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géopolitique - Page 534

  • Déjà 30.000 attentats au nom de l’islam depuis septembre 2001 !

    Cette guerre est maintenant en voie d’implantation sur le sol français. 

    Pouvait-il en être autrement d’un journal comme Libération(Observatoire des actes islamophobes), qui nous libère essentiellement de notre bonne humeur, pour dresser un tableau des « actes islamophobes en France depuis le 14 juillet » (au moins 20, rendez-vous compte !) sous l’intitulé « Racisme » ? Nous compatissons donc avec les musulmans, et espérons que les catholiques, protestants, bouddhistes ou autres manifesteront la même solidarité à l’égard de la religion musulmane que celle-ci n’en manifesta à leur égard lors des divers massacres commis à Nice ou au Bataclan au nom de cette théologie. Notons, sur ces 20 « actes », une seule agression physique, à laquelle survécut sans trop de problèmes l’infortuné représentant de la communauté musulmane, contrairement aux 32 morts des attentats de Bruxelles (mars 2016), des 130 morts des attentats de Paris (novembre 2015) ou encore des 85 morts de Nice (juillet 2016).

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  • Slobodan Milosevic a été disculpé de toute accusation de crimes de guerre

    L'ancien président yougoslave était accusé de génocide, de crimes contre l'humanité, d'infractions graves aux conventions de Genève et de violations des lois ou coutumes de guerre. Son procès avait été entaché d'irrégularités, de faux témoignages achetés ou obtenus sous la contrainte. C'est dans la page 2590 du verdict rendu en mars 2016 contre son compatriote Radovan Karadzic, que le Tribunal spécial pour la Yougoslavie déclare innocent des accusations de crime de guerre l'ancien président de la Serbie :

    "(...) La fable officielle, tout comme celle qu'on nous a vendue en 2003 sur les Armes de Destruction Massive de l'Irak (...) était une pure invention chargée de justifier une opération de changement de régime forcé que souhaitaient depuis longtemps les factions dominantes occidentales.

    La conclusion du TPIY qu'une des personnalités les plus démonisées des temps modernes était innocente des crimes atroces dont elle avait été accusée aurait dû faire la une et les gros titres de tous les médias dans le monde. Il n'en a rien été. Le TPIY lui-même a bien pris soin d'enfouir la nouvelle aussi profondément que possible dans son verdict de 2.590 pages du procès du leader serbe bosniaque Radovan Karadzic, condamné en mars dernier pour génocide (à Srébrénica), crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

    Pas la moindre annonce officielle ni la plus infime conférence de presse concernant la disculpation de Milosevic. Sans le journaliste et chercheur Andy Wilcoxon qui l'a déterrée pour nous, on n'en aurait rien su (...)

    La vérité, c'est que Milosevic n'a jamais été un nationaliste serbe mais - pendant toute sa vie - un socialiste qui s'est toujours efforcé de maintenir une Yougoslavie multi-raciale, multi-ethnique, stable.

    Son but, tout au long de ses années de pouvoir, n'a jamais été de bâtir une « Grande Serbie » mais d'essayer de maintenir entière et cohérente une Yougoslavie fédérale, ainsi que le reconnaît aujourd'hui, mais un peu tard, le TPIY.

    Non seulement Milosevic n'a rien eu à voir avec le nettoyage ethnique de Bosnie, mais il l'a au contraire condamné. Le jugement du TPIY not e« les critiques et la désapprobation répétées [de Milosevic, NdT] de la politique suivie par l'accusé (Karadzic) et les dirigeants serbes de Bosnie. »(...)

    Quand Milosevic est mort, ses accusateurs ont clamé qu'il « flouait la justice ». Mais, dans la réalité, ainsi que le TPIY lui-même vient de le reconnaître, c'est « la Justice » qui a floué Milosévic.

    Pendant qu'il était occupé à se défendre à La Haye contre des accusations fallacieuses à motivation politique, les USA et leurs alliés déclenchaient leur attaque aussi brutale qu'illégale contre l'Irak, dans une guerre qui devait causer la mort d'un million de gens. L'an dernier, un rapport de Body Count (« Décompte de cadavres ») révélait qu'au moins 1.3 millions de personnes auraient péri, du fait de la « guerre au terrorisme » des USA en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.

    Des chiffres de ce genre nous aident à remettre le Kosovo en perspective. Même si on considérait Milosevic et le gouvernement de l'époque responsables d'une partie des morts survenues dans le pays en 1999 (en combattant dans une guerre que l'Occident avait incontestablement voulue et provoquée) un nombre infiniment plus grand - et de très loin - de morts et de destructions a été le fait des pays qui se sont montrés les plus anxieux de flanquer l'ex-président de Yougoslavie au trou (...)"

    Slobodan Milosevic est mort sans avoir été condamné, dans sa geôle de La Haye le 11 mars 2006...

    Philippe Carhon

  • POUTINE ET ERDOGAN A SAINT-PETERSBOURG ou la revanche de Carl Schmitt

    Vladimir Poutine et Recep Erdogan viennent de confirmer avec éclat le rapprochement de leurs deux pays. Mathieu Slama, explique ici en lisant Carl Schmitt comment ces deux figures autoritaires sont une réponse à la dépolitisation du monde libéral [Figarovox, 9.08]. Qu'on veuille bien lire cet entretien et l'on comprendra pourquoi nous avons écrit le 27 mai dernier, à propos de son premier livre : « Nous prévenons les lecteurs de Lafautearousseau ; ces réflexions sont importantes. Il faudra être attentifs désormais aux publications de Mathieu Slama ! ». Nous confirmons. LFAR 

    Il y a quelque chose de très peu surprenant, finalement, dans le rapprochement à l'œuvre entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Erdogan. A y regarder de plus près, et en mettant de côté la relation historique entre la Turquie et les Etats-Unis, la Turquie d'Erdogan a infiniment plus de points communs avec la Russie de Poutine qu'avec l'Occident. Le rapport au sacré et à la tradition religieuse de leurs pays (orthodoxie pour Poutine, islam pour Erdogan), la dimension verticale (voire autoritaire) de l'exercice du pouvoir, le soutien massif (et visible) d'une population mobilisée: ces éléments rapprochent les deux hommes beaucoup plus qu'ils ne les séparent.

    On le sait, Poutine a engagé depuis plusieurs années un combat quasi-métaphysique contre la vision du monde occidentale libérale et universaliste. Il estime, non sans quelques arguments valables, que cette vision du monde méconnaît voire méprise ce qui constitue le cœur du politique, c'est-à-dire l'existence de communautés particulières inscrites dans des trajectoires historiques qui leur sont propres.

    Il y a dans ce discours, mais aussi plus généralement dans les attitudes de Poutine et Erdogan, des éléments qui font fortement écho aux thèses du grand juriste allemand Carl Schmitt (1888 - 1985), auteur d'un des livres de théorie politique les plus décisifs du XXème siècle, La notion de politique (1932 pour sa dernière version). Précisons, avant de poursuivre, que Schmitt s'est compromis de façon dramatique avec le nazisme, après avoir pourtant défendu la République de Weimar contre Hitler, et ce de façon incontestable au moins jusqu'en 1936.

    Que dit Schmitt ? Que le monde libéral méconnaît ce qui est au cœur de l'existence politique : la distinction ami - ennemi, c'est-à-dire la potentialité d'un conflit qui met en jeu l'existence même d'un peuple et d'une communauté. Pour Schmitt, l'individualisme libéral tel qu'il s'est développé en Occident est une négation de la politique car il introduit une « praxis politique de défiance à l'égard de toutes les puissances politiques et tous les régimes imaginables », « une opposition polémique visant les restrictions de la liberté individuelle par l'Etat ». Schmitt en conclut qu'il n'y a pas de politique libérale, seulement une « critique libérale de la politique ». Le système libéral, poursuit Schmitt, exige « que l'individu demeure terminus a quo et terminus ad quem » ; « toute menace envers la liberté individuelle en principe illimitée, envers la propriété privée et la libre concurrence se nomme violence et est de ce fait un mal ». « Le peuple », dans la conception libérale, « sera d'une part un public avec ses besoins culturels et d'autre part tantôt un ensemble de travailleurs et d'employés, tantôt une masse de consommateurs ». Dans cette perspective, « la souveraineté et la puissance publique deviendront propagande et suggestion des foules », c'est-à-dire qu'elles seront décrédibilisées. Avec le libéralisme démarre ce que Schmitt appelle « l'ère des neutralisations et des dépolitisations ». Il n'est pas non plus inutile de rappeler la première phrase célèbre d'un autre ouvrage de Schmitt,Théologie politique (1922) : « Est souverain celui qui décide de la situation d'exception ». Une conception de la décision politique fort éloignée, il va sans dire, de la conception de l'Etat de droit issue des théories libérales européennes.

    On comprend bien, à la lecture de cette critique très puissante du libéralisme, combien ces thèses résonnent fortement aujourd'hui. Le monde occidental s'est lentement mais sûrement dépolitisé, refusant de se confronter aux décisions fondamentales par peur de remettre en cause les libertés individuelles (il y a certes des raisons très profondes à cela, notamment les traumatismes liés aux expériences totalitaires du XXème siècle). La souveraineté politique, c'est-à-dire la capacité d'un peuple de décider de son destin historique et de s'opposer le cas échéant à d'autres peuples, a disparu pour laisser place à une conception universaliste du monde dans laquelle chaque individu appartient au genre humain avant d'appartenir à des communautés particulières. Mais, prévient Schmitt, « qui dit Humanité veut tromper ». « Le monde politique », ajoute-t-il, « n'est pas un universum mais un pluriversum » ; le cas contraire signifierait la disparition de l'Etat et du politique - et la domination d'une puissance sur toutes les autres. C'est là tout le cœur du problème de l'universalisme : l'Occident se prétend seul juge de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire, selon ses propres critères. Il suffit de constater la manière dont les Occidentaux réagissent à l'attitude d'Erdogan après le putsch raté - et la manière dont ils jugent, avec une constance métronomique, les penchants autoritaires de Poutine.

    Notre propos ici n'est pas de défendre Poutine et Erdogan. Néanmoins, chacun à leur manière (et avec des excès évidents qu'il ne s'agit pas de nier), ils incarnent une vision encore politique de l'histoire humaine. Ils refusent le modèle libéral occidental et assument un certain décisionnisme qui peut entrer en contradiction avec la protection de certaines libertés individuelles. Ils défendent la souveraineté nationale face aux ambitions universalistes occidentales. Erdogan a eu ce mot très symbolique après le putsch raté qui le visait : « La souveraineté appartient à la nation ». Et Poutine avait rappelé il y a quelques années que la souveraineté nationale était une condition de vie ou de mort pour les Russes. Les deux hommes d'Etat construisent une mythologie nationale fondée sur la potentialité du conflit et sur l'irréductibilité des communautés humaines (même si Erdogan, notons-le, retourne habilement contre l'Occident ses propres valeurs démocratiques, comme cette semaine dans un entretien étonnant dans le journalLe Monde).

    Schmitt avait cette formule frappante qu'il empruntait à un poète allemand : «L'ennemi est la figure de notre propre question ». Il n'est pas interdit, en effet, d'apercevoir dans Poutine ou Erdogan deux figures-miroirs qui nous confrontent à un immense et terrible renoncement : celui de la politique. 

    Mathieu Slama

    Essayiste
    Né en 1986, Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias, notamment dans le FigaroVox sur les questions de politique internationale. Un des premiers en France à avoir décrypté la propagande de l'Etat islamique, il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Son premier livre, La guerre des mondes, réflexion sur la croisade de Poutine contre l'Ocident vient de sortir aux éditions de Fallois.
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  • Attaques et pilonnages ukrainiens en Crimée: 2 soldats russes tués – Vladimir Poutine réagit

    « La Russie a subi des pertes, deux militaires ont été tués. Nous n’allons pas rester de marbre face à cette action », a prévenu le président Poutine qui annule le G20 sur la paix en Ukraine suite à cette attaque. Dans la nuit de dimanche à lundi, des unités spéciales du ministère ukrainien de la Défense ont tenté une percée en Crimée qui a avorté, alors qu’un important pilonnage à partir du territoire ukrainien soutenait l’attaque qui a causé la mort de deux militaires russes.

    Selon Vladimir Poutine cette attaque « dangereuse » n’est qu’un acte de diversion de la part du pouvoir ukrainien pour détourner l’attention des citoyens de la situation économique catastrophique dans laquelle il les a plongé.

    « Ce sont des informations très inquiétantes. C’est vrai, nos services spéciaux ont déjoué l’infiltration d’un groupe de saboteurs du ministère ukrainien de la Défense sur le territoire de la Crimée. Et bien sûr, une rencontre au format Normandie dans cette ambiance, surtout en Chine, est dénuée de tout sens »,  « Selon toute apparence, ceux qui ont pris le pouvoir à Kiev et le détiennent toujours, continuent de semer la terreur au lieu de chercher des compromis et une solution pacifique ». « Il s’agit d’un acte stupide et criminel: stupide car il est impossible d’influencer les Criméens de cette façon et criminel puisque des gens auraient pu périr — ce qui est de fait advenu. » « Pourtant, la situation est plus inquiétante qu’on ne le croit, parce qu’il n’y a aucun autre sens dans l’attaque que de distraire l’attention du public ukrainien de son économie en crise, de multiples citoyens étant en situation précaire, a-t-il poursuivi.

    Quant aux alliés occidentaux de l’Ukraine, ils doivent définir leur position et décider s’ils souhaitent un règlement pacifique ou bien faire de nouvelles provocations. Dans le premier cas, l’Occident doit faire pression en conséquence sur l’État ukrainien.

    « Grâce aux mesures prises sur le territoire criméen, un réseau du Bureau général de renseignement du ministère de la Défense des forces armées ukrainiennes a été éliminé », a annoncé pour sa part le FSB (service Fédéral de Sécurité russe). Ce réseau mis en œuvre par le ministère ukrainien de la Défense, était impliqué dans des préparatifs d’attentats, à cet effet des ressortissants d’Ukraine et de Russie, ont été interpellés. 

    Le FSB russe précise que« des infrastructures vitales pour la péninsule » étaient visées, dont l’objectif est de « déstabiliser le climat sociopolitique ».

    Dans la nuit du 7 au 8 août, les réseaux sociaux régionaux étaient déjà en ébullition, diffusant des informations parcellaires sur une attaque subie par un poste militaire russe frontalier au Nord de la Crimée. Le 8 août au matin une première information structurée apparaissait sur la toile à ce sujet, mais ce n’est que le lendemain que le FSB dénonçait les attaques, et aujourd’hui, 10 août, alors que les coupables ont été arrêtés, le président Poutine est intervenu officiellement pour dénoncer un réseau d’attentats organisé par le gouvernement ukrainien visant la Crimée, dont le bilan est de deux morts parmi les militaires russes.

    L‘État islamique est-il impliqué ?

    Il y a quelques jours Le vice-premier ministre de Crimée, Rousslan Baalbek, avait affirmé à l’occasion de la visite de la délégation française en Crimée« Nous disposons d’informations fiables concernant des camps d’entraînement situés dans l’Oblast de Kherson où le groupe terroriste de l’Etat islamique forme ses combattants. Nous sommes très préoccupés par le fait que nos homologues ukrainiens ferment les yeux sur leur activité illicite et leur permettent de former des structures parallèles au sein de l’Ukraine en échange d’actions antirusses« .

    Le Président Poutine n’a fait aucun lien pour le moment entre ces camps d’entrainement de l’État islamique en Ukraine qui seraient destinés à des « actions antirusses« , et cet attentat du 8 août contre la souveraineté de la Russie en Crimée.  Il n’est pas exclu qu’il y en ait un cependant puisque la police russe précise que des dispositifs de sécurité spéciaux sont disposés dans les lieux publics et de loisirs, les infrastructures critiques et de subsistance, ainsi que les pouvoirs le font généralement face à la menace islamiste. Cela au moment où l’aviation russe est particulièrement active en Syrie contre ses infrastructures. Les suites de l’enquête le révéleront.

    Le groupe de saboteurs a été appréhendé dans les parages de la ville d’Armiansk. L’un des organisateurs des attentats déjoués est Evgueni Panov, employé du Bureau général de renseignement du ministère ukrainien de la Défense, qui est actuellement interrogé par la police russe.

    La sécurité à été renforcée sur tout le territoire de Crimée et notamment à la frontière ukrainienne. Les accès à la péninsule sont fermés.

    Réactions en Ukraine

    L’Ukraine dément avoir mené quelque action que ce soit sur le territoire de la Crimée. Les forces de sécurité ukrainiennes (SBU) expliquaient mercredi : « L’Ukraine n’a aucunement l’ambition de récupérer par la force les territoires qui lui ont été pris. » La Crimée a demandé son rattachement à la Russie suite à un référendum en 2014.

    Selon le Monde, « le député Anton Gerachtchenko, par ailleurs fonctionnaire du ministère de l’intérieur [ukrainien ndlr], a donné sa propre explication de la fermeture des accès à la péninsule. Selon M. Gerachtchenko, connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce, les forces russes chercheraient à empêcher la fuite de déserteurs désireux de rejoindre l’Ukraine. Ce sont ces déserteurs qui auraient provoqué des échanges de tirs avec des soldats russes. »

    Si la version de ce fonctionnaire du ministère de l’Intérieur ukrainien est effectivement très fantaisiste, elle a au moins l’avantage de reconnaître qu’il y a eu un problème grave à la frontière criméo-ukrainienne.

    « Si Kiev accuse régulièrement – et sans preuve – la Russie de chercher à« déstabiliser » la situation en Ukraine par des actes terroristes, ces accusations sont inédites venant de Moscou. De même, la tension qui règne autour de la Crimée est une donnée nouvelle », poursuit le journal qui ajoute que « Cette activité militaire et la fermeture inexpliquée des points de passage ont alimenté les craintes de la partie ukrainienne de voir un embrasement dans le sud de son territoire. »

    Ces « craintes » du pouvoir ukrainien pourraient en réalité, en plus de distraire les Ukrainiens de leur crise économique, cacher une volonté de rompre les pourparlers de paix dans le Donbass alors que Porochenko continue de faire pilonner régulièrement les républiques de Donetsk et de Lougansk, en dépit des accords de Minsk et tandis qu’il refuse de mettre en application ses propres engagements. Cette attaque ainsi que la présence d’un camp del’Etat islamique en Ukraine ne peuvent que susciter des inquiétudes pour la paix en Europe, déjà fort compromise, alors que les mouvements islamistes servent les intérêts inavoués des USA qui chapeautent l’Ukraine depuis le coup d’Etat du Maïdan. Les guerres sous faux drapeau pourraient bien encore s’étendre et risquent même de se transformer en conflit généralisé.

    emiliedefresne@medias-presse.info

    http://www.medias-presse.info/attaques-et-pilonnages-ukrainiens-en-crimee-2-soldats-russes-tues-vladimir-poutine-reagit/59483

  • En Turquie, le coup d'État et le contre coup

    Voici trois semaines qu'une tentative de coup d'État militaire a permis, par son échec, au président turc Erdogan de renforcer considérablement son emprise sur le pays. On croit savoir d'ailleurs que, s'il n'a probablement pas eu connaissance du projet de putsch suffisamment tôt pour l'empêcher, il en avait été averti, deux ou trois jours à l'avance par son homologue russe.

    Plus de 200 morts ont payé cette tentative de leur vie, des milliers d'innocents sont en train de payer la victoire présidentielle de leur liberté ou de leur carrière. Un arbitraire total préside à ce contrecoup.

    Cette démarche imprévue induit une manière de retournement total des alliances dans la région : en novembre 2015 Ankara et Moscou, ennemis héréditaires, semblaient au bord de la guerre ; mais moins d'un an plus tard ils convergent dans une même dénonciation, bien artificielle pourtant, des États-Unis et de l'Union européenne.

    Au moins la situation dramatique faite à la partie pacifique de la population et de l'opinion turques, celle qui n'est ni putschiste laïque, ni contre-putschiste islamique, aura-t-elle ainsi pour l'Europe une conséquence bénéfique. Elle aura ouvert les yeux, sinon à nos dirigeants d'États dont les paupières demeurent, pour la plupart d'entre eux, très lourdes, du moins à de nouveaux segments de l'opinion.

    "Je crois que la Turquie, dans l'état où elle se trouve, n'est pas en situation de pouvoir adhérer sous peu ni d'ailleurs sur une plus longue période". Ce jugement va se révéler fugace. Il a pourtant été clairement formulé, sur France 2 dès le 15 juillet par Jean-Claude Juncker. A noter que le président de la Commission européenne semblait s'opposer, ce jour-là, par cette déclaration à la diplomatie des États et à celle des marchands d'armes.

    L'intéressante précision qu'il apportait nous donne d'ailleurs la mesure du fossé : "Si la Turquie demain matin devait réintroduire la peine de mort, nous arrêterions immédiatement les négociations parce qu'un pays qui dispose dans son arsenal législatif de la peine de mort n'a pas sa place au sein de l'Union européenne"

    La loi abolissant le châtiment suprême dans le code pénal turc fut votée en 2002 et appliquée depuis 2004. Il s'agissait alors de se conformer aux principes européens, ou plutôt de faire semblant.

    Aujourd'hui Erdogan laisse entendre qu'il va faire machine arrière.

    Jusqu'à quand laissera-t-on cette fiction fonctionner imposant, en fait, à l'Union européenne de faire comme si un jour Ankara, au cœur de l'asiatique Anatolie, allait devenir la capitale d'un État-Membre alors même que l'insulaire Grande Bretagne, que pourtant tout rattache culturellement à notre continent s'en éloigne.

    Depuis 1945, et le ralliement de l'État turc aux formes de la démocratie, l'Histoire des coups d'État militaires dans ce pays ne manque d'ailleurs ni de pittoresque couleur locale, ni de violence, ni de mystères.

    Le plus ancien d'entre ces putsch, du temps de la guerre froide, remonte à 1960. Or, on a dû attendre un demi-siècle pour en comprendre les vrais ressorts, sachant, par exemple que le premier ministre renversé à l'époque, Adnan Menderes, allait être condamné à mort et exécuté sans avoir commis aucun crime. En Turquie comme ailleurs les morts ne parlent pas.

    On doit se représenter aussi que les militaires turcs, supposés "kemalistes", et largement laïcs, se considèrent comme "de gauche". C'est un milieu où on aime beaucoup le grand-orient de France. N'est-ce pas le 14 juillet 1889, que s'est constitué sur le modèle des loges maçonniques, le mouvement plus connu sous le nom de Jeunes-Turcs ?

    Ils sont toujours intervenus, et c'est certainement encore le cas dans la tentative ratée de juillet 2016, en se positionnant "contre la réaction". Depuis les deux révolutions jeunes-turques de 1908 et 1909 c'est l'obsession séculaire que l'on retrouve chez Mustafa Kemal, chez le général Evren en 1980, comme dans les obscures intrigues recouvertes des étiquettes Ergenekon en 2007 ou Balyoz en 2010. La "réaction" c'est évidemment à la fois la nostalgie ottomane et la religion mahométane, et tout ce qui peut tirer le pays vers l'obscurantisme proche-oriental.

    Les documents internes qui ont pu être publiés ces dernières années sur les complots antérieurs ne laissent aucun doute à ce sujet.

    Sur la récente tentative, aucun élément probant n'a encore été diffusé. Et il restera de toute évidence beaucoup de zones à explorer sur cette récente séquence où, apparemment, l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Öztürk est soupçonné d'avoir cherché à sauver la démocratie et la liberté. Les photos de cet officier montrant son visage tuméfié expliquent peut-être qu'il aurait fini par avouer le récit accusatoire officiel où demeurent failles et invraisemblances. On doit retenir que 45 % des officiers généraux de l'armée turque ont été écartés comme contre coup : les listes de proscription étaient prêtes et elles ont abouti à affaiblir et transformer radicalement la deuxième armée de l'OTAN.

    L'autre accusation qui désigne comme inspirateur Fethullah Gülen, fondateur du mouvement Hizmet, semble, elle, à ce jour, absolument dénuée de fondement. Réfugié aux États-Unis depuis 1999, sa désignation, sans aucune preuve, par Erdogan en personne comme chef du complot, ne relève pas seulement de la paranoïa de l'accusateur. “Ceux qui continuent de prêter oreille aux délires du charlatan en Pennsylvanie acceptent à l’avance ce qui leur arrivera” a déclaré Erdogan le 3 août tout en étant obligé de reconnaître que "malgré tout, j'ai le regret de ne pas avoir pu dévoiler leur vrai visage."

    Cette obstination, digne des procès staliniens des années 1930, permet d'amorcer ou d'annoncer un retournement contre l'occident et contre l'alliance atlantique, ce qui plairait bien à Vladimir Poutine. Celui-ci n'est probablement pas assez naïf pour s'y laisser prendre. Contre quel adversaire sa base de Crimée est-elle dirigée ? À quelle puissance Catherine II l'avait-elle arrachée ?

    L'insistance des relais indirects, dans les médias occidentaux, à reprendre les éléments de langage qui leur sont servis, à employer pour désigner Gülen, des mots tels que "imam", "terroriste", etc. prouve que le conditionnement marche bien.

    Méfions-nous cependant des analyses préfabriquées prévoyant une orientation qui se voudrait désormais "eurasiatique" de la politique et de l'armée turques. Cette dimension a toujours existé, la nation turque étant par excellence issue de l'Asie centrale et cousinant avec les anciennes républiques musulmanes de l'Union soviétique. Si l'on veut bien y réfléchir cependant on remarquera que l'action d'Ankara dans cette région entre en concurrence directe avec l'influence de Moscou. La Russie parle volontiers d'union eurasiatique comme d'une alternative géopolitique à l'union européenne. Mais ses partenaires fantasmés dans cet espace, la Chine comme la Turquie, sont essentiellement, séculairement, ses rivales, sinon ses ennemies. On ne doit pas confondre des convergences momentanées avec des perspectives d'alliance durable. De plus les États turcophones eux-mêmes s'opposent assez clairement aux pressions politiques du grand frère ottoman. Ainsi le Kirghizistan vient-il de répondre par la négative aux demandes de poursuites contre les écoles du mouvement de Gülen.

    Héritier d'une vieille et habile diplomatie, l'État turc sait généralement très bien déplacer ses pions sur l'échiquier international et tromper ses adversaires.

    En 20 jours d'intervalle et en dépit de son aveu du 15 juillet cité plus haut, Jean-Claude Juncker a ainsi déclaré, sans rougir, le 5 août sur la chaîne allemande ARD, que "fermer les portes de l’Union européenne à la Turquie serait une grave erreur de politique extérieure."

    Avec des interlocuteurs d'une telle nature, la Turquie d'Erdogan n'a pas grand-chose à craindre.

    JG Malliarakis

    150704"La Faucille et le Croissant"
    Islamisme et Bolchevisme au congrès de Bakou

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  • Hillary Clinton : une femme sous influence

    Gérard Pince

    On connaît les manquements d’Hillary Clinton dans ses anciennes fonctions de secrétaire d’État. L’affaire des e-mails a entraîné une enquête du FBI et son directeur a souligné qu’elle avait fait preuve d’une grande négligence. En revanche, les médias français occultent le rôle joué auprès d’Hillary par une sulfureuse jeune femme. C’est dommage car son histoire ressemble à un roman d’espionnage !

    D’origine indienne et de religion musulmane, Huma Abeidin est née aux États-Unis. À l’âge de deux ans, elle part avec ses parents en Arabie saoudite où elle suit sa scolarité. Elle revient aux USA pour ses études universitaires et devient stagiaire à la maison blanche au service d’Hillary sous la présidence de Bill Clinton. Depuis lors, les deux femmes ne se quittent plus. Huma occupe le poste de chef de cabinet d’Hillary lors de son passage au secrétariat d’État et assure à présent la vice-présidence de la campagne présidentielle. Depuis sa commotion cérébrale de 2012, Hillary sombre parfois dans la confusion mentale et doit s’appuyer sur Huma qu’elle considère comme sa seconde fille. En réalité, les mauvaises langues évoquent une relation encore plus intime !

    Cette belle histoire se corse lorsqu’on sait que la famille Abeidin a exercé d’importantes fonctions dans les organes de la propagande fondamentaliste en Arabie saoudite. Certes, Huma n’est pas responsable des agissements de ses parents mais il se trouve qu’elle a aussi collaboré à des médias radicaux dans sa jeunesse. De là à penser qu’elle est infiltrée par le régime saoudien, il n’y a qu’un pas que des parlementaires américains ont franchi en étant aussitôt accusés de tenir des propos nauséabonds ! Ces soupçons se renforcent pourtant au vu du financement saoudien (entre 10 et 25 millions de dollars) de la fondation de Bill et Hillary Clinton

    Dans ces domaines, il n’existe jamais de preuves et il faut se contenter de présomptions en appliquant le principe de précaution. Le régime saoudien qui soutient le fanatisme musulman attise les tensions entre la Russie et les États-Unis afin d’assurer la domination mondiale de l’Islam sur les ruines de la chrétienté. Confier la maison blanche à une personne qui subit une telle influence représente donc un risque majeur pour l’Occident.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Accord russo-américain en Syrie : vers la victoire finale de Moscou et de Téhéran ?

    De guerre lasse, les Américains ont accepté un accord avec Moscou. Pour Fabrice Balanche, celui-ci pourrait affaiblir les « rebelles » islamistes, notamment le Front al-Nosra, et donner un avantage décisif au régime de Bachar al-Assad et à ses alliés.

    L’été 2016 sera peut-être celui du dénouement en Syrie, non pas de la fin des combats car le conflit possède sa dynamique propre, mais de la victoire de la Russie et de l’Iran. L’accord de coopération militaire en Syrie contre les groupes djihadistes, que le gouvernement américain a conclu avec Vladimir Poutine fin juillet, est le résultat des désillusions américaines à l’égard d’une crise qui n’en finit pas, du succès de la stratégie russe en Syrie et du besoin de dégager le terrain pour Hilary Clinton. En effet, une attaque djihadiste majeure aux Etats Unis, avant l’élection présidentielle du 6 novembre prochain, risquerait de faire basculer les électeurs vers Donald Trump. L’opinion publique américaine considère que le principal danger, ce sont les groupes djihadistes et non le régime de Bachar al-Assad. Par conséquent, l’objectif du gouvernement américain devrait être de combattre fermement et sans ambiguïté al-Qaïda et l’Etat Islamique. Il semble que cela soit également l’avis de Barack Obama au grand désespoir des partisans du « regime change ».

    L’accord américano-russe prévoit une coopération dans la lutte contre le Front al-Nosra. Le groupe terroriste a officiellement rompu ses liens avec al-Qaïda le 28 juillet dernier. Mais ce divorce à l’amiable est une manœuvre un peu grossière pour espérer éviter les frappes américaines. Washington a d’ailleurs déclaré que cela ne changerait rien à sa résolution d’éliminer le Front al-Nosra devenu désormais Fatah el-Sham (La conquête du Levant). Les discussions sur cet accord ont débuté au mois de mai. Les détails demeurent encore secrets, mais John Kerry s’est engagé à les dévoiler dans le courant du mois d’août. Sans doute les négociations sont-elles toujours en cours à propos des groupes et sur la délimitation des zones qui seront frappées par la nouvelle coalition. D’après les informations publiées par le Washington Post, un Etat-major commun doit être créé en Jordanie. En échange du soutien américain contre le groupe leader de la rébellion syrienne, les Russes se sont engagés à ne pas attaquer les « rebelles modérés » soutenus par les Etats-Unis. L’armée syrienne et les milices chiites étrangères sont en principe elles aussi tenues par cet accord.[....]

    La suite sur Le Figaro.vox

  • Donald Trump : « L’américanisme et non le globalisme, sera notre credo »

    Ce fut "sa" convention. Non pas celle du concurrent lambda ayant accumulé au cours de quatre mois de primaires suffisamment de délégués pour revendiquer le titre de champion du parti. Scénario classique dans lequel Donald Trump ne put, et surtout, ne voulut pas entrer. Sa convention, celle qu'il a façonnée, celle qui eut son visage, celle qui s'est déroulée l'autre semaine durant quatre jours à Cleveland dans l'Ohio était d'une autre nature, d'une autre trempe. D'ordinaire, une convention poursuit trois objectifs : réconcilier les ex-adversaires en gommant les fractures politiques ; rassembler les diverses tendances autour d'un programme de gouvernement ; confier au plus représentatif le soin de conquérir la Maison- Blanche. Trois opérations qui aboutissent au couronnement d'un candidat officiel : moment solennel où le personnage et le parti ne font qu'un. Le premier apparaît comme un exécutant, le second comme un creuset. On parle d'unité, d'harmonie - de symbiose. Alchimie qui donna parfois de bons résultats. Exemples : Richard Nixon en 1968, Ronald Reagan en 1980. Rien de tel ne se passa à la convention républicaine de Cleveland. Convention atypique et, dans une certaine mesure, révolutionnaire. En apparence, Trump y a été propulsé par une organisation partisane afin de s'opposer en novembre à la démocrate Hillary Clinton. En fait, Trump s'est servi de cette organisation comme d'un vulgaire tremplin afin de bondir vers le sommet. Pour le parti, le New-Yorkais était une nécessité structurelle, mais pour le New-Yorkais, le parti n'était qu'une occasion à saisir. Aux yeux dû parti, Trump est un combattant rétif mais indispensable. Aux yeux de Trump, le parti est une coquille vide mais utile. Deux perspectives aux antipodes l'une de l'autre. Deux ambitions qui n'eurent d'autre lien que le forum étincelant de Cleveland dont l'extravagance fut applaudie sur place par dix mille militants et suivie en direct par 50 mil-lions de téléspectateurs. Le parti y officia avec candeur ; Trump y régna avec cynisme. Ce tut "sa" convention, il ne l'avait pas volée, avec ses 38 victoires dans les primaires, ses seize concurrents au tapis, ses 14 millions de voix glanées à travers tout le pays. Des succès en rafale pour un podium en or. Un micro, une batterie de caméras, une couronne de projecteurs pour un reality TV show : Trump baignait dans son élément. Il fut l'inégalable metteur en scène d'une extraordinaire équivoque. Il fut l'habile magicien d'un spectacle d'ombres chinoises : les clairs-obscurs masquaient et dévoilaient tour à tour les illusions et le réel. On s'y trompa.

    Caisse de résonance

    Pourtant, les desseins de Trump semblaient nets : être non pas le candidat républicain, mais un populiste présidentiable. Nuance qui signifiait pour le milliardaire une chose - une seule, mais capitale. L'immense caisse de résonance de Cleveland servirait à montrer aux Américains qu'il était le seul à pouvoir, non seulement gérer les affaires courantes de la plus grande puissance mondiale, mais également, en ces temps troublés, relever n'importe lequel des défis que des ennemis extérieurs - et surtout intérieurs - lui lanceraient. Autrement dit, chef de gouvernement en deçà des frontières : garant de « la loi et l'ordre » ; commandant-en-chef au-delà : gardien de « l'Amérique d'abord ». Paul Manafort, stratège de Trump, eut ce mot : « Le jour où l'on sentira que Donald est perçu par un maximum d'Américains comme quelqu'un capable de les diriger, l'élection de novembre ne sera plus qu'une formalité. » Propos d'une terrible lucidité. Ils écartent comme une incongruité toute idée d'unité. Et chassent du même coup comme obsolète tout souci de loyauté. Dans ce schéma, qui annonce à la fois la rage et la solitude d'un coureur de fond, que viendrait faire l'unité d'un parti ? Il s'agit du corps à corps d'un homme et d'un peuple. Sans intermédiaire : du direct, du physique. Et quelle place reviendrait au concept .de loyauté à l'égard d'un parti ? Il ne s'agit pas de morale mais de pragmatisme : est vrai ce qui réussit. Là aussi,sans intermédiaire,et surtout pas celui d'un contrat au sens strict du terme. Trump est seul. Seul en face d'un pays. La convention lui a servi à articuler les éléments de sa propre logique. Raison pour laquelle les média aux ordres se sont égarés en se réjouissant de la "rupture", de l’"incohérence" et du "chaos" de Cleveland. Évocation d'images décalées appartenant à une autre logique, à un autre monde. Celui des notables du parti qui n'ont rien voulu comprendre, celui des élites qui n'ont rien voulu sentir et celui des décideurs qui n'ont rien pu décider. Ce fut, à l'inverse, l'univers de Trump. La rupture a été la sienne. L'incohérence et le chaos ont été les siens. Ils eurent leur rôle. Ils intégrèrent le script avec, eux aussi, leur part d'équivoque.

    Trump ne fit rien pour l'estomper. D'où cette remarque cinglante qu'il destina aux vrais et aux faux naïfs : « Je gagnerai avec ou sans le soutien actif du parti républicain. Que cela lui plaise ou non. Si c'est avec lui, tant mieux ; si c'est sans lui, tant pis. » Exaspération d'un franc-tireur souffrant d'injustice depuis trop longtemps. Pour lui, l'essentiel était ailleurs que dans ce débat postiche et dérisoire. Il était dans l'interminable défilé de professionnels - du simple ouvrier au patron millionnaire en passant par des sportifs et quelques pasteurs - dont beaucoup de femmes et de Noirs, sans oublier un saupoudrage d'Hispaniques et d'Asiatiques qui, durant quatre jours, sont venus sur la scène de la convention parler d'un autre Trump, décrire un autre Trump, raconter un autre Trump que celui qui traîne dans les journaux et les lucarnes. Un Trump qu'ils ont connu, apprécié, estimé au cours de leur vie. Parfois pendant quelques jours. Parfois durant des semaines ou des mois. Parfois tout au long d'années entières. Ils ont rencontré Trump sur des chantiers, dans des bureaux, des salles de conférence. Leurs existences se sont croisées et ils ont gardé de ce hasard un souvenir ému. Ils l'ont confié avec des mots simples, des images touchantes, des souvenirs modestes, naturels, très loin de la caricature d'un milliardaire odieux, sexiste et raciste, très loin du crayonnage incendiaire du magnat de l'immobilier que la presse au collier se plaît à répandre depuis des mois, très loin de l'intoxication siono-globaliste, dont l'acharnement destiné à détruire le septuagénaire iconoclaste restera dans l'histoire comme l’une des caractéristiques de cette élection. Mots directs et témoignages percutants : Trump n'est pas ce que beaucoup croient. Il peut être ouvert, chaleureux, encourageant, généreux. Il peut gouverner l'Amérique parce qu'il a su lui parier, parce qu'il a voulu la comprendre. Et il doit gouverner l'Amérique parce qu'il a senti ses problèmes, parce qu'il a touché ses plaies. Interminable défilé de l'Amérique du travail, de l'Amérique qui crée, de l'Amérique des femmes et dé celle des Noirs : le réactionnaire à la crinière blonde qui a l'air de ne s'adresser qu'aux Blancs s'est offert à Cleveland un tour d'horizon général. Histoire de se débarrasser une bonne fois pour toutes des oripeaux dont on l'a affublés. Histoire de montrer que son dynamisme ratisse large. Et de prouver aux sceptiques - calcul d'un commercial de haut vol - que l'essayer, c'est l'adopter.

    "Il n’abandonne jamais"

    Par profusion, sous les feux de la rampe, ces démonstrations d'estime et même d'affection constituèrent l'un des points forts du forum. Il y en eut bien d'autres. Lorsque Trump choisit Mike Pence, 57 ans, gouverneur de l’lndiana, comme candidat à la vice-présidence - un descendant d'Irlandais catholiques devenu évangéliste pro-vie et pro-mariage, au cœur du mouvement conservateur -, il montra qu'il était enfin capable de maîtriser ses tendances impulsives et d'écouter quelques conseils de prudence. Par sa pondération, son expérience, son aura, Pence apportera au New-Yorkais ce qu'il n'a pas : de vrais alliés dans le monde politique et du doigté dans les affaires publiques. Lorsque l'on comprit, dès le premier jour de la convention, que la fronde des délégués hostiles à Trump ne pourrait plus, comme ils l'avaient souhaité, invalider les résultats des primaires afin de les remplacer par un nouveau vote, ce fut parmi les cinquante délégations une explosion de joie et un autre point fort de la convention : cette sourde menace qui planait sur elle depuis des semaines aurait pu provoquer son implosion et compromettre tout le dispositif du milliardaire. On serait alors resté dans l'ignorance de l'un de ses meilleurs atouts personnels - sa famille : une femme, trois garçons et deux filles - qui, en cinq interventions (Barron, 11 ans, fut le seul à rester dans l'ombre) se transforma également en point fort à Cleveland. Retenons les deux plus saillantes. D'abord son épouse, Melania, 46 ans, originaire de Slovaquie : « Si vous cherchez quelqu'un qui se bat pour vous et pour votre pays, a-t-elle glissé, alors vous l'avez trouvé : c'est Donald Trump. Il n'abandonnera jamais. Il ne vous laissera jamais tomber. » Ensuite son fils, Donald junior, 39 ans, lui-même père de cinq enfants de 9 à 2 ans : « Mon père a passé toute sa vie avec des gens du peuple au milieu de travailleurs, a-t-il confié. Le plus impressionnant chez lui comme leader, est qu'il devine très vite le potentiel de chaque individu avant même que l'intéressé ne s'en doute. » Appelant son père son "mentor" et son « meilleur ami », il ajouta : « Et plus quelque chose paraît impossible, plus il a envie de le faire. » Par leur spontanéité, leur chaleur, les deux témoignages ont marqué l'assistance. Mais il a fallu que les malfaisants ternissent celui de Melania en l'accusant de plagiat : 60 mots, soit 7 % de son message, ressemblaient au texte de Michelle Obama à la convention démocrate de 2008. On cria aussitôt au scandale et, durant vingt-quatre heures, les média ne vibrèrent que pour l'anecdote, Trump calma d'un mot l'effervescence qui aurait sans doute dégénéré en opération de sabotage : il pardonna sa maladresse à la démissionnaire qui avait aidé à écrire les 150 lignes de son épouse. « Les erreurs font aussi partie de l’expérience », lui lâcha-t-il. Mansuétude : une qualité qu'on ne lui connaissait pas.

    Un réquisitoire et un avertissement

    À l'inverse, on le connaît ardent, fougueux, décharné. Qualités ou défauts ? À Cleveland, des qualités. Trump les a mises au service des ultimes instants de la convention : son discours - l'apothéose d'un fonceur - qui fut long, implacable, dévastateur. Un bulldozer. Écrit par un professionnel de la politique, lu par un damné du spectacle : mélange détonnant. On sentait que les phrases n'étaient pas du New-Yorkais (question de rythme, de respiration) mais, en revanche, les silences, les rictus, la gestuelle sortaient bien de ses tripes. De l'authentique à plein volume sous 100000 ballons rouges et bleus : un grand moment. Dans ce discours, deux volets : un réquisitoire et un avertissement. Le réquisitoire a descendu en flammes les huit ans qu'Obama a passés à la Maison-Blanche. L'avertissement fut pour Hillary Clinton. Avec pour elle, en filigrane, quatre questions. Comment comptez-vous assumer l'héritage présidentiel ? Comment ferez-vous du démocrate neuf avec du vieux subversif ? Comment échapperez-vous à votre étiquette d'incompétence ? Comment évacuerez-vous les scandales qui vous collent à la peau ? Quatre questions qui définissent les grands axes de la prochaine offensive de Trump contre sa rivale. Nous sommes en effet avertis : le duel sera sans merci. Mais Trump associe Hillary à Obama pour faire coup double : si elle était élue, on assisterait à un troisième mandat de l’Américano-Kenyan. De lui, il ne reste rien car tout a augmenté : les homicides, la violence, l'insécurité, la pauvreté, le chômage, les délocalisations d'usines, l'absentéisme scolaire, les dettes familiales, la dette nationale, les risques nucléaires, la menace terroriste, le nombre d'illégaux et le flot des réfugiés. Sombre tableau. À qui la faute ? « Je ferai l’Amérique plus sûre, plus grande, plus forte que jamais », clame Trump avant de se pencher vers la classe moyenne blanche, son vivier électoral, pour confier à cette victime expiatoire de tous les démagogues, à cette grande muette face à tous les périls qu'il est désormais « sa voix ». La salle croule, les gradins explosent. À nous deux, Hillary ! « Elle a été secrétaire d'État de 2009 à 2013 », commence Trump. « En 2009, l'Iran était sanctionné, la Libye coopérante, l'Egypte paisible, l'Irak hors du chaos et la Syrie sous contrôle. Personne ne parlait de l'État Islamique. » Trump enfle son propos et martèle ses mots : « Quatre ans après, l'Iran prépare sa bombe, la Libye est en ruines, l'Egypte sous la botte, l'Irak écartelée et la Syrie en miettes. Quant à l'État Islamique, il semble être partout. Voilà le legs laissé par Hillary Clinton. Destructions et terrorisme. L'américanisme, et non le globalisme, sera notre credo. » Trump évoque deux des scandales signés Hillary : Benghazi (quatre Américains massacrés dans leur consulat en 2012 par son étourderie) et les courriels (une centaine de messages secrets livrés aux espions en 2015 par sa négligence) - avant de lancer "sa" bombe, une dernière avant l'extinction des feux de la convention. « Hillary se trouve au cœur du système. Elle lui obéit parce qu'elle en reçoit des millions de dollars. Il faut en sortir, remplacer le système. Je le ferai. Je suis le seul à pouvoir le faire. C'est pour cette raison que j'ai sauté dans l’arène politique - pour ceux qui sont sans défense, pour les sans-voix. » Et voilà Trump aujourd'hui : le champion de l'Amerexit.

    Paul Sigaud Rivarol du 28 juillet au 31 août 2016

  • Invasion de l'Irak : le rapport qui accable Blair, suiveur aveugle de Bush

    Après sept années d'enquête, la commission Chilcot a rendu ce mercredi 6 juillet ses conclusions sur la participation du Royaume-Uni à l'invasion de l'Irak en 2003 auprès des Etats-Unis de George W. Bush. Et il est peu de dire qu'elles sont accablantes pour le Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair…
    La guerre n'était pas la seule issueCommandé en 2009, ses conclusions devaient être initialement rendues un an plus tard. Mais l'audition de près de 120 témoins et la déclassification de documents secrets ont à maintes reprises reporté la publication du rapport Chilcot, du nom de son président. Le fruit d'une large investigation sur les conditions de la participation du Royaume-Uni à l'invasion en 2003 de l'Irak auprès des Etats-Unis, qui dresse notamment un portrait au vitriol de Tony Blair. Le Premier ministre britannique de l'époque y est accusé d'avoir précipité par simple suivisme son pays dans une guerre qui a coûté la vie à 179 soldats du royaume et à des milliers d'Irakiens.
    Le 20 mars 2003, la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis envahit l'Irak de Sadam Hussein. Parmi les belligérants occidentaux se trouvent l'Australie, la Pologne, la Corée du Sud et le Royaume-Uni. Tous suivent Washington sur la foi d'un mensonge établi depuis, selon lequel le régime de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive. La France de Jacques Chirac, elle, par la voix de Dominique de Villepin, a refusé de s'engager. Et John Chicot, le président de la commission qui porte son nom, lui donne à nouveau raison :
    "En 2003, il n'y avait pas de menace imminente de Saddam Hussein. La stratégie de confinement pouvait continuer pour un certain temps (…) Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait choisi de se joindre à l'invasion de l'Irak avant que les options pacifiques pour un désarmement aient été épuisées. L'intervention militaire n'était alors pas l'ultime recours".
    Tony Blair à la botte de George W. Bush
    AUX CÔTÉS DE BUSH "QUOIQU'IL ARRIVE"Mais pourquoi Tony Blair s'est-il ainsi précipité ? La réponse figure parmi les documents déclassifiés par la commission Chilcot, qui comprennent la correspondance de l'occupant du 10 Downing Street avec George W. Bush. Dans une lettre rédigée le 28 juillet 2002,le Premier ministre britannique écrit au président américain qu'il sera à ses côtés "quoi qu'il arrive". John Chilcot précisant que le Britannique n'a pas "insisté auprès du président Bush pour obtenir des assurances fermes sur les plans américains".
    Négligence sur les armes de destruction massive
    Colin Powell brandissant au Conseil de sécurité des Nations unies un flacon bidon pour prouver la présence sur le territoire irakien d'armes de destruction massive… Ce qui reste l'image la plus forte du mensonge américain illustre en effet la négligence dont ont fait preuve les services de renseignement des alliés occidentaux. Ainsi, John Chilcot, n'épargne pas les services britanniques :

    "Il est maintenant clair que la stratégie en Irak a été conçue sur la base de renseignements et d'estimations déficientes. Elles n'ont pas été critiquées, et elles auraient dû l'être (…) Les conclusions sur la gravité de la menace posée par des armes de destruction massive irakiennes ont été présentées avec une certitude qui n'était pas justifiée".

    Tony Blair a beau se retrancher ces derniers mois derrière "le fait que les informations données par les services secrets étaient fausses", la commission Chilcot lui renvoie la responsabilité de ne pas les avoir suffisamment critiquées, et ainsi d'avoir fermé les yeux sur un mensonge éhonté.
    Quels risques encourt Tony Blair ?
    Certaines familles de soldats britanniques morts en Irak ont prévenu avant même la publication du rapport Chilcot : "Il pourrait servir de base à une action en justice contre Blair, ses ministres ou le gouvernement en général". De leur côté, des députés espèrent se saisir du document pour lancer une procédure d'"impeachment" à l'encontre de Tony Blair, qui pourrait ainsi perdre a posteriori son titre de Premier ministre. Un mécanisme qui n'a pas été utilisé depuis 1806 et qui revêtirait, s'il aboutissait, une valeur hautement symbolique. Prenant la parole quelques heures seulement après la fin du discours de John Chilcot, Tony Blair a réaffirmé ce mercredi qu'il a pris "la bonne décision", estimant que grâce à l'intervention de 2003 en Irak, "le monde est meilleur et plus sûr"... Cela aussi reste à prouver.
  • Chronique de livre : Philippe Baillet "L'autre tiers-mondisme ; des origines à l'islamisme radical"

    4159368228.jpgPhilippe Baillet, L'autre tiers-mondisme; des origines à l'islamisme radical

    Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste »

    (Akribéia, 2016)

    Qu'est-ce que l'autre tiers-mondisme ? Un tiers-mondisme différent de celui que l'on connaît, c'est à dire « classique, progressiste, qu'il soit chrétien, humanitaire et pacifiste, communiste orthodoxe, trotskiste ou encore d'ultragauche » ? Effectivement. L'autre tiers-mondisme est l'expression par laquelle Philippe Baillet désigne tous ceux que l'on pourrait considérer comme tenants d'un « tiers-mondisme de droite » ou plutôt d'extrême-droite (même quand ceux-ci viennent ou sont d'extrême-gauche, à l'image d'un Soral).

    L'autre tiers-mondisme est une sensibilité politique qui a, évidemment, évolué avec le temps mais qui s'appuie, dans son acceptation générale, sur certaines idées-clés. Le développement d'une Troisième Voie européenne hostile au communisme et à la démocratie parlementaire en est la base. En découlent logiquement le non-alignement sur les deux blocs (avant la chute de l'URSS) et l' « anti-impérialisme ». Sans surprise, l'incarnation de cette idée se fit donc, chez certains courants ou auteurs, à travers le fascisme ou le national-socialisme... Par ailleurs, « l'autre tiers-mondisme n'est jamais, même quand il s'enveloppe d'une sympathie sincère pour les cultures non occidentales, un internationalisme ». En effet, il « entend s'adresser à des peuples opprimés en respectant les spécificités de chacun ».

    Bien antérieur à la conférence de Bandoeng (1955) ou à l'apparition du terme « tiers-monde » dans les dictionnaires, l'autre tiers-mondisme a toujours présenté un double visage. Le premier est politique et stratégique. Il prône l'alliance avec des forces du monde non occidental afin de lutter contre l' « impérialisme ». Il n'implique pas forcément d'attirance particulière pour les peuples du tiers-monde (un cas emblématique: Jean Thiriart) à la différence du second qui est avant tout idéaliste et métapolitique. Ici, l'on a beaucoup plus affaire à des personnalités pouvant être subjuguées par des aspects culturels ou spirituels non-européens, en particulier l'islam. On y trouve ainsi des convertis qui sont des figures de première importance de l'autre tiers-mondisme : Johann von Leers ou Claudio Mutti. Les idées dont l'ouvrage traite se retrouvent avant tout chez les « nationaux-révolutionnaires » mais pas seulement car elles sont le fruit d'une « mouvance, bien plus qu(e d') un phénomène très structuré ».

    Sur ce sujet complexe mais ô combien instructif de l'histoire des idées, Philippe Baillet, connu pour être le traducteur français de nombres d'œuvres de Julius d'Evola et, plus récemment, l'auteur d'ouvrages remarqués (voyez ma chronique de son précédent livre : Le parti de la vie), a mené avec la rigueur qu'on lui connaît une étude en profondeur des acteurs, courants, réseaux et mouvements pouvant être rattachés à l'autre tiers-mondisme au sein de la droite radicale européen où celui-ci « a fait son chemin lentement mais sûrement ». Après avoir été longtemps minoritaire, il est devenu, de nos jours, un pan important des idées professées dans (ou autour de) nos mouvances. L'autre tiers-mondisme ne se limite cependant pas à cet aspect et se veut un livre militant qui, à partir de l'analyse des idées de l'autre tiers-mondisme, entend démontrer à quel point elles sont nocives dans le cadre du combat que nous, les nationalistes européens, menons. Le lecteur sera peut-être étonné par la longueur de cette chronique. Il y a deux raisons à cela : la grande richesse du livre que je ne fais ici qu'effleurer et l'importance de cette parution que j'estime fondamentale pour notre courant de pensée.

    Un siècle d'autre tiers-mondisme

    Baillet estime qu'on retrouve les premières traces de l'autre tiers-mondisme en Europe à Fiume, au lendemain de la Grande Guerre. Se voulant « l'épicentre de la révolution mondiale des peuples opprimés », y est créée La Ligue de Fiume qui dénonce le « trust mondial des Etats riches » qu'est la SDN. Assez peu présente au sein de l'Italie fasciste, c'est dans l'Allemagne des années vingt et trente que la tendance va poursuivre son chemin. On l'observe avant tout au sein de l'aile gauche du NSDAP et chez les nationaux-révolutionnaires (NR) qui en sont, souvent, proches. Deux personnages sont ici à mentionner : Johann von Leers et Friedrich Hielscher. Le premier se rallie au régime national-socialiste et y fera carrière « tout en conservant certaines caractéristiques typiques de l'aile gauche de la NSDAP » tandis que le second y est hostile et en viendra même à le combattre, ayant probablement mal supporté (comme beaucoup de ses camarades NR) de ne pas avoir réussi à faire plus de place à ses idées dans la nouvelle Allemagne... Il faut dire qu'Hielscher, qui avait publié en 1927 un appel aux peuples opprimés d'Asie et du monde arabe -vus comme alliés naturels du peuple allemand face au rationalisme et au culte de l'argent occidentaux- avait sans doute une différence d'appréciation dans la politique à mener envers les peuples non-européens par rapport à la doctrine nationale-socialiste. Si Hitler ou Rosenberg pouvaient, comme on le sait, professer des sentiments bienveillants envers telle culture étrangère ou tel peuple non-européen, la « défense de la race » étaient, pour eux, primordiale et passait bien avant toute considération « anti-impérialiste ». Ne lisait-on pas dans Mein Kampf l'affirmation suivante :

    « En raciste qui se base sur la race pour estimer la valeur du matériel humain, je n'ai pas le droit de lier le sort de mon peuple à celui des soi-disant « nations opprimées » connaissant déjà leur infériorité raciale »

    Rosenberg, quant à lui, « pressent(ait) qu'un jour le flot montant des peuples de couleur pourrait trouver une direction nette et une forme d'unité grâce à l'islam ». La citation suivant, relevée une fois encore par l'auteur, provient du Mythe du Xxe siècle:

    « Face à cette haine des races bâtardes de couleur, conduites par l'esprit fanatique de Mahomet, qui s'allieront peut-être un jour, les races blanches ont plus que jamais toutes les raisons de prendre garde. » Prophétique comme dit Baillet !

    Après 1945 et durant deux décennies, l'autre tiers-mondisme entre dans « le temps des réseaux ». Toujours ultra-minoritaire, cette tendance est portée par plusieurs personnages de la droite radicale européenne sur lesquels Philippe Baillet revient plus ou moins longuement : Johann von Leers à qui il consacre un long chapitre, François Genoud, aventurier et éditeur suisse haut en couleur, Maurice Bardèche et d'autres. A partir d'un examen détaillé de leurs écrits, l'auteur estime qu'ils faisaient « leur révolution par procuration à travers Nasser, le FLN algérien et un islam largement fantasmé » (il parle pour Bardèche d' « islam de salon fabriqué à Paris ») ; à l'instar de la gauche française qui, après 1968, a projeté « toutes ses attentes sur le Nouveau Monde latin » (de Guevara et Castro à Chavez). La critique de Baillet va plus loin : les personnages mentionnés oublient la dimension raciale du « fascisme du phénomène européen » et voient du fascisme là où il n'y en a pas (car le fascisme est européen martèle-t-il). Ils auront toutefois de nombreux continuateurs...

    Dans les années 1960, l'autre tiers-mondisme, dans sa version politique et laïque, va prendre un réel essor et se structurer théoriquement parlant par l'action du belge Jean Thiriart. Pionnier dans ce domaine, il va développer grâce à ses écrits (dont les journaux « Jeune Europe » puis « La Nation Européenne ») et au mouvement politique « Jeune Europe » l'idée d'une Europe puissance, unitaire et communautaire. S'il prône l' « anti-impérialisme » et l'alliance des militants NR européens avec ceux du tiers-monde, sa vision reste strictement eurocentrique : « il fut très certainement celui qui alla le plus loin dans l'affirmation d'un autre tiers-mondisme politique, mais il fut aussi celui qui se montra le plus incurieux et le plus méprisant envers les peuples et cultures du tiers-monde ».

    Thiriart et son mouvement eurent une influence non négligeables sur bien des militants (Christian Bouchet ou Claudio Mutti pour les plus réputés) et on retrouva cette postérité chez des organisations telles que 3ème Voie ou Nouvelle Résistance. En Italie, cette postérité fut un peu plus importante, favorisée par Claudio Mutti qui avait été l'un des principaux cadres de Jeune Europe dans ce pays ; citons par exemple le cas du quotidien « de gauche nationale » Rinascita (qui paraît toujours aujourd'hui). Quoi qu'il en soit, la haine des Etats-Unis (désignés comme « l'ennemi principal ») de Thiriart et ses thèses auront été une étape très importante du logiciel intellectuel et militant d'une certaine partie de la droite radicale européenne qui va désormais se désigner comme nationale-révolutionnaire (en Italie, ce terme s'appliquera justement à ceux ne se reconnaissant pas dans le MSI). Par ailleurs, il faut souligner que l'anti-américanisme de Thiriart était plutôt sommaire ; il sera par la suite fortement approfondi, en particulier au sein de la Nouvelle Droite...

    Les idées relevant de l'autre tiers-mondisme se retrouveront également dans le « traditionnalisme-révolutionnaire », sorte de synthèse d'idées d'Evola, de Thiriart et de la gauche fasciste dont le principal organe en France fut la revue « Totalité » (publiée chez Pardès) à partir de 1977. Le soutien à des formes d'islamisme radical y est clair dans plusieurs numéros (auxquels Baillet a lui-même contribué, ayant eu des optiques quelque peu différentes à cette époque)... N'oublions pas l'impact qu'eût alors la révolution iranienne sur les milieux NR! L'attrait envers l'islam devint prépondérant chez certains des acteurs de ce courant, en particulier Claudio Mutti qui « illustre à la perfection les ravages que peut exercer la passion antijuive, y compris chez les plus cultivés et les plus intelligents ». Mutti s'est ainsi converti à l'islam et a abandonné toute forme de racialisme pour se rallier à une vision du monde universaliste (y voyant même une continuité avec le combat national-socialiste!)... Les militants d'aujourd'hui auront bien du mal à le comprendre mais l'islam, il y a trois ou quatre décennies, paraissait à certains un allié de choix. Baillet cite ainsi Alain de Benoist qui écrivait dans Eléments en 1985 que : « Le réveil de l'islam n'est pas à nos yeux une menace mais bien plutôt un espoir. » La passion anti-américaine a fait elle aussi des ravages...

    L'auteur du Parti de la Vie examine également l'influence qu'a eu (et a encore) René Guénon. Souvent bien vu dans une partie de nos mouvances, ce converti, qui demanda même la nationalité égyptienne, n'en reste pas moins un auteur méprisant « l'Occident » (donc l'Europe) et idéalisant l'Orient. Aucun racialisme chez lui dont « bon nombre de vues (…) doivent être combattues sans modération ». Ayant contribué à l'entretien d'un climat islamophile en France et ailleurs, Guénon a eu beaucoup de continuateurs plus ou moins directs jusqu'à aujourd'hui. Baillet explore cet aspect culturel de l'autre tiers-mondisme en soulignant à quel point le « parti islamophile » en Europe est dangereux et difficile à combattre à cause de son « caractère polymorphe ». Ayant des ramifications partout (de la politique aux médiats en passant par l'administration et le monde universitaire), le « parti islamophile » voit l'immigration de peuplement comme inévitable et considère que l'implantation de l'islam est positive (quelles qu'en soient les modalités). L'islam a fasciné voire conquis plusieurs tenants de l'autre tiers-mondisme mais souvent pour de mauvaises raisons. Baillet, bon connaisseur de cette religion, revient sur ces errements dans un petit chapitre passionnant : il démonte l'idée de l'islam comme vecteur de virilité (argument souvent cité) et démontre que le double discours, le « mensonge par omission », la « tromperie active » sont des armes qui peuvent être couramment employées par les musulmans en accord avec leurs préceptes religieux et leur objectif de conquête...

    Ces dernières années, bien des positions islamophiles liées à tort ou à raison à la droite radicale sont devenues monnaie courante dans ce que Philippe Baillet appelle le « philo-islamisme radical ». Celui-ci est généralement lié à un « sous-marxisme rustique typiquement tiers-mondiste » ou est « emprunt de complotisme à la faveur du développement exponentiel de la « foire aux Illuminés » ». Bien différent du « fascisme comme phénomène européen », ses traits principaux sont : une indifférence plus ou moins marquée envers la « défense de la race blanche », une « véritable passion antijuive » et anti-américaine, une grande hostilité à la finance et au capitalisme, une sympathie pour toutes les causes « anti-impérialistes » et pour l'islam comme religion ou civilisation (l'Islam dans ce cas). Que nous partagions certaines idées de ce courant ne nous en rend pas forcément proche, et je rejoins en cela l'auteur. Celui-ci souligne la diversion effectuée par cette sensibilité chez un grand nombre de personnes qui oublient par ce biais «la priorité absolue» en ce « moment capital de l'histoire de la civilisation européenne »: la perpétuation des peuples européens (de leur partie saine tout du moins). De Roger Garaudy, « illuminé christo-islamo-marxiste » à Carlos et son internationalisme en passant par le chantre de la réconciliation Alain Soral qui « s'inscrit parfaitement (…) dans la vieille tradition des chefaillons et Führer d'opérette chers à la droite radicale française », nombre de figures chères à la frange la plus islamophile de nos mouvances sont ici égratignées par Baillet qui n'a pas son pareil pour souligner leurs contradictions (quand Soral se prétend "national-socialiste français" par exemple)... ou rappeler à notre bon souvenir certaines énormités ou actes pas reluisants. Il souligne ainsi les tentatives d' « islamisation » de la « mouvance nationale » en prenant le cas d'une association telle que celle des « Fils de France » qui se veut un « rassemblement de musulmans français patriotes » et qui a reçu, entre autre, le soutien d'Alain de Benoist. Le philo-islamisme de ce dernier se manifeste depuis bien longtemps. Baillet rapporte d'ailleurs plusieurs citations de celui qu'il qualifie de « toutologue » à ce sujet! Plus ou moins récentes, elles permettent de mieux comprendre le personnage (voir plus haut)... Autant dire qu'on ne peut qu'aller dans le sens de Baillet lorsqu'il argue de l'étendue et de la diversité du « parti islamophile » en France. « Ce n'est pas du tout rassurant », en effet ! Le « parti islamophile » est bien enraciné et doit être combattu « sans faiblesse » partout où il se trouve. Un peu d'espoir cependant :

    « Aujourd'hui, on peut penser que « l'autre tiers-mondisme » est voué à connaître, dans les milieux de la droite radicale européenne, un certain reflux, à cause des craintes légitimes engendrées par l'immigration de peuplement, l'installation durable de l'islam dans le paysage ouest-européen, le développement de l'islamisme radical, les crimes du terrorisme islamiste. »

    Les Européens et leur survie

    La dernière partie de l'autre tiers-mondisme a une dimension beaucoup plus militante. C'est un véritable appel à la résistance face à l'islamisation de notre continent et à son invasion. D'où la nécessité d'avoir étudié les différentes formes de l'autre tiers-mondisme et du « parti islamophile ». Philippe Baillet considère en effet que « la crainte ou la peur de l'islam (…) est parfaitement justifiée » mais le combat contre cette religion doit, avant tout, être mené dans une perspective identitaire, en démontrant toujours plus que l'islam est « incompatible avec l'héritage spirituel et culturel européen ». Il examine (et critique le cas échéant) pour cela les écrits de Guillaume Faye et de Renaud Camus, deux auteurs connus pour leur lutte contre l'immigration-invasion et le « grand remplacement ». Regrettant le rejet par le FN de ce dernier thème et donc le renoncement de fait à celui de la remigration, Baillet estime que ce parti ne peut parvenir au pouvoir légalement étant donné la part grandissante du poids représenté par le vote musulman en France (on peut illustrer la justesse de ce propos avec le cas récent de Londres ou celui, plus ancien, d'Anvers). Qu'a-t-on à attendre de la République française de toute façon ? Elle « n'est que l'affreux miroir grimaçant de la décadence ininterrompue et toujours aggravée du pays. » De plus :

    « C'est une illusion de croire que l'on pourra sauver la France de l'islamisation en défendant un régime qui, depuis plus de deux siècles, a tout fait pour détruire chez les Français jusqu'aux dernières traces de conscience raciale. »

    Face à l'uniformisation, à « l'effacement de toute humanité différenciée » et à « l'avènement définitif du métis planétaire », de « l'homme remplaçable, interchangeable, substituable à merci », qui sont en somme les « visées profondes du mondialisme », Baillet propose quelques pistes doctrinales, en premier lieu, il loue le « rôle socialement protecteur du préjugé » (thème qu'il explicite plus avant à partir des écrits des conservateurs anglo-américains, Burke en priorité) qui est l'un des « mécanismes de défense immunitaire collective », surtout en ce qui concerne la race. Sa défense est notre combat premier et même si le fait racial « fait de la résistance » par lui-même, le racialisme « ennemi absolu des mondialistes » doit être notre horizon.

    « En effet, parce qu'il est radicalement anti-universaliste, le racialisme est seul à même d'assurer dans l'avenir le maintien de la diversité des races, des cultures et des peuples contre le rouleau compresseur de l'uniformisation. »

    En France (mais le constat est le même dans le reste de l'Europe de l'Ouest), l'Etat est « illégitime, tyrannique et criminel », il étend en parallèle son emprise totale sur la vie des citoyens en usant en particulier de l'ingénierie sociale (l'auteur mentionne le très bon ouvrage Gouverner par le chaos), nous devons, en conséquence, absolument résister. En effet, « contre un pouvoir qui n'a plus pour lui que la légalité, l'insurrection s'impose », d'autant que « le pouvoir mondialiste ne renoncera à aucun de ses objectifs mortifères. » Il y met toute sa hargne comme sa propagande incessante et sa répression le démontrent. « La sous-humanité du petit bonheur » qu'il propose est un leurre mais les Européens fatigués, lassés « de vivre et de combattre » sauront-ils retrouver un mythe mobilisateur ? Je vous laisse découvrir l'avis de Baillet sur la question... Il ne vous laissera pas indifférent.

    Conclusion

    Ouvrage dont la double dimension -histoire des idées et optique militante- m'a fortement plu, je ne saurais trop conseiller la lecture attentive de l'autre tiers-mondisme. Ce livre éclaire, démythifie et dénonce bien des idées reçues (par exemple, le manque complet de reconnaissance que les musulmans ayant travaillé avec des membres de la droite radicale ont toujours professé à l'égard de ces derniers...). Il se fait fort de rappeler les fondements essentiels de notre combat et montre que bien des errements sont à corriger dans la "mouvance" (dans certaines de ses sensibilités tout du moins). Comment certains peuvent-ils encore vouloir frayer avec un islam qu'ils fantasment et qui est complètement contraire à ce que nous sommes? « Le Coran est parfaitement indifférent à la dimension raciale » rappelle Baillet. Certains n'avaient peut-être pas encore compris...

    J'imagine que l'autre tiers-mondisme fera réagir, ce qui est normal, mais il serait bien malhonnête de mettre en doute le travail de Philippe Baillet qui a épluché une variété de sources immense et n'omet jamais de citer ses références. Pas comme d'autres...

    Rüdiger / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/