Comprendre l'univers est une tâche que Dieu n'a pas explicitement assignée à l'homme mais qui l'occupe depuis un certain temps (d'après les meilleures sources). Cet effort incessant pour illuminer la nuit est une aventure formidable, d'autant que chaque avancée épistémologique, depuis les constructions mythiques jusqu'à l'astrophysique contemporaine, se double systématiquement d'une face sombre, l'histoire curieuse et navrante des aberrations scientifiques, des fausses voies, des physiciens désespérés et des mathématiciens fous.
La quête d'un sens purement rationnel aboutit forcément à l'irrationnel, depuis Platon exigeant que tout soit construit sur la forme du cercle (déclenchant des siècles de délires astronomiques) jusqu'à Russell croyant pouvoir asseoir la vérité mathématique sur un fondement absolu - avant que Gôdel et son théorème d'incomplétude ne prouve la radicale inanité de l'entreprise. Koestler retraçant l'histoire de l'astronomie des Grecs à Newton dans Les Somnambules et Logicomix, bande dessinée exposant l'histoire de la logique contemporaine (du XIXe au XXe siècle, en tout cas), nous proposent à chaque fois un voyage fascinant (les deux livres se lisent "comme un roman") dans l'histoire des sciences mais surtout dans l'imaginaire des scientifiques, aussi fous en fait que les poètes ou les tyrans. Résumer l'un ou l'autre ouvrage n'aurait pas de sens mais on est frappé (et les auteurs le soulignent avec force) par le côté proprement délirant de la recherche, par l'inévitable folie monomane qui double chaque entreprise scientifique, depuis la franche démence de ceux qui ont essayé de penser l'infini (comme le mathématicien Cantor), les divers stades de paranoïa et de dépression des grands mathématiciens (y compris Russell et Gôdel). Cette quête si nécessaire, échouant toujours à élucider simplement* son objet, a la grandeur tragique d'une épopée, surtout quand on confronte la vie parfois misérable des grands éclaireurs avec la hauteur, la profondeur et la largeur de leurs vues. On reste confondu par l'ingéniosité de l'esprit humain comme par les péripéties admirables ou grotesques des vies des chercheurs : Russell vivant avec les amants de sa femme au nom d'on ne sait quelle avant-garde ou Kepler rédigeant l'Harmonie des mondes pendant que sa mère est accusée de sorcellerie (en Allemagne protestante), c'est presque aussi surprenant que le Tractatus de Wittgenstein ou la mécanique newtonienne.
Les auteurs de Logicomix, bande dessinée inclassable redoutablement bien construite, comme Koestler, dans son essai magistral, concluent de la même façon : « ce mélange d'inspiration et d'illusion, de prophétique clairvoyance et d'aveuglement dogmatique, d'obsessions millénaires et de dédoublement de la pensée, dont j'ai essayé de retracer l'histoire, nous préviendra peut-être contre l'hybris de la Science, ou plutôt de la conception philosophique que l'on fonde sur elle. »
HC le Choc du Mois
*Car c'est cette simplicité élégante qui est le Graal de la recherche : inventer une théorie qui paraisse aussi évidente que le monde.
» Arthur Koestler, Les Somnambules - Essai sur l'histoire des conceptions de l'Univers, Les Belles lettres, 2010.
» A. Doxiadis et C. Papadimitriou (scén.), A. Papadafos (dessin), Logicomix, 352 p., Vuibert.
Science et techniques - Page 44
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Délire logique
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Face au gender
L'heure est grave, c'est le moment de redoubler de courage et de force :
"La diffusion de la théorie du genre par les responsables de l'État français doit nous appeler à la gravité, à la lucidité et à l'espérance.
La situation est grave.
L'atteinte du Gender est portée aux fondements mêmes de la cité. Elle est tout sauf anodine. Elle touche à ce qui est premier, fondateur, au coeur de l'homme, au plus intime, à ce qui le relie aux autres, à ceux qu'il côtoie, à ceux qui l'ont précédé et à ceux qui vont le suivre.
Cette théorie remet en cause le premier verset de la Bible.
Nous sommes au cœur de la civilisation. Il est vrai que le pouvoir politique actuel, qui aime souffler le chaud et froid, lui qui déniait le droit de parler de civilisation comme étant une résurgence d'une époque de barbarie, prétend aujourd'hui nous faire changer de civilisation…
Le ministre de l'éducation nationale veut arracher nos enfants à tous les déterminismes, pour les rendre libre pour « produire des individus libres ». La déconstruction des stéréotypes du genre est présentée comme un moyen d'émancipation. En synthèse voici le discours qui pourrait être tenu à nos enfants :
« Tu es né avec la morphologie d'un garçon ou d'une fille mais je vais te donner les moyens de t'affranchir de cette réalité qui te frustre pour que tu choisisses ton sexe social ! »
Ulysse, Antigone, Jeanne d’Arc et bien d’autres se sont-ils interrogés sur leur sexe social ?
Voilà « tout simplement » (…) ce dont il est question. Cette prétention est celle d'un totalitarisme déguisé, à visage humain, européen, transnational comme Gregor Puppinck le démontre avec beaucoup de clairvoyance. Il faut le combattre tel qu'il est, en fonction de sa nature.
L'objectif est de dessiner le nouveau visage de l'humanité. Il s'agit donc d'un projet TOTALITAIRE.
Or, nous avons trop tendance à relativiser les choses, à les dédramatiser. Ce n'est pas si grave que cela finalement… Tout cela ne concerne qu'une petite minorité.… Non, on va maintenant toucher à nos enfants !!!
Ce pouvoir a l'ambition et la prétention de les structurer autrement, violant ainsi les prérogatives de leurs parents qui sont considérés comme faisant partie des déterminismes dont il faut les affranchir.
D'où l'exigence de lucidité.
Ce totalitarisme procède d'une triple erreur anthropologique, philosophique et spirituelle.
Une erreur anthropologique tout d'abord.
Erreur fondamentale ; il s'agit d'une fiction qui veut nier la réalité et essaie de faire croire, de faire admettre que cette réalité serait le fruit de déterminismes divers et variés.
Il faut en revenir à des notions de base, simples, élémentaires. Ce qui est blanc est blanc. Ce qui est noir et noir. Ce qui est masculin est masculin. Ce qui est féminin est féminin. Un point c'est tout !
Sylviane Agacinsky a parfaitement expliqué que l'on a créé le concept hétérosexuel de toutes pièces. On a donc provoqué l'opposition dialectique entre hétéro et homo de manière purement artificielle. La sexualité n'est pas l'un ou l'autre. Elle n'est ni l'un ni l'autre : Elle est une et indivisible. Cette théorie procède d'une erreur sur la nature humaine. Et c'est un comble qu'elle soit enseignée dans le cadre des cours sur les sciences et vies de la terre !
Une erreur philosophique ensuite.
Les choix philosophiques ne sont pas des options personnelles anodines et sans conséquence ! Ils sont déterminants par rapport au choix de société et aux options politiques. Et nous devons faire très attention car cette erreur est communément partagée par la plus grande majorité d'entre nous.
C’est la philosophie des modernes qui est en cause à commencer par Descartes ! Le « cogito ergo sum… »…L'erreur de la théorie du genre est à la fois nominaliste et idéaliste, ces courants philosophiques qui ont méprisé la réalité afin de la dominer et de la transformer.
Pour bien comprendre le contre-sens du genre, je vous propose d'utiliser un vieux concept imaginé par saint Thomas d'Aquin : la distinction entre l'essence première (la naissance) et l'essence seconde (éducation). Nous n'avons pas attendu les théoriciens du Gender pour distinguer ce qui est inhérent à la nature et ce qui résulte de l'éducation ! La seconde transforme, améliore, pervertit, bonifie, dénature la première. Cela est vieux comme le monde. Mais comment nier l'une au préjudice de l'autre ?" (suite).
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Tragique destin du premier cobaye de la théorie du genre
« 1966. Suite à une opération chirurgicale ratée, le petit Bruce Reimer, âgé de neuf mois, a le pénis irrémédiablement endommagé.
Ses parents, ne sachant que faire, finissent par se tourner vers le Pr. John Money qui avait acquis une certaine notoriété grâce à son travail sur les enfants « intersexes » au sein du centre universitaire John Hopkins de Baltimore.
Le Pr. Money pensait que l’identité sexuelle des enfants, garçon ou fille, était suffisamment plastique, durant les premières années de la vie, pour permettre de réassigner un nouveau genre à un enfant grâce à un suivi médical (pris d’hormone), psychologique (une thérapie) et culturel (rôle de l’environnement et des parents).
Il finit donc par convaincre les parents du petit Bruce qu’il était tout à fait possible de changer le sexe/genre de leur enfant et que celui-ci serait plus heureux, du fait de son infirmité au pénis, en petite fille.
C’est ainsi qu’il entreprit de transformer le petit Bruce, âgé alors de 22 mois, en « Brenda ».
Après opération, il suivit en thérapie la « nouvelle » petite fille durant plusieurs années pour la convaincre de sa nouvelle identité, mais aussi pour l’étudier.
Le Pr. Money souhaitait, grâce à cette expérience, apporter la preuve de la validité de ses thèses sur la « flexibilité de la division sexe/genre ». Il publia dès 1972 un livre pour vanter les résultats de son expérience.
Une expérience qui sert de caution à la « théorie du genre »
C’est à partir de ce simple cas que la « théorie du genre » s’est développée en prétendant que
« ce que nous appelons communément le « sexe biologique » renvoie bien davantage aux rôles et comportements sexuels qu’à un processus biologique de sexuation. Les motivations de Money montrent que ce que nous appelons le « sexe », biologique, stable, évident, comporte toujours un surplus par rapport à la sexuation des corps.
Ce que nous appelons alors le « sexe des individus », c’est-à-dire la bicatégorisation sexuelle des individus en « mâles » et « femelles » serait davantage le fait de facteur exogène que d’une détermination endogène.
Cela ne remet pas seulement en question la causalité « naturelle » du sexe (mâle et femelle) sur le genre (homme et femme) et la sexualité (hétérosexualité), prônée par la majorité des écrits médicaux du XIXème siècle, mais bien notre définition même du sexe biologique » [1]
Dès 1972, Ann Oakley, une sociologue britannique, s’est appuyée sur les travaux de Money pour imposer la distinction entre sexe et genre et la populariser au sein des milieux féministes grâce à son livre « Sex, gender et Society ».
« Les recherches sur les individus « intersexes » ainsi que sur les phénomènes de transsexualité, démontrent que ni le désir sexuel, ni le comportement sexuel, ni l’identité de genre ne sont dépendants des structures anatomiques, des chromosomes ou des hormones. D’où l’arbitraire des rôles sexuels. » affirme, de façon péremptoire, Ilana Lôwy, dans les Cahiers du genre. [2]
Quant à Elsa Dorlin, professeur de philosophie à l’Université Paris 8, elle poursuit :
« A partir de cette première élaboration, le concept de genre a été utilisé en sciences sociales pour définir les identités, les rôles (tâches et fonctions), les valeurs, les représentations ou les attributs symboliques, féminins ou masculins, comme les produits d’une sociabilisation des individus et non comme les effets d’une « nature ». » [3]
Une expérience qui finit comme un drame
Les avocats de la théorie de genre, qui aujourd’hui encore s’appuient sur l’expérience de Money pour légitimer leurs thèses, oublient toujours de préciser ce qui est arrivé à la petite Brenda. La transformation a-t-elle été aussi réussie qu’ils le prétendent ?
La réalité est malheureusement beaucoup plus tragique.
Malgré les traitements hormonaux et la thérapie, Bruce devenue Brenda n’a jamais réussi à se sentir bien dans sa peau. À 13 ans, il ou elle manifesta des tendances suicidaires et refusa de continuer à voir le Pr. Money.
Face à la détresse de leur enfant, les parents de « Brenda » furent amenés à lui révéler la vérité sur sa réassignation de genre et « Brenda » entrepris une nouvelle transformation pour redevenir un garçon et demanda à ce que désormais on l’appelle « David ».
En 1997, David se soumit à un traitement pour inverser la réassignation, avec injections de testostérone, une double mastectomie et deux opérations de phalloplastie.
Cette malheureuse expérience marqua profondément David Reimer qui décida de rendre public son histoire.
Il publia, en 1997, un livre dans lequel il témoigna des conséquences néfastes de ces thérapies afin d’éviter que d’autres enfants subissent les mêmes traitements.
En 2004, David Reimer, toujours fragile, finit par se suicider.
Voilà comment finit la vie tragique de Bruce/Brenda/David Reimer.
Malheureusement, ce drame n’a pas empêché ceux qui voyaient en lui un simple cobaye au service de leur « théorie » de continuer à se référer à cette expérience comme si elle avait été une réussite.
La mort tragique de David Reimer aurait du servir de leçon aux apprentis sorciers de la théorie du genre. Malheureusement, ils ont préféré oublier ce triste épilogue et continuent, aujourd’hui encore, à le cacher pour ne pas discréditer leur théorie. »
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La bataille de l’embryon reprend.
La séquence "Mariage pour tous" est à peine terminée pour le gouvernement que déjà il cible de nouveaux enjeux de société. En première ligne, l’embryon !
Dans ce numéro : focus sur la mobilisation européenne Un de nous pour protéger l’embryon sur la menace parlementaire en France pour autoriser la recherche sur l’embryon humain.
EUROPE : mobilisation urgente pour protéger l’embryon humain
Nous lancions, dans le journal du 8 avril, un premier appel à signer l’initiative citoyenne européenne Un de nous. Aujourd’hui en plein déploiement en France grâce à la Fondation Jérôme Lejeune, Alliance VITA, les Associations Familiales Catholiques et le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine, la moitié du contrat est rempli : nous passons la barre des 30 000 signatures !
Objectif : 60 000 d’ici l’été.
L’enjeu est majeur : contraindre la Commission européenne à étudier cette initiative qui entend protéger l‘embryon humain en stoppant les financements d’activités qui portent atteinte à sa vie.
Pour protéger l’embryon humain au plan européen : JE SIGNE !
Ayez une pièce d’identité à proximité de votre souris, ca ira plus vite !
Le gouvernement fait de la recherche sur l’embryon une priorité !
La mise en échec à l’Assemblée nationale, en mars, de la proposition de loi visant la levée de l’interdiction sur la recherche sur l’embryon n’est visiblement pas venue à bout de l’obstination délètère du gouvernement. Au début du mois, le conseil des ministres a marqué sa volonté de reprendre le texte des radicaux de gauche à son compte pour le faire passer dans l’hémicycle avant l’été.
« Après deux semaines d’interruption, le Parlement reprendra ses travaux à compter du 13 mai avec un programme chargé jusqu’à la suspension estivale. Il devra d’abord achever l’examen des projets de loi entamés, afin de permettre leur mise en application dès la rentrée de septembre, ainsi que l’examen de la proposition de loi autorisant sous certaines conditions la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires . » Extrait du compte-rendu du conseil des ministres du 7 mai 2013. Cliquez ici pour lire l’intégralité compte-rendu.
Pour mémo, lire le journal de campagne du 29 mars, lendemain de victoire, et celui du 8 avril qui annonçait notamment un retour possible du texte avant l’été.
Les partisans de la recherche sur l’embryon s’organisent…
Pendant ce temps, certaines prises de position de partisans de ces recherches sont également de bons indicateurs de la menace. On pouvait ainsi lire dans Le Monde daté du 19 mai, l’avis de Philippe Brunet, Maître de conférences en sociologie à l’université d’Evry, chercheur au Centre Pierre-Naville, qui titrait « l’Embryon, querelle de valeurs ». Le chercheur regrette que la PPL ne soit « bloquée, victime de l’obstruction de l’UMP » et explique cette situation par ce qu’il perçoit comme un combat de la « science contre [l’]obscurantisme ».
Ainsi, l’auteur déplore l’insécurité juridique à laquelle les chercheurs seraient contraints, entretenue par les actions en justice de la Fondation Jérôme Lejeune : « l’argument de la fondation s’appuie sur l’une des quatre conditions qui permet de déroger au principe d’interdiction, et d’autoriser une recherche. Cette condition affirme qu’"il est expressément établi qu’il est impossible de parvenir au résultat escompté par le biais d’une recherche ne recourant pas à des embryons humains, des cellules souches embryonnaires ou des lignées de cellules souches". La preuve doit donc être apportée, de manière irréfutable, qu’il n’existe pas d’autres existences biologiques qui pourraient être substituées aux CSEh [ndlr : cellules souches embryonnaires humaines] contre des programmes de recherche sur l’embryon qui ne respectent pas les conditions de dérogations ».
Or, rappelons que si la Fondation Jérôme Lejeune a gagné un recours en Cour d’Appel, les autres étant en attente de jugement, c’est précisement parce que le recours à une alternative telle que les cellules iPS était possible.
On comprend dès lors mieux, dans ce contexte, pourquoi Philippe Brunet s’emploie dans la foulée à minimiser l’importance des cellules iPS…
Lire ici la version « web » de l’article publié dans Le Monde.
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La théorie du Big bang
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Les mystères du Soleil
Ce documentaire propose de découvrir le fonctionnement du soleil et l’origine de l’énergie solaire. Aujourd’hui, les technologies de pointe et les images en haute définition permettent aux scientifiques d’observer minutieusement le soleil. Dans un centre d’observation de la NASA, des spécialistes tentent de comprendre comment apparaissent les tempêtes solaires.
Ce phénomène assez fréquent inquiète les scientifiques. En effet, les tempêtes solaires peuvent perturber les réseaux électriques et les transmissions.
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Découverte d’un nouveau talent grâce à… Twitter
WASHINGTON (NOVOpress) - … et aux séries télévisées ! Comme quoi, tout est possible : l’amour des séries télé et des réseaux sociaux peut aussi susciter des génies. De quoi faire taire les grincheux qui vivent dans la nostalgie d’une époque ancienne où les jeunes ne perdaient par leur temps à ne rien faire sur l’ordi, mais qu’ils étaient bien éduqués et sérieux. D’ailleurs pour information, Socrate se plaignait déjà des jeunes gens de son siècle…
Toujours est-il qu’aux Etats-Unis, une jeune lycéenne de 17 ans, Jennie Lamere, utilisatrice de Twitter et passionnée de séries, en avait assez d’apprendre la fin de ses séries préférées par des messages sur le réseau social, qui lui enlevaient alors tout le plaisir de la surprise. Elle a donc mis au point un module complémentaire, qui grâce à un système de mots-clés définis par l’utilisateur, intercepte les tweets contenant ces mots-clés, et permet à l’utilisateur d’éviter les messages indésirables. Jennie a appelé son invention Twivo, et c’est grâce à une compétition informatique à Boston, le “TVnext Hackathon”, que sa découverte a été connue et récompensée. Elle était de plus la seule compétitrice féminine du concours !
La jeune fille ne s’arrête pas là dans ses recherches : elle est actuellement en train de peaufiner son application pour proposer des versions pour Google Chrome et Mozilla Firefox, et elle espère un jour entrer à Google. Pas de problème d’orientation chez les petits génies de l’informatique !
Marie Vermande http://fr.novopress.info/
Crédit photo : DR
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Le Chaos
Le mot est grec à l'origine. Il signifie faille, béance. Le chaos précède l'origine du monde.
« Au commencement fut le chaos... ». Il était une matière sans forme avant la création de la Terre.
En politique, on l'associe au désordre. En mai 68, le général de Gaulle utilisait pour le mot chaos le terme chienlit. Kant dans sa vision de la morale définit le mal de façon universelle ainsi : « est mal ce qui crée le chaos si chacun agit de la même façon ».
De nos jours, on ne peut plus utiliser ce terme sans faire référence à la théorie du chaos.
• La théorie du chaos
Née dans les années 70, elle a été une nouvelle composante de la physique après la relativité et la mécanique quantique.
À la fin du XIXème siècle, Poincaré avait déjà étudié ou plutôt abordé la question de la sensibilité aux conditions initiales avec son étude sur le problème à N corps (N> 3). Le problème à 3 corps consiste à l'étude du mouvement gravitationnel avec par exemple le système Soleil-Terre-Lune. Se pose alors la question de la stabilité. Un corps peut en percuter un autre ou une planète pourrait sortir du système solaire. On n'est plus dans la prévisibilité déterministe de Laplace. Le mouvement des planètes n'est plus réglé comme une horloge comme le laissait supposer la mécanique classique. On appelait Dieu le grand Horloger. Il fallait accepter l'idée d'indétermination. Trouver des lois de probabilités, c'est déjà mettre de l'ordre dans le désordre. Le chaos est sans lois de probabilités.
On introduit dans cette théorie du chaos le temps caractéristique : temps au bout duquel les écarts sont multipliés par dix dus à des modifications initiales.
Le mouvement des planètes de notre système suivant les calculs de Jacques Laskar est chaotique. La théorie du chaos enseigne aussi que la Terre sans la Lune pourrait même se trouver couchée sur sa trajectoire. Notre système est complet. Une autre planète le déstabiliserait.
• La météorologie
La théorie du chaos avec comme application la météorologie a gagné en notoriété. Le nombre de facteurs intervenant est très grand. On relie toutes les variables par des équations connues et classiques comme les lois des gaz parfaits et les équations de Navier-Stokes (lois d'écoulement pour la mécanique des fluides). Edouard Lorenz a construit un modèle à douze variables. Il s'aperçut que les évolutions diffèrent avec des conditions initiales très proches. La météorologie est donc un système chaotique. Les conditions initiales variant parfois de façon infime donnent des évolutions très divergentes au bout d'un certain temps, ce qu'on a appelé plus communément l'effet papillon.
• L'attracteur de Lorenz
C'est un système de trois variables soumises à trois équations différentielles. Le système est représenté par un point dans l'espace à trois dimensions. L'évolution du système en fonction des données initiales est déterminée par les équations de Lorenz.
La trajectoire s'enroule autour de deux anses, l'une puis l'autre de façon aléatoire sans que l'on puisse prévoir laquelle des deux anses.
Les trajectoires, quelles que soient les conditions initiales, vont vers une région limitée de l'espace.
Il y a donc à la fois hasard et nécessité.
• Application de la théorie du chaos à un modèle de population
On utilise la notion de suite pour ceux qui connaissent un peu les mathématiques.
La population est donnée à un instant n en fonction de la population à l'instant n-1.
Un = 4a Un-1 (1- Un-1)
Pour des situations initiales très peu différentes, les évolutions divergent fortement. On a donc affaire à un système chaotique.
Pour des valeurs de a différentes, les courbes sont aussi très différentes.
La théorie du chaos, comme tout domaine de la physique, fait appel aux mathématiques. Elle s'est considérablement développée avec l'apparition des ordinateurs qui ont permis des simulations.
Elle rassemble une somme de résultats mathématiques.
En reprenant les modèles mathématiques de la physique établie, la théorie du chaos constate l'instabilité par rapport aux conditions initiales et l'existence d'attracteurs. On sort du pur déterminisme laplacien. Il y a de l'imprévisibilité. Ce déterminisme avait été appuyé par le théorème de Cauchy-Lipchitz qui énonçait une trajectoire bien établie une fois les conditions initiales données. Il existe de plus un temps T aux bornes de prévision. Au-delà de ce temps, on ne peut plus rien prévoir. Ce temps s'appelle temps caractéristique ou horizon de Lyapaunov. Cette théorie s'est développée grâce bien sûr à des modèles qu'on a pu faire tourner sur des ordinateurs de plus en plus puissants.
Le Chaos en dehors de la théorie du chaos
La théorie du chaos a imposé sa conception du chaos, mais nous allons voir chez Nietzsche une version du chaos hors de la physique.
« Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse » (FN).
Le chaos est propice à la création artistique. Le bouillonnement intérieur est la condition d'une gestation. C'est la genèse d'une œuvre. Le petit employé de bureau « bien ordonné » ne produira jamais rien.
« Le préjugé foncier est de croire que l'ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à l'être vrai des choses, alors qu'au contraire, le désordre, le chaos, l'imprévu n'apparaissent que dans un monde faux ou insuffisamment connu, bref, sont une erreur ; c'est là un préjugé moral, qui vient de ce que l'homme sincère, digne de confiance, est un homme d'ordre, de principes et a coutume d'être somme toute, un être prévisible et pédantesque. Mais il est tout à fait impossible de démonter que « l'en soi » des choses se comporte selon cette définition du fonctionnaire modèle ».
Il est certain que parfois l'éducation des enfants est un étouffoir de l'imagination et de la créativité. Une réflexion souvent entendue de la part des parents et professeurs : « Il faut les cadrer ».
Ce n'est que la mise en place de l'ordre qui stérilise. Trop d'interdits non seulement créent des névroses, mais empêchent toute création.
Patrice GROS-SUAUDEAU -
Vers l'homme virtuel
L'homme contemporain va davantage se transformer dans les trente prochaines années que durant les deux millénaires nous précédant. Les choses évoluent bien plus vite que l'on ne l'imagine. Tout l'avenir se dirige vers une sorte d'humanité normalisée faite de robots androïdes. Plusieurs axes se développent. Et la prospective n'est nullement difficile à faire même si le citoyen moyen n'a pas envie d'y penser et l'assimile à de la science-fiction.
De l'homme formaté à l'homme « biologique »
Le premier d'entre eux est l'homme sociétal, c'est-à-dire normalisé par la société. C'est le politiquement correct, la pensée unique et clonée. Le citoyen moyen ne s'intéresse plus qu'à ses besoins élémentaires et à ses loisirs. Métro, boulot, dodo, repos. Un abrutissement par le sport et les médias.
C'est le conditionnement pavlovien, les réflexes conditionnés : à chaque fois que je passe devant mon bocal de poissons rouges, ils se précipitent vers moi, même si je ne leur donne rien à manger. Les lecteurs de Présent reçoivent jour après jour le vaccin et l'antidote de cette mise en condition ; ceci afin d'échapper au nivellement des intelligences, des mœurs et des coeurs voulu par Big Brother.
Puis vient l'homme biologique créé artificiellement par la fécondation in vitro et élevé en couveuses. La procréation naturelle doit être ainsi remplacée par les éprouvettes et ; séparée complètement de la sexualité. Développer la FIV fait partie du programme proposé par le parti socialiste : la maternité est aliénante, place à la machinerie biologique. Il y a aussi le clonage. Nous avons très largement dessiné les contours de cet « homme nouveau » dans nos articles précédents.
L'homme génétique
Il en est de même de l'homme génétique. Notre organisme est formé de cellules qui contiennent un noyau. Celui-ci renferme les chromosomes. Modifier les chromosomes est létal, c'est-à-dire entraîne la mort cellulaire. Le professeur Lejeune en son temps avait fente de supprimer le fameux chromosome 21 responsable de la trisomie. Les divisions cellulaires ont cessé de se faire. Il en sera de même avec les cellules reproductrices. Le sexe de l'homme est lié au chromosome XY ; XX chez la femme. Vouloir faire un garçon d'une fille et inversement est une véritable folie contraire à la nature.
L'homme génétique se profile aussi. Dans les chromosomes se trouvent les gènes. L'ensemble de ceux-ci se nomme le génome. Quand ils sont porteurs de maladies, l'idée est de les remplacer par des gènes sains. C'est à ce jour l'échec quasi total : l'Association de lutte contre la Myopathie s'est positionnée sur ce créneau depuis 30 ans sans obtenir le moindre succès. Les gènes, sans entrer dans les détails, sont formés de chaînes d'acides désoxyribonucléiques ou ADN. Ce sont des longs filaments de quatre acides aminés mélangés entre eux : Adénite, Thymine, Cytosine, Cuanidine. Il est possible d'agir à ce niveau par le séquençage de l'ADN sur une zone donnée, et de pronostiquer de nombreuses maladies mais surtout leurs potentialités d'apparition. La possibilité de changer des séquences malades est possible : c'est la fameuse « chirurgie du gène ». L'ADN induit la formation des protéines de l'organisme dites de transcription. Celles-ci permettent la synthèse des tissus. Il est possible de modifier le message donné. Un changement minime de ces protéines peut aboutir à des cellules intestinales ou des neurones. En pratique il sera possible de développer à la demande le volume cérébral ou musculaire. En clair : développer des surdoués ou des Monsieur Muscles. Ceci conjointement aux fécondations in vitro usant de gamètes sélectionnés.
Parallèlement, il est possible d'acheter sur internet des spermatozoïdes, de Schwarzenegger par exemple - ce qui donnera après le croisement de beaux bébés probablement musclés mais sans plus d'intelligence. De même il est possible d'acheter des embryons « à la carte ». Voici donc un pas important vers l'homme parfait appelé de leurs vœux par certains et progressivement obtenu par manipulations biologiques très simples.
Mieux encore, Venter a réussi à transposer des génomes entiers de cellules d'organismes - en pratique des bactéries ou des vers - pour les insérer dans d'autres organismes. Plus encore, il a réussi à séparer l'un de l'autre chacun des acides aminés ATGC comme s'il avait enlevé des milliards de perles d'un collier de 3 mètres de long. Puis il les a réenfilées, si on peut dire, pour faire un autre collier tout aussi long mais différent. Il a ainsi réalisé un nouveau génome inconnu à ce jour créant par là un organisme nouveau, une nouvelle bactérie, un nouvel être vivant surnommé Synthia. Il se fait fort de remonter dans l'échelle des êtres vivants pour aboutir à l'homme lui-même soit en créant des gamètes (ovules et spermatozoïdes), soit des embryons.
Le cerveau, un organe qui évolue
Il est possible désormais de supprimer la mémoire des souris puis de la leur faire revenir. Il en est de même des souvenirs agréables et désagréables que ce rongeur peut avoir et a pu avoir par le passé, en pratique des automatismes. Apparemment dans cette affaire, il y a un effet seuil. Autrement dit, ces petits rongeurs n'auront jamais une mémoire d'éléphant. Tout ceci repose sur la plasticité du cerveau. C'est d'ailleurs à ce niveau que se situe la justification scientifique de l'idéologie du gender. Toute idéologie se doit d'inventer son Lyssenko. L'idée est simple. Élevez une fille comme un garçon, son cerveau se transformera et il deviendra un garçon. Les encéphales de deux nouveau-nés de sexes différents à la naissance seraient très proches et peu sensibles aux modifications hormonales (ce qui reste à prouver et va à l'encontre du message génétique).
Le cerveau de l'homme pèse 1,4 kg environ. Nous n'en exploiterions qu'un dixième. Ce qui explique que par l'IRM (imagerie par résonance magnétique) des personnes alcooliques chroniques ayant un comportement normal peuvent avoir le cerveau littéralement atrophié. Mais il existe aussi des appareillages qui descendent au niveau des neurones constituant le cerveau ; ce qui peut être utile par exemple pour limiter les dégâts de l'ablation d'une tumeur cérébrale. Chaque neurone a un long prolongement appelé axone, sorte de câblage qui va jusqu'à l'extrémité du corps. Il se termine par des zones de jonction appelées synapses. Une seule cellule neuronale peut comporter jusqu'à 20 000 synapses entrant en contact avec les synapses d'autres cellules. Leur nombre total est estimé entre dix et cent milliards. Et chaque synapse peut envoyer jusqu'à 40 000 informations par secondes. Or le nombre de synapses diminuerait de 30 millions chaque seconde, bien plus qu'il ne s'en crée. Ce qui tend à prouver qu'à chaque seconde le cerveau a tendance, globalement, à involuer. Il se détruit très régulièrement y compris au niveau de l'espèce. C'est l'avis du Pr Marc Jeannerod, neurophysiologiste, membre de l'Académie des Sciences, fondateur de l'Institut des Sciences cognitives. « Il n'y a pas de néo-neurogénèse », écrit-il (in Sciences et Avenir, sept. 2007). Quoi qu'il en soit, la complexité du cerveau laisse à penser qu'il est impossible de réaliser un tel ensemble par la simple biologie. C'est alors qu'intervient l'informatique.
Nous avons tous constaté que le moindre ordinateur bon marché a une puissance bien supérieure à celle de l'homme ; il intègre des milliards d'informations, des dizaines de dictionnaires de traduction par exemple. Disons que pour le moins, il est capable de mémoriser, de dialoguer, de stocker, d'analyser en quelques secondes plus d'éléments que l'homme ne le fera dans toute une vie.
Le projet SyNapse
IBM entend prouver que les PC de demain pourront réfléchir et réagir de manière plus humaine que l'homme lui-même et veut réaliser un ordinateur capable de faire un tel exploit. Les ingénieurs du géant américain de l'informatique basé à New York ont annoncé avoir réussi à mettre au point le prototype d'une nouvelle génération de puces informatiques « cognitives ». Particularité de celles-ci : elles fonctionnent comme un cerveau. Une perspective qui rendrait possible une multitude de nouvelles applications pour ces machines faites de circuits et transistors. Par exemple, nous savons déjà que les banques font appel à des ordinateurs hautement programmés qui décident de vendre ou d'acheter des actions en bourse. Certes, souvent ils se trompent. Mais l'homme encore plus. IBM a appelé du nom SyNapse (1) le projet visant à réaliser ce que les synapses font chez les humains. Il s'agit ni plus ni moins que de fabriquer un cerveau artificiel capable de raisonner comme un humain. Par comparaison, les simples jeux d'échecs informatisés achetés 30 euros fonctionnent selon le même principe : il est impossible de les battre. De même, nos voitures ont des robots parlants qui prévoient les bouchons de la circulation par système global de positionnement (GPS).
Toutes les parties de SyNapse portent les mêmes noms que ceux utilisés en neurologie. L'arrivée sur le marché de tels appareils intelligents est prévue pour 2015. À quoi ceci peut-il servir ? À la même chose que le cerveau humain. Prévoir le temps qu'il fera, régler les problèmes mécaniques, biologiques ou sentimentaux.
Y aura-t-il encore des hommes demain ?
Conjointement la médecine a fait des progrès étonnants. Il est désormais possible de numériser les rêves et visualiser les pensées sur écran informatique. Ceci se nomme « l'imagerie interne », qui permettra par exemple de regarder ce que pense un homme dans le coma. À ce jour la vision oculaire a été numérisée. En pratique il s'agit de consigner ce qui se passe dans la tête. Des chercheurs de Berkeley en enregistrant l'activité cérébrale par imagerie médicale ont mis au point un logiciel qui apprend à reconnaître les formes et les couleurs que perçoivent les individus testés. Il est capable de reconstruire un contenu une vidéo complète de l'activité cérébrale. L'image numérisée peut bien sûr être transposée en données informatiques classiques. C'est la porte grande ouverte à l'enregistrement des pensées et à la compréhension du fonctionnement cérébral. Ceci se nomme « l'interface cerveau-machine ». Ce mot suppose l'inter-réaction entre l'homme et la machine. Et à terme la possibilité par retour de modifier les pensées.
Dans quelques années il sera possible d'imaginer que le projet SyNapse pourra bénéficier de telles découvertes. Les pensées seront littéralement injectées dans un ordinateur qui lui-même a déjà des possibilités infinies de réflexion grâce à SyNapse. En pratique le fonctionnement de l'intelligence humaine sera numérisé et stocké sur des microprocesseurs. Nous rejoignons alors les thèses de Nick Bostrôm qui dirige l'« Institut pour le futur de l'humanité » de l'Université d'Oxford. Les transhumanistes vont plus loin encore. Ils affirment qu'avec la miniaturisation exponentielle des microprocesseurs, tous les cerveaux de l'espèce humaine pourraient se concentrer dans une valise. Ce qui est certainement faux car les microprocesseurs ne sont pas indéfiniment réductibles.
Les robots pensants
Existent déjà au Japon des robots capables de répondre à un certain nombre de demandes et d'effectuer quelques actes courants de la vie comme préparer le thé. Paris Match a présenté un homme qui vivait avec une femme robot. Il pouvait échanger quelques mots avec elle, lui faire effectuer quelques actes courants et « elle » était capable de le satisfaire sexuellement. Mais disons que pour aller au-delà il faudrait que la mécanique se perfectionne. Des robots joueurs de billard ou violonistes ont été mis au point. Mais ceux-ci sont incapables de se débrouiller si leur environnement change et ils sont inaptes à avoir d'autres activités. Au Japon, Self Organizing Incrémental Neural Network (SOBVN) est un robot capable de s'adapter, de trier ce qui lui est demandé. Il devient de plus en plus intelligent car il se réfère à des expériences antérieures pour effectuer des actes qu'il n'a pas encore appris. Il est même capable de se mettre en contact avec d'autres robots pour demander des conseils qu'il intégrera dans sa mémoire. Si par exemple il est incapable de préparer le thé, il répondra qu'il ne sait pas mais va l'apprendre. Il se branchera de lui-même sur le Web et prendra contact avec un autre robot sachant effectuer une telle action et il l'apprendra. Exactement comme on apprend à un enfant à ranger ses jouets ou la table de multiplication. Il crée en lui-même un véritable réseau neuronal qui lui permet de s'adapter à l'environnement.
iCub est un petit robot ressemblant à un enfant de trois ans et demi. Il a été mis au point par une vingtaine d'universités conjointes car le projet est ouvert librement au monde entier. Il aurait actuellement l'intelligence d'un enfant de son âge. Il est capable de voir, d'apprendre, de réagir au toucher et même connaît l'anglais. C'est un être humain artificiel. Mais présentement la mécanique n'est pas encore au point car il ne marche qu'à quatre pattes. À quoi sert-il ? À apprendre comment la pensée se développe.
Fantôme d'humains
L'aéroport d'Orly est en train de s'équiper d'hologrammes. De quoi s'agit-il ? Vous cherchez la plateforme d'embarquement de votre avion. Une charmante personne vous répondra avec précision et politesse. En réalité vous avez devant vous un personnage virtuel qui vous accueille. Il n'est qu'une sorte de robot- image sans consistance, un fantôme. Il semble vrai, et le sera plus encore quand il sera réalisé en trois dimensions. Voilà qui est certes fort amusant. Dans la saga de La guerre des étoiles, Ben Kénobi apparaît de cette manière plusieurs fois. Cela se nomme téléportation sans dématérialisation du modèle. Avantages de l'hologramme humain d'Orly : économie de personnel et pas d'agression possible. Il est impossible de tuer une telle image virtuelle.
L'homme bionique
Pourquoi parler de la robotique et de l'hologramme ? La séquence est la suivante. SyNapse, le superordinateur à intelligence humaine, intègre les pensées et l'intelligence des hommes grâce à la numérisation de l'IRM. Le tout collecté sur un microprocesseur. Ce dernier a déjà des capacités programmées considérables. Il est implanté sur notre robot japonais SOINN possédant déjà des masses de données informatiques. SyNapse peut être aussi intégré à des hologrammes. À quoi arriverons-nous ? À un androïde infiniment plus intelligent que l'homme lui-même. Ce dernier sera littéralement largué par sa création et il pourra, s'il n'y prend garde, en devenir l'esclave ; mais surtout il sera devenu inutile. Un temps viendra où les hommes ne seront plus faits d'une âme d'une chair et de sang comme Dieu l'a voulu mais de métaux et de circuits informatiques. Ce sera la fin de notre humanité devenue virtuelle. Et peut-être même les cerveaux qui la dirigent. La réalité dépassera la science-fiction. Même Aldous Huxley ne l'avait pas prévu.
Reste à savoir qui tiendra le manche de la valise rassemblant toute l'humanité que certains veulent voir disparaître : Dieu ou un homme.
Jean-Pierre Dickès Présent du 22 octobre 2011
Président de l'Association catholique des Infirmières et Médecins www.acimps.org
(1) SyNapse : Systems ofNeuromorphic Adaptive Plastic Scalable Electronics. -
Science sans conscience n'est que ruine de l'homme
Lorsque la science se met au service du Meilleur des mondes, elle détruit l'humanité.
« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », écrivait déjà Rabelais. Et cette ruine de l'âme fait la ruine de l'Homme. Comme l'écrit Jacques Attali dans un article dont Monde et Vie a précédemment rendu compte(1), les progrès techniques découlent des « valeurs » sur lesquelles se construit sous nos yeux le Meilleur des mondes « et s'orientent dans le sens qu'elles exigent ». Autrement dit, ils se mettent au service de ces prétendues valeurs (dans certains cas, car il ne s'agit pas ici de refuser le progrès scientifique en soi mais l'usage qui peut en être fait). À cet égard, Attali constate une progression de la pilule à la gestation pour autrui (GPA), autrement dit les mères porteuses, en passant par la procréation médicalement assistée (PMA). De la séparation de la sexualité et de la procréation, nous en arrivons en effet au divorce de la procréation et de la maternité.
Attali prévoit l'émergence à terme d'une « humanité unisexe », où des individus quasiment similaires, nantis pour les uns d'ovules, pour d'autres de spermatozoïdes, les mettront en commun pour faire naître des enfants, « seul ou à plusieurs, sans relation physique, et sans même que nul ne les porte. »
Science-fiction ? Reportons-nous à ce qu'écrivait dans l'un de nos récents numéros(2) le docteur Jean-Pierre Dickès : « on travaille actuellement à ce que l'on appelle une ectogenèse, un développement de l'embryon hors du sein maternel. L'utérus artificiel est devenu une réalité. » Dans le même article, le docteur Dickès évoquait aussi ; les travaux du docteur Craig Venter visant à créer un nouveau génome humain, ou encore la possibilité de « réaliser » (selon son expression) un enfant à partir du génome de deux femmes : il existe déjà dans le monde une trentaine d'enfants qui ont deux mères biologiques et le procédé est en cours de validation en Angleterre, précisait-il.
Le clonage humain est au bout du même chemin scientifique : pourquoi ne pas reproduire son double et accéder ainsi à une contre-façon de cette immortalité, à laquelle l'homme aspire mais dont Dieu seul était le maître jusqu'à présent ?
Cette vieille tentation luciférienne de la créature qui voudrait prendre la place du Créateur, ce rêve prométhéen, ne seraient-ils pas enfin, grâce à la science, à portée de main ? Le diable a endossé une blouse blanche ; et l'homme se rêve dieu.
Quand on touche à la génétique, une autre tentation se fait rapidement jour, celle de l'eugénisme. Si l'homme devient son propre créateur, pourquoi ne se créerait-il pas parfait et tout-puissant ?
Pour y parvenir, on commencera par éliminer les éléments défectueux, d'abord par le « dépistage » du handicap dans le sein maternel et l'avortement - mais rapidement, de manière moins archaïque, par la procréation artificielle et le tri génétique.
L'enfant choisi sur catalogue
Là encore, l'expérience est en cours et le progrès en marche. Aux États-Unis, où 1 % des bébés sont « produits » par PMA, existent déjà des cliniques telles que le Fertility Institute à Los Angeles, dirigé par le docteur Jeffrey Steinberg. Sur les 800 femmes qui y eurent recours à une fécondation in vitro (FIV) en 2009, écrit un journaliste du Monde Magazine qui y a réalisé un reportage(3), « 700 étaient en parfaite santé et auraient pu avoir un enfant de façon naturelle. Elles ont décidé de subir cette intervention coûteuse, contraignante et peut-être risquée dans un seul but : choisir le sexe de leur bébé. » Aux États-Unis, en effet, « le diagnostic génétique des embryons réalisé à l'occasion d'une FIV est légal quelles que soient les motivations des futurs parents. Trois jours après la fécondation de l'ovule, on prélève une cellule de l'embryon pour examiner son code génétique. » Reste à choisir à la carte : fille ou garçon ? Coût total de l'opération : 25 000 dollars.
Mais pourquoi s'en tenir au sexe de l'enfant ? Le docteur Steinberg a voulu proposer aux parents de choisir aussi la couleur des yeux de leur progéniture, mais une polémique déclenchée par les médias l'a obligé à y renoncer. Provisoirement, sans doute... Car il se prend à rêver : après tout, « depuis la nuit des temps, les parents rêvent d'avoir des enfants vigoureux, beaux, intelligents. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour les aider à réussir dans la vie. »
Le docteur Zeringue exerce lui aussi dans une clinique californienne, où il propose aux couples un forfait à coût réduit (12 500 euros tout de même) pour pratiquer une FIV.
Pour pouvoir pratiquer ce « hard discount » de la fécondation in vitro, il a imaginé de promouvoir le don d'embryons surnuméraires offerts par les couples ayant déjà eu un enfant grâce à la PMA, et même de créer lui-même des embryons dans sa clinique - j'ai failli écrire : sa cuisine -, à partir de dons de sperme et d'ovules. « La clinique devient ainsi propriétaire des embryons, qu 'elle peut ensuite revendre, explique un article paru sur le site internet du consulat de France à Atlanta. Les futurs parents ont la possibilité de sélectionner leur embryon selon le profil de chaque donneur (taille, couleur des yeux...). Une fois que la clinique a réuni plusieurs couples s'accordant sur la même "combinaison" sperme/ovule, elle obtient alors par FIV une dizaine d'embryons (comme dans une FIV classique) qu'elle va ainsi répartir à travers les différents couples, chacun obtenant 2 ou 3 embryons provenant de la même fécondation. (...) Cependant, en faisant le choix de passer par cette clinique, les parents, qui payent moins cher, acceptent d'avoir un enfant avec lequel ils n 'auront aucun lien génétique et qui aura sûrement plusieurs frères et sœurs biologiques dans d'autres familles. » Mariages et incestes possibles à la clef...
Au bout du compte, le Meilleur des mondes recrée l'homme en le réduisant à la matière ; il n'est toujours pas parvenu à le doter d'une âme.
Hervé Bizien monde & vie 19 mars 2013
1.Monde et Vie n° 872, mars 2013
2.Monde et Vie n° 871, février 2013
3.Yves Eudes, La clinique des bébés sur mesure, Le Monde Magazine, juillet 2007