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géopolitique - Page 478

  • La couleur rose n’est plus de mise Avis de décès de l’Ordre libéral mondial

    par Tura Kurkinen

    Ex: http://www.zejournal.mobi

    Il est intéressant d’observer la situation post-électorale aux États-Unis. La grande question est de savoir si Trump a la possibilité de sécuriser son administration de manière à ce que puisse émerger un nouveau régime. Parfaitement, j’ai dit nouveau régime. Ne vous méprenez pas sur ce point. Ce qui se passe en ce moment est un monumental changement de régime, à l’échelle mondiale. Le rose n’est plus de mise, l’Ordre libéral mondial se battant désormais pour exister. Ce n’est pas seulement dû à la victoire de Trump. Non, l’évolution a commencé bien avant les élections étasuniennes. Nous ne voyons à présent que les conséquences visibles de cet énorme changement. L’Ordre libéral mondial était essentiellement un outil servant à mondialiser l’économie et réaliser la cohésion nécessaire à l’échelle planétaire, le projet consistant à imposer les valeurs libérales dans presque chaque petit aspect de la vie quotidienne. Au fur et à mesure que le projet avançait, les citoyens ont commencé à ne plus comprendre le sens de sa rationalité. Ils n’ont pu suivre la logique derrière les changements de culture et de vision du monde. Quasiment tout a perdu son sens et son identité originels.

    Et dans le même temps, l’Ordre libéral mondial n’a jamais compris, ou ne s’est pas inquiété, que beaucoup perdent le sens de la vie et leur identité. En d’autres termes, ils ont senti qu’ils perdaient leur âme dans le processus. Ajoutant l’affront au préjudice, l’Ordre libéral mondial, s’est vanté de ses réalisations et se prenant pour une création divine, il a justifié qu’il nous impose sa volonté. Mais le problème était qu’il n’y avait pas de véritable justification. Pas la moindre. Les discours pompeux sur l’égalité, les droits de l’homme, la démocratie et les valeurs occidentales, n’étaient que des mots creux pour citoyens insatisfaits et frustrés.

    À la fin, en sacrifiant la classe moyenne, l’Ordre libéral mondial s’est mis en mode autodestruction. La classe moyenne, épine dorsale de l’économie de consommation, était essentielle pour lui.

    Mais comme l’Ordre libéral mondial s’est mis à appliquer de plus en plus de politiques favorisant les vues des néocons et des libéraux de droite, la classe moyenne a entamé son déclin. Après cela, les citoyens ont été encore plus désorientés, car pour s’enrichir, cette nouvelle droite ne respectait aucune valeur autre que la rapacité et l’individualisme. Il devint donc évident que l’Ordre libéral mondial était incapable de comprendre les besoins humains des citoyens. Et les citoyens ont commencé à se révolter. Pas de façon visible, parce qu’ils craignaient de perdre leurs opportunités de carrière et les chances de prospérité. Ils ont commencé à se rebeller dans leur cœur. Ils savaient du fond du cœur que le système est malfaisant. Ils savaient qu’il n’était pas pour eux, qu’il favorisait quelqu’un d’autre. Mais ils ont estimé qu’il n’y avait pas d’alternative. Comprenant cela, l’Ordre libéral mondial a fait tout ce qu’il fallait pour renforcer ce sentiment. Lors de cette phase, ceux qui ont vu les évolutions ont commencé à comprendre que la seule chose qui maintenait la cohésion de l’Ordre libéral mondial était l’absence d’alternatives. Ils ont alors commencé à attendre des solutions de rechange. Et finalement, à l’improviste, un adversaire de l’Ordre libéral mondial, Vladimir Poutine, s’est avancé sur la scène. Déterminé, il a commencé à gagner du terrain, des cœurs et aussi des esprits dans l’hémisphère occidental. Le remarquant, l’Ordre libéral mondial a lancé sa furieuse guerre de l’information contre lui et la Russie. Mais elle s’est avérée être un fiasco total, et l’Ordre libéral mondial a alors perdu son dernier bastion solide : la crédibilité des médias grand public. Et avec le dénouement du référendum du Brexit au Royaume-Uni, la scène a été montée et préparée pour Donald Trump.

    Il semble qu’il y avait au-dessus de tout cela une conspiration de Poutine, Nigel Farage et Trump. Qu’ils travaillaient ensemble, main dans la main, pour détruire l’Ordre libéral mondial. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse de cela. Je pense que la principale raison de la victoire de Trump a été l’incapacité de l’establishment à comprendre que les médias grand public ne sont plus crédibles. En d’autres termes, l’establishment a perdu la guerre de l’information. Et aussi étrange que cela puisse paraître, on aurait dit que l’establishment a voulu intentionnellement amener Trump au pouvoir. D’abord, les démocrates ont ouvert la voie à Trump en l’aidant à être l’adversaire républicain de Clinton.

    L’establishment était sûr que Trump n’avait aucune chance contre Hillary. Ensuite, les démocrates ont évincé Bernie Sanders, pour s’assurer que le prochain président des États-Unis soit Hillary Clinton, une personnalité idéale pour le programme libéral, puisqu’elle est libérale à la fois dans le social et l’économie. Enfin, sous-estimant le pouvoir des médias alternatifs, avec entêtement, il n’a pas accepté le changement de réalité. Ce faisant, l’establishment n’a pas suivi le dernier changement pour gagner un peu de crédibilité. Ses seules armes sont désormais la censure et le démenti, toutes deux d’autant plus dommageables pour lui que pour ses adversaires. C’est à ce point du marécage, selon les mots de Trump, que nous nous trouvons en ce moment.

    N’étant en rien libéral, Trump a promis de vidanger le cloaque qu’est l’establishment étasunien. Mais ce n’est pas tout. Il ne s’agit pas juste de purger l’élite politique corrompue de Washington. Il y a aussi la stratégie du changement à l’échelle mondiale, basée sur les nouvelles idéologies émergentes qui combleront le vide laissé par le libéralisme.

    Dans de nombreux pays, la souveraineté économique est l’un des espoirs sous-jacents. Avec les banques centrales indépendantes, il était facile pour l’Ordre libéral mondial de contrôler la politique monétaire et les mouvements de capitaux, et donc d’imposer sa structure de pouvoir supranationale aux États souverains. Comme dit la fameuse phrase, tellement vraie, « Celui qui tient la masse monétaire d’une nation la dirige ». Maintenant, si le mouvement protectionniste de Trump démantèle les accords de libre-échange TTP et TTIP, ce sera un bon point de départ pour retrouver la souveraineté économique des nations et renforcer le rôle des États. Et il se pourrait que ce soit le début du changement fondamental qui fera place à un monde meilleur, multipolaire.

    Traduction Petrus Lombard (Réseau International)
    - Source : Katehon

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • ZOOM - Michel Drac : La stratégie de tension au service des élites mondialisées

  • Syrie : à Alep, la percée décisive des forces pro-Assad

    Des milliers d’habitants ont fui les quartiers nord-est de la ville, où les rebelles subissent défaite sur défaite.

    Des habitants d’Alep-Est arrivent dans le quartier Jibrin, dans la banlieue sud-est de la ville tenue par les forces du gouvernement. GEORGE OURFALIAN / AFP

    En quelques heures, la bataille d’Alep s’est accélérée, et pour les partisans du régime syrien, c’est une certitude : la chute des quartiers rebelles, dans cette ville où l’issue des affrontements pourrait changer le cours de la guerre, se rapproche. Portant un dur coup aux combattants anti-Assad, les forces prorégime ont repris, lundi 28 novembre, quasiment tout le nord de la partie rebelle, selon la télévision d’Etat et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). C’est l’objectif qu’elles s’étaient fixé depuis le lancement de leur nouvelle offensive contre l’est d’Alep à la mi-novembre, violente : on dénombre plus de 200 morts.

    L’armée et les milices pro-iraniennes qui combattent à ses côtés se sont emparées de plusieurs quartiers : celui d’Hananu, samedi, puis de faubourgs voisins – dont Jabal Badro et Bab Al-Haid –, et enfin de Sakhour et d’Hadariya lundi, isolant davantage les forces anti-Assad. Cette série d’importants gains territoriaux a aussi une dimension symbolique, puisque Hananu reste comme le premier quartier qui est passé, en 2012, sous le contrôle des rebelles, lorsque l’ancienne capitale économique du pays a, à son tour, basculé dans la guerre. Depuis, la grande ville du nord de la Syrie a été divisée en deux, entre l’ouest tenu par l’armée et l’est contrôlé par les insurgés, cible d’innombrables pilonnages par les aviations syrienne puis russe.

    Ajoutant au revers essuyé par les rebelles, les forces kurdes ont pris plusieurs zones du quartier de Boustane Al-Bacha, dont une partie est déjà aux mains des militaires. Le site prorégime... [....]

    La suite sur Le Monde.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Syrie-a-Alep-la-percee-decisive

  • Qatar : De l’eau dans le… gaz des rebelles (sic) syriens ?!

    Les guerres ne se font pas sans alliés ni soutiens. L’un des atouts de DA’ECH & de ses petits camarades ès terreur takfirî est d’avoir su se trouver des soutiens de poids : Riyad, Doha, etc. & si les choses étaient en train de tourner ? Un vent nouveau qui, à n’en pas douter, devrait beaucoup à l’arrivée de Donald J. Trump aux affaires…

    Une info, concernant le Qatar, est tombée sans attirer beaucoup l’attention, tant elle nécessitait d’être lue entre les lignes : l’émirat, bonne pâte, continuera à armer la rébellion syrienne (sic) même si Donald J. Trump met fin à la participation des États-Unis aux efforts en faveur de ces groupes terroristes. C’est du moins ce qu’a déclaré samedi soir le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed Bin-Abdulrahman Bin-Jassim al-Thani :

    « Nous souhaitons avoir les États-Unis à nos côtés, ils sont notre allié historique », a avancé Cheikh Mohammed. « Mais s’ils veulent changer d’avis, allons-nous changer de position ? Pour nous, au Qatar en tout cas, nous n’allons pas changer de position. Notre position est basée sur nos principes, nos valeurs et notre évaluation de la situation là-bas »1.

    Ça, c’est, disons, pour la galerie, car Cheikh Mohammad a aussitôt insisté sur le fait que le Qatar ne comptait pas prendre « seul » l’initiative de fournir aux Contras takfirî des Sol/air à très courte portée (SATCP) destinés à abattre les appareils de la Vozdushno-Kosmicheskiye S’ily (VKS)2.

    Une telle décision, a-t-il cauteleusement insisté, devra être « prise collectivement »3. Se gardant bien de préciser ce qu’il entendait dire par « collectivement ». Autrement dit, un flou artistique qui laisse suffisamment de marge aux Qataris pour faire ami-ami avec qui ils voudront, Russes et Américains, y compris. Et, également, pour laisser tomber comme de vieilles chaussettes qui ils entendent le moment venu…

    Quant à l’opposition armée takfirî plus généralement, Cheikh Mohammad, est resté plutôt vague, indiquant simplement que l’aide du Qatar « … va se poursuivre, nous n’allons pas l’interrompre. Même si Alep tombe, nous ne renoncerons pas aux exigences du peuple syrien »4.

    Une réponse au fait que l’Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS)5 annonçait le même jour la prise d’un quartier d’Alep-Est, la partie d’Alep contrôlée par les les takfiri. « Même si le régime capture (Alep), je suis sûr que (les rebelles) auront la capacité de la reprendre au régime (…). Nous avons besoin de plus de soutien militaire, oui, mais ce qui est encore plus important, c’est d’arrêter les bombardements et de créer des zones sûres pour les civils »6 a conclu Cheikh Mohammed.

    Pas prendre « seul », décision devant être « prise collectivement », « besoin de plus de soutien militaire, oui, mais… ».

    Beaucoup d’incertitudes dans les formules, et de portes de sortie ! En langage moins diplomatique, on appelle plutôt ça s’apprêter à avaler une (grosse) couleuvre ou, ad minimo, à revoir sa copie.

    À ce stade – étant donné que, qu’on le veuille ou non, le faiseur de pluie (ou d’avancées géostratégiques, si vous préférez) dans l’Orient compliqué dont nous parlait le général reste l’hegemon étasunien – plusieurs choses incontournables sont à rappeler :

    1. lors de sa campagne, le président US nouvellement élu, Donald J. Trump, a plus que laissé entendre que les États-Unis cesseraient de soutenir les rebelles anti-Assad, préférant concentrer leurs efforts sur la lutte contre Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)7. Trump suggérant même qu’il entendait coopérer avec Moscou dans cette optique.
    2. son National Security Adviser, le lieutenant-général Michael T. Mike Flynn8, n’a jamais fait mystère de ses intentions quant à renverser la table pour ce qui est de la guerre à conduire contre le terrorisme takfirî et la nécessité de nouer alliance avec la Russie de Poutine pour y parvenir.
    3. le Pentagone a déjà fait passer Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām9 dans la catégorie peu enviable des ennemis de l’Amérique et aurait même désigné ses chefs comme legitimate targets (cibles légitimes) pour ses actions sur le terrain.
    4. Tulsi Gabbard, à la surprise générale, est pressentie au poste de US Secretary of State. Son entretien avec Donald J. Trump à ce propos s’est tenu avec succès et ne manque que sa confirmation officielle au poste (nous vous préparons un papier à ce sujet).

    Or, rappelons que dans un entretien accordée à CNN, Gabbard avait déclaré que « Les États-Unis et la CIA devraient mettre fin à cette guerre illégale et contreproductive destinée à renverser le gouvernement syrien d’Assad et devraient se concentrer sur la lutte contre (…) les groupes extrémistes islamistes ». « Les choses qu’on raconte sur Assad en ce moment sont les mêmes qu’on disait à propos de Kadhafi, ce sont les mêmes choses qu’on disait à propos de Saddam Hussein par ceux qui plaidaient pour que les États-Unis (…) renversent ces régimes (…) Si cela se produit là en Syrie, nous aboutirons à une situation avec beaucoup plus de souffrances, beaucoup plus de persécutions de minorités religieuses et de chrétiens en Syrie, et notre ennemi sera beaucoup plus fort ».

    Autant d’éléments totalement en contresens de l’agenda d’une administration Obama sur le départ.

    Côté syrien, on est évidemment prêt à cette nouvelle donne géostratégique US. Dans un entretien récent, le président syrien, le Dr. Bachar el-Assad, a déclaré que, pour lui, le président Trump serait un « allié naturel » s’il décidait de « combattre les terroristes ».

    Évidemment, rien n’est encore joué, mais on comprend mieux, que côté qatari, on assure désormais être beaucoup moins chaud à l’idée de fournir à l’opposition armée takfirî tous les jouets qu’elle demande.

    Le début de la sagesse du côté de Doha ? Qui sait…

    Jacques Borde

    Notes

    1. Reuters (26 novembre2016).
    2. Ou Forces aérospatiales russes. Créées le 1er août 2015 suite à la fusion de la Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï (VVS, armée de l’Air) avec les Voïenno Kosmicheskie Sily ou (UK-VKS, Troupes de défense aérospatiale.
    3. Reuters (26 novembre2016).
    4. Reuters (26 novembre2016).
    5. Armée arabe syrienne.
    6. Reuters (26 novembre2016).
    7. Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
    8. Ancien directeur, de 2012 à 2014, de la Defense Intelligence Agency (DIA, Agence du Renseignement militaire), répond aux besoins du président des États-Unis, du US Secretary of Defense, du Joint Chiefs of Staff (JCS, Comité des chefs d’état-major interarmées). Michael T. Flynn est l’auteur avec Michael Ledeen de The Field of Fight: How We Can Win the Global War Against Radical Islam & Its Allies. St. Martin’s Press. ISBN 1250106222.
    9. Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra.

    http://www.voxnr.com/6887/qatar-de-leau-dans-le-gaz-des-rebelles-sic-syriens

  • Trump, révolution ou simulacre ? 3) Risque d’échec ou d’explosion

    Voici le troisième et dernier article du triptyque sur l’élection surprise de Donald Trump. Elle peut provoquer un séisme américain et mondial, ou se dégonfler comme une baudruche, décevant profondément le peuple qui l’avait élu en ultime sauveur. Analyse en trois parties, dont les deux précédentes s’intitulaient La rébellion du peuple et Un programme de choc. Cette troisième et dernière partie, Risque d’échec ou d’explosion, analyse les causes et les conséquences d’un éventuel échec de Trump, en espérant qu’il n’aura pas lieu.   

    Sera-t-il à la hauteur de la tempête qu’il a provoquée ?

    Le personnage de Trump est fantasque, extravagant,  imprévisible ; son comportement ”mal élevé” n’entre pas dans les codes des classes dirigeantes de la plupart des pays. Et pourtant il a été élu parce qu’il représente une rupture populaire (bien qu’étant milliardaire) dans le style et le langage, par rapport à l’oligarchie politicienne et prétentieuse. Homme d’affaires, il a un sens élevé de la négociation et du compromis (deal), ce qui est à la fois positif et négatif, car cela peut conduire à un affadissement de   son programme de campagne, voire à un irrespect de ses engagements.

     Trump se déclare anti–Système et a présenté le couple Clinton comme un (contre) modèle des combinards et magouilleurs d’un establishment auquel, lui, n’appartiendrait pas. Néanmoins il a fréquenté les Clinton et les a même invités à son mariage… 

    D’autre part, la mise en œuvre du programme de Trump, dans un pays très judiciarisé, devra affronter d’inévitables et très nombreux recours devant les tribunaux et la Cour suprême pour inconstitutionnalité, notamment les mesures sur l’immigration. Trump devra batailler, adopter une position de résistance farouche. Le pourra-t-il, le voudra–t–il ? Le problème central n’est pas son inexpérience politique, car il suffit de bien s’entourer pour balayer cette difficulté. L’essentiel, c’est d’avoir le courage d’affronter le Système. La volonté importe plus que la prétendue compétence. Trump a été élu par des ”faibles”. Mais il va se heurter à l’hostilité des puissants. Voire à des émeutes organisées, des sabotages, des grèves, des manifestations géantes. Deux Amérique(s) risquent de s’affronter. Saura-t-il résister ? 

    Est-ce que le président Trump suivra le candidat Donald ?

    Après une campagne tonitruante, provocatrice, polémique et de rupture, Trump a fait des déclarations très apaisantes dès le soir de son élection au Hilton de New-York, puis après son entretien avec Obama à la Maison Blanche – ils s’étaient quasiment injurié mutuellement quinze jours auparavant–, tenant aussi des propos flatteurs et aimables pour sa rivale qu’il voulait pourtant « faire mettre en prison ». Ce revirement n’augure pas une stricte application de son programme dès le 20 janvier prochain… Espérons que nous n’assisterons pas à un ”effet Sarkozy”, hyperclassique en politique : ”grande gueule” pendant la campagne et ”petit bras” après ; le candidat, une fois élu fait machine arrière toute et oublie ses engagements. Trop risqué. On critique le Système en paroles avant mais on ne l’affronte pas dans les faits, après. Ce qui est normal après tout puisqu’on en fait partie.  

    On note déjà des reculades inquiétantes. Dès le 13 novembre, Trump est revenu sur sa détermination d’ « abroger complètement » l’Omabacare, le système de sécurité sociale mis au point par l’actuel président. Néanmoins, il a expliqué sur CBS qu’il ferait expulser deux à trois millions d’immigrés clandestins. C’est déjà nettement moins que les chiffres promis durant sa campagne… En réalité, il faudrait en expulser entre 11 et 15 millions et pas seulement ”latinos” comme on dit là–bas, mais aussi d’origine arabe, africaine, asiatique. Trump oserait-il faire ce qu’il proclamait sur les estrades ?

    Quatre jours après son élection, Trump a nommé ses lieutenants en ménageant la chèvre et le chou : Priebus, le conservateur républicain et Bannon, dit d’ ”extrême droite” vont devoir cohabiter. Il joue l’équilibre, ou plutôt le compromis, entre l’élite des notables républicains et la base populaire. Il ne peut pas faire autrement. Mais il n’est pas sûr que ces alliances de la carpe et du lapin fonctionnent longtemps une fois Trump aux commandes.

    Les bizarreries des trumponomics

     Dans son programme économique, on note un mélange étonnant et hétérodoxe de libéralisme intérieur et de protectionnisme, d’économies drastiques et de dépenses budgétaires alourdissant la dette. Un mixte (apparemment contradictoire ?) de thatchéro-reaganisme et de keynésianisme à la Roosevelt ! C’est un peu le grand écart. Souvent excellentes pour certaines, plusieurs autres mesures s’avéreront impraticables ou carrément nocives – notamment sur l’environnement et l’endettement.

    Le programme économique de l’équipe Trump est hybride, ”libéral–protectionniste” ce qui est parfaitement nouveau en Amérique. Intéressant : voilà qui ressemble  beaucoup à ce que voulait être l’Europe du Traité de Rome (idéal trahi depuis) : libéralisme intérieur et protection douanière du grand espace économique. Alors qu’aujourd’hui, on fait l’inverse, parfaitement suicidaire, surtout en France : socialo–étatisme intérieur et libre-échangisme extérieur.

    Les ”trumponomics ” apparaissent néanmoins bizarres : relance budgétaire (dépenses) de 2% du PIB, baisses très importantes d’impôts pour les particuliers (y compris les plus riches) et surtout pour les entreprises, guerre monétaire et commerciale revendiquée avec les pays d’Asie, notamment la Chine. Le risque d’augmenter les déficits et la dette peut créer un conflit majeur avec la banque centrale, la Fed, qui est une puissance indépendante capable de défier la Maison Blanche. Quant à la guerre commerciale avec l’Asie, bien qu’annoncée, elle semble extrêmement dangereuse et difficilement praticable.

    Ces ”trumponomics ” risquent d’achopper sévèrement sur une sortie brutale du libre–échange et sur les réactions des marchés financiers, volatils et acculés à affronter l’inconnu. Notons aussi qu’il est irresponsable, dans le programme de Trump, qui est ”climatosceptique”, de  vouloir relancer le charbon et de dénoncer tous les accords de limitation des émissions de gaz à effet de serre. 

    Ces promesses sur l’exploitation pétrolière charbonnière risquent de faire renier à terme les engagements américains en matière de réduction d’émissions de carbone.

     Trump veut supprimer l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) dotée d’un budget de 8 milliards de dollars. Ben Carson, un de ses soutiens, neurochirurgien, climatosceptique  lui aussi, est par ailleurs un créationniste pur jus, dans la ligne des sectes protestantes et…des musulmans. Comme Mike Pence, le futur vice–président… Tout cela fait désordre et n’est pas très positif. Trump aurait dû se déclarer partisan du nucléaire, seule énergie vraiment écologique… que combattent les écologistes. Sur ce chapitre énergétique, Trump a tout faux.   

     Un protectionnisme mal pensé

    Le protectionnisme, dont le principe n’est pas critiquable, est très risqué dans un monde globalisé, s’il est appliqué brutalement. Le directeur général de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), Roberto Azevedo, semble paniqué par le futur programme protectionniste et anti libre–échangiste de la première puissance économique mondiale. Cela pourrait créer une crise récessive planétaire .

    Il est vrai que  ce programme protectionniste – voire semi–autarcique –  serait plus performant s’il était appliqué par l’ensemble Europe–Russie, beaucoup plus vaste que les USA. Pour Trump, le déficit commercial avec la Chine est inacceptable. Depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC, 50.000 usines ont fermé aux USA d’après lui. Il envisage des droits de douane de 35% sur les produits mexicains, de 45% pour la Chine ( !) et 10% pour le reste du monde, dont l’Europe. Énorme. Du jamais vu. Oui mais…il n’a pas évoqué les mesures de rétorsion. Ni la crise mondiale qui suivrait de telles mesures brutales initiées par la première économie de la planète.  

     Les accords de libre échange ont du plomb dans l’aile : l’accord TPP transpacifique et l’accord Tafta ou TTIP, avec l’ UE, sont morts pour les experts. Après la violence de ses propos contre le TPP et le TTIP, on voit mal comment il pourrait les ratifier. Sauf si ce roi du deal et de la négociation manœuvre et change son fusil d’épaule…Nul doute qu’on l’y poussera.

     Pour imposer son protectionnisme, il va devoir batailler avec les défenseurs du libre–échange, élus ou puissants lobbies, avec le complexe militaro–industriel qui vit des exportations et ne craint rien tant que les rétorsions commerciales, mais aussi avec la puissante US Chamber of Commerce, organisme patronal pro-républicain.

    La stratégie chinoise du jeu de go : l’étouffement

    La Chine se frotte les mains des aspects trop agressifs et donc maladroits du protectionnisme de Trump, qui a lourdement gaffé en parlant d’une « guerre économique » qu’il voulait engager contre elle, en dévoilant toutes ses cartes. Les USA peuvent être bêtement perdants, à cause des mesures de rétorsion. Quand les USA auront dénoncé les accords commerciaux avec l’Asie, les Chinois espèrent ainsi les piéger et créer une vaste zone de libre–échange asiatique, autour d’eux, incluant l’Océanie et l’Australie, attirant le Japon et la Corée du Sud, qui sont par ailleurs inquiets d’un retrait de la protection militaire américaine. Mais une zone excluant totalement les USA.

    Les exportations américaines en Asie, zone de croissance la plus dynamique dans le monde, seraient asséchées. Trump doit être plus subtil et bien réfléchir : son programme ne va-t-il pas être contre productif, renforcer la Chine au lieu de l’affaiblir, et affaiblir les États–Unis au lieu de les renforcer ? Le discours chinois est le suivant : vous voulez être isolationnistes ? Chiche. Isolez–vous, nous allons vous étouffer.

    Pourtant, après l’élection de Trump, ni les marchés ni les bourses n’ont paniqué. Pour certains, c’est la preuve qu’ils croient à son programme de relance, mais pas du tout à ses velléités protectionnistes jugés comme un blabla électoral impraticable.

    Le mélange du meilleur et du pire

    L’élimination de l’Obamacare est techniquement difficile : elle laisserait des millions d’Américains sans couverture santé. L’alternative – privatisation généralisée– n’est pas claire et peu travaillée par l’équipe Trump.

    Le moratoire sur les nouvelles réglementations et l’abrogation de tous les décrets chers à Obama sur l’environnement (principe de précaution) et le droit du travail, afin de simplifier la vie des entreprises, de ne pas entrer dans une économie réglementée, socialo-étatiste et paralysante à la française, sont des points très positifs. Là, il y a nettement plus de chances que Trump passe aux actes.

    Les provocations de Trump n’augurent rien de bon. Les provocateurs sont souvent des mous qui s’amusent. Ses propos de campagne sympathiques envers le dictateur psychopathe nord-coréen Kim Jong–un sont déplorables. En parallèle, sa remise en cause (verbale) de la protection américaine de la Corée du Sud et du Japon, jugée trop coûteuse, pourrait pousser ces pays à acquérir l’arme atomique, ce qui serait très dangereux.

    Mais Trump est imprévisible. Son programme peut s’avérer irréalisable pour des raisons techniques, politiques ou humaines. En politique étrangères, ses promesses, qui remettent en cause des équilibres internationaux complexes seront difficiles, voire impossible à tenir. Il y a toujours un fossé entre les déclarations électorales et les décisions prises. Le principe de réalité ne doit pas être oublié.

    Un programme  géostratégique difficile à suivre

    Dire de l’Otan  qu’elle est une « organisation obsolète et coûteuse » est une formule explosive de la part d’un futur président américain, et à ce titre fort sympathique, comme une divine surprise, aux yeux de maints mouvements européens anti–atlantistes. Mais trop de forces s’opposerait à un démantèlement de l’Otan par les USA, leur créateur et leur leader depuis 1949. En revanche, cette position de campagne électorale de Trump devrait être utilisée par la France qui dirait ”chiche !” et s’éloignerait de l’Otan. Mais la droite pseudo-gaulienne revenue au pouvoir en 2017 oserait-elle le faire ? Très peu probable. Elle est trop timorée.

    Pourtant le mal est fait (tant mieux) : en remettant en cause, même verbalement, l’article 5 de l’Otan – l’engagement absolu de protection mutuelle en cas d’agression d’un des membres – au nom du ”défendez-vous vous-mêmes et payez”, Trump a affaibli la crédibilité de l’Alliance auprès de ses alliés comme de ses adversaires. Poutine est ravi. C’est une brèche de plus dans le système de sécurité d’après 1945. L’Otan est déstabilisée. Même si Trump revient en arrière, met de l’eau dans son vin – ce qui est plus que probable – les Européens, ne pourront plus compter à 100% sur le protecteur–suzerain américain. Cela les pousserait peut-être à consentir un réel effort pour leur défense. Et de redevenir souverains et indépendants.

    D’autre part, remettre en cause le traité (bancal et dangereux, c’est vrai) sur le nucléaire iranien, comme il l’a promis, sera très difficile pour Trump : cinq autres puissances sont partie prenante. Et puis, relevons cette contradiction : Trump veut coopérer avec les Russes et Bachar el-Assad ; or l’Iran  soutient ce dernier et s’est rapproché de la Russie. On ne peut pas à la fois être pour et contre l’Iran…   

    Les ambiguïtés de Trump concernant la Russie

    Pour Trump, « l’EI est une bien plus grande menace contre nous qu’Assad ». Il rompt en cela avec les positions stupides de la diplomatie européenne anti–Assad et rejoint les positions du Kremlin. Ce dernier est partagé entre soulagement (l’élection d’Hillary Clinton aurait été une catastrophe peut-être synonyme d’un affrontement armé) et perplexité. Pour Trump, Poutine est « un leader plus fort qu’ Obama ». Il est allé loin dans la rupture avec l’idéologie officielle, soulignant l’adhésion populaire russe à l’annexion de la Crimée et démentant que Moscou intervienne militairement dans le Donbass. Ce retournement idéologique pro-russe, du jamais vu, a horrifié les gouvernements européens et l’establishment américain.

    Oui, mais… le futur vice-président, Mike Pence, a dit exactement le contraire de Trump (ça commence bien…). Il a traité le président russe de « leader petit et brutal »  à la tête d’un « système capitaliste corrompu et de connivence », dénonçant les attaques « barbares » de l’aviation russe à Alep. De plus, le parti républicain veut pousser Trump à livrer des armes aux Ukrainiens. Le Kremlin se méfie donc de ce Trump ” imprévisible ” et craint sa versatilité. Konstantin Kossatchev, sénateur du parti pro–Poutine Russie Unie  a déclaré : « il est clair qu’il ne faut pas surévaluer l’Amérique de Trump ». Il s’attend à ce que le nouveau Congrès conservateur où siège John McCain, bête noire du Kremlin, neutralise les velléités pro–russes du nouveau président Trump. 

    Un échec de Trump  n’est pas à souhaiter

     Si Trump échoue, ce sera très grave, car il a cristallisé une énorme énergie d’espérance. Trump devra se méfier de ne pas provoquer une immense déception après les attentes considérables qu’il a suscitées, non seulement dans le peuple américain autochtone mais aussi en Europe. En cas d’échec par reculade et manque de volonté, les idées souverainistes, populistes, identitaires seraient découragées et  discréditées. Trump est un mélange d’excellentes choses, très visionnaires, et d’errements délirants, le tout chez un personnage manifestement inconstant mais par ailleurs doué d’une forte personnalité dominante. Nous sommes dans l’incertitude.

    L’ambassadeur de France aux États–Unis, Gérard  Araud, a posté ce tweet après l’élection de Trump : « après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux.  Un vertige. » Le monde qui s’effondre, c’est le sien et celui de ses maîtres… Lourde faute professionnelle, manquement au devoir de réserve de la part de l’ambassadeur de France ; ces propos sont insultants pour le futur président des États–Unis, qui s’en souviendra.  Insultants aussi pour le peuple américain qui n’a pas voté comme le voulaient ses élites. Normalement ce diplomate de pacotille aurait dû être immédiatement rappelé en France, remplacé et mis à la retraite d’office. Mais ces propos impunis sont intéressants car ils indiquent à quel point l’oligarchie internationale est désarçonnée face à Trump et à quel point aussi elle va tout faire pour vider son programme de sa substance surtout, évidemment, sur l’immigration.

     Ce qui peut démentir un affadissement du programme de Trump dès le début de son mandat, c’est qu’il a nommé trois ”durs” pour son Administration : Michael Flynn, comme conseiller à la sécurité nationale, partisan d’une guerre totale contre l’islamisme, farouche adversaire de Téhéran et de l’accord sur le nucléaire iranien ; deuxième dur, Mike Pompeo, sera directeur de la CIA ; et Jeff Sessions sera attorney general (ministre de la Justice), un anti–immigrationniste absolu. Cela peut rassurer ceux qui ont porté Trump au pouvoir. Mais on reste sur des sables mouvants. 

     En tout cas, la défaite magistrale de Hillary Clinton, favorite de l’oligarchie américaine et occidentale, est un signal fort. Si elle avait été élue à la Maison Blanche, une catastrophe en aurait résulté, pour les États–Unis comme pour le monde. Adepte de l’idéologie des néo-conservateurs (bellicisme interventionniste), partisane de l’immigration sans contrôle et de la nouvelle guerre froide avec la Russie, fanatique dissimulée, elle aurait été un désastre. L’avantage de l’élection de Donald Trump, même s’il déçoit, c’est au moins qu’il aura évité la présidence de Mme Clinton. Souhaitons qu’il ne déçoive pas et qu’il joue le rôle d’entraîneur du réveil des peuples d’origine européenne en Amérique et, par entrainement, ici. Good luck, Mister President.    

    http://www.gfaye.com/trump-revolution-ou-simulacre-3-risque-dechec-ou-dexplosion/

  • Quelle sera la future politique militaire de l’administration Trump ?

    Donald Trump sera le président des États-Unis pour les quatre prochaines années. L’Amérique est le gendarme du monde et détermine également les lignes d’action de l’OTAN, ce qui signifie que la politique militaire américaine sera dictée par le lieutenant-général Michael Flynn, le conseiller présidentiel en charge de la sécurité nationale.

    Une des certitudes sur l’administration Trump est le changement radical d’attitude envers le gouvernement de Bachar Al-Assad, visible à travers le fait que Michael Flynn avait été démis de ses fonctions de directeur de la DIA par le président sortant Barack Obama pour avoir demandé l’arrêt du soutien des mercenaires islamistes qui luttent contre Bachar Al-Assad. Dans cette perspective, il est fort probable que la base russe de Hmeymim, deviendra le centre de commandement unifié pour la lutte contre les mercenaires islamistes opérant en Syrie. Dans la même logique, les États-Unis devront accepter de s’engager aux côtés de l’armée arabe syrienne contre les mercenaires islamistes dans des actions militaires sur le terrain où participent déjà plusieurs brigades de Spetsnaz et des blindées russes [[1]]. L’aviation de la coalition anti-Daesh dirigée par les Etats-Unis pourra fournir un appui aérien aux troupes. Depuis le coup d’Etat en Turquie, et jusqu’à maintenant, Michael Flynn a montré son soutien au président Erdogan. Ainsi, il est donc logiquement prévisible que les États-Unis introduiront Recep Erdogan dans leur équation pour résoudre la crise syrienne, ainsi que Vladimir Poutine et Bachar Al-Assad, abandonnant la variante de soutien aux combattants kurdes.

    Si dans le Moyen-Orient les chances de coopération des États-Unis avec la Russie sont très élevées, pour ce qui concerne la désescalade en Europe de la situation créé par l’élargissement de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, les chances sont plus faibles. Donald Trump a parlé au téléphone au Président polonais Andrzej Duda et lui a assuré le soutien militaire américain. Cependant, Trump n’a pas parlé avec le Président de la Roumanie, ni avec celui de la Bulgarie. Cela signifie que le plan prévu de déploiement de l’OTAN d’une brigade blindée dans les pays baltes et la Pologne se réalisera pendant le mandat de Donald Trump, mais sans l’envoi de troupes ou du matériel de combat d’autres pays de l’OTAN [[2]] en Roumanie et en Bulgarie. Et la mer Noire restera un lac russe [[3]]. Il sera possible de discuter de la levée des boucliers antimissiles américains en Pologne et en Roumanie, sous conditions que la Russie fournisse une monnaie d’échange préservant les zones d’intérêt majeures des Etats-Unis, ailleurs qu’en Extrême-Orient.

    Les probabilités de modification de la stratégie actuelle des États-Unis à l’égard de la Chine sont beaucoup plus grandes, étant donné que l’économie de la Chine a dépassé les Etats-Unis et son armée est en mesure de se procurer les technologies les plus avancées dans le domaine militaire [[4]]. En Asie du Sud vit 60% de la population de la Terre, ce qui explique pourquoi les États-Unis ne veulent pas perdre cette part de marché au profit de la Chine. Une modification de la stratégie américaine consisterait à interdire l’accès de la flotte et l’aviation chinoises dans les zones d’intérêt économique et militaire des États-Unis. Cela est possible en créant quatre secteurs de surveillance avec des moyens satellitaires et aériens pour suivre tous les mouvements de la Chine.

    Le premier secteur concerne l’accès à la mer de Chine du Sud à partir de l’Océan Indien, avec les points de passage obligés des détroits de Malacca et Sunda. Le rôle clé est joué par l’Etat de Singapour qui contrôle le détroit de Malacca (la voie principale de l’approvisionnement en pétrole de la Chine à partir du Golfe). A Singapour, les Etats-Unis utilisent la base navale de Sembawang et la base aérienne de Paya Lebar.

    Le deuxième secteur concerne les voies d’accès à la mer de Chine à partir de l’océan Pacifique, avec les points obligés traversant la mer de Sulu, la mer de Celebelor (au sud de la mer de Sulu) et Babuyan Channel (entre le nord des Philippines et Taiwan). La coordination des missions de reconnaissance des États-Unis sur les lignes de communications internes dans la mer de Chine méridionale peut être assurée à partir de la base aérienne américaine Andersen ou la base navale sur l’île de Guam (Iles Mariannes).

    Le troisième secteur concerne l’accès de la mer de Chine orientale à travers l’océan Pacifique, avec les points de passage obligés, au sud, par la zone située entre l’île de Taïwan et l’archipel d’Okinawa (Ryukyu) et, au nord, par la zone comprise entre l’archipel d’Okinawa et l’Ile de Kyushu (extrémité sud du Japon). La distance entre Okinawa et Kyushu est la même que celle de l’île de Taïwan et Okinawa (600 km). La coordination des missions de reconnaissance des États-Unis peut être faite à partir des bases américaines à Okinawa.

    Le quatrième secteur concerne l’accès à la mer de Chine orientale à partir du Japon et de la Corée du Sud. Le dispositif de surveillance de la péninsule du Shandong et de la côte est de la Chine est déjà assuré par la Corée du Sud et le Japon en coopération avec les troupes américaines déployées dans les deux pays.

    (Traduction du Roumain par Avic – Réseau International)

    Notes

    [1] L’Etat Islamique contre « les petits hommes verts » des Spetsnaz

    [2] Les Etats-Unis rejettent le dialogue avec la Russie, préférant l’escalade des tensions en Europe

    [3] Le plan raté de l’invasion de la Russie par l’OTAN à partir de la mer Noire

    [4] L’affaire du siècle pour la Chine ou comment elle a dupé les Américains, avec l’aide des Ukrainiens

    Valentin Vasilescu

    http://www.voxnr.com/6791/quelle-sera-la-future-politique-militaire-de-ladministration-trump

  • Chronique de l'Orient chrétien : Alep, novembre 2016

    6a00d83451619c69e201b7c8b46880970b-250wi.jpgQuand on arrive à Alep, ce qui frappe tout d’abord c’est le chaos bordant la route qui permet d’y accéder puis le bruit des explosions, très proches. C’est la banlieue industrielle qui a été dévastée par les combats entre l’armée syrienne et les jihadistes.

    Puis, c’est l’entrée en ville et là tout devient beaucoup plus étrange. Il est difficile d’appréhender ce qui se passe. Les gens marchent dans les rues comme si de rien n’était. Les voitures circulent avec une liberté insolente et selon la fantaisie de leurs chauffeurs comme partout en Syrie.

    Les enfants babillent ou se poursuivent dans les rues en riant.

    Les scouts se réunissent et peaufinent leurs défilés et leurs fanfares.

    Nous sommes à Alep-Ouest, bien sûr, là où la majorité de la population s’est réfugiée. Il est de toute façon impossible d’aller à Alep-Est sans négociation et entente avec les jihadistes d’Al-Nosra qui y règnent en maîtres.

    SOS Chrétiens d’Orient est engagée dans de nombreux projets de soutien à la population d’Alep : pompage et filtration d’eau, distribution d’électricité, distribution de nourriture, aide à la rescolarisation etc. Parmi toutes ces actions, une des principales est le soutien aux hôpitaux. Alep est depuis longtemps une ville universitaire avec un excellent niveau dans l’enseignement de la médecine et les hôpitaux, spécialisés ou non, sont particulièrement nombreux. SOS chrétiens d’Orient les visite, écoute leurs besoins et propose son aide pour l’achat de matériels chirurgicaux ou respiratoires.

    Les Aleppins ont horreur de la guerre, ils sont usés et épuisés par la menace permanente des attentats. Beaucoup ont fuit vers des contrées lointaines, Liban, Canada, Europe. D’autres, restent en raison de la puissance de leur enracinement. Ils sont Syriens jusqu’au plus profond de leur identité. La Syrie c’est une civilisation, très ancienne, très mûre, très riche et très équilibrée qui est chevillée à leur âme et à leurs corps. Alep, deuxième ville du pays est en quelque sorte la capitale culturelle de la Syrie. C’était aussi une capitale économique en plein essor. C’est pourquoi les zones industrielles autour de la ville sont si étendues. Les Aleppins impressionnent par leur niveau d’éducation et leur esprit entreprenant. Alep était devenue un pôle majeur de l’économie du Proche-Orient avant le déferlement des hordes jihadistes.

    Les Aleppins ont appris à se débrouiller face à la baisse drastique des conditions de confort . Ils ont réappris à faire la lessive à la main, à stocker l’eau, à s’éclairer à la bougie. Mais le plus dur ne sont pas tellement les conditions matérielles. Le plus éprouvant est de faire face à l’insécurité, de continuer à vivre malgré les morts brutales qui endeuillent chaque famille. Les Aleppins ont peur pour leurs enfants, peur de les laisser aller à l’école ou à l’université par le bus.

    Il faut continuer à vivre, alors le risque est accepté douloureusement. Chaque matin, les parents savent qu’ils ne reverront pas forcément leurs enfants revenir.

    Les attentats commis par les jihadistes sont continuels et journaliers. Obus mortiers, projectiles en tous genres, francs-tireurs...

    Les francs-tireurs ne sont pas juste un élément de langage. Des tentures sont tendues pour masquer les rues de la ville aux yeux des francs-tireurs jihadistes qui hantent les ruines d’Alep-Est qu’ils ont investis il y a quatre ans.

    En cette automne 2016, Alep subit environ cinq attaques terroristes par jour venant des terroristes jihadistes, principalement des tirs de mortiers mais aussi de missiles Grads. Les morts sont nombreux et les blessés encore plus nombreux.

    Ici, c’est le Bataclan tous les jours et les protagonistes sont les mêmes. Une population qui n’aspire qu’à une vie normale pour jouir de la vie en aimant ses proches d’une part, et des jihadistes qui pensent que ça vaut le coup de tout détruire et de faire tous les morts qu’il faudra pour établir une nouvelle société, idéale, correspondant à leurs fantasmes de charria. Bizarrement, l’Occident a choisi le camp des jihadistes, aux yeux des Aleppins.

    La mort frappe au hasard mais la vie continue malgré tout.

    C’est très éprouvant aussi pour les nombreuses communautés chrétiennes de la ville. Cinq ans de prières, cinq ans à implorer Dieu et la mort absurde qui continue de rôder et de décimer leurs familles. Depuis 2012, 246 membres de la communauté chrétienne d’Alep sont morts de mort violente dans les rues, martyrs des attentats terroristes. La population des quartiers chrétiens a changé. Beaucoup de chrétiens ont fui loin de cette violence absurde, tandis que les musulmans ont massivement fui les jihadistes en venant se réfugier à Alep-ouest.

    L’étau jihadiste ayant été desserré, les conditions de vie s’améliorent doucement malgré les attentats. Après l’horreur des long mois de siège sans eau, les autorités ont réussi à reconnecter Alep au reste du monde et à rétablir l’eau de façon plus ou moins permanente. L’électricité est encore une denrée rare. Les installations électriques de la ville ont été totalement détruites par les jihadistes. Des générateurs ou groupes électrogènes parsèment les trottoirs et leur production est partagée selon les heures de la journée entre les commerces et les habitations. Beaucoup de petits commerces ont réouvert. Tous les restaurants et les épiceries sont ouverts et la nourriture ne manque pas.

    Après cinq ans d’oppression terroriste, les Aleppins sont encore submergés par l’affliction. Mais, espérant contre toute espérance, ils s’accrochent en titubant à un seul espoir, une sorte de miracle, une intervention divine directe … la conversion de l’Occident … que l’Occident mette enfin un terme à son projet de destruction de leur pays par le jihad islamiste.

    Raphaël, volontaire de SOS Chrétiens d’Orient en Syrie.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Guerres du pétrole: tout a commencé en Irak en 1916

    Tous ceux qui suivent la situation en Irak doivent absolument se procurer « 1916 en Mésopotamie » de Fabrice Monnier, qui vient de paraître aux Editions du CNRS.

    1916_en_mesopotamie-197x300.jpgIls apprendront – s’ils ne le savaient pas – que dans l’Empire ottoman, qui s’effondrait, les musulmans ne se laissaient pas envahir facilement par les grandes puissances, les « kouffars » comme ils les appelaient déjà. Ils étaient capables, ne serait-ce que par obligation religieuse – sunnite ou chiite – ou pour l’honneur, de leur résister courageusement, voire de les battre à plate couture.

    La « Force D », expédition militaire venue des Indes britanniques – débarquée à Fao en 1914, près de Bassora– l’a appris à ses dépens en avril 1916 : 18 000 morts rien qu’à la bataille de Kut al-Amara et 9 500 prisonniers emmenés en Turquie dont beaucoup ne revinrent jamais.

    L’ouvrage de Fabrice Monnier, passionnant, se lit comme un roman historique. Il m’a tenu en haleine de bout en bout, notamment avec son récit du siège de Kut et de la reddition du général Charles Townshend qui croyait conquérir Bagdad sans difficulté. Ce n’est pas l’impréparation des militaires britanniques chargés d’occuper la Mésopotamie – appelée, selon eux, à être peuplée avec des paysans indiens – qui m’a sidéré le plus, mais l’arrogance et le mépris des officiers anglais pour les forces armées ottomanes, les tribus arabes, et même pour leurs propres « harkis » indiens. A croire que l’armée de Sa Majesté ne venait pas de subir une cuisante défaite face à la Turquie dans le détroit des Dardanelles…

    Tandis que la Première guerre mondiale faisait rage en Europe, à Londres il n’était pas seulement question d’empêcher  le  Kaiser Guillaume II de contrôler la route des Indes. On y parlait déjà d’Or noir. Certes, il fallait protéger la raffinerie de l’Anglo-Persian Oil Company d’Abadan (Iran) qui approvisionnait la marine britannique en mazout mais, au-delà, il s’agissait de s’emparer d’une région connue de quelques spécialistes – et de l’Intelligence service – pour être gorgée de pétrole.

    A cette fin, et pour effacer l’humiliante défaite de Kut al-Amara – quasiment passée sous silence dans la presse londonienne -, les Britanniques durent envoyer en Irak un corps expéditionnaire de 100 000 hommes, 176 canons et des avions leur assurant la supériorité dans les airs. Commandés par le général Frederick Maude, les Britanniques prirent Bagdad le 11 mars 1917. Mossoul qui résistait ne sera occupée que le 10 novembre 1918, sans respect pour l’armistice conclu avec les Turcs à Moudros dix jours plus tôt.

    « Cent ans plus tard, les conséquences de cette guerre », écrit Fabrice Monnier, « les promesses non tenues et des humiliations infligées se font toujours sentir dans un Moyen-Orient où on a la mémoire longue».

    Elles sont de toute évidence avec les deux guerres du Golfe, l’embargo international et plus d’un million de victimes civiles, à l’origine du chaos irakien actuel.

    Les Américains – Bush père et surtout fils – n’ont tiré aucun enseignement de l’occupation de l’Irak par les Britanniques. Les résistances irakiennes sunnites et chiites – avec l’Armée du Mahdi et le Hezbollah irakien– les ont contraints à rappeler leur corps expéditionnaire. Un Etat islamique (EI) remettant en cause les accords Sykes-Picot a aussitôt émergé dans les provinces majoritairement sunnites d’Al-Anbar et de Ninive. Ce qu’il représente ne disparaîtra pas après sa défaite à Mossoul, loin de là. La partition de facto du pays en entités plus ou moins autonomes semble maintenant en cours. Il va s’en dire qu’elles ne demeureront pas longtemps en paix.

    Mais en attendant cet éventuel redécoupage, ce sont les déclarations de campagne de Donald Trump – nouveau président des Etats-Unis – qui inquiètent. Elles ne laissent présager rien de bon dans la région, puisqu’il considère que les Américains ont le droit de s’emparer des champs de pétrole irakiens pour se rembourser des dépenses occasionnées par la guerre contre le terrorisme (terrorisme qu’ils ont eux-mêmes provoqué !). C’est plus facile à dire qu’à faire. Comme disent les anglo-saxons : Wait and see

    Présentation de l’ouvrage par son auteur (vidéo – 2’47):

    http://www.voxnr.com/6798/guerres-du-petrole-tout-a-commence-en-irak-en-1916

  • Trump, révolution ou simulacre ? La rébellion du peuple (partie 1)

    L’élection de Donald Trump à la présidence des États–Unis peut être un séisme américain et mondial, du jamais vu. Ou un énorme flop et une immense déception pour les populations qui l’ont élu. Analyse en trois parties, dont voici la première. 

    Victoire du populisme

    L’élection de Trump a été une surprise mondiale, tout comme le référendum du Brexit. Un milliardaire new-yorkais fantasque, défendant le peuple, la lower middle class des campagnes et des petites villes enclavées qui votent victorieusement pour lui, voici un paradoxe inexplicable pour les politologues et intellectuels officiels. C’est pourtant explicable. La rébellion du peuple de souche contre l’oligarchie cosmopolite et les politiciens, la défaite du ”politiquement correct” englué dans ses mensonges, la baisse  d’efficacité de la propagande de l’idéologie dominante (mais minoritaire) –notamment grâce aux réseaux sociaux– face à une éclatante réalité, par exemple la nocivité vécue de l’immigration de masse, expliquent en partie la victoire imprévue de Donald Trump. N’y a–t-il pas une certaine parenté avec la situation française ? Le réel contre l’idéologie.

    Ivan Rioufol écrit : « Le peuple américain a envoyé paître les mandarins de Washington […] La caste croyait régner sur un pays anesthésié. Elle avait avec elle les médias, le show–biz, Wall Street, le Vatican, l’Union européenne et tout ce que l’Occident culpabilisé produit d’esprits clonés. […] La majorité des médias s’est comportée comme le valet d’un Système à bout de souffle. […] L’évacuation du défi posé par l’islamisation de la France est venue mettre en scène la légèreté des partis, unis pour dénoncer le ”populisme”. Mais le voilà victorieux au nom du peuple contre les people […] Trump, en dénonçant le politiquement correct, la haine de soi et la tyrannie de minorités, s’est placé en premier adversaire de ce monde médiatique  acquis à la flagellation du monde libre et à la promotion de la culture musulmane. […] Poutine en Russie, Trump aux États–Unis : ce qui se dessine à rebours des codes académiques, est le produit d’une frustration populaire. La droite française peut y répondre si elle se décide à poser les bonnes questions sur l’immigration, l’islam, le communautarisme, les délocalisations ». (Le Figaro, 11/11/2016)

    Le peuple contre les people

    Cette expression d’Ivan Rioufol est particulièrement pertinente. Cette élection participe de la même lame de fond que le Brexit, la percée du FN en France, la montée des partis ”populistes” dans toute l’Europe. C’est-à-dire la révolte des populations autochtones des classes moyennes et pauvres contre des oligarchies mondialistes et l’immigration imposée.

    Trump a, sans surprise, remporté la majorité de ses suffrages chez les Blancs, les hommes, les ruraux et les petites villes et même chez les femmes blanches ; et Hillary Clinton chez les minorités raciales (de moins en moins minoritaires), les femmes latinos et noires, la bourgeoisie urbaine des côtes est et ouest, les diplômés. Les politologues ont noté un bouleversement électoral jamais encore vu : le Parti républicain devient celui pour lequel votent majoritairement la classe ouvrière et le prolétariat blancs, qui votaient jadis démocrate. Même sociologie électorale qu’en France où le FN est le premier parti ouvrier. 

    Trump est vécu par les oligarchies politiques, culturelles, intellectuelles, etc. de tout l’Occident –USA, Europe– comme le Mal, le ”populisme”, l’extrême droite, l’expression du ”petit blanc” inculte, raciste, sexiste, islamophobe. Il a cristallisé sur lui un capital de haine puissant qui s’est manifesté dans les  interventions acharnées de la planète culturelle américaine, Hollywood en tête – sauf Clint Eastwood, pro–Trump et donc maintenant détesté – mais aussi la Silicon Valley. Paranoïaques, des milliers  de ”cultureux”, d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains  (dont Stephen King), de membres du show-biz, envisagent de s’installer au Canada, pour ne pas vivre dans des États–Unis ”trumpisés”, donc fascisés… 

    Le Pape François a déclaré à des journalistes, juste avant l’élection, à destination des catholiques américains que Donald Trump « n’était pas chrétien  », notamment à cause de son programme d’expulsion des millions de clandestins. Comme Hollywood et la bourgeoisie de la Côte Est, le Vatican diabolise le milliardaire populiste.  Mais ces gens là, charitables, humanitaires, protégés dans leurs palais ou leurs résidences sécurisées des quartiers tranquilles, vivent-ils l’angoisse, l’insécurité de ce peuple qui vote mal, incorrectement ?  

    Rejet des politiciens, hostilité de la Silicon Valley

    C’est la première fois depuis 228 ans d’indépendance américaine que le 45e président de la première puissance mondiale vient du monde des affaires sans aucune expérience politique. Ce n’est pas forcément un handicap ! C’est d’ailleurs en partie pour cela  qu’on l’a élu : à cause d’un rejet dégoûté de la classe politique professionnelle, exactement comme en Europe. Et puis, pour faire une bonne politique, il n’est pas nécessaire d’être un politicien professionnel ; des non–politiciens bien entourés, courageux, travailleurs et déterminés peuvent être beaucoup plus performants que les dinosaures ”expérimentés”.

    Hillary Clinton,  arrogante candidate de l’establishment  a subi une gifle magistrale – ainsi que le couple Obama qui l’avait soutenue avec emphase et agressivité pendant sa campagne. L’élite a sous–estimé la détestation populaire à son égard. Hillary Clinton disposait de huit fois plus de moyens que Trump, en financements et en personnel de campagne. Et elle a perdu ! Là encore, tous les pronostics ont été démentis, malgré l’insistance de 95% des  médias sur l’impossibilité du Brexit et de la victoire de Trump.    Hillary Clinton a levé plus de 15 millions de dollars dans la Silicon Valley, Trump 706.000. Il désire à juste titre réguler le numérique, notamment Internet – dont il veut fermer des pans entiers– qui est devenu un réseau anarchique hébergeur d’innombrables sites délinquants ou criminels. Selon les gourous de la Silicon Valley,  qui ont publié une lettre ouverte anti–Trump de 150 personnalités, ce serait un « désastre pour la tech et l’innovation ». Ils s’affolent aussi de l’anti–immigrationnisme de Trump, rappelant que le secteur de la nouvelle économie numérique s’appuie à 40% sur des créateurs étrangers immigrés. Argument spécieux : ce ne sont pas ceux–là, ces cadres étrangers, assez peu nombreux d’ailleurs et très souvent européens, que Trump veut interdire d’accès ou expulser !   

    Trump et la droite française

    Après avoir méprisé Trump et préféré Mme Clinton, l’imposteur et girouette professionnelle Sarkozy, depuis l’élection du milliardaire, se réjouit de « sa victoire contre la pensée unique » et se rêve en un petit Trump français créant la surprise…Il essaie de profiter d’un ”effet Trump” pour battre Juppé qu’il présente – à juste titre d’ailleurs– comme un centriste mou qui avait soutenu Hillary Clinton.

    Marine Le Pen , de son côté, voyant l’élection de Trump comme une préfiguration de la sienne, une preuve supplémentaire d’une dynamique populaire contre les élites mondialiste, comme « la fin d’un monde », a demandé à Ludovic de Danne, son conseiller aux affaires européennes, d’aller transmettre directement ses félicitations au futur président. Pour l’instant, la crédibilité électorale de Marine Le Pen sort renforcée de cet événement sismique. Néanmoins, sur l’immigration illégale, les projets de Marine Le Pen sont nettement moins audacieux que ceux de Trump : elle ne prévoit aucune expulsion massive –pourtant légale– de clandestins. Globalement, son programme est très modéré comparé à celui du nouveau président américain.

    Elle se félicite de sa volonté de rapprochement avec la Russie, de son refus des ingérences belliqueuses au nom de la morale, de sa volonté de stopper les vagues migratoires. Elle voit dans l’effet Trump une parenté avec son slogan « pour le peuple et au nom du peuple ». Pour elle, l’élection de Trump est la preuve que le plafond de verre entretenu par une oligarchie arrogante peut être brisé par la mobilisation et la révolte du peuple. Oui mais….Trump sera-t-il un exemple ? S’il déçoit, cet ”effet Trump” se retournera contre tous ses soutiens en Europe.  

     Trump et les gouvernements européens

    Le gouvernement français et la gauche sont sortis foudroyés par ce ”scénario catastrophe”. Trump donne des « haut-le–cœur » à Hollande. Il faut dire que le président français ne met pas, en proférant cette insulte irresponsable, la diplomatie française en péril face au nouveau dirigeant de la première puissance mondiale, puisqu’il est internationalement discrédité (petit Narcisse vaniteux, incompétent, indécis et ridicule, qui révèle des secrets d’État) et entrera dans les poubelles de l’histoire en mai 2017. Valls, indécrottable démagogue, dit ” comprendre” ceux qui ont voté pour Trump, tout en condamnant ce dernier. Il essaie de se construire un futur électorat. On peut toujours rêver. 

    Élu contre tous les sondages et démentant les rêves éveillés de la quasi totalité des dirigeants européens, le diable (diabolisé, plutôt) Trump, quand il s’installera dans le Bureau ovale, se posera des questions : les gouvernements européens (surtout français, allemands et polonais) auront l’air malin et se mordront les doigts de l’avoir  presque insulté pendant sa campagne, parce qu’ils ne croyaient pas une seconde à son élection. Je serais à la place de Trump, je refuserais par exemple tout contact diplomatique avec la France, toute négociation tant que François Hollande, indigne et irresponsable, ne sera pas remplacé par un autre chef d’État.  

    L’influence de l’élection de Trump sur les populismes européens

    En tout cas, avec l’élection, prétendue impossible de Donald Trump, l’Amérique donne, une fois de plus, le la. Elle montre la voie à suivre aux Européens, elle les décomplexe et les influence comme dans de nombreux autres domaines. Pour le meilleur ou pour le pire. L’élection américaine renforce – et c’est tant mieux– les populismes en Europe et le mouvement de révolte contre les élites méprisantes immigrationnistes et multiculturalistes. Cette élection va conforter la rage des électeurs européens anti-système, quatre mois après le « non » imprévu des Britanniques à l’UE. On a remarqué  les soutiens enthousiastes de Marine Le Pen, Geert Wilders (PVV néerlandais), Beatrix von Storch (AfD allemand), Beppe Grillo (Cinque Stelle italien), Heinz–Christian Strache (FPÖ autrichien) à la victoire de Trump. Cette dernière peut pousser encore plus haut toutes ces formations populistes et briser le plafond de verre du Système.

    Mais attention : en Europe les élections arriveront après l’installation de Trump à la Maison Blanche. Il y aura un gros choc de déception s’il ne tient pas ses promesses, qui amputerait le vote populaire des forces qui le soutiennent en Europe. Comme il existe une fascination imitative pour tout ce qui est américain, le basculement populiste des USA peut se répercuter en Europe. L’élection de Donald Trump  peut avoir un effet de gonflement de l’électorat populiste en Europe mais aussi de recul si Trump renonce à son programme ou échoue. 

    Le Système ne s’avoue que provisoirement vaincu

    Après le Brexit et l’élection de Trump, le Système va tout faire pour neutraliser l’un et l’autre. Mais il faut dire que Trump, par ses outrances de campagne, a fourni les verges pour se faire battre et faire détester son programme. Personne ne le donnait gagnant deux semaines avant l’élection. Il aurait fait un score encore plus fort sans ses gaffes et ses pitreries. D’ailleurs, qu’il ait été élu en dépit de ces dernières en dit long sur l’exaspération populaire envers le Système. Même les électrices blanches de la middle class du Middle West lui ont pardonné ses propos particulièrement vulgaires de dragueur macho et sexiste. Elles ont estimé que ce n’était pas très important par rapport à l’essentiel. 

    Hillary Clinton incarnait le Système dans ce qu’il a de plus caricatural : représentante de la bourgeoisie immigrationniste, de l’impérialisme donneur de leçons, arrogante promotrice des dogmes politiquement corrects (antiracisme, théorie du genre, discrimination positive, antipopulisme, multiculturalisme, hostilité à l’Amérique profonde des ”petits Blancs”) la politicienne a vécu sa défaite comme un camouflet, une injustice, un scandale. À tel point que (comme lors de la qualification de Jean–Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle en 2002) des manifestations de ”démocrates” se succèdent pour signifier que Trump est illégitime et protester contre son élection.  Il faut s’attendre, dès que Trump prendra ses fonctions, à d’énormes pressions des vaincus (électoraux) du Système pour lui faire comprendre qu’ils sont toujours les maîtres et qu’il faut qu’il recule.   

    Chant du cygne des Blancs ?

     L’élection de Trump peut être interprétée comme le chant du cygne des Blancs des classes basses et moyennes qui – comme en Europe de l’Ouest– déclinent numériquement, faute de naissances suffisantes et du fait d’une immigration continue à natalité supérieure. Si les courbes se prolongent, les Blancs, descendants des Européens qui ont créé les États–Unis, seront minoritaires dès le milieu de ce siècle. Cette élection peut malheureusement être une ”réaction” sans suite dans les actes.  Ce serait catastrophique.

    C’est pourquoi, il s’agit peut-être de l’élection de la dernière chance. La responsabilité de Donald Trump est énorme : il lui appartient non seulement d’expulser les millions de clandestins  (que Hillary Clinton aurait évidemment régularisés) mais d’interdire toute immigration, sauf exceptions pour une minorité d’étrangers à haut potentiel scientifique ou technologique.  Le bon sens.

    La seconde partie de ce triptyque Trump : révolution ou simulacre ? s’intitulera Un programme de  choc ; et la troisième partie Risque d’échec ou d’explosion.

    http://www.gfaye.com/trump-revolution-ou-simulacre-1-la-rebellion-du-peuple/