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Sarkozy : rattrapé par la Libye ? - Journal du Mardi 20 Mars 2018
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La réélection de Poutine : une réaction patriotique, par Francis Bergeron

« Russie ! Russie ! » C’est avec ces mots que Vladimir Poutine a accueilli sa spectaculaire réélection. Spectaculaire, car personne n’attendait un taux de participation de 65 %, alors que l’un des principaux opposants à Poutine, Alexei Navalny, déclaré inéligible par la commission électorale, avait appelé à l’abstention. Bien plus, ce taux de participation est en hausse de deux points par rapport au précédent scrutin. Plus remarquable encore : Poutine signe son meilleur score personnel. Il recueille près de 74 % des voix. Parmi les autres candidats, celui du Parti communiste arrive en seconde position avec 11,2 % des voix, perdant le tiers des voix qui s’étaient portées en 2012 sur le PC. Le nationaliste, Jirinovsky, obtient 6,7 %. Les autres candidats n’ont pas atteint les 5 %.
Candidats « fantoches », comme l’écrivent certains journaux ? Jirinovsky n’a rien d’un fantoche et tout le monde connaît l’intransigeance de ses convictions. Quant au communiste, son score était attendu avec bienveillance par certains observateurs étrangers, qui pensaient qu’il bénéficierait des difficultés économiques du pays, loin d’être résolues.
Les queues devant les ambassades pour voterCe scrutin a parfois donné lieu à des fraudes, à des anomalies de comptage. Mais globalement personne ne peut nier que la popularité de Vladimir Poutine est au zénith et que trois Russes sur quatre le soutiennent. Il suffisait de voir les queues devant les ambassades à l’étranger et d’interroger ces électeurs. Pourquoi l’opinion publique est-elle avec Poutine, malgré une situation économique encore médiocre, malgré la corruption et malgré l’affaire de l’espion empoisonné ? Parce que les électeurs ont d’abord exprimé un vote patriotique. Cette élection correspondait au quatrième anniversaire de l’annexion de la Crimée. Et le monde entier a pu constater l’immense ferveur populaire qui s’est notamment exprimée à Moscou, place du Manège, à proximité du Kremlin à cette occasion, et par les votes en Crimée et en Tchétchénie : 90 % des voix en faveur de Poutine. Ce qu’indiquent ces votes, ce qu’a montré cette foule, réunie à Moscou, c’est l’étroite corrélation entre le soutien à Poutine et l’affirmation nationale. Quant à l’affaire de l’agent double assassiné, Hélène Carrère d’Encausse, répondant à Vincent Trémolet de Villers dans Le Figaro de samedi, tout en rappelant que la responsabilité russe n’est pas formellement établie, notait que l’empoisonnement d’opposants était couramment pratiqué par le camp communiste jusqu’à la chute du mur de Berlin. En Angleterre, ce n’est d’ailleurs pas un opposant qui a été empoisonné, c’est un traître : Skripal, de nationalité russe, travaillait en effet pour les services secrets d’un autre pays. De ce point de vue, même Hollande a reconnu (Un président ne devrait pas dire ça) avoir ordonné ou couvert plusieurs assassinats de ce type. Pour les Russes, l’empoisonnement de Skripal est un pseudo-événement, voire une action légitime.
Hélène Carrère d’Encausse, dans la même interview, nous apprend que Poutine se réfère fréquemment à l’immense figure nationaliste et anticommuniste de Piotr Stolypine, le Premier ministre de Nicolas II, celui qui aurait pu sauver la monarchie russe et contenir les velléités expansionnistes germaniques, s’il n’avait pas été assassiné en 1911. Les réformes agraires de Stolypine, son patriotisme, son courage politique et même physique (il se déplaçait sans garde du corps) l’avaient rendu populaire. Poutine joue sur les mêmes ressorts, exprime les mêmes aspirations, et vient d’en recueillir les fruits, dans les urnes.
Francis Bergeron
Article repris du quotidien Présent
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Bruno Gollnisch sur LCP: Une élection présidentielle russe sur fond de nouvelle guerre froide ?
Bruno Gollnisch était hier soir l’invité de LCP pour évoquer la réélection triomphale de Vladimir Poutine, l’audience retrouvée sur la scène internationale de la Russie, les tensions générées par cette montée en puissance de Moscou, notamment au Levant. Pour en parler, l’élu frontiste était confronté au député français MoDem des Hauts-de-Seine ( et ancien député européen) Jean-Louis Bourlanges, à l’essayiste spécialiste des pays de l’Est Roumiana Ougartchinska et à la politologue spécialiste de la Russie Hélène Blanc. Un débat de qualité.
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Un chef d'oeuvre de désinformation
La chaine Arte a récemment diffusé un reportage intitulé "Guerre de l'info : au coeur de la machine russe", bien évidemment à charge contre la Russie. Christian Harbulot, l'un des experts français les plus compétents sur le sujet de la guerre de l'information, démontre en quoi ce reportage est un bijou en terme de désinformation, et donc de malhonnêteté journalistique. Nul doute que le régime Macron se saisisse prochainement de l'affaire pour dénoncer cette vilenie...
Notons au passage que M. Harbulot n'adopte pas pour autant une position pro-russe, puisqu'il évoque le cas avéré de mensonge des autorités russes au sujet du sous-marin Koursk. Dans la même approche objective de son décryptage, il mentionne une étude réalisée par l'École de guerre économique sur les influences étrangères lors des élections russes de 2012, téléchargeable ici. L'objectivité en matière de guerre de l'information repose fondamentalement sur une analyse globale et à 360°des jeux d'influence, et non sur une marteau thérapie à cible unique. À défaut, toute évocation de la guerre de l'information devient en soi un outil de désinformation...
La chaîne Arte a diffusé récemment un long documentaire sur la guerre de l’information que la Russie orchestre depuis plusieurs années dans le monde occidental et en particulier en France. Son auteur Paul Moreira instruit un dossier à charge contre la Russie. La faiblesse principale de sa démarche est de jouer sur l’ambiguïté. Il plante le décor de la guerre de l’information sans en expliquer le cadre, ni les parties prenantes. Il laisse les Russes s’expliquer sur ce sujet sans jamais présenter, en tant que journaliste, son analyse du cadre de l’affrontement. Pour comprendre la dynamique de ces affrontements informationnels, il est nécessaire de rappeler qui est contre qui et pourquoi, et plus particulièrement comment les puissances s’affrontent par la guerre de l’information où l’attaque prévaut sur la défense. Depuis l’affrontement des Blocs jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis comme la Russie se livrent une guerre acharnée dans le domaine de l’information, à l’exception de la période de Boris Eltsine qui était entouré de conseillers qui avaient l’oreille de Washington.
Dans cette nouvelle forme de guerre, les antécédents de certaines puissances occidentales et de la puissance russe renaissante sont lourds de sens. Côté occidental, il est nécessaire de resituer les ordres de grandeur. Le monde occidental trop souvent présenté comme une victime a été à la manœuvre pour attaquer, avec des conséquences non négligeables sur l’évolution des rapports de force dans certaines parties du monde, en particulier au Moyen Orient. Est-il nécessaire de rappeler la désinformation sur les armes de destruction massive orchestrée par des entités américaines et qui a abouti à l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Irak. Il s’agit là d’un point de repère fondamental sur la manière dont certains États occidentaux ont utilisé ce type de fake news pour déclencher une guerre. En termes d’ordre de grandeur, cette opération de tromperie de l’opinion publique internationale est au moins aussi grave que la tentative de manipulation d’une élection par le biais de médias ou d’Internet.
Le problème posé par la démarche de Paul Moreira est l’absence de points de repère historiques qui explique cette nouvelle forme de course aux armements cognitifs. Moreira se contente d’une formule facile : cette guerre de l’information est l’expression d’une nouvelle forme de guerre froide. Toute sa démonstration est fondée sur le fait que c’est la Russie qui est à la manœuvre et les Etats-Unis comme les pays européens en subissent les conséquences. Ce raccourci stylistique fait oublier les tentatives d’ingérence anglo-saxonnes dans la vie politique intérieure de la Russie. Infoguerre a publié en juin 2012 une étude sur ces méthodes d’ingérence américaine pour tenter d’orienter le débat politique en Russie.
L’École de Guerre Économique étudie depuis sa fondation en 1997 les différentes formes de guerre de l’information sur les terrains économiques mais aussi géopolitiques et culturels. En 2005, le site infoguerre a publié un article qui dénonçait une opération de désinformation concernant le naufrage du sous-marin russe Koursk. Nous relevions à l’époque que le jury du festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société, avait attribué son grand prix à ce documentaire intitulé « Koursk, un sous-marin en eaux troubles ». Ce documentaire de Jean-Michel Carré et Jill Emery avait été diffusé sur France 2 dans l’émission Contrecourant. Ces deux journalistes accréditaient la thèse que c’était un sous-marin américain qui aurait torpillé le Koursk en 2000. Cette version des faits a été démentie récemment par Vladimir Poutine, en personne, dans une vidéo diffusée par le média russe Sputnik. Les auteurs de ce documentaire s’étaient donc trompés ainsi que le jury qui leur avait décerné le prix. Notons à ce propos que les autorités russes de l’époque leur avaient laissé le champ libre pour mener leur enquête avec le résultat que l’on sait.
Autrement dit, l’analyse des phénomènes de guerre de l’information ne se résume pas à un exercice de style et exige une approche rigoureuse du sujet. A ce propos, Paul Moreira n’est pas un inconnu. Ce journaliste d’investigation a déjà fait parlé de lui dans le passé en créant quelques controverses comme le souligne l’article « TV: « Fabrication d’un monstre » daté du 24 avril 2017 et publié par le quotidien Le Monde. Dans cette rubrique télévisions/radio, le journaliste Christophe Ayad estimait que Paul Moreira se « perdait en chemin »
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Poutine indétrônable - Journal du lundi 19 mars 2018
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21.000
Pieter Kerstens
Le 16 mars 2018, la dette publique américaine a franchi le seuil des 21.000 milliards de dollars, ce qui a conduit chaque habitant des Etats-Unis à un passif de 64.000 dollars (52.000 euros).
Certains analystes et hommes ou femmes politiques chantent les louanges de la santé économiques américaine et son indéniable dynamisme, en évoquant un taux de chômage de 5% et d’autres vantent les prouesses de la Bourse de New York où le Dow Jones a progressé de 25% en moins d’un an. Ces résultats sont certes inconnus en Europe, depuis des années. Mais qu’en est-il réellement du pouvoir d’achat des ménages.
Plus de 45 millions d’Américains subsistent grâce à des bons alimentaires, en mars 2018. Il y a actuellement aux USA plus de 95 millions d’inactifs et une population active de 155 millions de personnes. En l’an 2000, les actifs comptaient pour 156 millions et les inactifs étaient de 80 millions. Très révélateur, les emplois industriels étaient de 17,25 millions en 2000 et seulement de 15,58 millions maintenant. L’Amérique s’est enrichie ? Pour les milliardaires sans doute, grâce à la flambée de la Bourse et les spéculations diverses, mais pour la grande majorité du peuple, c’est la stagnation. Entre 2000 et 2018, le revenu annuel médian de la population est passé de 31.276 USD à 31.712 USD, soit 436 dollars de mieux en 18 années = 1,4% ! *
A la lecture des chiffres ci-dessus, on comprend que la victoire surprise de Donald Trump, au mois de novembre 2016 a, dans un premier temps, créé la panique sur les marchés boursiers, avant que ces derniers ne se reprennent et s’orientent très positivement. Mais cette victoire, le milliardaire Trump ne la doit qu’aux « laissés-pour-compte », « à ceux d’en bas », « aux sans dents », ceux qui vivent dans l’Amérique profonde, ayant une culture générale sommaire, mais possédant un réel bon-sens en contrepartie. En effet, le changement qu’incarne le nouveau président des Etats-Unis, devrait se traduire par des créations d’emplois et des travaux d’infrastructures, mais cela implique également une hausse du déficit américain et partant une hausse des taux. La volonté manifeste de Trump de valoriser le travail et de favoriser la préférence nationale s’est traduite par un sentiment d’euphorie pour les opérateurs de marchés, les investisseurs ayant salué les initiatives du Président des Etats-Unis. Un président qui focalise la haine des médias, du show-business, des bourgeois bohèmes (les Bobos) et de la gôche-écolo-libertaire, parce qu’il tient ses promesses électorales. Il considère que les intérêts des Etats-Unis passent avant tout, cela dans l’intérêt du peuple américain d’abord..
L’envers de la médaille, c’est bien sûr la hausse de la dette : 1.000 milliards de dollars en 1 an ! Il va falloir serrer rapidement les boulons, car si les taux d’intérêt remontent, la dette américaine (et celles des pays européens fortement endettés) explosera et entrainera l’ensemble du système financier mondial vers le krach.
En Europe, certains hommes politiques, en particulier les nationalistes, ont cherché à récupérer leur indépendance face à une Europe qui accumule les disfonctionnements et les erreurs dans la gestion des crises humanitaires, industrielles, financières ou sociales. De nombreux économistes réputés s’élèvent notamment contre les diktats de la Commission ou les dérives interventionniste illégales de la BCE (Banque Centrale Européenne). Le prix Nobel d’économie, Olivier Hart, avait déjà remis en question le bien-fondé d’une monnaie commune, en janvier 2017 et prônait un retour à plus d’indépendance des Etats. Il vantait une décentralisation des processus de décisions tout en gardant cependant quelques domaines privilégiés comme la libre circulation des biens et des personnes.
La situation actuelle est la suivante : les banques, les assureurs et les fonds de pension européens sont structurellement incapables de rentabiliser leurs capitaux tout en contrôlant leurs risques. Une régulation excessive et mal calibrée, une gestion trop souvent gabégique, et clairement un manque d’initiatives, de responsabilités et de courage de la part des dirigeants des institutions financières, favorisent la déliquescence du système financier européen. Afin de préserver la pérennité de certaines institutions, il est impératif de ne pas se soumettre aux exigences de l’Europe, quitte à payer des amendes, plutôt que de voir la disparition des métiers qui nous sont propres ! C’est une question de volonté politique et bien évidemment de compétence et de bon sens.
LES CHAROGNARDS DE LA MAFFIA POLITICO-MEDIATIQUE.
Il est tout de même délicieux de constater que depuis des mois, les journalistes, les commentateurs, les analystes et les politiciens n’égratignent en aucune manière le nouveau « Timonier » de l’Empire du Milieu qui, ayant obtenu 100% des votes positifs du Comité Central du Parti Communiste Chinois, sans abstention ni opposition, pourra donc diffuser sa science jusqu’en 2078…. Tout lui est autorisé, rien ne lui est refusé : là-bas, comme ici ou ailleurs, les Fils du Ciel peuvent tout se permettre. Agitant les liasses de billets verts ou mauves, ils raflent nos usines, nos laiteries, nos vignobles, nos hôtels de prestiges entre autres. En Afrique et en Amérique du Sud, ce sont les nouveaux colonisateurs qui envahissent les campagnes pour l’élevage et la culture dont les productions prendront le chemin de Pékin. Idem pour ce qui est des hydrocarbures et des minerais où la lutte est acharnée partout dans le monde, matières premières vitales pour la Chine.
Dès 2016, des signes de ralentissement économique se sont manifestés : surcapacité de production, baisse des exportations, augmentation du prix des logements, réduction des investissements privés, et enfin baisse des revenus en partie due à la chute des cours boursiers. Plusieurs millions de particuliers ont été ruinés lors de la baisse du marché d’actions chinois. L’endettement des entreprises publiques reste très élevé et les créances douteuses des banques s’accroissent, parce que la mauvaise gestion est endémique. La banque centrale chinoise manipule (comme la BCE, la FED ou la BOJ) les cours des actifs financiers locaux, mais contribue également à contrôler le cours de sa devise par de nombreuses interventions. Les effets combinés de ces interventions ne font qu’accroître la fuite des capitaux, signe de confiance limitée des investisseurs dans la politique monétaire chinoise.
Caressant Xi Jinping dans le sens du poil, chantant les louanges de ce client important, les médias n’ont pas de mots plus durs ou d’invectives haineuses envers Donald Trump ou Vladimir Poutine, qui eux, seraient responsables de tous les maux de la Planète, de la disparition de la mouche Tsé-Tsé à la guerre en Syrie, en passant par l’édification d’un mur entre le Mexique et les USA –d’ailleurs entamé sous Bill Clinton- ou en accusant l’un ou l’autre « d’atteinte aux Droits de l’Homme » (alors qu’il existent 1145 camps de concentrations, les Laogaïs, en Chine), ou encore de la pollution atmosphérique en CO2 alors que chaque semaine, en Chine, il se construit une nouvelle centrale thermique au charbon. Motus et bouche cousue. Seuls le « fâââââchiste » Trump et le Tsar Rouge Poutine doivent être la cible permanente des médias critiques.
En Russie, l’inflation est maitrisée et la hausse du prix du pétrole depuis 18 mois permettra des budgets futurs en équilibre, malgré les embargos des USA et de l’Union Européenne. Les recettes fiscales vont augmenter malgré la baisse des impôts de sociétés actives dans le secteur pétrolier. Ces revenus permettront des investissements dans l’éducation, les infrastructures et l’innovation. La détente des relations américano-russes devrait également favoriser le climat d’investissements étrangers dans la fédération de Russie.
La stabilité du rouble, malgré une baisse importante ces deux dernières années et une stabilisation des actifs financiers, restaurent un climat propice aux investissements tant privés que publics.
Et le fait que Vladimir Poutine puisse être réélu jusqu’en 2023 plongent nos médias dans une rage folle.
*Chiffres issus de www.USnationaldebtclock.us
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Les pays musulmans laïcs dureront-ils ?
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Poutine dans un fauteuil
Ce résultat était attendu et il n’y avait guère de suspense, Vladimir Poutine, candidat du parti national Russie Unie, a été très confortablement réélu à la tête de la fédération de Russie. M. Poutine est donc en route pour un quatrième mandat avec plus de 73,2% des suffrages (63,60% en 2012); très loin devant Pavel Groudinine, le candidat du Parti communiste ( 11,2% ), Vladimir Jirinovski, président du parti nationaliste LPDR (6,7%) et la richissime femme d’affaires et journaliste libérale Ksénia Sobtchak, très connue en Russie, membre du Conseil de coordination de l’opposition russe (2,5%). L’inconnu résidait surtout dans le taux de participation pour une élection dans laquelle Vladimir Poutine n’avait pas d’opposants sérieux. L’agence publique TASS a fait savoir que là aussi le pari a été gagné puisque 60% à 70% des 107 millions d’électeurs russes se seraient déplacés dans les bureaux de vote, pourcentage équivalent ou supérieur à la présidentielle de 2012 (65,27%).
Un scrutin qui se déroulait sur fond de tension internationale avec l’Occident en général et la Grande Bretagne en particulier. Le Premier ministre Theresa May a accusé Moscou (qui dément) d’être « coupable » de l’empoisonnement chimique sur le sol britannique d’un agent double Sergueï Skripal et de sa fille. Mercredi, Mme May a annoncé le gel des contacts bilatéraux et l’expulsion de 23 diplomates russes, mesures qui ont conduit les autorités russes à procéder à l’expulsion d’un nombre équivalent de diplomates britanniques et l’arrêt des activités en Russie de l’organisme international britannique pour les relations culturelles et l’éducation, le British Council.
Emmanuel Macron lui n’est pas sorti grandi de sa réaction épidermique, peu réfléchie (?), très pusillanime qui l’a conduit par «solidarité avec nos amis britanniques» à boycotter vendredi le pavillon officiel de la Russie présent au salon Livre de Paris. Nous sommes déjà loin du discours qui était le sien à l’occasion de la visite de Vladimir Poutine à Versailles au mois de mai dernier…
Le site de France 24 a rappelé à cette occasion que le pavillon russe accueillait au nombre des écrivains présents aussi bien « le controversé (sic) Zakhar Prilepine, 42 ans, proche du chef du Parti national-bolchevique, Édouard Limonov, écrivain parmi les plus doués de sa génération, (et qui défend désormais la présidence Poutine, NDLR), que « Ludmila Oulitskaïa, lauréate du prix Médicis étranger en 1996 et voix de l’opposition en Russie. » « Natalia Soljenitsyne, veuve du prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne (s’est) déclarée peinée »: « Emmanuel Macron n’a pas fait ce qu’il fallait et en premier lieu pour la France elle-même. J’avais l’impression, au vu de ce qui s’était passé ces derniers mois, que le président Macron n’était pas le pire des amis de la Russie, […] qu’il était moins influencé par cette hystérie qui règne dans les médias occidentaux quand il s’agit de la Russie»
Et l’épouse de l’auteur de L’archipel du goulag et de Deux siècles ensemble d’ajouter: « Quand les diplomates ne savent plus se parler, ça devient encore plus important que se parlent les artistes et les gens de la culture et des arts. » « Tourner le dos au dialogue avec les gens de la culture et des arts, c’est extrêmement étonnant et ne sied pas à un leader politique français. » On ne saurait mieux dire.
Certes, les attaques portées contre la Russie émanant des cénacles atlantistes, européistes, mondialistes ont surtout pour effet de conforter la popularité d’une présidence russe sous l’action de laquelle la Russie a connu un boom économique, une forte progression du niveau de vie de ses citoyens, une embellie (timide mais réelle) de sa démographie et retrouvé une place ce tout premier plan sur la scène internationale.
Il n’en reste pas moins que certains ont dénoncé la sincérité du scrutin présidentiel. L’ONG Golos, financée par un certain nombre de bailleurs de fonds américains, a fait état d’irrégularités dans les votes qui ont eu lieu hier. Il a été évoqué des bourrages d’urnes, des entraves, des votes multiples. Toutes choses qui auraient eu pour objet de gonfler le taux de participation, dans un certain nombre des 97 000 bureaux de vote du pays, que les quelques dizaines de milliers d’observateurs indépendants déployés par l’opposition, les ONG, l’UE -des parlementaires européens se sont rendus sur place, dont le vice-président du FN Louis Aliot- ne pouvaient tous contrôler.
Golos explique avoir comptabilisé 2.629 irrégularités, à l’instar de observateurs d’Alexeï Navalny, une des figures de l’opposition à Vladimir Poutine. M. Navalny, officiellement très engagé dans la lutte contre la corruption, a été exclu de la présidentielle russe pour cause de condamnation(s) judiciaire(s) ; il a été soutenu dans ses démêlés judiciaires par les États-Unis, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe.
Comme c’est le cas pour Golos, les adversaires d’Alexeï Navalny affirme qu’il est instrumentalisé par l’étranger, rappelant que par le passé, la formation politique DA !, à la création de laquelle il participa il y a douze ans ans, fut financée par la National Endowment for Democracy, (NED). Une officine proche de la CIA, fondée en 1983, dont l’objectif déclaré est le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde. En clair, une structure d’orientation neocon, soutenue par le parti républicain comme par le parti démocrate, appuyée matériellement par de grandes multinationales (Coca-Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft…).
Pour autant, M. Navalny est aussi critiqué pour son…nationalisme. « Jamais je ne soutiendrai la position selon laquelle en Russie le nationalisme est une chose terrible qu’il faut interdire » déclarait-il en 2013. «En France, en ce moment, le Front National connaît une période de poussée frénétique (sic) de sa popularité. Vous parlez d’une horreur, Alain Delon soutient Marine Le Pen ! Et des processus analogues ont cours dans toute l’Europe. Et alors, allons-nous boycotter les croissants français ? Ou bien dire carrément que les Français ont le droit de faire ça, et pas les Russes ? »
Bruno Gollnisch qui sera ce soir l’invité de LCP à 19h 30 pour évoquer la présidentielle russe, estime bien évidemment que l’amour de la patrie, la volonté de la voir rayonner et prospérer, d’en préserver l’identité, la souveraineté, sont des aspirations fort légitimes et non pas des causes de haine ou des sources de conflits comme l’affirment les médias, les faiseurs d’opinion et les politiciens progressistes.
Nous le relevions en décembre 2011 sur ce blogue, citant alors Xavier Moreau: reconstruction de l’identité russe autour du christianisme, piété populaire, refus de l’affrontement civilisationnel, défense de la famille traditionnelle, c’est le modèle européiste au complet qui est rejeté par le peuple russe et ses élites dirigeantes. Au-delà des imperfections de la toute jeune démocratie russe, il est en tout cas permis de s’interroger, comme Bruno Gollnisch, sur le fait de savoir si ce n’est pas surtout ce sursaut national et identitaire russe qui vaut à ses dirigeants actuels d’être traînés dans la boue.
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Une série télévisée pour lutter contre l’immigration depuis le Nigeria

INTERNATIONAL (NOVOpress avec le bulletin de réinformation deRadio Courtoisie) :
Tel est l’objectif des 420 000€ investis en début d’année par les autorités suisses. La série, intitulée « Missing Steps », « Les étapes manquées », raconte l’histoire fictive d’un Nigérian. Mu par des motivations économiques, il gagne illégalement l’Europe.A travers cette série, les autorités suisses cherchent à déconstruire le mythe de l’Eldorado européen. La première diffusion terminée, 200.000 DVD vont être distribués aux Nigérians demandeurs d’un passeport vers l’Europe.
Doutons que cela suffise à enrayer définitivement l’immigration mais l’initiative a le mérite d’exister.
Notons entre autres le choix stratégique de s’adresser au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et à la forte croissance démographique.
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Notre avant-guerre ?

La Chine investit près de 200 milliards de dollars/an pour son armée
Ce que nous écrivions il y a 6 mois (19.09.2017) sur cette sorte d'atmosphère d'avant-guerre qui s'étend sur le monde, nous n'avons aucune raison de le démentir... Il semble au contraire que grandit une certaine prise de conscience dans les diverses opinions de l'aggravation des tensions et de la dangerosité du monde. Comme si ce n'était pas suffisant, et comme ce fut le cas dans les années 30 du siècle dernier, les va-t-guerre sont bruyants. Tel François Hollande tout récemment qui plaide pour une intervention française en Syrie. Faudrait-il que nous bombardions Damas avec les Américains, et seuls au besoin ? Cette folie est prônée ici et là. Les gens sages optent pour la paix. LFAR
Publié le 19 septembre 2017 - Actualisé le 19 mars 2018
Périodiquement, il faudrait relire Giraudoux, esprit sage et subtil, bienveillant et souriant aux misères des hommes et des peuples, à leurs insuffisances et à ces fatalités qui, à intervalles réguliers, les conduisent dans de terribles malheurs. Par exemple les guerres modernes. Giraudoux en savait quelque chose, qui en avait vécu deux. Mondiales, pour la première fois. Mais on ne lit plus Giraudoux, on l'a oublié ou presque, on ne joue plus son théâtre. A notre société il manque la culture et au théâtre un Jouvet, qui avait fait de Giraudoux l'auteur dramatique de sa vie.
Ce qui nous a rappelé Giraudoux ces temps derniers, ce sont les prodromes d'une guerre, qui montent de l'actualité avec leur lot de ridicules, de dérision et de sourde inquiétude. C'est ce dont Giraudoux a superbement traité dans La guerre de Troie n'aura pas lieu. Et qui finalement aura lieu comme chacun sait.
Entre 1870 et 1914, on avait déjà cru une nouvelle guerre impossible. On pensait que le perfectionnement des armes la rendait trop meurtrière pour qu'elle fût tentée. On le croyait encore le 2 août 1914. Mais la guerre éclata quand-même le 3. Entre les deux conflits mondiaux on recommença : la tragédie avait été trop terrible entre 1914 et 1918, elle avait fait un trop grand nombre de morts - autour de 20 millions - pour qu'une guerre pût encore se produire. Et aussi on avait créé la Société des Nations, la SDN, ancêtre de notre ONU, pour, de toute façon, l'empêcher. Dérisoire illusion ! Hubert Védrine l'a fort bien dit : les institutions internationales ne sont que des lieux de rencontre.
Les grands conflits sont en général précédés de guerres dites régionales. La guerre d'Espagne, où les armées européennes, sauf la nôtre, s'étaient essayées, sur terre et dans le ciel, s'est terminée le 1er avril 1939 ; la Seconde Guerre mondiale éclata le 1er septembre. Nous avons aujourd'hui la guerre de Syrie, dont Eric Zemmour a dit - peut-être avec raison - qu'elle est notre guerre d'Espagne. Mauvais présage … Les aviations russe, américaine et accessoirement française, se croisent dans le ciel syrien, au risque, d'ailleurs, de s'y affronter. Des militaires de mêmes nationalités s'affairent sur son sol.
Précèdent aussi les conflits majeurs, ces rencontres entre « grands » où l'on fait assaut de pacifisme et de bons sentiments. Giraudoux, toujours, a restitué cette dramaturgie singulière dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, avec une infinie délicatesse et une lucidité amusée. En 1938, il y avait eu Munich. Nous avons les G7, les G 20, et les conférences au « format Normandie ». Trump, Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés à Hambourg en 2017 ; les membres, plus chanceux, du G7 se sont offerts Taormine comme jadis on se retrouvait à Locarno.
La politique des « sanctions » fait aussi partie de la panoplie des avant-guerres. Comme il y eut, autour de 1935-1937, les sanctions contre l'Italie, aux funestes conséquences, nous avons les sanctions américaines contre Cuba et les sanctions, d'ailleurs réciproques, des « démocraties » contre la Russie, ou contre l'Iran et, aujourd'hui, les sanctions votées à l'ONU, contre la Corée du Nord.
Ajoutons encore à la panoplie des avant-guerre la prolifération des régimes autoritaires. Nous les avons, à Moscou, à Pékin, à Washington et, en un sens, à Paris qui a son Jupiter ...
C'est maintenant dans le Pacifique que semble s'être déplacée la perspective de grands affrontements. Loin de notre Europe, et c'est tant mieux. Les missiles de Pyongyang survolent à intervalles rapprochés le Pacifique et le Japon lui-même, qui d'ailleurs, avait occupé jadis la Corée. Elle ne l'a pas oublié. Les 160 000 Américains de l'île de Guam vivent dans la peur qu’un missile nord-coréen leur tombe dessus. Mais chacun sait que derrière la Corée du Nord il y a l'immense Chine et derrière la Corée du Sud et le Japon, les Etats-Unis. Contenue, pour un temps dont on ne peut dire combien il durera, par des motivations commerciales et financières, la rivalité sino-américaine n'en est pas moins un phénomène grandissant, derrière les sourires et les poignées de main.
Ces motivations pacifico-pragmatiques, toutefois, n’empêchent pas la course aux armements, dont on croit qu'on ne se servira jamais, comme on avait pensé jadis que la guerre de Troie n'aurait pas lieu. Ni celle de 14-18. Ni celle de 39-45 ! La course aux armements caractérise aussi les avant-guerres et nous conseillerons aux sceptiques de considérer l’ampleur et l’accroissement, étonnants pour les optimistes, des budgets militaires des grandes puissances d’aujourd’hui : les 622 milliards de dollars américains, que Trump vient de décider d’augmenter de 7% ; les presque 200 milliards de dollars chinois ; le programme militaire indien, en passe de rejoindre la Chine sur ce terrain ; sans compter l’éventuel réarmement du Japon, d’ailleurs déjà entamé. Que pèsent, en comparaison, les 44 milliards français et les 48 milliards russes ?
Justement, si le pragmatisme devait être abandonné, si un conflit majeur venait à éclater un jour ou l’autre dans les régions du Pacifique que nous avons évoquées, il ne faudrait pas dénier à l’Europe, qui s’est si longtemps épuisée à se battre chez elle, notamment la France, la chance de se trouver, pour une fois fort éloignées du théâtre du conflit, ni, nonobstant toutes alliances, le droit de s’en tenir soigneusement à l’écart. Chacun sait que la guerre de Troie n’aura pas lieu. Mais si elle avait lieu tout de même ? Nous devrions dire comme Louis XV et rester sur le mont Pagnotte.
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