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Europe et Union européenne - Page 372

  • Pour éviter la retraite à 69 ans promise aux Allemands...

    Au moment où le gouvernement français s’apprête à s’engager dans une réforme délicate sur l’avenir des retraites et leurs formes, l’Allemagne rouvre ce même dossier sous des auspices peu engageants, comme le signale Le Figaro de ce mercredi 23 octobre en ses pages « économie », sous le titre « Les Allemands devraient travailler jusqu’à 69 ans ». En fait, il s’agit d’une recommandation de la Bundesbank qui se veut prospective, au regard des perspectives démographiques et économiques : l’Allemagne connaît une démographie en berne, avec un taux de fécondité bien inférieur à celui de la France, lui-même en déclin depuis quelques années, et prévoit une élévation de l’espérance de vie globale, même si l’espérance de vie sans incapacité (en bonne santé, en somme) est, elle, mal connue ou sous-valorisée dans les travaux des économistes et des banquiers. Pourtant, « les Allemands pensaient le débat clos. La réforme de 2012, qui avait relevé par étapes de 65 à 67 ans d’ici à 2031 l’âge du départ légal en retraite après un vif débat, semblait une garantie suffisante pour la stabilité du système. » Mais, c’est une vis sans fin, et ce sont toujours les mêmes arguments qui sont évoqués par les banques et les économistes pour augmenter la pression sur le travail et les travailleurs, qu’ils soient salariés ou indépendants : ainsi, il semble que, désormais, le temps de travail payé soit condamné à s’élever toujours, quoiqu’il se passe et quoique l’on fasse.

    Mais ce n’est pas la seule Bundesbank qui prône ce nouveau relèvement de l’âge légal de la retraite, comme le rappelle opportunément Nathalie Versieux dans l’article cité : « Plusieurs organisations – Commission européenne, FMI, OCDE – ont également recommandé à l’Allemagne de « continuer à augmenter l’âge de la retraite »  avec la hausse de l’espérance de vie, argumente de son côté la Bundesbank », trop heureuse de trouver des alliés au sommet même de l’Union européenne et de la « gouvernance » (sic !) autoproclamée de la mondialisation… Des « recommandations » que ces mêmes instances font de manière insistante, depuis de nombreuses années, pour tous les pays d’Europe mais que, en France, la population semblait ne pas prendre au sérieux jusqu’au milieu des années 2010 ! Se souvient-on que, dans l’hiver 2011, quelques membres du Groupe d’Action Royaliste organisèrent la première dénonciation dans la rue, non loin de l’église de Saint-Germain-des-Près, de la « retraite à 67 ans » que, déjà, prônaient l’Allemagne et la Commission européenne ? A l’époque, mes collègues professeurs m’assuraient que cela n’arriverait jamais en France, que c’était impossible et ils haussaient alors les épaules quand je leur citais les articles de l’époque, rares, qui évoquaient cette perspective. Et maintenant, les mêmes préfèrent se réfugier dans une sorte de fatalisme que je ne peux partager, courbant le dos en espérant que le vent du boulet ne les défrisera pas trop…

    Il n’est pas souhaitable de suivre l’exemple allemand qui, en ce domaine comme en tant d’autres, ne peut être un modèle : la France n’est pas l’Allemagne, et l’appartenance de notre pays à la même Construction européenne ne saurait être interprétée comme une confusion entre toutes les nations y trouvant place. L’Union européenne, la mal nommée, n’est pas et ne peut être une démission des nations devant une Commission peu crédible et trop « économiste » pour être vraiment sociale et politique.

    Il est d’abord une simple raison démographique qui évite de confondre la France avec l’Allemagne : la première, toute République qu’elle soit et malgré qu’elle le soit, a développé un modèle démographique original depuis les années 1930, qui parvient à concilier vie familiale et activité professionnelle, sans doute de manière pas totalement satisfaisante mais suffisante néanmoins pour permettre un certain équilibre démographique, ce que prouve, a contrario, le déclin provoqué par les mesures fillonistes puis hollandistes moins favorables au bon développement de notre démographie nationale. Néanmoins, et malgré les difficultés et les maladresses (?) des gouvernements, la démographie française fait preuve d’une certaine résilience, même si le taux de fécondité des Françaises d’ancienne appartenance est moins élevé que celui des Françaises de fraîche naturalisation, et il s’agit désormais de redresser ce taux dans des délais assez courts pour éviter l’élargissement d’une « vallée » démographique préjudiciable à long terme à notre pays et à son système de retraite par répartition.

    Pour maintenir un niveau des retraites le plus socialement juste, il est trois pistes majeures sur lesquelles travailler pour tout Etat digne de ce nom : la valorisation des naissances et le bon accueil des populations naissantes et à naître ; la diminution forte du chômage des nationaux en France ; la possibilité d’un âge légal (de l’accès à la retraite) modulable selon les professions, les fonctions de chacun au sein de celles-ci et le désir, qui doit être pris en compte s’il est clairement exprimé, d’aller au-delà des limites d’âge légales pour ceux qui le souhaitent et sont reconnus médicalement et professionnellement comme susceptibles de poursuivre leur activité professionnelle usuelle dans de bonnes conditions, avec les aménagements nécessaires si besoin est… Mais il est aussi d’autres pistes à étudier comme celles d’une meilleure intégration au travail en France de ceux qui y ont étudié et dont les études ont été financées par les contribuables français, et cela pour freiner une émigration des cerveaux français vers les grandes puissances étrangères, émigration qui, en définitive, accroît les déficits publics français ; la création dans toutes les branches professionnelles dans lesquelles cela est possible de caisses de retraites autonomes, qui constituent une sorte de « patrimoine corporatif » destiné à assurer des retraites honorables à leurs cotisants sans aggraver la pression sur les fonds publics ; le « redéploiement rural » pour organiser de meilleures conditions d’accueil pour les retraités de tous niveaux de ressources dans des zones moins coûteuses pour ceux-ci ; etc. Cette liste de quelques mesures n’est évidemment pas exhaustive, mais elle cherche à prouver que ce ne sont pas les propositions qui manquent mais bien plutôt la volonté politique pour les initier et les ordonner, ou, au moins, pour les essayer…

    En fait, la République est aujourd’hui bloquée et, plus grave encore, bloquante : quand il faudrait une véritable stratégie qui ne soit pas qu’économique et financière, mais aussi sociale et politique, aussi bien nationale qu’ouverte aux solutions provinciales ou communales, publiques comme privées, la République se contente d’une approche comptable et trop souvent « kafkaïenne » de l’immense question des retraites professionnelles, au risque de ne pas saisir les enjeux de demain et de mécontenter tout le monde sans résoudre l’épineuse question des financements nécessaires, question importante mais qu’il faut intégrer dans la question plus large de notre société, de ses équilibres et de sa pérennité historique.

    Il n’y a pas, certes, de réponse « absolue » à la question des retraites, et la Monarchie royale n’a pas un sceptre magique qui lui permettrait de tout résoudre d’un coup et définitivement, mais l’inscription de la magistrature suprême de l’Etat dans le « temps long » peut être une garantie supplémentaire de recherche et de volonté de résolution d’une question qui risque d’être, encore, évolutive : or, le devoir du politique d’Etat est de protéger les populations qui sont sous sa souveraineté, et d’assurer au mieux les conditions, parfois difficiles à cerner, de sa prospérité, y compris face aux pressions de la mondialisation et de l’idéologie dominante parfois cruelle pour les plus faibles. A défaut de pouvoir appliquer les mêmes solutions que celles pratiquées par le saint roi Louis IX en son temps, il faut du moins retrouver au cœur de l’Etat et de sa pratique contemporaine l’esprit de justice sociale cher au monarque médiéval…

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1583:pour-eviter-la-retraite-a-69-ans-promise-aux-allemands&catid=53:2019&Itemid=64

  • La révolte des manants

    par Natacha Polony1427867201-1.jpg

    Le destin est farceur. Ainsi, en France ou au Chili, les foules s’embrasent pour quelques centimes sur l’essence ou le ticket de métro. Des cheminots, même, scandalisent le gouvernement pour leur manière quelque peu brutale de protester contre la disparition de toute présence humaine auprès des usagers de la SNCF. L’hypermodernité s’est caractérisée depuis quarante ans par l’accélération des échanges et la réduction des distances. La vitesse comme idéologie et comme projet. En marche, par tous les moyens et le plus vite possible. Parce que l’abolition des distances et l’immédiateté des communications sont gages de croissance et que la croissance est notre drogue dure. Mais rien ne se passe comme prévu. Tout à coup, les classes moyennes, du Liban au Chili, en passant par la France, s’aperçoivent que, pour colmater les brèches d’un navire mondial qui prend l’eau de toute part, les gouvernements rétablissent l’octroi et le tonlieu, les impôts médiévaux qui limitaient les déplacements des serfs et des commerçants. Le néolibéralisme, qui s’est tant gaussé de ces pays soviétiques où les allées et venues des ouvriers étaient strictement contrôlées, assigne à résidence ceux dont elle a organisé la vie autour de la réduction des distances.

    Les jeunes Libanais sont descendus dans la rue pour pro- tester contre une taxe sur la messagerie WhatsApp, nouvel instrument d’autonomie et de lien avec autrui, autre clé de cette mobilité à la fois contrainte et souhaitée. Tandis que les grands théoriciens du moralisme appliqué à la géopolitique nous expliquent que le « protectionnisme », dont on sait bien qu’il conduit tout droit à la guerre, s’impose partout, les flux de capitaux continuent à se promener tranquillement d’un continent à l’autre, si possible en direction des îles Vierges, des Bermudes ou du Delaware. Les Chiliens paient pour le savoir, la libéralisation imposée par les zélés représentants de l’école de Chicago permet à des fonds activistes d’imposer leur loi et de siphonner les retraites par capitalisation pendant que les classes moyennes, dindons de la farce néolibérale, s’enfoncent. En France, le diagnostic dressé par quelques-uns – notamment par Marianne – depuis déjà longtemps a eu bien du mal à franchir le mur du mépris médiatique. Il aurait fallu admettre que le dumping social et scal instauré au sein même de l’Union européenne était à l’origine de l’appauvrissement de l’Etat et de son recul dans les territoires ruraux et les villes moyennes. On préféra fermer les yeux jusqu’à ce que les ronds-points se remplissent de tous ceux que les fermetures de petites lignes de train obligeaient à rouler au diesel, de tous ces « déplorables », selon la terminologie de Hillary Clinton, qui ne songeaient même pas à prendre une patinette électrique pour se rendre au boulot.

    Il existe un mot pour désigner ceux qui n’ont pas vocation à pratiquer le nomadisme de la modernité connectée, le philosophe Olivier Rey le rappelle dans ses ouvrages : le manant, du latin manere, rester, demeurer. Il est d’ailleurs intéressant que ce mot ait d’abord désigné un riche possédant avant de prendre un sens péjoratif et de marquer au fer rouge celui qui n’a pas le bon goût de pouvoir fréquenter New York, Londres et tous les hauts lieux de l’ouverture et de la tolérance. Les classes moyennes des pays développés sont les nouveaux manants. Dans un monde où la liberté de se déplacer et de communiquer fait partie des droits fondamentaux d’un citoyen pour conquérir son autonomie, il est significatif de voir l’ensemble des Etats, chacun à sa manière, abandonner des pans entiers de leur corps social et de leur territoire. C’est bien l’égalité au sens où la France l’a inscrite sur le fronton de ses mairies qui est atteinte, c’est-à-dire non pas le droit de faire ce que l’on veut au même titre que les autres, mais l’organisation par la puissance publique des conditions de cette autonomie individuelle sans laquelle il n’est pas de citoyenneté véritable.

    Le cycle néolibéral ouvert depuis la fin des années 70 semble aujourd’hui atteindre ses limites. En France, l’assignation géographique se double d’une assignation sociale qui contredit violemment la promesse de la République. La fragilisation des classes moyennes met en danger les démocraties. On peut continuer, bien sûr, à faire comme si de rien n’était et renforcer le mécanisme de relégation. Fermer des gares et automatiser les tâches, sabrer les coûts pour rentabiliser les services publics, en négation complète de ce que signifie ce terme, et créer ainsi plus de chômage, donc plus de charges pour ceux qui essaient de vivre de leur travail. Mais, de fait, les révoltes grondent un peu partout. Une question se pose : les défenseurs de ce système ubuesque attendront-il l’explosion finale ou retrouveront-ils à temps ce minimum de bon sens qui leur fera constater qu’eux aussi ont intérêt à la République laïque et sociale ?

    Source : Marianne 24/10/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/10/24/la-re%CC%81volte-des-manants-6185226.html

  • Mélancolie de gauche contre mélancolie de droite ?

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    Par Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, politologue ♦ A en croire Enzo Traverso dans son dernier livre « La Mélancolie de gauche. La force d’une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle) », la gauche souffrirait d’une certaine mélancolie, dont le désenchantement provoqué par l’effondrement de l’URSS serait la dernière figure.

    Une nostalgie doublement paradoxale ?

    Cette mélancolie se référerait à une sorte de « tradition de gauche cachée », tout comme Guénon parlait d’une tradition cachée, initiatique, qu’on pourrait situer dans un primordialisme traditionnel plutôt classé plutôt à droite. Et pourtant, dans une perspective sociologique, cette mélancolie serait tout simplement une disposition d’esprit, une posture psychologique et sociale, symptomatique de la modernité. Jean-Luc Nancy rappelait ainsi que « l’individu n’est que le résidu de l’épreuve de la dissolution de la communauté. » Ainsi, il s’agirait d’un profond sentiment d’abandon et de détresse qu’éprouve l’individu dé-communautarisé. Transposée à la mélancolie politique de gauche, ne faut il pas constater le paradoxe d’une telle tendance dans une famille politique qui a largement contribuer à la déconstruction de la communauté, un cadre social dont la défense est l’un des grands thèmes de la droite.

    La généalogie proposée par l’auteur reste sélective, la mélancolie faisant l’impasse sur ce que le « socialisme réel » constituait dans la pratique, à savoir une machine de répression totalitaire et concentrationnaire, une vérité historique qui rend beaucoup moins attractive cette mélancolie, pour les nombreuses populations européennes de l’Est de l’Europe, qui ont fait les frais de l’expérience communiste. Avec la commémoration des 30 ans de la chute du mer du Berlin, dont l’importance symbolique marquerait le point final de l’effondrement des totalitarismes de la modernité, cette mélancolie de gauche en rapport avec l’expérience soviétique serait en quelque sorte rattrapée par la réalité du processus d’émancipation nationale et identitaire de beaucoup de peuples de l’ancien bloc communiste. En effet, c’est Habermas qui qualifie la chute du mur de Berlin de « révolution de rattrapage » qui  semble véhiculer la « fin des révolutions »  ce qui susciterait chez la gauche bien pensante une mélancolie transformée en sentiment politique.

    Et pourtant, c’est la chute du mur du Berlin, et l’écroulement des démocraties populaires qui devaient accomplir sur terre l’utopie égalitariste de la dictature du prolétariat et de la société sans classes… qui a permit à de nombreux peuples européens de l’Est de recouvrer leur liberté et d’accomplir de véritables révolutions nationales voir conservatrices.

    Défaitisme et égalitarisme

    D’un autre côté, faire appel aux nombreuses utopies anarchistes, socialistes et révolutionnaires avortées ou réprimées durant l’histoire de la gauche, ritualiser la commémoration des défaites, tout comme la Commune de Paris, écrasée par les Versaillais, la révolution spartakiste, écrasée par les forces réactionnaires allemandes, l’Espagne républicaine et anarchiste ; ne suffit pour autant à remobiliser une gauche fragmentée et fatiguée au XXIe siècle, autour d’un projet anti-capitaliste révolutionnaire, sous prétexte que les expérimentations utopistes du passé n’ont pas (ou n’ont pas pu) aboutir à une consécration dans la praxis historique. Traverso pose symboliquement la frontière entre mélancolie utopique créatrice et mélancolie froide de la défaite totale, sans pour autant se soucier des nombreuses leçons de l’inversion de l’histoire, (ce que Augusto del Noce appelle l’hétérogenèse des fins), laquelle rappelle que la frontière entre théorie et praxis, utopie et barbarie, entre l’intention idéaliste et la pratique totalitaire dans les faits est extrêmement fragile.

    D’autre part, si l’on se réfère à la genèse des valeurs de la gauche et de l’idéologie égalitariste, dont les sources remontent aux Lumières et la Révolution française, avec ses nombreuses déclinaisons dans l’utopie socialiste et communiste, on pourrait presque dire que cette utopie progressiste et unificatrice se trouve en fait pleinement réalisée aujourd’hui, avec le triomphe de la globalisation occidentale libérale. C’est ce qui fait dire Bruno la Tour dans son livre « Où atterrir «? » que l’utopie n’a nullement reflué, elle a au contraire triomphé avec la globalisation, qui a fait advenir un modèle suicidaire de civilisation hors-sol – ce non-lieu étymologique de l’utopie.
    Il faut rappeler d’autre part que toutes les idéologies de la modernité de gauche et droite, recelaient en elle un projet utopiste voir chiliastique millénariste (comme le remarque Karl Mannheim) de réalisation d’une cité idéale, du mythe de l’homme nouveau, qui en tant que grands récits fondateurs de la modernité du XXe siècle, ont trouvé leur consécration dans l’utopie national-socialiste, l’utopie fasciste et l’utopie communiste soviétique. En dépit des leçons tragiques de l’histoire des totalitarismes du XXe siècle qui se sont soldés par des millions de victimes, ces utopies politiques fonctionnent encore à l’état cadavérique voir mélancolique, comme les reliquats sotériologiques. Il s’agit bien de religions séculières, lesquelles étant consommées historiquement, peuvent se transformer en nostalgie archaïque, en mélancolie faisant difficilement le deuil de la disparition d’une communauté idéologique, d’une famille politique de référence, l’utopie (hors lieu) se transformant alors en « uchronie » (hors temps) très souvent anachronique.
    Éric Voegelin, l’auteur des Religions politiques dans sa Nouvelle Science du politique (1952), formalise admirablement le caractère catastrophique de l’utopie de gauche comme de droite, depuis les premiers puritains. Pour lui, la politique est toujours utopique car elle confond le Ciel et la Terre… « C’est à la fois non religieux et non politique. La politique a été mangée, selon lui, par cette perversion du religieux… Le problème des utopies, c’est qu’on les réalise ! »

    L’impuissance des forces militantes de gauche et de droite

    Néanmoins, la démonstration de Traverso sur l’existence d’une posture mélancolique chez la gauche si l’on procède par analogie, pourrait très bien poser la question de l’existence d’une certaine mélancolie à droite. En effet, si l’on fait exception de certains courants passéistes et les nostalgiques de l’Ancien régime, le propre de la droite serait de s’inscrire dans le réel, dans l’espace-temps contemporain avec cependant une référence aux valeurs de la tradition que l’on situe injustement comme appartenant au seul passé.
    Pourtant, il y a en écho à la dimension quasi-mythique dans le monde littéraire de droite une certaine nostalgie qu’on cultive à l’égard des grands canons fondateurs tels que Montherlant, Céline, Drieu, Brassillach, alors qu’une certaine mélancolie à l’égard de l’antimodernité voir de la modernité antimoderne, est vérifiable chez de nombreux nouveaux auteurs conservateurs classés à droite s’inscrivants dans un courant néodécadentiste et pour certains nihiliste.
    Sur le plan purement politique, il faut tout de même rappeler qu’il est beaucoup plus politiquement correct d’être un mélancolique de gauche, nostalgique de Mao ou de Lénine, plutôt que de verser dans une mélancolie de droite, être nostalgique de Che Guevara plutôt que Codreanu ou de José Antonio, se référer à la Commune de Paris plutôt qu’au programme proto-fasciste du San Sepolcro.
    En effet, avoir une mélancolie de droite est suspect et mal vu, voire pathologique alors qu’une mélancolie de gauche en tant qu’utopie réputée créatrice est respectable voire souhaitable, puisque l’intention utopique de gauche est intrinsèquement bonne, même si elle s’est soldée dans la pratique par des millions de morts.

    Il est toujours difficile de faire le deuil de la pensée, surtout si elle a joué le rôle d’idéologie mobilisatrice durant des décennies et il convient de constater qu’aucune des chapelles de pensée de la gauche postmarxiste n’offre aujourd’hui d’alternative réelle et praticable à l’omnipotence de système capitaliste dominant.

    Face à ce désespoir et cette impuissance qui ne cesse de croître, et a l’affaissement des énergies militantes de gauche, et en dépit des appels à une politique mélancolique tout comme le prȏne J. Rancière, on cultive à gauche comme chez certains nouveaux réacs l’art de se complaire dans une autoparodie dérisoire.

    Il est vrai que la scène politique est effroyablement ennuyeuse, propre à susciter une mélancolie collective profondément ancrée dans une série de désillusions : désillusions à l’égard des grandes utopies politiques, la fin des grands récits des siècles précédents (républicaines, socialistes, communistes, gauchistes, etc.) et désillusions plus conjoncturelles envers des pratiques politiques interchangeables de la droite et de la gauche systémique.

    Pourtant, les sursauts au niveau local et national restent possibles et l’émergence des nouvelles formes de populisme comme les gilets jaunes en sont une bonne illustration, une sorte de retour brutal du pays réel face au pays fictif et légal des élites globalistes.

    Le « sens du réel », au sein de la droite traditionaliste, s’est longtemps opposé à la gauche au nom des valeurs traditionnelles et de l’ordre établi. On constate que cette opposition épistémologique a disparu tout comme le clivage droite/gauche, la gauche libérale et la droite libérale au pouvoir s’étant convertis en partis systémique du status quo, de l’ordre établi marchant et libéral. Une droite authentiquement réaliste serait paradoxalement, par une sorte d’inversion historique, une forme d’utopie révolutionnaire et conservatrice, dont la mission consisterait à ré-ancrer le politique dans le réel, comme préalable à un reconstruction d’une communauté organique et solidaire ce qui semble prendre aujourd’hui la formes d’un lointain rêve d’une véritable « politique naturelle » évoquée par Charles Maurras.

    Jure Georges Vujic  22/10/2019

    https://www.polemia.com/melancolie-gauche-droite/

  • Erdogan-Poutine : un accord historique – Journal du mercredi 23 octobre 2019

     

    Erdogan-Poutine : un accord historique

    Opération déminage réussie pour Vladimir Poutine. Au terme de ses négociations avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le chef du Kremlin a annoncé que les deux parties étaient parvenues à un accord historique. Une nouvelle fois, le président russe s’impose en maître de la région proche-orientale.

    Brexit : Boris Johnson et une victoire à la Pyrrhus

    Le feuilleton du Brexit se poursuit avec des parlementaires toujours aussi difficiles à suivre. Mardi, ils ont accepté le principe de l’accord de sortie récemment conclu avec l’UE mais réclament plus de temps pour l’examiner… Une bonne et une mauvaise nouvelle pour le premier ministre.

    Vapoteuse : les cigarettiers mettent le paquet

    La cigarette traditionnelle va t-elle disparaître ? L’offensive de la vapoteuse semble en tout cas marquer un nouveau coup d’arrêt au tabac… une offensive menée par les cigarettiers eux-mêmes !

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/erdogan-poutine-un-accord-historique-journal-du-mercredi-23-octobre-2019

  • Sondage : 68% des jeunes Allemands estiment qu’on ne peut pas parler librement des problèmes d’immigration

    Allemagne – Des enquêtes d’opinion montrent que les Allemands n’osent pas parler ouvertement !

    Les Allemands veulent être tolérants et cosmopolites. Mais quand il s’agit de liberté d’opinion, le plaisir s’arrête rapidement !

    On ne peut pas exprimer librement son opinion sur certains sujets ou seulement avec prudence, ont déclaré 78% des Allemands dans une enquête d’Allensbach (FAZ).

    De plus, dans la dernière étude de Shell sur la jeunesse, 68 % des jeunes (12-25 ans) se plaignent qu’on ne peut pas discuter ouvertement, par exemple, des problèmes d’immigration.

    (…) « Cela montre que de nombreuses personnes estiment que l’éventail des opinions autorisées est limité », a déclaré M. Lindner, politicien du FDP.

    (…) Le politologue Werner Patzelt (66 ans, CDU) déclare : « Bien sûr, vous pouvez exprimer librement votre opinion en Allemagne. Mais il faut tenir compte des coûts, qui peuvent être très élevés. Beaucoup préfèrent donc le silence à la parole. C’est une bonne nouvelle pour ceux qui veulent faire taire des positions politiques indésirables. »

    BILD

    http://www.fdesouche.com/1283021-allemagne-68-des-jeunes-allemands-estiment-quon-ne-peut-pas-parler-librement-des-problemes-dimmigration-sondage

  • La Turquie bombarde et l’Union Européenne donne un milliard

    Dans le contexte d’une Turquie qui bombarde la Syrie, l’Union Européenne a décidé d’offrir à nouveau un milliard d’euros à Erdogan.

    Jeudi dernier, d’Ankara, le vice-président américain Mike Pence annonçait ce que les États-Unis appellent un « cessez-le-feu » et que les Turcs n’hésitent pas à désigner comme une « pause » dans le conflit. Un arrêt de 5 jours dans les combats, le temps pour les Kurdes de se replier à 30 km au sud de la frontière syrienne.

    Ce même jour, le conseil européen de Bruxelles publie une condamnation de l’attaque unilatérale turque contre les Kurdes mais en même temps, poussé par l’Allemagne, engage le payement d’une nouvelle tranche des sommes destinées à Ankara sur la base de l’accord de 2016. Celui qui, en échange du traitement des réfugiés syriens en Turquie, oblige l’Union européenne à régler à Erdogan 6 milliards d’euros. Pour acheter la paix sociale en Europe !

    La chancelière allemande Merkel a peur de se retrouver avec 500 000, si ce n’est plus, de réfugiés syriens en Allemagne, comme cela est arrivé en 2015 et 2016. D’où cet amoindrissement de ton envers la Turquie et les négociations lancées pour empêcher Erdogan de donner suite à ses menaces d’envoyer les « migrants » en territoire européen.

    La Turquie bombarde et l’Europe paye ! Telle est la conclusion de l’action de l’Union Européenne dans le contexte syrien des derniers jours. Une UE toujours plus faible et ridicule sur le plan international, soumise qu’elle est au bon vouloir du « sultan » turc.

    Francesca de Villasmundo

    https://www.medias-presse.info/la-turquie-bombarde-et-lunion-europeenne-donne-un-milliard/113445/

  • Collectivisme de la bêtise

    6a00d8341c715453ef0240a4e1b8d6200b-320wi.jpgEt voilà : l'amendement Letwin voté par 322 voix contre 306 par la chambre des Communes impose au gouvernement de Boris Johnson une contorsion étonnante et inédite. Deux lettres officielles adressées, le même jour, au même interlocuteur se démentent l'une l'autre. Le pouvoir législatif, cavalier parlementaire, commande à son cheval un saut qu'il refuse. Le pouvoir exécutif ne peut formellement qu'accomplir cette démarche, mais il la désavoue…

    Certains commentateurs agréés raisonnent, à la mode Astérix "ils sont fous ces Anglais", degré zéro de la compréhension de la situation, comme si ceux-ci on devait penser outre-Manche au pas cadencé. Nos désinformateurs semblent s'être à peine aperçus que le vote des députés s'est effectué en même temps que les adversaires du Brexit manifestaient dans la rue. Car "les Anglais" ce sont aussi : les Écossais et les Gallois ; et en face, au contraire les élus protestants orangistes de l'Irlande du Nord ; ce sont les diverses populations que nous considérons comme des Londoniens, aussi bien des anciens élèves de Eton et des immigrés pakistanais, mais aussi des London Greeks ou d'innombrables Français travaillant aussi bien dans la finance ou dans les restaurants. Ces sous-ensembles flous sont eux-mêmes composés d'individus libres, et qui, en général entendent le rester.

    On se trompe donc évidemment sur les débats du Brexit, comme on se trompe à vrai dire sur les événements les plus brûlants, par des tics de langage faussement généralisateurs.

    On entend dire, autre exemple, "les Kurdes", quand, depuis des millénaires, ce peuple de quelque 40 millions d'âmes certes privé depuis toujours d'une structure nationale unificatrice, reste partagé en 600 tribus, réparties dans 4 États différents, qui les ont toujours opprimés, chacun à sa manière.

    Trop de regards faussés sur l'actualité restent ainsi marqués par les sophismes collectivistes.

    La génération à laquelle votre chroniqueur appartient, né lui-même en 1944, aura vu le triomphe, vécu comme irréversible, mais aussi le premier écroulement du monstre collectiviste dans sa version dite stalinienne, la plus massivement meurtrière. Sa dimension criminelle et son immense échec, ne furent vraiment compris en occident qu'à partir de 1973, grâce au choc de la publication à Paris de l'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljénitsyne.

    Croire que les faits rapportés par les 227 témoignages de ce livre eussent été, jusqu'alors, entièrement inconnus c'est vraiment nier les innombrables prédécesseurs "Retours d'URSS" tels celui d'André Gide, les remarquables "Mea Culpa" de Céline, qu'on ne lui a d'ailleurs jamais pardonné, ne parlons même pas du très véridique "Tintin chez les Soviets", etc.

    Dire que personne n'en prévoyait le déclin méconnaîtrait, par exemple, le mérite d'un Burnham ou, plus encore celui d'un sociologue tel que Jules Monnerot[1].

    Mais la bêtise intrinsèque du collectivisme l'emportait partout, et particulièrement en France. Il fallait mieux, proclamait l'intellocratie, avoir tort avec Jean-Paul Sartre, pour qui "tout anticommunistes reste un chien" que raison avec Raymond Aron, qui pourtant n'aboyait pas.

    Avec la fin de l'Union soviétique, avec la libération de la Pologne et la réunification de l'Allemagne on aurait pu espérer que disparaisse non seulement la bêtise collectiviste, mais d'abord aussi le collectivisme de la bêtise.

    Pour y parvenir, il reste encore pas mal de chemin à accomplir.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    [1] cf. la préface de la seconde édition, publiée en 1963, de sa Sociologie du communisme.

    https://www.insolent.fr/2019/10/collectivisme-de-la-betise.html

  • Politique-Eco n°233 La fronde des banquiers centraux contre la BCE et M. Draghi avec Vincent Brousseau (UPR)


    Ancien haut fonctionnaire à la BCE pendant 15 ans devenu conseiller économique de l’UPR, Vincent Brousseau évoque la tribune au vitriol d’un groupe d’anciens membres de la Banque centrale européenne ou de banques centrales nationales sur l’action menée par Mario Draghi, futur ex-président de la BCE. Ils dénoncent sa politique dévastatrice de taux d’intérêt négatifs, accommodants certains gouvernements lourdement endettés, notamment celui de son pays, l’Italie… Vincent Brousseau est l’invité de « Politique-Eco ».

    https://www.tvlibertes.com/politique-eco-n233-la-fronde-des-banquiers-centraux-contre-la-bce-et-m-draghi-avec-vincent-brousseau-upr

  • Des vols de l’ONU en provenance d’Afrique transportent directement des migrants en Allemagne

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    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations Unies a annoncé le tout premier charter qui transportera des migrants africains directement en Allemagne, avec des vols supplémentaires déjà prévus.

    Mardi, le compte twitter IOM Ethiopia a joyeusement publié un clip vidéo montrant 154 « réfugiés » somaliens arrivant à l’aéroport de Kassel dans l’Etat fédéral de Hesse.

    La légende du tweet dit :

    « C’est arrivé ! Dans LE PREMIER VOL international affrété par les Nations Unies au départ de l’Ethiopie, 154 réfugiés sont partis d’Addis-Abeba pour Kassel en Allemagne dans le cadre du programme de réinstallation allemand », « Un deuxième vol est prévu pour partir mi-novembre avec 220 autres réfugiés ».

    Le communiqué de presse se lit comme suit :

    « L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Ethiopie a organisé mardi son premier vol charter international transportant 154 réfugiés somaliens réinstallés en Allemagne. Le groupe résidait dans les camps de réfugiés de Jijiga et Dolo Ado dans le sud de l’Ethiopie. Il comprenait 63 hommes et 91 femmes, dont 47 mineurs. »

    « L’OIM a soutenu le Programme de réinstallation allemand dans ses efforts pour réinstaller 500 réfugiés vivant en Ethiopie en Allemagne depuis mars. Ces efforts sont étroitement coordonnés avec l’Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés (ARRA), l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Gouvernement fédéral allemand. »

    Le communiqué de presse indique également que « 220 réfugiés supplémentaires décolleront pour l’Allemagne sur un deuxième vol affrété par l’OIM à la mi-novembre ».

    Milun Jovanovic, officier des opérations de l’OIM en Ethiopie, a déclaré : « Il est important que nous facilitions la réinstallation des réfugiés en assurant un transport sûr. »

    « Nous sommes heureux que les réfugiés aient pu profiter de ce vol charter facilité du décollage à l’atterrissage, sans tracas », a ajouté Jovanovic.

    L’année dernière, après avoir soumis une demande d’information au gouvernement fédéral, le député de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Leif-Erik Holm, a constaté que près de 30% des « demandeurs d’asile » étaient arrivés en Allemagne par avion, a rapporté Junge Freiheit.

    Avec les vols de « réinstallation des réfugiés » de l’ONU, qui partent désormais officiellement directement d’Afrique pour se rendre en Allemagne, ce chiffre de 30 % devrait augmenter considérablement.

    Source: Voice of Europe, le 20 octobre 2019 – Traduction par Nouvelordremondial.cc

    https://www.alterinfo.ch/2019/10/21/des-vols-de-lonu-en-provenance-dafrique-transportent-directement-des-migrants-en-allemagne/