
Darmanin fait au ministère de la Justice ce qu'il savait le mieux faire à Beauvau : de la communication. Depuis sa nomination, il y a à peine une semaine, il enchaîne les opérations (de com') de terrain et les interventions dans les médias : 20 Heures de TF1, jeudi soir, et grand entretien au Parisien, ce week-end. Rien de répréhensible ; c'est même ainsi que se gravissent les marches de notre cursus honorum. Rien de surprenant, non plus, dans ses propos : Darmanin dit ce que le public souhaite entendre. Mais comme il y a, dans la France fracturée de 2024, plusieurs publics correspondant à plusieurs peuples, Darmanin dit des choses contradictoires, envoyant des cartes postales à chacun de ces électorats. Cette triangulation démagogique, qui remonte à Sarkozy et même à Chirac, est l'ADN du macronisme et Darmanin espère ainsi rafler l'héritage de la firme qui, même déprécié, peut toujours, sur un malentendu ou un barrage républicain, vous ouvrir les portes de l'Élysée.