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Europe et Union européenne - Page 403

  • Scandale à Bruxelles : le portefeuille sur les migrations intitulé « protéger notre mode de vie »

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    La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, issue du PPE, a suscité des réactions hostiles, en associant le portefeuille du commissaire chargé des migrations à la « protection du mode de vie européen ». De quoi provoquer la surprise, voire l’indignation de l’opposition de gauche, notamment des Verts et des sociaux-démocrates, sans compter Amnesty International. Mais, à y regarder de près, tout comme l’habit ne fait pas le moine, l’intitulé d’un poste ne fait pas une politique.

    « Cela fait peur de voir proposer un portefeuille sur la “protection du mode de vie européen” qui inclut la migration et la protection des frontières », a déclaré Ska Keller, co-présidente du groupe des Verts, ajoutant : « Nous espérons que la présidente von der Leyen ne voit pas une contradiction entre soutenir les réfugiés et les valeurs européennes ». Plus offensif encore, du moins en apparence, Claude Moraes, membre des sociaux-démocrates, a souligné qu’il soulèverait ce « vrai problème » auprès de son groupe, estimant qu’un portefeuille ainsi nommé ne pouvait pas exister. Et Amnesty International de dénoncer l’emploi de « la rhétorique de l’extrême droite ».

    Ursula von der Leyen est pourtant loin de vouloir bouleverser la politique migratoire de l’Europe : « Notre mode de vie européen, c’est s’accrocher à nos valeurs », a-t-elle expliqué, précisant que « la beauté de la dignité de chaque être humain est l’une des plus précieuses valeurs ». De son côté, son porte-parole a rappelé que « l’Europe est synonyme de sociétés ouvertes et démocratiques », tandis qu’un membre de son entourage ajoutait, au cas où l’on n’aurait pas bien compris, que « la protection de notre mode de vie européen fait référence aux valeurs européennes, à savoir la tolérance, l’accueil, l’asile ».

    On peut donc présumer qu’il n’y aura guère d’inflexion importante dans la politique migratoire de l’Union européenne. Un intitulé aussi vague que la « protection du mode de vie européen » permet d’en faire une auberge espagnole où chacun aura l’illusion de pouvoir apporter sa part, alors que le menu est fixé d’avance. Et ce n’est pas le détenteur de ce poste, le Grec Margaritis Schinas, qui pourra lever cette ambiguïté, lui qui, jusqu’en juillet dernier, était le premier porte-parole de la Commission Junker. Tout au plus pourra-t-il rassurer les Grecs, particulièrement soumis à la pression migratoire, et des membres du PPE réticents, comme François-Xavier Bellamy.

    Encore qu’il soit peu probable que ce député, à titre personnel, tombe dans le piège tendu pour atteindre une fausse unanimité de la droite au Parlement européen. Il est encore plus improbable que les partis souverainistes réagissent favorablement à cette nouvelle appellation du portefeuille des migrations. Le choix de cet intitulé apparaît surtout comme un trompe-l’œil, qui n’appâtera que ceux qui ne souhaitent qu’être appâtés et justifier leur adhésion à la politique de l’UE. Sans exclure la volonté de plaire à Macron, qui, pour mieux avaler la droite, multiplie lui-même les déclarations ambiguës.

    Le débat sur la politique migratoire voulu par notre Président devrait avoir lieu le 25 septembre à l’Assemblée nationale et le 2 octobre au Sénat. Sans vote, il va de soi !

    Philippe Kerlouan

    https://www.bvoltaire.fr/scandale-a-bruxelles-le-portefeuille-sur-les-migrations-intitule-proteger-notre-mode-de-vie/

  • La complicité entre ONG et passeurs à nouveau mise en évidence

    La complicité entre ONG et passeurs à nouveau mise en évidence

    Et c’est un article de L’Obs qui le révèle en France :

    On connaît les raisons de la mise sous séquestre du navire “Juventa”, le 28 juillet à Lampedusa (Sicile) : une “taupe” infiltrée a dévoilé les liens douteux qu’entretient ce navire sauveur de migrants, et appartenant à l’ONG allemande “Jugend Rettet “, avec les passeurs.

    Certaines ONG qui opèrent au large de la Libye et qui transportent dans les ports italiens des centaines de Maliens, Nigérians, Syriens (95.811 depuis le début de l’année) étaient déjà soupçonnées d’entretenir des rapports douteux avec les passeurs. Cette fois, les rapports de collaboration et de complicité – jamais commerciaux – ont été confirmés par cette “taupe” italienne qui a pu embarquer à bord du navire de l’organisation “Save the children”.

    https://www.lesalonbeige.fr/la-complicite-entre-ong-et-passeurs-a-nouveau-mis-en-evidence/

  • Chômage : avons-nous le pire gouvernement d’Europe ?

    J’ai posé cette question en 2016 sous le quinquennat de M. Hollande dans les colonnes de Boulevard Voltaire en concluant que oui.
    Le Président a changé, depuis 2017.
    Malheureusement, la réponse est toujours positive ! Est-ce si étonnant, puisque le chef de l’État actuel était le ministre de l’Économie de l’ancienne équipe.
    Notre situation est épouvantable au niveau des finances publiques.
    Nous avons le record de déficit de la zone euro (3,2 % en 2019).
    Même l’Italie, qui est l’homme malade de l’Europe, fait mieux que nous (2,7 %).
    Bien sûr, notre gouvernement a beau jeu de prétendre qu’il s’agit d’un accident : nous avons modifié le système d’aide aux entreprises (CICE) en le transformant en allègement de charges, nous avons dû compter deux fois les vingt milliards d’euros en 2019 affectés à cette dépense.
    Cependant, il n’y a que deux pays, en Europe, qui ont un déficit primaire, c’est-à-dire hors service de la dette : nous (-1,7 %) et la Finlande (-0,3 %).
    Si on élimine le CICE, nous restons à -1,1 % !
    Si nous ne sommes pas pris à la gorge comme nos voisins transalpins, qui ont un solde primaire positif, nous le devons uniquement à la faveur (inexplicable) du marché : on nous prête à des taux de plus en plus bas (jusqu’à -0,7 %) alors que l’Italie emprunte autour de +1,4 % !
    Notre dette est désormais un revenu.
    Selon le FMI, nous sommes les champions d’Europe de la dépense publique (55,6 % du PIB), contre une moyenne, dans l’Union européenne, de 45,6 %.
    La situation est paradoxale : nous sommes le pays qui spolie le plus ses contribuables et qui a le déficit le plus fort.
    Notre gouvernement se vante d’avoir des résultats dans sa lutte contre le chômage.
    Dimanche encore, sur BFM TV, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, nous a assuré que le taux de sans-emploi (8,5 %, selon la définition du BIT) allait encore diminuer.
    Certes, nous sommes en progrès : sous François Hollande, ce même taux n’avait cessé de monter.
    Néanmoins, tous les pays d’Europe, sans aucune exception, ont vu le chômage refluer bien avant nous.
    Le taux de chômage est de 6,3 % dans l’Union européenne et de 7,5 % dans la zone euro.
    Nous sommes donc largement au-dessus de la moyenne : le quatrième à partir de la fin !
    Bien sûr, l’Espagne (13,6 %) et la Grèce (18,1 %) ont des taux record, mais ces deux pays partaient de très loin et, depuis deux ans, leur situation se redresse à toute vitesse.
    L’Italie fait pire que nous (9,7 %) mais les autres pays sont proches du plein-emploi : la République tchèque (2,2 %) et l’Allemagne (3,1 %) étant les plus bas, les autres se situant entre 5 % et 6,5 %.
    En outre s’il y a eu 66.000 chômeurs en moins au second trimestre, le halo du chômage a augmenté parallèlement de 63.000 !
    Il s’agit de ceux qui cherchent un emploi mais sont considérés comme inactifs par le BIT, car ils ne sont pas disponibles à prendre un nouvel emploi dans les deux semaines, soit parce qu’ils ont des stages, soit parce qu’ils sont malades, soit parce qu’ils doivent d’abord quitter leur ancien poste pas assez rémunérateur.
    Il n’y a donc aucun doute : nous avons le pire gouvernement de l’Union !
    Christian de Moliner

  • Droit de réponse du gouvernement hongrois aux mensonges de The Economist

    Droit de réponse du gouvernement hongrois aux mensonges de The Economist

    Voici le droit de réponse du gouvernement Hongrois à un article acerbe paru dans The Economist du 31 août 2019. Cette réponse nous a été traduite de l’anglais par un lecteur que nous remercions :

    Hungry’s Governement (dans le courrier des lecteurs de The Economist du 7 septembre)

    Les réalisations de Victor Orban en tant que premier ministre de Hongrie « sont mauvaises pour la liberté des Hongrois » indique votre article en page de garde (« L’enchevêtrement des pouvoirs » 31/08). En fait, c’est l’opposé qui est vrai. Les neuf dernières années du gouvernement d’Orban ont été bonnes pour le pays. La croissance du PIB est l’une des meilleures de l’UE et le taux de chômage a atteint  son plus bas historique. L’endettement du pays est en baisse tandis que le déficit public est largement en dessous des 3%. L’investissement est en hausse, les taux d’intérêts sont bas et les salaires réels grimpent. Le nombre de mariages est en hausse de 43% tandis que le nombre de divorces décroit. Le taux d’emploi des femmes a atteint son plus haut historique tandis que les avortements ont diminués de près d’un tiers. Tout cela n’est pas vraiment caractéristique d’une démocratie en disparition, mais plutôt indicateur d’un optimisme et de la confiance d’un peuple libre.

    De plus nous n’avons pas construit « une barrière pour éloigner les migrants moyen-orientaux ». Cette barrière a été construite pour prévenir toute entrée illégale dans l’espace Schengen. En sécurisant la frontière extérieur de l’UE la Hongrie répond aux obligations du traité de l’espace Schengen. La plupart de ces tentatives d’entrée illégales n’étaient pas le fait de réfugiés.

    Et oui, le parti au pouvoir a gagné trois fois de suite les élections parlementaires, ainsi que de nombreuses autres (avec une large marge). Cela nous a donné un véritable mandat populaire pour poursuivre notre politique. La presse hongroise, libre et véhémente fait un bien meilleur travail que The Economist, en se demandant pourquoi l’opposition ne parvient pas à conquérir les urnes. Vous, avec tous nos autres critiques, ne supportez pas la défense inconditionnelle de l’identité chrétienne de l’Europe par le Premier Ministre Orban. En conclusion, comme M.Orban l’a dit dans son discours de Juillet : « la démocratie libérale était capable de survivre jusqu’à ce qu’elle ait abandonné ses fondations chrétiennes ». [Ce que vous appelez] la démocratie non libérale n’est rien d’autre que « la liberté chrétienne et la protection de cette liberté ». De notre point de vue, le non libéralisme c’est essentiellement, mettre le bien commun en haut de l’échelle. Un non libéral est donc celui qui protège les frontières de son pays, qui protège la culture propre de sa nation.

    Zoltan Kovacs, Secrétaire d’Etat pour les communications internationales et les relations du Cabinet du Premier Ministre. Budapest.

    https://www.lesalonbeige.fr/droit-de-reponse-du-gouvernement-hongrois-aux-mensonges-de-the-economist/

  • Brexit : Boris Johnson seul contre tous – Journal du mardi 10 septembre 2019

     

    Brexit : Boris Johnson seul contre tous

    L’étau se referme sur Boris Johnson. Alors que le Parlement est désormais suspendu, le principe d’élections anticipées à de nouveau été rejeté. La Grande-Bretagne semble sombrer peu à peu dans la crise institutionnelle.

    Municipales : Serge Federbusch représentera le RN à Paris

    C’est officiel, le candidat d’Aimer Paris, Serge Federbusch mènera la bataille des municipales à Paris avec le soutien du Rassemblement National. TV Libertés est allé à sa rencontre.

    Urgences : un cautère sur une jambe de bois

    Le ministre de la Santé Agnès Buzyn annonce une enveloppe de 750 millions d’euros pour les urgences sur une période de quatre ans… une décision prise… dans l’urgence pour faire face à une grogne des personnels de santé qui ne devrait pas faire de miracle. Mais avant d’en arriver là, le gouvernement avait tout tenté pour minimiser la crise hospitalière. Retour sur une mesure superficielle et une manipulation qui a échoué.

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/brexit-boris-johnson-seul-contre-tous-journal-du-mardi-10-septembre-2019

  • Grand remplacement en Europe : les Pays-Bas face à l’islamisation

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    Par Paul Tormenen, juriste ♦ Polémia continue son tour d’Europe du Grand Remplacement. Après avoir étudié l’emblématique cas de la Suède puis l’inquiétante submersion démographique de la Belgiquel’espoir d’une réaction politique au Danemarkle désastre multiculturel britanniquele suicide de l’Allemagneles tentatives de résistances de l’Autrichel’espoir naissant en Italie et la spirale infernale en Espagne… C’est au tour des Pays-Bas d’être étudiés par Paul Tormenen. Face à la hausse de l’immigration, l’islamisation du pays semble inéluctable… Cependant, le mécontentement populaire est de plus en plus visible dans les urnes. Un signe d’espoir ?
    Polémia

    Les Pays-Bas connaissent depuis plusieurs décennies une immigration de plus en plus importante. Alors que la tradition nationale de reconnaissance des minorités permettait d’envisager une intégration sans heurts des nouveaux arrivants, les néerlandais ont été avant d’autres peuples européens confrontés à un choc de cultures, un choc qui est plus vivace que jamais. Ces dernières années, une partie de la population et la classe politique ont été amenées à s’interroger– non sans difficultés- sur la pertinence du modèle multiculturaliste batave et de l’immigration massive. Aux Pays-Bas comme dans d’autres pays européens, l’essor des partis dits « populistes » est le symptôme d’un mécontentement populaire grandissant.

    Une immigration en hausse constante

    Les Pays-Bas ont connu plusieurs vagues d’immigration depuis le 20e siècle. Après la deuxième guerre mondiale, la décolonisation des anciennes indes néerlandaises a coïncidé avec l’arrivée de plus de 300 000 personnes issues d’Indonésie. A partir des années 1960, un nombre important d’Italiens et d’Espagnols est venu dans le pays dans un contexte d’essor économique. Puis ce sont les Marocains, les Turcs et les Tunisiens qui ont constitué d’importants contingents d’immigrants.

    Dans les années 1970, près de 200 000 Surinamais et près de 40 000 Antillais venant des anciennes colonies néerlandaises se sont installés dans le pays (1). Pendant les années 2000, l’ouverture des frontières à l’intérieur de l’Europe a facilité l’arrivée de nombreux immigrants issus de pays nouvellement entrés dans l’Union européenne (Pologne, Roumanie, etc.).

    Le pays n’a pas échappé à ladite « crise des migrants » et à l’appel d’air suscité par l’ouverture des frontières par les autorités allemandes en 2015.

    Les flux d’immigrants à destination des Pays-Bas sont à des niveaux élevés et croissants depuis de nombreuses années. Le solde migratoire excédentaire se traduit par un nombre d’étrangers et de personnes issues de l’immigration en augmentation constante dans le pays.

    Des flux d’immigrants très importants

    Le nombre d’immigrants arrivant chaque année dans le pays ne fait que croître, particulièrement depuis les années 2000. Alors que les entrées s’élevaient à 143 000 en 2008, elles ont atteint, pour la seule année 2018, 243 000. Les extra-européens constituent en moyenne près de la moitié des nouveaux arrivants. Le solde migratoire des Pays-Bas est invariablement excédentaire depuis plusieurs années et s’établit sur la période 2008-2018 à un excédent de 492 400 nouveaux résidents étrangers (2). L’ampleur des mouvements migratoires actuels est inégalée depuis la mise en place des outils statistiques à ce sujet il y a… 150 ans. (3)

    Une population immigrée en croissance

    La population des Pays-Bas s’élève en 2019 à 17 millions d’habitants. Alors que l’âge moyen des Néerlandais de souche augmente et que leur natalité baisse, l’immigration importante des dernières décennies et la plus forte natalité des immigrées ont profondément modifié la composition de la population du pays. Cela amène la démographe Michèle Tribalat à attribuer une très grande part de l’augmentation de la population des Pays-Bas de 1972 à nos jours (+29 %) à la population étrangère.

    La population d’origine extra-européenne a augmenté de façon considérable depuis 1972, passant de 1 % de la population du pays à 13,5 % en 2018 (4).

    Plus globalement, la population d’origine immigrée est passée de 1,2 million en 1972 à 4 millions en 2018, soit près de 23 % de la population totale. La population d’origine immigrée comprend, outre les étrangers, les enfants de première génération dont au moins un parent est né à l’étranger et les personnes naturalisées. Ces dernières sont, sur la période 2005-2015, 318 300 à avoir acquis la nationalité hollandaise (5).

    La population d’origine immigrée est particulièrement importante dans les grandes villes. Elle représente près de la moitié de la population à Rotterdam, Amsterdam et la Haye où les néerlandais de souche sont en passe de devenir minoritaires (6).

    La population musulmane était estimée en 2016 à 7 % de la population totale du pays par le Pew research center (7). Parmi celle-ci, la communauté turque est la plus importante (400 000 personnes) suivie par les Marocains (8). Le centre de recherche américain estime que la population musulmane pourrait représenter à l’horizon 2050 entre 9 % et 15 % de la population totale en fonction de la politique migratoire choisie (ou subie, selon la plus ou moins grande soumission des gouvernements aux injonctions des classes dirigeantes et des institutions supra nationales).

    Une intégration en question

    Si les Pays-Bas connaissent un taux de chômage extrêmement bas, l’intégration d’une partie de la population immigrée est un échec patent. On le constate dans une sur-représentation des étrangers dans le nombre des chômeurs, dans le nombre de bénéficiaires des aides sociales et dans le nombre de personnes suspectées de crimes et de délits.

    Alors que le chômage au Pays-Bas est à un taux officiel de 3,3 %, les étrangers étaient en 2017 presque trois fois plus nombreux (8,9 %) que les autochtones à être sans emploi (9).

    Une étude récente met en avant une forte dépendance des réfugiés extra européens aux aides sociales (10). Si cette dépendance est différente selon les nationalités et l’ancienneté dans le pays, l’aide sociale constituerait par exemple pour 95 % des syriens la principale source de revenus.

    Un chercheur sur les migrations, Jan van de Beek, estimait récemment que près de 90 % des réfugiés, essentiellement syriens et érythréens, étaient toujours au chômage 2,5 ans après leur arrivée sur le territoire. Ses travaux l’amènent à conclure que l’incitation des étrangers à trouver du travail est faible en raison du niveau de revenu d’assistance par comparaison aux salaires des emplois peu qualifiés (11).

    Plus globalement, sur les 472 000 bénéficiaires des aides sociales (« welfare »), plus de la moitié (239 000) étaient des étrangers en 2017 (12).

    Les Pays-Bas tiennent des statistiques ethniques concernant les personnes suspectées de crimes et de délits (avant qu’une réponse pénale ai été apportée). Le nombre de personnes suspectées de délinquance est aux Pays-Bas systématiquement plus élevé parmi la population étrangère que parmi les autochtones. Alors que ce taux est de 0,7 % pour les nationaux, il est de 2 % pour les Turcs, 2,8 % pour les Surinamais, 3,7 % pour les Marocains et de 4,4 % pour les Antillais (13). Par ailleurs, un récent rapport de la Police néerlandaise aboutit au constat qu’un demandeur d’asile nord-africain sur 5 a été suspecté de crime ou de délit dans les derniers 18 mois (14).

    Les Pays-Bas sont confrontés à une délinquance particulièrement marquée de gangs albanais. Même si elle concerne un nombre assez limité de personnes, le gouvernement néerlandais a été à l’initiative en juin 2019 d’une demande à la commission européenne de suspension de l’exemption des visas pour les ressortissants d’Albanie (15). Une démarche qui semble avoir peu de chance d’aboutir, sauf à s’affranchir des règles de libre circulation dans l’union européenne.

    Une tradition de tolérance mise à mal par le choc des cultures

    Depuis la séparation de l’église et de l’Etat en 1848, les Pays-Bas ont une longue tradition de reconnaissance de la liberté des groupes confessionnels. Le système dit de la « pilarisation », théorisé au 19e siècle par Abraham Kuyper, un pasteur calviniste, prévoit une organisation de la société en « piliers ». Celle-ci devait permettre à chaque néerlandais de vivre au sein de sa communauté (religieuse, politique, etc.) en harmonie avec le reste de la société. Une société qui a dans son ensemble été incitée à s’organiser en communautés.

    Les musulmans qui ont commencé à arriver en nombre dans les années 1970, en particulier dans le cadre du regroupement familial, se sont pour beaucoup « coulés » dans la pilarisation (16). Ce mode de fonctionnement qui a permis le subventionnement d’institutions musulmanes (mosquées, écoles, etc.) n’a pas provoqué l’effet attendu. Au lieu de l’intégration souhaitée, une partie de la communauté musulmane a été confortée dans l’affirmation de sa différence. Une affirmation qui est allée au-delà du simple culte privé de l’islam.

    En matière d’éducation, dès les années 2000, les Pays-Bas comptaient déjà près de 48 écoles musulmanes et deux universités islamiques. Un millier d’associations musulmanes bénéficiaient de subventions de l’Etat. Des institutions financières islamiques permettaient des financements conformes à la sharia (17). Des demandes de plus en plus pressantes de séparation des hommes et des femmes à l’hôpital voyaient le jour, avec notamment un projet – inabouti – à Rotterdam d’hôpital avec des départements séparés pour les hommes et les femmes (18).

    D’autres signaux ont montré une rupture avec les valeurs traditionnelles du pays, comme le port de la burqa et des prêches radicaux dans certaines mosquées. (19). A la suite d’une visite de travail aux Pays-Bas en 2004, un membre du Haut comité à l’intégration français qualifiait les Pays-Bas de « pays le plus vulnérable d’Europe à l’égard du fondamentalisme musulman ». Il faisait le constat de la formation de ghettos et d’écoles « noires » composées essentiellement d’enfants de familles immigrées ainsi que du nombre grandissant de fondamentalistes musulmans (20).

    Les Pays-Bas n’échappent pas à la propagation du salafisme financé par les pétrodollars. A Rotterdam, une fondation qatari a récemment financé l’ouverture d’un centre islamique (21). Ceci alors que la ville portuaire compte déjà un quartier où l’islamisme le plus radical s’affiche ouvertement (22).

    Une étude récente met en avant une islamisation croissante de la population musulmane aux Pays-Bas : le port du voile se généralise chez les femmes (de façon plus marquée chez les Marocains que chez les Turcs) , la pratique du jeune, la prière plusieurs fois par jour et la consommation de nourriture halal deviennent des pratiques majoritaires au sein des musulmans résidant aux Pays-Bas (23). Autant de pratiques avec une visibilité croissante et souvent ostentatoire qui vont à rebours de la sécularisation continue des Néerlandais de souche.

    Une autre manifestation du communautarisme est l’essor des mouvements politiques musulmans. Aux élections législatives de 2017, un parti appelé « Denk » dirigé par des néerlandais d’origine turque, a obtenu 3 sièges de députés (24).Ce mouvement politique pro immigration est fréquemment accusé par une partie de la presse d’être « le long bras d’Erdogan ». Ses députés ont été le seuls à ne pas voter pour la reconnaissance du génocide arménien au parlement (25).

    Lors des élections municipales de mars 2018, des listes communautaristes ont obtenu des résultats plus que significatifs. A Rotterdam, un parti dénommé Nida, qui prône le rassemblement des musulmans, a obtenu deux sièges. Ceci en dépit de certaines prises de position controversées comme celle exprimée en 2014 sur les réseau sociaux faisant un parallèle entre Israël et l’Etat islamique (26). Avec 7,5 % des voix à Amsterdam, le parti Denk a obtenu 3 sièges au conseil municipal de cette ville. Au total, ce mouvement a gagné, en 2018, 24 sièges dans 13 villes néerlandaises (27). Un score souvent supérieur à celui du parti travailliste dans certaines grandes agglomérations (28).

    La chape de plomb du politiquement correct

    Alors que le communautarisme grandit, les exemples sont nombreux de l’auto-censure voire de la soumission aveugle d’une partie de la classe dirigeante au multiculturalisme et à l’immigration de masse et de ses avatars :

    • La rédaction d’un journal a été empêchée en mai 2019 par les autorités locales de révéler l’installation prochaine de migrants dans la commune d’Apeldoorn (29). Ce qui a provoqué la démission collective de ses rédacteurs.
    • En avril de cette année, l’Agence nationale des demandeurs d’asile aurait selon un syndicat professionnel omis de signaler tous les faits délictueux, les menaces et le vandalisme dans des centres d’accueil pour migrants (30).
    • Le secrétaire d’Etat à la justice et à la sécurité aurait récemment présenté de façon biaisée des chiffres sur la criminalité parmi les demandeurs d’asile, afin de masquer les crimes les plus graves tels que les agressions sexuelles et les homicides. Il a été contraint à la démission (31).
    • Certains représentants d’administrations et de services publics ont indiqué durant l’été 2019 « ne pas faire une priorité » de l’application de la récente la loi interdisant le bâchage des femmes par la burqa . Quand ce n’est pas carrément la maire d’Amsterdam qui indique ne pas l’appliquer. « On ne va quand même pas mettre dehors du tramway une femme portant le niqab », a-t-elle affirmé publiquement dans un élan de bravoure(32).

    L’intériorisation de la soumission prend parfois la forme de discours édifiants : c’est par exemple un chercheur dont les travaux grassement financés par l’Union européenne qui affirme doctement : « les autochtones doivent s’y habituer, ils passent de l’état de majorité dominante à celui de minorité ». Ce qui correspond effectivement à la situation dans nombre de grandes villes où les « blancs d’origine néerlandaise » sont minoritaires. « L’intégration fonctionne dans les deux directions maintenant» assène l’universitaire (33).Essayer de s’habituer à vivre dans son pays, il fallait y penser. Une vraie ambition « progressiste » il est vrai en cohérence avec la politique d’« inclusion » prônée par l’Union européenne.

    Une opposition qui tarde à devenir majoritaire

    Le choc des cultures a provoqué assez tôt des réactions vives aux Pays-Bas. Dans les années 1990, un universitaire revendiquant son homosexualité, Pim Fortuyn, transgressait la doxa majoritaire dans la vie politique néerlandaise en affirmant l’incompatibilité de l’islam à la culture du pays. Il dénonçait notamment le fait que l’islam menace la séparation de l’église et de l’Etat et plus largement les normes et valeurs fondamentales des Pays-Bas (34). Son discours abrupt ne l’a pas seulement amené à être qualifié de « populiste » avant l’heure, il est aussi très certainement à l’origine de son assassinat par un militant d’extrême gauche en mai 2002.

    Un autre meurtre a choqué l’opinion publique néerlandaise : celui du réalisateur Theo Van Gogh en 2004 par un islamiste. Theo Van Gogh s’est fait connaitre par des déclarations parfois tonitruantes dans les médias dénonçant l’islamisme. Avant son assassinat, il venait de produire un documentaire sur les abus subis par les femmes dans la culture musulmane avec une néerlandaise d’origine somalienne, Ayaan Irsi Ali. Celle-ci a sous les menaces quitté le pays. D’autre personnes, pourtant favorables au multiculturalisme, ont dû être placées momentanément sous protection policière en raison de déclarations qui ont déplu aux islamistes, comme l’ancien maire d’Amsterdam, Job Cohen et l’un de ses adjoints. Il est vrai qu’il avait demandé de signaler tout individu « franchissant la ligne jaune » (35).

    Si le parti créé par Pim Fortuyn a dilapidé l’héritage de son fondateur en raison de dissensions internes, il en a été autrement pour le parti pour la liberté (PVV). Fondé en 2006 par un assistant parlementaire issu du parti populaire, libéral et démocrate (VVD), Geert Wilders, celui-ci ne ménage pas ses critiques à l’encontre de « l’idéologie islamiste » et de la place réservée aux femmes et aux minorités dans l’islam (36). Des critiques qui l’ont exposé à des menaces et nécessitent sa protection permanente par la police. Le PVV a connu plusieurs succès électoraux aux élections, notamment en 2009 (17 % des suffrages), 2010(15 %) et 2017 (13 %).

    Dans la période récente, un nouveau parti a réussi avec un discours plus policé que celui de Geert Wilders à canaliser l’aspiration populaire à un arrêt de l’immigration : le Forum pour la démocratie, mené par Thierry Baudet, un jeune professeur en droit public. Ce parti a connu un succès fulgurant. Il est devenu la première force politique du pays lors des élections provinciales de mars 2019, deux ans après sa création (37). L’avenir nous montrera si les formations anti-immigration arriveront à devenir aux Pays-Bas des acteurs incontournables de la vie politique néerlandaise et à infléchir radicalement la politique actuelle. C’est tout le bien que l’on peut leur souhaiter.

    Paul Tormenen 09/09/2019

    (1) « L’immigration aux Pays-Bas ». Aart Van Zoest. Septentrion. 1987.

    (2) « Total immigration, total emigration and the migration balance in the Netherlands from 2008 to 2018 ». Statista. 2019.

    (3) « Record d’immigration aux Pays-Bas ». RTL Info. 18 octobre 2018.

    (4) « Statistiques sur les origines aux Pays-Bas ». Blog de Michèle Tribalat. 26 avril 2019.

    (5) « Perspective des migrations internationales ». OCDE. 2017.

    (6) « Population ». CBS.nl.Statistics. 2019.

    (7)« Europe’s growing muslim population ». Pew research center. 2017.

    (8) « Pays-Bas, l’extrême droite face aux partis musulmans ». Arte. 28 mai 2019.

    (9) « Le taux de chômage en Europe 2019 ». Toute l’Europe. 2019.« Foreignborn unemployment ». OCDE. 2017.

    (10) « Helft vluchtelingen huishouden slooptrisco op armoede ». CBS.nl.Statistics. 12 novembre 2018.

    (11) « Statushouder werkloos ». De Telegraaf. 17 avril 2018.

    (12) « Number of welfare recipients continues to rise ». NL Times. 30 avril 2017.

    (13) « Crime ». CBS.nl.Statistics. 26 février 2019.

    (14) « Netherlands : one in five north africans asylum seekers suspected of crimes ». Breitbart. 11 novembre 2018.

    (15) « La Haye ne veut plus de mafieux albanais ». Euractiv. 4 juin 2019.

    (16) « L’islam aux Pays-Bas, un modèle d’intégration en question ». M.P. Cécilia. Alterinfo. 23 mars 2005.

    (17) « Un hôpital islamique aux Pays Bas ». S. Kovacs. Le Figaro. 23 novembre 2006.

    (18) « Netherlands : muslims insist on separate hospital rooms ». Jihad watch. 24 avril 2009.

    (19) « Devant la radicalisation de l’islam, les néerlandais se voilent la face ». S. Kovacs. Le Figaro. 8 décembre 2006.

    (20) « Les Pays-Bas, entre islam et populisme ». J. Brinks, M. Hecker. Politique étrangère. 2005.

    (21) « Comment le salafisme se répand grâce à l’argent qatari ». NRC Handelsblat. 23 août 2016.

    (22) « Le Molenbeek néerlandais existe, Zeeghers l’a rencontré ». Causeur. 28 septembre2016.

    (23) « The religious experience of the muslims in the Netherlands ». The NetherlandsInstitute for social research. 7 juin 2018

    (24) « Législatives aux Pays-Bas : 3 élus pour le parti turc ». Observatoire de l’islamisation. 16 mars 2017.

    (25) « Pays-Bas : le parti islamique Denk séduit de plus en plus ». Breizh info. 17 septembre 2018.

    (26) « A Rotterdam, l’alliance de la gauche et d’un parti musulman ébranlée par un tweet sur Daesh ». RT France. 16 mars 2018.

    (27) Ibid (8)

    (28) « Populisme : non tout ne vas pas bien aux Pays-Bas ». De Telegraaf. 28 avril 2017 repris par Courrier international.

    (29) « Verbod op acznieuwsis noordkoreaans ». De Telegraaf. 9 mai 2019.

    (30) « Veelincidenten in acz’s met extra begeleiding niet bijpolitiegemeld ». NU NL. 19 avril 2019.

    (31) « Asile et immigration. Un secrétaire d’Etat démissionne suite à une omission dans un rapport ». La Libre Belgique. 20 mai 2019.

    (32) « Dutch officials decline to enforce new partial ban on burqas ». The New York times. 1er août 2019.

    (33) « Wit is de nieweminderheid in grotesteden ». Trou. 28 mars 2017.

    (34) « Pim Fortuyn, l’éphémère zonderling populiste ». C.P. Ghillebaert. Les Cahiers du CEPEM. Février 2004.

    (35) Ibid (16)

    (36) « Geert Wilders : l’idéologie islamique est fasciste ». Le Figaro. 7 mars 2008.

    (37) « Le parti pro nexit devient la première force politique des Pays-Bas ». Courrier international. 21 mars 2019.

    Source : Correspondance Polémia

  • Cancers dans le monde agricole : des chiffres qui ne font pas l’affaire des marchands de peur

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    Suite à différentes plaintes déposée par des maires inquiets de la santé de leur concitoyens, une polémique s’est développée sur la mise en place de limites autour des zones d’épandage agricole. Le gouvernement voudrait une limite entre 5 et 10 mètres, d’autres voudraient 150 mètres – autant dire un arrêt de l’agriculture intensive. Les reportages n’ont pas manqué, montrant des agriculteurs bio (comme par hasard) se plaindre de retrouver des résidus de pesticides sur leurs cultures. Mais quels sont exactement les risques identifiés ? Les reportages se sont montrés plus discrets à ce sujet.

    Si risques il y a, les agriculteurs traditionnels devraient être les premiers concernés car ils manipulent, respirent et sont, d’une façon générale, en contact direct avec les produits qu’ils épandent. De plus, leurs habitations sont très souvent au milieu des champs et des zones d’épandage. On pourrait donc s’attendre à ce qu’ils développent plus de cancers, de leucémies et autres maladies tant redoutées. Ce sont, bizarrement (ou pas), des informations sur lesquelles la presse traditionnelle s’est peu étendue.
    Or, il existe une étude, menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et l’université de Caen, parue en 2014, et dont on peut facilement se procurer la synthèse sur Internet. Elle s’intitule « Enquête AGRICAN, agriculture et cancer ». On peut y lire : « La cohorte Agrican est l’une des plus grandes au monde à se pencher sur la santé du milieu agricole, et une des seules à avoir pris en considération les actifs comme les retraités, les salariés et les exploitants, les femmes aussi bien que les hommes. » Elle a été créée en 2005 et elle étudie plus de 40 cancers différents ainsi que des maladies respiratoires ou neurodégénératives. Les personnes qui en font partie sont interrogées régulièrement, ce qui permet de mesurer l’évolution des expositions.

    Que disait, en 2014, l’étude AGRICAN ? Eh bien, à celui de la population française dans son ensemble, le taux de mortalité par tumeur y est inférieur de 30 % chez les hommes et 24 % chez les femmes. Si l’on rentre dans le détail, les cancers des voies respiratoires y sont inférieurs de 49 % pour les hommes, 41 % pour les femmes, ceux des voies aérodigestives, de 42 % et 51 %, quant aux cancers hématologiques (leucémies, lymphomes…), les chiffres sont équivalents à ceux de la population totale pour les femmes et inférieurs de 11 % pour les hommes. Seuls les mélanomes et myélomes sont plus élevés dans le monde agricole (+26 %) du fait, probablement, de l’exposition plus fréquente au soleil.

    Même si le document de 2014 reconnaît que cette étude n’est pas parfaite, et qu’après trente années de recherche, le risque de cancer en milieu agricole n’est pas encore pleinement connu, ces chiffres parlent d’eux-mêmes : les écarts trouvés entre la population agricole et l’ensemble de la population sont significatifs et hors des zones d’incertitude des sondages. Alors, ne faudrait-il pas aussi les prendre en considération, plutôt que d’écouter aveuglément les marchands de peur ?

    Marc Le Menn

    https://www.bvoltaire.fr/cancers-dans-le-monde-agricole-des-chiffres-qui-ne-font-pas-laffaire-des-marchands-de-peur/

  • Les moteurs des populismes restent forts dans la plupart des pays

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    Par Henri Wallard *

    Une nouvelle étude réalisée par Ipsos dans 27 pays montre que le sentiment que le « système » est cassé reste majoritaire (54 %) et que le fait qu’il avantage les riches et les puissants est largement partagé (70 %). Ces résultats confirment que certains moteurs des forces dites « populistes » restent globalement actifs même si leur importance respective peut varier selon des particularités nationales : enjeux sociaux et économiques (peur du chômage et des inégalités), confiance érodée dans les dirigeants et institutions, sentiment de déclassement et d’abandon, crainte ou rejet de l’immigration, voire peur du terrorisme. Plusieurs évolutions se dégagent.

    En premier lieu, le changement politique peut améliorer la perception du « système ». L’idée que « the society is broken » a reculé entre 2016 et 2019 dans des pays qui ont vu un change- ment politique majeur : Corée du Sud (–29 %) et Italie (–19 %) mais aussi en Espagne (–9 %) et en France (–6 %). En revanche, il a augmenté au Royaume- Uni (+7 %) en liaison avec le Brexit. Même si l’alternance politique ne per- met pas de venir à bout de toutes les cri- tiques dont le « système » fait l’objet ; le changement reste un puissant levier d’amélioration des perceptions.

    Deuxième enseignement majeur de cette étude : alors que, dans de nom- breux pays, la reprise économique semble s’être affirmée entre 2016 et 2019, le sentiment que « l’économie avantage les riches et les puissants » n’a reculé dans presque aucun de la trentaine de peuples interrogés. La dynamique intervenue juste après des changements politiques est également illustrative. Ainsi l’Italie a connu une baisse spectaculaire de ce sentiment entre 2016 et 2018 (–19 %) puis une forte remontée en 2019 (+16 %). En 2019, près des trois quarts des Italiens comme des Français pensent que le système avantage les riches et les puissants. A 69 %, l’Allemagne n’est pas loin derrière. Ainsi l’inquiétude sociale peut s’estomper à l’occasion d’un changement politique associé à des forces populistes sans pour autant rester stable durablement.

    Troisième enseignement : l’idée que l’on a besoin « d’un leader fort, capable de contourner/briser les règles », si nécessaire, reste très répandue dans de nombreux pays et particulièrement forte en France (77 %), qui est en tête des pays interrogés et a pratiquement retrouvé le niveau de 2016 après une baisse de 19 % entre 2016 et 2017. En Suède, cette appétence pour un leader fort progresse de 23 %, en 2016, à 36 % en 2019. Seules l’Allemagne, l’Espagne et la Serbie se situent en dessous du seuil de 33 %.

    Ces résultats peuvent éclairer les traductions politiques potentielles de ces tendances d’opinion à court et moyen terme. Les moteurs des partis dits populistes restent forts dans les appréciations liées aux aspects sociaux, institutionnels et relatifs aux inégalités. Conjugués aux préoccupations liées à l’immigration variables selon les pays et leurs histoires, il n’y a guère de doute que la progression de ces forces reste complètement à l’ordre du jour, pour peu qu’elles soient incarnées par une offre politique nationale crédible.

    (*) président d’Ipsos Public Affairs

    Source : Les Echos 06/09/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/09/06/les-moteurs-des-populismes-restent-forts-dans-la-plupart-des-6174175.html

  • La Chambre des communes fait de la résistance

    6a00d8341c715453ef0240a4aafb62200d-200wi.jpgAdmirateur de la monarchie britannique, votre serviteur et chroniqueur avoue son relatif désarroi du moment. Nos éternels voisins, lointains cousins, alliés des temps heureux se sont donné un Premier ministre insolite. Un peu trop bonapartiste pour mon goût, il se débat surtout avec un parlement intraitable, s'imaginant pouvoir bousculer des institutions européennes qu'il juge avec peut-être un peu trop de dédain, du haut de la tour de Londres. Celles-ci ont sans doute évolué, lentement mais sûrement, depuis l'époque de sa jeunesse, où il les observait à Bruxelles.

    Et voici que le speaker de Communes, un mot strictement anglais à ne pas confondre avec nos spiqueurs et radioteurs, le courageux Bercow annonce sa démission.

    Il est vrai qu'une dangereuse réforme, celle du droit de dissolution est intervenue au Royaume-Uni en 2011, sans que l'on s'en alarme dans notre pays. Elle contredit l'indispensable prérogative royale, qui permettait depuis toujours de décider des élections anticipées, sans l'accord de la chambre. On remarquera qu'elle a été adoptée à l'époque du premier gouvernement Cameron, alors que celui-ci ne disposait pas de la majorité. Alors allié aux libéraux-démocrates, il a même failli adopter sous leur exigence un mode de scrutin proportionnel, une idée saugrenue totalement contraire aux traditions britanniques : pourquoi pas la république pendant qu'on y était.

    Malgré tout cela, on n'est toujours pas parvenu à mettre fin à l'indépendance du pouvoir législatif face au pouvoir exécutif, de plus en plus technocratique.

    Une actualité brûlante, entre Hong Kong, Rome et Londres, nous le rappelle donc : la démocratie représentative, chose fragile, à laquelle les Français ne sont qu'à moitié acclimatés, sait se défendre.

    Grâce aux pages Youtube où chacun peut entendre John Simon Bercow actuellement "speaker", président depuis quelque 10 ans la Chambre des communes, nos concitoyens et autres observateurs agréées pourraient, et devraient, remarquera la vigilance et la force avec lesquelles il défend depuis des mois l'indépendance du pouvoir législatif. Les empiétements de l'exécutif semblent, à Paris, parfaitement naturels. On dit en effet les Gaulois réfractaires et sans doute le croient-ils eux-mêmes. Il faudrait peut-être, à la lumière de leurs interprétations actuelles, revisiter ce jugement.

    N'écoutons pas trop les faux lettrés qui nous rappellent un peu trop le rôle d'un Français, Montesquieu, qui aurait théorisé la séparation des pouvoirs.

    Invitons-les à (re?) lire la politique d'Aristote au chapitre X, où il dit à peu près la même chose.

    Ce sont cependant les Américains qui en ont le plus méthodiquement appliqué les principes

    C'est un autre Français, François-René de Chateaubriand qui, en 1818 a lancé le mot conservateur, dans le contexte précis du Règne heureux du bon roi Louis XVIII. Celui-ci fit école 15 ans plus tard en Angleterre par l'entremise de son ami John Wilson Crocker[1]

    S'agit-il des mêmes conservateurs ?

    Parle-t-on, d’ailleurs, des mêmes Français ?

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] Dans son livre manifeste, le passionnant roman à clef "Coningsby ou la Jeune génération", Disraëli le dépeint ou plutôt le caricature, sous les traits d'un personnage guère sympathique. cf. L'Insolent du 19 septembre 2012 "Aux sources du parti conservateur".

    https://www.insolent.fr/2019/09/la-chambre-des-communes-fait-de-la-resistance.html

  • Erdogan : l'arme de dissuasion migratoire

    6a00d8341c715453ef0240a4cf5c55200b-320wi.jpgCe 4 septembre à Ankara Erdogan s'est livré dans un discours télévisé à un nouveau chantage. Il demande en effet le soutien de l'Europe dans son opération pour le dépècement du territoire syrien.

    Il cherche également la pression sur les États-Unis, avec lesquels la Turquie négocie la création d'une "zone de sécurité" dans le nord-est de la Syrie, M. Erdogan s'est dit "déterminé" à ce qu'elle soit créée "d'ici la dernière semaine de septembre".

    Il se préoccupe surtout des opérations à Idleb, province syrienne frontalière où résident environ 3 millions de personnes dont un nombre croissant de réfugiés venus d'Afghanistan. Quoique Russes, Iraniens et Turcs aient coopéré en Syrie dans la phase récente, Erdogan se trouve isolé dans son but réel qui est de prendre définitivement pied dans ce pays, première étape de son rêve néo-ottoman. Au contraire, Moscou voit dans le régime syrien le dernier représentant du vieil allié Baath "socialiste arabe", attendant surtout de lui une base méditerranéenne. De son côté le pouvoir des mollahs à Téhéran reconnaît dans la secte des nosayris "alaouites" une branche du chiisme dans sa lutte millénaire contre les sunnites.

    "Nous n'avons pas reçu de soutien suffisant, et nous allons être obligés d'agir pour l'obtenir", ajoute Erdogan. Il affirme que la Turquie aurait dépensé 40 milliards de dollars pour l'accueil des réfugiés et n'aurait obtenu que 3 milliards d'euros de l'Union européenne.

    Qu'en est-il en réalité ? La Turquie et l'Union européenne ont conclu en 2016 un accord qui prévoyant le renvoi de migrants entrés illégalement en Europe, notamment dans les îles grecques, avec le soutien de la mafia turque mais aussi avec la complicité discrète d'une partie de la gendarmerie turque. La coopération euro-turque, prévue mais très mollement mise en œuvre depuis 3 ans, était programmée en échange d'une aide financière de l'Europe à Ankara de 6 milliards d'euros.

    La Commission européenne rappelle à cet égard que l'Union européenne a effectivement alloué 5,6 milliards d'euros sur les 6 alors approuvés et souligne que le reste sera versé prochainement.

    Erdogan en demande maintenant beaucoup plus. Il fait état, dans sa rhétorique d'un coût exorbitant supporté par son pays, incluant dans celui-ci par exemple les salaires versés aux travailleurs recrutés dans la population immigrée.

    Au-delà de la bataille de chiffres, on doit mesurer qu'il recherche sinon des alliés du moins des complices géopolitiques silencieux. Pour leur tordre le bras il joue de la menace migratoire qui n'apparaît clairement plus comme "une chance pour la France", ou pour l'Allemagne, mais comme un danger pesant sur l'ensemble de 27 pays, du Portugal jusqu'à la Suède.

    La Turquie accueille jusqu'ici environ 4 millions de réfugiés.

    Plus de 3,5 millions d'entre eux seraient de nationalité syrienne. Ankara réclame la création en Syrie d'une "zone de sécurité". Ils y seraient réimplantés de force. Et, désormais à Istanbul, les Syriens vivent dans la peur.

    Affirmant que 350 000 Syriens étaient déjà retournés dans les zones effectivement contrôlées par la Turquie dans le nord de la Syrie, Erdogan souligne qu'il vise à en installer un million "dans une zone de sécurité de 450 kilomètres le long de la frontière".

    En fait ce territoire tampon est devenu au fil des mois une pomme de discorde entre Turcs et Russes. Moscou s'attache à consolider le pouvoir baasiste à Damas. Ankara cherche au contraire à ce que la liquidation politique de Bachar el-Assad soit le préalable à un accord lui laissant les coudées franches. Le projet d'Erdogan est dirigé à la fois contre les Kurdes plus ou moins majoritaire dans la région frontalière[1]

    "Si cela ne se fait pas, nous serons obligés d'ouvrir les portes. Soit vous nous aidez, soit, si vous ne le faites pas, désolé, mais il y a des limites à ce que l'on peut supporter", a déclaré Erdogan. "Nous disons, établissons une zone de sécurité (...) si nous faisons une telle chose, cela soulagera la Turquie", a-t-il poursuivi.

    Depuis que le nouveau gouvernement grec, issu des dernières élections, a adopté une nouvelle politique vis-à-vis du flux migratoire, à la fois plus restrictive, plus rigoureuse et plus respectueuse du droit des gens, c'est un autre État-Membre de l'Union européenne avec lequel la Turquie n'entretient aucune relation, la république de Chypre, qui est devenue la nouvelle route de l'exil pour les migrants venus de Turquie et du Liban voisin.

    L'Europe se laissera-t-elle intimider par le nouveau sultan-calife ?

    JG Malliarakis
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    Une réunion des Amis de l'Insolent

    Mercredi 18 septembre JG Malliarakis donnera une conférence de 18 h à 20 h suivie d'un débat sur le thème

    "Le Moment conservateur"
    de 18 h à 20 h Brasserie du Pont Neuf 14 quai du Louvre Paris 1er M° Louvre/Pont Neuf/Châtelet

    Apostilles

    [1] Comme ils l'étaient en 1939 dans le sandjak d'Alexandrette, territoire syrien millénaire qui fut alors livré à la Turquie par la France, puissance mandataire, aux termes de l'accord anglo-franco-turc. J'explore le caractère scandaleux de ce traité dans un chapitre mon petit livre "La Question turque et l'Europe", Trident, 2009

    https://www.insolent.fr/2019/09/erdogan-larme-de-dissuasion-migratoire.html