
Par Gérard Leclerc
Le retour du refoulé de la tragédie algérienne, qui marqua si fort l’adolescence de ma génération, commence heureusement à sortir du cadre d’un réquisitoire unilatéral contre l’armée française.
Que notre armée ait à se confronter avec la mémoire de cette terrible épreuve, je serai le dernier à le récuser.
Il ne saurait être question de nier les crimes qui furent commis par les nôtres, et de passer par pertes et profits la machine à torturer, ce système qui tue aussi sûrement l’âme du tortionnaire que le corps de son supplicié. En ce sens, je reconnais l’honneur des justes qui dénoncèrent cette horreur, même si les réserves fondamentales que je tiens à formuler à l’égard de certains de leurs présupposés ne me situent pas dans la ligne de leur pensée. J’ai trop d’estime à l’égard d’une Germaine Tillon et d’un Pierre Vidal-Naquet pour ne pas leur dire en même temps mes accords et mes désaccords.