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lobby - Page 970

  • Retraites : ne rien attendre de l'État

    6a00d8341c715453ef022ad397899d200d-320wi.jpgLe 8 octobre, Mireille Weinberg consacrait une vidéo sur le site de L'Opinion[1] à la réforme des retraites. Elle constate que, promise pourtant de façon répétitive en haut lieu, celle-ci devrait, de façon presque inéluctable, être repoussée de quelques mois.

    Elle devait, remarque la journaliste, "faire l’objet d’une loi, qui devait être votée au plus tard à l’été 2019. Pour y parvenir, le projet de loi aurait dû être déposé au parlement en mars 2019 ou dans le courant du printemps. Pile poil au moment de la campagne électorale pour les élections européennes…"

    Cette objection, considérée comme majeure, préempte l'appréciation du dossier par l'opinion publique.

    Or, on ne sous-estime pas l'importance de la question. Bien au contraire, dans l'éditorial du même journal, Nicolas Beytout y voit "un premier test majeur pour le prochain gouvernement."[2]

    La nuance consiste en ce que la partie semble se présenter comme jouée d'avance.

    Elle suppose une fois de plus que la majorité des Français ne voudrait pas, au fond, d'une telle réforme. Le mot d'ordre le plus significatif consistait pourtant jusqu'ici à aligner le calcul des pensions et l'âge de départ entre le secteur privé et le secteur public.

    Or, l'emploi public, si lourdement représenté soit-il, ne compte que 5,4 à 5,8 millions d'agents très divers, sur une population active estimée à 28,6 millions, dont 25,8 millions occupent un emploi et 2,8 millions au chômage. Ceci pèse donc entre 20 et 21 % de la population active.

    Il s'agit d'un pourcentage énorme. Il englobe des catégories que l'on additionne de façon quelque peu abusive, ne bénéficiant pas toutes des conditions particulières, considérées comme avantageuses, de la fonction publique d'État. Ainsi les personnels hospitaliers, mais aussi les innombrables précaires, contractuels, etc. auxquels il serait excessif de ne prétendre que reprocher des "privilèges". Ce mot totalement ambigu stigmatise les lois particulières, dans un pays qui se targue de les avoir abolis le 4 août 1789, mais qui en a institué de plus durables, de plus sournois et de plus mortifères, dommageables en particulier pour son économie.

    Quoi qu’il en soit, ce poids considérable ne forme pas une majorité : en face des 21 % de statutaires variés, se trouvent 79 % de Français, légitimement inquiets de la dégradation des perspectives de l'assurance vieillesse monopoliste. Ils ne se verront accorder à la fois ni la liberté de s'y soustraire, ni même voix au chapitre, puisque les forces syndicales comme les instances gouvernementales restent dirigées par la partie la plus attachée au statu quo.

    On peut donc, de façon tout à fait probable et parfois légitime, s'attendre à des réticences dans les trois branches du secteur public. Mais comme tout compris celui-ci ne couvre guère plus de 21 % de la population, cela veut dire que l'on prévoit, une fois de plus l'occultation du problème des retraites, tel qu'il se pose pour 79 % des Français…

    À défaut de l'abolition du monopole de la retraite par répartition, son simple desserrement n'est jamais évoqué. Tabou. Si l'on s'en tient aux programmes gouvernementaux dominants, les vraies solutions ne seront pas examinées : l'épargne ne sera pas libérée, la propriété familiale sera de plus en plus ponctionnée, le patrimoine qu'on fait mine de sauvegarder, sera de plus en plus menacé, pillé, dégradé.

    Les projets officiels ne résoudront rien, car ils consisteront à rogner sur les droits que les Français croient naïvement acquis pour toujours, puisque garantis par l'État. Les hauts fonctionnaires qui nous gouvernent répartiront la pénurie d'une manière plus restrictive : retraites plus tardives, pensions plus chiches, cotisations plus lourdes.

    Au fond on pourrait presque déplorer que la CGT de Martinez et FO du nouveau venu Pavageau, qui lui fait désormais concurrence et qui lui aussi vaut le détour[3], soient dirigées par des crétins voués à l'échec. Car le plus lentement cette non-réforme s'instituera, plus elle piétinera, terrorisée devant les perspectives de protestation au sein des 21 %, et plus les 79 % pourront s'organiser pour faire l'emporter, dans l'intérêt général du pays, la cause de la Liberté.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] cf. "La réforme des retraites repoussée de quelques mois"
    [2] cf. "Réforme des retraites: un premier test majeur pour le prochain gouvernement"
    [3] "Un système de retraite par points, ce sera du travail sans fin" déclarait-il, agressif et arrogant le 8 octobre sur France Inter.

    http://www.insolent.fr/

  • Avec Anne Hidalgo, délation rime avec application… ou le contraire

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    C’est, une fois de plus, dans la consternation générale qu’Anne Hidalgo a proposé sa dernière idée saugrenue : une application baptisée #DansMaRue censée permettre aux Parisiens de signaler les « incivilités ». Outre l’aspect délateur du service déjà largement souligné sur les réseaux sociaux, l’exemple donné par la mairie de Paris mérite le détour : un véhicule est stationné sur une piste cyclable ? Vous pouvez le signaler avec l’application #DansMaRue, nos agents interviendront rapidement pour verbaliser ou l’emmener à la fourrière. Priorité #sécurité et #circulation apaisée !

    Confirmant, ainsi, que le vélo est, à Paris, ce que la vache est à Bombay, Anne Hidalgo ne voit d’autre problème que la merveilleuse piste cyclable, terrain sacré sur lequel toute incursion relève du pêché absolu. De la faute grave. Le summum de la nuisance. Les rats, les poubelles pleines à ras bord, les migrants regroupés dans une totale insalubrité, la guerre des dealers ne sont rien au regard du cycliste contraint de contourner une voiture garée sur la voie céleste qui lui est réservée.

    Dans le monde enchanté d’Anne Hidalgo, l’exemple donné de l’application est légitime. L’habitant des huit ou neuf arrondissements centraux de Paris n’est victime d’aucun préjudice plus grave qu’une piste cyclable entravée. Rien de plus ennuyeux. Dans son voyage du Marais à la place de la Madeleine, le bobo s’indigne de la moindre obstruction. « Dans quel monde vivons-nous ? Quels sont ces délinquants qui viennent ralentir notre roulement silencieux vers l’open space de notre start-up ? Que fait la police ? » Et c’est à ce moment qu’Anne Hidalo arrive sur sa trottinette magique toute de paillettes recouverte. Application. Délation. Signalement de l’outrage, contrevenant mis au ban de la société, exposé sur la place publique, aux jets de pierres, etc. Existe-t-il pire nuisible sur la place de Paris ?

    Est-il trop tard pour nommer un maire adjoint en charge des dix arrondissements dont Anne Hidalgo semble ignorer la problématique ? Un maire qui proposerait 40 applications aux Parisiens de ces quartiers-là. #agression #insultes #réglementdecompte # migrantsagressif #fraudemetro, etc.

    Dans le novlanque du bobo pédalant, l’infraction et certains délits se voient classés « incivilité » alors que, dans son sens littéral et bien imprimé dans l’inconscient collectif, le terme ne concerne que les attitudes relevant du manque de politesse ou de courtoisie (selon la définition Larousse). « Mon cher ami, ce pickpocket a manqué de courtoisie… Ah si, je vous assure… »

    Se garer n’importe où est une infraction. Au nom de quelle idée bizarre s’agirait-il d’une incivilité ? Qui plus est à dénoncer via une application ? L’un des rôles de la police consistant à verbaliser ce genre de comportement, Anne Hidalgo vient donc d’inventer l’eau chaude. La répression de l’illégalité par délation. Policiers, rentrez chez vous, la mairie de Paris a trouvé le moyen de faire régner l’ordre dans la capitale. Et de couper le beurre… grâce à un fil tenu par deux… enfin, bon. Anne Hidalgo vous expliquera…

    Jany Leroy

    http://www.bvoltaire.fr/avec-anne-hidalgo-delation-rime-avec-application-ou-le-contraire/

  • George Soros influence la Cour européenne des droits de l’homme

    George Soros influence la Cour européenne des droits de l’homme

    Lu dans Valeurs Actuelles :

    L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) s’apprête à élire, mardi 9 octobre, trois nouveaux juges à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), au titre de la Norvège, de la Turquie et de l’Albanie. Chaque pays concerné par le vote doit désigner trois candidats (dont au moins une femme) et les soumettre à l’appréciation préalable d’un « panel d’experts » chargé de conseiller à l’Assemblée de voter pour l’un plutôt que pour l’autre. Un tel filtre, utile pour éviter que des juges peu qualifiés puissent de nouveau être élus, peut aussi donner lieu à un phénomène d’uniformisation culturelle ou idéologique des juges, recrutés selon les mêmes profils, fournis par les mêmes « experts ».

    Cette année, deux des trois candidats proposés par l’Albanie, Sokol Berberi et Darian Pavli se trouvent ainsi avoir occupé de hautes fonctions à l’Open society, le réseau de fondations créé par le financier et philanthrope américain George Soros. Comme l’explique un bon connaisseur des arcanes strasbourgeoises, « George Soros investit particulièrement dans les petits pays parce que leur voix compte autant que celles de la France ou de l’Allemagne et qu’il est plus facile d’y exercer une influence, eu égard à la corruption qui y sévit encore. » L’objectif étant de multiplier le nombre de juges, dont le mandat, non renouvelable, court sur neuf ans, sensibles à la vision du monde développée et soutenue par George Soros. En vingt-cinq ans, Open Society a investi 130 millions d’euros en Albanie, où elle dispose de bureaux. « L’Open society contrôle et finance de nombreuses filiales et organisations – Human Rights Watch ou Amnesty International pour les plus connues – qui, au-delà de leur action propre, œuvrent toutes à l’établissement d’une société toujours plus libérale et individualiste », poursuit l’expert. […]

    https://www.lesalonbeige.fr/george-soros-influence-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme/

  • Philippe Meirieu, la fabrique des victimes L'ayatollah de la pédagogie qui fera pleurer vos enfants

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    On se souviendra que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme et jusqu'à la verdeur de son langage. Derrière ce talent, la subtile analyse de Brighelli, ici, va très loin. Nous ne pouvions pas ne pas la donner à lire aux lecteurs de Lafautearousseau. Il 'agit de l'avenir de la jeunesse française. Et, au point où en sont les choses, de notre culture, de notre civilisation.  LFAR 

    3113076599.jpgRiposte à Meirieu !

    Le dernier opus de Philippe Meirieu, dont j’ai rendu compte par ailleurs, valait le coup que j’y revinsse. Bien sûr, il mérite tout le mal que j’ai déjà pu en dire. Mais en fait, il en mérite davantage.

    D’autant qu’être insulté par Brighelli fait partie de ses attentes esthétiques. Non seulement parce que je suis sa Némésis, qu’il convoque avec gourmandise (« « On attend impatiemment que le polémiste Jean-Paul Brighelli, passé du Point à Valeurs actuelles, toujours en avance d’une insulte sur ses petits camarades, publie, après la Fabrique du crétin, un pamphlet au vitriol sur la Fabrique des ravis de la crèche »), mais surtout parce que la position de persécuté lui sied.

    Ne pas y voir une quelconque trace de masochisme personnel. Meirieu est un pervers polymorphe qui prend des poses de grand persécuté. Cela lui permet de s’identifier avec Rousseau, le grand ancêtre — une attitude dont j’avais retracé l’origine dans l’un des très rares articles que m’a jadis demandé le Monde. On voudra bien m’excuser de me citer :

    « Puis vint Rousseau, un protestant genevois, foncièrement hostile à la notion de progrès, qui théorisa la bonté intrinsèque de l’homme, perverti par la civilisation. À rebours de tous ceux, Voltaire en tête, qui pensaient, contre la religion, que la civilisation est un progrès en soi, et qu’il valait mieux vivre au XVIIIe qu’au(x) siècle(s) précédent(s). La religion, si présente — et sous sa forme calviniste — chez le plus célèbre Genevois, s’accordait merveilleusement avec ces billevesées. « Bon sauvage » cessait d’être un oxymore, et devenait un pléonasme.(…) « Emile, l’élève de Rousseau, n’en recevait pas moins une éducation religieuse sévère, teintée de protestantisme genevois. Rien d’étonnant à ce qu’il ait séduit des gens — Philippe Meirieu par exemple — qui venaient des Jeunesses Ouvrières chrétiennes, et des ministres (Jospin) qui étaient des trotskystes protestants, ou des socialistes protestants (Rocard) — ou l’inverse. « Rousseau voit donc l’enfant comme un être bon par principe, tant qu’on ne le gâche pas. Tout part de ce postulat, qui n’a d’autre évidence que d’aller à l’encontre du principe classique selon lequel le petit homme est un être de chaos, d’instincts et d’appétits (« Cet âge est sans pitié », dit La Fontaine) auxquels l’éducation justement donne forme en les bornant sévèrement. Deux idées de l’homme, deux pédagogies.(…) « Nos « pédagos » modernes sont lecteurs de Rousseau. Ils ont importé au XXe siècle des concepts du XVIIIe. »

    L’article faisait pendant à un article de Meirieu — c’est cela, la démocratie selon le Monde, équilibrer la vérité avec le mensonge, et les faits avec l’idéologie (qui est, selon Hannah Arendt que Meirieu n’arrête pas de citer, dans la Riposte, « ce qui n’a aucun point de contact avec le réel »). Mais le cher Philippe, qui l’a lu, n’en a pas tiré d’enseignement — c’est normal, c’est lui qui enseigne aux autres.

    Du coup, le voici qui en remet une couche dans la victimitude, comme dirait Ségolène :

    « Depuis que Rousseau a ouvert la voie, le pédagogue est fasciné par la figure du persécuté. Jean-Jacques, il est vrai, avait quelques raisons de se considérer et de se comporter comme tel : banni, expulsé, pourchassé, caillassé, accablé de sarcasmes et d’attaques, courant de refuge précaire en asile éphémère, l’auteur du Contrat social et de l’Emile ne trouvera guère qu’un fugace repos quelques mois avant sa mort à Ermenonville. »

    Je dois compter parmi les caillasseurs de pédagogues — moi qui suis la tendresse même, la qualité première du pédagogue, selon Saint Philippe :

    « Comme Gepetto, le pédagogue essuie parfois une larme : c’est un sentimental et c’est là à la fois sa fragilité et sa force. Sa fragilité car, tout comme Rousseau face à l’humour ravageur d’un Voltaire, il apparaît vulnérable, quand ce n’est pas pleurnicheur. Sa force, car il suscite l’empathie de tous ceux et de toutes celles qui ont, un jour, eu un enfant dans les bras… avant de l’avoir très vite sur les bras. »

    C’est beau — c’est une synthèse étrange de Sacha Guitry et d’Yves Duteil. Ecrasons une larme.

    Juché sur son piédestal rousseauiste, exhibant ses stigmates et ses cicatrices, Meirieu dès lors peut attaquer de face. Il a la sympathie du lecteur, surtout si le lecteur est au SGEN :

    « On aimerait aussi que Jacques Julliard ou Natacha Polony, qui se sont fait une spécialité de dénoncer les errances du pédagogisme, s’attaquent enfin à cette « pédagogie horticole » de l’épanouissement spontané de l’enfant — dernier avatar de l’individualisme lénifiant qui s’étale dans toute la littérature du développement personnel… »

    Et de flinguer les émules de Montessori (il crucifie Céline Alvarez et il a bien raison) et tous les « hyper-pédagogues » qui l’ont dépassé sur sa droite, enfants adultérins de Freinet, A.S. Neill, l’admirable Janusz Korczack, et tous les gourous des « écoles alternatives ». Steiner, Decroly, Montessori, Hattemer, toutes mises dans le même sac des pédagogies centrées sur la construction personnelle, où les petits princes sont faits petits rois, sont donc des repères d’hyperpédagos. J’en connais à qui ça va faire plaisir !

    2454519103.jpgD’autant que notre pédagogue en chef fait du choix scolaire un symptôme de classe : « On se doutait bien que les parents qui mettaient leurs enfants dans une « école alternative » étaient plutôt socialement favorisés et de bon niveau culturel (…) Ainsi, à regarder les choses de près, on s’aperçoit que le discours hyperpédago est profondément lié à ce qu’on pourrait nommer le courant éducatif familialiste. » Et c’est là que la référence à Rousseau prend tout son sens.

    Meirieu et moi ne nous aimons pas. Mais il ne me viendrait jamais à l’idée de le prendre pour un imbécile, ni pour un inculte. Il sait très bien ce qu’il fait, et ce qu’il dit. Et ses références font sens. 

    L’Emile, si vanté par tant de pédagogues imbéciles (pas Meirieu, comprenons-nous bien) qui croient que Rousseau est partisan du laisser-faire et de la bride flottant sur le cou de l’élève (que l’on n’élève plus mais que l’on regarderait s’élever) est en fait le pendant du Contrat social. Et du Contrat social est sortie la Terreur.

    Le laxisme prôné par tant de pédagos est aux antipodes de la Pensée Meirieu. Ce n’est pas pour rien que notre ayatollah de la pédagogie note le « caractère très ambigu des pratiques de groupe non régulées… » : il est pour une régulation de chaque instant, une réflexion permanente sur la pratique (ce qu’un marxiste appellerait une auto-critique permanente), aux antipodes du laisser-faire enseigné dans les ESPE aujourd’hui et magnifié par tant de (dé)formateurs et d’inspecteurs ravis du « papotis » qui dans les classes, selon eux, témoigne de la belle créativité des élèves. Meirieu, revenu dans les années 2000 devant des élèves, a constaté la difficulté de se faire entendre — et ça ne l’amuse pas du tout.

    La pédagogie selon lui consiste à codifier toute pratique, à l’exécuter comme on exécute une partition ou un condamné, et à en tirer une expérience qui enrichira la pratique du lendemain. Issu de courants libertaires, il est l’anti-anar par excellence. D’ailleurs, un protestant, ça ne plaisante guère. Son horreur évidente de l’élitisme (républicain ou autre) vient de son goût pour les manœuvres militaires où chacun avance du même pas de l’oie. Le pédagogisme, loin d’être permissif, est un carcan rigoureux.

    Le droit à la parole, inscrit dans la loi Jospin à l’époque où Meirieu conseillait de près le ministre, n’est pas du tout ce que vous pensez. Elle est liberté au sens rousseauiste du terme, c’est-à-dire répression de la licence. On se rappelle la haine que Rousseau éprouvait envers les libertins, je me demande parfois si celle que Cher Philippe éprouve pour moi ne vient pas de ce qu’il a flairé de libertinage en moi. « La spontanéité, dit-il, n’est, le plus souvent, que la reproduction à l’économie des clichés les plus éculés. » Une sentence que je contresignerais volontiers.

    Mais alors, si Meirieu le pédagogue n’est pas responsable de la gabegie actuelle, saluée malgré tout par les épigones de Saint Philippe, d’où vient-elle ? Et la réponse fuse — une réponse qui ne plaira ni à l’actuel ministre, ni à Gérard Collomb, qui autrefois offrit Lyon à Meirieu, qui y dirigeait l’IUFM, avant de l’en chasser lors des élections de 2012 — avec des procédés de truand, dois-je dire. « On ne rappellera jamais assez, explique notre didacticien en chef, que l’enfant-tyran n’est pas un produit de Mai 68, encore moins de l’Education nouvelle et des « pédagogies actives », mais bien celui du capitalisme pulsionnel promu par le néo-libéralisme triomphant. »

    Et c’est là que l’analyse demande un peu de subtilité.

    Ce que Meirieu refuse de voir — et je le comprends, parce qu’il n’y survivrait pas — c’est que les crétins qu’il a recrutés, mis en place, installés aux commandes du système (et qui après lui avoir léché les bottes ne doivent même plus savoir qu’il existe) n’ont aucunement la capacité de mettre en place l’enseignement rigoureux et coercitif dont il rêvait — tout comme les suivants de Montessori, Freinet, Neill et autres très grands pédagogues ne leur arrivèrent jamais à la cheville, tant leur réussite dépendait de l’identification quasi freudienne de l’enfant à son enseignant. La nature suivant la pente au lieu de la remonter, ils ont fait du laxisme leur modus operandi, et c’est la combinaison de ce laxisme (libertaire, pour le coup) et des enjeux libéraux (transformer le citoyen en consommateur ravi) qui a fabriqué l’enfant-roi, celui qui crache à la gueule de ses parents et de ses profs, qui n’apporte pas une feuille ni un stylo en classe, pense que le rap est la forme la plus achevée de la poésie (et combien de pédagogues médiocres l’ont conforté dans cette croyance !), arrive en cours avec une attitude strictement consumériste et s’insurge si l’on insinue qu’il pourrait envisager peut-être de se mettre au travail…

    Alors bien sûr que ce n’est pas avec des neuro-sciences et du numérique généralisé que nous remonterons la pente, et je partage entièrement sur ce point l’extrême méfiance de Meirieu envers ces gadgets qui au mieux enfoncent des portes ouvertes et au pire programment un transhumanisme entre Orwell et Zamiatine. Notre primat des Gaules tente de se placer au-dessus des partis et lance : « Entre les pédagogues jacobins de l’école unique et les pédagogues girondins des écoles alternatives, je refuse de choisir. »

    Mais il va bien falloir choisir ! Parce que les enfants décérébrés par les disciples de Meirieu, quand ils en ont marre de jouer avec des objets frappés d’obsolescence dans leur conception même, ou de se crétiniser devant Cyril Hanouna, privés de transcendance, choisissent la voie des armes. Nous n’avons encore rien vu, dans ce domaine. Demain, les chiens.

    Interdire les portables en classe est un gadget pédagogique. Restaurer un grand service public d’éducation est une urgence — et là, franchement, je ne compte pas sur des Marcheurs hantés de mondialisation pour réaliser cet objectif. L’opposition entre école jacobine et école girondine est évidente — évidente aussi la tendance centrifuge qui, via l’autonomie et les projets d’établissement, via la marchandisation et la ludification de savoirs remplacés par des « compétences », démantèle toute ambition collective.

    C’est étrange : on ne cesse de me reprocher mon élitisme, et je crois fermement qu’il y a dans ma pédagogie parfois brutale plus de tendresse réelle, d’altruisme et de sens de la collectivité que dans toutes les pleurnicheries compatissantes et narcissiques des pédagogues. On peut trouver le sergent Hartmann caricatural, mais il travaille à former une unité, un groupe, afin de donner à chacun des membres de ce groupe des chances réelles de survie. La pédagogie des enfants de Meirieu, sous prétexte de respecter la personnalité de chacun, fabrique des victimes. Il faut dire que, entraînés comme ils sont à pleurnicher, les pédagogues sauront les plaindre — avant de les oublier.   

    Jean-Paul Brighelli

    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/10/06/education-philippe-meirieu-la-fabrique-des-victimes-l-ayat-6094718.html

  • « Islamophobie », négation du racisme anti-Blanc : une dérive aux conséquences redoutables

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    C’est entendu : comme le disait Camus, il faut être solidaire plutôt que solitaire, et, comme le propose la morale judéo-chrétienne, « aimer son prochain comme soi-même », selon le précepte inscrit dans le Lévitique. C’est dans le même livre qu’il est encore dit qu’il faut traiter l’étranger qui vient s’installer dans le pays comme s’il était un compatriote, et l’aimer, lui-aussi, comme soi-même.

    Évidemment, ces deux formules, resituées dans l’ensemble du Lévitique, doivent être relativisées. D’abord, parce que l’amour de l’étranger y suppose deux conditions : la réciprocité (les Hébreux ont été des étrangers en Égypte) et le respect des obligations religieuses juives, comme celle de ne pas consommer de sang, sous peine d’être expulsé. Ensuite, parce qu’il s’agit d’étrangers qui s’installent, non d’envahisseurs. Enfin, et surtout, parce que ce livre est l’un des plus sanguinaires de la Bible : une bonne partie est consacrée aux sacrifices des animaux et la peine de mort y est édictée pour de nombreux interdits sexuels, notamment l’homosexualité. Autrement dit, et avec logique, le prochain est l’autre qui est proche, qui fait partie du groupe ou qui vient vivre en son sein en se conformant à ses règles. Ce n’est pas le lointain, l’autre en tant qu’autre qu’on aime, non malgré mais en raison de sa différence. Car cet attrait pour l’altérité risque bien de cacher une détestation de soi et de l’identité issue de la tradition du groupe auquel on appartient parce qu’on lui doit sa culture.

    Or, l’amour de l’autre laisse, aujourd’hui, la place dans le débat public français et, plus généralement, occidental à un renversement systématique. L’antiracisme ne vise que le racisme supposé des « Blancs » à l’encontre des autres et suscite, à force, un racisme anti-Blanc qui se croit tout permis. C’est ainsi qu’un rappeur noir s’est cru autorisé à appeler à pendre les Blancs sous prétexte d’inverser les images, comme s’il était habituel, en France, de pendre les Noirs, même dans des fictions. Les médias lui donnent, d’ailleurs, la parole pour expliquer le sens de sa créativité. On imagine mal la réciproque. De même, le concept d’« islamophobie » a prospéré en venant s’ajouter à toutes les phobies qui expédient, l’air de rien, toute idée conservatrice en psychiatrie. Mais qui oserait méconnaître le droit d’un Français chrétien à devenir musulman, alors que la conversion inverse est interdite dans la majorité des pays obéissant à l’islam, et qu’elle peut être punie de mort ? On tolère, aujourd’hui, que l’on continue à caricaturer le pape tandis qu’on s’abstient de blasphémer le prophète musulman pour ne pas céder à la tentation de s’en prendre à « l’autre ». Lui ne se gêne pourtant pas de le faire payer très cher.

    Il s’en est fallu de peu qu’un autre rappeur, du nom de Médine, auteur de Jihad, ne se produise au Bataclan. L’idée que ces références à l’islamisme belliqueux soient une offense aux morts du 13 novembre 2015 n’a fini par s’imposer que parce que quelques parents des victimes ont clamé leur douleur. Ils n’étaient pas la majorité qui, elle, s’interdisait l’amalgame, la généralisation, la désignation du coupable lorsqu’il est un « autre », par essence innocent face à notre culpabilité.

    La désignation, même évidente, des coupables peut même transformer en coupable, en abominable délateur raciste, celui qui désigne. Zemmour, qui connaît un succès de librairie parce qu’il ose écrire ce que beaucoup pensent à mots couverts, se voit interdire d’antenne de plus en plus souvent, et traîner devant les tribunaux dans la même proportion. Lier la délinquance à l’immigration, dénoncer l’incompatibilité de l’islamisme avec l’assimilation au sein de la République française sont devenus des péchés contre l’amour de l’autre qui, lui, peut nous haïr à loisir, car il en a le droit, en tant que victime par nature. La colonisation, les crimes de la France coloniale, comme dirait Macron, le chômage et les conditions de vie dans les quartiers sensibles, toutes choses dont nous portons le poids inexcusable, expliquent les statistiques et justifient qu’on ne donne pas les noms ou qu’on passe sous silence les origines des auteurs des rixes entre bandes qui se propagent dans de nombreuses villes à la population remplacée.

    Christian Vanneste

    Tribune reprise de Boulevard Voltaire

    https://fr.novopress.info/

  • Agression de la fille de Marine Le Pen : que fait Marlène Schiappa ?

    Agression de la fille de Marine Le Pen : que fait Marlène Schiappa ?

    Alors que les deux agresseurs vont être jugés pour “violences volontaires en réunion”, on attend toujours la réaction de Marlène Schiappa si prompte à réagir suite aux violences faites aux femme (sexistes, harcèlement sexuel) :

    Il semblerait que l’agression dont a été victime la fille de Marine le Pen (et son cousin) rentre clairement dans cette catégorie :

    “Alors que la fille de Mme Le Pen prenait l’air, deux hommes se sont approchés d’elle et se sont mis en tête de la réchauffer en lui frottant le corps car elle avait froid, selon le récit fait aux policiers par son cousin, a expliqué une source proche du dossier. Il est alors intervenu pour éloigner les deux individus qui l’ont roué de coups avant de s’en prendre à sa cousine, toujours selon la même source.

    La fille de la présidente du RN a reçu plusieurs coups de pied et de poing au visage et au corps et a dû être transportée à l’hôpital avec une « suspicion de nez cassé », selon le parquet. Elle a reçu une incapacité totale de travail (ITT) de cinq jours tandis que son cousin s’est, lui, vu prescrire trois jours d’ITT.

    Marine Le Pen a commenté l’incident, vendredi, en expliquant qu’il y avait eu « une agression gratuite de deux jeunes de 18 et 19 ans ». « Hélas c’est le lot quotidien de beaucoup de nos compatriotes et de beaucoup de pères et de mères de famille qui, comme moi, ne voyons plus partir nos enfants pour une soirée étudiante ou pour un dîner entre amis avec tranquillité d’esprit », a ajouté la dirigeante politique (…)”

    La fille de Marine Le Pen n’a visiblement pas la même valeur aux yeux de Marlène Schiappa que Marie Laguerre, qui avait bénéficié de son soutien médiatique

    https://www.lesalonbeige.fr/agression-de-la-fille-de-marine-le-pen-que-fait-marlene-schiappa/

  • Macron à bout de souffle – Journal du lundi 8 octobre 2018

    Politique / Macron à bout de souffle
    Tout part à vau-l’eau dans la majorité. Le départ de Gérard Collomb, un des piliers du mouvement en marche fragilise toujours plus le président qui enchaîne les attaques à l’égard des Français les plus faibles.

    Politique / Le PCF atomisé
    C’est la Révolution au Parti communiste Français. Les militants ont majoritairement voté en faveur du départ de l’équipe dirigeante, Pierre Laurent en tête. Un bouleversement qui trace une ligne toujours incertaine à un parti étouffé par la France Insoumise.

    International / Le Brésil vers une nouvelle ère ?
    Le candidat populiste de droite Jair Bolsonaro arrive largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne. Un camouflet pour les partisans de l’ancien président Lula et de la gauche en général.

    International / Avis de recherche : Interpol a perdu son patron

    Serveur TVL

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    https://www.tvlibertes.com/2018/10/08/26141/macron-a-bout-de-souffle-journal-lundi-8-octobre-2018

  • Le moment Kavanaugh

    6a00d8341c715453ef022ad3974916200d-320wi.jpgLa séquence qui vient de se dérouler à Washington a donc abouti ce 6 octobre à la nomination cruciale d'un juge. Cet épisode fait basculer à droite, en principe pour longtemps, la Cour suprême des Etats-Unis. Or il s'agit probablement d'une des instances exerçant le plus d'influence dans le monde. Sa composition lui garantit, en principe et en pratique, une stabilité d'autant plus remarquable qu'un membre de cette institution ne démissionne jamais et meurt rarement.

    Appartenant au camp que l'on appelle, sans nuance, conservateur, catholique de surcroît, il menaçait de toute évidence la bien-pensance universelle.

    On ne s'étonnera donc pas qu'elle se soit mobilisée là-contre.

    On ne découvrira rien de neuf en observant la lourdeur de ses procédés accusatoires larmoyants et manifestement mensongers.

    On ne regrettera pas que tout cela ait échoué.

    On ne peut déplorer qu'une chose dans cette affaire : c'est la dissimulation vis-à-vis du public français de l'enjeu droite/gauche, dans un pays où, depuis Nixon, la majorité silencieuse assure la droitisation de plus en plus claire des républicains, cependant qu’une vraie gauche socialiste s'affirme au contraire au sein des démocrates : ainsi Bernie Sanders rival de Hillary Clinton aux primaires de 2016.

    Nous restons, en France, emmitouflés en ce début de XXIe siècle dans l'idée, déjà périmée pourtant à l'époque de Raymond Aron, de convergence des systèmes. Nous acceptons de pratiquer la négation de l'existence même de la droite. Celle-ci n'existerait qu'en tant qu'électorat. À celui-ci, il est interdit de proposer autre chose que ce que réalise la gauche, sinon en un peu plus lent, éventuellement un peu plus modéré[1].

    Cette glaciation intellectuelle doit beaucoup au quasi-monopole exercé pendant des années par les élucubrations d'un Maurice Duverger[2]. Ses tartines servies à l'heure du thé dans la dernière édition du Monde et son manuel[3] ont formaté pour longtemps la gauche la plus intelligente du monde.

    Les institutions des États-Unis, très mal connues en général, n'échappent certes pas à l'arrogant et méprisant commentaire, à Paris, des heureux administrés de Mme Hidalgo, dont le monde entier jalouse, la beauté, l'élégance, l'intelligence et l'efficacité. Des générations de futurs politologues, journalistes, mais aussi préfets, banquiers, diplomates, etc., nos élites pensons-nous, ont sucé la sève de l'enseignement de Maurice Duverger qui nous apprenait cette évidence, selon lui, que républicains et démocrates, aux États-Unis, au fond, c'était la même chose. De toute manière, il demeure sous-entendu qu'il s'agit de crétins.

    Comme disent nos amis suisses : les Français ne parlent pas, ils expliquent.

    Or, contrairement aux explications du pontife Duverger, non seulement la divergence entre démocrates et républicains a toujours existé, depuis l'apparition des démocrates en 1828 et leur défense du droit des États, au point de devenir la vraie question centrale de la guerre civile en 1861 quand le républicain Lincoln l'a brisé, etc. mais elle n'a cessé de s'amplifier d'une manière de plus en plus idéologique.

    À partir de la fondation de National Review en 1955, elle devient point de départ de ce qu'on appelle le conservatisme[4] : dès lors les républicains, dont le programme originel est plutôt isolationniste, commencent à s'identifier aux conservateurs, adversaires radicaux du communisme, Nixon, Reagan, etc. cependant qu'en face les démocrates éliminent petit à petit leurs "dixiecrats" du Sud et incorporent à leurs plateformes des formules socialisantes inconcevables dans le passé par exemple le Medicare de Johnson devient l'Obamacare, etc.

    En faveur de Mac Carthy autrefois certains démocrates, tel John Fitzgerald Kennedy votaient pour ce républicain : par horreur du stalinisme.

    Dans le vote du 6 octobre, parmi les 51 voix de sénateurs, les clivages apparaissent de façon nettement plus claire.

    Nos médias n'ont voulu voir dans cette confirmation du juge catholique et conservateur Kavanaugh, qui ne sera qu'un sur neuf de la Cour suprême, qu'une victoire politique du président américain que l'Europe bien pensante, les lecteurs du Monde et les élèves directs ou indirects de Duverger détestent le plus depuis Nixon. Erreur d'appréciation en dehors du fait que ce personnage fantasque est devenu, au moins jusqu'aux élections intermédiaires de novembre, le chef de file de son parti qui, jusqu'ici, ronchonnait.

    C'est une victoire de la droite sur les allégations mensongères de la gauche.

    Si Mme Schiappa déclare qu'il s'agit d'une mauvaise nouvelle, on peut être assuré d'avoir à s'en féliciter.

    On aurait raconté à un cheval de bois l'histoire qu'on a servie contre Kavanaugh, et qui est supposée remonter à 1982, il aurait flanqué une ruade à son faux témoin diffamateur.

    C'est un peu ce qu'a fait ce "bloody Irishman" appelé Kavanaugh.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] Mais parfois plus efficace. On se souviendra ainsi que le gouvernement Rocard crée la CSG, pour couvrir modestement des besoins de trésorerie, mais que c'est Juppé qui en fait l'instrument de redistribution qu'elle est devenue, etc.
    [2] Un des mes meilleurs souvenirs d'étudiant me rappelle que j'étais allé l'écouter séagement puis le questionner sur son classemnt de Balzac "à gauche". "Comment, lui avias-je demandé, pouvea-vous classer à gauche un homme qui disait lui-même écrire à la lumière de deux chandelles, la religion et la royauté ?". Répoonse : il est de gauche pace qu Karl Marx le lisait.
    [3] Institutions politiques et droit constitutionnel, publié dans la collection Thémis qu'il avait créée en 1954.
    [4] A ne pas confondre avec les "néo"-conservateurs. Ceux-ci commencent à apparaître un peu plus tard, lorsque Norman Podhoretz et d'anciens trotskistes prennent partie pour l'engagement américain au Vietnam.

    http://www.insolent.fr/

  • [Vidéo] Interdit d’interdire de Frédéric Taddeï: L’immigration nous apporte-t-elle enrichissement ou appauvrissement ?

    Frédéric Taddeï reçoit Pierre Jacquemain, rédacteur en chef de Regards, Djordje Kuzmanovic, orateur de la FI et analyste en géopolitique, Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction de Causeur et Laurent Pahpy, entrepreneur membre de l’IREF

    https://fr.novopress.info/212186/video-interdit-dinterdire-de-frederic-taddei-limmigration-nous-apporte-t-elle-enrichissement-ou-appauvrissement/

  • La droite s’est-elle soumise à la gauche ?

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    Par Jean Terroir ♦ C’est l’une des observations politiques les plus évidentes : il semble acquis que la droite française a peu à peu abandonné ses fondamentaux, notamment sous l’emprise du diktat idéologique de la gauche. Pour Jean Terroir, il est fondamental que la droite revienne à ce qui marque sa différence avec la gauche : privilégier le réel.
    Polémia.

    Le réel comme point de départ

    Quand j’étais plus jeune, on me disait que ce qui était un marqueur de la « droite nationale » comme on disait à l’époque ou du moins de la « droite », c’était de « partir du réel ». Certains s’appuyant sur la célèbre distinction de Charles Maurras entre pays légal et pays réel. C’était très attrayant pour un jeune homme comme moi désabusé par le bla bla des partis traditionnels car en face les « gauchistes » semblaient eux aussi se perdre dans leur bla bla, leurs utopies et leurs débats sans queue ni tête.

    Nous en face, on avait le « réel ». Et j’entendais tout le temps que ce « réel » nous donnait raison.

    Par exemple sur l’insécurité, la droite opposait le « réel » à la gauche qui parlait d’un « sentiment » et qui comme d’habitude nous sortait les violons de la subjectivité liée au ressenti de chacun voire accusait les médias ; qui comme on le sait tous sont tenus par une armée de crypto-lepenistes. On avait donc il y a plus d’une décennie Jean-Marie Le Pen en 2002 ou Nicolas Sarkozy en 2007 qui s’appuyèrent sur le « réel » pour conquérir les voix des Français. Ils disaient tout haut ce que d’autres pensaient tout bas selon l’expression consacrée, ils mettaient des mots sur ce que les « gens » voyaient. Dans la plus pure tradition de droite, ils ne parlaient pas utopie, post-révolution, Grand Soir, mais « réel », ordre, travail.

    On sait ce qu’il est advenu du FN lorsque Jean-Marie Le Pen a cherché à conquérir les voix des banlieues à Argenteuil et par la suite du mandat de Sarkozy pourtant élu sur le « kärcher » : ils ont oublié la réalité de leur électorat au profit de stratégies politiques menées par des conseillers mal avisés ou poursuivant des desseins idéologiques.

    Ainsi on a l’impression depuis une dizaine d’années que le « réel » a échappé même à la « droite » qui d’ailleurs ne s’appelle plus la droite mais cherche d’autres qualificatifs moins stigmatisant « républicains », « patriotes », « souverainistes », « populistes », « anti-mondialistes ». Mais pire encore, je constate une tendance massive dans les milieux militants à ne pas tenir compte du réel et les exemples sont nombreux.

    Récemment Eric Zemmour a créé malgré lui un nouveau buzz autour d’un débat sur les prénoms. Croyez-vous qu’il aurait reçu du soutien de la part de ceux qui sont censés s’opposer aux méfaits des globalistes ? Que nenni, nous avons au contraire lu des critiques sur le numéro d’Elements qui met Zemmour à l’honneur, alors que Zemmour est lu par des centaines de milliers de personnes et que cette Une peut permettre à cette revue de conquérir un nouveau lectorat au fond pas tellement éloigné.

    De la même façon, on ne cesse de lire des critiques sur les éditions Ring qui ne prétendent rien faire d’autre qu’un travail grand public en particulier sur les problèmes d’insécurité et d’islamisme. On en vient même à affubler de « droitard » ou de « bourgeois » pour tout et n’importe quoi et par exemple tous ceux qui ne font pas profession de foi d’anticapitalisme radical dans un pays pourtant gangrené par la fiscalité et le marxisme culturel venu des Etats-Unis.

    La France n’est un pays « ultra-libéral » que pour les étudiants de la Sorbonne ou de la rue d’Ulm, fussent-ils de droite… A l’international, la Russie est perçue comme le cœur névralgique de l’identitarisme européen malgré sa géographie très excentrée de la « Vieille Europe », la réhabilitation de l’histoire soviétique, l’influence de l’islam douteux de Kadyrov, les prières de rue ou le rapprochement avec la Turquie d’Erdogan avec qui Poutine a inauguré la plus grande mosquée du pays… que n’aurait-on pas lu à droite sur Macron si il avait inauguré une mosquée avec Erdogan…

    Très peu de « réel » et beaucoup trop d’idéologie

    On évoque constamment dans certains milieux intellectuels la nécessaire jonction entre les deux populismes pour combattre le système euro-mondialiste alors même que extrême-gauche et extrême-droite sont irréconciliables sur un grand nombre de sujets, et parmi eux le plus clivant : l’immigration. On continue de lire des logorrhées tiers-mondistes à l’heure de l’effondrement quasi total du nationalisme arabe, de la poussée islamiste, de la haine de l’occidental et ce plus de 25 ans après la fin de la Guerre froide comme si notre salut allait venir d’on ne sait quel chef d’état prétendument « non-aligné »…

    Bref je vois très peu de « réel » et beaucoup trop d’idéologie et d’enfermement doctrinal. Une impression de vivre encore dans les années 70’/80′. Les nouvelles réalités géopolitiques (comme l’importance de la Chine, la disparition du nationalisme arabe, la tendance forte aux regroupements continentaux, la puissance des GAFAM), technologique (intelligences artificielles, robotique), scientifiques (progrès de la génétique, découvertes sur le QI), environnementales (pollution des mers, des océans, des terres agricoles, des cours d’eau, des sols, de l’air, enlaidissement des paysages, …), sont peu prises en compte.

    Très peu de pragmatisme et de stratégie de conquête et beaucoup d’entêtement dans des impasses politique. Cette tendance idéologisante, ce « doctrinisme » qui s’impose et résume tout aux idées pures et nous éloigne du « réel », de sa complexité et donc de ce qui fait l’ADN politique de la droite, n’est pas sans rappeler les tendances qui ont court à l’extrême-gauche avec des divisions de sous-division pour des points de doctrine. Ce sont beaucoup de méthodes et de positionnement issus de l’ultra-gauche qui ont progressivement contaminés la droite et quant on parle de « victoire des idées » et de « gramcisme » on se demande bien quelles idées classées à droite ont vraiment progressé à gauche.

    La gauche a-t-elle par exemple abandonnée sa tendance égalitariste qui fait partie de son histoire ? Non. Par contre le discours égalitariste s’impose de plus en plus à droite, avec son corollaire, le discours victimaire.

    La gauche a-t-elle abandonnée le « constructivisme  social » au profit d’un certain déterminisme ? Non. Par contre à droite le « constructivisme social » a progressé. A cela il faut ajouter qu’une ambiance délétère règne de plus en plus et une mentalité de commissaire politique s’impose peu à peu. Il faut alors boycotter des essayistes ou des universitaires qui sont suspects d’être trop « systémo-compatibles ».

    Apporter des réponses concrètes aux enjeux du XXIème siècle

    Au point que des gens à droite pensent sérieusement et de plus en plus que la lutte contre l’islam radical ou les préoccupations écologiques font finalement le « jeu du système » des « mondialistes ». On parle de l’absence de débat à gauche, mais je n’en vois pas plus à « droite » et les réseaux sociaux ne font qu’accentuer la tendance à la confrontation, à l’impératif de « choisir son camp » et à publier quotidiennement des commentaires ironiques et sarcastiques en lieu et place des échanges fermes mais courtois que devraient conserver des hommes de droite. Plutôt que de débattre sur les faits, donc sur le « réel » en avançant des chiffres ou des études récentes on est dans la posture du « plus révolutionnaire que toi », « plus anti-système que toi » comme ces souverainistes qui passent leur temps à clamer qu’ils sont « plus pour le Frexit que le FN » comme si ce sujet avait par ailleurs une quelconque importance.

    Au final, la droite ne devient qu’une « autre gauche ». Mais le temps file et je pense qu’il serait temps que les gens se concentrent sur le réel en privilégiant les faits, la sociologie réelle et l’action locale plutôt que de perdre leur temps à contrecarrer les initiatives qui leurs semblent trop « systèmo-compatibles », car entre les nouveaux enjeux liés par exemple à la démographie, à la génétique, aux IA, à la Chine ou aux GAFAM (le réel) et le Grand Soir s’appuyant sur l’exégèse d’auteurs du XIXeme siècle (les idées), j’ai quelques certitudes sur ce qui est en train de faire l’histoire.

    Attention je ne dis pas qu’il ne faut pas lire les auteurs du XIXeme siècle et en retirer des analyses, je dis qu’il faut apporter des réponses concrètes, ici et maintenant, aux enjeux du XXIeme siècle.

    Jean Terroir 05/10/2019

    Source : Breizh-Info

    Crédit photo : Montage réalisé à part d’images libres de droit

    https://www.polemia.com/droite-soumise-gauche-jean-terroir/