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tradition - Page 388

  • Ungern à Bâmiyân

    Ungern à Bâmiyân
    C’est en assistant, comme toute ma génération presque en temps réel, à la destruction des bouddhas monumentaux de Bâmiyân que j’ai compris – au moment même où la grande majorité de mes contemporains occidentaux décidaient d’en faire définitivement le symbole vivant de l’« obscurantisme » et de la « réaction » – à quel point les talibans sont modernes.
    Balayons d’entrée quelques malentendus :

    Premier malentendu : le moment dont je parle n’est chargé pour moi d’aucune sentimentalité factice. Je ne partage absolument pas l’enthousiasme occidental suspect – unissant bobos « agnostiques » et « zids » « judéo-chrétiens » – pour le bouddhisme, dans lequel je vois, philosophiquement, une variante élégante de l’athéisme, et que je soupçonne fort, en tant que forme culturelle, de valoir bien plus par ce qu’il conserve en lui de tradition indienne ancienne que par l’essence même de son message. En règle générale, j’ai appris de Guénon et de la paysannerie transylvaine que les plus hautes civilisations humaines, si tant est qu’elles prennent seulement la peine d’élever des édifices au dessus du sol nourricier, construisent en bois, en glaise, en paille etc. – bien plus souvent qu’en pierre de taille, l’idée même du monument étant, fondamentalement, moderne. On pouvait donc tout au plus s’attendre de ma part à l’agacement bourgeois par lequel je suis conditionné à réagir à tout vandalisme, même à celui qui s’en prend à des trésors que je n’aurais jamais la curiosité d’aller explorer par moi-même. On ne gâche pas, un point c’est tout : idée chrétienne, pas des plus sublimes, mais effectivement chrétienne.

    Deuxième malentendu : l’origine de ma surprise n’était pas le moins du monde le manque de respect de ces fous d’Allah pour les « chefs-d’œuvre d’une autre culture », signe de santé ontologique qu’on retrouve dans la quasi-totalité des civilisations conquérantes et bâtisseuses. Les constructeurs des premières églises, comme plus tard ceux des premières mosquées, n’ont eu aucun scrupule à prélever leurs matériaux sur les ruines des temples de l’Antiquité païenne, voire sur ces temples mêmes, et s’en cachaient si peu que personne n’a jamais pris la peine d’en effacer les motifs, encore visibles de nos jours là où aucune érosion naturelle n’a gommé les traces du « larcin ». Après leurs pillages de monastères, vikings, huns et scythes en tous genres fondaient allègrement l’or des croix et des reliquaires pour forger des bijoux reflétant leur propre mythologie. Le chrétien peut s’en affliger, en raison du sens métaphysique de ces objets. Esthétiquement, on ne perdait pas toujours au change.

    Non. Le détail qui tue, l’emprunte digitale de la modernité dans ce happening taliban en mondovision, c’était le fait même que ces guerriers, qui ne manquent pourtant pas d’ennemis internes et externes, gâchent de la munition pour le seul plaisir de détruire spectaculairement des symboles païens. L’homme de la tradition, s’il n’est pas directement attaqué, attendra au bord du fleuve que le courant charrie à sa hauteur le cadavre de son ennemi, car il est l’homme de la rareté, de la parcimonie, l’homme de ce que le bon peuple de France savait encore désigner sans ambages sous le nom « d’économie », avant que le vandalisme conceptuel du monétarisme, du keynésianisme et autres théories de la « destruction créative » n’en fasse un équivalent approximatif de « machin » et de « truc ».

    J’ai alors acquis la preuve culturelle de ce que je soupçonnais depuis quelques temps : derrière la masse des analphabètes manipulés, les cerveaux du mouvement taliban sont à coup sûr des afghans à peu près aussi traditionnels que Ben Laden, Andreas Baader ou les young leaders du gouvernement Hollande. On peut parier sans risque qu’à l’époque du régime laïc, ils ont porté des jeans, vu des films hollywoodiens (dont, probablement, quelques pornos), écouté du rock et mâché du chewing-gum. Exactement comme les young leaders français expriment leur haine de l’humanité sous la forme d’un anticatholicisme rabique en l’absence de tout catholicisme vivace dans l’hexagone déchristianisé, ces gauchistes d’Allah s’acharnaient festivement sur le cadavre d’une religion qui ne compte plus guère d’adhérents dans leur pays, prouvant par la même leur irrévocable appartenance au monde moderne.

    En effet, l’idée d’une guerre symétrique de la modernité versus tradition est elle-même une légende de la modernité, réservée à ceux qui ignorent l’essence de la tradition. En réalité, la modernité ignore la tradition, aussi complètement que le cancer ignore l’organisme qu’il nécrose. Elle est pure négativité. Seule la tradition est – être dont l’ultime dégradation porte, dans la nomenclature clinique de l’analyse, le nom de modernité. Meurtrière des derniers représentants de la tradition, qu’elle écrase littéralement comme des chiens au bord de la route qui la mène, le plus souvent, vers des matières premières, la modernité n’a cependant pas d’intention homicide à leur égard : elle ne les voit pas. Sa frénésie d’annihilation est avant tout suicidaire, auto-contemptrice et masochiste. Pour qui ressent un tant soit peu intuitivement l’esprit traditionnel, la simple idée de progrès (et donc de progressisme) suffit à trahir cette profonde insatisfaction ontologique de la modernité, son caractère intimement malheureux.

    La destruction des bouddhas était, certes, un acte d’intolérance – condamnable pour moi, non en tant que tel, mais en tant que l’intolérance active est un symptôme univoque de modernité. La tradition est tolérante par mépris, parce qu’elle ne se sent pas plus menacée par l’altérité culturelle que le poisson carnassier par l’apparition d’une nouvelle espèce de prédateur terrestre. Elle ne défend aucune valeur, parce que la valeur, concept éminemment moderne, apparaît sur les ruines de l’être. Etrangère à l’idée de prosélytisme, elle mésinterprète systématiquement la propagande des modernes, dans laquelle elle s’obstine longtemps à ne voir qu’une forme de commerce, de potlatch mythologique, et offre des fétiches et autres amulettes en échange des livres saints que lui distribuent les missionnaires. C’est pourquoi la modernité ne l’emporte jamais pacifiquement, mais toujours et uniquement en massacrant, en affamant, en empoisonnant à l’alcool, en décapitant les peuples pour finalement en acculturer les débris étourdis et vérolés, privés de leur dignité guerrière et territoriale, de leurs élites sacerdotales et de leur sol nourricier. Car la modernité est besoin de reconnaissance, elle est essentiellement, constamment hors d’elle – sujet de l’hétéronomie et de la furie.

    En tant que héros de la modernité, les talibans avaient donc littéralement besoin des bouddhas monumentaux de Bâmiyân, de même que les young leaders – en l’absence, à court terme tout du moins (mais ce court terme est l’horizon absolu de la mascarade démocratique) de tout enjeu concret lié à leur projet/blasphème de « mariage pour tous » – ont besoin de l’association Civitas et autres hologrammes du zombie de feu le catholicisme français pour exister. La modernité est une dialectique, une combustion qui s’autoalimente et ne survit qu’à condition de consumer tout ce qui entre en contact avec elle.

    C’est pourquoi la modernité, devenue consciente d’elle-même en tant que postmodernité hégémoniquement incarnée par l’élite mondialiste/sataniste, n’a pas de pire ennemi que les réconciliateurs – que ces figures de l’apaisement, de la stabilisation, du refroidissement des machines, que sont, par exemple, dans leurs contextes respectifs, V. Poutine et M. Ahmadinejad. Il n’y a donc rien de paradoxal dans sa complaisance plus ou moins secrète – et allant bien souvent au-delà de simples ententes tactiques – pour des mouvements et des figures (les talibans et le wahabo-salafisme, Limonov, Breivik) violemment opposés aux symboles de la modernité occidentale, ou du moins, rien de plus paradoxal que l’attirance qu’éprouve le masochiste pour le sadique.

    Autant, en Occident, le grand public lobotomisé tend à dramatiquement méconnaître le degré de cynisme opérationnel des organisateurs de la mondialisation libérale, autant le dissident occidental moyen, souverainiste, socialiste national etc. est porté à sous-estimer – dans un tout autre sens néanmoins – leur degré de sincérité principielle, c’est-à-dire d’adhésion intime au programme de la modernité. Bien sûr que, face à la faiblesse des autocraties arabes pro-sionistes et des partis libéraux de Russie, l’Empire a été amené à considérer d’une part les salafistes, d’autre part les Nasbol de Limonov et autres formes de l’extrême-droite russe comme une alliance de revers contre, respectivement, Assad, Ghaddafi & Co. et Poutine. Mais c’est profondément méconnaître la postmodernité que de s’imaginer les élites satanistes armant et finançant ces alliés de fortune avec une grimace de dégoût, en se pinçant le nez. Bien au contraire : avant même de devenir stratégiquement exploitables sur un plus vaste échiquier, ces guérillas idéologiques étaient leurs alliés ontologiques : des créatures déracinées/déracinantes, malheureuses et narcissiques, d’autant mieux polarisées qu’elles sont vides, enfantées par la dialectique de la modernité et l’enfantant en retour ; des être brûlants.
    Pour qui sait identifier la modernité dans ses détails les plus quotidiens et les moins « philosophiques », ce résultat analytique n’a rien d’une surprise : comme en général l’extrême-droite européenne, les Nasbols crient leur foi sur les rythmes sataniques du hard rock, en pensant sincèrement – c’est l’un de ces aspects vaguement pathétiques de la modernité périphérique, décalée, mimétique – que l’insertion dans ses textes hurlés d’allusions à des fétiches langagiers nationalistes suffit à en modifier le sens (lequel est en réalité tout entier dans l’inhumanité du rythme et de l’instrumentation, c’est-à-dire précisément dans ce que l’esthétique moderne, sous le nom de « style », considère comme une caractéristique formelle), tandis que les « djihadistes » syriens – représentants dans le monde islamique des mêmes catégories sociologiques d’âge, de conditions, de formation etc. – consomment des drogues dures au front – un type de stupéfiant non seulement proscrit in abstracto par l’islam, mais surtout historiquement absent de toutes les cultures alimentaires, islamiques ou non, de leur région (et d’ailleurs de la plupart des grandes aires anthropologiques traditionnelles).

    Quel que soit par ailleurs leur sens analytique et leurs origines culturelles, des expressions comme « National-Bolchévisme » ou « Djihad » sont donc, dans un tel contexte, l’équivalent fonctionnel exact de « Death Metal », « Hell Angels », « Sepultura » et autres éléments similaires du folklore linguistique du Woodstock global ininterrompu, dans lequel, des cheiks rivaux des bandes libyennes ou syriennes jusqu’aux menus gourous de l’extrême-droite blanche groupusculaire, tous les leaders (je choisis cet anglicisme fonctionnaliste à dessein, par opposition à l’organicité connotée par « chef ») reproduisent le paradigme Mike Jager de l’individualité prédatrice, de l’intouchable devenu roi sans ascendance ni descendance d’un royaume sans aristocratie, du gourou New Age et mâle alpha de la partouze. De ce point de vue, l’exemple du dandy bisexuel Edouard Limonov est particulièrement précieux, dans la mesure où son exceptionnelle intelligence et le nietzschéisme de bazar dont, face à des interlocuteurs généralement trop mal équipés conceptuellement pour en rire, il couvre ses contradictions lui permettent, par exception, d’exprimer, y compris sous forme d’œuvre littéraire, l’identité culturelle foncière, ici pointée du doigt, du leader terroriste et de la rock-star (tirer sur Sarajevo et sucer des bites de dealers) – beaucoup plus clairement, en tout cas, que ne pourraient par exemple le faire les officiers de l’ASL syrienne, superficiellement empêtrés dans la dogmatique, dont il ne comprennent pas un traître mot, d’une religion momifiée.

    C’est à l’aulne de ces quelques réflexions qu’on pourra à présent mesurer toute l’ambiguïté d’un phénomène comme la récente commémoration internationale, sous l’impulsion de milieux eurasianistes, de la figure du baron Ungern von Sternberg. Dans une perspective moderne, c'est-à-dire en considérant Ungern comme une individualité engagée, portant témoignage en faveur de telle ou telle idéologie opposable à telle autre en vertu de leur interchangeabilité foncière, cette commémoration ne sera jamais qu’un nouveau rite d’extrême-droite, dans la longue série des ritualisations plus ou moins réussies de l’anticommunisme, finalement soluble dans l’antitotalitarisme de la mondialisation libérale. Des indices stylistiques (comme l’usage fréquent du rock dans les fonds sonores) me laissent craindre que beaucoup des acteurs de ces commémorations ne soient pas culturellement en mesure de dépasser cet horizon de perception.

    Sous l’attribut (pour le dire dans un dialecte spinozien) de la tradition, en revanche, la courte et brillante trajectoire terrestre du baron Ungern von Sternberg n’a pratiquement rien en commun avec la dialectique typiquement moderne entourant la querelle, finalement marginale et datée, du bolchévisme. Indépendamment de l’identité, et plus encore de l’idéologie de ses adversaires, ce qui rend unique et anachroniquement stupéfiant le phénomène Ungern, c’est son style – à savoir, pour le dire vite : l’apparition, en plein milieu d’une guerre moderne, c’est-à-dire soldatesque et – en dépit d’une relative arriération technologique par rapport à l’Europe de l’Ouest – technique, d’un chef de guerre capable de conduire, même de façon peu durable – des guerriers (les uns asiates et plus ou moins « vernaculaires », les autres blancs, comme lui transfuges du militarisme moderne) à la victoire, et donc – à la faveur, certes, d’un contexte géographique bien particulier, qui n’est autre que la quintessence de la spécificité eurasienne – d’inverser le temps, de retourner le sablier apparemment inamovible du progrès, et ce, non du fait d’une résistance de la matière inerte, le temps d’une panne périodique du moteur de la modernité (comme en produisent, par exemple, les crises cycliques du capitalisme), mais d’une façon qu’on peut supposer consciente, plaçant ainsi le phénomène Ungern dans le cas rarissime du dépassement autre que post-moderne de la dialectique de la modernité, germe de possibilité d’une autre mondialisation, à savoir grosso modo de ce qu’A. Douguine appelle – par opposition à la mondialisation thalassocratique – la « Géopolitique de la Terre Sèche ».

  • Benoît XVI : « L’approbation des idées les plus répandues n’est pas un critère auquel nous nous soumettons »

    Hier, à l’occasion de la fête de l’Épiphanie au cours de laquelle il a ordonné quatre nouveaux archevêques, Benoît XVI a condamné l’agnosticisme actuel, qui domine dans de nombreux pays, et ses attaques envers l’Église et la Foi. Il a souligné que « l’agnosticisme qui règne aujourd’hui a ses propres dogmes et est extrêmement intolérant vis-à-vis de tout ce qui pourrait le remettre en question, ainsi que des critères qu’il emploie« .

    Le Pape a rappelé alors que le chrétien ne devait pas plier devant l’idéologie dominante : « Celui qui vit et proclame la foi de l’Église est par de nombreux aspects en décalage avec la pensée dominante. L’approbation des idées les plus répandues n’est pas un critère auquel nous nous soumettons« , a-t-il déclaré. Rappelant ainsi les évêques à leur charge pastorale « En conséquence, il est particulièrement urgent pour un évêque aujourd’hui d’avoir le courage de contredire l’état d’esprit dominant. Il doit être courageux« , a-t-il conclu.

    N’est-il pas nécessaire en effet que Rome rappelle à ceux qui ont juridiction sur les âmes que le chrétien, qui est dans le monde mais qui n’est pas du monde, doit se soucier davantage sur la terre du regard de Dieu que de celui des hommes, fussent-ils les grands de ce monde ? Car la Foi, dont l’Église est dépositaire, ne se négocie pas et ne peut faire l’objet d’aucune tergiversation : elle se transmet sans altération.

    http://www.contre-info.com/

  • Manifestation du 13 janvier : oui à la famille, non à la tyrannie médiatique !

    La manifestation du 13 janvier 2013 contre le mariage gay peut être un grand succès. A une condition toutefois : que les organisateurs et les participants osent affirmer leurs convictions sans crainte du qu’en dira-t-on politiquement correct. La tyrannie médiatique, voilà l’ennemi !
    Polémia
     

    1-Le mariage homosexuel est la revendication de la minorité d’une minorité : quelques pour cent d’activistes au sein d’une minorité sexuelle représentant elle-même quelques pour cent de la population. Réussir à mettre au centre du débat politique la question du « mariage gay » est donc aussi étrange qu’artificiel.

    2-Cela n’est possible que parce que les médias ont fait du mariage homosexuel un sujet d’actualité majeur grâce à une technique simple : mettre en avant les sujets portant sur l’homosexualité et les « angler » dans un sens toujours favorable aux revendications homosexualistes. Ainsi le jour de la présentation en conseil des ministres de la loi sur le « mariage pour tous », le quotidien Le Parisien titrait : « Raphaëlle, heureuse avec deux mamans ». Davantage de la communication que de l’information. Et comme par hasard, du Figaro à France Télévisions, le bébé choisi comme « premier bébé de l’année » fut présenté comme l’enfant de deux lesbiennes. Le non-sens biologique rejoint ici l’arnaque chronologique. De même que parler de « mariage pour tous » relève de la novlangue puisque cela revient à changer le sens du mot mariage (l’union d’un homme et d’une femme selon le Code civil) et qu’au demeurant le projet de loi ne prévoit pas de revenir sur l’interdiction de l’inceste. Si la loi est votée, il y aura donc dénaturation du mariage mais non mariage pour tous. Quant au terme « homophobie », il est utilisé de manière terroriste pour tétaniser les adversaires du mariage gay. On ne débat pas sereinement sous la menace du Code pénal et du bannissement social.

    3-L’inscription dans le débat du mariage homosexuel relève à la fois du leurre et de la démarche idéologique : du leurre, puisque cela n’est pas la préoccupation de l’immense majorité des Français que l’on « distrait » ainsi d’autres sujets politiques ou tenant à leurs difficultés quotidiennes ; de la démarche idéologique aussi, puisqu’il s’agit d’une étape de plus dans la déconstruction des repères et des identités. On est ici au cœur de l’idéologie médiatique dominante fondée sur l’alliance du capital (attaché au mondialisme et à la suppression des frontières) et de la caste journalistique (attachée à la destruction des traditions). Après s’être attaqué à la nation (du latin « natio ») il est logique de s’attaquer à la naissance, au risque d'effacer les repères de la généalogie. Et porter un coup supplémentaire à la famille et au mariage, c’est choisir des cibles de choix pour qui veut établir une société indifférenciée. A contrario cela ne peut pas être accepté sans combat pour quiconque est attaché, par conviction religieuse ou philosophique, à l’ordre naturel dont la filiation est la clé de voute. D’où l’importance des manifestations hostiles.

    4-Manifestations de protestation contre le mariage homosexuel que les médias dénigrent. C’est ainsi que les chiffres de la grande manifestation du 17 novembre 2012 ont été fortement minorés : habituellement friands de chiffres donnés par les manifestants, l’AFP et les médias de l’oligarchie ont cette fois choisi les chiffres de la préfecture de police préalablement sous-évalués. Même opération le 18 novembre pour la manifestation de Civitas, association de chrétiens de tradition qui fut accusée de violences pour s’être défendue de l’agression dont elle a été l’objet de la part des mercenaires féministes des Femen.

    5-En revanche la manifestation pro-mariage gay du 16 décembre a, elle, fait l’objet d’une survalorisation : pour Le Monde du 18 décembre les partisans de la loi ont quasiment fait jeu égal avec ses adversaires. Il est vrai que cette fois l’AFP et les principaux médias ont choisi de retenir les chiffres donnés par les manifestants, pourtant sans aucun rapport avec les observations faites au point de départ (une Place de la Bastille vide) ni au point d’arrivée (la petite Place du Luxembourg remplaçant au dernier moment la Place de l’Opéra nécessitant 15.000 à 20.000 personnes pour être remplie). C’est ainsi qu’un rapport de 1 à 10 dans la réalité donne un rapport… de 1 à 1 dans les médias. Chapeau les désinformateurs !

    6-Il y a plus grave : le souci, malgré tout, de plaire aux médias s’infiltre chez les adversaires du mariage homosexuel. Pour les uns, il faudrait améliorer le statut fiscal des couples homosexuels comme si c’était une priorité dans un pays endetté frappé par la dénatalité. Pourquoi créer des niches fiscales pour ceux qui ne nichent pas ? Pour d’autres, il faudrait solenniser en mairie la signature du Pacte d’union civile. Pour la très médiatique organisatrice de la « manif pour tous », il faudrait lutter contre « l’homophobie » : ce qui revient à donner du crédit aux armes incapacitantes du lobby homosexualiste.

    7-La manifestation prévue pour dimanche 13 janvier 2013 s’annonce comme un grand succès par le nombre des participants attendus. Ce sera probablement la plus grande manifestation depuis celle de juin 1984 pour l’Ecole libre et celle du 30 mai 1968 contre la chienlit. Reste à savoir si ce succès de la majorité silencieuse se traduira en succès politique. Cela suppose de résister à l’intoxication et l’intimidation médiatiques :

    • -il ne faut pas se battre sur les chiffres de participants aux manifestations mais sur les mètres carrés occupés : pour mémoire la Place du Luxembourg c’est quelques milliers de mètres carrés, le Champ de Mars : 243.000 mètres carrés. A bon entendeur, salut !
    • -Il est inutile et nuisible de reprendre à son compte la thèse de « l’homophobie » car cela revient à « payer un droit de péage aux autoroutes de la pensée » (Philippe Bilger).
    • -Il est inutile et nuisible de chercher des slogans gnangnans ou consensuels ! A contrario « Oui à la famille », « Un enfant, c’est une maman et un papa », « Non au mariage homosexuel » se suffisent, pour peu qu’on dise « Non à la tyrannie médiatique ».
    • -Il est inutile et nuisible de chercher à finasser pour amender un projet de loi qui n’est « qu’une étape d’un long travail de sape visant à araser les repères de la vie des peuples » (Roland Hureaux).

    Le seul objectif digne d’être poursuivi est celui du retrait pur et simple de la loi, soit directement, soit à la suite de son rejet par référendum : un référendum que souhaitent 69% des Françai

    Polémia   4/01/2013

  • Blogues, forums, réseaux sociaux : leviers de contournement du Système par Jean-Yves LE GALLOU

    Lors de la « Troisième Journée de la réinformation », organisée par Polémia le 16 octobre 2010 à Paris, Jean-Yves Le Gallou s’interroge sur la véritable nature du Système et sur la façon de le contourner et de le combattre ?

     

    Qu’est-ce que le Système ? La défense par le politiquement correct des intérêts de la super-classe mondiale (libre échangisme commercial et abolition des frontières) à travers la tyrannie médiatique. Comment le combattre et le contourner ? Par les blogues, les forums, les réseaux sociaux. État des lieux par Jean-Yves Le Gallou dans sa communication de clôture de la Troisième Journée d’étude de la réinformation de Polémia. Avec énumération des premières victoires.

     

    Comment s’impose le politiquement correct ?

     

    Le politiquement correct (comme l’économiquement correct, l’historiquement correct, l’artistiquement correct, le religieusement correct, d’ailleurs) s’impose par le silence, la diabolisation, le mensonge, la novlangue et les faux clivages.

     

    Le silence : On ne parle pas de ce qui ne convient pas à l’idéologie dominante. Georges Marchais, secrétaire général du P.C.F., avait dû répondre, en 1978, à la question suivante : « Si vous êtes au pouvoir, Soljénitsyne pourra-t-il publier ses œuvres ? », la réponse avait fusé : « Oui, s’il trouve un éditeur ! » Vingt-cinq ans plus tard, en 2005, le prix Nobel d’économie Maurice Allais se vit refuser une tribune libre critiquant la constitution européenne par Le Figaro, Libération et Le Monde. Seul L’Humanité accepta finalement son texte, conduisant Maurice Allais à déclarer : « Je ne pensais pas qu’on en était déjà arrivé là en France. »

     

    La diabolisation : Quand le silence n’est plus possible, le Système recourt à la diabolisation de celui qui franchit les bornes du politiquement correct. La méthode est toujours la même : sortir une phrase de son contexte, procéder à des amalgames et accuser de « racisme», de « fascisme » ou d’une quelconque « phobie » l’auteur ou l’institution coupable. En 1966, le député conservateur de Birmingham, l’helléniste et oxfordien Enoch Powell, fut marginalisé et diabolisé pour avoir discerné avant tous les autres le danger de l’immigration. En 1979, la « Nouvelle Droite » fut à son tour attaquée parce qu‘elle développait une pensée aux antipodes de l’idéologie dominante en voie de constitution (mondialisme et droit-de-l’hommisme). En 1983, le Front national entra dans la spirale de la diabolisation parce qu’à Dreux et à Paris Jean-Pierre Stirbois et Jean-Marie Le Pen posèrent devant les électeurs le problème de l’immigration. Plus tard, des déclarations « controversées » de Jean-Marie Le Pen et surtout le montage de Carpentras renforcèrent encore cette diabolisation. Très récemment c’est le pape Benoît XVI et l’Église qui entrèrent dans la tourmente parce qu’ils se rapprochaient de la tradition et s’éloignaient des dérives de Vatican II.

     

    Le mensonge: Le mensonge est devenu un classique de la manipulation médiatique; pour justifier des guerres (« les armes de destruction massive ») ou nier des réalités : ainsi les autorités parisiennes ont longtemps nié que des musulmans en prière occupaient la rue Myrha à Paris chaque vendredi. Comme l’a montré Polémia avec la cérémonie des « Bobards d’Or », le mensonge journalistique – délibéré et volontaire – est désormais une des armes de défense du Système. Mais les images circulant sur Internet permettent souvent de rétablir la vérité. D’où les tentatives de diabolisation d’Internet.

     

    La Novlangue regroupe cinq types de mots :

     

    • les mots trompeurs, qui ont changé de sens et qui signifient souvent le contraire de ce qu’ils exprimaient auparavant;

     

    • les mots subliminaux, qui sont utilisés pour produire certains effets de répulsion ou d’approbation chez le récepteur;

     

    • les mots marqueurs, qui expriment l’idéologie dominante et traduisent le fait que celui qui les emploie fait partie de la classe dominante;

     

    • les mots tabous, qui correspondent à des concepts que l’idéologie dominante s’efforce de supprimer;

     

    • les mots sidérants, qui visent à disqualifier les adversaires du Système (cf. Le Dictionnaire de Novlangue, mis à jour en janvier 2009).

     

    Les faux clivages : ils répondent à une double nécessité : créer dans l’opinion des divisions artificielles; soumettre à l’intérieur de chacun des « camps » ainsi créés l’opinion collective aux tenants du politiquement correct. C’est ainsi que la droite d’argent asservit la droite des valeurs. Pendant que la gauche internationaliste (mondialiste) domestique la gauche populaire. Ce qui rend possible la sainte-alliance de la C.G.T. et du MEDEF pour obtenir la régularisation de travailleurs clandestins.

     

    Sept succès récents face au politiquement correct

     

    1/ Échec au silence ! L’affaire du bus

     

    Au printemps 2009, un étudiant de souche européenne a été agressé, comme Français, comme Blanc dans un bus parisien. Et les coups reçus ont été assortis d’injures racistes. Nul n’aurait dû le savoir. Mais la vidéo de l’agression a été relayée par YouTube, puis RuTube (merci la liberté russe !); puis elle fut portée à la connaissance d’un large public grâce au site François-Desouche. Au final, les grands médias ont dû sortir de leur silence.

     

    2/ Échec aux faux clivages ! Le débat sur l’identité

     

    Automne 2009, le gouvernement lance un débat sur l’identité nationale, en espérant créer un faux clivage droite/gauche tout en promouvant une conception désincarnée de la nation. Mais les internautes et l’opinion s’emparent du débat. Il y reposent la question de l’immigration et font valoir une conception charnelle de la nation prenant en compte les origines ethniques, culturelles, religieuses et civilisationnelles.

     

    3/ Retour aux vrais clivages ! L’apéro saucisson-pinard

     

    Printemps 2010, loin des loisirs cadrés et organisés par les institutions officielles, des groupes Facebook organisent des apéros saucisson-pinard. Des communautés de fait – de même âge, de même ethnie et de même culture – se retrouvent autour de traditions culinaires et d’habitudes alimentaires. Plus politique : deux groupes d’origine idéologique opposée (Riposte Laïque, venant de la gauche, et les Identitaires) organisent une manifestation festive contre l’islamisation de la Goutte d’Or. Une belle passerelle par delà les divisions artificielles. Et la preuve que des communautés virtuelles peuvent devenir des communautés d’action.

     

    4/ Réinformation par l’action ! La libération de René Galinier

     

    Été 2010, un septuagénaire, René Galinier, tire sur des cambrioleuses qui l’avaient surpris durant sa sieste. Sans considération pour la légitime défense, la justice l’a mis en examen et placé en détention préventive. L’émoi local a été porté à la connaissance nationale par la réinfosphère qui a fait circuler l’information sur l’ensemble de la Toile. De plus, les Identitaires ont organisé une quarantaine de manifestations et d’opérations symboliques. Cette véritable réinformation par l’action a débouché sur la libération de René Galinier. Une victoire concrète !

     

    5/ Victoire sur le mensonge et la diabolisation ! Le scandale Pujadas

     

    Printemps 2010, avec son émission « Les Infiltrés », David Pujadas a lancé une opération de diabolisation contre les catholiques de tradition et les écoles libres hors-contrat. Mais les méthodes de provocation de Pujadas ont pu être dénoncées par avance par une efficace opération de « Riposte catholique ». Coïncidence : David Pujadas recueillait au même moment le Bobard d’Or 2010 pour avoir, sur le « 20-Heures » de France 2, présenté – avec solennité et mise en garde –, pour illustrer un « sujet » sur la répression en Iran, des images prises au… Honduras. La lutte contre la diabolisation passe par la démonétisation du diabolisateur.

     

    6/ Échec à l’artistiquement correct ! La mise en cause du Financial Art

     

    L’art contemporain – dont l’origine remonte aux années… 1900 – a longtemps été intouchable. Mais les expositions Koons et Murukami à Versailles ont suscité un puissant mouvement de contestation qui a tourné en dérision les « œuvres » et dénoncé les arrière-plans financiers des opérations. La dissidence de la pensée a été secondée par la dissidence de l’action et le Financial Art a été mis en cause

     

    7/ Démocratie numérique et démocratie directe : le vote suisse sur les minarets

     

    Interdire les minarets des mosquées en Suisse : la cause paraissait ingagnable. L’ensemble des forces médiatiques, syndicales, patronales et politiques (sauf l’U.D.C.) y étaient hostiles. Et pourtant une large majorité du peuple suisse se prononça pour l’interdiction. La démocratie directe avait reçu l’appui de la démocratie numérique.

     

    Les différentes formes du populisme français

     

    Partout en Europe les partis populistes progressent : ils sont présents dans toutes les assemblées (locales, régionales et nationales) et pèsent sur les gouvernements en Italie, en Autriche, en Suisse, au Danemark, aux Pays-Bas, en Flandre. La situation est moins brillante en France où le Front national a été affaibli par des divisions successives et les réformes, non moins successives, des modes de scrutin.

     

    Il est toutefois permis de distinguer en France trois formes de populisme qui se juxtaposent :

     

    • un populisme médiatique incarné par la famille Le Pen;

     

    • un populisme numérique très présent sur la réinfosphère, à droite mais aussi à gauche;

     

    • un populisme localiste et de terrain dont les Identitaires sont le fer de lance.

     

    Sans forcément l’assumer complètement ces différentes forces devraient appliquer le principe de Mao-Tsé-Toung : « Marcher séparément, frapper ensemble ».

     

    Jean-Yves Le Gallou http://www.europemaxima.com

     

    • D’abord mis en ligne sur Polémia, le 23 octobre 2010.

  • Manifestation du 13 janvier : oui à la famille, non à la tyrannie médiatique !

    La manifestation du 13 janvier 2013 contre le mariage gay peut être un grand succès. A une condition toutefois : que les organisateurs et les participants osent affirmer leurs convictions sans crainte du qu’en dira-t-on politiquement correct. La tyrannie médiatique, voilà l’ennemi !
    Polémia
     

    1-Le mariage homosexuel est la revendication de la minorité d’une minorité : quelques pour cent d’activistes au sein d’une minorité sexuelle représentant elle-même quelques pour cent de la population. Réussir à mettre au centre du débat politique la question du « mariage gay » est donc aussi étrange qu’artificiel.

    2-Cela n’est possible que parce que les médias ont fait du mariage homosexuel un sujet d’actualité majeur grâce à une technique simple : mettre en avant les sujets portant sur l’homosexualité et les « angler » dans un sens toujours favorable aux revendications homosexualistes. Ainsi le jour de la présentation en conseil des ministres de la loi sur le « mariage pour tous », le quotidien Le Parisien titrait : « Raphaëlle, heureuse avec deux mamans ». Davantage de la communication que de l’information. Et comme par hasard, du Figaro à France Télévisions, le bébé choisi comme « premier bébé de l’année » fut présenté comme l’enfant de deux lesbiennes. Le non-sens biologique rejoint ici l’arnaque chronologique. De même que parler de « mariage pour tous » relève de la novlangue puisque cela revient à changer le sens du mot mariage (l’union d’un homme et d’une femme selon le Code civil) et qu’au demeurant le projet de loi ne prévoit pas de revenir sur l’interdiction de l’inceste. Si la loi est votée, il y aura donc dénaturation du mariage mais non mariage pour tous. Quant au terme « homophobie », il est utilisé de manière terroriste pour tétaniser les adversaires du mariage gay. On ne débat pas sereinement sous la menace du Code pénal et du bannissement social.

    3-L’inscription dans le débat du mariage homosexuel relève à la fois du leurre et de la démarche idéologique : du leurre, puisque cela n’est pas la préoccupation de l’immense majorité des Français que l’on « distrait » ainsi d’autres sujets politiques ou tenant à leurs difficultés quotidiennes ; de la démarche idéologique aussi, puisqu’il s’agit d’une étape de plus dans la déconstruction des repères et des identités. On est ici au cœur de l’idéologie médiatique dominante fondée sur l’alliance du capital (attaché au mondialisme et à la suppression des frontières) et de la caste journalistique (attachée à la destruction des traditions). Après s’être attaqué à la nation (du latin « natio ») il est logique de s’attaquer à la naissance, au risque d'effacer les repères de la généalogie. Et porter un coup supplémentaire à la famille et au mariage, c’est choisir des cibles de choix pour qui veut établir une société indifférenciée. A contrario cela ne peut pas être accepté sans combat pour quiconque est attaché, par conviction religieuse ou philosophique, à l’ordre naturel dont la filiation est la clé de voute. D’où l’importance des manifestations hostiles.

    4-Manifestations de protestation contre le mariage homosexuel que les médias dénigrent. C’est ainsi que les chiffres de la grande manifestation du 17 novembre 2012 ont été fortement minorés : habituellement friands de chiffres donnés par les manifestants, l’AFP et les médias de l’oligarchie ont cette fois choisi les chiffres de la préfecture de police préalablement sous-évalués. Même opération le 18 novembre pour la manifestation de Civitas, association de chrétiens de tradition qui fut accusée de violences pour s’être défendue de l’agression dont elle a été l’objet de la part des mercenaires féministes des Femen.

    5-En revanche la manifestation pro-mariage gay du 16 décembre a, elle, fait l’objet d’une survalorisation : pour Le Monde du 18 décembre les partisans de la loi ont quasiment fait jeu égal avec ses adversaires. Il est vrai que cette fois l’AFP et les principaux médias ont choisi de retenir les chiffres donnés par les manifestants, pourtant sans aucun rapport avec les observations faites au point de départ (une Place de la Bastille vide) ni au point d’arrivée (la petite Place du Luxembourg remplaçant au dernier moment la Place de l’Opéra nécessitant 15.000 à 20.000 personnes pour être remplie). C’est ainsi qu’un rapport de 1 à 10 dans la réalité donne un rapport… de 1 à 1 dans les médias. Chapeau les désinformateurs !

    6-Il y a plus grave : le souci, malgré tout, de plaire aux médias s’infiltre chez les adversaires du mariage homosexuel. Pour les uns, il faudrait améliorer le statut fiscal des couples homosexuels comme si c’était une priorité dans un pays endetté frappé par la dénatalité. Pourquoi créer des niches fiscales pour ceux qui ne nichent pas ? Pour d’autres, il faudrait solenniser en mairie la signature du Pacte d’union civile. Pour la très médiatique organisatrice de la « manif pour tous », il faudrait lutter contre « l’homophobie » : ce qui revient à donner du crédit aux armes incapacitantes du lobby homosexualiste.

    7-La manifestation prévue pour dimanche 13 janvier 2013 s’annonce comme un grand succès par le nombre des participants attendus. Ce sera probablement la plus grande manifestation depuis celle de juin 1984 pour l’Ecole libre et celle du 30 mai 1968 contre la chienlit. Reste à savoir si ce succès de la majorité silencieuse se traduira en succès politique. Cela suppose de résister à l’intoxication et l’intimidation médiatiques :

    • -il ne faut pas se battre sur les chiffres de participants aux manifestations mais sur les mètres carrés occupés : pour mémoire la Place du Luxembourg c’est quelques milliers de mètres carrés, le Champ de Mars : 243.000 mètres carrés. A bon entendeur, salut !
    • -Il est inutile et nuisible de reprendre à son compte la thèse de « l’homophobie » car cela revient à « payer un droit de péage aux autoroutes de la pensée » (Philippe Bilger).
    • -Il est inutile et nuisible de chercher des slogans gnangnans ou consensuels ! A contrario « Oui à la famille », « Un enfant, c’est une maman et un papa », « Non au mariage homosexuel » se suffisent, pour peu qu’on dise « Non à la tyrannie médiatique ».
    • -Il est inutile et nuisible de chercher à finasser pour amender un projet de loi qui n’est « qu’une étape d’un long travail de sape visant à araser les repères de la vie des peuples » (Roland Hureaux).

    Le seul objectif digne d’être poursuivi est celui du retrait pur et simple de la loi, soit directement, soit à la suite de son rejet par référendum : un référendum que souhaitent 69% des Français.

    Polémia  4/01/2013

  • Contre l'édifice du mondialisme et de la pensée unique

    À l'heure de la crise économique mondiale qui est inséparable de la crise morale de l'Occident, deux livres d'aspect anodin arrivent à point nommé. Apparemment hors sujet tous les deux, puisqu'il s'agit, pour l'un, d'un recueil (inédit) d'essais de Chesterton datés de 1926 que les éditions de l'Homme nouveau viennent de publier sous le titre Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1); pour l'autre, des actes de la XIXe université d'été de Renaissance catholique en juillet 2005 : La pensée unique (2).

    Et pourtant, chacun à sa manière éclectique et diversement datée, ils disent déjà quasiment tout, d'une part des causes profondes de notre grande crise économique et de ses « enfers sociaux », d'autre part des effets intrinsèquement pervers de la crise morale liée à ce funeste économisme. Alors que Benoît XVI s'apprête aussi à publier sa grande encyclique sur la doctrine sociale de l'Église, on en a eu un aperçu spectaculaire lors de son récent voyage en Afrique. « Si le Pape a été si contesté, c'est qu'en quelques mots, il a déstabilisé l'édifice de la pensée unique qui s'impose à la planète », résume bien Mgr Bagnard .
    ◊ « Ce que je reproche au capitalisme, ce n'est pas qu'il y ait trop de capitalistes mais précisément qu'il n'y en ait pas assez », disait Chesterton. C'est tout le « distributisme » chestertonien, cher à Philippe Maxence, qui est (si l'on y réfléchit bien) le seul moyen politique de « moraliser le capitalisme » contre l'édifice malsain du mondialisme. Louis Salleron en a lui-même développé le principe en France, en prônant non seulement la diffusion de la propriété individuelle mais l'organisation de la diffusion de la propriété collective privée, comme rempart de liberté personnelle, facteur de justice sociale et de développement économique maîtrisé. La propriété est pour la personne « un besoin vital de l'âme » (Simone Weil) - et non la personne pour la propriété !
    Nicolas Sarkozy a par exemple jugé inacceptable que « Laurence Parisot dise qu'elle n'a pas le désir d'évoquer le partage des profits ». Mais de la distribution de la propriété, selon le principe clef de la destination universelle des biens, il n'en aura jamais été question, comme remède politique et durable à cette crise (dont le G20 ne vient finalement que de «réguler» et renouveler virtuellement les tares). Or, note Philippe Maxence, « ce n'est pas une mince surprise de constater qu'en usant des mots qui sont les siens, Chesterton avait déjà pensé la crise de l'environnement, la faillite des banques, la perversité du système de la grande distribution, la destruction de l'agriculture » ! 
    Et Louis Salleron qu'il faudrait aussi relire : « Parce que le capitalisme individualiste et libéral a privé de propriété un trop grand nombre d'individus, le communisme propose d'en priver tout le monde... Il est évident que la bonne solution est inverse: assurer la propriété à tout le monde. Patrimoine familial, patrimoine corporatif, patrimoine national et universel - voilà la vraie formule. L'argent ne fait obstacle à la propriété normale que si on le laisse évoluer en liberté. Mais rien n'est plus facile que d'assigner des règles à ses fantaisies. Le capitalisme n'a pris ce caractère odieux que parce qu'il est né et s'est développé dans une philosophie utilitariste. Un esprit nouveau et des structures modifiées peuvent parfaitement sauver les vérités qu'il contient en matière de propriété. » (Diffuser la propriété, NEL) .

    ◊ On ne peut servir deux maîtres à la fois : Dieu et Mammon. On passe ainsi de l'économie à sa religion nouvelle, en arrivant à la pensée unique qui prétend gérer « correctement » le « nouvel ordre mondial » à la manière de Babel, par un seul langage analogue à la novlangue d'Orwell : « Faisons des briques... Bâtissons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! » (Genèse XI). Il s'agit toujours de sauver et unifier l'homme sans Dieu, en se passant de sa loi (morale) naturelle, en donnant le primat à l'action sur la contemplation.
    Onze historiens, journalistes, universitaires réunis par Renaissance catholique explorent les facettes (politiquement, moralement, religieusement, historiquement, économiquement, artistiquement correctes !) de cet impératif néo-totalitaire. Ils dénoncent paradoxalement, dans l'hégémonie de cette pensée unique, une dictature du relativisme née de la disparition de la vérité objective (sous la novlangue la confusion des mots et des idées !). Le laïcisme (ouvert ou fermé) est donc le cadre et même le temple (panthéon) de cette pensée unique. On pourrait dire de lui ce que disait le P. Molinié du pharisien : « C'est celui qui condamne la pensée de Dieu quand elle se présente trop nettement, parce que cette pensée condamne ses œuvres et sa propre pensée. Alors, mis au pied du mur, il est acculé à condamner Dieu pour ne pas céder ; c'est le péché contre le Saint-Esprit. »

    RÉMI FONTAINE Présent du 8 avril 2009

  • Contre la désinformation : L'antidote Volkoff

    « Plus un mensonge est gros, et plus les gens y croient », aurait un jour déclaré Joseph Goebbels. On peut reprocher de nombreux méfaits au ministre de la Propagande du IIIe Reich. On ne peut pas lui faire grief d'avoir manqué de franchise. Ce n'est pas le cas de tous ceux qui, depuis sa disparition, agissent le visage dissimulé sous le masque de la désinformation. À l'Est comme à l'Ouest.

    Propagande. Publicité. Intoxication. Désinformation. Les quatre termes sont souvent utilisés comme s'ils recouvraient la même réalité. Or, s'ils peuvent être proches, ils ne se recoupent pas exactement Vladimir Volkoff, dans sa Petite histoire de la désinformation, du cheval de Troie à Internet (Editions du Rocher, 2003), a très bien démontré la différence existant entre ces quatre concepts.
    Le mot propagande, qui date de 1689, vient de la formule latine congregatio de propadanda fide, « congrégation pour la propagation de la foi ». Il suppose la transmission d'une information à un public, information devant être salutaire pour lui et qui n'est pas perçue comme mensongère par l'informateur, mais au contraire comme l'expression de la seule vérité qui soit. À partir de 1792, la propagande est définie « comme, l'action exercée sur l'opinion pour l'amener à avoir certaines idées politiques et sociales, à vouloir et soutenir une politique, un gouvernement, un représentant ».

    Le propre de la désinformation est de viser les foules
    Sur le fondement de cette définition, l'action du docteur Goebbels mérite bien son nom. À travers les grandes messes païennes de Nuremberg, avec leurs étendards et leurs torches, les nazis prêchaient  ouvertement l'adoration du Führer. La propagande s'exprime ainsi au grand jour. Elle ne dissimule pas son but. Elle affiche la couleur. Elle n'est pas sournoise. En ce sens, elle se distingue fondamentalement de la désinformation.
    La publicité, qui est définie comme « le fait d'exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales », se rapproche de la propagande. Toutefois, celle-ci cherche à persuader, tandis que celle-là tente uniquement de séduire. Elle n'est pas non plus la désinformation car elle va droit au but. L'intoxication, quant à elle, peut être définie comme « une action insidieuse sur les esprits, tendant à accréditer certaines opinions, à démoraliser, à dérouter ». L'intoxication est une redoutable arme de guerre. Intoxiquer l'ennemi pour le prendre par surprise est une technique courante chez les stratèges.
    Pierre Nord, alias le colonel André Brouillard du Deuxième Bureau, en a donné un bel exemple dans L'Intoxication (Rencontre, 1971). En 1943, les Alliés, qui ont déjà débarqué en Afrique du Nord, préparent l'invasion de la Sicile. Les Allemands les y attendent. Le choc risque d'être meurtrier. Les Américains vont alors les intoxiquer, en montant un stratagème, pour leur faire croire que leur action portera sur la Sardaigne et le Péloponnèse. Hitler tombe dans le panneau. Il concentre ses troupes sur ces deux lieux devenus stratégiques. Le 10 juillet, les Américains débarquent en Sicile sans difficulté. Pour Vladimir Volkoff, l'intoxication vise un groupe restreint de décideurs, comme un état-major. En revanche, la désinformation vise l'opinion publique.

    Si Soljenitsyne a de l'écho, il faut le discréditer
    Ces différences étant établies, Volkoff considère que la désinformation suppose trois éléments ; une manipulation de l'opinion publique, sinon ce serait de l'intoxication ; des moyens détournés, sinon ce serait de la propagande ; des fins politiques, sinon ce serait de la publicité. D'où la définition selon laquelle la désinformation est une manipulation « de l'opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés ». La désinformation ainsi définie, si elle est plus que jamais présente dans notre société de l'image, a connu son heure de gloire au cours de la guerre froide. Aux premières heures du 4 novembre 1956, un millier de chars soviétiques, soutenus par l'aviation, investissent Budapest. L'armée occupe bientôt tous les points stratégiques de la capitale hongroise. La radio du pays magyar, avant de tomber entre les mains des troupes d'occupation, a le temps d'adresser un appel au secours en direction de l'Occident incrédule et immobile : « Nous n'avons plus beaucoup de temps. Vous savez ce qui arrive. Aidez la nation hongroise, ses travailleurs, ses paysans et ses intellectuels. À l'aide ! À l'aide ! À l'aide ! » Qui s'est soulevé derrière le rideau de fer ? Le peuple ? Non, uniquement des réactionnaires. Des bourgeois. Des fascistes. La désinformation fonctionne. L'Occident ne bouge pas.
    La machine à désinformer se mettra en marche à chacune des interventions militaires soviétiques survenues au cours de la guerre froide. Lorsqu'en 1980 l'Union soviétique entre en Afghanistan, Georges Marchais pourra, en toute sérénité, approuver le principe d'une «intervention» qui va se solder par des milliers de victimes et l'occupation d'un pays qui avait tout autant le droit qu'un autre à sa souveraineté. À chaque fois, l'Union soviétique, relayée en Occident par de puissants réseaux de désinformation, parviendra à banaliser ses aimes et tentera de discréditer ses adversaires, tel Alexandre Soljenitsyne, qui fit l'objet, en 1981, d'un ouvrage, signé d'un certain A. Flegon, au titre évocateur : Autour de Soljenitsyne et dont le but était de le faire passer pour antisémite.

    Le communisme continue d'imprégner les esprits
    Dernier exemple : le 1er septembre 1983, un Boeing sud-coréen est abattu par l'Urss. Celle-ci doit trouver une excuse à ce qui semble être une dramatique erreur. La campagne de désinformation se met en marche. Auprès de certains gogos occidentaux, l'opération est une réussite. Le 3 octobre, le premier ministre socialiste grec déclare que l'avion « exécutait une mission d'espionnage pour la CIA et avait violé l'espace aérien soviétique pour espionner certains objectifs ». Lorsque, le 9 février 1984, Youri Andropov, secrétaire général du parti communiste soviétique et ancien chef du KGB, s'éteindra, au Parlement européen, tous les députés, à la demande du ministre français des Relations extérieures, Claude Cheysson, observeront une minute de silence en sa mémoire. L'hommage des naïfs au virtuose ?
    Nous pourrions multiplier les exemples à l'infini. La désinformation pendant la guerre froide a été telle qu'il n'est pas certain que les Soviétiques l'aient réellement perdue. À première vue, l'Occident a gagné. Militairement et économiquement. Mais intellectuellement, le communisme n'a-t-il pas triomphé ? Il est probable que oui. Même peur ceux qui le condamnent, le communisme demeure un mal relatif, lorsque le nazisme est à jamais catalogué comme le mal absolu. L'idée communiste reste une grande idée qui a été dévoyée, notamment par Staline. Les communistes repentis tiennent le haut du pavé. Ils ne sont plus communistes, mais ils ne regrettent rien. Ils y croyaient. Ils étaient jeunes. Ils avaient un bel idéal. Tentez de soutenir ces niaiseries en racontant que vous êtes un nazi repenti. Le résultat ne sera sans doute pas le même.
    Les communistes, malgré les travaux de Stéphane Courtois, sont parvenus à faire oublier leurs méfaits. Cent millions de victimes. L'invention des camps de concentration. La déportation de populations. La torture pratiquée au cours des interrogatoires. La faillite économique des pays qu'ils ont dirigés. Le recours à la terreur. Le mensonge comme moyen de gouvernement. La pollution de pays entiers. Le nazisme, qui a fait moins de victime que le communisme, a été définitivement, et à juste titre, rejeté dans les poubelles de l'Histoire. Le communisme, lui, parade toujours sur le haut de l'estrade. Tel est le résultat de soixante-dix ans de désinformation.
    « L'espoir des peuples occidentaux est d'apprendre à vivre sans s'en laisser compter », écrivait Volkoff en 1986, alors que l'Union soviétique paraissait pouvoir durer mille ans et était l'ennemi principal de tous les instants. Il ne croyait pas alors à la capacité des Américains de pratiquer la désinformation et donnait trois raisons à cela : l'impossibilité de mener une action sur les médias de l'ennemi (qui étaient, dans son esprit et dans le contexte historique, ceux du bloc soviétique contrôlés par un système totalitaire) ; l'« intention politique précise et ferme » (la formule est de Pierre Nord), qui, selon Volkoff, fait défaut de façon structurelle aux démocraties : le manque de temps (en raison des élections entraînant des changements de majorité) alors que la désinformation « nécessite une action prolongée, s'étendant sur plusieurs années au moins ».
    Le premier obstacle ayant sauté, qu'en est-il des deux autres ? Les événements de ces dix ou quinze dernières années ont montré que, par-delà les scrutins et parfois contre eux, subsistaient dans les démocraties, et notamment dans la démocratie américaine, des appareils d'Etat qui, eux, ont tout le temps pour planifier, sont mus par une volonté « précise et ferme » et n'ignorent rien des techniques exposées par Volkoff, notamment dans sa préface à La Désinformation, arme de guerre (L'Age d'homme, 1986). « À condition qu'un temps suffisant soit accordé à l'opération et qu'un nombre suffisant d'individus "massifiés" aient été touchés, écrivait-il, l'opération se déroulera d'elle-même, grâce aux truchements subalternes qu'on appelle caisses de résonance », à savoir ceux qui, croyant propager de l'information, « colportent la désinformation ».

    Le meilleur des mensonges est parfois la vérité
    Depuis l'effondrement de l'« Empire du Mal », les Américains sont devenus, à leur tour, des mièvres en matière de désinformation. La manière dont ils ont vendu à l'opinion publique les deux guerres du Golfe et l'agression de la Serbie en constitue la plus belle illustration. À coup d'images tronquées, de faux témoignages et de rumeurs soigneusement entretenues, ils sont parvenus à construire deux épouvantails, Saddam Hussein et Slobodan Milosevic, dont l'élimination est devenue, dans l'inconscient de tous, une œuvre de salubrité publique. Même les Soviétiques, au temps de leur splendeur, n'étaient pas parvenus à une telle perfection dans le machiavélisme le plus sournois.
    La désinformation étant devenue l'outil essentiel de la manipulation des foules, il est essentiel de conserver un esprit critique devant tout événement. Surtout s'il paraît évident. Anodin. Avéré. Car comme l'a dit l'écrivain américain Isaac Asimov : « The closer to the truth, the better the lie, and the truth itself, when it can be used, is the best lie. » « Plus un mensonge est proche de la vérité, plus il est efficace ; et la vérité elle-même, lorsque l'on peut en faire usage, est le meilleur des mensonges.. »
    Thierry Normand Le Choc du Mois février 2007

  • Russie : restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques

    Si l’on évoque la restauration poutinienne en Russie, après le terrible ressac vécu par l’ancienne superpuissance communiste sous le règne, somme toute assez bref d’Eltsine (1), il convient de le faire correctement : non pas dans le simple but d’énoncer des faits qui concernent un monde différent du nôtre, mais bel et bien dans la perspective de construire une alternative géopolitique solide face aux projets d’assujettissement de l’Europe et du reste du monde, projets que cultive la seule hyperpuissance encore en lice, à savoir les États-Unis.

     

    Cette perspective géopolitique ne saurait être une construction de l’esprit, toute nouvelle, sans racine. Les relations euro-russes ont au contraire des racines anciennes et l’Axe Paris/Berlin/Moscou que préconisait naguère Henri de Grossouvre est, outre une impérieuse nécessité, le prolongement et la réactualisation d’un projet vieux de près d’un quart de millénaire. La perspective eurasienne, dans notre famille politique malheureusement fort réduite en nombre et en taille, se réfère assez souvent au rêve du national-bolcheviste allemand Ernst Niekisch, qui avait imaginé, dans les années 20 et 30 du XXe siècle, une alliance germano-slave, fondée sur le paysannat et le prolétariat, prête à bousculer un Occident vermoulu, idéologiquement arrêté aux schématismes des Lumières du XVIIIe. Plus fondamentalement, nous percevons, aujourd’hui, après l’inévitable détour par Niekisch, des préludes cohérents à l’Axe de Henri de Grossouvre dans l’Alliance des Trois Empereurs sous Bismarck et sous les tsars germanophiles du XIXe et dans l’alliance de facto qui, dans le dernier quart du XVIIIe, unissait la France de Louis XVI, l’Autriche et la Russie de Catherine II, permettant de battre la thalassocratie anglaise à Yorktown en 1783 et à chasser les Ottomans de la Mer Noire et à les contenir dans les Balkans (2). La Révolution française ruinera cette unité et ces acquis, qui auraient pu faire le salut de l’Europe, en lui permettant de garder sa cohérence et de parachever l’assaut contre les Ottomans.

     

     

    1759 : année clef

     

     

    Mais déjà avant cette alliance générale, à la veille de 1789, la France, l’Autriche et la Russie avaient uni leurs forces pendant la Guerre de Sept Ans. Un historien anglais actuel vient de démontrer que ce conflit intérieur européen avait permis à l’Angleterre, puissance insulaire située en marge et en face du continent, de jeter les bases réelles de son futur empire extra-européen, à partir de l’année-clef que fut 1759 (3). L’art des historiens anglo-saxons de remettre l’histoire intelligemment en perspective ramène ainsi à notre mémoire vive 2 faits géostratégiques devenus permanents : 1) utiliser une puissance européenne pour déséquilibrer le continent et rompre son unité ; l’instrument de cette stratégie fut à l’époque la Prusse ; 2) profiter des guerres européennes pour porter la guerre hors d’Europe, sur des fronts plus dégarnis et y engranger de solides dividendes territoriaux et stratégiques sans grandes pertes et sans gros frais, comme ce fut le cas au Canada et en Inde, d’où fut évincée la France.

     

     

    Lorsque nous analysons aujourd’hui le réveil russe de Poutine, c’est donc dans la perspective de retrouver les alliances stratégiques stabilisatrices d’avant 1789, où les idéologies modernes, bellogènes à l’extrême en dépit de leur pacifisme autoproclamé, ne jouaient encore aucun rôle déstabilisateur. Entrons maintenant dans le vif du sujet.

     

     

    De Gorbatchev à Eltsine, la Russie semblait galoper tout droit vers le chaos, vers une nouvelle “Smuta”, un nouveau “Temps des Troubles” : perte du glacis est-européen, perte de la périphérie balte et caucasienne, perte des acquis territoriaux en Asie centrale, etc., effondrement de la monnaie et ressac social et démographique sur toute la ligne. Eltsine, figure d’abord positivement médiatisée pour avoir annoncé la fin du communisme, juchée sur un char d’assaut ; en dépit de cette image, il inaugurera toutefois un régime sans aucune colonne vertébrale : les oligarques en profitent pour acquérir personnellement, par toutes sortes de stratagèmes douteux, les richesses du pays. Dans l’industrie pétrolière, ils font augmenter la production de brut grâce à des prêts du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque de New York et cèdent à des consortiums pétroliers américains et britanniques des parts importantes dans l’exploitation des hydrocarbures russes. Poutine, dès son accession au pouvoir en janvier 2000, met vite un holà à ces déviances. Immédiatement, puissances anglo-saxonnes, pétroliers, oligarques et idiots de service dans le monde médiatique se mobilisent contre lui et lui déclarent la guerre, une guerre qui sévit toujours aujourd’hui. Terrorisme tchétchène d’Ahmed Zakaïev (avec ses appuis turcs), révolution des roses en Géorgie et révolution orange en Ukraine sont les fruits âcres d’un vaste et sinistre complot destiné à affaiblir la Russie et à défenestrer Poutine. Seul l’ex-oligarque Roman Abramovitch fera amende honorable (4), rendra les biens acquis sous Eltsine à l’État russe, deviendra gouverneur du Kamtchatka pour redonner vie à cette région déshéritée mais hautement stratégique. Il servira également d’intermédiaire entre Poutine et Olmert dans les litiges russo-israéliens.

     

     

    Russie : puissance orthodoxe

     

     

    Après l’effondrement du communisme et le retour des valeurs religieuses, surtout dans l’aire musulmane, en Afghanistan d’abord, dans l’Asie centrale ex-soviétique ensuite mais dans une moindre mesure, la Russie se trouve déforcée par les décennies de propagande anti-religieuse du système soviétique, qui a mis à mal la vigueur de l’orthodoxie dans les populations slaves et a généralisé une asthénie spirituelle déliquescente, mais n’a pas autant entamé l’islam centre asiatique, qui fut de surcroît revigoré par l’argent saoudien et l’appui américain aux moudjahiddins afghans. Qui plus est, dans les premières années du post-communisme, la vague du matérialisme occidentaliste secoue de fond en comble une Russie déboussolée mais, comme le remède croît toujours en même temps que le péril, le retour à l’orthodoxie d’une partie de la population (60% selon les sondages) redonne partiellement au pays une identité religieuse et politique traditionnelle, dont l’Europe occidentale est depuis longtemps dépourvue. Alexandre Soljénitsyne exhortait le peuple russe à retrouver l’esprit de l’Orthodoxie et le Patriarche Alexis II apporte son soutien à Vladimir Poutine, qui, lui, définissait son pays comme « une puissance orthodoxe », lors de sa visite au Mont Athos en Grèce en septembre 2005. Ce retour à l’orthodoxie ravive un certain anti-occidentalisme, bien lisible dans les déclarations d’un concile d’avril 2006, où l’église orthodoxe russe a promulgué sa propre Déclaration des droits et de la dignité de l’homme, où sont fustigés et l’individualisme occidental et la volonté d’ingérence étrangère cherchant à imposer des droits de l’homme de facture individualiste en Russie et en toutes les autres terres orthodoxes. Le texte ajoute : « Il est des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l’homme, tels la foi, la morale, le sacré, la patrie », où le philosophe de l’histoire décèlera un refus de la rupturalité calamiteuse que représente l’idéologie des droits de l’homme de 1789 à la vulgate médiatique actuelle, quand on la manipule avec l’hypocrisie que nous ne connaissons que trop bien. Le 17 mai 2007, les églises russes en situation de diaspora depuis les années 20 se réconcilient avec le Patriarcat de Moscou (5), ce qui rend plus difficile la tâche de monter les options de l’orthodoxie russe les unes contre les autres.

     

     

    Ukraine : la révolution orange patine

     

     

    L’ingérence occidentale s’effectue essentiellement par le biais des “révolutions colorées” (6), nouveau mode de pratiquer la “guerre indirecte” et de grignoter les franges extérieures de l’ancien empire des tsars et de l’URSS, dont les républiques caucasiennes et l’Ukraine. On sait que la révolution orange fut finalement un fiasco pour ces commanditaires occidentaux ; Victor Iouchtchenko, le Président élu pour son programme pro-occidental, n’a guère fait bouger les choses, ni dans un sens ni dans l’autre, en dépit de sa volonté de faire entrer l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN. L’icône féminine de l’effervescence orange de 2005, Youlia Timochenko, a basculé dans la corruption et la démagogie la plus plate, sans aucune assise idéologique claire. Ianoukovitch, l’ancien leader pro-russe d’Ukraine orientale, demeure pragmatique : l’Ukraine n’est pas mûre pour l’OTAN et l’UE ne veut pas de Kiev, dit-il. Fin septembre 2007, pour les élections, pas de manifestations dans les rues. Le calme. Les agences occidentales ne paient plus. Pour l’écrivain Andreï Kourkov, les personnages de la révolution orange étaient des marionnettes : le pouvoir demeure aux mains des gestionnaires de l’économie ukrainienne, liée à l’économie russe (7).

     

     

    En Géorgie, où l’actuel Président Mikhail Saakachvili avait pris le pouvoir en novembre 2003 à la suite de la révolution des roses, une contre-révolution vient d’éclater, sans leader bien profilé (8), qui déstabilise la créature de l’américanosphère, l’icône masculine des médias téléguidés depuis les États-Unis, hissée en selle il y a quatre ans. En dépit de sa victoire et de la mise au pas de l’Adjarie sécessionniste en mai 2004, Saakachvili n’a pas réussi à dompter une autre province dissidente, l’Ossétie du Sud, arc-boutée à la chaîne du Caucase. Ce territoire d’à peine 75.000 habitants ne compte que 20% de Géorgiens ethniques. Sa population est fidèle à la Russie. En agissant sur le mécontentement populaire face à la politique pro-occidentale (et donc néo-libérale/globaliste) de Saakachvili et sur les spécificités ethniques adjars et ossètes, Poutine a trouvé le moyen de contrer les effets d’une révolution colorée et de forger les armes pour disloquer celles qui, éventuellement, émergeraient demain.

     

     

    Octobre 2007 : Sommet de Téhéran

     

     

    Autre succès majeur de Poutine : la vaste stratégie pétrolière qu’il a déployée, en Europe et en Asie. Il a réussi à disloquer la cohésion des oligarques (9), à apaiser les dangers de conflit qui existaient entre riverains de la Caspienne. Le sommet de Téhéran en octobre 2007, qui réunissait les dirigeants de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, avait pour objet de stabiliser la situation sur les rives de la Caspienne et d’y organiser un modus vivendi pour l’exploitation des ressources locales d’hydrocarbures et de gaz. Les accords qui en découlent stipulent, notamment, que les pays riverains, participant à la conférence, ne permettront pas que leurs territoires respectifs servent de base à des puissances hors zone pour agresser un quelconque État co-signataire. Iran compris, cela s’entend (10).

     

     

    Dans le contexte actuel, où l’atlantisme appelle une nouvelle fois au carnage et où l’un de ses chiens de Pavlov, en la personne du sarköziste et ex-socialiste Kouchner, joint ses aboiements sinistres au lugubre concert des bellicistes, cette disposition du sommet de Téhéran bloque toute velléité américaine d’ingérence en Asie centrale et préserve le territoire iranien sur son flanc nord, alors que l’Iran est aujourd’hui dangereusement encerclé entre les bases US du Golfe, d’Irak et d’Afghanistan. L’Iran est la pièce centrale, et non encore contrôlée, d’un territoire qui correspond à l’USCENTCOM (lequel s’étend de l’Égypte à l’Ouest au Pakistan à l’Est). Ce territoire, dans la perspective des stratégistes américains inspirés par Zbigniew Brzezinski, doit servir à terme, avec son “Youth Bulge” (son trop-plein démographique et sa natalité en hausse constante, sauf en Iran), de marché de substitution au bénéfice des États-Unis, car l’Asie garde des réflexes autarcistes et l’Europe possède un marché intérieur moins accessible, avec, en plus, une démographie en net recul. Le contrôle de cet espace implique évidemment l’élimination de l’Iran, pièce centrale et aire nodale d’une impérialité régionale plurimillénaire, l’éloignement stratégique de la Russie et son refoulement de tous les territoires conquis depuis Ivan le Terrible, le contrôle de la Mésopotamie et des hauteurs afghanes et la dislocation des cultures masculinistes et, partant, anti-consuméristes, de cette vaste aire, certes islamisée, mais recelant encore beaucoup de vertus et de vigueurs pré-islamiques, tout en demeurant rétive au fanatisme wahhabite.

     

     

    “South Stream” et “North Stream”

     

     

    Les accords sur la Caspienne auront une implication directe sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le système d’oléoducs et de gazoducs “Nabucco”, favorisé par les États-Unis, qui entendaient, par son truchement, diminuer les influences russes et iraniennes sur la distribution d’énergie, se verra compléter par le système dit “South Stream”, qui partira de Novorossisk sur les rives de la Mer Noire pour aboutir aux côtes bulgares (donc sur le territoire de l’UE), d’où il partira vers l’Europe centrale, d’une part, et vers l’Albanie et, de là, vers l’Italie du Sud, d’autre part. L’ENI italienne est partie prenante dans le projet (11). La réalisation de celui-ci, à travers la partie pacifiée des Balkans, ruine automatiquement les manœuvres dilatoires des forces atlantistes en Baltique, où les États-Unis incitent les petites puissances de la “Nouvelle Europe”, chère à Bush, à annihiler le projet d’acheminer le gaz russe vers l’Allemagne au départ de Königsberg/Kaliningrad ou du Golfe de Finlande, impulsé par le Chancelier Schröder à l’époque bénie — mais si brève — de l’Axe Paris-Berlin-Moscou. Le système de gazoducs de la Baltique porte le nom de “North Stream” (12) : son parachèvement est aujourd’hui bloqué par l’opposition de Tallinn à tous travaux le long de la côte estonienne. Ce blocage est dicté en ultime instance par Washington qui excite en sous-main les Pays Baltes et la Pologne contre tous les projets de coopération euro-russe ou germano-russe, restituant ainsi de facto le “Cordon sanitaire” de Lord Curzon et les effets mutilants du Rideau de Fer sur les dynamiques intérieures de l’Europe dans son ensemble. Ce qui a toujours été le but des puissances thalassocratiques.

     

     

    La victoire électorale de Poutine en décembre 2007 démontre, outre sa réelle popularité en dépit des campagnes des oligarques et des médias, que les stratégies de “révolutions colorées” ont fait long feu : à celles-ci, Poutine a répondu par une mobilisation citoyenne et patriotique en créant le mouvement Nachi (Les Nôtres) qui a tenu la rue en lieu et place de sycophantes comme Kasparov ou autres écervelés sans intelligence géopolitique ou géostratégique.

     

     

    L’Europe ne peut vouloir une Russie déstabilisée et plongée dans le chaos, car, dans ce cas, elle serait automatiquement entraînée, sinon dans un chaos similaire, du moins dans une récession dont elle pourrait bien se passer, vu son déclin démographique, sa relative stagnation économique et les signes avant-coureurs d’une réelle paupérisation dans les classes laborieuses, fruit de près de trente ans de néo-libéralisme.

     

     

    Conclusions

     

     

    En conclusion, le phénomène Poutine doit nous amener à penser notre destin politique dans les catégories mentales suivantes :

     

    ♦ Ne pas tolérer le poids d’oligarques de toutes natures dans nos sphères politiques, qui aliènent richesses, fonds et capitaux par l’effet de pratiques de délocalisation ; selon le bon vieux principe du primat du politique sur l’économique, que Poutine a réussi à faire triompher ;

     

    ♦ Comprendre enfin la nécessité d’une cohésion religieuse visible et visibilisée (comme le voulait Carl Schmitt), plus difficile à restaurer en Occident vu les dégâts profonds qu’ont commis sur le long terme le protestantisme, le sectarisme diversifié et chaotique qui en est issu et la déliquescence du catholicisme depuis le XIXe siècle et Vatican II ;

     

    ♦ Susciter une vigilance permanente contre les manipulations médiatiques qui ont conduit en France aux événements de mai 68 (pour chasser De Gaulle), aux grèves de 1995 (pour faire fléchir Chirac dans sa politique nucléaire à Mururoa), aux révolutions colorées ; il faut être capable de générer une contre-culture offensive contre ce que les agences d’outre Atlantique tentent de nous faire gober, afin de provoquer par les effets de ce soft power rudement bien rodé des mutations politiques favorables aux États-Unis ;

     

    ♦ Il faut viser une indépendance énergétique grande-continentale, ne permettant pas aux pétroliers américains de contrôler les flux d’hydrocarbures sur la masse continentale eurasienne, au bénéfice de leurs seuls intérêts et au détriment de la cohésion du Vieux Monde ;

     

    ♦ Il faut suivre Poutine dans ses offensives diplomatiques en Asie, surtout en direction de l’Inde et de la Chine ; l’Europe a intérêt à être présente dans le sous-continent indien et en Extrême-Orient, dans une perspective d’harmonisation des intérêts, comme l’avait d’ailleurs déjà préconisé la Chine dans ses réponses aux tentatives occidentales d’ingérence intellectuelle (le soft power, qui bute contre la culture impériale chinoise).

     

    Les coopérations euro-russes, euro-indiennes et euro-chinoises ouvrent des perspectives autrement plus séduisantes que le sur-place atlantiste, que notre triste macération dans le graillon de la dépendance médiatique et politique, où nous sommes plongés pour notre honte. Tous les peuples de la Terre attendent le réveil de l’Europe. Celle-ci n’est viable que branchée sur l’Eurasie, à commencer par la Russie, comme au temps des grandes alliances, amorcé à l’époque de la Guerre de Sept Ans.

     

    Robert Steuckers (Forest-Flotzenberg, décembre 2007). http://robertsteuckers.blogspot.fr/

     

     

    • Notes :

     

    • (1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 nov. 2007 (article tiré de la revue sud-africaine Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa). 
    • (2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse : Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; également, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.
    • (3) Frank McLYNN, 1759 : The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.
    • (4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen : Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit Nr. 42/2007 ; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch : Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit Nr. 46/2007.
    • (5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (paru en kiosque en nov. 2007). Voir également : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, plus spécialement le chapitre : « L’Église orthodoxe par ce Temps des Troubles », p.  301 et ss.
    • (6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, en date du 10 décembre 2004, intitulé „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“ ; ce dossier est accompagné d’un entretien avec le stratégiste et théoricien des guerres indirectes, Gene Sharp, intitulé « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. surtout Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).
    • (7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.
    • (8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Okt. 2007.
    • (9) www.barnesreview.org / Un texte issu de ce site a été traduit en italien. Il s’agit de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 nov. 2007.
    • (10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 oct. 2007.
    • (11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 nov. 2007.
    • (12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 oct. 2007. Rappelons toutefois que le projet d’un oléoduc (ou gazoduc) vers l’Allemagne et la Pologne n’est pas une idée neuve. En décembre 1959, Soviétiques, Polonais et Est-Allemands signent un accord à Moscou pour la construction de la « branche nord de l’oléoduc de l’amitié ». Le “North Stream”, dont question ici, n’en est que la réactualisation, dans un contexte qui n’est plus marqué par la guerre froide. 
  • Une jeunesse militante...

    Je n’ai que deux souvenirs de Mai 68 : l’image aperçue à la télévision (en noir et blanc) d’une façade d’immeuble léchée par les flammes d’une barricade en feu et un barrage de manifestants à la sortie de Dinan, devant une usine sans doute occupée, qui tapaient joyeusement sur le capot de la R16 familiale avec le plat de la main… Mais les années qui suivirent furent celles de mon ébauche de réflexion politique puis de mon engagement militant, d’abord hésitant et surtout anticommuniste (le communisme était encore, à l’époque, une opinion courante…), puis enfin royaliste, définitivement, à partir de l’été 19

    Le film « Après Mai », sur les écrans depuis quelques jours et qui retrace le parcours de quelques lycéens gauchistes au début des années 70, ne m’a pas vraiment surpris et je l’ai vu comme un bon résumé du parcours de nombreux jeunes engagés politiquement, qu’ils soient, d’ailleurs, d’extrême-gauche ou d’autres obédiences ! Oui, notre jeunesse fut « folle », et militante, éminemment « intellectuelle et violente » selon la formule de Maurras, en fait passionnée, dirait-on aujourd'hui ! Quand Olivier Assayas, l’auteur du film, était mao ou je ne sais quoi, j'étais tout aussi révolutionnaire, mais nationaliste et royaliste, et nous, nous aussi, de l’autre côté de la barricade, voulions changer le monde, mais aussi restaurer la monarchie, sauver la France dont, comme l'écrivait Bernanos, le monde avait besoin... Nous couvrions les murs de slogans, de fleurs de lys : en une nuit du printemps 84, nous avons usé 17 bombes de peinture ! Certains de nos slogans couvraient une cinquantaine de mètres de mur, à Villejean ou à Beaulieu, à Sciences éco., place Hoche (déjà !) ! Nous sautions par dessus les murs des lycées (Jean-Macé, Chateaubriand, et j’en oublie !) et des facs, affirmant en lettres gigantesques que « Marianne n’aime personne mais elle b... tout le monde » ou déclarant, dans un style très doctrinal « Pour l’auto-organisation des peuples de France sous l’arbitrage d’un exécutif héréditaire et successible : le Roi ! » (si, si, je l’ai écrit !), nous élevions des barricades rue d'Estrées un soir de mai 83 et nous passions notre temps à courir, à crier, à haranguer, parfois à nous battre pour protéger « notre » point de vente, sur le marché des Lices ou place de la Mairie... Ça ne s'arrêtait jamais, nous tenions meeting à la Maison du Champ de Mars ou nous faisions des manifestations (y compris de nuit) en criant « Monarchie populaire », nous affichions sur les grandes baies vitrées de Villejean parfois toutes les nuits ! Chaque soir ou presque, j’écrivais un nouveau texte de tract que je photocopiais le lendemain matin avant de l’afficher sur les panneaux de la Fac de Droit ou dans les couloirs de celle d’Histoire, ou que nous distribuions sur les tables du Restaurant Universitaire de Villejean avant que les étudiants ne s’installent pour manger ! Lors des grèves ou des Assemblées générales étudiantes, nous prenions la parole, parfois sous les huées et les insultes, mais j’avoue que je n’avais pas du tout peur, grisé par cette ambiance électrique et houleuse dans laquelle je me sentais vivre pour convaincre autrui ! C'était fou, et c'était bon ! Et on clamait « vive le roi » sur le marché des Lices quand les « autres » nous chargeaient, à dix contre un ! Il m’est arrivé de me retrouver ensanglanté, le nez sur le trottoir… Oui, c'était notre jeunesse, et c'était les plus belles années de ma vie : cela valait le coup de vivre cette folle jeunesse militante, j'en ai encore des souvenirs plein la tête et, surtout, plein le coeur... 

    Il me faudra écrire, un jour, sur ces années militantes, principalement rennaises, et qui m’ont fait ce que je suis et ce que je suis resté, envers et contre tout, même si les formes ont parfois changé et que les enjeux ne sont plus forcément les mêmes.

    Les années ont passé… Le roi n’est pas là, c’est vrai, et il tarde à venir, mais, plus que jamais, le combat royaliste me semble opportun, parfois sur des chantiers idéologiques nouveaux, en appliquant aussi la formule maurrassienne de « la tradition critique », nécessaire pour éviter les erreurs, voire les errements d’une autre époque qui ont tant coûté au royalisme français, parfois à son honneur, souvent à sa crédibilité et à son efficacité…

    Ce qui est certain, c’est que c’est bien au contact des autres, les tracts à la main ou lors des débats dans la rue ou sur la Toile, que le royalisme est visible, et qu’il a des chances de prouver qu’il est crédible : la recherche intellectuelle et l’attention portée aux enjeux de notre temps ; la discussion argumentée avec autrui, sympathisant, adversaire ou simple curieux ; l’action militante « par tous les moyens même légaux », sont nécessaires pour faire advenir cette monarchie qui n’est pas un « sceptre magique » mais le moyen institutionnel « le moins mauvais » pour assurer la pérennité de notre Etat et de la France comme nation historique et éminemment politique. Difficile ? Lointaine ? Sans doute…

    Mais, au moins, la faire connaître et la rendre possible, et, si ce n’est pour nous, pour les générations à venir qui pourraient bien, d’ailleurs, retrouver l’élan et l’ardeur de « notre jeunesse », celle qui ne m’a, en définitive, jamais quitté…

    http://jpchauvin.typepad.fr/