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économie et finance - Page 864

  • Entretien avec Étienne Chouard sur la création monétaire et la démocratie athénienne par tirage au sort

    Entretien vidéo en 4 parties avec Étienne Chouard sur la création monétaire.

    Partie 1 : La dette


    Entretien avec Etienne Chouard - 1 - l'argent... par culture-libre

    Partie 2 : Complot et impôt


    Entretien avec Etienne Chouard - 2 - complot et... par culture-libre

    Partie 3 : Le système électif


    Entretien avec Etienne Chouard - 4 - le tirage... par culture-libre

    Partie 4 : Le tirage au sort


    Entretien avec Etienne Chouard - 4 - le tirage... par culture-libre

  • Des subventions pour Amazon

    Ce matin j'entendais sur Radio Classique l'évocation d'une nouvelle, présentée pour rassurante dans la morosité ambiante : le développement de l'implantation sur le territoire français des activités du principal site mondial de vente en ligne de livres et de produits culturels : le groupe américain bien connu Amazon.

    Pour tout défenseur de l'économie de marché la concurrence doit être considérée comme une bonne chose. À ce titre il est très étonnant que le ministre pompeusement appelé "du Redressement productif" M. Arnaud Montebourg ait essayé de faire croire récemment le contraire à propos de la quatrième licence de téléphonie mobile. Il accuse le vilain opérateur Free de déstabiliser le secteur.

    On pourrait hausser les épaules et dire : "encore une folie de ce poseur ridicule".

    D'autres déclarations à l'emporte pièce de ce personnage défrayent la chronique et on pourrait les trouver infiniment plus graves, notamment quant à l'image de la France qu'elles véhiculent à l'étranger. Quand un ministre parisien se permet d'injurier les dirigeants d'un grand groupe sidérurgique implanté dans quelque 150 sites de l'Hexagone et représentant 22 000 emplois directs on peut en effet s’inquiéter quant à son équilibre mental. Quand il laisse entendre que, pour sauver certains emplois, la solution de l'étatisation est envisageable on se demande avec quelle machine à remonter le temps il est allé lire quel numéro de L'Humanité qui traînait dans son grenier depuis 1946.

    Mais voilà : il faut montrer à tout prix que le territoire français attire encore les investisseurs.

    On ne nous dit pas assez, y compris sur Radio Classique, à quelles conditions ces groupes s'installent.

    En voici un échantillon fourni par le vote du conseil régional de Bourgogne en date du 26 novembre. Après un long débat, la décision a été entérinée par les 26 élus du parti socialiste qui détiennent la majorité et qui ont bénéficié, il faut le souligner de la courageuse abstention des élus UMP. Plusieurs élus d'Europe Écologie Les Verts, du parti communiste et du front national ont manifesté leur opposition. En vain.

    Voilà en effet le résultat : pour s'implanter en Saône-et-Loire, département du citoyen Montebourg Amazon va toucher 1,125 million d'euros d'aides publiques dès 2012

    Ceci, dit-on va permettre la création de 250 emplois dans son nouvel entrepôt de Sevrey.

    Au total, l'entreprise américaine percevra 3 400 euros par emploi. L'État pourrait abonder cette somme d'un montant de 1 000 à 2 000 euros.

    "Le soutien financier proposé sera financé en partie par le Conseil Général de Saône-et-Loire, à hauteur de 275 000 euros, dans le cadre d'une convention de partenariat entre le département et la région. Cette aide pourrait être complétée par une intervention de l'État, de 1 000 euros à 2 000 euros par emploi, au titre de la prime d'Aménagement du territoire", indique le rapport du conseil régional de Bourgogne auquel Sipa a eu accès. (1)⇓

    Amazon exploite déjà trois entrepôts en France, à Montélimar, à Sarran près d'Orléans et à Sevrey. Le groupe dont le chiffre d'affaires 2011 a atteint 48 milliards de dollars en 2011, a annoncé également qu’il en ouvrirait un quatrième. D'une superficie de 90nbsp000 m2, il sera situé près de Douai. Son inauguration est prévue en 2015. Ce nouvel entrepôt devrait aussi bénéficier d'aides publiques du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. "Dans les prochains jours, le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais rencontrera le groupe américain. Tout comme en Bourgogne, le groupe bénéficiera de subventions et d'aides publiques" (2)⇓.

    Ne contestons pas à Amazon le droit de vendre en ligne des livres français en direction de la France et des lecteurs francophones d'Europe. Soulignons quand même qu'il existe d'importants groupe de librairie (Procure, Fnac, Decître, par exemple) mais aussi d'autres plus modestes (comme "Diffusion de la pensée française" à Chiré-en-Montreuil ou la "Librairie catholique" de Perpignan), qui le font tout aussi bien, sinon mieux, sans subventions, et que la plupart des éditeurs le font aussi directement (3)⇓.

    On serait intéressé à savoir aussi quel régime de TVA sera applicable à ces ventes, qui sont éventuellement encaissées sur des comptes étrangers, et par conséquent assimilables à des exportations détaxées...

    Quelle peut bien être au bout du compte la pertinence de ces subventions, sinon la démagogie de faire semblant de "créer des emplois" avec de l'argent public, en en détruisant d'autres, qui ne coûtaient rien aux finances publiques ?

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes

    1. cf. "Dernières nouvelles d'Alsace" du 26 novembre
    2. cf. SIPA du 26-11-2012 à 19 h 31.
    3. Ainsi les Éditions du Trident pour lesquelles je n'hésite pas ici à faire une petite publicité de bon goût.
  • Regard écologique sur le surclassement social et son lien avec l'immigration

    Frédéric Malaval, dont Polémia a déjà publié plusieurs analyses, évoque, dans le texte qui suit, les fondements scientifiques des approches politiques et montre que les scientifiques disposent de nouveaux outils d'analyse, malheureusement à son goût insuffisamment diffusés, là où ils devraient l'être, notamment à l'université. Y recourir permettrait de s'affranchir du paradigme scientifique dominant à l'origine du paradigme politique dans lequel nous évoluons et dont la conséquence la plus directe est la société que nous subissons.

    Polémia  

    En préalable

    L'article « Regard écologique sur la dette souveraine » (*) avançait la thèse que la stérilité écosystémique était à l'origine de la dette souveraine. Abordée avec une approche théorique, cette perspective nécessite un approfondissement en répondant à la question : qui génère cette stérilité écosystémique ? La réponse proposée dans cet article est : le surclassement social. Schématiquement, l'espérance du progrès social conduit au surclassement social. Ce surclassement social est rendu possible par l'immigration. Surclassement et immigration créent de la stérilité écosystémique financée par la dette. Accessoirement, cette dette finance une surartificialisation écosystémiquement stérile et écologiquement néfaste. On pollue sans contreparties avantageuses pour le cœur de l'écosystème artificiel dont on est partie. La conclusion issue de cette vision est qu'au lieu d'accuser banquiers, immigrés et tous les boucs émissaires envisageables, il faudrait que chacun de nous, comme aborigène, considère à sa juste valeur sa contribution dans le fonctionnement de l'écosystème dont nous avons hérité et qui nous permet de vivre. La notion d'écosystème étant issue de l'Ecologie, c'est par cette discipline que la notion de surclassement social sera abordée.

    Toutefois, pour ceux qui préféreraient aller à l’essentiel en contournant la partie sur l’Ecologie, il est possible d’aller directement au chapitre « Principe de Peter » et sauter les lignes suivantes.

    Ecologie et valeur écosystémique

    L'Ecologie est la science qui s'intéresse aux relations entre populations, d'une part, et à leur milieu, d'autre part. La population y est envisagée comme un ensemble d'individus semblables. S'intéressant initialement aux écosystèmes naturels, cette science de synthèse a ensuite porté son regard sur les écosystèmes artificiels, c'est-à-dire ceux créés par les humains. Incapables de vivre en situation naturelle, l'action de ces derniers introduit plus ou moins d'artefacts dans la nature pour survivre, jusqu'à l'éliminer quasi complètement comme dans les villes, par exemple.

    Assez vite, la conception de l'écosystème (Tansley, 1935) a été alimentée par une approche énergétiste. La science de l'énergie – la Thermodynamique – a contribué à envisager l'écosystème comme une structure dissipative alimentée par des flux d'énergie, d'informations et de matières, qualifiés de flux néguentropiques. La dissipation de ces flux est à l’origine d’une production d’entropie dont une partie est rejetée dans le milieu. Cette notion de structure dissipative est issue de la Thermodynamique du non-équilibre. L'équation de référence de cette branche de la Thermodynamique est l'équation du bilan entropique distinguant, dans la composante entropique de tout système en non-équilibre thermodynamique, une part réversible d'une part irréversible. C'est un peu bref, voire hermétique, mais le but de cette évocation est de montrer que de nouvelles grilles de lecture existent aujourd'hui, alors même que nous tentons de penser les enjeux contemporains avec des modèles intellectuels créés il y a plus de deux siècles. On a du mal, en France, à s’extraire du paradigme lagrangien, composante essentielle de la Modernité.

    Les interrogations, tant théoriques que pratiques, soulevées par les nouvelles dimensions de la politique n'ont pu être résolues dans le paradigme de la Modernité. Celui-ci a permis de forger un monde acquis au réductionnisme financier où tout s'achète et se vend. Il a permis une artificialisation sans précédent de l'écosphère. Il achoppe toutefois à résoudre les troubles qu'il a créés. La question de l'internalisation financière des coûts écologiques en est un exemple parmi d'autres. Ce constat a engendré de nouvelles théories alimentées par de nombreux auteurs. C'est parmi elles que les notions de valeur-ajoutée écosystémique ou de valeur écosystémique ont émergé. Tout cela est très nouveau. Le fondement de la valeur y est envisagé comme la capacité d’un artefact matériel ou immatériel à participer à l'entretien de la complexité de l'écosystème artificiel dans lequel il est enchâssé. Ce qui suit maintenant est déduit de ces approches théoriques. Schématiquement, il y a instabilité quand les flux néguentropiques dissipés dans l'écosystème artificiel en référence sont supérieurs à ce qu'il génère. Plus prosaïquement, ce que l'on consomme est supérieur à ce que l'on produit. Attention, ce raccourci pédagogique est ambigu. Il faut entendre consommation par dissipation de flux néguentropiques envisagés comme le facteur d’entretien de la complexité de l’écosystème. Le delta est fourni par des astuces politiques. L'endettement en est un. Ce que des économistes qualifient d'argent-dette permet de la financer. A un moment ou à un autre, les flux financiers créés sont alors complètement découplés des flux néguentropiques. Cela se produit lorsque cette création ne répond plus à aucune exigence écosystémique réelle. Cet argent-dette correspond à une création monétaire dont l’objet est de financer l'endettement en général. Si cet endettement n’engendre aucune contrepartie écosystémiquement utile, c’est grave. Lorsqu’il sert à financer des activités nuisibles, c’est fatal.

    Les conditions de stabilité d’un système ont été rigoureusement formalisées en physique. Sur le fondement d’une fonction mathématique de Lyapounov, les thermodynamiciens ont établi une relation entre fluctuation thermodynamique, longueur de cohérence et entropie du système. Les conditions de l’instabilité fatale sont résumées par ces approches valables pour tous systèmes, qu’ils soient en équilibre thermodynamique comme les systèmes en équilibre thermodynamique éligibles à la physique mathématique d’essence mécaniste, ou en non-équilibre thermodynamique comme les systèmes vivants, individus ou écosystèmes, éligibles à ce qu’Ilya Prigogine qualifiait de Thermodynamique du vivant. Les bases de cette approche sont dans l’Encyclopedia universalis dans les articles sur la Thermodynamique.

    Envisagé dans ce prisme, le surclassement social est la conséquence de l'inaptitude d'une personne à gérer la complexité de l'espace écosystémique dans lequel elle évolue. Mais nos sociétés s'organisent pour que cette stérilité soit solvabilisée, permettant aux protagonistes concernés de participer à une structure à laquelle ils n’apportent aucune contribution. La conséquence est qu’ils consomment et donc polluent sans contrepartie écosystémique. Voilà pourquoi un environnementaliste s'intéresse à ces choses. Son but est d'identifier tout ce qui contribuerait à diminuer sensiblement les impacts environnementaux. Accessoirement, comme aborigène, je dois contribuer à la pérennité du territoire, de la civilisation, voire de l'écosystème naturel dans lesquels ma lignée est enchâssée depuis des lustres. Je n'en ai pas d'autres et en suis consubstantiellement dépendant. Par ailleurs, je suis assez peu tenté de devenir un citoyen du monde dans une écosphère mondialisée ultra-artificialisée. C'est une posture instinctive et pas du tout raisonnée, je l’avoue ; ceci malgré le battage médiatique nous l'imposant comme notre avenir radieux. C'est comme ça.

    Principe de Pete

    Les sociologues avaient, par une autre approche, mis le doigt sur ce phénomène qu'une approche écosystémique a conforté. Le fond de la crise actuelle est le surclassement social systématique conduisant à l'incompétence dans la tâche assumée. L'écart entre le seuil de compétence, c'est-à-dire la capacité à gérer la complexité de l'espace multi-factoriel où l'on évolue, et ce qui est au-dessus de ce niveau engendre de la stérilité écosystémique. C'est ce « delta » qu'il faut financer par la dette.

    Un parallèle avec le « Principe de Peter » cher aux managers fournit un éclairage utile. Précisons cependant que celui-ci porte sur les compétences au sein de structures hiérarchisées alors que l'approche écosystémique met en relation des individus et des groupes agissant sans nécessairement se connaître, ni avoir de relations directes. Popularisé dans l'ouvrage éponyme paru en 1969 sous la signature de Laurence J. Peter et Raymond Hull, The Peter Principle établit que, dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever jusqu'à son niveau d’incompétence. La conséquence est qu'avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité.

    De ce principe découle une analyse sur le cycle de vie de toute structure hiérarchisée. Celle-ci, à un moment ou à un autre, se retrouve avec une majorité d'incompétents dont l'impéritie va l'engager vers sa fin. Relevons que ce principe empirique issu de la sociologie est en parfaite cohérence avec les conséquences du second principe de la Thermodynamique. Celui-ci établit que tout système en non-équilibre thermodynamique voit croître sa composante entropique irréversible jusqu'à atteindre un niveau l'engageant vers la déstabilisation. La stérilité écosystémique est par conséquent un processus normal irrépressible. En revanche, méconnaître sa réalité et la favoriser par la politique conduit à des prises de risques obérant sérieusement l'avenir de nos sociétés en accélérant le processus de déstabilisation. N'a-t-on pas déjà remarqué que l'immigration de peuplement coïncide avec le début de l'endettement de la Ve République ? Est-ce un hasard ? Mais alors que les chiffres sur l'endettement sont facilement accessibles, la question de l'immigration est nimbée d'un halo de contre-vérités et de contresens en tout genre. Aussi précisons ce qu'est un immigré d'un point de vue écologique.

    L'immigration en question

    A la question « Qu'est ce qu'un immigré ? », la définition la plus courante est celle issue de l'INSEE. Schématiquement, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger. Pourtant personne ne se satisfait de cette définition d'essence juridique. Les aborigènes comme les allogènes parlent d'immigrés de première, de seconde, etc., génération. Dans les quartiers populaires, il n'est pas rare d'entendre de jeunes Africains faire des différences entre Gaulois, Portugais ou autres pour désigner leurs compatriotes européens, alors même qu'ils sont tous français. Bref, c'est un peu cafouilleux. Apparemment, la conception juridique de nos dirigeants n'est pas partagée par le peuple qui, lui, s'en tient aux apparences et aux origines. Vox populi, vox dei ; doit-on sur ces questions respecter le réalisme populaire et faire fi des idéologies multi-cequevousvoulez de nos oligarchies mondialistes ? En cela ce peuple fait de l'écologie. Un lion né en Europe, issu de plusieurs générations nées en Europe, reste un animal typiquement africain, même si les spécialistes attestent qu'il en reste quelques-uns en Inde et qu'hier on le trouvait dans le sud de l'Europe, il y a… plus de 2.000 ans.

    La définition juridique de l'immigration conduit à des paradoxes cruels pour ceux qui les subissent. Ainsi, un « Italien » du Piémont francophone, passé en France dans les années 1920-1930 lors de l'italianisation mussolinienne, est désigné comme immigré. Ses enfants seraient des descendants d'immigrés. Un Suisse francophone le serait aussi. Un Belge d'Arlon aussi. Les mouvements de population ont toujours existé entre ces entités, car l'écosystème naturel de référence est plus ou moins le même. Pensons à Rousseau (Genève), Lagrange (Turin), etc., pour de grandes figures de notre Histoire. Plus globalement, évoquons les aborigènes juifs ou protestants forcés à partir : en Grande Pologne pour les premiers ; en Prusse, Pays-Bas, Angleterre pour les seconds. Une récente exposition organisée sur l'immigration à Paris mettait sur le même pied les Bretons et les Auvergnats avec les gens issus de l'Afrique ou de l'Asie. Le juridisme en cours ne correspond donc à aucune réalité biologique ou culturelle. Ces catégories apparues en un autre temps sont obsolètes. D'autres sont à inventer pour rendre compte des nouveaux particularismes. En attendant, il est nécessaire de définir l'Immigré sur des bases incontestables. L'Ecologie nous donne des pistes.

    Un des fondements de l'Ecologie est de considérer que toute forme et le comportement inné qui lui est associé sont la résultante d'une interaction avec un espace écologique naturel. Si l’on constate l'énorme diversité du vivant, c'est que les espaces écologiques associés sont, eux aussi, multiples. Il en est ainsi chez les humains comme chez les macaques, les deux espèces de primates les plus répandues sur la planète. Pourtant, il y a des Macaca fuscata, Macaca sylvanus, etc. Chaque forme et comportement sont adaptés à un milieu donné : le Japon pour les premiers ; l'Afrique du Nord pour les seconds, et ainsi de suite.

    Pour un écologue, l'immigré est donc celui qui est installé durablement en dehors de son écosystème naturel d'origine. Un Européen installé en Afrique ou un Africain installé en Europe sont des immigrés. Pour être plus précis, un immigré est quelqu'un d'installé dans un écosystème différent de celui qui l'a engendré. On pourrait les qualifier d'éco-immigrés pour préciser le fondement de cette qualification.

    Sur ces bases, combien sont-ils en France européenne ?

    Il n'y a pas de statistiques reposant sur ces distinctions en France. Des chiffres circulent pourtant sur Internet. Ainsi, en 2011 circulait sur Internet une évaluation du total des éco-immigrés installés sur son territoire européen. Le chiffre est de 10 millions. L’auteur précise sa marge d’erreur et avoue en rajouter facilement un ou deux. Si l’on intègre les métis, le chiffre de 12 millions lui paraît vraisemblable. Cela étant dit, la corrélation étant faite entre immigration et endettement, doit-on alors accuser l'immigré d'être exclusivement à l'origine de la dette ? Non.

    Avec près de 12 millions d'immigrés dans la France européenne – des gens jeunes – se pose la question des motivations à l’origine de leur présence. L'immigré est tout à la fois envisagé comme un outil de la domination sociale du peuple souche que la manifestation d'une mondialisation en achèvement. D’autres hypothèses sont envisageables. Le constat est cependant que l'immigration de peuplement a commencé avec la législation sur le regroupement familial sous la gouvernance Giscard-Chirac (1976), suivie de régularisations massives de clandestins s’ajoutant à l’immigration légale. La majorité d’entre eux a obtenu la citoyenneté française. 

    Parmi les explications de ce phénomène sans précédent, celle avancée par ces lignes est que cette immigration a permis le surclassement social des aborigènes avec, comme contrepartie, que l'une et l'autre engendrent une stérilité écosystémique à l'origine de la dette souveraine, les prélèvements obligatoires étant à leur maximum envisageable.

    Cette dynamique est à l'origine d'un cercle vicieux dont seule la rupture permettrait d'envisager le rétablissement des finances publiques et une situation politique plus viable. Le moteur du progrès social pousse en effet à accueillir chaque année de nouveaux immmigrés accompagnés de leurs familles. Cette première arrivée réunit généralement beaucoup de gens laborieux, honnêtes, fiables et bien socialisés. On les retrouve dans toutes les tâches nécessitant rigueur et force comme sur les chantiers, par exemple. Mais leurs enfants veulent la vie facile des aborigènes. Les plus chanceux occupent donc des fonctions souvent stériles. Quelques-uns animent l'espace médiatique comme artistes, sportifs ou politiciens. Beaucoup d'autres évoluent dans une marginalité prenant différentes formes allant de l'assistanat social à la délinquance. L'essence de cette dynamique reste toutefois l'espérance de progrès social qui anime les aborigènes depuis les années 1950. L'immigration n'est que la conséquence de cette posture. Le summum fut atteint avec l'ambition que 80% d'une classe d'âge obtienne le baccalauréat et s'engage dans des études supérieures, immigrés compris.

    Le progrès social par le bac pour tous

    Créé par le décret du 17 mars 1808 qui organise l’Université impériale, le bac comptait en 2008 environ 500.000 lauréats, contre seulement 31 lors de la première session. En 2012, avec 77,5% d'une tranche d'âge ayant le bac, la France atteint presque l'objectif que la loi d'orientation de 1989 avait fixé : 80% d'une tranche d'âge au niveau bac. Tous ces lauréats ont accès aux études supérieures dont l'offre n'a cessé de croître depuis la fin des années 1980. Relevons d'ailleurs que ces études qualifiées de supérieures ne sont que des études longues, la majorité des nouveaux étudiants ayant des difficultés à maîtriser ce qui caractérise des études supérieures : l’abstraction.

    Alors que les initiateurs de cette politique espéraient avoir des ouvriers bacheliers pour améliorer leurs capacités à apprendre et donc à s'adapter, tous ces impétrants ont voulu faire les métiers auxquels destinait le bac lorsque celui-ci concernait moins de 5% d'une classe d'âge. Les suites sont connues. Il n'y a plus personne pour les tâches fondamentales. Celles-ci sont assumées, à leur tour, par des individus incompétents. Exemple : le plombier qui remplace un joint sans faire cesser la fuite… après vous avoir laissé une facture TTC de 85 euros (histoire vécue). Les diplômés, eux, s'engagent dans une multitude de fonctions dont on peut relativiser l'utilité écosystémique ; enfin, pour ceux qui le peuvent. L'autre issue est que ces étudiants surformés ne puissent accéder qu'aux postes déterminés par leurs origines sociales. Exemple : une jeune fille qui, après avoir suivi le processus Erasmus, devient fleuriste comme sa maman. Il faut alors s'interroger sur le retour d'investissement de leur formation… très coûteuse. Est-ce durable ? Non. Chacun de nous est concerné. A chacun d'identifier ses fonctions stériles. Le but de cet article n'est pas de stigmatiser, mais de proposer une analyse des enjeux actuels.

    Que faire ?

    Combattre la stérilité écosystémique est donc l'unique voie pour rééquilibrer nos écosystèmes en instabilité menaçante. De nouveaux discours politiques sont donc à inventer, rompant avec le discours dominant issu de l'après-guerre obligeant chacun au progrès social. Ce dernier conduit inévitablement, comme l'ont montré les sociologues, à l'incompétence. Reclasser socialement les personnes en fonction de leurs aptitudes innées dans des espaces qu'ils contribueront à entretenir est donc vital. Précisons aussi que cette approche est découplée de la question des rémunérations, surtout quand celle-ci est envisagée dans le prisme du libéralo-capitalisme réduit à un rapport entre une offre et une demande… organisées par des cleptocrates.

    Comment faire ?

    Avant de s'engager dans des spéculations politiques, ayons présent à l'esprit ce que la Grande Catherine de Russie écrivit à Diderot : « Vous oubliez, Monsieur Diderot, dans tous vos plans de réforme, la différence de nos deux positions : vous, vous ne travaillez que sur le papier qui souffre tout […] tandis que moi, pauvre impératrice, je travaille sur la peau humaine qui est bien autrement irritable et chatouilleuse. »

    Cela étant dit, admettons qu'il y a peu de chances que les générations âgées changent. Passé 30 ans, la fossilisation guette. C'est l'âge adulte. C'est normal. En revanche, intuitivement, de plus en plus de jeunes Européens rompent avec les utopies de leurs aînés. Un artisan rencontré dans les Pyrénées fournit une piste. Dans la jeune trentaine, titulaire d'un diplôme de commerce, ce monsieur avait travaillé à Paris à réfléchir si les yaourts se vendaient mieux en paquets de six ou en paquets de douze, dans un emballage plutôt rouge ou plutôt bleu. Depuis, il s'est installé artisan au pied du col de Portet d'Aspect et fait du carrelage, de la peinture, de la plomberie, etc. C'est très bien fait. Il gagne très bien sa vie. Ils seraient de nombreux jeunes à suivre cet itinéraire, abandonnant l'ambition du progrès social pour tout simplement vivre.

    Seule la jeunesse, quelle que soit son origine, a les clés pour envisager un futur apaisé. En tant qu'ancien nous pouvons néanmoins émettre des suggestions tout en étant conscient qu'ils feront ce qu'ils voudront. Le reclassement social de la population aborigène est la première étape. La suivante est que les immigrés admettent que leur avenir est dans leurs territoires d'origine. Beaucoup déjà envisagent cette possibilité. Encore faudrait-il que la classe dirigeante française rompe avec cette posture infantilisante les envisageant comme des immatures en croissance. L'immigrationnisme n'est jamais que le prolongement du colonialisme. C'est donc aux immigrés de faire leur chemin, sans se soucier de ce que pensent les Européens. Déjà de brillantes personnalités, et nous évoquerons le remarquable Kémi Seba, diffusent une vision très pertinente des enjeux actuels.

    Et pour finir…

    Accessoirement, mais pour un écologiste c'est prioritaire, en cassant le cercle vicieux de l'endettement à l'origine d’une surartificialisation dangereuse de nos écosystèmes, on limitera les impacts environnementaux et donc l'essence de la crise écologique contemporaine. Tout est dans Tout. Cela ne servira donc à rien d'augmenter les impôts pour résorber la dette ou d’espérer une croissance salvatrice. Accuser Aron, John, Helmut, Mohamed ou Mamadou est tout aussi vain. Les pompes à endettement seront toujours là. La solution politique passe par une remise en question fondamentale de pratiques sociales installées depuis des décennies. Par défaut, le système se rééquilibrera tout de même, mais dans la violence. Quand cela risque-t-il de se produire ? Réponse : autour des années 2030. Un prochain article complétant celui-ci exposera pourquoi.

    Frédéric Malaval  http://www.polemia.com
    28/09/2012

    Note :
    (*) Regard écologique sur la dette souveraine

  • Les 27, le budget dans les chaussettes

     Rendez-vous début 2013. Au bout d’une journée et demie d’infructueux marchandages, les Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, ont jeté l’éponge vendredi sans être parvenus à un accord sur le prochain « cadre financier » communautaire 2014-2020.

    Un échec certes annoncé, mais néanmoins inquiétant : les chefs d’État et de gouvernement ont calé sur 30 malheureux milliards d’euros, soit à peine 0,3 % du PIB européen. Après avoir écouté les doléances de chacun durant toute la journée de jeudi, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a maintenu à 984 milliards d’euros le plafond des futures dépenses de l’UE, une enveloppe amputée de 76 milliards par rapport à ce que réclament la Commission et le Parlement européen. Mais trois pays — la Grande-Bretagne, la Suède et les Pays-Bas — veulent une baisse supplémentaire.

    * La Grande-Bretagne, pas encore isolée ?

    Le premier ministre britannique a pu repartir tête haute, ses « lignes rouges » intactes, notamment la préservation du fameux « rabais » obtenu de haute lutte par Thatcher en 1984. Mis en demeure par les eurosceptiques de son parti d’obtenir une baisse drastique du budget européen, le conservateur David Cameron s’est réjoui, devant la presse, de voir que « la Grande-Bretagne n’a pas été seule contre tous ». L’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la Finlande et le Danemark, a-t-il souligné, n’étaient pas non plus satisfaits du compromis avancé la veille par Van Rompuy. En réalité, ce sont surtout Stockholm et Amsterdam qui l’ont soutenu. Un compromis que Cameron juge, en l’état, « inacceptable ». Pour lui, il est particulièrement «  insultant » qu’on ne touche pas aux salaires et aux retraites des fonctionnaires européens : « les institutions européennes doivent s’adapter au monde réel  », a-t-il grincé. Pour autant, Cameron qu’on disait remonté à bloc et prêt à dégainer son veto veut rester à bord : « nous devons reconnaitre que (...) l’appartenance à l’UE nous bénéficie », a-t-il souligné.

    * La France, entre le marteau et l’enclume ?

    Une image diffusée en salle de presse montrait, jeudi soir, François Hollande dans un coin de la salle du conseil européen pendant que la chancelière allemande papillonnait, passant d’un dirigeant à l’autre, négociant ferme. Un raccourci saisissant de la solitude française. Car Paris est coincé entre son souci de relancer la croissance alors que ses caisses sont vides et sa volonté de préserver une Politique agricole commune (PAC) hors d’âge. Comme l’a reconnu un chef de l’État peu enthousiaste : «  je ne suis pas le leader de la PAC, mais je m’inscris dans la tradition française » qui est d’éviter de se mettre le monde agricole à dos. Résultat : Paris parle de croissance, mais est prêt à couper dans les politiques de la recherche/développement, seul moyen de faire diminuer le chèque qu’il verse au budget européen… Cette position illisible explique l’absence d’axe franco-allemand, car Merkel, elle, a un objectif de guerre.

    * L’Allemagne arbitre de la négociation ?

    La chancelière a tout fait pour éviter que la Grande-Bretagne saute de l’esquif européen avant le sommet de décembre. Pour elle, c’est LE rendez-vous important : les Vingt-sept devront adopter la « feuille de route » qui doit mener à l’intégration politique et budgétaire de la zone euro. Et les dix-sept ont besoin de l’accord de Londres pour modifier les traités. Le conseiller diplomatique de Merkel a donc fait la tournée des capitales en expliquant que Berlin voulait une coupe supplémentaire dans les 984 milliards de Van Rompuy. La somme de 30 milliards a été avancée, soit pas très loin des 50 milliards que réclame Cameron. Ce qui lui a donné l’espoir de réaliser un axe Berlin-Londres sur le budget, un cauchemar pour la Commission et pour Paris. Mais, et ce n’est pas un hasard si l’échec a été consommé, ce rapprochement est un miroir aux alouettes, Londres ayant tellement multiplié les lignes rouges inacceptables pour ses partenaires (touche pas à mon chèque, taille dans la PAC et les aides régionales, coupe dans l’innovation et la recherche, diminue le salaire des eurocrates, etc.). Merkel le sait très bien comme elle sait qu’isoler Paris pourrait être mortel pour l’avenir de la zone euro qui la préoccupe bien davantage que l’avenir de Londres. C’est pourquoi, confie un diplomate européen, « nous réfléchissons à des scénarios de contournement si le prochain sommet échoue, comme l’adoption informelle d’un cadre financier à 24 et, ensuite, un vote annuel du budget européen qui, lui, se fera à la majorité qualifiée. C’est une arme nucléaire, mais si Londres nous bloque, il faudra déclencher les hostilités » . Mais son utilisation est renvoyée à l’année prochaine.

    N.B. : article cosigné avec Nathalie Dubois et paru ce matin dans Libération

    Coulisses de Bruxelles  http://www.actionfrancaise.net

  • Fusion Arcelor-Mittal : Une forfaiture française et de l’Europe libérale (Màj Vidéo)

    Publié le 6 avril 2008, réemployé le 14/09/2011 dans une lettre ouverte à Arnaud Montebourg signée, Jean-Luc Mélenchon

    Arcelor : un « Airbus de l’acier » mort né

    En 1981, la gauche arrivée au pouvoir nationalise Usinor-Sacilor. Le groupe privé est au bord de la faillite. Techniquement il est dépassé. Entre 1991 et 1995, l’État injecte 60 milliards de francs pour moderniser les équipements et, aussi, pour licencier une partie des effectifs. En 1995, la droite décide de privatiser Usinor.

    Elle brade l’entreprise pour seulement 10 milliards de francs. Terrifiant gâchis ! Mais surtout, la privatisation a rendu l’entreprise vulnérable. Au point qu’en 2001, la France, la Belgique, l’Espagne et le Luxembourg décident de regrouper leurs fleurons nationaux de l’acier et de créer Arcelor. A l’époque, Arcelor est présenté comme « l’airbus de l’acier ».

    Il est le numéro un mondial du secteur et le leader technologique des aciers fins et complexes. C’était « l’Europe qui protège » dans toute sa splendeur ! « L’airbus européen de l’acier » n’aura pas vécu cinq ans.

     La fusion Arcelor-Mittal facilitée par l’Europe libérale

    C’est un épisode que Sarkozy aimerait bien faire oublier. En à peine 4 mois entre janvier et juin 2006, le groupe Mittal est parvenu à mener à bien une OPA sur le géant européen Arcelor. A l’époque, après quelques protestations médiatiques du gouvernement Villepin au nom du patriotisme économique, la plus grande fusion jamais réalisée dans l’acier obtient successivement tous les feux verts des autorités.

    Notamment ceux des autorités boursières qui autorisent l’OPA et ceux de la Commission européenne qui se borne à ne pas voir de risque majeur pour la concurrence. La direction d’Arcelor exprime pourtant les pires craintes industrielles et sociales si elle est avalée par une firme qui a la réputation d’être un vautour de l’acier.

    Faute d’harmonisation européenne en matière industrielle, Mittal profite aussi de la division des pays européens concernés par le dossier. Au début du processus, le Luxembourg, où se trouve le siège social d’Arcelor, n’a pas de législation protectrice contre les OPA et pour y remédier le parlement luxembourgeois en examine une dans l’urgence, en menaçant de bloquer ainsi la fusion.

    Mais Mittal négocie avec le premier ministre luxembourgeois Juncker qui accepte de lever ces restrictions en l’échange du maintien du siège social du nouveau groupe au Luxembourg. Pour cela, le Luxembourg avait gardé une arme décisive : une participation publique (autour de 5%) dans Arcelor, faisant de l’État luxembourgeois un actionnaire de référence du groupe, là où la France avait commis l’erreur de vendre ses dernières actions publiques en 1997 sous l’impulsion de Dominique Strauss-Kahn.

    L’ultime coup de poignard dans le dos d’Arcelor lui est enfin donné par les autorités boursières – indépendantes – qui condamnent les tentatives d’Arcelor de s’allier avec une firme russe pour faire échouer l’OPA de Mittal.

    Alors que la direction d’Arcelor a encore la confiance d’une courte majorité de ses actionnaires, les autorités boursières suspendent la cotation du titre Arcelor pour entrave à la liberté des marchés, ce qui précipite le succès de Mittal qui prend ainsi le contrôle de 95% des titres d’Arcelor.

    Sources : Parti de Gauche & Jean-Luc Mélenchon

    http://fortune.fdesouche.com

  • La sécession en Catalogne ou les maux du nationalisme chauvin

    La Catalogne, la Flandre, l’Italie du Nord, l’Ecosse sont tentées par le séparatisme. Correspondant de Polémia à Madrid, Javier R. Portella s’interroge à propos de la Catalogne : au moment où les peuples européens sont victimes d’une substitution de population, l’animadversion à l’égard du voisin le plus proche est-elle la priorité ?
    Polémia.

    J’écris ces lignes le soir même du dimanche 25 novembre, jour des élections en Catalogne qui étaient censées produire un raz-de-marée sécessionniste en faveur de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Le raz-de-marée ne s’est pourtant pas produit, les électeurs s’étant bornés à préférer « l’original », Esquerra Republicana, le parti le plus radicalement sécessionniste, qui est passé de 10 à 21 sièges, à « la copie », le CiU, parti qui avait convoqué les élections, qui est tombé de 62 à 50 sièges. Bref, un simple transfert de voix au sein des sécessionnistes qui, ensemble, représentent toujours 64% des électeurs, face à 36% pour les forces non séparatistes.

    Le désastre du nationalisme chauvin

    Mais oublions la petite cuisine électorale. Essayons de cerner les questions qui vraiment importent. Que se passe-t-il, que se joue-t-il en Catalogne (et il faudrait ajouter : et dans le Pays basque) ? La question est d’autant plus importante que la mouvance identitaire (du moins en France), portée sans doute par le rejet on ne peut plus légitime du jacobinisme, fait preuve souvent d’une grande incompréhension du phénomène national en Espagne, en même temps qu’elle manifeste des sympathies à l’égard de forces dont la victoire nous mènerait tout simplement à la catastrophe : au désastre du nationalisme chauvin que l’Europe a déjà suffisamment souffert jadis dans ses chairs.

    Ne nous trompons pas. L’enjeu, aujourd’hui en Catalogne (il faudrait préciser : en Catalogne espagnole, car il y a aussi une Catalogne française), ce n’est nullement la défense d’un petit peuple à la langue, à la culture, à l’identité et aux droits politiques brimés par l’oppression d’un autre peuple ou d’un quelconque pouvoir central. Si brimades il y a eu, elles ont plus que disparu depuis plus de trente ans, l’Espagne s’étant constituée en fait dans une sorte d’Etat fédéral dont les parties constitutives, appelées « Communautés autonomes », jouissent même de plus de droits que bien des Etats fédéraux.

    Le catalan, l’anglais et l’espagnol

    Soyons clairs. Si une langue, une culture, une histoire est aujourd’hui brimée et vilipendée en Catalogne, cette langue, cette culture, cette histoire n’est nullement celle de la Catalogne : c’est celle de l’Espagne, dont la langue – un exemple parmi mille – tient dans l’enseignement une place plus réduite que celle accordée à l’anglais. La fin du discours que pour clôturer la campagne électorale Artur Mas, président de la Catalogne, a prononcé en… anglais en constitue d’ailleurs la preuve éclatante et symbolique. Puisque le catalan est une langue minoritaire, était-il signifié, et puisqu’il nous faut bien une langue universelle dans ce monde heureusement globalisé que nous aimons tellement… alors, que cette langue soit donc l’anglais plutôt que l’espagnol que nous exécrons mais dont nous ne savons pas quoi faire pour nous en passer !

    La négation d’un passé millénaire

    C’est là toute la question. Lorsque la haine nationale, ou, si l’on préfère un mot moins fort, lorsque l’animadversion chauvine déverse son fiel dans le cœur d’un peuple (comme elle le déversa jadis dans le cœur, par exemple, des Français et des Allemands), toutes les autres questions deviennent parfaitement secondaires. Posons celle qui est sans doute la plus importante : Faut-il en finir avec « l’Etat-nation » pour créer, au sein de l’Europe, un autre modèle d’organisation politique de nos peuples ? Sans doute. C’est même tout à fait légitime de le revendiquer ou, tout au moins, de poser la question. Or, toute revendication devient illégitime, toute question devient là-dessus nulle et non avenue dès lors que le mouvement premier qui porte un tel élan consiste dans la négation de l’Autre : dans la négation, en l’occurrence, d’un passé millénaire où la langue, les institutions, la culture, l’être même de la Catalogne ont été indissociables – avec autant de particularités que l’on voudra – de la langue, des institutions, de la culture, de l’être même de l’Espagne.

    La vraie question de l’identité collective de nos peuples

    Il faut, certes, poser et défendre, face à l’individualisme qui nous accable, la question de l’identité collective de nos peuples. C’est là, il faut bien le reconnaître (*), le grand (et seul) mérite des mouvements nationalistes catalan et basque (tout le problème est qu’ils prétendent que leur identité est une, alors qu’elle est double !). Le phénomène est d’autant plus paradoxal que, face à ce grand élan identitaire, il s’étale, dans le reste de l’Espagne, une sorte de néant d’identité où l’individualisme le plus forcené, ayant écarté toute mémoire, tout enracinement, toute tradition, a gagné la partie.

    Il faut poser, disais-je, la question de l’identité collective de nos peuples. Mais il est absurde (outre ce qui vient d’être dit) de poser une telle question dans les termes de ces nationalistes catalans (et basques) qui, tout en ayant constamment le mot « identité » à la bouche, s’empressent d’accueillir, les bras grands ouverts, les masses extra-européennes dont l’immigration de peuplement met en danger notre identité à nous tous, à commencer par la leur.

    Javier R. Portella http://www.polemia.com
    25/11/2012

    (*) Je l’ai explicitement reconnu et développé, par exemple, dans mon livre España no es una cáscara [L’Espagne n’est pas une coquille], Áltera, Barcelone, 2000.

  • Le tour de passe-passe de Jean-Luc Mélenchon

    Hier comme des centaines de milliers de Français, j’ai regardé Jean-Luc Mélenchon s’adonner à un exercice qu’il maîtrise bien : la tribune politique. Celui-ci fut interrogé par Natacha Polony sur deux questions clés de la démocratie et des solutions envisageables pour sortir de la Crise. 

    La première était celle de savoir si le clivage droite-gauche n’était pas en réalité dépassé par les vrais enjeux du monde moderne que sont la mondialisation, ou plus précisément les effets du mondialisme que la construction européenne exacerbe. À ce titre, Pierre Hillard décrit parfaitement les contours de ce bouleversement.

    Celui-ci a répondu par l’affirmative en reconnaissant la désuétude de cette opposition bipartite dont il a fait tout au long de sa carrière son cheval de bataille au nom de la Gauche. De Gaulle reconnaissait déjà en son temps que ce clivage n’existait plus et que « le drame de la France c’est que la droite n’est plus nationale et que la gauche n’est plus populaire ». Cette différenciation semble alors n'être qu'une bataille fallacieuse permettant à la caste politico-médiatique de mieux berner le peuple. 

    Ce nouveau positionnement de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a cessé de combattre la Droite jusqu’à appeler ses électeurs à voter sans négociation pour François Hollande au deuxième tour des élections présidentielles– 38 minutes après la proclamation des résultats du premier tour – uniquement pour battre Nicolas Sarkozy, est une avancée considérable pour décrypter la scène politique.

    Puis, il a constaté dans son argumentation que François Hollande mène la même politique que Nicolas Sarkozy. Cet aveu d’échec s’illustre en grande partie par le vote du TSCG qui enferme la France dans l’austérité la plus inique alors que les effets de cette politique sont dévastateurs. Les exemples grec, portugais et espagnol en attestent largement. En somme, c’est une victoire à la Pyrrhus.

    Jean-Luc Mélenchon a ensuite reconnu que la monnaie commune était à la source de tous les maux de la France en termes de désindustrialisation par la concurrence déloyale que celle-ci entraîne notamment à l’égard des Etats-Unis. En ce sens, Monsieur Gallois, ancien co-président d’EADS reconnaissait que le problème central de compétitivité était l’euro lorsqu’il était à la tête de cette entreprise. Natacha Polony s’est alors empressée de lui demander pourquoi fallait-il rester dans l’euro car il serait impossible de se mettre d'accord avec les autres États

    Là où le tour de passe-passe est pour ainsi dire, fabuleusement mensonger, c’est lorsque Monsieur Mélenchon – nommé Merluchon par certains qui considèrent que son indignation est proche de celle d’une baudruche – a affirmé haut et fort que la France, étant la deuxième puissance économique européenne et la 5ème mondiale, peut changer l’Europe et imposer sa vision. 

    Quelle ineptie, quelle tromperie, quel affabulateur !

    En effet, toutes les personnes qui se sont intéressées au sujet savent que la France ne détient qu’un seul commissaire sur vingt-sept à la Commission européenne et seulement 10% des sièges au Parlement européen. Dans ces conditions, comment est-il possible de faire voter notre politique ? Disons la vérité : nous ne pouvons pas imposer notre modèle à l’Allemagne, à la Pologne, à la Roumanie et aux autres pays qui voient les choses autrement, ce serait alors de l’impérialisme que les Etats-Unis pratiquent sans vergogne. C’est donc la politique du moins-disant qui s’applique et la France se retrouve prise au piège du stratagème des chaînes (L’art de la Guerre, Sun Tzu) duquel l’Union européenne est une fascinante application.

    Enfin, Robert Mundell, prix Nobel d’économie, a parfaitement expliqué le fonctionnement d’une zone géographique regroupant plusieurs Etats et disposant d’une même monnaie au travers de la théorie des zones monétaires optimales. Pour résoudre les chocs asymétriques, issus des différences de politiques socio-économiques nationales, il faut en particulier que les travailleurs soient très mobiles, et que des transferts de fonds structurels considérables se réalisent. 

    Ainsi, est-il raisonnable de penser que pour faire fonctionner l’euro, les Grecs et les Portugais doivent émigrer massivement en Allemagne et en Roumanie ? A priori, cela est impossible. Faut-il avoir fait H.E.C et l’E.N.A pour comprendre que les Allemands et les Néerlandais ne veulent plus payer pour résorber le déficit grec, italien et espagnol ? Vraisemblablement, non. 

    Par voie de conséquence, la seule solution pour résoudre cette quadrature du cercle est donc bien de sortir de l’euro et au plus vite. En effet, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie considère que « les pays qui sortiront les premiers de la zone euro s’en sortiront le mieux ». 

    Néanmoins, aucune procédure ne prévoit la sortie de l’euro et Jacques Attali précise à ce propos « On a soigneusement oublié d’écrire l’article qui permet de sortir »  alors que Yves Thibault de Silguy, ancien commissaire européen des affaires économiques et financières disait de l’euro que c’est « une autoroute sans sortie ». Alors nous devons sortir sereinement de l’Union européenne en application de l’article 50 du TUE comme l’explique François Asselineau. 

    In fine, l’on comprend mieux ici pourquoi Friedrich Nietzsche affirmait que « le diable est dans les détails ».

    Lien d’actualité : http://www.france2.fr/emissions/on-...
      Xavier MONIOT-LUNDY
      http://www.agoravox.fr

  • Notre-Dame-des-Landes : Qui sont les résistants de la Zone A Défendre ?

    Affrontements lors de “la bataille de Notre Dame des Landes” le 23 novembre dernier.

    Opposition violente, squatteurs, voire terroristes en herbe : telle est l’image que les autorités s’évertuent à donner de celles et ceux qui se sont installés sur la « zone à défendre » face au projet d’aéroport. 

    Manuel Valls allant jusqu’à qualifier les manifestants de “kyste”, histoire de justifier le nouvel assaut policier lancé le 23 novembre contre un « camp retranché ». Une image bien éloignée de la réalité que vivent habitants et riverains des alentours.  Bastamag a recueilli leurs témoignages.

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  • Le nouveau « Big Brother »

    Dans un nouvel essai à contre-courant, Jean-Claude Michéa décrit l’étonnante alliance qui s’est peu à peu formée au-delà des années 1980 entre l’intelligentsia de gauche et le capitalisme mondialisé. Cette convergence, difficilement imaginable trente ans plus tôt, en pleine guerre froide, dans les années 1950, avait déjà été étudiée de façon précoce par la philosophe Flora Montcorbier (Le Communisme de marché. De l’utopie marxiste à l’utopie mondialiste, L’Âge d’Homme, 2000). Ce phénomène n’avait pas échappé non plus à La Nouvelle Revue d’Histoire qui l’avait analysé dans son n° 44 (septembre-octobre 2009) à l’occasion d’un article intitulé Violence et “doux commerce” (1).

     

    La description foisonnante faite par Michéa commence par une réflexion qui justifie le titre un peu mystérieux de son essai. Ce titre se rapporte au mythe d’Orphée qu’il faut rappeler. Descendu au royaume des morts pour retrouver sa jeune épouse, la belle Eurydice, mordue par un serpent, Orphée parvient à convaincre Hadès de la laisser repartir avec lui. À une condition toutefois. Jamais Orphée ne devra « tourner ses regards en arrière ». Bien entendu, au moment où ils vont franchir la limite imposée par Hadès, Orphée ne peut s’empêcher de se retourner vers sa bien-aimée, perdant celle-ci pour toujours… S’appuyant sur ce mythe conté par Ovide, à la façon de Freud avec Œdipe, Michéa désigne par le « complexe d’Orphée » le faisceau de postures qui définit depuis deux siècles l’imaginaire d’une gauche adoratrice du Progrès. « Semblable au pauvre Orphée, l’homme de gauche est en effet condamné à gravir le sentier escarpé du “Progrès”, censé nous éloigner, chaque jour un peu plus, du monde infernal de la tradition et de l’enracinement, sans jamais s’autoriser le moindre regard en arrière ». Inutile de faire de gros efforts pour comprendre que ce parti pris de l’intelligentsia rejoint celui du capitalisme mondialiste. Ils ont en commun l’adoration du “Progrès” et le rejet de tout enracinement. Ils communient également dans la religion de l’Humanité, du cache-sexe humanitaire, du nomadisme et du métissage. Parmi une moisson d’autre faits révélateurs, Michéa rappelle qu’au début de l’année 2011, « on a pu voir  coup sur coup Christine Lagarde, Laurence Parisot et Jean-François Copé (autrement dit, les véritables gardiens du temple libéral) venir discrètement reprocher au ministre de l’Intérieur [de l’époque] d’avoir joué avec le feu et lui rappeler fermement “que ses déclarations sur la diminution de l’immigration ne tenaient pas debout d’un point de vue économique” [souligné]. Que si, par conséquent, de tels propos improvisés venaient à être pris à la lettre par l’électorat populaire, on risquerait de compromettre les bases mêmes d’un économie capitaliste compétitive » (Le Canard enchaîné, 13 avril 2011). Cette question était devenue si évidente pour la survie du capitalisme globalisé, que, dès le 17 avril 2011, ainsi que le note Michéa, Le Monde offrait une page entière à Laurence Parisot (présidente du Medef) pour lui permettre de lancer un appel à « rester un pays ouvert, qui tire profit du métissage ». Est-il nécessaire d’en dire plus ? Oui, naturellement, et Michéa ne s’en prive pas. Chacun pourra donc se reporter à la masse de faits et de réflexions de son livre qui fait toute sa place au rôle de la police de la pensée.

     

    Il faut noter au passage que Michéa n’est pas un populiste de droite. Il se dit « socialiste » à la façon de Pierre Leroux, inventeur en 1834 de ce mot aujourd’hui un peu carbonisé. Il conserve même une certaine tendresse pour le jeune Karl Marx, avant le tournant du socialisme « scientifique ». Il se sent surtout proche de George Orwell, auteur célèbre de 1984, qui se disait volontiers « anarchist tory », c’est-à-dire « anarchiste-conservateur », ce qui est plutôt sympathique et fait penser à ce qu’Ernst Jünger entendait par l’anarque. Cette attitude autorise Michéa à démolir joyeusement l’idéologie progressiste commune à l’intelligentsia de gauche et au capitalisme nomade. Le sens du passé, écrit-il, n’est pas seulement ce qui nous donne le pouvoir de méditer sur les civilisations disparues. Il est surtout ce qui permet à chaque individu et à chaque peuple « de s’inscrire dans une continuité historique et dans une somme de filiations et de fidélités », échappant ainsi à l’illusion adolescente d’un perpétuel recommencement, l’île déserte de Robinson ou l’an I de la Révolution. 

    Dominique Venner http://www.dominiquevenner.fr

     

     Notes

     

    1. Réflexion développée dans mon livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana, 2011).
    2. Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée (Climats, 358 p., 20 €).
  • Et si Cameron avait raison ?

    Les qualificatifs fusent depuis 48 heures pour stigmatiser le déroulement du dernier Conseil européen de Bruxelles : "lamentable", "scandaleux", "marqué par les égoïsmes nationaux", etc. Bien entendu les méchants du film sont tout désignés : les Britanniques. Depuis le XIVe siècle, la recette fonctionne très bien. Et même pour les Français qui commencent à douter de Monsieur Normal, de Madame Twitter et de leur majordome, Hollande n'a peut-être pas tout à fait raison mais David Cameron, lui, a nécessairement tort.

    Les 22 et 23 novembre 2012 en effet les 27 chefs d'États et de gouvernements ne sont pas parvenus à s'accorder sur les perspectives budgétaires pour la période 2014-2020. Et pourtant, comme le lecteur peut le constater, par la simple considération des dates, si la Suisse appartenait à cet honorable assemblage on pourrait remarquer qu'il "n'y a pas le feu au lac".

    La machine eurocratique ne pourrait-elle donc pas s'interroger quelque temps ? sortir de ses certitudes collectives entre bureaucrates ? chercher à évaluer vraiment son fonctionnement institutionnel ? confronter ses résultats aux finalités dont elle se réclame ? L'échec de décembre 2012 renvoie actuellement à une réunion de janvier 2013 pour des décisions qui concernent l'année 2014 et les années suivantes. À titre de comparaison rappelons que les dépenses publiques françaises de l'année N, sont décidées, présentées aux commissions et aux assemblées entre septembre et décembre de l'année N-1. Elles portent pourtant sur une masse financière 7 fois plus élevée.

    Serons-nous donc éternellement contraints à l'alternative "ou bien vous adhérez à toutes les décisions prises, vous obéissez perinde ac cadaver à toutes les instances de la Synarchie" (1)⇓/ "ou bien vous êtes de mauvais Européens" ?

    Je crois au contraire, que la deuxième catégorie, celle des ennemis de l'Europe a pour principal pourvoyeur la cohue de ceux qui veulent nous enfermer dans ce dilemme.

    Sur quoi en l'occurrence portait ce débat, heureusement ajourné à une meilleure réflexion collective, et probablement à un compromis.

    Ce qu'on appelle improprement (2)⇓ le "budget" de l'Union européenne s'élève actuellement à une addition de dépenses de 140 milliards d'euros. La première affectation s'appelle politique agricole commune suivie des fonds de cohésion, et politique dite régionale. Autant de subventions.

    Quatre pays passent pour les bénéficiaires de ces crédits : la France en premier lieu, reçoit 10 milliards d'aides agricoles, mais elle contribue par ailleurs considérablement aux ressources de l'Union ; puis, si on prend en compte les différences nettes entre leurs contributions d'États et la somme des reversements encaissés, on trouve la Pologne, la Grèce et la Hongrie. Quatre pays pour lesquels, pour des raisons différentes, je ne puis personnellement éprouver que de la sympathie. Je considère par exemple que nous avons une dette particulière envers Varsovie, première victime de cette "Alliance Staline Hitler" qui fonctionna si bien entre 1939 et 1941. Quant à la Hongrie comment un garçon de ma génération pourrait-il oublier les événements de 1956 ? Comment pourrais-je effacer de ma mémoire la découverte de Budapest dix ans plus tard ?

    Aucun rapport ! direz-vous. Eh bien justement. On veut nous faire confondre les peuples et les États, les nations et les classes politiques.

    Première question : qu'ont donc apporté à la paysannerie française depuis 1962 et 1992 les si coûteuses politiques agricoles, auxquelles s'accroche Monsieur Hollande, comme ses prédecesseurs ?

    Ne disons pas "rien" : elles ont développé la misère rurale du pays dont l'agriculture et la terre étaient autrefois considérées comme les plus riches du continent. N'accusez pas "l"Europe" sans avoir au départ inculpé l'établissement corporatif hexagonal, sans avoir examiné les pertes et profits du Crédit Agricole, du Groupama-MSA et des représentants de la FNSEA, etc. C'est là qu'on retrouvera les inspirateurs d'une politique tendant à accroître la taille des exploitations sur la ruine des petits paysans, etc.

    Dès lors on nous apprend que le Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté David Cameron, appuyé par quelques gouvernements gros contributeurs nets, comme celui des Pays-Bas, prétendent rogner ces folies – à noter que ces pays se sont tous engagés, pour eux-mêmes dans des programmes d'assainissement financier donc de rigueur pas toujours faciles à faire accepter aux opinions publiques elles-mêmes formatées par les "partis dépensiers" locaux.

    Excellente nouvelle que celle de leur démarche : à une époque où tout le monde se serre la ceinture, commençons par les subventionnaires et les subventionneurs. Envoyons une troïka de contribuables à la troïka des budgétivores.

    Ne craignons qu'une chose dans ce débat : que Londres et le gouvernement hollandais n'aillent pas assez loin et se contentent de coupes horizontales en pourcentage, qu'ils acceptent un compromis "réaliste", avec "un peu moins de subventions". Dans une de ses récentes chroniques, Éric Zemmour a montré que lui, et quelques autres, croient, redoutent ou espèrent que "l'Angleterre s'apprête à quitter l'Europe". (3)⇓ C'est mal connaître nos amis d'outre-Manche. Ils négocieront en vue d'un maintien à moindre coût, comme l'avait fait Margaret Thatcher avec bonheur en 1984. Il faudrait une catastrophe pour aller au-delà : qui peut le souhaiter ?

    Le redéploiement de ces sommes, carottes et navets, addition faussement appelée "budget", voilà la véritable urgence. Largement diminuées, elles pourraient, elles doivent être réinvesties dans les tâches régaliennes qui justifient l'intervention continentale, là où les États-Membres se savent chacun en position de faiblesse.

    Nous n'avons pas besoin des autres pays pour produire nos pommes de terre.

    Nous manquons en revanche cruellement de coopération militaire, diplomatique, culturelle, judiciaire, policière, etc.

    Voilà les tâches prioritaires de l'Europe.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes

    1. cf. à ce sujet le verbiage malheureusement prophétique du "Pacte synarchique" publié in extenso dans "Mondialisme Maçonnique" 
    2. cf. Libre entretien de Georges Lane du 23 novembre sur le site de Lumière 101
    3. sur RTL le 23 novembre il développe l'idée que "l'Angleterre veut quitter l'Europe".