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  • Critique de Il Mito del Sangue de Julius Evola

    Critique de Il Mito del Sangue de Julius Evola Ce petit volume est une histoire du racisme, depuis les théories du comte de Gobineau et de Vacher de Lapouge, puis de Houston Stewart Chamberlain, jusqu’aux nouveaux développements qu’il a reçu récemment en Allemagne et qui y ont revêtu le caractère d’une doctrine en quelque sorte « officielle ». Le terme de « mythe » n’est pas pris ici dans le sens d’une simple fiction imaginative, mais dans celui d’une « idée qui tire principalement sa force persuasive d’éléments non rationnels, une idée qui vaut par la force suggestive qu’elle condense, et, par suite, par sa capacité de se traduire finalement en action ».

    L’auteur, s’efforce d’ailleurs d’être aussi impartial que possible dans son exposé, bien que, naturellement, il ne dissimule pas les contradictions qui existent entre les diverses conceptions dont l’ensemble constitue le racisme, et que parfois il laisse même deviner les critiques générales qu’il aurait à leur adresser, critiques qui portent surtout sur le caractère « naturaliste » et « scientiste » qu’elles présentent dans la plupart de leurs aspects.

    A vrai dire, la notion même de race est assez difficile à préciser, d’autant plus qu’on est en tout cas forcé de reconnaître qu’actuellement il n’existe nulle part de race pure ; ce qui est plutôt singulier, d’autre part, c’est que les races ou soi-disant telles qu’envisagent les anthropologistes et les préhistoriens, dont les travaux sont plus ou moins à la base de toutes les théories en question, n’ont plus absolument rien à voir avec les races qui furent reconnues traditionnellement de tout temps ; il semblerait que le mot soit pris là en deux sens totalement différents.

    Un point, par contre, ou ces théories se sont totalement rapprochées des données traditionnelles, c’est l’affirmation, si longtemps perdue de vue en Occident, de l’origine nordique ou hyperboréenne de la civilisation primordiale : mais, là encore, bien des confusions et des interprétations fantaisistes ou hypothétiques se mêlent, dans des ouvrages comme ceux d’Herman Wirth par exemple, à la reconnaissance de cette vérité.

    Tout cela, au fond, et même dans les éléments valables qui s’y rencontrent, ou, si l’on préfère, dans la façon dont ils sont traités, relève donc certainement bien plutôt de la « recherche » moderne que de la connaissance traditionnelle ; et c’est bien pourquoi le point de vue « naturaliste » qui est essentiellement celui des sciences profanes, ne saurait guère y être dépassé ; quant à savoir ce qui sortira finalement de ce véritable « chaos » d’idées en fermentation, c’est là, assurément, une question à laquelle l’avenir seul pourra apporter une réponse.

    René Guénon http://www.voxnr.com

    Notes :

    René Guénon, Compte rendu de livre, Editions Traditionnelles, Juillet 1937.

  • Emeutes au cœur de Paris : désinformation flagrante du système

    PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Nous revenons sur les émeutes qui ont vu des centaines de « jeunes » venus des banlieues de l’immigration investir le XVIe arrondissement pour « célébrer » à leur façon le titre de champion de France.

    Dès le dimanche soir, les magasins des Champs‑Elysées sont pillés, des voitures brûlées, l’avenue et les rues alentour transformées en champ de bataille. Cet épisode, très peu de médias l’ont évoqué. Lundi en fin de journée les premières vidéos commencent à paraître sur les réseaux Internet, mais toujours rien dans la grande presse. Il a fallu attendre le second soir, lundi, pour que les médias centraux du régime consentent à évoquer ces violences, mais pour se livrer à un véritable festival de désinformation !

    Au-delà de l’occultation initiale de ce qu’il faut bien appeler des razzias, c’est en effet le traitement donné par les médias du système qui est proprement hallucinant

    Certains ont repris mot pour mot les déclarations des membres du gouvernement qui accusent les supporters « d’extrême droite », « hooligans » et autres « ultras ». Alors que les images démentent totalement ces accusations, à aucun moment le terme « racaille » n’est employé pour désigner les vrais coupables. Les médias centraux préfèrent imputer la faute à un « manque d’anticipation » de la préfecture, de la ville de Paris, voire du maire du XVIe.

    Cambadélis, vice‑président du Parti socialiste européen, par ailleurs multirécidiviste lourdement condamné dans les scandales Argos et Mnef, n’a pas hésité pour sa part à parler de « connexion » entre « Les manifestants contre le Mariage pour tous et les hooligans qui gravitent autour du PSG. Là, il y a eu la conjonction des deux et évidemment ils s’en sont donnés à cœur joie ». Une désinformation abyssale… Une vidéo de BFMTV, rapidement retirée mais encore visible sur l’hébergeur russe RuTube où FdeSouche l’a mise en sécurité (vidéo ci-dessous), donne la parole à un témoin direct, habitant du XVIe, pour lequel les émeutiers étaient « Des noirs et des Arabes ». De fait, aucun des casseurs arrêtés n’était supporter du PSG.

    Pour Marine Le Pen, la classe politique, Manuel Valls en tête, s’est totalement ridiculisée en se refusant de voir la réalité

    Pour la présidente du Front national, ces événements signent « L’échec absolu de la politique d’immigration ». Elle dénonce également « Les signaux de laxisme d’Etat donnés par Mme Taubira et avant elle par l’ensemble des ministres de l’intérieur de Nicolas Sarkozy », poursuivant « Idéologiquement, on n’a pas voulu déplaire au Qatar (…) un pays qui arme, aide et assiste tous les islamistes radicaux du monde, et dont l’argent a corrompu une classe politique lâche et impuissante ». Marine Le Pen a une nouvelle fois souligné ce que d’aucuns ne souhaitent voir : le lien consubstantiel entre immigrations de masse et violences urbaines. Selon Le Figaro, la facture des récentes émeutes se monterait à un million d’euros.

    http://fr.novopress.info

  • Banquiers : ils avaient promis de changer

    Il y a 5 ans, le monde était secoué par une crise financière sans précédent. La promesse alors : une finance plus morale, des banquiers plus transparents et un consommateur mieux protégé.

  • Certains Verts souhaitaient mettre la pédophilie sur le même plan que l'homosexualité

    Lu dans Le Monde :

    "Samedi 20 avril, Daniel Cohn-Bendit s'est vu remettre le prestigieux prix Theodor-Heuss, une distinction qui récompense une personnalité qui s'est engagée en faveur de la démocratie. Mais la fête a été en partie gâchée par une reprise de la polémique sur les écrits du député européen, notamment dans son livre Le Grand Bazar(Belfond), publié en 1975. Le président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui devait prononcer l'hommage, s'est décommandé. Jugeant que Daniel Cohn-Bendit s'est exprimé dans cet ouvrage " d'une façon qui n'est pas sans poser problème sur la sexualité entre adultes et enfants ", il ne voulait pas paraître " approuver de telles déclarations ". Même attitude de la part de la ministre de la justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (FDP).

    Tous deux font référence au Grand Bazar, où Daniel Cohn-Bendit raconte son expérience d'éducateur dans un jardin d'enfants autogéré de Francfort. " Il m'était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller, écrit-il. Je réagissais de manière différente selon les circonstances mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : "Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m'avez choisi, moi, et pas les autres gosses ?" Mais s'ils insistaient, je les caressais quand même."

    [...] Les Verts allemands sont ainsi confrontés à leur passé. Des journaux rappellent que, dans les années 1980, siégeait au sein des Verts une commission intitulée " Gays, pédérastes et transsexuels ". A l'époque, certains Verts souhaitaient mettre la pédophilie sur le même plan que l'homosexualité, et condamnaient les discriminations dont étaient victimes les pédophiles. [...]"

    Mais sur ce genre de sujet, seule l'Eglise est coupable...

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com

  • Trocadéro : Valls et Batho ont financé les casseurs du PSG

    Toujours partants pour promouvoir des bobards, les médias de l’oligarchie, et singulièrement Le Monde, ont mis en cause les « ultras » dans les violentes émeutes du Trocadéro. « Ultra », suivez mon regard et certaines photos, bon sang mais c’est bien sûr : c’est encore « l’extrême droite » !

    Il n’en est évidemment rien. Les émeutiers, principalement d’origine africaine et maghrébine, venaient des banlieues de l’immigration.

    Et ils n’étaient pas là par hasard mais par la politique conduite par le Parti socialiste. [...]

    Benjamin Blanchard - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Syrie : la livraison d’armes russes au cœur des négociations

    Syrie : la livraison d’armes russes au cœur des négociations

    DAMAS (NOVOpress/Bulletin de réinformation) – Le Premier ministre israélien était mardi à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine au sujet de la Syrie. Benyamin Netanyahou est venu lui demander de renoncer à livrer des missiles sol-air S-300 à Bachar al‑Assad. Ces armes, développées par l’URSS, sont encore assez efficaces pour intercepter en vol des avions et des missiles balistiques. Elles ont fait l’objet d’un contrat entre la Russie et la Syrie en 2010. Ces missiles pourraient permettre à la Syrie d’intercepter les attaques aériennes israéliennes contre son territoire, comme celles effectuées début mai.

    Quel impact cette livraison de missiles a-t-elle dans la guerre civile en cours ?

    Elle intervient alors que les forces du régime de Damas progressent sur tous les fronts : les banlieues de Homs (Hims en arabe) et Alep sont sous contrôle (carte en Une), et la ville de Qousseir, qui relie Homs au littoral, est en train d’être reconquise. La stratégie de Bachar al‑Assad est en effet d’assurer un accès à la mer depuis la capitale, à travers un corridor sécurisé. Ses victoires sur le terrain sont cependant menacées par les velléités des Américains et des Israéliens de mener des frappes aériennes contre les troupes gouvernementales. L’installation des missiles russes S-300 rendrait donc ces bombardements beaucoup plus risqués, et Vladimir Poutine agite leur livraison comme outil de négociation, pour pousser Israël et les Etats-Unis à ménager le régime syrien.

    Moscou semble donc le rempart de l’Etat syrien…

    L’influence de la Russie sur Damas demeure toutefois limitée. La livraison d’armes constitue le principal levier d’action sur la Syrie que la Russie peut faire valoir dans les négociations internationales. En outre, les véritables bailleurs de fonds et d’armes de Bachar al-Assad sont les dirigeants iraniens. La Syrie est en effet un maillon essentiel de la chaîne qui unit l’Iran au Hezbollah libanais. Cet arc chiite, anti‑américain et anti‑israélien, est un obstacle aux influences des puissances occidentales, mais aussi des pétromonarchies sunnites du Golfe persique. Celles-ci, bien que portant à bout de bras l’islamisme, se retrouvent donc unies à l’Etat d’Israël et à la Turquie dans une alliance discrète, qui vise à mettre à terre le régime syrien.

    La conférence internationale que les Russes appellent de leurs vœux depuis des mois est-elle en vue ?

    Les Américains en ont accepté le principe, malgré les réserves de la France. Mais les négociations pourraient encore se poursuivre plusieurs semaines sur les détails de l’organisation de la conférence internationale. Le point de savoir qui sera à la table des négociations est particulièrement litigieux.

    Crédit image : The World Factbook, domaine public.  http://fr.novopress.info

  • La Cause des Blancs trop souvent trahie

     

    130517

    Nous vivons vraiment sous une écœurante république. Ce régime destructeur écrase même en nuisance celle des petits hommes qui l'incarnent. Voilà ce que confirmait, une fois encore, la conférence présidentielle du 16 mai. Et, de toute manière, hélas, notre époque restera longtemps marquée par sa très grande capacité d'imposture.

    Or, tout cela ne s'est abattu sur ce pauvre pays, ni par hasard ni par un sortilège qui demeurerait inexplicable. Il nous faut donc accepter de revisiter le legs le plus lourd du passé de la France. On doit dès lors observer les stigmates imposés par la Révolution de 1789, par la Terreur de 1793 et par l'affreuse aventure qui s'achève en 1815. Seul cet examen permet de comprendre à quelles sources puisent à la fois la gauche, qui s’en prévaut, et la droite qui s'y englue.

    Or, les réseaux un peu artificiels qui monopolisent l'actuelle opposition n'osent guère s'interroger sur la part de rejet qu'appelle cet héritage.

    La parution du quatrième et dernier volume de "l'Histoire de la Vendée militaire" de Jacques Crétineau-Joly nous en donne, au contraire, une magnifique occasion. Cette immense enquête, à la fois passionnée, méticuleuse et passionnante, toujours précise et documentée, nous ramène aux éléments fondateurs de la droite française.

    Beaucoup plus qu'avec l'Allemagne, c'est la comparaison avec l'Angleterre qui s'impose. Au-delà des vicissitudes que ce pays a connues lui-même, au-delà des tribulations que la politique ministérielle de Londres a imposé aux royalistes, et que Crétineau-Joly expose sans fard, on peut, on doit constater que cette nation a largement bénéficié, pour elle-même, de son rejet des illusions idéologiques du continent.

    À cet égard, le grand roman manifeste de Disraëli, "Coningsby", permet de mesurer, en effet la distance qui sépare les conservateurs anglais de ceux qui, en France, se nommèrent si longtemps les "modérés".

    En Grande Bretagne l'horreur de la révolution de Paris a conduit et construit l'évolution des "tories". Ceux-ci étaient apparus au cours de la Restauration stuartiste du XVIIe siècle. Au cours du XVIIIe siècle, époque dominée par les "whigs", ils restèrent largement dans l'opposition. Ils deviendront un parti officiellement constitué à l'avènement de Victoria en 1837. (1)⇓

    Entre-temps, ils avaient rallié ceux des anciens "whigs", comme Edmund Burke et William Pitt lui-même, qui avaient compris où menait le jacobinisme de la puissance adverse et de ses rares sympathisants outre-Manche. (2)⇓

    En France aujourd'hui encore, au contraire, on a pu voir lors des récents rassemblements contre la Loi Taubira de cet hiver des manifestants classés "à droite" qui coiffaient le bonnet phrygien.

    Cette pseudo-droite s'est séculairement employée à mettre à l'écart les véritables défenseurs de l'ordre naturel et des libertés. L'embargo et la répression frappèrent successivement les royalistes, requalifiés légitimistes sous Louis-Philippe, puis les catholiques, etc.

    Cette exclusion accompagna, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, la lente conquête culturelle "républicaine". À noter que ce mot fourre-tout est devenu de plus en plus signe de ralliement autour des mots d'ordre et des exclusives du grand-orient de France, officiellement rallié à l'athéisme à partir de 1877.

    Or ce phénomène d'épuration par strates historiques successives n'épargne pas les règnes, pourtant si réparateurs à tant d'égards de Louis XVIII et de Charles X. Un chapitre essentiel de Crétineau-Joly, malgré sa pointe d'amertume est précisément consacré à cette Ingratitude de la Restauration. (3)⇓

    L'auteur conclut par ce constat : "Le 29 juillet 1830, elle se voyait en face des barricades et des pavés de l’insurrection victorieuse. La Restauration mourait parce qu’elle n’avait pas voulu vivre." (4)⇓

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. ce que décrit "Coningsby" c'est la genèse de ce parti, assemblage et alliance de classes autrefois antagonistes, à l'époque de la "Jeune Angleterre".
    2. tel Charles Fox baron Holland (1749-1806). Cet ancien ami du duc d'Orléans, admirateur de la révolution, fut un des artisans de l'éphémère paix d'Amiens de 1802. Sur les contacts entre les "Patriotes" de Nantes et les amis de Fox à Londres cf. Crétineau-Joly "Histoire de la Vendée militaire" tome III "Les chouans" 1793-1799 pages 43-47.
    3. cf. Crétineau-Joly "Histoire de la Vendée militaire" Tome IV "La Cause des Blancs" 1801-1832 chapitre VII pages 307-348
    4. cf tome IV p. 348
      Rappel des quatre tomes de "l'Histoire de la Vendée militaire" par Jacques Crétineau-Joly : Tome Ier "La Grande Guerre de 1793" 432 pages 29 euros ; Tome II "De la Terreur au Concordat" 1794-1799 502 pages 29 euros ; ; Tome III "Les Chouans" 1793-1799 484 pages 29 euros ; Tome IV "La Cause des Blancs" 1801-1832". .
  • Roland Dumas : un ancien ministre dénonce la dérive américaine et coloniale de la diplomatie française

     

    par Nicolas Bonnal

     

     

    :: Texte en russe

     

    Roland Dumas est un homme très connu en France et dans le monde de la diplomatie, même s’il est mis à l’écart par les sbires du nouvel ordre mondial. Héros de la Résistance à l’Allemagne nazie, il a ensuite été un très grand avocat qui s’est illustré dans la défense des peuples colonisés. Homme de gauche à l’époque où ce mot avait un sens, il fut l’ami et le ministre du Président Mitterrand, qui exerça ses fonctions en France de 1981 à 1995. Roland Dumas exerça quant à lui de nombreuses fonctions importantes, et notamment celle de Ministre des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Sa politique était marquée par son équilibre, son humanisme et ses positions amicales envers le monde arabe et musulman, que la France sur ordre d’Israël et des Etats-Unis achève de détruire aujourd’hui, comme à l’époque de l’expédition du Canal de Suez en 1957. Ses positions lui ont valu l’opposition farouche du « lobby qui n’existe pas » (Serge de Beketch) et de la presse qu’il contrôle. Mais M. Dumas a insisté bravement et résisté, comme pendant la Guerre. Cet homme de culture amateur d’art a gardé le courage du mousquetaire.

     

    Roland Dumas s’insurge donc depuis 2007 surtout contre l’incroyable inflexion de la diplomatie française qui a pris un tour fascisant et colonialiste avec Nicolas Sarkozy, actuellement conférencier pour Goldman Sachs et voyageur de commerce du Qatar (au sens strict du terme). La France a fait la guerre partout pour des intérêts privés et coloniaux qui ne sont pas les siens. On retrouve le virage néo-totalitaire de l’Europe actuelle : on travaille pour les banquiers contre les peuples.

     

    Dans son dernier livre intitulé "Coups et blessures : 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand", l’ancien Ministre des Affaires étrangères Roland Dumas parlait déjà de ses souvenirs auprès de l’homme, mais dénonce également l’ingérence israélienne dans les affaires françaises : « Les Israéliens en font à leur guise en France, et manipulent les services de renseignements français (DST) comme bon leur semble ». Il évoquait ensuite les circonstances qui ont entouré la visite du chef de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat en France à la fin des années 80, assurant être lui-même l’architecte des relations avec le leader palestinien. Selon Roland Dumas, Mitterrand n’était pas contre l’idée de le rencontrer mais craignait la réaction du « lobby juif » : « Le lobby juif, comme l’appelait Mitterrand, oeuvrait ardemment. Les pressions étaient très fortes lorsque j’ai annoncé que je comptais rencontrer Arafat durant sa visite au Parlement européen en septembre 1988. J’ai obtenu du président Mitterrand, après de pénibles tractations, la permission de l’accueillir. Après m’avoir répété ses mises en garde, il m’a dit : "bon d’accord, mais tu en assumeras la responsabilité..." Peut-être voulait-il insinuer par-là ma démission si les choses tournaient mal ». M. Dumas ajoute : « Je ne suis pas d’accord avec la politique israélienne, j’ai toujours été fidèle au principe d’équilibre instauré par le général de Gaulle au Moyen-Orient. Les peuples arabes ont droit au respect. La politique israélienne actuelle, inspirée des activités proches des sionistes, ne suit pas le bon chemin ».

     

    Dans son livre "Coups et blessures" paru il y a deux ans, Roland Dumas estimait que les révolutions arabes sont l’événement le plus important après la fin du colonialisme et la chute du Mur de Berlin. Leur impact sur Israël serait formidable. Selon lui, l’Egypte était en train de payer le prix de l’humiliation qu’elle avait fait subir au peuple palestinien, et ce, par son laxisme avec les Américains et les Israéliens. L’ancien Ministre des Affaires étrangères s’est aussi longuement attardé sur la Syrie. Il révèle avoir rendu visite à l’ancien Président syrien Hafez al-Assad en 1992, sur une suggestion de Shimon Perez qui était alors chef de la diplomatie israélienne. Il rapporte leur longue discussion sur le Liban, durant laquelle Hafez al-Assad s’était attelé à lui expliquer que le Liban est une terre syrienne et que les problèmes sont dus aux Britanniques et aux Français qui avaient opéré un partage injuste. Dumas affirme qu’il sentait qu’Assad voulait le taquiner sans aller pour autant jusqu’à remettre en question les frontières léguées par le colonialisme. « Bien au contraire, c’est une chose qu’il a refusée, lorsque certains leaders maronites la lui ont suggérée, comme l’a rapporté Karim Bakradouni », un ancien responsable des Phalanges libanaises (Kataëb). Dumas dit aussi avoir connu le Président syrien actuel Bachar al-Assad. Il le qualifie d’ « homme charmant qui détient un esprit plus ouvert que celui de son père, un esprit pétillant, qui ne récuse pas les questions embarrassantes », estimant que les Israéliens se trompent de ne pas négocier avec lui.

     

     

    Je ne crois pas à la bombe iranienne.
    Tout cela n’est que de l’intoxication.

     

    Dans son ouvrage, Roland Dumas consacre tout un chapitre à l’Iran qu’il a, par ailleurs, visité plusieurs fois et où il a rencontré son ancien homologue Ali Wilayati et l’ancien Président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. « La bombe nucléaire iranienne est, à mon avis, à l’instar des armes de destructions massives de Saddam Hussein, c’est-à-dire que je n’y crois pas. Tout ce qui se passe n’est que de l’intoxication. Les tergiversations de la politique française sont dues à des immixtions aux origines connues », a-t-il précisé, signalant que la présence d’Israël aux portes rend toute analyse différente suspecte. Dumas défend le point de vue iranien selon lequel il est nécessaire d’édifier des réacteurs nucléaires pour ses besoins énergétiques puisque son stock en pétrole devrait se tarir dans 60 ans. « Ce qui est vrai est que les Iraniens veulent poursuivre leur programme nucléaire civil et que tous les rapports indiquent qu’il n’y a pas d’armes nucléaires », conclut-il.

     

    Récemment M. Dumas a publié un livre "Sarkozy sous BHL", qui dénonce la criminelle diplomatie de Sarkozy et son inféodation aux desiderata impérieux du NOM. Il l’a fait avec maître Vergès, un autre prestigieux avocat spécialisé dans la défense des peuples coloniaux aussi et dans les causes de droit. Les deux pamphlétaires critiquent le tout-argent de la politique française (qui a toujours existé mais s’est systématisé avec Sarkozy), le retour à la brutalité colonialiste (« nous sommes ramenés des siècles en arrière »), l’influence regrettable de BHL (qui existait aussi selon nous sous Mitterrand !) baptisé « mouche du coche » (La Fontaine), et la dimension irresponsable de personnages comme Sarkozy - son successeur socialiste ne valant hélas pas mieux que lui.

     

    Sur la Palestine, je laisse à ces deux nobles esprits le soin de conclure : « L’humanité se déshonore en laissant tomber le peuple palestinien qui est raisonnable, paisible et ne demande pour lui que ce que les Israéliens ont obtenu pour eux-mêmes. »

     

    Enfin, il est bon d’indiquer que l’un des prochaines cibles de la folle diplomatie française sera l’Algérie : Monsieur Dumas écrit : « Le contentieux entre la France et l’Algérie est durable. Quand vous imaginez que les Français n’ont pas encore souscrit à la proposition de négociations avec l’Algérie sur un contrat d’amitié, parce que trop de blessures sont encore saignantes... Tout est à craindre pour l’Algérie, mais ce sera pour M. Sarkozy un autre "morceau" »...

     

    De la France actuelle, on pourrait dire comme Sartre de l’Amérique, qu’elle a la rage.

    http://www.france-courtoise.info

  • Le siège de Constantinople (1453)-1/2

    La date de 1453 peut-elle marquer, comme certains l'ont fait, la fin du Moyen Age ? De fait, la disparition de l'Empire byzantin survient alors que la Renaissance a déjà commencé en Italie. Depuis un demi-siècle, les érudits byzantins arrivent en nombre en Occident. La conquête de l'Egypte par les Ottomans a davantage de répercussions pour les transactions commerciales, en particulier celles des cités italiennes, que la chute de Constantinople. En Europe, si beaucoup sont choqués par la tombée de la ville, les Etats et les souverains sont préoccupés par des problèmes plus immédiats géographiquement. La papauté essaie de mener la contre-attaque mais sans y parvenir véritablement. En réalité, la chute de Constantinople est importante d'abord pour les deux camps concernés. Les Ottomans assurent la pérennité de leur empire en Europe en prenant la ville. Ils convoitent alors la Roumélie (« le pays des Romains ») de la même façon que les conquistadors espagnols convoiteront plus tard le Nouveau Monde. Pour les Grecs, c'est la fin d'un empire mais pas d'une civilisation, dont le souvenir perdure jusqu'à la renaissance de la Grèce en tant qu'Etat au XIXème siècle.
    Stéphane Mantoux

    Le long déclin de l'Empire byzantin...

    Lorsque l'armée ottomane se presse sous les remparts de Constantinople, en 1453, l'Empire byzantin est alors réduit à une peau de chagrin. La IVème croisade (1204) et le sac de la capitale par les Latins ont brisé l'Etat puissant qu'était Byzance. Quand l'Empire de Nicée reprend Constantinople en 1261, le basileus n'est plus qu'un souverain grec parmi d'autres : l'empire de Trébizonde et le despotat d'Epire, eux aussi grecs, lui sont hostiles. La Bulgarie et la Serbie, émancipées, rivalisent dans les Balkans. Nicée a dû faire appel aux Génois pour reprendre Constantinople aux Latins : les Génois, désormais installés à Galata/Péra sur la rive de la Corne d'Or, monopolise le commerce de l'empire. Au XIVème siècle, Byzance manque de succomber sous les coups des Serbes, de la révolte de la fameuse compagnie mercenaire catalane, tout en étant affaiblie par les épidémies de peste noire. Ironiquement, ce siècle est aussi celui d'une grande vitalité culturelle et intellectuelle. Cependant, l'union avec Rome sur le plan religieux, que certains empereurs tentent de mettre en oeuvre à des fins politiques, pour sauver l'empire, n'est jamais acceptée par le gros de la population byzantine. Constantinople ne compte plus alors que 100 000 habitants (contre un million au XIIème siècle !) à l'intérieur de ses 22 km d'enceinte : les quartiers sont séparés par des espaces en friche ou de jardins. Seule Sainte-Sophie est correctement entretenue par un Empire privé ou presque de ressources financières.
    Source : Larousse.fr
    Manuel II, qui devient empereur en 1391, a été l'otage du sultan turc. Il a même dû commander un régiment byzantin pour participer à la prise de Philadelphie en Asie Mineure, la dernière ville byzantine encore libre dans cette région. Réaliste, il refuse l'union des Eglises qu'il juge inacceptable par la population. Il tente de solliciter l'aide de l'Occident mais la croisade de 1396 s'achève en désastre devant Nicopolis. En 1402, l'armée ottomane s'approche une première fois de Constantinople mais Manuel II est sauvé par l'intervention de Tamerlan, qui met hors-jeu les Turcs pour une vingtaine d'années. Un nouveau siège en 1422 par le sultan Mourad II n'est pas plus concluant. Mais personne en Occident ne se soucie alors du sort de Byzance, livrée à elle-même.
    Manuel II meurt en 1425. Son fils Jean VIII cherche la solution dans l'union des Eglises, alors que la papauté sort enfin du Grand Schisme d'Occident. Au concile de Ferrare/Florence (1438-1439), l'empereur parvient à faire signer un édit d'union à une collation d'écclésiastiques et érudits byzantins, plus ou moins de bon gré. Le pape Eugène IV parvient bien à lancer une croisade, conduite principalement par les Hongrois et par son légat, le cardinal Césarini, mais celle-ci s'achève de nouveau en désastre en 1444, à Varna, face à l'armée du sultan Mourad II. La mort de Jean VIII, en 1448, laisse mal augurer de la survie de l'empire, malgré le renforcement des remparts de Constantinople.
    et la naissance et l'ascension d'un nouvel empire, les Ottomans
    Byzance est de longue date en relation avec les populations d'origine turque. Depuis le VIème siècle, les migrations turques vers l'ouest avaient fourni à l'empire un vivier commode d'alliés de circonstance ou de mercenaires, parfois convertis au christianisme : Khazars -qui eux choisissent le judaïsme, Coumans ou Pétchénègues. Mais la peuplade des Oghouz a, elle, migré vers la Perse et les terres du calife musulman. Les Turcs se convertissent progressivement à l'islam et en 1055, Tughril Bey, le chef de la tribu Seldjouk, domine complètement le califat abasside. Son successeur et neveu, Alp Arslan, inflige aux Byzantins la terrible défaite de Manzikert, en 1071. Les ghazis, combattants de la foi et barons frontaliers seldjoukides, s'installent progressivement en Asie Mineure, dont la population compte désormais de plus en plus de Turcs. Mais les Seldjoukides se querellent entre eux, l'Empire byzantin se ressaisit sous les Comnènes et la première croisade met un coup d'arrêt à l'expansion turque. Celle-ci ne reprend vraiment qu'au XIIIème siècle après le sac de Constantinople. Le sultan de Roum, dont la capitale est Konya, est alors la puissance dominante en Asie Mineure.
    Source : Larousse.fr
    Les Seldjoukides sont pourtant définitivement balayés par l'invasion mongole de 1243. Battus, tributaires du khan, ils ne tardent pas à perdre leur domination sur l'Asie Mineure. Les émirs frontaliers et autres ghazis, au contraire, en profitent pour étendre leur influence en Asie Mineure, à tel point qu'en 1300, Byzance ne contrôle plus que quelques enclaves minuscules sur la rive asiatique des détroits. L'émir de Menteshe, au sud-ouest de l'Asie Mineure, lance des raids maritimes mais doit faire face aux Hospitaliers de Rhodes. L'émir d'Aydin prend le relais et commence à piller la mer Egée. Le prince de Sarakhan règne sur Magnésie et celui de Karasi sur la plaine de Troie. L'émir de Sinope mène ses pirates en mer Noire. A l'intérieur des terres, les émirs de Karaman et de Germiyan se disputent la successsion seldjoukide. Les Karamanides prennent Konya en 1327 et parviennent à se faire reconnaître comme suzerains par la plupart des ghazis. Sauf par un petit Etat fondé dans la seconde moitié du XIIIème siècle en Bithynie, par Erthugrul, un personnage dont on sait fort peu de choses et qui à sa mort, en 1281, laisse le pouvoir à Osman.
    Osman va profiter de sa situation géographique. Il est en effet le seul ghazi frontalier de territoires peuplés de Byzantins, en mesure d'attirer à lui ceux qui sont intéressés par la guerre et le pillage. L'empire ne prête pas suffisamment attention à la puissance d'Osman et un premier corps byzantin est battu entre Nicée et Nicomédie en 1301. Quatre ans plus tard, les mercenaires catalans écrasent à leur tour les Turcs mais se révoltent ensuite contre l'empereur. Osman fournit des mercenaires à l'une et l'autre partie. Il avance jusqu'à la mer de Marmara, conquiert les villes le long de la côte de la mer Noire. Ne disposant pas encore de matériel de siège, car ses soldats sont encore surtout des cavaliers, Osman doit mener de longs blocus. Brousse tombe ainsi en 1326 après dix ans de siège, parce que l'empereur byzantin n'a pu envoyer de secours.
    Cette même année meurt Osman, qui a fait d'un petit émirat turc frontalier la puissance montante en Asie Mineure. Son fils Orhan va consolider l'oeuvre déjà accomplie. Nicée tombe en 1329 après plusieurs années de siège, puis Nicomédie, de la même façon, en 1337. Orhan profite des guerres civiles à Byzance, entre l'empereur-enfant Jean V et ses régents et Jean Cantacuzène, pour expédier des mercenaires qui demeurent ensuite en Thrace. Jean Cantacuzène, monté sur le trône, est renversé en 1355 : Orhan en prend prétexte et envoie l'année suivante un corps expéditionnaire au-delà des détroits, sur la rive européenne, qui s'empare de la Thrace occidentale et d'Andrinople. Il meurt en 1362 : il lègue à son successeur un Etat plus organisé et une armée désormais non plus composée uniquement de cavalerie légère. En effet, il a mis en place une levée locale de type féodal, complétée par des troupes régulières soldées, dont fait déjà partie le régiment des janissaires. Chaque branche a son uniforme et la mobilisation d'un grand nombre d'hommes en armes est devenue beaucoup plus rapide.
     
    Source : Memo.fr
    Mourad Ier, qui est le premier à s'intituler sultan, succède à Orhan : après avoir maté quelques révoltes parmi les émirs orientaux, il revient en Europe et isole Constantinople dès 1365 : les faubourgs asiatiques de la ville sont entre les mains des Turcs. C'est seulement alors qu'en Occident, on commence à s'inquiéter de la poussée ottomane contre Byzance. Jean V tente de recruter des troupes en Europe, mais, sans le sou, doit reconnaître le sultan comme son suzerain en 1373 et envoyer comme otage à sa cour son fils Manuel. Mourad Ier n'est gêné que par l'action des Hospitaliers de Rhodes. En 1371, il défait sur la Maritza le roi de Serbie méridionale. Il s'empare de la Bulgarie et de la Macédoine serbe : le roi de Bulgarie, le prince de Serbie septentrionale deviennent ses vassaux. L'immigration turque fait son oeuvre comme elle l'avait déjà fait en Asie Mineure. Thessalonique tombe en 1387. Mourad Ier doit alors affronter le défi posé par les Serbes : ceux-ci sont écrasés à Kosovo, en 1389, non sans que le sultan ait été assassiné avant la bataille par un déserteur. Mourad est le premier souverain ottoman à s'être considéré comme un véritable empereur.
    Son fils Bayezid Ier, auréolé de la victoire de Kosovo, fait tomber la Bulgarie, envahit le Péloponnèse en 1394 et songe, dès 1396, à marcher sur Constantinople. Mais il doit faire volte-face vers le nord pour contrer une nouvelle croisade, qui s'achève en carnage sous les murs de Nicopolis. Le prince de Valachie devient son vassal. Une première tentative contre la capitale byzantine en 1402 échoue devant l'irruption de Tamerlan, descendant de Gengis Khan, qui a fait régulièrement irruption dans l'est de l'Asie Mineure à partir de 1386. L'armée ottomane est écrasée à Ankara, en Anatolie, par Tamerlan, mais l'empire n'est pas détruit : au contraire, la colonisation turque est, vers 1410, plus importante en Europe qu'en Asie Mineure. Mehmet Ier, après de sanglantes luttes de pouvoir, monte sur le trône en 1413. Jusqu'à sa mort, en 1421, il bâtit des forteresses, consolide l'administration et embellit les villes de son empire.
    Mourad II, son fils, un homme profondément pieux, n'en met pas moins le siège devant Constantinople en 1422. Mais l'armé ottomane ne dispose pas, alors, d'un matériel de siège et d'une artillerie suffisamment efficaces pour emporter une agglomération aussi fortifiée, comme cela sera aussi le cas devant Belgrade en 1440. Ce dernier échec rend confiance à l'Occident : le pape monte une croisade avec l'appui des Hongrois qui s'achève en défaite à Varna, sur le Danube. Mourad II abdique ensuite pour se retirer dans la vie contemplative en faveur de son fils Mehmet. Mais dès 1446, les conseillers du sultan le rappellent sur le trône car Mehmet est jugé trop instable, trop autoritaire : une armée turque ravage le Péloponnèse, puis, en 1448, les Hongrois sont de nouveau battus. Ils ne pourront aider Constantinople pendant le siège final. En Asie Mineure, Mourad absorbe les émirats d'Aydin et de Germiyan, tient les Karamanides en respect. Il réorganise les janissaires en un corps composé d'esclaves chrétiens prélevés sur les populations soumises et entièrement formés à la guerre à partir de leur incorporation. Lorsqu'il meurt, le 13 février 1451, il laisse à son fils Mehmet II un héritage qui reste à compléter par l'objectif de longue date des Ottomans : la prise de Constantinople.
    Mehmet II face à Constantin XI : la marche à la guerre (1451-1453)
    Jean VIII était l'aîné de 6 frères. Deux, Andronic et Théodore, sont morts avant lui. Deux autres, Dimitri et Thomas, sont éclipsés par la personnalité de celui qui devient le dernier empereur byzantin, Constantin. Né en 1404, il avait gardé Constantinople pendant l'absence de Jean VIII au concile de Ferrare/Florence, avant de s'effacer devant son autre frère Théodore, qui revendiquait la succession. Devenu despote de Morée, dans le Péloponnèse, il reconquiert l'ensemble de la péninsule à l'exception de quatre villes vénitiennes. En 1444, il avance jusqu'au Pinde, mais deux ans plus tard, l'armée de Mourad II, après sa victoire de Varna, ramène Constantin en Morée. Son deuxième mariage lui a apporté des liens avec les Génois. A la mort de Jean VIII, Constantin est à Mistra. Il est désigné officieusement par l'impératrice-mère Hélène, qui écarte Dimitri et Thomas. Constantin est couronné à Mistra, une première pour un empereur byzantin si l'on excepte l'intermède de Nicée... d'aucuns y verront un problème de légitimité. A la recherche d'une troisième épouse, Constantin XI envoie George Phrantzès à Trébizonde. C'est là que le conseiller apprend la mort de Mourad II et l'avènement de Mehmet, ce qui l'inquiète fortement.
    Mehmet, né en 1432, est le fils d'une esclave turque de Mourad. Dédaigné par son père, il n'en reste pas moins, dès l'âge de 12 ans, le seul héritier possible pour le sultan, si l'on excepte un cousin, Orhan, alors en exil à Constantinople. Mourad envoie une armée de précepteurs pour compenser les lacunes d'une éducation jusqu'alors négligée. Sous la férule d'un Kurde, Ahmed Kurani, ceux-ci enseignent à Mehmet la philosophie et les sciences, aussi bien grecques qu'islamiques. En plus du turc, Mehmet apprend l'arabe, le grec, le latin, le persan et l'hébreu. Quand son père se retire, en 1444, Mehmet doit réprimer des soulèvement en Anatolie. Avec la croisade menée par les Hongrois, le grand vizir Halil Pacha, affolé par les ambitions d'indépendance de Mehmet à l'égard de tout conseil, rappelle son père de son exil contemplatif. Mais après le succès de Varna, Mourad retourne à ses prières. Il faut toute l'insistance d'Halil Pacha pour faire sortir à nouveau Mourad de sa retraite, en raison du mécontentement provoqué par Mehmet dans l'armée, en 1446. Cependant celui-ci, envoyé à Magnésie, prend part dès 1448 à une campagne contre les Hongrois. Il a eu un fils, Bayezid, d'une esclave turque, liaison qui son père désapprouve. Mourad force Mehmet à épouser la fille d'un grand seigneur turcoman, que son fils délaisse. Quand il monte sur le trône, Mehmet II éloigne les conseillers les plus influents de son père tout en gardant à ses côtés Halil Pacha, et en plaçant déjà des hommes à lui comme vizirs, notamment Zaganos Pacha et Shibab al-Din Pacha. Il fait également exécuter son jeune frère pour s'éviter une usurpation potentielle. Mehmet II n'a aucun désir de se rendre populaire, mais son intelligence et sa résolution servent sa première ambition : s'emparer de Constantinople.
    L'empereur byzantin, tout comme ses subordonnés tel le despote de Morée, est alors devenu le vassal du sultan ottoman. La capitale de ce dernier est à Andrinople, en Thrace, à 160 km à l'ouest de Constantinople. L'empire de Trébizonde est dirigé par une famille concurrente et quelques enclaves byzantines voisinent sur le pourtour de la mer Noire autour des colonies génoises. Venise et Gênes sont deux grandes puissances maritimes qui contrôlent la plupart des îles et enclaves côtières importantes en mer Egée et en mer Noire. A Athènes se trouvent les restes de l'ancien empire latin avec une famille dirigeante d'ascendance à la fois italienne et catalane, et liée au royaume d'Aragon, présent dans le sud de l'Italie.
    Quant aux Ottomans, leur pouvoir est encore loin d'être assuré comme il le sera au XVIème siècle. Si les vassaux du nord de l'Anatolie, autour de Sinope, sont loyaux, au sud, les Karamanides n'acceptent qu'avec réticence la suzeraineté ottomane. La Horde d'Or, en se dissolvant, a généré un nouveau khanat en Crimée. Le royaume de Pologne-Lituanie a conquis une partie des terres russes jusqu'au rivage de la mer Noire. Quant à la principauté de Moscou, orthodoxe, l'avenir de Constantinople ne la concerne que de loin et le métropolite a d'ailleurs proclamé l'autonomie de l'église russe par rapport à l'Eglise byzantine...
    En Occident, on se réjouit de l'accession de Mehmet au trône, au vu de ses débuts peu prometteurs. Toutes les ambassades sont bien reçues : le sultan renouvelle les traités avec Venise et la Hongrie, se montre cordial avec les Byzantins, promet d'entretenir le prince Orhan en exil. Mais les ambassadeurs byzantins ont surtout cultivé des relations étroites avec Halil Pacha, que Mehmet garde bon gré mal gré, car il ne lui a jamais pardonné son éviction du pouvoir et le rappel de son père. En Occident, tout le monde se satisfait de cette attitude conciliatrice qui n'est que de façade. La France et l'Angleterre terminent encore la guerre de Cent Ans, l'empereur Frédéric III est préoccupé par son couronnement impérial, et Alphonse V d'Aragon, roi de Naples depuis 1443, cherche à devenir... empereur de Constantinople. Le pape Nicolas V, homme de paix et érudit, sensible à la culture grecque, souhaite avant toute chose l'édit d'union et n'a pas l'appui d'une puissance séculière.
    Mehmet ne tarde pas à montrer ses véritables intentions. A l'été 1451, l'émir kamaranide Ibrahim Bey fomente une révolte en Anatolie avec d'autres émirats vassaux des Ottomans. Mehmet arrive promptement avec son armée et Ibrahim Bey doit faire amende honorable. Sur le chemin du retour, le sultan mate une révolte de ses janissaires, accepte certaines de leurs demandes, mais démet leur commandant et place des hommes à lui dans ce corps d'élite. Constantin XI pousse alors l'audace jusqu'à demander un versement plus important pour le prince Orhan. Mehmet garde l'affaire en suspens pour s'en servir comme prétexte. Bloqué dans la traversée des Dardanelles par la présence d'une escadre italienne, il passe le Bosphore au niveau de la forteresse d'Anatolu Hisar, édifiée par Bayezid. En Europe, on est encore en terre byzantine, mais Mehmet se dit qu'il serait fort judicieux d'implanter là une autre forteresse.
    Pendant l'hiver, il fait recruter un millier de manoeuvres et de maçons pour commencer la construction au printemps, à l'endroit où le Bosphore est le plus étroit. Les ambassadeurs byzantins qui viennent se plaindre auprès du sultan sont éconduits et les travaux débutent le 15 avril 1452. Constantin XI fait alors arrêter tous les Turcs à Constantinople. Puis, se ravisant, comprenant qu'il a été trop loin, il envoie une ambassade chargée de cadeaux à Mehmet, qui n'est pas écoutée. Une dernière ambassade en juin tourne à la déclaration de guerre : le sultan fait exécuter les émissaires.
    Le 31 août 1452, Rumeli Hisar, le « coupe-gorge » ou « coupe-détroit », est achevé. Il est pourvue d'une garnison de 400 hommes commandés par Firuz Bey : tout navire passant dans les détroits doit s'acquitter d'une taxe, faute de quoi il risque d'être tiré à vue par les canons turcs expédiant des projectiles de plus de 200 kg ! Mehmet avance alors jusque sous les murs de Constantinople, avec toute son armée. A l'automne 1452, les régiments des provinces de Roumélie rejoignent autour d'Andrinople les troupes d'élite du sultan. Les fabriquants d'armes s'activent tandis que Mehmet étudie les questions militaires, conseillé par un Italien expatrié, Cyriaque d'Ancône, érudit, voyageur et collectionneur d'antiquités. Mehmet s'est également attaché les services d'Urban, un fondeur de canons que l'empereur byzantin a laissé échapper faute de pouvoir lui fournir suffisamment d'argent et de matériaux. C'est Urban qui conçoit les pièces destinées à Rumeli Hisar, puis celles qui doivent détruire les murailles de Constantinople. Le 10 novembre, les canons de la forteresse ouvrent le feu sur deux navires vénitiens qui réussisent à forcer le passage en venant de mer Noire, non sans avoir éprouvé une grande crainte face aux tirs turcs. Le 25 novembre en revanche, le navire vénitien d'Antonio Erizzo est coulé, les survivants sont capturés et empalés sur les rives du détroit. Mehmet ordonne alors à Urban de fabriquer des canons deux fois plus gros, capables de tirer des projectiles de 450 kg !
    Vénitiens et Génois hésitent à dégarnir leurs forces en Italie pour sauver Byzance. Les Vénitiens souhaitent aussi maintenir leurs relations commerciales avec le sultan. A Gênes, on s'inquiète surtout pour la colonie de Galata et pour celles de la mer Noire. Le gouvernement ne s'engage pas mais laisse libre cours aux initiatives privées : on conseille au podestat de Galata de faire profil bas, de ne pas provoquer les Turcs. Le pape voit enfin l'occasion de procéder à l'incorporation de l'Eglise byzantine à l'Eglise de Rome. Le cardinal Isidore, métropolite déchu de Kiev récupéré par l'Eglise romaine, arrive à bord d'une galère vénitienne dès novembre 1452. Il amène avec lui une compagnie d'archers, des fabricants de canons de Naples et a aussi recruté des soldats à Chios. Les 200 hommes d'Isidore sont vus par les Byzantins comme l'avant-garde d'une armée beaucoup plus importante... alors qu'en fait, le peuple et une partie du clergé n'acceptent pas l'union avec Rome. Le 12 décembre 1452, à Sainte-Sophie, le cardinal Isidore officialise l'union entre Rome et Constantinople, mais l'acte est mal vu par la population et même par de grands dignitaires comme Luc Notaras, qui aurait déclaré préférer le turban des Turcs à la mitre des Latins, bien que ces propos soient sans doute apocryphes.
    En janvier 1453, Mehmet II obtient l'approbation de son conseil pour la prise de Constantinople. L'élite ottomane se divise cependant entre les feudataires plutôt partisans d'une guerre frontalière plus ou moins autonome inspirée par la tradition des ghazis, et les hommes du sultan, « esclaves de la Porte », qui lui doivent tout et qui penchent plutôt pour un renforcement de l'Etat toujours plus centralisé. Le sultan Mehmet II a auprès de lui des partisans des deux politiques. Les armées islamiques rêvent de conquérir Constantinople depuis le VIIème siècle. D'ailleurs, Mehmet II et ses prédécesseurs se sont intitulés « sultan des Romains », ce qui montre bien leurs ambitions. Les musulmans plus orientaux appellent fréquemment les Ottomans du noms de « Rumiyun ». Pour jauger le soutien que la population apporte à son entreprise contre Constantinople, Mehmet n'hésite pas à se déguiser en soldat pour parcourir les tavernes d'Andrinople avec ses conseillers.
    Le gouverneur militaire des provinces européennes, Dayi Karadja Bey, reçoit l'ordre de lever une armée pour s'emparer des villes de la côte de Thrace. Les cités au bord de la mer Noire se rendent pour éviter la mise à sac. Sélybrie et Périnthe, sur la mer de Marmara, tentent de résister : elles sont prises, pillées, leurs murailles démantelées. En octobre 1452, Mehmet a envoyé dans le Péloponnèse une armée pour occuper les troupes du despotat de Morée et les empêcher de soutenir Constantinople. Le sultan construit également une flotte : concentrée à Gallipoli, elle regroupe des trirèmes, des birèmes, des fustes, d'autres galères et des navires de transport. Elle est commandée par le gouverneur de Gallipoli, Suleiman Baltoglu. Fin mars, la flotte remonte les Dardanelles et débouche en mer de Marmara, à la consternation des Byzantins. Les chiffres varient selon les sources mais elle comprend au moins 6 galères, 18 galiotes et 16 navires de ravitaillement, avec une myriade de navires plus petits, fustes et autres.
    Au total, l'armée de Mehmet regroupe alors 80 000 soldats réguliers et peut-être 20 000 irréguliers. L'élite est constituée de 12 000 janissaires. Mais si Mehmet se risque à attaquer Constantinople, c'est que ses fondeurs de canons lui donnent enfin la possibilité d'ébranler les murailles. Urban, après avoir fondu le canon de Rumeli Hisar qui coule le navire vénitien, en fabrique un second en janvier 1453. Long de 8 mètres, il est tiré par 60 boeufs et 700 hommes le manoeuvrent. Mehmet assiste au premier tir à Andrinople : le boulet parcourt un kilomètre et demi avant de toucher sa cible.
    En face, Constantin XI s'active frébrilement pour mettre Constantinople en état de défense. Pendant l'hiver 1452-1453, il envoie des navires en mer Egée pour accumuler les provisions. Les défenses de Constantinople sont renforcées, l'argent des églises confisqué pour payer la troupe. La population dégage d'elle-même les douves. Mais les alliés potentiels sont sous la menace du Turc ou se désintéressent du sort de la ville. Le despote Georges de Serbie soutient les Ottomans et envoie même un contingent à Mehmet. Les Vénitiens répondent dès février 1452 qu'ils fourniront seulement des fournitures militaires, rien de plus. La Sérénissime est en effet plus préoccupée de favoriser les relations commerciales avec la puissance montante ottomane que de secourir un empire byzantin déjà considéré comme perdu. Cependant, la colonie vénitienne, dirigée par son bailli Girolamo Minotto, reste pour défendre Constantinople, avec 1 000 hommes et des grands noms de la Sérénissime : Cornaro, Mocenigo, Contarini, Venier. Le médecin de bord Nicolo Barbaro a laissé un des compte-rendus les plus honnêtes du siège. Parmi les Vénitiens, Giacomo Coco, qui commandait l'un des navires ayant échappé à Rumeli Hisar. Cependant, le 26 février 1453, 6 navires et 700 Vénitiens désobéissent à la volonté de Minotto et s'enfuient de Constantinople. Des Génois, Maurice Cattaneo, Jérôme et Léonard de Langasco, les trois frères Bocchiardo, équipent et amènent à leurs frais une petite compagnie de soldats. Le 29 janvier 1453 arrive Giovanni Gustiniani Longo, jeune noble génois, avec 700 hommes, 400 recrutés à Gênes et 300 à Chio et Rhodes. Etant donné qu'il a une réputation de bon défenseur des villes fortifiées, l'empereur le nomme commandant des murailles terrestres avec le rang de protostrator, lui donnant également l'île de Lemnos en récompense de ses services. Gustiniani parvient, tant bien que mal, à obtenir le concours des Vénitiens. La colonie catalane de Constaninople, avec son bailli Péré Julia, participe aussi à la défense. Un aristocrate de Castille, Don Francisco de Tolède, est également présent. Le prince turc Orhan offre ses services et ceux de sa maison à Constantin XI.
    Les Vénitiens sont cependant préoccupés d'assurer la sécurité de leurs convois jusqu'en mer Noire. Gabriele Trevisan est envoyé à Constantinople pour aider à la défense de la ville si nécessaire. Le Sénat vénitien décide aussi d'envoyer deux transports avec chacun 400 hommes, escortés par 15 galères, pour le 8 avril. Les Vénitiens de Crète expédient également deux navires en Eubée commandés par Zaccario Grioni. Finalement, c'est Giacomo Loredan qui prend la tête du convoi destiné à Constantinople. Mais cette flotte ne sera pas rassemblée avant la conclusion du siège.