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géopolitique - Page 535

  • La grande tricherie mise à découvert à Alep

    Lorsque les terroristes se révèlent être des mercenaires à la solde de la coalition internationale, la lutte contre les terroristes prend un tout autre sens.

    Déjà, certains milieux, à l’affût d’informations de sources crédibles, avaient dénoncé des liens directs de Washington et de la Coalition internationale avec les terroristes. Ces informations, prises au sérieux par beaucoup d’autres intervenants, avaient amplement circulé sur le Net, mais de là à convaincre le grand public qu’il en était bien ainsi, ce n’était pas encore chose faite.

    Ce qui se passe présentement à Alep, ville de 1 693 603 habitants, met à découvert cette grande mise en scène d’une coalition internationale qui se proclame contre le terrorisme tout en l’alimentant, le soutenant et l’orientant militairement.

    Les derniers évènements de la confrontation des forces gouvernementales syriennes et de ses alliés contre ces terroristes qui utilisent la population locale comme bouclier humain mettent en évidence ces liens étroits qui existent entre ces terroristes et Washington.

    De fait, pendant que l’armée arabe syrienne et ses alliés combattent fermement ces terroristes, Washington et la presse qui en est l’écho transforment ces combats contre ces terroristes en combats contre les civils et le peuple syrien. Voici ce qu’écrit le journaliste – analyste, Bill Van Auken, sous le titre Le New York Times exprime la fureur de Washington sur la débâcle en Syrie.

    « Les troupes syriennes, soutenues par les combattants du Hezbollah du Liban et les milices chiites d’Irak, ont réussi à envahir près de la moitié de la partie orientale d’Alep, que les « rebelles », une coalition des milices dominée par la filiale syrienne d’Al-Qaïda, le Front al-Nosra, avait tenue pendant plus de quatre ans. »

    La consolidation du contrôle gouvernemental sur l’ensemble d’Alep, désormais presque universellement reconnue comme inévitable, priverait ces forces, soutenues par les Américains de leur dernier bastion urbain, et placerait tous les principaux centres de population de la Syrie sous le contrôle du gouvernement.

    Pour le Times, c’est vraiment un choc. Depuis que le président Barack Obama a déclaré en 2011 que« Assad doit partir », et que la CIA et le Pentagone, travaillant avec les dictatures monarchiques les plus réactionnaires au Moyen-Orient – Arabie Saoudite, Qatar, Émirats Arabes Unis – afin de fournir des armes et de l’argent pour soutenir les mercenaires djihadistes, le Times, « le journal de référence » des États-Unis, a fonctionné comme le principal propagandiste pour un changement de régime en Syrie.

    À Alep-Est, tandis que les combattants islamistes reculent, les civils-otages peuvent enfin fuir les violents combats et rejoindre des camps d’accueil… mis en place par le «régime». Cherchez l’erreur. Mais les médias meanstream, eux, persistent.

    Autant les médias se portaient à la défense de ces pauvres civils, cibles perpétuelles des attaques des forces armées gouvernementales, autant leur libération et hébergement dans des milieux sécurisés par ce même gouvernement est passé sous-silence. Ce sont plutôt ces pauvres terroristes qui les préoccupent, lesquels doivent laisser la place aux forces légitimes du gouvernement syrien. Tout indique que Assad, contrairement à ce dont les forces de la coalition internationale rêvaient, ne partira pas. Tout indique également que le peuple, enfin libéré de ces terroristes, dans cette région d’Alep, s’en réjouit pleinement.

    Le vent vient de tourner et ces terroristes qui faisaient la pluie et le beau temps dans cette partie d’Alep, se retrouvent pris au piège d’une coalition internationale de l’armée gouvernementale syrienne qui avance d’un pas ferme vers la reprise des espaces occupées par ces terroristes. Ce qui devient une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent la libération de cette partie d’Alep, sous contrôle des terroristes, devient une mauvaise nouvelle pour ceux qui se présentent pour les défenseurs des populations civiles tout en soutenant ces terroristes confrontés à une défaite inévitable. Une fois que nous savons que ces terroristes sont des leurs au service de la cause visant le départ du président Bachar Al Assad, nous pouvons comprendre qu’ils souhaitent les sauver de l’extermination qui les attend.

    C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le représentant des Nations Unies, Staffan de Mistura, qui exhorte les combattants d’Al-Nosra à quitter au plus vite Alep. Il faut également comprendre dans ce même contexte les dernières propositions de Washington présentées à la Russie pour faciliter l’évacuation des terroristes d’Alep.

    « «Jusqu’à maintenant, tous les pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis sur la Syrie butaient contre l’intention des Américains de mettre en œuvre des dispositions qui auraient pu faire sortir les combattants du Front al-Cham qui contrôle les combattants dans la partie non-libérée d’Alep-est. Pourtant, les propositions faites par Kerry maintenant sont conformes aux approches des experts russes», a déclaré Sergueï Lavrov à Rome le 3 décembre après la rencontre avec son homologue américain. »

    Ce n’est toutefois pas chose faite, puisqu’on annonce à l’instant même des attaques de la population civile avec des lance-roquettes de la part de la dénommée armée libre, soutenue et financée par Washington.

    « L’Armée syrienne libre (ASL, opposition) a attaqué aux lance-roquettes multiples le quartier de Salah-al-Din à Alep, a annoncé dimanche le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie. »

    Vladimir Poutine, dans sa récente intervention devant les parlementaires russes a dénoncé avec force l’usage que font certains états des groupements terroristes pour atteindre leurs objectifs de changement de régime.

    « La Russie s’oppose catégoriquement à l’utilisation d’organisations terroristes par des États pour atteindre leurs buts politiques, idéologiques et autres. Moscou condamne le terrorisme sous toutes ses formes et croit que l’acte terroriste ne peut être justifié par des motifs idéologiques, politiques, religieux, raciaux, ni par n’importe quels autres. »

    Si Barack Obama se plaint de la désinformation, il ne peut que s’en prendre à lui-même qui l’alimente par des mensonges toujours de plus en plus gros. Il est au cœur d’un immense système fondé sur le mensonge et qu’il entretient à travers sa présidence.

    La guerre pour la vérité fait lever les boucliers de la censure qui ne cesse de se multiplier dans les médias, dans les agences gouvernementales, dans les réseaux sociaux. Tout récemment, l’Union Européenne a émis une résolution visant à limiter l’accès des réseaux à l’information russe.

    Ce que nous reprochions à l’ex URSS est ce que l’Occident applique au niveau de l’information, c’est à dire la censure la plus stricte.

    Source  | 4 décembre 2016

    http://www.voxnr.com/7036/la-grande-tricherie-mise-a-decouvert-a-alep

  • Épouvantable

    Alep outragé, Alep martyrisé, mais Alep Libéré? L’armée de la République Arabe Syrienne, appuyée par l’aviation russe, des formations chiites libanaises et iraniennes (Téhéran a également enrôlé dans ce conflit des chiites étrangers installés en Iran, afghans notamment), est en passe de reprendre cette cité réduite à l’état de ruine. La vieille-ville, au patrimoine remarquable systématiquement saccagé par les milices djihadistes, est désormais contrôlée par les forces loyalistes. Le président syrien Bachar el-Assad a certes exprimé l’avis de tous les observateurs en affirmant, dans un entretien accordé au quotidien (syrien) Al Watan, que la défaite  des  fous d’Allah  à Alep  était un tournant dans le conflit, mais que le terrorisme n’était pas encore vaincu. Réjouissons-nous déjà de la fin annoncée du calvaire  enduré par les 200000 habitants d’Alep, victimes collatérales, mais bien réelles hélas, des bombardements, mais aussi utilisés comme boucliers humains par les djihadistes et les rebelles qualifiés de «modérés» selon la légende dorée officielle. Sergueï Lavrov le ministre russe des Affaires étrangères a confirmé hier une interruption des combats pour faciliter l’évacuation de 8000 civils.

    Dans Le Figaro, Caroline Galactéros, «docteur en Science politique et colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, (dirigeante du)  cabinet d’intelligence stratégique Planeting» soulignait hier que «l’exfiltration réussie de plusieurs dizaines de milliers de civils vers l’ouest de la ville prive les djihadistes de leurs boucliers humains… et les adversaires occidentaux du régime d’un argument médiatique lourd contre l’implication militaire de Moscou à ses côtés…». «La rivalité Washington-Moscou» indique-t-elle encore, «restera vive, au moins jusqu’à l’entrée en fonction de Donald Trump fin janvier prochain. De ce point de vue, la réduction de l’insurrection djihadiste à Alep n’est donc pas décisive, et l’administration Obama poursuivra sans doute son soutien au moins indirect aux groupes radicaux (notamment via la Turquie) pour pourrir au maximum le jeu russe et plus encore celui du nouveau Président, qui a déjà entrepris un dialogue avec Moscou pour sortir l’Amérique de ce bourbier (…). La guerre ne va donc pas s’arrêter avec l’éventuelle reprise d’Alep».

    Invité de Ruth Elkrief sur BFM TV le 29 novembre, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a joué le rôle nocif que l’on sait dans ce conflit, assénait les éléments de langage de l’axe euro-atlantiste repris obstinément par son successeur Jean-Marc Ayrault. Il expliquait que la libération d’Alep qui se dessinait déjà franchement il y a quinze jours était «un drame épouvantable», «un échec terrible (pour) la Communauté internationale». Les dizaines de milliers de civils qui ont d’ores est déjà échappé aux griffes des extrémistes fondamentalistes ne sont certainement pas de l’avis de M.  Fabius. Pour ne rien dire, constate Bruno Gollnisch, des chrétiens d’orient  protégés par l’État laïque syrien qui, en cette période de Noël, voient aussi dans cette défaite  des  mercenaires fondamentalistes un motif d’espoir pour l’avenir de leurs enfants sur la terre de leurs ancêtres.

    Comment rétablir la paix dans cette Syrie  exsangue après quatre ans de  guerre plus de 200000 morts, 11 millions de personnes déplacées selon la Croix Rouge? une République arabe syrienne qui est devenue le champ de  bataille ou s’affronte les grandes puissances. Et qui paye au prix fort, c’est une des raisons principales de la déstabilisation de ce pays, le refus de son président de plier devant les exigences de l’axe Washington-Bruxelles-Ankara-Ryad-Doha sur l’exploitation gazière et le trajet des oléoducs, contraires aux intérêts de la coalition Moscou-Damas-Téhéran-Pékin.

    Une fois n’est pas coutume, le service public, via France 2, avait évoqué cette réalité-là dans un excellent reportage de Samah Soula pour l’émission Un œil sur la planète Syrie : le grand aveuglement»)diffusé en février dernier, au moment de la démission de M. Fabius. Le même mois, Le salon beige avait relayé un article paru dans le magazine américain Politico dans lequel l’avocat Robert Kennedy junior, neveu de l’ancien président américain John F. Kennedy, notait  que la décision américaine d’organiser une campagne contre Bachar el-Assad avait commencé  dés «2009, lorsque le Qatar a offert de construire un pipeline qui traverserait l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie.»

    «Ce projet aurait veillé à ce que les pays arabes du Golfe aient un avantage décisif sur les marchés mondiaux de gaz et aurait renforcé le Qatar, un proche allié de Washington dans la région». Or, «el-Assad avait commencé à “négocier avec l’Iran pour construire un autre gazoduc qui transporterait le gaz de l’Iran vers le Liban et le pays perse serait devenu un des plus grands fournisseurs de gaz vers l’Europe”). Immédiatement “les agences de renseignement américaines, le Qatar, l’Arabie Saoudite et le régime israélien ont commencé à financer la soi-disant opposition syrienne et à préparer une révolte pour renverser le gouvernement syrien.”

    Une réalité qui est un des paramètres expliquant l’aide plus ou moins indirecte apportée au djihadistes là-bas par ceux qui font profession de les combattre ici. Mme Galactéros, citée plus haut, affirme que cette guerre “cessera lorsque les puissances sunnites, les États-Unis, mais aussi la France accepteront leur échec et chercheront sérieusement un compromis politique soutenable pour la Russie et l’Iran. Il faut pour cela que Ryad, Doha, Ankara, Londres et Washington admettent qu’il y a plus à gagner à négocier qu’à combattre, et sans doute aussi que Paris cesse de prendre des initiatives diplomatiques (du type de la conférence envisagée des pays refusant la guerre totale…) à contretemps et contre-emploi.” Là aussi, l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et d’un gouvernement convaincu de l’intérêt de la France de retrouver une politique étrangère indépendante, œuvrant à l’émergence d’un monde multipolaire, et notamment à des  relations pacifiées avec la Russie, ne peut être que bénéfique.

    http://gollnisch.com/2016/12/09/epouvantable/

  • La militarisation de la haute administration américaine

    De Thomas Flichy de La Neuville dans Le Figarovox :

    Donald Trump a désormais nommé trois généraux afin d'occuper les plus hautes fonctions de l'Etat américain: Michael Flynn sera Conseiller à la sécurité nationale, James Mattis, secrétaire à la Défense, et John Kelly, secrétaire à la sécurité intérieure. Cette militarisation de la haute administration ne doit pas nous étonner. Elle est inhérente aux temps de renaissance consécutifs à une crise impériale très grave. Souvenons nous à cet égard du IVe siècle romain, ou bien du sursaut opéré par la dynastie des Héraclides à Byzance, au cours de laquelle les structures administratives furent militarisées afin de sauver l'Empire. Les élites civiles en décomposition étant à l'origine d'une éclipse de l'intelligence, l'Empereur doit s'appuyer sur la seule élite de substitution en phase avec les réalités: celle des militaires.

    Nous nous y trompons pas: la militarisation de l'administration américaine ne signifie en aucun cas une quelconque prise de pouvoir de l'Etat par les soldats. Le trait psychologique commun aux trois officiers généraux qui viennent d'être nommés est en effet leur gravité. Tous trois vivent en effet depuis plusieurs décennies au contact d'une étrange compagne: la mort. John Kelly a perdu de nombreux soldats. Parmi eux, son fils, tué en Afghanistan en 2010. Les responsabilités écrasantes que ces hommes ont exercées au contact direct de l'ennemi les ont façonnés. La souffrance est inscrite sur leur visage. Leur sens du devoir est exceptionnel. Donald Trump pourra compter sur leur fidélité absolue et leur franc parler en toutes circonstances. Tous trois savent commander. James Mattis n'a t'il pas hésité à relever un colonel de ses fonctions en pleine campagne d'Irak? Donald Trump, qui est naturellement attiré par la légèreté, va puiser dans la gravité de ces généraux. Ils seront les confesseurs du président.

    Ces trois généraux ont également leurs points faibles: Michael Flynn est le plus cassant des trois. Son management parfois brutal lui a valu de nombreux ennemis. Sur ce point, James Mattis est plus habile et capable d'esquiver une question - comme en témoignent ses échanges avec les Sénateurs. Pourtant, malgré ses lectures abondantes, Mattis est capable d'émettre des contre-sens absolus sur le Moyen-Orient. D'un point de vue politique, Flynn et Mattis illustrent parfaitement les deux tendances géopolitiques distinctes qui cohabitent au sein de l'environnement de Trump: Flynn - malgré ses liens avec Michael Ledeen - se rapproche plutôt de la vieille droite pro-russe et modérée sur la question syrienne, tandis que Mattis a davantage de points communs avec les néo-conservateurs. Le général Kelly de son côté, n'a pas eu l'occasion d'effectuer de déclarations sur le positionnement géopolitique des Etats-Unis. Aucun de ces généraux n'est porteur d'une vision du monde apte à modifier celle du président. Trump ne sera pas stimulé par leurs idées. Il sera en revanche soutenu de façon déterminante par leur force morale. C'est vers eux qu'il se tournera quand tout ira mal."

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Retour au XIXe siècle.

    Conflits_0011-1-600x849.jpgDepuis longtemps je pense que le XXIe siècle ne sera pas la prolongation du XXe, mais un retour au XIXe. Deux guerres et une crise mondiales ont ouvert une parenthèse dans laquelle le communisme s’est engouffré. Là où il s’est imposé il a gelé des problèmes qui resurgiront plus tard, voyez les rivalités nationales en Europe orientale. Dans le monde, il a généré une géopolitique simpliste, l’opposition de deux blocs dotés de l’arme atomique et, pour l’essentiel, le gel des positions acquises.

    La disparition de l’URSS fait naître le XXIe siècle et revenir le XIXe. La mondialisation reprend son cours. Comme autrefois la seconde révolution industrielle, la troisième fait naître des entreprises qui apportent la fortune à leurs créateurs. Les mouvements de capitaux retrouvent leur maximum (en pour cent du PIB). Les droits de l’homme et le devoir d’ingérence légitiment les interventions de type néocolonial comme autrefois la civilisation et le fardeau des « peuples supérieurs ». L’idéologie et les politiques libérales s’imposent presque partout. Les États-Unis qui les incarnent redeviennent la grande nation progressiste et la Russie la puissance conservatrice à l’est de l’Europe. Avec le Brexit le Royaume-Uni renoue le fil de son « splendide isolement » envers l’Europe, mais pas envers le monde. La France redécouvre les mêmes inquiétudes qu’autrefois face à une Allemagne réunifiée que deux défaites catastrophiques n’ont pas empêchée d’être le plus important État européen…

    Ce schéma est bien sûr simplifié. La Chine et l’Inde ont émergé – mais les journaux anglo-saxons et l’empereur Guillaume II agitaient déjà la menace du « péril jaune ». Les nations européennes ne dominent plus le monde – mais l’économie américaine s’était installée à la première place mondiale dès 1880-1890. Reste surtout l’essor du mondialisme et du libéralisme qui caractérise la fin du XIXe comme le début du XXIe.

    Pour l’essentiel, nous reprenons donc le cours de l’histoire là où il avait bifurqué au moment de la Première Guerre mondiale. Parfois nous remontons plus loin, jusqu’aux années 1830, avant que le mouvement démocratique prenne son essor. Alors le vote était réservé aux plus riches auxquels se joignaient ceux que l’on appelait les « talents », nos professions intellectuelles et diplômées : le suffrage était réservé à une minorité qui se disait éclairée, à l’abri des préjugés et des emportements qui caractérisaient les masses.

    Ce bon vieux temps n’est plus, mais certains le regrettent. Il n’est que de voir la façon dont les résultats du Brexit ont été accueillis. Les électeurs favorables au Leave avaient tous les défauts des masses d’autrefois, mal éduquées et fermées au monde : pour James Traub, c’était les « élites » contre les « ignorants », « la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués » précisait Alain Minc ; et Cohn-Bendit de conclure : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison.» Le suffrage universel doit passer par la médiation de représentants éclairés qui décideront à la place du peuple sur des sujets qui le dépassent. Pour son bien et pour le leur, comme le lâche avec naïveté (ou cynisme ?) Bernard Attali dans sa condamnation du référendum du Brexit : « Il est risqué de demander à la dinde ce qu’elle a pensé du dîner de Noël. » De là à traiter les électeurs de « dindons »…

    Ce qui étonne c’est la bonne conscience retrouvée des dirigeants de nos pays, qu’il s’agisse de l’élite politique, économique ou médiatique : dans leur majorité ils ne doutent pas de leur supériorité intellectuelle et morale, ils trouvent légitime qu’elle soit récompensée par des revenus de plus en plus élevés. Pendant près d’un siècle, ils avaient craint la montée des totalitarismes et, poussés par la nécessité, ils avaient admis le partage du pouvoir et des richesses. Ils n’ont plus peur, ils n’ont plus de raison de faire de telles concessions ; revient le temps de « l’arrogance intellectuelle, sinon sociale », selon la formule de Dominique Moïsi. Comme aux plus beaux temps du XIXe.

    Pascal Gauchon dans Conflits

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/retour-au-xixe-siecle_173884.html#more-173884

  • Trump a gagné ! N’en déplaise au Boboland & aux groupies d’Hillary…

    Qu’on l’aime ou pas (ce qui est le droit de tout un chacun), Donald J. Trump est bien le vainqueur de ces élections. Il sera même le président de tous les Américains ! À meilleure preuve le choix (possible pour la première) de deux démocrates aux postes-clés des Affaires étrangères & du NSC avec, respectivement Tulsi Gabbard & Michael T. Mike Flynn aux commandes. Le reste a-t-il vraiment de l’importance, sauf à vouloir noircir, à tout prix, du papier ?

    Q. Avant d’entrer dans le vif du sujet, une question liée à l’actualité en Terre promise : que répondez-vous à ceux qui nient la nature terroriste (sic) des incendies en Israël ?

    Jacques Borde. Qu’ils racontent n’importe quoi ! Ces gens-là se payent notre tête. Ni plus, ni moins !

    1- des incendiaires clairement identifiés comme des Islamistes radicaux ont bien été appréhendés et déférés devant la justice.
    2- des responsables takfirî ont, à la fois, justifié et revendiqué la paternité idéologique (sic) de ces actes.
    3- les enquêtes sont supervisés sous l’autorité du Sherut Ha’Bitaron A’Klali (SHABAK)1 qui est responsable de la lutte anti-terroriste au plan intérieur. SR qui, par ailleurs n’a pas pour habitude de s’occuper – faute de moyens et d’hommes, contrairement aux légendes conspirationnistes et à… Hollywood, les SR hiérosolymitains ne roulent pas sur l’or – de questions qui ne ressortent pas de son expertise.
    4- déjà, en décembre 2010, des incendies terroristes avaient ravagés le pays. Et des coupables avaient été identifiés, arrêtés et condamnés.

    Q. Restons encore au Levant : pensez-vous que l’agenda de Trump sur la Syrie soit sérieux ?

    Jacques Borde. Oui, j’y crois. D’ailleurs, avant même son entrée en fonction (janvier 2017) Trump a commencé à prendre ses marques sur ce dossier…

    Q. De quelle manière ?

    Jacques Borde. Oh, un exemple ! Selon The Independent, son fils, Donald Trump Jr., a participé, le 11 octobre 2016 à Paris, à des pourparlers avec les Russes et quelques autres.

    Mais avec du lourd : étaient présents à cette rencontre, le fondateur du Center of Political & Foreign Affairs (CPFA) Fabian Baussard, et Randa Kassis, qui rappelle que ni les États-Unis ni la France ne pourront trouver de solution à la crise syrienne sans l’aide de la Russie.

    Par ailleurs, comme l’a rappelé le Wall Street Journal, Randa Kassis est en faveur d’une transition politique en Syrie mais avec le maintien du président Assad au pouvoir. Ajoutons, pour être complet que Randa Kassis a également déclaré à Al-Jazeera que la Russie était intervenue en Syrie pour « protéger » ce pays.

    À ces éclairages, comment ne pas croire que l’administration Trump puisse effectivement renverser la table sur le dossier syrien. Sinon pourquoi rencontrer des gens de la stature de Kassis et Baussard affichant de tels engagements ?

    Q. Et au niveau de ses propos, Trump est bien sur cette ligne ?

    Jacques Borde. Idem. Relisez donc ceux-ci : «Nous recourrons à la force militaire seulement en cas de nécessité vitale pour la sécurité nationale des États-Unis. Nous mettrons fin aux tentatives d’imposer la démocratie en dehors des États-Unis et de renverser les régimes, ainsi que de nous impliquer dans des situations dans lesquelles nous n’avons aucun droit de nous ingérer ».

    Personnellement, je n’y trouve rien à redire.

    Q. Passons aux question intérieures. Au niveau de la prise du pouvoir, selon vous, Trump risque-t-il une procédure d’impeachment ?

    Jacques Borde. Ah, oui. La dernière tarte à la crème des anti-Trump.

    Premier point, Donald Trump remportera le vote des Grands électeurs, qui doit avoir lieu le 19 décembre, et sera investi le 20 janvier 2017. Il en a entre 302 et 308, je crois ! Je ne pense pas que les manœuvres de Jill Stein, l’ancienne candidate du Green Party, y changent grand-chose.

    Quant à aller vers un impeachment, il faudrait que celui-ci soit voté par les Républicains, qui viennent justement de le rallier.

    « Le fait qu’il ait nommé le président du Comité national républicain, Reince Priebus, comme chef de cabinet en est la preuve : il n’y a plus d’opposition avec le parti » estime le Pr. Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis, interrogé par BFMTV.com.

    « Il a rencontré Mitt Romney, il a nommé Nikki Haley, gouverneur de Caroline du Sud, qui s’était opposée à lui, comme nouvelle ambassadrice américaine aux Nations-unies. Il a été malin dans ses nominations, et tout le parti est désormais autour de lui. Par ailleurs, avec son discours protectionniste et isolationniste, il a élargi l’électorat du Parti républicain dans des proportions incroyables, ce que n’aurait pas pu faire le vice-président élu Mike Pence par exemple » poursuit Corentin Sellin.

    « De fait, est-ce que l’on imagine une Chambre des Représentants républicaine et un Sénat républicain voter l’impeachment ? La réponse est non. Et à court terme, ils n’ont aucune raison de le faire. Pas plus que les Démocrates, qui ont plutôt intérêt à comprendre pourquoi ils ont perdu l’élection et à reconstruire leur parti » ajoute-il.

    Donald J. Trump sera bien Président des États-Unis.

    Q. Mais cette contestation des voix et de savoir à qui elles reviennent, ça n’est pas embarrassant pour Trump ?

    Jacques Borde. Si. Sauf que, à bien y réfléchir, ça l’est autant pour Hillary R. Clinton et sa bande, pardi !

    Car, comme l’a souligné Donald J. Trump, lors de sa campagne, des doutes pèsent lourdement sur le camp démocrate, ce dans trois États remportés par HiLIARy.

    Cf ? « Une grave fraude électorale en Virginie (ouest), dans le New Hampshire (nord-est) et en Californie (…). Pourquoi les media ne donnent pas d’informations là-dessus ? Grave parti pris,gros problème ! ».

    Quitte à recompter des voix, le camp républicain pourrait aussi demander à ce qu’on se penche sur les dérapages des bourgs pourris2 qui ont permis à Clinton et les siens de s’offrir ses Grands électeurs. À un moment donné, il va falloir en finir avec ce cinéma politico-médiatique. Non ?

    Q. Et le conflit d’intérêt comme menace potentielle pour Trump ?

    Jacques Borde. Depuis son élection, Donald Trump, qui multiplie ses rencontres avec des dirigeants internationaux dans ses appartements de la Trump Tower, à New York, est accusé (par ses adversaire, il s’entend et encore pas tous) de continuer à faire fructifier ses affaires.

    Un des dernières accusations en date : l’échange téléphonique entre Donald Trump et le président argentin, Mauricio Macri, qui l’appelait pour le féliciter. Selon la presse argentine, Trump aurait profité du coup de fil pour lui demander de l’aide à propos d’un projet immobilier à Buenos Aires. Mais l’information a aussitôt été démentie par la présidence argentine.

    « Pour l’heure, le fait qu’il continue à parler business avec ses interlocuteurs pose un problème moral. Mais si le 20 janvier il n’a pas totalement séparé ses affaires de la politique, c’est là que le conflit d’intérêts interviendra véritablement » note Corentin Sellin. « A partir de cette date, il faut qu’il n’ait plus aucune responsabilité exécutive au sein de la Trump Organization, qu’il ne soit plus bénéficiaire de ses entreprises, et que son business ne profite pas de l’administration. Et il ne devra plus tirer de revenus de ses affaires ».

    Q. L’impeachment, comment ça marche ?

    Jacques Borde. Aux États-Unis, le pouvoir de démettre le président de ses fonctions appartient au Congrès, qui rassemble la Chambre des Représentants et le Sénat. Prévue par l’article II de la Constitution américaine, qui stipule que « le président, le vice-président et tous les fonctionnaires civils des États-Unis seront destitués de leurs charges sur mise en accusation et condamnation pour trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs », la procédure de destitution peut être enclenchée à n’importe quel moment au cours du mandat, le président américain ne bénéficiant d’aucune immunité.

    Pour être mise en route, la procédure d’impeachment doit être votée à la majorité simple, à la Chambre des Représentants. Cette majorité entraîne l’ouverture d’un procès au Sénat, où la majorité des deux tiers, cette fois-ci, est nécessaire pour que la destitution soit effective.

    Dans les faits, l’impeachment n’a été utilisé que très rarement, dans l’histoire des États-Unis, puisqu’il est réservé à des situations totalement exceptionnelles, en cas de crime ou de trahison. Ce qui concernant Trump, qui n’a jamais exercé d’office politique auparavant, semble plus qu’aléatoire comme démarche.

    La procédure a été enclenchée à trois reprises contre un président en exercice.

    1- Andrew Johnson en 1868 ;
    2- en 1974, contre le président républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate. Mais le processus n’a finalement pas abouti, Nixon ayant pris les devants en démissionnant ;
    2- Bill Clinton en 1998, accusé de parjure, le Sénat avait finalement décidé l’acquittement.

    Q. Puisque vous en parlez : quid des Clinton, sont-ils tirés d’affaire ?

    Jacques Borde. Probablement, non. Certes, Donald J. Trump est, jusqu’à présent, resté évasif quant aux actions pénales contre le clan Clinton, mais l’arrivée de Jefferson B. Jeff Sessions III, au poste d’Attorney general3 est la pire nouvelle que pouvaient attendre les Clinton…

    Q. Pourquoi donc ?

    Jacques Borde. Parce que l’enquête sur les activités de la Fondation Clinton, soupçonnée de détournement de fonds et de réception d’argent étranger, reste d’actualité. Et l’aile la plus dure du Parti républicain n’a pas l’intention d’abandonner.

    Aucune fraude de sa part geint le fan club d’Hillary ! Sauf que la Fondation a réussi à se payer un… yacht grâce aux dons. Étrange, relativement aux statuts d’icelle…

    Pour le Pr. Édouard Lozanski, président de l’Université américaine de Moscou, « Les Républicains conservateurs estiment que la famille Clinton a violé la loi à plusieurs reprises et doit enfin répondre de ses actes. Une telle occasion pourrait ne plus se représenter à l’avenir. Toutefois, Donald Trump ne s’est pas clairement exprimé sur l’affaire. Sa déclaration était assez évasive ». Mais, en fait, « Cela dépendra de celui qui sera nommé au poste de procureur général, car c’est ce dernier qui supervise l’activité du FBI. S’il s’agissait de Jeff Sessions, alors les Clinton seraient menacés. Je pense que Sessions sera justement nommé: c’est un sénateur républicain en exercice et il sera soutenu par les membres de son parti ».

    Or, c’est bien Jeff Sessions qui vient de prendre les commandes au Department of Justice (DoJ). Le ciel se couvre au-dessus de la Clintonie…

    Notes

    1 Pour Service de Sécurité générale. Équivalent israélien de la DGSI et du FBI.
    2 Allusion aux pratiques de l’Angleterre pré-victorienne…
    3 Ministre de la Justice.

    Jacques Borde

    http://www.voxnr.com/7051/trump-a-gagne-nen-deplaise-au-boboland-aux-groupies-dhiliary

  • Syrie: les journalistes ont vendu leur âme au diable!

  • Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

    Par Antoine de Lacoste

    Les feux de l'actualité sur la lutte contre l 'Etat islamique et la guerre en Syrie sont actuellement braqués sur Mossoul en Irak et Alep en Syrie qui constituent en effet deux fronts essentiels pour la suite du conflit au Proche-Orient.

    Mais si l'on veut regarder de plus près la situation en Syrie même, ce sont en réalité trois fronts principaux qui doivent retenir l'attention et que nous décrirons dans trois articles successifs.

    Tout d'abord Alep bien sûr, bataille à propos de laquelle la désinformation atteint des sommets. L'Ouest, partie dans laquelle vivent de nombreux chrétiens, est toujours resté aux mains du régime, même si les islamistes ont effectué de multiples tentatives pour s'en emparer. De furieux combats se sont ainsi déroulés en 2013 mais l'armée syrienne, aidée de milices chrétiennes, a pu repousser les assauts coordonnés par le très islamiste Front al Nosra.

    La partie Est en revanche, où les Sunnites sont largement majoritaires, est vite tombée aux mains des insurgés. Une bonne moitié d'entre eux sont membres d'al Nosra (rebaptisé depuis Fatah al Cham), le reste évoluant d'une milice à l'autre en fonction des rapports de force internes et du montant de la solde. Le tout étant à coloration largement islamiste n'en déplaisent aux Américains et aux médias occidentaux.

    Depuis, le statu quo régnait faute de moyens pour prendre l'avantage.

    Mais il y a quelques mois, les Russes ont décidé de reprendre la ville : c'est en effet la dernière grande zone urbaine tenue par les islamistes et sa chute aurait des répercussions psychologiques et stratégiques décisives.

    Aidée des Iraniens et des Libanais du Hezbollah chiite, l'armée syrienne a bouclé, non sans mal, le siège de la ville cet été. L'aide de l'aviation russe, d'une très grande efficacité, a une fois de plus joué un rôle essentiel. Les bombardements et les combats de rues sont maintenant quotidiens et les islamistes cèdent peu à peu du terrain non sans une résistance acharnée.

    Précisons au sujet des bombardements qu'ils sont réciproques : la partie Ouest reçoit son lot d'obus d'artillerie (le Front Fatah al cham en est richement doté grâce à l'aide de l'Arabie Saoudite) qui fait de nombreuses victimes : mais les comptes de nos médias sont légèrement partiels....

    De plus, les bombes russes ne sont jamais aveugles : leur précision a d'ailleurs surpris les experts militaires français et américains qui n'avaient pas perçu à quel point l'armée russe s'était modernisée. La grande difficulté de ce type de combat c'est que les combattants ennemis sont camouflés dans des immeubles où vivent des familles, voire dans des hôpitaux où sont soignés les blessés...

    Les islamistes sont en effet experts dans l'art d'utiliser la population comme bouclier puis ensuite de dénoncer les "crimes de guerre" de l'adversaire, sachant que les occidentaux relaieront tout cela sans le moindre discernement (les communistes avaient mis cela très au point lors de la guerre du Viet Nam). C'est une des raisons pour lesquelles le corridor sanitaire instauré par les Russes n'a pas été utilisé par la population auquel il était destiné : les menaces du Front Fatah al Cham étaient omniprésentes et il était physiquement impossible d'emprunter ce corridor sans passer dans la ligne de mire des tireurs islamistes.

    Le siège se poursuit donc et les contre-attaques islamistes se font de plus en plus rares. L'échéance est probablement pour bientôt mais tout dépendra de la décision de l'Arabie Saoudite.

    Il faut en effet savoir, aussi surprenant que cela puisse paraître, qu'une chaîne continue d'informations circule même au milieu des combats les plus violents.

    Les Russes, tout d'abord, parlent beaucoup avec les services secrets turcs depuis la réconciliation intervenue à la demande d'Erdogan et que Poutine, en fin stratège, a acceptée La situation dans le Nord exige de toutes façons un dialogue permanent entre Russes et Turcs tant la situation y est explosive.

    Les Turcs eux-mêmes parlent beaucoup aux Saoudiens : entre islamistes on se comprend. De plus la haine des Alaouites en général et de Bachar el Assad en particulier les rapproche encore.

    Quant aux Saoudiens, n'en déplaise là-encore aux occidentaux, ils contrôlent totalement le Front Fatah al Cham, fer de lance de l'insurrection islamiste à Alep.

    La boucle est ainsi bouclée et lorsque les Russes ont un message à faire passer, ils savent quel canal utiliser. Le tout maintenant est de savoir si les Saoudiens vont demander à leurs affidés de tenir jusqu'au bout pour gagner du temps mais au risque de voir près de 5000 combattants aguerris disparaître. Ils peuvent aussi décider d'économiser leurs troupes et de négocier une retraite en bon ordre avec armes et bagages.

    Il y a un précédent à Daraya, dans la banlieue de Damas, où 700 combattants islamistes avaient été évacués vers la province d'Idlib, au Nord-Ouest de la Syrie. Cela s'est passé en août 2016 sous le contrôle de l'armée russe.

    Cette province d'Idlib est ainsi en train de devenir, à son tour, un enjeu majeur.

    En attendant, une victoire de l'armée syrienne et de ses alliés semble se dessiner à Alep : ce n'est qu'une question de temps.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/12/08/operations-militaires-en-syrie-trois-fronts-concomitants-et-5884484.html

  • Fronts du Donbass et de Syrie : deux théâtres d’une même guerre

    Dans plusieurs articles et dans deux conférences données pour les Journées eurasistes, patronnées par Laurent James à Bruxelles puis à Bordeaux, j’ai eu l’occasion de dire et de répéter que ces deux théâtres de guerre sont liés sur le plan stratégique. Je le répéterai ici car la prise de conscience de ces tragiques faits d’actualité peut contribuer à redonner aux Européens (et aux Russes) la conscience d’un destin commun : celui d’une civilisation bicéphale, ottonienne et rurikide en ses premiers fondements, non plus triomphante mais assiégée, martyre, conspuée comme un Heliand non reconnu par les homme triviaux, sans foi ni loi.

    Revenons aux deux fronts de la guerre en cours : il serait sot d’imaginer que la situation en Syrie n’a rien à voir avec celle, bloquée, qui afflige les régions de l’Est de l’Ukraine. L’histoire nous enseigne que les deux régions sont des “régions-portails”, des gateway regions sur les “rimlands” entourant le “heartland”, la terre du milieu, dominée par la Russie. La notion géopolitique de gateway région ou “région-portail” a été mise en exergue par le stratégiste américain Saul B. Cohen dans plusieurs de ses essais et ouvrages. L’importance d’immobiliser, de détruire ou de bloquer les régions-portail est cruciale pour la stratégie globale actuelle et passée des États-Unis puisque celle-ci a toujours consisté à interdire le déploiement de synergies continentales sur la masse territoriale eurasiatique, dans le Vieux Monde ou sur l’Île-monde du géopolitologue britannique Halford John Mackinder. Cette stratégie globale implique d’empêcher toute coopération sur le long terme entre l’Europe centrale et la Russie. La pratique consiste dès lors à créer artificiellement des conflits dans les régions-portail afin qu’elles ne puissent plus jouer leur rôle d’interface entre grandes régions d’Eurasie. On y créera des turbulences permanentes ou des guerres de longue durée en appuyant indirectement des intermédiaires, des “proxies”, dont l’idéologie est toujours farfelue, délirante, criminelle et fanatique. Pendant des décennies, les régions-portail seront inutilisables, ne pourront plus servir à joindre des énergies constructives.

    La partie de l’Ukraine située à l’Est de la Crimée a relié jadis l’Europe (représentée par les comptoirs génois et partiellement vénitiens) au reste de l’Asie aux temps de Marco Polo, des grands khans mongols et plus tard encore, bien que dans une moindre mesure. La côte syrienne était la porte d’entrée des longues routes terrestres vers l’Inde et la Chine. La nécessité vitale de contrôler cette voie d’accès a amené l’Europe occidentale à lancer huit croisades durant notre Moyen-Âge (Spengler nous expliquait toutefois que la notion de “moyen-âge” n’est valide que pour nous).

    Les réalités géographiques sont stables et permanentes. Elles seules sont significatives, au-delà des régimes ou des personnalités politiques, des idéologies ou même des religions. Tous les oripeaux idéalistes, utilisés pour susciter des guerres inutiles ou, pour être plus exact et précis, des guerres retardatrices (Carl Schmitt), sont autant de dérivatifs lourds et parasitaires pour aveugler les naïfs. Mackinder a voulu nous l’expliquer dans son livre magistral et plus ou moins oublié aujourd’hui, Democratic Ideals and Realities, qui a connu plusieurs éditions, chaque fois remaniées, entre 1919 et 1947.

    Aujourd’hui, si les deux régions-portail en ébullition étaient pacifiées, les puissances économiques situées à l’Est et à l’Ouest de celles-ci, pourraient permettre l’acheminement de biens et de matières premières par voies terrestres, oléoducs et gazoducs, chemins de fer entre l’Asie orientale, l’Iran et l’Europe (dans le cas de la Syrie) et entre la Chine, la Russie et l’Allemagne (dans le cas de l’Ukraine). Ce qui est important aujourd’hui, et donc ne pourrait subir d’entraves artificielles, ce sont les projets postmarxistes et “listiens” de la Chine : elle les a imaginés et a commencé à les mettre en œuvre grâce aux surplus qu’elle a pu engendrer en devenant le principal atelier du monde. Elle envisage de les réaliser dans le cadre des BRICS et/ou du Groupe de Shanghai, avec l’assentiment de la Russie et du Kazakhstan.

    Je parle ici très spécifiquement de projets “listiens” dans le cadre de cette grande organisation continentale car Friedrich List fut le principal théoricien du développement dans l’histoire du monde. Il demeure un classique de la pensée politique concrète et reste d’une grande actualité. Il ne faut jamais oublier que List impulsa le développement des chemins de fer dans l’Allemagne non encore industrialisée de la première moitié du XIXe siècle, initiative qui a permis l’unification territoriale des États allemands (du Zollverein à la proclamation du IIe Reich à Versailles en 1871) et leur industrialisation fulgurante. Sans List, personne n’aurait jamais parlé d’une puissance allemande, politique et économique. Ce fut aussi List qui dressa les plans du creusement de canaux économico-stratégiques aux États-Unis (il fut fait citoyen américain), de façon à relier les régions des Grands Lacs aux ports de la côte est. En Allemagne encore, il propose aux cercles d’avant-garde politique, qui ne souhaitaient pas végéter dans l’aimable désordre de la Kleinstaaterei, de relier par canaux les bassins fluviaux de la Vistule à la Meuse dans la plaine nord-européenne alors dominée par la Prusse. Sans le génie de List, personne n’aurait jamais pu parler de la puissance agricole globale des États-Unis : en effet, l’État américain n’aurait jamais pu exploiter correctement le wheat belt, la “ceinture de blé”, du Middle West sans l’existence précoce d’un moyen de transport de masse vers les ports de l’Atlantique. De plus, l’approvisionnement aisé des grandes villes de la côte atlantique a permis d’attirer une immigration de grande ampleur venue d’Europe. Le ravitaillement était assuré.

    Selon List, qui songeait en termes de multipolarité continentale et favorisait les projets d’unification pacifiques sous l’égide du développement technologique, le rôle de l’État est justement de soutenir et de subventionner les moyens de communication pour susciter le développement de forces créatrices, industrielles, techniques et privées, appelées à croître. En ce sens, Joseph Schumpeter est son disciple. List appartient donc à une école libérale constructive, non handicapée par un fatras de notions idéologiques nauséeuses, présentées comme eudémonistes. Il est la figure de proue d’une école pragmatique efficace et non stupidement conservatrice de statu quo handicapants, qui a pu, dans le cadre des Lumières actives et non des Lumières bavardes, rejeter les aspects négatifs de l’idéologie libérale vulgaire qui oblitère l’Europe et l’eurocratisme aujourd’hui.

    Les pionniers chinois du développement de l’Empire du Milieu se réclamaient de List, à la fin de l’ère impériale moribonde à la fin des années 1890 et aux débuts du défi lancé par les Républicains nationalistes de Sun Yatsen (qui réussit sa révolution en 1911). List a eu beaucoup de disciples chinois. Après les crises subies par la Chine au cours de la première moitié du XXe siècle, les guerres civiles, les troubles provoqués par les “warlords” en lutte les uns contre les autres, l’occupation japonaise, l’ère communiste et la révolution culturelle, la Chine a décidé de se débarrasser tacitement du marxisme de l’époque maoïste, sans faire trop de tapage pour ne pas ameuter les masses auparavant conditionnées et les membres du parti. Cette “dé-marxisation” silencieuse est en fait une redécouverte de List et de ses disciples actuels, des plans qu’ils ont pensés et qui ressemblent à ceux que le maître initial avait forgés pour l’Allemagne ou pour les États-Unis.

    Ces plans ont donné la puissance économique, industrielle et agricole à ces deux pays. Les divagations idéologiques actuelles créent la confusion et font émerger des conflits empêchant l’éclosion et la mise en œuvre de développements utiles dans le domaine des communications, dont l’humanité toute entière pourrait bénéficier. C’est une politique belliciste et retardatrice (Carl Schmitt) qui a provoqué les guerres horribles et inutiles de Syrie et du Donbass. Et ces conflits pourraient, on l’imagine bien, être rapidement étendu au Caucase (Tchétchénie, Daghestan, Ossétie), aux provinces de l’Est de la Turquie (les Kurdes contre l’établissement turc), bloquant pour de longues décennies toute possibilité d’étendre les voies de communication ferroviaires, les oléoducs et gazoducs et les routes terrestres.

    ► Robert Steuckers, 4 juillet 2016.

    [article mis en ligne sur le site de RS et sur celui d’Euro-Synergies]

    http://www.archiveseroe.eu/recent/4

  • Le destin géopolitique de la France

    Alors que l'Histoire de l'Humanité - du moins sur les plans géopolitique et idéologique - est peut-être en train de vivre un tournant, avec la réémergence de la Russie et de la Chine, la phase, espérons-le, finale de la mort du système libre-échangiste globalisé, on est en droit de se demander quel rôle jouera la France dans ce nouveau monde. Ce n'est pas par l'analyse des événements mineurs et de courte durée que l'on peut anticiper quoi que ce soit quant à l'avenir de la France. La prospective se fait sur les constantes de longues durées, les données lourdes qui pèsent de manière permanente sur l'Histoire.

    L’acte de naissance de la France

    Il convient, si l'on veut tracer la trajectoire d'un mouvement historique, d'une entité politique, de revenir à son point de départ, l'origine de son impulsion et son arkhè (l'origine, le principe qui commande et qui oriente).

    Dans le cas de la France, qui d'autre que le grand historien Jacques Bainville(1) pour nous donner à la fois le contexte et les causes de sa naissance ? Il écrivait dans son Histoire de France (1924) :

    « Depuis longtemps déjà l'Empire romain agonisait. En mourant, il laissait une confusion épouvantable. Plus d'autorité. Elle tomba naturellement entre les mains de ceux qui possédaient l'ascendant moral : les évêques. On se groupa autour de ces "défenseurs des cités"... Rétablir une autorité chez les Gaules, obtenir que cette autorité fût chrétienne et orthodoxe, telles furent l'idée et l'œuvre du clergé.

    Deux hommes d'une grande intelligence, le roi Clovis et l'archevêque de Reims, saint Rémi, se rencontrèrent pour cette politique. Mais on aurait peine à comprendre le succès si l'on ne se représentait l'angoisse, la terreur de l'avenir qui s'étaient emparées de populations gallo-romaines depuis que manquaient Rome et sa puissante protection... La Gaule romaine désirait un pouvoir vigoureux. C'est dans ces conditions que Clovis apparut.

    À peine Clovis eut-il succédé à son père Childéric qu’il mit ses guerriers en marche de Tournai, sa résidence, vers le centre du pays. Il entreprenait de dominer les Gaules. À Soissons, gouvernait le "patrice " Syagrius, pâle reflet de l'empire effondré. Saint Rémi vit que le salut n'était pas là. Quelle autre force y avait-il que le Barbare du Nord ? Qu'eût-on gagné à lui résister ? Clovis eût tout brisé, laissé d'autres ruines, apporté une autre anarchie. Il y avait mieux à faire : accueillir ce conquérant, l'aider, l'entourer pour le mettre dans la bonne voie. De toute évidence, c'était l'inévitable. Il s'agissait d'en tirer le meilleur parti pour le présent et pour l'avenir.

    Clovis, de son côté, avait certainement réfléchi et mûri ses desseins. Il était renseigné sur l'état moral de la Gaule. Il avait compris la situation. Ce Barbare avait le goût du grand et son entreprise n 'avait de chances de réussir, de durer et de se développer que s'il respectait le catholicisme, si profondément entré dans la vie gallo-romaine...

    Il fallait encore que Clovis se convertît. Sa conversion fut admirablement amenée. Ce Barbare savait tout : il recommença la conversion de l'empereur Constantin sur le champ de bataille. Seulement lorsque, à Tolbiac (496), il fit vœu de recevoir le baptême s'il était vainqueur, l'ennemi était Allemand. Non seulement Clovis était devenu chrétien, mais il avait chassé au-delà l'ennemi héréditaire.

    On peut dire que la France commence à ce moment-là. Elle a déjà ses traits principaux. Sa civilisation est assez forte pour supporter le nouvel afflux des Francs, pour laisser à ces Barbares le pouvoir matériel. Et elle a besoin de la force franque. Les hommes, elle les assimile, elle les polira.

    Comme sa civilisation, sa religion est romaine, et la religion est sauvée : désormais le fonds de la France religieuse, à travers les siècles, sera le catholicisme orthodoxe. Enfin, l'anarchie est évitée, le pouvoir, tout grossier qu'il est, est recréé en attendant qu 'il passe en de meilleures mains, et ce pouvoir sera monarchique. Il tendra à réaliser l'unité de l'Etat, l'idée romaine aussi. Rien de tout cela ne sera perdu. À travers les tribulations des âges ces caractères se retrouveront. »(2)

    Le rôle universaliste de la France : du catholicisme aux Lumières

    Ces éléments constitutifs de la France que sont la monarchie et le Catholicisme, incarnés respectivement par le roi et le Pape (l'Eglise), c'est précisément ce que la Révolution détruira, pour les remplacer immédiatement par des institutions de substitution ; puisque leur objectif sera d'universaliser la Révolution sur le modèle du catholicisme (dont l'étymologie est catholicus, qui signifie universel). Il s'agit donc d'une contre-monarchie (la République) et d'un contre-catholicisme (la Révolution des Lumières).

    Sa position géographique, ses composantes "ethniques" et anthropologiques (synthèse de l'Europe méditerranéenne, latine, et germanique), son rôle religieux - du fait qu'avec le baptême de Clovis, le sacre royal et la dépendance qu'il induit à l'égard de la catholicité romaine se sont répandus dans toute l'Europe -, la France était à la fois la cible prioritaire (pour détruire l'ordre ancien et traditionnel) et le siège à partir duquel les Révolutionnaires voulaient répandre le messianisme des Lumières dans toute l'Europe, comme le Catholicisme avant lui.

    Ceci, l'anthropologue et psycho-sociologue Gustave Le Bon (1841-1931) l'avait saisi lorsqu'il écrivait : « Les violences de la Révolution, ses massacres, son besoin de propagande, ses déclarations de guerre à tous les rois, ne s'expliquent bien que si l'on réfléchit qu'elle fut simplement l'établissement d'une nouvelle croyance religieuse dans l'âmes des foules. »(3)

    C'est bien ce qu'a expliqué sans détour Vincent Peillon, ancien chercheur et ministre, dont les travaux ont porté sur les origines de la laïcité :

    « On ne peut pas faire une révolution uniquement dans la matière, il faut la faire dans les esprits. Or, on a fait la révolution essentiellement politique, mais pas la révolution morale et spirituelle. Et donc on a laissé le moral et le spirituel à l'Eglise catholique... Il faut remplacer ça... Il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine qui doit accompagner la révolution matérielle, mais qui est la révolution spirituelle, c'est la laïcité... »(4), et il écrit dans un autre ouvrage : « Toute l'opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature de la religion, de Dieu, du Christ et à terrasser définitivement l’Église. Non pas seulement l'Eglise catholique, mais toute Eglise et toute orthodoxie... »(5)

    Si l'on ne remet pas la Révolution française dans une perspective de longue durée en intégrant les constantes historiques et les actes fondateurs de la nation française, l'on ne peut comprendre la géopolitique européenne et eurasiatique contemporaine.

    De la république à l’Union européenne

    L'une des innovations les plus importantes qu'apportera la Révolution des Lumières et qui aura une incidence majeure et durable sur la politique française et européenne, est le transfert de souveraineté de Dieu à la Nation6. Transfert de souveraineté inscrit dès le lendemain de la Révolution dans l'article 3 de la Déclaration de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément », puis dans l'article 1 de la Constitution de 1791 : « La Souveraineté est une, indivisible, inaliénable et imprescriptible. Elle appartient à la Nation. »

    Cette perversion (au regard de l'histoire, du droit naturel, et bien sûr de la théologie dont est issu le concept de souveraineté) de l'essence de la souveraineté, ouvrira la voie au transfert de souveraineté de la Nation à l'Union européenne.

    Ceci n'est pas apparu aux analystes car ils n'ont pas vu que la souveraineté ne saurait être dissociée de Dieu qui confie cette même souveraineté à un lieutenant (le roi) qui en est le dépositaire et qui exerce son pouvoir sur un territoire donné. Dès lors que l'on dissocie la souveraineté du pouvoir spirituel, de Dieu, le pouvoir ne vient plus d'en haut (le Royaume des cieux) mais d'en bas (la Nation), ses principes ne découlent plus du droit naturel et peuvent être alors altérés ou tout simplement abolis.

    Il fut alors d'autant plus aisé de confisquer les pouvoirs régaliens de la République - comme celui de battre monnaie (la BCE qui remplace la Banque de France) et d'émettre des lois (le Parlement européen se substituant au Parlement français), sans parler de la diplomatie et de l'armée nationale qui est pilotée par l'OTAN - pour les confier à l'OTAN et à l'Union européenne(7).

    Mort de l’Union européenne et renaissance de la France ?

    Le système de libre-échange conjugué à l'euro (dont résulte la récession économique et le chômage de masse8), la perte de souveraineté (dans tous les domaines) et la soumission à des puissances étrangères (Etats-Unis, Israël...), la corruption de la classe politique provoquent un rejet complet de l'Union européenne par le peuple français et les autres peuples d'Europe.

    L'UE est donc en danger de mort - le Brexit et l'élection de Donald Trump aggravent son cas -, et l'oligarchie composite qui la pilote en est consciente.

    C'est certainement pour cette raison que Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2002) qui bénéficie d'une grande crédibilité et d'une image de démocrate-souverainiste, vient de publier un livre au titre explicite (Sauver l'Europe, novembre 2016) dans lequel il propose une nouvelle Union européenne « préservant la souveraineté des nations ». Hubert Védrine propose en somme de transformer l'Union européenne, de la réformer afin de la sauver de la colère des peuples.

    Lors d'une interview accordée à RFI (Radio France Internationale) en novembre 2016, il résuma son projet pour sauver la maison UE en ruine : « Je pense qu 'on peut avoir des institutions différentes, repensées, corrigées, allégées, fonctionnant de façon subsidiaire, que ça donnerait beaucoup d'oxygène aux démocraties nationales et qu'on s'y retrouverait mieux entre les leaders, les dirigeants et les peuples. Mais je ne crois pas à la dislocation complète non plus et je ne la souhaite évidemment pas. »(9)

    L'objectif - ou plutôt le piège - est d'assouplir les institutions européennes afin qu'elle ne se brisent pas sous la pression des peuples.

    Si les États-Unis, sous Donald Trump, réforment l'OTAN, se détournent de l'Europe pour l'Asie (comme proposé par Zbigniew Brzezinski(10), l'Union européenne en serait plus affaiblie encore et pourrait s'effondrer sous les coups de boutoirs populaires. Si dans la même séquence la classe politique française est balayée - qui sait sur quoi déboucheront les élections présidentielles de 2017 ; peut-être un bouleversement politique ? - et renouvelée, la France pourra peut-être de nouveau jouer son rôle à l'échelle européenne.

    Ce sur quoi il faut parier pour anticiper les événements, ce sont les constantes historiques qui ont toujours raison des variables.

    Jean Terrien. Rivarol du 24 novembre 2016

    1) Sur la méthodologie de Jacques Bainville voir : Pierre Hillard, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, éd. François-Xavier de Guibert, 2007, chapitre V : Jacques Bainville, un modèle pour comprendre l'avenir.

    2) Jacques Bainville, Histoire de France, 1924, chapitre 1 : Pendant cinq cents ans, la Gaule partage la vie de Rome.

    3) Gustave Le Bon, La psychologie des foules, 1895.

    4) Vincent Peillon, La Révolution française n 'est pas terminée, Seuil, 2008, p. 162.

    5) Vincent Peillon, Une religion pour la République : La foi laïque de Ferdinand Buisson, Seuil, 2011, p. 277.

    6) Sur le transfert de souveraineté voir : Youssef Hindi, Les mythes fondateurs du Choc des civilisations, Chapitre V : 7) Religion et modernité, laïcité et souveraineté divine, Sigest, 2016.

    8) Sur l'Union européenne comme marchepied vers une gouvernance mondiale, voir : Pierre Hillard, op. cit.

    9) Sur le sujet voir : Jacques Sapir, La démondialisation, Seuil, 2011.

    10) Voir l'interview : <http ://www.rfi.fr/ video/20161118-hubert-vedrine-sauver-europe>.

    Zbigniew Brzezinski, Toward a Global Realignment, The American Interest, 17104/2016. Paru in : Volume 11, Numéro 6