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lobby - Page 1774

  • Le Suicide Français fait tomber le décor !

    Zemmour a encore sévi, et cette fois le mur de la pensée unique s’est lézardé, s’est effondré. Le barrage élevé par le politiquement correct devant le trublion de talent qu’il fallait « cornerisé »a cédé. Plus les critiques ont vitupéré, plus le livre s’est vendu. Le Livre ? La Bible du « réac », une catharsis à la fois dense et  exhaustive de la « francitude », du mal-être français, une longue remontée aux erreurs d’aiguillage qui ont amené le peuple français sur une voie de garage où il ne se reconnaît plus. Zemmour se veut-il sociologue ? Il ne s’embarrasse pas de tableaux ni de statistiques. En fait, il est le psychanalyste de l’inconscient français, procédant par raccourcis lumineux à partir des symptômes, les événements, les livres, les films, les grands moments de télévision,  les chansons,  qui jalonnent la genèse de l’esprit public, celle de l’inconscient collectif qui en est la coulisse, et qui sont autant de clefs pour la cure.

    Le Suicide français, c’est le grand souffle qui fait tomber le décor, c’est la trompette guerrière  qui met fin au récitatif. Il l’a dit, donc on peut le penser et le crier, si on veut !

    Une majorité des Français n’aime pas trop Zemmour, 62%, mais à droite, il cartonne, il a des fans, ceux qui ont enfin trouvé leur voix, ceux que Nixon appelait la majorité silencieuse.

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  • Prof censuré par l’Education nationale : peut-on encore être contre le numérique à l’école ?

    Un professeur qui avait critiqué la politique numérique de l’Education Nationale a été contraint de fermer son blog. Pour Jean-Rémi Girard, les nouvelles technologies ne remplaceront jamais les savoirs fondamentaux.

    Alors qu’un de mes collègues, pourtant croyant et pratiquant en la matière, s’est vu menacer d’une sanction pour avoir écrit un article de blog pointant du doigt l’« illusion technologique » au sein de notre institution, on en vient à se demander si, à l’Éducation nationale, on est encore capable d’esprit critique face à la question du numérique et de son utilisation.

    Du TO7 à la tablette : c’est un peu le parcours du numérique dans les établissements scolaires. Un parcours aberrant, fou et… très, très coûteux. Au ministère, on ne compte plus les « plans numériques », pas davantage qu’on ne parvient à dénombrer les collectivités locales cherchant à tout prix (un prix souvent très élevé) à équiper tous leurs collégiens ou lycéens en ordinateurs portables, tablettes et autres artefacts. Et débrouillez-vous avez ça, mesdames et messieurs les professeurs : on veut voir ce matériel utilisé en classe ! La réussite scolaire, la modernité et ma réélection en dépendent ! Détail amusant : lors de certains de ces plans, on avait tout simplement oublié d’équiper lesdits professeurs du même matériel. Quant à ce qui est de les former, bizarrement, c’est le moment où l’on n’a plus d’argent.

    Car la question du numérique dans le cadre scolaire est à la jonction de la pensée magique, de l’intérêt commercial et de l’effet d’annonce : on aura l’air « de son temps », on fera tourner l’économie, et ces merveilleux outils feront soudain disparaître l’échec scolaire, comme ça, d’un coup ! Et, bien entendu, si vous ne mangez pas de ce pain-là, vous êtes un réac’, un fossile, un dinosaure, un inadapté, un frein à la marche triomphale du progrès. Dernier avatar en date : on veut enseigner le « code » aux élèves de primaire… Oui, on parle bien de ceux dont 20% ont des difficultés graves en français et 30% en mathématiques. Soupir.

    Bien loin de cette fantastique utopie, la réalité fait mal : dans certains établissements, on interdit tout simplement aux élèves d’apporter leur bel ordinateur tout neuf, pour éviter la casse et le racket. La plupart des collègues, à qui l’on n’a de toute façon pas demandé leur avis sur le sujet, n’ont que faire de ce nouvel objet qui s’impose à eux. Pire : certains attendent depuis plusieurs années tel type de matériel bien spécifique, dont ils auraient réellement besoin, mais les voies du conseil général sont bien souvent impénétrables, dans ce cas. Il arrive même que les objets généreusement « prêtés » aux élèves se retrouvent mis par ces derniers sur tel ou tel site de vente en ligne : après tout, il n’y a pas de petit profit.[...]

    Jean-Rémi Girard, Secrétaire national à la pédagogie du SNALC-FGAF.

    La suite sur Le Figarovox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Prof-censure-par-l-Education

  • La franc-maçonnerie, une secte satanique ? Internet le confirme

    secte-des-francs-maçons-Léon-XIII

    Daniel Keller, “grand maître” du Grand Orient de France (GODF), tire la sonnette d’alarme :« L’antimaçonnisme est aujourd’hui avec l’antisémitisme et l’homophobie l’un des trois symptômes de la crise de la République. » Bouh, ça fait peur !

    Le GODF, plus importante obédience maçonnique, lance une campagne nationale contre « la dangereuse résurgence de l’antimaçonnisme ». Un cycle de conférences a donc été entamé à Lille samedi soir et se poursuivra jusqu’en mai à Strasbourg, Lyon, Avignon, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Rouen. Car, bien entendu, l’antimaçonnisme est “une menace pour les fondements de la République » ! 

    Sans surprise, les catholiques ont été pointés du doigt. L’historien Yves Hivert-Messeca a rappelé les “heures sombres”, les écrits pontificaux condamnant la franc-maçonnerie et a effrayé son auditoire à propos du « climat épouvantable » qui a permis qu’en 1934 soit déposé un projet de loi visant à interdire la franc-maçonnerie.

    Quant au journaliste Jiri Pragman, il s’est inquiété du rôle « d’Internet et des réseaux sociaux ». Et de s’émouvoir que, lorsque l’internaute recherche sur Google « la franc-maçonnerie est… » , il lui soit proposé comme réponse par le moteur de recherche « …une secte satanique ».

    franc-maçonnerie-secte-google

     

    http://www.medias-presse.info/la-franc-maconnerie-une-secte-satanique-internet-le-confirme/17192

  • Quand M. Valls se croit l’héritier de Clemenceau.

    Les dernières déclarations du premier ministre sur le nom et les idées du Parti Socialiste ont semé le trouble chez ses « amis » socialistes et montrent à l’envi les fractures de plus en plus béantes au sein du Parti né du congrès d’Epinay de 1971 : pourtant, Manuel Valls ne prend personne par surprise et il suffit de lire ses propositions lors de la primaire socialiste de 2011 pour le constater.

     

    M. Valls pense aux élections, comme les autres !

    A l’époque, il n’était qu’un « petit » candidat, marginalisé et très critiqué au sein de ce parti qui, désormais, le soutient mordicus (malgré quelques nuances et avec toute la diplomatie de l’habile Cambadélis) et qui menace de blâme ou d’exclusion ceux qui élèvent un peu trop la voix pour dénoncer ce qui leur apparaît comme une dérive vers un néolibéralisme peu en cours chez les militants de base du PS comme j’ai pu le constater dernièrement en entendant (par le hasard de mes pérégrinations bistrotières) une discussion fort animée entre membres du PS et du MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes).

    D’ailleurs, M. Valls ne cache guère son admiration pour Georges Clemenceau dont il se veut l’héritier assumé et assuré : or, ce dernier n’était pas socialiste et, même, il fut l’un des plus certains adversaires de ceux qui se réclamaient du socialisme... Républicain, il le fut par toutes ses tripes, ce qui ne l’empêcha pas, néanmoins, d’être un patriote mobilisateur (et admiré pour cela par le royaliste Léon Daudet à partir de 1917 – mais pas avant !) mais aussi un nationalitaire aveuglé par sa détestation des Habsbourg, ce qui lui fit rater la paix de 1919-1920. Son bilan est complexe : s’il a permis à la France de disposer d’une police de plus en plus efficace (ce que nous rappelle le feuilleton « Les brigades du Tigre », feuilleton dont j’ai encore le générique dans la tête)... et de rendre les rues et les faubourgs de Paris plus sûrs, il est aussi celui qui réprime avec la plus grande violence les grèves ouvrières et les syndicalistes anarcho-révolutionnaires, s’attirant les foudres des socialistes (surtout guesdistes) d’alors mais aussi des royalistes du « Panache » (revue de jeunes royalistes sociaux) et de l’Action Française, unis dans une improbable alliance (plus théorique que pratique, la plupart du temps...) contre « la République des fusilleurs » qu’il représentait avec une certaine crânerie et sans regret. Les phrases de Maurras dans le quotidien monarchiste (31 juillet 1908) sont cruelles pour « ce vieillard sanglant », « à peine moins sinistre que Thiers », et elles trouvent un écho chez certains syndicalistes qui, pour une petite minorité (mais pas la moins intéressante), iront jusqu’à pendre le buste de Marianne au balcon d’une Maison du Peuple et, comme Emile Janvion, à rallier le combat royaliste à la veille de 1914... Néanmoins, après la violence de la répression (qu’il revendique sans fard), ce même Clemenceau fait adopter par les parlementaires la réduction du temps de travail quotidien à huit heures (vieille revendication ouvrière depuis les années 1880) pour les mineurs de fond, à défaut de la donner à toutes les branches industrielles... [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Quand-M-Valls-se-croit-l-heritier

  • Tremblez, Vendéens !

    Le député socialiste de Vendée, Sylviane Bulteau, a identifié des

    "prises de position radicales et réactionnaires de mouvements extrémistes qui se font de plus en plus insistants dans le paysage" !

    A savoir ? La Manif pour tous, cause n°1 de tous les maux du département, avec la complicité des élus  de droite. Une personne homosexuelle se fait tabasser par deux skinheads à La Roche-sur-Yon ? Sylviane Bulteau livre d'autres coupables que ceux qui ont été arrêtés (et condamnés à de lourdes peines) :

    "Indéniablement, nous payons tous, aujourd'hui, le prix de l'agitation entretenue par la Manif pour tous et de ses soutiens locaux, au premier rang desquels on trouve l'ensemble du spectre de la droite départementale vendéenne"

    Les parlementaires mis ainsi en cause, Bruno Retailleau en tête, ont répondu dans une lettre ouverte à ces calomnies :

    "Il faut avoir le sectarisme chevillé au corps pour faire le lien entre d’un côté des élus démocratiquement élus ou des familles qui ont simplement exprimé leurs convictions profondes, et de l’autre côté des skinheads endoctrinés."

    Dans cette même lettre, l'agression est qualifiée d'"acte odieux qui doit être sévèrement puni", mais Sylviane Bulteau persiste :

    "La droite départementale, emmenée par M. Retailleau, préfère dénoncer et condamner mes propos plutôt que l'acte odieux et son auteur"

    Ouest France a relayé, sans moufter. Et n'a pour l'instant pas donné suite à la demande de droit de réponse de la Manif pour tous 85.

    Louise Tudy

  • Deux lecteurs de CI infiltrent la conférence du Grand Orient sur l’antimaçonnisme

    Deux lecteurs de Contre-info ont assisté à la première conférence organisée par la secte du Grand Orient sur « l’anti-maçonnisme », à Lille, samedi dernier. Félicitations à eux. Voici leur témoignage.

    A l’entrée de la loge, deux barbouzes montent la garde ; dès la porte passée, nous subissons une vérification d’identité afin de bien vérifier que nous sommes inscrits ; ces deux hommes (accompagnés d’un autre à l’allure plus policée) sont sans doute de la police ce qui révèle dès le départ une forme de collaboration entre le GODF (association privée) et l’État.

    Nous montons à l’étage et, après être passés par une antichambre où les portraits des maçons prestigieux sont exposés, nous entrons dans le temple et nous installons au deuxième rang, sur une série de chaises installées à même le damier. La conférence se présente donc comme une sorte de séance ouverte au public ; les maçons sont d’ailleurs très nombreux et ceux de l’obédience locale sont d’ailleurs assis à leur place. Impression étrange qu’ils sont « entre frères » et qu’ils se connaissent tous.

    Nous sommes très vite repérés comme éléments hostiles du simple fait de notre apparence et de notre attitude non complaisante.
    Les deux barbouzes s’installent (bien sûr) à côté de nous. Ils passeront l’intégralité de à la conférence à nous fixer et vont nous suivre partout jusque dans les toilettes (situées dans ce que les maçons ont appelé la « salle humide », où se préparait d’ailleurs la sauterie post-conférence) avec nouveau contrôle d’identité à la sortie – la raison est que nous n’avons « pas le profil ».

    Après de longues minutes où nous pouvons admirer l’agencement du temple (l’ensemble fait d’ailleurs faux et miteux ; les statues et les colonnes sont en plâtre et s’effritent, une impression de fin de règne en somme…), les interventions commencent bientôt et Daniel Keller prend place à côté du président du chapitre de Lille qui lui siège sur un trône ; les conférenciers interviennent sur ce qu’ils appellent la « résurgence de l’anti-maçonnisme ».

    Plusieurs observations générales :

    *les intervenants sont des maçons et s’adressent à des maçons avec des codes maçons ; derrière ce qui s’avère être une monumentale opération d’enfumage, d’autres informations ont donc pu être glissées sans que nous, profanes, ne puissions les comprendre.

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  • La race : parlons-en

    Chronique de Thomas Grillot, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, docteur en histoire de l’EHESS., chargé de recherche au CNRS et rédacteur en chef à la La Vie des idées. Ce texte est accompagné de plusieurs renvois à des articles particulièrement intéressants autour de ce grand concept qui divise encore philosophes, biologistes, ethnographes, anthropologues, généalogistes, géographes…
    Polémia

    « Aussi bien, on peut en être certain, n’avons-nous pas fini de parler du concept de race. »

    Objet d’étude, catégorie d’analyse, voire concept guidant la recherche, la race est présente partout, dans les sciences sociales comme dans les sciences du vivant. A travers recensions, essais et entretiens, ce dossier propose d’interroger la présence historique et les usages contemporains de cette idée qui est loin d’être simplement, comme on le dit trop souvent, un héritage du passé.

    « Surtout n’en parlons pas » se promettait une famille bien élevée au moment de passer à table, au plus fort de l’affaire Dreyfus. Las ! Ils en parlaient pourtant et n’avaient pas assez de toutes leurs fourchettes pour s’embrocher, si l’on en croit les dessins satiriques de Caran d’Ache [voir images]. Et en effet, comment ne pas en parler, quand tout le monde en parlait ?

    La famille des sciences sociales a déjà, quant à elle, beaucoup parlé de la race (sur La Vie des idées, voir par exemple iciici, et ici). Alors pourquoi rouvrir le débat ?

    Un consensus domine en France : la race n’est pas une réalité biologique, mais sociale. Assignation, condition, catégorisation subie, et parfois appropriée par ceux qu’elle opprime, elle n’aurait rien à voir avec la biologie. Ce consensus des chercheurs en sciences sociales, professionnel et politique, est défendu comme une garantie contre le racisme, une condition de justice et de paix sociales. Il n’est pourtant pas exempt de points d’achoppement, comme la question des statistiques ethniques et raciales, déjà discutée dans La Vie des idées(voir ici et  et ceci). La question – morale, politique, cognitive – est la suivante : le juste opprobre qui pèse sur les comportements racistes, déjà fort mis à mal depuis quelque temps, peut-il survivre si on remet de surcroît en avant la notion même de race ?

    La philosophe Magali Bessone fait pour sa part la proposition qu’on ne peut efficacement combattre les inégalités et discriminations raciales (et le racisme) sans utiliser la notion elle-même (voir la recension de Dominique Schnapper). L’antiracisme lui-même doit être repensé de manière critique : le livre de Daniel A. Gordon, Immigrants and Intellectuals. May’ 68 and the Rise of Anti-Racism in France, recensé par Emmanuel Debono, permet par exemple d’examiner son « moment 68 », entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la marche des Beurs, et de mettre en évidence le chemin qui reste à parcourir pour comprendre mieux la trajectoire historique du phénomène.

    Au-delà de la question de l’opportunité d’un usage stratégique de la notion de race, il faut aussi souligner que le consensus sur lequel s’appuie une grande partie de la recherche en sciences sociales sur la race repose sur un déni : car la race est bel et bien un objet de recherche pour la biologie. Mieux (ou pire), la recherche sur les origines de l’homme et la diversité biologique des populations humaines a été refondée avant même la Deuxième Guerre mondiale sur une base qui n’excluait pas le concept de race. Un des pères fondateurs de la génétique des populations, Theodosius Dobzhansky, s’est élevé dès les années 1950 contre ce qu’il considérait comme l’entreprise tyrannique des sciences sociales, en particulier de l’anthropologie culturelle américaine : la négation de l’existence de races humaines. Dès 1950, de nombreux généticiens évolutionnistes se sont mobilisés aux côtés des anthropologues physiques pour contester la prétention de l’UNESCO à délégitimer la notion de race. La fronde a été si forte que l’institution internationale a dû permettre à ces contestataires de publier sous son égide un démenti à sa première « déclaration sur la race » où ils nuançaient fortement la thèse selon laquelle la race n’était qu’une construction sociale. Or les contestataires n’appartenaient pas tous, loin de là, au camp des crypto-racistes bien décidés à fournir des armes aux ségrégationnistes américains ou sud-africains. Au contraire, derrière Dobzhansky, ils clamaient à la fois la nécessité de lutter contre le racisme et celle de maintenir la race comme catégorie d’analyse du vivant humain. Ils ont à la fois contesté la validité des entreprises défendant l’idée d’une inégale intelligence des races (The Bell Curve, 1994) et soutenu des programmes de recherche fondés sur l’idée de collecter des patrimoines génétiques de populations « pures » comme l’Human Genome Diversity Project (HGDP) conçu par Luigi Luca Cavalli-Sforza.

    Autrement dit, la race est bien restée une catégorie biologique, parce qu’elle a continué à être utilisée par les biologistes. Elle est donc à la fois, en même temps, de manière inextricable, biologique et sociale – et son utilisation en biologie est loin d’être réductible au racisme : au contraire, à l’image de Dobzhansky, la majorité des chercheurs en biologie humaine qui l’utilisent professent des convictions antiracistes.

    Pour condamner le racisme, on ne peut donc se prévaloir d’un consensus scientifique qui montrerait l’inexistence des races. Sans doute, comme le montre Bertrand Jordan dans son entretien avec Claude-Olivier Doron et Jean-Paul Lallemand, l’argument scientifique est-il même inutile dans la lutte contre le racisme. C’est bien plutôt la manière dont la notion est utilisée qui doit faire l’objet de recherches. Dans quelles conditions les études mettant en œuvre la notion de race sont-elles réalisées ? Comment construit-on les échantillons de populations qui servent à ces études ? Quelles tractations s’opèrent entre pouvoirs publics, chercheurs, associations, consommateurs sur l’usage de la notion ? Comment, en somme, continue-t-on de parler de race ? Enfin, quelles sont les différences entre l’usage actuel du concept dans la génétique des populations et l’anthropologie physique d’avant-guerre ? Le champ d’application de ces questions est gigantesque, tant les avancées génomiques, et leur mise à disposition du public et des Etats, bouleversent notre rapport à notre différence biologique. Tests et analyses génétiques sont utilisés aujourd’hui pour formuler des probabilités l’occurrence de maladies rares liées à des populations (maladie de Tay-Sachs pour les Juifs ashkénazes, par exemple, ou drépanocytose pour les Afro-américains), mais aussi pour déterminer l’appartenance des ancêtres d’un individu à un groupe de population géographiquement situé, ou l’appartenance d’un individu vivant, ou même des restes d’un squelette, à un groupe racial préalablement défini. Doron et Lallemand, dans leur essai bibliographique, montrent de quelle manière les sciences sociales interrogent depuis quelques années l’existence des races comprises comme des faits biologiquement et génétiquement établis.

    Il serait tentant de ramener le phénomène à l’histoire spécifique des Etats-Unis, au « problème racial » américain, et aux catégories de recensement qui en ont découlé. Ce serait pourtant mal fondé. D’abord parce que la race est autant une réalité française qu’américaine : comme le montre le livre de l’historienne américaine Alice Conklin, In the Museum of Man Race, Anthropology, and Empire in France, 1850–1950(recensé en anglais par Julia Clancy-Smith), la profession anthropologique a investi la notion avec autant d’ardeur dans notre pays qu’aux États-Unis – universalisme républicain ou pas. Bien d’autres pays, d’ailleurs, comme Israël, ont mêlé la notion de race à leur vie publique (voir la recension de The Genealogical Science : The Search for Jewish Origins and the Politics of Epistemology, de Nadia Abu El-Haj, par Audrey Kichelewski).

    Mais surtout, l’offre pour une médecine personnalisée, le souci de connaître ses ancêtres à travers des tests génétiques, de vendre des médicaments à certaines catégories de consommateurs, ou de faire payer des assurances plus chères en agitant l’épouvantail de populations « à risque », sont loin d’être des réalités sociales uniquement américaines. Naissent ainsi de nouvelles manières de lier le sens commun racial (« les races existent, on le voit bien », « ils ne sont pas comme nous, nous n’avons pas les mêmes corps ») à un nouveau type d’évaluation de la différence et de l’appartenance qui se traduit par de nouvelles pratiques sociales – et commerciales.

    Sans doute n’y aura-t-il pas assez d’un dossier pour régler la question – aussi bien, on peut en être certain, n’avons-nous pas fini de parler du concept de race.

    Thomas Grillot, 17/02/2014

    Source : La Vie des idées

    http://www.laviedesidees.fr/La-race-parlons-en.html

    http://www.polemia.com/la-race-parlons-en/

  • Livre : Parution : La gauche en soutien au capital , Comprendre la domination Libérale

    Charles Robin offre, avec La gauche du capital, un regroupement de ses études sur la généalogie du libéralisme libertaire. Sa thèse est connue des lecteurs de Jean-Claude Michéa. Il n’y a pas un « libéralisme » économique, de « droite », qui s’oppose à un « libertarisme » sociétal, de « gauche ». Il y a un seul mouvement qui transforme la société, et passe par des acteurs socio-politiques qui se partagent le travail mais font, précisément, le même travail. Le libéralisme est en d’autres termes toujours en phase avec le libertarisme car il s’agit de déconstruire tous les liens, tous les enracinements, toutes les communautés pour aboutir à un homme nu, donc désaliéné selon l’extrême gauche, mais aussi totalement ouvert au libre marché, à la consommation mondiale unifiée, selon les libéraux. C’est le même homme suradapté à un monde de plus en plus intégralement marchandisé, postpolitique qui convient aux libéraux (dits de droite) et aux libertaires (dits de gauche). 

    Le travail de désencastrement de l’homme, de désincarnation (au profit de sa liquéfaction), de « libération » de toutes les valeurs et de tous les liens, est convergent, qu’il soit opéré par la droite « libérale avancée » ou par la gauche « libérale-libertaire », et concourt à un même résultat. Car, de fait, l’homme sans liens devient homme sans qualité, sans spécificité, sans identité culturelle, sans classe, sans syndicat, et est livré au marché, et celui qui est livré au marché est bel et bien « libéré », comme le rêve l’extrême gauche, de la famille, de la durabilité, de la transmission, de la « patrie », de la « solidarité de tribu » (ou de métier), du sexisme, du machisme, au profit de la consommation hédoniste de la sexualité et du relationnel en général (les « amis » que l’on a sur Facebook…).

    Résumons. Le libéralisme n’est pas conservateur, il n’y a rien de plus révolutionnaire. Quant à la gauche elle n’est pas socialiste, elle est « la gauche du capital », elle est la pointe avancée de la déconstruction des peuples. Qui profite à qui ? Au capital.

    Voilà notamment ce que développe, rigoureusement, Charles Robin. Autant dire que son livre est essentiel.

    Pierre Le Vigan

    notes : Charles Robin, La gauche du capital, ed. Krisis, 244 pages, 18 €

    source :Metamag :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EuEuulEEppKoiQJcAe.shtml

  • Leur Europe, la notre

    Zone de plus faible croissance au monde, économiquement non viable, mais maintenue au bord du gouffre par pure idéologie, la zone euro a-t-elle encore un avenir ? Le président de la Banque centrale européenne (BCE), le très mondialiste Mario Draghi, a exhorté vendredi les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro à un effort commun. « En 2011-12, nous avons évité l’effondrement de la zone euro grâce à un effort commun. Nous devrions à nouveau nous atteler à agir en commun pour éviter une rechute en récession ».  Pendant ce temps, en marge du Conseil européen à Bruxelles, le Premier ministre britannique de David Cameron a tapé du poing  sur la table…soucieux de ne pas donner davantage de grain à moudre au courant eurosceptique qui ne cesse de prendre de l’ampleur outre-manche. Sommé par la Commission européenne, au titre de la révision technique des contributions nationales pour 2014, de verser, avant le 1er décembre, une contribution supplémentaire pouvant atteindre 2,1 milliards d’euros, M. Cameron s’est fâché tout rouge.

     Boursier.com le souligne avec justesse, «cette rallonge  émane d’une révision technique statistique à laquelle procèdent chaque année les instances européennes. Cette fois, le calcul intègre à la richesse des pays les activités illicites comme le trafic de drogue et la prostitution.» On arrête pas le progrès… « Je ne paierai pas cette addition le 1er décembre » a  affirmé  David Cameron… qui n’ a donc pas dit qui ne la paierait pas après cette date…

     Le même jour Pierre Lellouche, député UMP de Paris,  faisait mine de s’indigner  sur France Info de la subordination de notre pays aux instances bruxelloises.  Evoquant la lettre envoyée par les gauleiters bruxellois  demandant des « précisions » sur le budget 2015 de la France,  il a déclaré qu’il est « très fort de café» que la Commission européenne veuille« retoquer le budget » qui relève de la « souveraineté nationale.»

     Le site du magazine Politis a eu beau jeu de noter que « les textes (traité, directives et règlements) qui autorisent cette immixtion dans nos débats budgétaires ne datent pas tous du quinquennat de François Hollande. Et tous ont été approuvé par les députés, sénateurs et députés européens membres de l’UMP, avec l’aval de Nicolas Sarkozy quand celui-ci était à la tête de l’État. ll est extrêmement improbable que Pierre Lellouche l’ignore, lui qui fut secrétaire d’État aux Affaires européennes dans le gouvernement Fillon II, du 23 juin 2009 au 13 novembre 2010 ».

     « On épargnera à Pierre Lellouche poursuit cet article le rappel des votes au Parlement européen des directives et règlements du  Six pack  et du  Two pack , ainsi que celui de la ratification du TSCG, qu’il a approuvé comme député. Les élus de l’UMP, comme la plupart de nos socialistes, ont tout avalé. De la même manière qu’ils ont adoubé les deux Commissions de Barroso, dont il déplore aujourd’hui qu’elles aient été  lamentables , après que Nicolas Sarkozy eut soutenu ce dernier pour un second mandat ».

    Dans une UE sous domination et au service de intérêts de Berlin,  nous nous en faisions l’écho sur ce blog en septembre dernier,  le voyage de Manuel Valls  a fait figure de symbole.  Il est allé humblement quémander à Angela Merkel un délai supplémentaire pour notre déficit public et des encouragements pour les réformes en cours.

     Nous n’allons pas reprocher à l’Allemagne de défendre ses intérêts mais il s’agit de regretter l’incapacité de nos gouvernements à défendre les nôtres, alors que la crainte d’une hégémonie allemande sur cette Europe là ne date pas d’hier. Le juriste et politologue Maurice Duverger, ancien du PPF,  décoré de la Francisque mais rapidement rallié au «camp du bien», s’inquiétait déjà dans «Le lièvre libéral et la tortue européenne » (1990) d’une Europe «dominée par la Pangermanie régnant sur l’espace vital que lui avait assigné les théoriciens du XIXème siècle ».

     D’autres, supputant une souterraine continuité géopolitique économique allemande, ont d’ailleurs rappelé que les origines véritables de l’idée de Communauté économique européenne (Die europaïsche Wirtschafsgemeinschaft) a été faussement attribuée à Jean Monnet,ses disciples et ses suiveurs,  mais qu’on l’a doit en réalité à Walther Funk, ministre de l’Economie du IIIe Reich.

     Au-delà de l’hégémonique omnipotence allemande c’est bien la question du  déficit démocratique de l’UE qui est posée. Le site Polemia a mis en ligne un article de  Arnaud Dotézac, directeur des rédactions, market magazine (Genève) qui la résume parfaitement.

     « La souveraineté des États membres est aspirée au bénéfice des institutions européennes par l’effet de suprématie absolue du droit européen. Le principe de suprématie des constitutions nationales, qui traduit normalement l’expression la plus haute des souverainetés populaires, s’est depuis longtemps laissé dissoudre dans un droit conçu et contrôlé par des experts, eux-mêmes irresponsables politiquement et protégés diplomatiquement. Au peuple souverain se sont substitués des fonctionnaires qui produisent ce droit n’émanant que d’eux-mêmes, générant un modèle autocratique au sens propre du terme. Les valeurs qui sous-tendent le projet européen sont issues d’une idéologie qui méprisait le modèle démocratique et d’une puissance étrangère (les Etats-Unis, NDLR)  qui défendait ses propres intérêts stratégiques (…)».

     Comme le notait plus largement déjà Michel Rocard  en 1973 (!) dans « Le Marché commun contre l’Europe », « ce que l’on a appelé la construction européenne s’est faite en réalité…contre l’Europe, au profit de la libre entreprise, au profit par conséquent du capitalisme en général, quelle que soit sa nationalité, et plus encore au profit de celui qui n’en  a pas.»

     Nous l’avons souvent dit, ce projet européen transnational, le FN s’y  oppose  au nom de sa défense de l’Etat nation,  d’une Europe des patries, de la libre-coopération. Mais ledit projet impérial aurait pu puiser sa justification dans une vision enracinée de notre civilisation européenne, en s’abreuvant  à la source de son génie propre, dans le respect et la défense de l’identité commune des peuples de notre continent.

     Or pour ses concepteurs,  l’idée de l’unification européenne ne constitue pas une fin en elle-même, le sommet d’une hiérarchie de valeurs et d’identités  héritées de l’histoire des peuples du vieux continent, elle est plutôt une marche vers le gouvernement mondial de l’humanité. Dans ses « Mémoires »,  Jean Monnet rappelle que  la «Communauté (européenne, NDLR) elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation de demain ». Son acolyte Robert Schumann expliquait dans « Penser l’Europe » (1963), que l’idée d’Europe doit être «le mot d’ordre pour les jeunes générations désireuses de servir l’humanité enfin affranchie de la haine et de la peur, et qui réapprend la fraternité chrétienne».

     Maurice Duverger cité plus haut, ne masquait pas ce message humaniste sous le vernis de la  fraternité chrétienne sans frontières mais  nous donnait à son  tour une définition de ce qu’est l’Europe et sa mission, à savoir un simple relais d’une conscience planétaire, qui est largement partagée actuellement  par les élus  de gauche et de droite qui dominent le Parlement européen, les officines et la technostructure européistes. «Il y a une civilisation européenne écrivait-il, qui a enseigné les droits de l’homme et de la démocratie, valeurs supérieures à toutes les autres, et qui doivent l’emporter sur les cultures encore rétives à leur universalité.»

     Cette réduction de la civilisation européenne au totalitarisme des droits de l’homme  va de pair  avec une Europe qui subordonne le politique à l’économique, qui se construit sur la dépouille des Etats souverains. La dérive de cette Europe là avait été parfaitement anticipée  par Julien Freund dans «La fin de la Renaissance» (1980) : « on s’en prend aux nationalismes, sources de guerres intra-européennes qui auraient été, durant ce siècle (le XXe siècle, NDLR), des guerres civiles européennes. Mais en réalité c’est l’Etat qui est visé dans sa substance.»

     Au  plus fort du débat sur l’adhésion de la Turquie dans l’UE il y a dix ans, le refus de réaffirmer les racines  helléno-chrétiennes de l’Europe,  d’en faire un «club chrétien» comme le notait pour s’en offusquer  le premier ministre Turc Erdogan et  chez nous  la quasi totalité  du microcosme politico-médiatique, répondait   bien  sûr à un objectif.

     Bruno Gollnisch le soulignait alors, «si l’Europe se définit par l’adhésion à des valeurs communes laïques qui sont celles en gros de l’individualisme libéral et des droits de l’homme , alors effectivement à ce compte il n’y a pas de raison de ne pas l’étendre jusqu’au Zaïre le jour où ce pays pratiquera la démocratie parlementaire ! C’est là qu’on voit bien, sans déformation et sans exagération, que dans l’esprit de ces gens là, l’Europe n’est qu’une espèce de plate-forme commune qui a vocation à s’entendre de plus en plus, dans laquelle, à condition de respecter une règle sacrée qui est celle de l’ouverture et du métissage, n’importe quel pays pourrait finir  par entrer ». Alors non, décidemment non, leur Europe n’est pas la notre.

    http://gollnisch.com/2014/10/28/europe-notre/

  • L'euthanasie, c'est le non-sens comme réponse au non-sens

    Extrait de la réponse de Marie-Sylvie Richard, religieuse xavière et médecin en soins palliatifs, à une consoeur catholique qui se justifie, dans un ouvrage, d'avoir accédé en Belgique à des demandes réitérées d'euthanasie :

    "Quelle est la liberté du médecin dans cette situation ? [L'auteur] considère que dans certaines situations difficiles, on n’a pas d’autres moyens que de répondre à la demande d’euthanasie. Qu’il faut reconnaître son impuissance et suivre le malade dans sa supplique. A la Maison Médicale Jeanne Garnier comme dans d’autres unités de soins palliatifs, nous ne refusons pas les personnes qui réclament l’euthanasie, au contraire nous sommes particulièrement attentifs à leur souffrance et l’on cherche à leur donner les meilleures conditions de soulagement pour que leur souffrance intérieure puisse être apaisée si possible. Nous nous intéressons à la question du sens que posent souvent malades et proches ; dans un très grand nombre de cas, les patients changent d’idée.

    Confrontée au non-sens de la souffrance, [l'auteur] accède dans certains cas à l’euthanasie. Mais pratiquer l’euthanasie, ce n’est pas pour moi donner du sens ! C’est répondre au non-sens par le non-sens. C’est s’octroyer un pouvoir considérable, démesuré sur autrui, que je veux respecter comme personne unique et sacrée, qui ne m’appartient pas."

    Louise Tudy