plus grande flexibilité des rotations militaires dans la région en se reposant moins sur les bases militaires américaines permanentes au Japon et en Corée du Sud. D’après le Service de recherche du Congrès (CRS), quelque 4.500 soldats américains du Japon pourraient être ainsi envoyés à Guam, qui en accueille déjà autant.

    Autre élément : en dépit des coupes prévues dans son budget militaire, l’Amérique souhaite maintenir les crédits pour sa marine de guerre, au détriment des autres corps de l’armée.

    Pourtant, aussi simple qu’il paraît, cet ajustement stratégique pourrait aller contre l’objectif recherché : celui de mieux stabiliser et intégrer la région Asie-Pacifique avec l’Amérique, et de rassurer ses alliés asiatiques, en premier lieu le Japon. Car la Chine se considère toujours inférieure et pourrait prendre ombrage du renforcement de la présence américaine. Face aux 11 porte-avions américains, la Chine a lancé en 2011 son premier porte-avions, un bâtiment relativement petit acheté à la Russie et rénové. Plutôt que de contribuer à une détente, d’après des analystes, le pivot risque au contraire de pousser les autorités militaires chinoises à durcir le ton. Pékin parle désormais d’un retour à une « mentalité de guerre froide ».

    Dans un article intitulé « Le problème avec le pivot » et publié dans « Foreign Affairs », Robert Ross, professeur à Harvard, souligne que « la nouvelle politique américaine a inutilement aggravé le sentiment d’insécurité et ne peut que nourrir l’agressivité de la Chine. Elle risque de saper la stabilité régionale et ne peut que réduire les possibilités de coopération entre Washington et Pékin ». Cette politique est fondée « sur une erreur de jugement » : le durcissement diplomatique de Pékin ne vient pas d’une trop grande confiance mais plutôt d’un sentiment d’insécurité après plusieurs années de crise financière et de troubles sociaux.

    La question est aussi de savoir si l’Amérique a aujourd’hui les moyens budgétaires de ses ambitions asiatiques. D’après la firme de renseignement Stratfor, les coupes automatiques, appliquées depuis la semaine dernière, réduiront le budget militaire d’au moins 8 %, soit 500 milliards de dollars sur dix ans, répartis sur tous les corps de l’armée. De plus, l’indépendance énergétique à l’égard du Moyen-Orient est encore une perspective lointaine. En outre, à la différence d’Hillary Clinton, son successeur, John F. Kerry, a effectué sa première tournée officielle de secrétaire d’Etat en Europe et au Moyen-Orient, et non pas en Asie. Signe que Washington n’a pas encore tourné le dos à ses « vieux » alliés. Certes, il n’y aura pas de marche en arrière tant le mouvement vers l’Asie est enclenché depuis longtemps. Mais le balancier ouest-est des Etats-Unis est loin de s’être stabilisé.

    Les Echos http://fortune.fdesouche.com

  • Revue de presse économique de Pierre Jovanovic (13/03/2013)

    Émission diffusée sur Radio Ici et Maintenant le 13 mars 2013

    Nouveau : écouter l’émission au format mp3


    (pour télécharger le fichier mp3, cliquer sur la flèche bas du lecteur puis cliquer sur le bouton Download now de la page qui s’ouvre)

    http://fortune.fdesouche.com/

  • « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    L’après-capitalisme n’est pas pour demain, Jean-Claude Michéa démonte le progressisme sans illusions… ou presque (1)

    Approfondissant sa thèse d’une unicité du libéralisme (culturelle de gauche et économique de droite), Jean-Claude Michéa s’interroge, dans son dernier ouvrage, sur le « signifiant maître » susceptible de rassembler les « gens » afin d'édifier une société fondée sur ce qu'Orwell(2) appelait la « décence commune. » C.D

    Le socialisme sans la Gauche

    L’auteur conteste cette possibilité à la gauche qui « en est graduellement venue à trouver ses marqueurs symboliques privilégiés dans le mariage pour tous, la légalisation du cannabis et la construction d’une Europe essentiellement marchande ».

    « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    Revenant à l’origine du clivage gauche/droite distinguant les partisans du progrès de ceux du retour à l’Ancien Régime, il rappelle à juste titre que ni Marx, ni Engels, ni les principaux penseurs socialistes ne se définissaient comme tels.

    Ce n’est qu’au moment de l’Affaire Dreyfus (qualifiée d’ailleurs au départ de « guerre civile bourgeoise ») que le mouvement ouvrier a négocié un compromis tactique avec la gauche républicaine, compromis qui portait déjà en lui « l’opérateur philosophique unique » justifiant le ralliement de la gauche des années 1970 au libéralisme : la métaphysique du progrès et du sens de l’histoire.

    Cette matrice explique la méfiance de la gauche à l’égard des classes moyennes traditionnelles « attachées à l’amour de la terre et au sens du métier » et accusées de vouloir « faire tourner à l’envers la roue de l’Histoire ».

    La gauche, stade suprême du capitalisme ?

    Sous couvert de lutte contre de fantasmagoriques forces du passé (par exemple, le retour de la famille patriarcale), la gauche actuelle célèbre désormais exclusivement le culte de la modernisation à outrance, de la mobilité obligatoire et de la transgression morale ou culturelle sous toutes ses formes, c’est-à-dire les principes mêmes du développement de la société libérale.

    Elle défend, pour reprendre la formule de Guy Debord, cette « idéologie de la pure liberté qui égalise tout et écarte toute idée de mal historique » dont le self-made man libéral, qui ne doit rien à quiconque et ne veut dépendre de personne, constitue la figure de proue.

    Loin du socialisme originel d’un Pierre Leroux, les partis de gauche n’envisagent désormais les problèmes que peut rencontrer une société humaine que sous le seul angle du droit et ne militent que pour le droit de chacun à vivre comme il l’entend, c’est-à-dire en faveur d’un individualisme narcissique.

    Jean-Claude Michéa dresse d’ailleurs avec humour une liste de ce nouvel espace pour tous voulu par la gauche : « droit à la mobilité pour tous, droit de s’installer où bon nous semble pour tous, droit de visiter les peintures rupestres de Lascaux pour tous, droit à la procréation pour tous, droit au mariage pour tous, droit à la médaille de la résistance pour tous » (p. 110).

    Les débats sur le « mariage pour tous » sont justement une parfaite illustration de la contractualisation de toutes les relations humaines contre les dimensions symboliques que sont la famille et le mariage. Ce qui pousse Jean-Claude Michéa à écrire que « le mariage Las Vegas représente l’aboutissement logique du mariage de gauche » (p. 103).

    Populisme ou barbarie

    La défense du « roc anthropologique originaire » que constitue la logique de l’honneur et du don telle que définie par Marcel Mauss (et que l’on peut résumer par la triple obligation « donner-recevoir-rendre ») ne saurait par conséquent être le fait des militants des « nouvelles radicalités parisiennes » trop occupés, selon l’auteur, à se mobiliser « en toute circonstance – et si possible devant les caméras du Système – pour défendre le droit libéral de chaque monade isolée à un principe de vie particulier et une fin particulière » (p. 38).

    A la suite de Marcel Mauss et de George Orwell, Jean-Claude Michéa rappelle la nécessité des structures d’appartenance premières fondées sur le sens des limites et des dettes symboliques, l’attachement à la notion de morale et de mérite individuel ou encore l’importance accordée à la transmission familiale et scolaire.

    Il cite Marx fustigeant « les petites et grandes robinsonnades qui font partie des plates fictions du XVIIIe siècle » et soulignant que « l’homme est non seulement un animal politique mais un animal qui ne peut s’isoler que dans la société ».

    Il insiste enfin sur le fait que « la critique socialiste de la désagrégation de l’humanité en monades dont chacune a un principe de vie particulier […] recoupe celle de la droite traditionnelle française » (p. 42) et, partant, sur la nécessité de mobiliser l’immense majorité des classes populaires, qu’elles votent à gauche ou à droite ou qu’elles aillent à la pêche.

    Au regard de cette aspiration, on comprend mieux pourquoi J.-C. Michéa préfère se définir comme populiste. On objectera cependant qu’on ne voit pas très bien qui, « à gauche à défaut d’être de gauche » pour calquer la formule désormais célèbre qu’avait employée Alain de Benoist, pourrait tenir ce discours et s’allier aux populistes de droite, y compris au sein de la pragmatique gauche populaire de Laurent Bouvet.

    On peut aussi se demander s’il n’existe pas un attachement, au moins symbolique, des gens ordinaires au clivage droite/gauche mais, s’il faut, comme nous y exhorte l’auteur, « trouver les mots capables de leur parler plutôt qu’au monde restreint des militants professionnels » (p.58), il est peut-être malheureusement nécessaire de commencer par utiliser ceux-ci.

     C.D 11/03/2013

    Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, édition  Climats, mars 2013, 131 pages.

    Notes de la rédaction

    (1) « Qu’est-ce donc que la gauche française ? Une alliance entre socialistes et syndicalistes révolutionnaires d’un côté, bourgeois libéraux progressistes de l’autre, nouée à l’issue de l’affaire Dreyfus contre les nostalgiques de l’Ancien Régime, répond l’auteur. »
    (2) Jean-Claude Michéa est philosophe. Il passe l’agrégation de philosophie en 1972 à l’âge de vingt-deux ans. Engagé au Parti communiste français, il s’en écarte en 1976. Professeur de philosophie au lycée Joffre à Montpellier depuis la fin des années 1970 (il a pris sa retraite à la fin de l’année scolaire 2009-2010).
    Prônant des valeurs morales proches du socialisme de George Orwell, Jean-Claude Michéa est connu pour ses prises de positions très engagées contre les courants dominants de la gauche qui, selon lui, ont perdu tout esprit de lutte anticapitaliste pour laisser place à la « religion du progrès ». (Wikipedia)

    http://www.polemia.com