Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 598

  • Syrie: Alep en voie de libération, la Russie domine la situation mais les USA poursuivent leur jeu trouble. Analyse

    La ville d’Alep, bastion des islamistes depuis 2012, aujourd’hui assiégée par l’armée syrienne, devrait être libérée prochainement, à cet effet la Russie a ouvert quatre couloirs humanitaires pour secourir et évacuer la population. En marge de ce nouveau succès de la politique russe en Syrie, un autre accord de coordination militaire est annoncé entre la Russie et les USA dans lequel le rôle du Front Al-Nosra est sujet à caution.

    Opération humanitaire

    Alors que l’Est d’Alep, détenu par les islamistes depuis 2012, est depuis le 17 juillet complètement assiégé par l’armée syrienne, le général Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, a annoncé jeudi le lancement d’une « opération humanitaire de grande ampleur », avec la création de quatre couloirs humanitaires pour les civils et les combattants prêts à rendre les armes. Le ministre a précisé que « les civils pris en otage par les terroristes ainsi que les combattants souhaitant déposer les armes » pourraient emprunter ces corridors. Le corridor du Nord, sur la route du Castello, devant permettre « le passage en sécurité des combattants armés », a-t-il ajouté, assurant qu’il s’agissait uniquement« d’assurer la sécurité des habitants d’Alep ». Le ministre russe de la Défense,  qui a dit agir sur ordre du président Poutine, annonçait en même temps que des aides médicale et alimentaire seraient véhiculées par ces couloirs humanitaires.

    L’opération a débuté le 28 juillet.

    L’Express rapporte aujourd’hui que « Selon l’armée russe, 14 tonnes d’aide humanitaire (produits alimentaires, médicaments et produits de première nécessité) ont été livrés « dans la zone des points de passage » et 2 500 kits d’aide humanitaire ont été largués sur les quartiers est d’Alep.

    Évacuation difficile des 250 000 habitants pris en otage

    L’ex-capitale économique de Syrie est divisée depuis 2012 entre les quartiers de l’Ouest de la ville sous le contrôle de Damas, et les quartiers de l’Est dans lesquels les insurgés sont retranchés. La reconquête des quartiers de l’Est est en pleine exécution, mais les islamistes s’obstinent à résister âprement, malgré un appel à déposer les armes de la part des autorités de Damas; en effet, le président Bachar el-Assad a décrété jeudi une amnistie pour tous les rebelles qui rendraient les armes:  « Toute personne portant les armes (…) et étant recherchée par la justice (…) est exemptée de la totalité de la peine si elle se rend et dépose les armes dans les trois mois suivant la date de publication de ce décret », indique le décret, qui précise que serait exemptée de sanction toute personne qui aura libéré, sans contrepartie, un otage qu’il détenait. Mais les menaces de l’encadrement islamiste empêchent les combattants de déposer les armes et les civils d’emprunter les corridors humanitaires comme ils le souhaiteraient parce qu’ils sont retenus contre leur gré pour servir de boucliers humains.

    « Pour le moment, on ne peut pas dire que les terroristes se rendent massivement »,constatent les miliciens qui combattent avec l’armée syrienne, « Mais ces dernières 48 heures, plusieurs dizaines de djihadistes se sont rendus dans les quartiers de Salaheddine et de Cheikh Maqsoud »

    Lire la suite

  • "Les crimes US ne sont pas couverts par les médias"

    Pourquoi les médias occidentaux passent-t-ils sous silence les massacres perpétrés par la coalition menée par les Etats-Unis en Syrie?

    Les médias aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ne sont pas indépendants: ils constituent une partie intégrante de l'élite politique à Washington et à Londres, leur tâche étant de formater l'opinion publique, estime Marcus Papadopoulos, rédacteur du magazine Politics First.

    La Syrie a lancé un appel à l'Onu, affirmant que 45 civils avaient été tués et 50 blessés dans des frappes aériennes américaines effectuées jeudi près de la ville de Manbij près d'Alep. Le commandement central américain Central Command (CENTCOM) a admis que les frappes aériennes avaient "peut-être fait des victimes civiles", mais n'a pas fourni de chiffres.

    La Grande-Bretagne et les Etats-Unis se posent en "phares de la civilisation, en protecteurs des droits de l'homme et de la démocratie". Les médias sont censés créer cette image, aussi n'est-il pas surprenant que les informations sur les massacres de civils par les forces armées américaines ne soient pas convenables pour eux.

    Selon lui, la Syrie ne pourra sans doute pas obtenir de l'Onu une condamnation officielle des frappes aériennes de la coalition américaine, car la Grande-Bretagne et les Etats-Unis mettront un veto sur une résolution en ce sens, estime M. Papadopoulos.

    "Nous vivons malheureusement dans un monde où les crimes du gouvernement américain ne sont pas relayés à l'audience occidentale", a indiqué l'expert. 

    https://fr.sputniknews.com/international/201607311027091036-usa-medias-crimes-silence/

  • Journal du Vendredi 29 Juillet 2016 : Terrorisme / La radicalisation entre la toile et les barreaux

  • La France a tué 164 civils dans un raid en représailles à l’attaque de Nice

    Le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations Unies, Bachar Al-Jaafari, a revu à la hausse le bilan des victimes des frappes françaises après l'attentat du 14 Juillet, et alerté sur les conséquences humanitaires des raids de la coalition.
    Profitant de son intervention au Conseil de sécurité des Nations unies lundi 25 juillet, le diplomate syrien Bachar Al-Jaafari a annoncé que le raid aérien français mené en Syrie, en représailles à l'attentat de Nice du 14 Juillet avait causé la mort de 164 villageois – soit près de deux fois le nombre de victimes de la Promenade des Anglais. Le diplomate a regretté le manque de communication entre les autorités syriennes et les forces de la coalition, menée par les Etats-Unis et à laquelle participe la France, qui aurait pu permettre d'éviter ce genre de drame.
    Selon le responsable syrien, les autorités françaises ont souhaité frapper les positions de l'Etat islamique, dans le village de Toukhan al-Koubra au nord du pays, dans le cadre des opérations de la coalition internationale. Or, a-t-il indiqué, «Daesh a pris en otage les [habitants de ce village] et s'en est servi comme boucliers humains».
    «Lorsqu'ils ont appris que le président français avait déclaré que la France allait venger [les attentats de] Nice, les commandants de Daesh ont donné l'ordre [à leurs forces] d'évacuer ce village» a précisé le diplomate. Par conséquent, lorsque les avions militaires français ont bombardé cette position, les combattants djihadistes avaient fuit celle-ci... mais les civils s'y trouvaient encore.
    Des raids dénoncés par Damas auprès de l'ONU

    Le 20 juillet, les autorités syriennes avaient annoncé la mort de 120 civils durant ces frappes aériennes françaises, réalisées mardi 19 juillet près de la frontière turque. A cette occasion, le gouvernement de Syrie avait écrit à l'ONU, l'enjoignant à condamner les frappes aériennes réalisées par la coalition menée par les Etats-Unis, sans l'autorisation de Damas ou sans mandat du Conseil de sécurité des Nations unies.
    Ces raids, ont affirmé les autorités syriennes, ont plus contribué à endommager l'infrastructure du pays qu'à affaiblir les forces de l'Etat islamique.
    Russes et Américains veulent mener une enquête sur ce raid

    Devant le Conseil de sécurité, le représentant de la Russie auprès de l'ONU Vitaly Tchourkine a exprimé ses «inquiétudes profondes» à propos de l'annonce de la mort de civils dans des raids français et américains, et a annoncé que la Russie «espérait une enquête menée par des forces militaires adéquates».
    La représentante des Etats-Unis, de son côté, a déclaré qu'une enquête serait menée par des ONG au sujet de ce raid meurtrier – une option qui n'a guère convaincu Vitaly Tchourkine, selon qui les faits pourraient, de cette manière, «être balayés sous le tapis».
    «De nombreux civils ont pu être tués dans le nord [de la Syrie, durant le raid]», a toutefois admis la représentante américaine.
    Moscou et Washington soutiennent deux camps opposés dans le conflit syrien, le premier portant assistance aux forces gouvernementales, le second appuyant des groupes rebelles dans le cadre de la coalition internationale.

    al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuyAyZuukpHOIQPdVA.shtml

  • Poutine sème le chaos à la convention démocrate… disent-ils

    En attendant, Trump ne baisse pas le rythme.

    En Tim Kaine, démocrate « à la papa », Hillary Clinton avait choisi pour colistier un mâle blanc pur beurre. Il lui fallait d’urgence se prémunir contre la pénétration croissante de Trump au sein de l’électorat ouvrier des États pivots industriels en détresse.

    À juste titre : les sondages, suite à la convention républicaine de la semaine dernière, illustrent la remontée catastrophique de Trump, son hold-up sur les électeurs indépendants et la croissance inespérée de sa cote de popularité, cependant que les paramètres négatifs de madame Clinton (mensonge, honnêteté) montent en flèche. Mauvais…

    Ceci en dépit de la puissante logorrhée publicitaire qui présentait Trump en désaxé, avant la grand-messe de Philadelphie de cette semaine, convention conçue pour vendre une fausse unité, tout en confirmant la « yougoslavisation » du pays, élevant au pinacle les représentants des forces centrifuges d’une société américaine en état de déni. Les vraies urgences des démocrates : la police ennemie des Afro-Américains, les toilettes des transsexuels, les discriminations d’un autre âge, la nationalisation des immigrants illégaux. La routine, quoi…

  • La Turquie, démocratie exemplaire ou pays fermement dirigé ?

    Le coup d’État avorté du 15 juillet en Turquie remet, si je puis dire, les pendules européennes à l’heure d’Ankara ! Le lent processus d’intégration de cette « grande démocratie » orientale dans l’Union semble bien de nouveau compromis…

    En effet, la gouvernance déterminée d’Erdoğan est sensiblement différente, dans ses applications, de celle précautionneuse et timorée de la nôtre, que l’on se plaît chaque jour à nous rappeler, sous le slogan prêchi-prêcha du cocktail incantatoire droits-de-l’homme-valeurs-de-la-République.

    Aussitôt fomentée, aussitôt réprimée, cette tentative d’opposants au régime montre combien celui-ci était armé contre les protestations ou contestations plus violentes. Un exemple de fermeté et détermination qui laisse pantois, sinon admiratif. Non, je ne compare à personne, mais suis stupéfait par la rapidité et l’efficacité de la réaction « légale » contre le complot…

    Lire la suite

  • OTAN-POLOGNE

    Ce billet consécutif au sommet atlantique de Varsovie est paru dans l'Action Française 2000 du 21 juillet 2016 sous le titre Varsovie sollicite l’Otan face à Moscou (n°2936 p.6). Il entre en archives chez Royal-Artillerie sous le libellé AF2000 avec quelques notes en bas de page.

    Parmi les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) la Pologne a pris la tête du combat de confinement des appétits russes. Historiquement les relations russo-polonaises ont toujours été tumultueuses et sanglantes. Après mille ans de disputes, elle fut déplacée de trois cents kilomètres vers l'ouest par Staline en 1945, qui voulait un glacis à son occident. Acquérant jusqu'à l'Oder des terres prussiennes à poloniser, elle y perdit les vieilles provinces de Polésie, Volhynie et Galicie avec des capitales importantes comme Lvov et Brest(-Litovsk). Les républiques augmentées d'Ukraine et Biélorussie furent dotées d'un siège à l'ONU pour marquer définitivement la frontière après un nettoyage ethnique brutal. Ainsi le contentieux russo-polonais n'est-il pas seulement dû aux quarante-cinq ans d'occupation soviétique et au massacre de Katyn.
    Dans la préparation du sommet atlantique de Varsovie (8-9 juillet 2016) le ministre polonais des affaires étrangères exigeait la mise en œuvre immédiate des dispositions du sommet de Newport (septembre 2014 au pays de Galles) pour ce qui concernait les renforts occidentaux en rotation sur les pays baltes, des manœuvres militaires en Pologne même, l'activation effective du bouclier anti-missiles et un soutien à l'Ukraine par la formule de la porte ouverte.Lors de ce sommet de Varsovie, il obtint le concours parallèle de Madeleine Albright, ancien secrétaire d'Etat de Bill Clinton et tchèque de naissance, qui, sans manières, appela un chat un chat et poussa à l'extension vers l'Ukraine et la Géorgie, autant qu'il en serait demandé par ces pays. Malgré ses quatre-vingt ans, Albright a gardé son caractère entier et sa parfaite détestation du Kremlin. On aurait pu attendre des minutes du sommet le coupage à l'eau claire de ses provocations ; il n'en est rien. Le communiqué final en cent trente-neuf points s'ouvre par l'accueil du Monténégro et la formule pacifique d'usage et se clôt en remerciant le pays hôte de son accueil. Pour le reste, on relèvera plusieurs axes qui gêneront toute réactivation du Conseil Otan-Russie (COR) jusqu'au jour où celle-ci viendrait à résipiscence, dont le concept réitéré de projection de la stabilité en avant des frontières de l'Alliance et la dénonciation de la duplicité russe en termes non équivoques dès le paragraphe 5 : "Les actions agressives de la Russie, y compris ses activités militaires provocatrices à la périphérie du territoire de l'OTAN et sa volonté avérée d'atteindre des objectifs politiques par la menace ou l'emploi de la force, constituent une source d'instabilité régionale, représentent un défi fondamental pour l'Alliance, ont nui à la sécurité euro‑atlantique, et menacent l'objectif, que nous poursuivons de longue date, d'une Europe libre, entière et en paix."
    (1): les lecteurs peuvent le lire en français sur le site de l'OTAN.Le paragraphe 10 va désespérer Thierry Mariani, qui annule d'avance toute approche en crabe d'aucun membre de l'Alliance quant à l'abandon de la Crimée ou du Donbass. Mais le plus disert sur un futur dangereux est ce que l'on trouve au paragraphe 12 : "Nous restons ouverts à un dialogue périodique, ciblé et substantiel avec une Russie qui soit disposée à mener des échanges au sein du Conseil OTAN‑Russie sur la base de la réciprocité, en vue d'éviter les malentendus, les erreurs d'appréciation ou les escalades involontaires, et à accroître la transparence et la prévisibilité. Nous disposons également de lignes de communication militaires. Nous sommes convenus de continuer de nous servir de tous ces canaux pour aborder les questions d'importance critique auxquelles nous sommes confrontés, et nous appelons la Russie à faire bon usage de toutes les lignes de communication". En clair :
    Nous réactivons le téléphone rouge de la guerre froide qui faisait revenir à la maison les avions menaçants. La suite du communiqué¹ relève des dispositions détaillées prises sur les points chauds (y compris l'Etat Islamique) et sur les structures atlantiques de réaction rapide.
    La Pologne a obtenu presque tout ce qu'elle cherchait sauf le commandement de la brigade alliée en rotation : consolider le rempart et le doter en effectif comme otage de son intransigeance. Elle appelle à transférer chez elle un grand quartier général atlantique et se dit prête à prendre plus que sa quote-part des frais. Mais est-elle sûre à ce point de l'article 5 du traité de Washington qui ferait accourir les 28 autres membres ? Cet article dont les pays de l'Est ont plein la bouche prévoit que la partie attaquée répliquera « en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée ». Les mesures prises seront soumises au Conseil de Sécurité dans la plainte qu'il recevra. Une déclaration collective de guerre automatique n'est pas explicite. Sans attendre que la Pologne ait compris le "truc", l'Allemagne réarme.
    PS d'aujourd'hui : lire aussi l'analyse convergente de Jean-Gilles Malliarakis sur L'Insolent (clic) et l'article de Luc de Goustine chez Renouvin (clac) qui prend le parti du Kremlin avec l'automaticité que l'on connaît.

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • Les USA déclarent la France tricarde en Iran

    Pesanteurs médiatiques obligent, il advient parfois que le plus important ne soit pas ce qu’on dise, mais qui le dit. En l’occurrence, Renaud Girard, grand reporter au Figaro et ami de toujours du défunt Gérard de Villiers, Monsieur SAS, dont le legs géopolitique fut même salué en quelques dizaines de pages dans la prestigieuse Revue des deux mondes de juillet 2014.

    Bref, que nous dit Renaud Girard sur son blog personnel du 22 juin dernier ? Rien, si ce n’est ceci, à propos de la levée de l’embargo américain sur l’Iran : « Résister à la dictature financière américaine ». Soit tout ce que l’on peut apprendre sur nombre de médias dissidents ; sauf que là, c’est dans Le Figaroqu’on le lit : « L’Iran a exécuté l’intégralité de ses obligations au titre du traité du 14 juillet 2015, avec pour objectif la levée des sanctions commerciales et financières, que les grandes puissances occidentales avaient imposées en raison du programme nucléaire de Téhéran. En janvier 2016, il y a eu, comme convenu, la levée des sanctions européennes. »

    Seulement voilà : « Depuis, alors que les banques européennes peuvent juridiquement financer les projets des entreprises, elles ne le font pas. Traumatisés par les amendes gigantesques payées par la BNP et d’autres banques, les établissements financiers d’Europe sont paniqués par les possibles punitions des autorités américaines. Ils veulent faire leur métier, en accompagnant les entreprises européennes, à la conquête d’un des plus grands marchés vierges du monde. Mais elles ont peur. Peur de la punition de la Puissance américaine. »

    Lire la suite

  • Le peuple russe : majorité invisible

    L’Europe a bien voulu écouter les Ukrainiens et les Tatars ; mais les Russes n’ont jamais eu voix au chapitre.

    « Nous sommes terrifiées et affligées par les actes du gouvernement russe qui, avec des armes, des soldats et des outils de propagande, mène une guerre contre l’Ukraine, son voisin le plus proche. Nous protestons contre l’intervention militaire et le soutien aux républiques fantoches de Donetsk et de Lougansk, qui terrorisent la population et dévastent le pays. Nous nous opposons à cette propagande de la haine qui, depuis des mois, déforme la réalité de ce qui se passe dans l’Est de l’Ukraine et incite les gens à la violence » : c’est par ce message que se sont adressées deux traductrices allemandes aux participants du Congrès des traducteurs de littérature russe, qui s’est tenu à Moscou en septembre 2014.

    Un message fort et qui résume à merveille la vision de la plupart des Européens sur la crise ukrainienne. Pour eux, il n’y a pas de doute possible : dans cette guerre, c’est la Russie qui attaque, et l’Ukraine se défend. La Russie chercherait à satisfaire une « soif impériale » inassouvie en tentant d’engloutir ses anciens satellites. Dans la conscience européenne, la Russie se laisse guider non par la raison mais par des instincts, telle une force sauvage, dangereuse et imprévisible.

    [Ce texte, publié par Inna Doulkina le 26 septembre 2014, n’a rien perdu en actualité.]

    Persuader l’Europe qu’elle se trompe dans son analyse n’est pas une mince affaire. Même Poutine, visiblement, y échoue. On l’imagine bien dire à Barroso, au cours de leur désormais fameux entretien téléphonique : « Si j’avais réellement voulu occuper l’Ukraine, je l’aurais fait en deux semaines. » Et voilà le président de la Commission européenne qui s’empresse de convoquer la presse pour déclarer que Poutine menace d’envahir Kiev et, qui sait, toute l’Europe. Alors que l’autre tentait précisément de lui expliquer le contraire.

    Si l’Europe ne comprend pas les motifs de la Russie, c’est avant tout parce que, dans sa résolution de l’équation ukrainienne, elle refuse d’en voir l’un des principaux éléments : les Russes.

    Ces Russes qui vivent sur le territoire ukrainien et se battent aujourd’hui contre le régime de Kiev. Ces hommes existent, ils sont nombreux ; ils avaient, dans leur vie d’antan, des métiers divers et on ne peut plus banals. Et voilà qu’un beau jour, ils ont acheté une tenue de combat, pris les armes, formé des bataillons et sont partis en guerre. Pourquoi ? C’est toute la question que la presse occidentale refuse de se poser. Au lieu d’essayer de comprendre ce qui anime ces hommes, les journalistes et les politiciens occidentaux les dénigrent de façon systématique – ce qui, selon eux, devrait tout expliquer mais qui, justement, ne résout rien. À les en croire, les insurgés ne seraient qu’un ramassis de bandits chevronnés, profitant du chaos ambiant pour s’adonner au meurtre et au pillage.

    Or, ces suppositions sont fausses. L’écrivain russe Zakhar Prilépine, qui s’est rendu dans le Donbass en ce mois de septembre, dresse un portrait des insurgés, après avoir passé du temps à leurs côtés : « J’ai fait un bout de route en voiture avec 14 insurgés tout juste libérés (les républiques populaires et la garde nationale ukrainienne échangent en ce moment leurs captifs). J’ai pu les écouter. Ils ont en moyenne entre 45 et 65 ans. Ce sont majoritairement des ouvriers – pas ces miséreux déclassés des villes mourantes, mais des ouvriers soviétiques. Vous vous rappelez forcément de ce type – des hommes obstinés, réglos, qui ont des principes, qui savent travailler de leurs mains mais qui s’y connaissent aussi en histoire et en géo, qui savent en parler à leurs enfants, qui lisent, qui vont au théâtre, qui ont été un temps antisoviétiques mais cela leur a vite passé, et ils ont retrouvé leur fierté nationale. »

    Lors de ses pérégrinations dans un pays en guerre, Prilépine rencontre des « civils », mais aussi des membres des cercles criminels : « Dans un café à Donetsk, j’ai rencontré des combattants, des hommes blessés, mais malgré cela, heureux et détendus. À une table voisine, j’ai vu aussi des « bœufs » locaux en vestes de cuir, fronts rabougris, jambes écartées, ils regardaient de travers et respiraient lourdement. Sur Internet, en Russie, on aime raconter qu’en Ukraine, il n’y a que des bandits qui font la guerre. Seuls des gens qui n’ont jamais vu un bandit de leur vie peuvent affirmer une chose pareille. Les « vrais mecs », ici, évitent le combat. Ils restent dans les cafés. Ils discutent. C’est tout. »

    Certes, ce n’est que l’avis romancé d’un écrivain, mais il est loin d’être le seul : les témoignages confirmant que les insurgés sont principalement des locaux, et qu’ils combattent non par plaisir mais par nécessité sont légion – il suffit de s’y intéresser. Mais pourquoi se battent-ils donc ?

    C’est une question qui mérite au moins d’être posée, et qui fournit les clés nécessaires à la compréhension du conflit ukrainien. C’est une question qui explique, aussi, pourquoi la Russie a rattaché la Crimée à son territoire et pourquoi elle soutient le Donbass. (Bien moins, d’ailleurs, que ne le voudraient ses habitants.)

    Mais l’Europe ne veut pas se poser cette question. Pour elle, les Russes, dans cette histoire, sont des invisibles. Les Russes de Crimée d’abord, dont la position n’a jamais été entendue à l’Ouest. Leur terreur de se retrouver coincés dans une Ukraine ne respectant pas leur langue ni leur culture n’a jamais été prise en compte. Leur désir de se rattacher à la Russie, un désir ancien, ardent et réel, n’a pas été pris au sérieux. L’Europe a bien voulu écouter les Ukrainiens et les Tatars ; mais les Russes n’ont jamais eu voix au chapitre.

    Puis, la situation s’est reproduite pour les Russes du Donbass. L’Occident n’a pas daigné s’intéresser à ces populations qui n’avaient rien demandé à personne, qui ne cherchent qu’à vivre en paix sur leur terre, conformément à leurs représentations du Bien et du Mal. Ces Russes qui veulent parler leur langue sans restriction, honorer leurs aïeuls, fêter le 9 mai et maintenir des liens avec la Russie – ont-ils jamais été écoutés ?

    Non. L’Europe passe à côté de ces hommes et ces femmes. Et si elle refuse de les regarder dans les yeux, c’est aussi parce qu’ils sont l’élément dérangeant qui risque de détruire l’idée qu’elle se fait de la Russie – et du monde en général.

    Ce que l’Europe peine à comprendre, c’est qu’il se trouve des gens, sur cette planète, et notamment en Russie et en Ukraine, qui ne rêvent pas de s’installer chez elle, ni d’adopter son mode de vie. Ils se sentent bien chez eux, et l’émigration n’est pas, à leurs yeux, un symbole de réussite. Avec cela, ces gens ne sont pas des attardés mentaux – ils possèdent tout simplement leur culture propre, et ils ne sont pas prêts à la brader contre un permis de séjour et une allocation chômage, quelque généreuse qu’elle puisse paraître.

    On peut comprendre que l’Europe ait du mal à se le figurer : ses préfectures sont assaillies de milliers d’étrangers qui veulent se suspendre à ses mamelons ; difficile effectivement, dans ce contexte, de croire que ce n’est pas le rêve du monde entier. Pourtant, c’est la réalité, et si l’on trouve, parmi les Russes, un certain nombre d’émigrés potentiels, la plupart d’entre eux veulent vivre dans leur pays et n’ont pas l’intention de le quitter.

    Le problème, c’est que l’Europe n’écoute que les premiers et passe totalement à côté des autres. C’est à l’époque soviétique que l’Occident a pris l’habitude de forger sa vision de l’URSS sur la base de ce que lui en rapportaient les dissidents émigrés. C’est bien d’écouter les dissidents – les problèmes commencent lorsqu’ils deviennent les interlocuteurs privilégiés, voire uniques.

    Car à force de ne côtoyer que des occidentalistes forcenés, l’Europe réduit le concert de la nation russe à une seule note audible. Au lieu de se plonger dans une bibliothèque, elle relit, des années durant, un seul et même livre, s’interdisant d’en ouvrir d’autres. Il faut dire aussi que ses interlocuteurs l’assurent en permanence qu’ils sont les seuls représentants de leur peuple dignes d’être écoutés. Qu’ils font partie des rares êtres civilisés – et que tous les autres sont des barbares.

    Sans conteste, la vision « dissidente » de la Russie est digne d’intérêt. Mais elle n’est pas la seule valable – les Russes qui ne se désignent pas comme étant la « conscience de la nation » en ont une aussi, de conscience. Et l’Europe, ne serait-ce que pour se faire une image plus complète, ferait bien de s’y intéresser. Qui sait, peut-être serait-elle surprise ?

    Mais visiblement, elle ne s’empresse pas de le faire – et ce probablement, aussi, parce qu’elle ne souhaite pas sortir de sa zone de confort : il est bien plus aisé d’écouter ceux qui vous confirment dans vos représentations plutôt que ceux qui les contredisent.

    C’est parce que l’Europe vit dans la certitude que toute l’humanité rêve de s’installer sur ses terres bénies et que son projet de société est le plus avantageux qu’elle échoue à comprendre les sentiments des Criméens et des Russes du Donbass, qui rejettent le projet ukrainien de rattachement à l’UE.

    Et eux, s’ils le rejettent, c’est simplement parce qu’ils se sentent russes avant tout. Parce qu’ils tiennent à leur identité, à leur culture et à leur mémoire. Ils n’ont pas l’intention de les imposer à la terre entière, non – que les alarmistes se rassurent ; mais en revanche, ils sont prêts à les défendre, et par les armes, s’il le faut. Parce que le « village global » attire bien moins que ce qu’on voudrait nous faire croire ; parce que l’identité nationale et culturelle demeure un élément fondateur crucial pour une majorité écrasante d’êtres humains. Et plutôt que de tenter de la diluer dans une « humanité globale », il vaut mieux l’accepter et la respecter. Ce n’est pas la suppression des différences qui fait la paix mais leur respect. Et la Russie, polyethnique et polyculturelle mais solidaire et unie, n’en est pas le plus mauvais des exemples.

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-peuple-russe-majorite-invisible-183155

  • Qu'est-ce que ce serait s'ils n'étaient pas modérés

    Lu sur le blog d'Yves Daoudal :

    "Depuis quelques jours circule sur les « réseaux sociaux » une vidéo où l’on verrait des « rebelles » syriens décapiter un enfant de 11 ans coupable de collaboration avec le gouvernement syrien.

    Hélas la vidéo est authentique. Et il faut ajouter que l’enfant a été torturé sur tout le corps avant d’être décapité. Et que ces rebelles sont garantis « modérés ».

    On entend d’abord un officier de l’Armée syrienne libre livrer la sentence de condamnation à mort. Il ajoute : « Ils n’ont plus d’hommes, maintenant ils envoient des enfants. » La sentence est exécutée par les soldats de Nour al-Din al-Zenki (c’est le nom de l’émir d’Alep au temps des croisades), un groupe membre de l’Armée syrienne libre. A la fin le bourreau montre la tête en scandant Allahou Akbar. Le tout se déroule devant des badauds souriants.

    Les dirigeants de Nour al-Din al-Zenki ont authentifié l’horreur en disant que ce n’était pas bien et qu’une « commission d’enquête » allait être créée… (Mais la sentence a été délivrée par leurs patrons de l’ASL…)

    Le groupe Nour al-Din al-Zenki a reçu des aides et des armes de l’Arabie saoudite, du Qatar, de la Turquie, et de la CIA (missiles anti-char).

    L’Armée syrienne libre est le chouchou de toutes les démocraties. Elle a reçu des dizaines de millions de dollars des Etats-Unis, et des armes de toute une série de pays dont la France (mitrailleuses, lance-roquettes, moyens de communication)."

    Michel Janva