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  • L’armée syrienne aux portes de la Turquie

    En perte dans les régions du sud de la Syrie, proches de la Palestine occupée et de la Jordanie, l’armée syrienne réalise des avancées importantes ailleurs.

    C’est surtout dans la province nord de Lattaquié, près de Kassab, et dans la Ghouta orientale à l’est de Damas qu’elle réalise ses plus importants exploits.

    Kassab : bataille des collines

    Dans la première, proche de la Turquie, elle a lancé la bataille de la reconquête de toutes ses collines qui surplombent la localité frontalière de Kassab. Cette dernière, à majorité arménienne avait été prise le mois de mars dernier par les miliciens tchétchènes et saoudiens avec l’aide de l’armée turque. Ce lundi, l’armée y a restitué les collines 724, 1017 et 959, situées au nord de celle de l’Observatoire 45.

    Cet exploit semble avoir été possible grâce à l’opération spéciale lancé dimanche pour contrôler la seule issue maritime dont dispose les rebelles sur la méditerranée dans la province nord de Lattaquié, rapporte le site d’information al-Hadath News.

    C’est une unité spéciale commando de l’armée syrienne qui a réussi cet exploit, en lançant l’assaut contre les positions des miliciens situées dans le village côtier as-Samra, connu sous le pseudonyme d’Abou Tanafes. Cette unité est arrivée à la plage dans la nuit de samedi à dimanche, s’est infiltrée vers le commissariat du village en question, situé sur le flanc d’une montagne et occupé par les miliciens. Avec l’aide de l’artillerie installée sur les collines Tchalma, l’unité est parvenue au bout de quelques heures à le contrôler et y brandir le drapeau syrien.

    Il y est question entre autre de la mort de l’un des terroristes tchétchènes les plus dangereux, Farès al-chichani (le tchétchène). Les sites jihadistes l’avaient montré menaçant d’égorgement et de mort les arméniens et les chrétiens. Dans la ville de Kassab, un nombre indéterminé d’arméniens ont été tués lors de l’attaque contre cette localité soutenue par Ankara.

    Ont aussi péri un égyptien, Abou al-Aqsa al-Masri, ainsi qu’un saoudien Abou Mouhannad al-Jazraoui , signale l’agence Asia News.

    Ghouta orientale : Jobar et Mliha

    En même temps qu’à Kassab, l’armée syrienne s’active ardemment dans la Ghouta orientale, à l’est de Damas. Ce lundi, elle a lancé une opération de grande envergure en direction de Jobar, en même temps de celle qu’elle mène depuis quelques semaines à Mliha. Toutes les positions où sont retranchés des milliers miliciens dans les deux quartiers y font l’objet d’un bombardement intensif aérien et de l’artillerie.

    Samedi, les miliciens avaient détruit l’une des plus grandes usines pharmaceutiques en Syrie, Tamico, située à Mliha, dans le but de découvrir l’avancée des forces régulières. Les dernières informations de la bataille indiquent que l’armée avance au nord-est de Jobar et contrôle désormais la région de la mosquée Taybé au centre du quartier.

    Alep : la bataille des tunnels

    À Alep, la bataille ne connait pas de répit, sur deux fronts en particulier. Dimanche, elle a été de nouveau secouée par des explosions énormes perpétrées à partir des vieux tunnels de ses vieux quartiers historiques. Selon le correspondant du journal libanais al-akhbar, l’attaque menée par le front Islamique (pro-saoudien) et le front al-Nosra (Al-Qaïda) a visé le bâtiment de la Chambre de l’industrie d’Alep, ainsi qu’un vieux bâtiment situé aux confins avec la vielle ville.

    Le canon de l’enfer

    En même temps, les miliciens ont pilonné les vieux quartiers Bab al-Faraj et Manchiyyé, où se trouve la plupart des bureaux gouvernementaux ainsi que le grand souk, proche de la mosquée des omeyyades et d’autres quartiers loyalistes. Selon le journal libanais assafir, il y est question de 25 civils tués et de dizaines d’autres blessés.

    Le journal assure que ce grand nombre de victimes et du à l’entrée en action d’une nouvelle arme aux mains de la milice de la milice pro saoudienne Front islamique. Il s’agit d’une grande pièce d’artillerie de 200 kg baptisée « le canon de l’enfer ». Selon les dires de la milice, cet engin est capable de tirer des projectiles de 200 kg sur une distance de 5 km. Il succède à une autre arme similaire : « le Canon de Géhenne », lequel était connu pour ses tirs imprécis.

    Entre temps, la coupure du courant se poursuit pour le 11ème jour consécutif dans la ville d’Alep, surtout dans les quartiers loyalistes.

    Zahra : des chefs abattus

    Dans le quartier Jamiyat-Zahra (Zahra), au nord-ouest d’Alep, la bataille se fait très violente. Une unité des forces gouvernementales a repris le contrôle du bâtiment en cour de construction du Palais de justice après plusieurs heures d’accrochages, et celui du Croissant rouge. Parmi les dizaines de miliciens tués figurent un dirigeant de la cellule d’opération de la milice ahl al-Cham (qui combat dans les rangs du Front islamique) un égyptien appelé le cheikh, ainsi qu’un milicien du Caucase combattant dans les rangs de Jaïch al-Mouhajirine wal Ansar, Abou Hareth le Caucase. Un chef du Nosra connu sous l’appellation Abou Dajjana a été arrêté.

    Azzaz : entre EIIL et Nosra

    De plus, l’aviation syrienne a bombardé le siège de la milice Jaïch Mohammad à Azzaz, localité dans la province nord de la Syrie, proche de la Turquie, tuant et blessant un grand nombre des rebelles. Selon l’agence de presse Asia News, un important chef de milice était présent dans le bâtiment, une villa confisquée à ses propriétaires, lors du raid. Son sort n’a pas été élucidé. Cette coïncidence fait soupçonner aux sources proches de cette milice une trahison dans ses rangs.

    Les habitants de cette localité (qui était dans le passé dirigée par la milice Tempête de l’Armée syrienne libre et qui était impliquée dans la prise en otages de 11 pèlerins libanais) accusent le Jaïch Mohammad d’avoir collaboré avec l’EIIL avant son retrait de cette région et puis d’avoir prêté allégeance au front al-Nosra après.

    Raqqa contaminé par Deir Ezzor

    Raqqa, seul gouvernorat ou l’État Islamique en Irak et au Levant a instauré son diktat, et jusque-là épargné des combats fratricides qui secouent son voisin le gouvernorat de Deir Ezzor, semble à son tour se glisser vers la confrontation. Des combats ont éclaté entre l’EIIL et une autre milice de l’insurrection la Brigade des révolutionnaires de Raqqa, laquelle avait été désavouée verbalement par la milice rivale de l’EIIL, le front al-Nosra, alors que les sources des tribus là-bas assurent que leur collaboration est plus forte que jamais.

    Les informations venant des coulisses du front al-Nosra assurent que ce dernier compte transférer la bataille à Deir Ezzor vers le bastion de l’EIIL à Raqqa. En même temps, des sources jihadistes propagent pour les medias (le journal libanais assafir, le site al-Hadath News) que les dirigeants de l’EIIL ont quitté cette ville, et qu’un convoi d’une centaine de voitures 4x4 bourrés de miliciens s’est rendu en Irak.

    Al-Hadath news rapporte que les habitants de la ville disent que la plupart des dirigeants de cette milice (qui a été désavouée par le chef d’Al-Qaïda Ayman Zawahiri en faveur du front al-Nosra) l’avaient quittée dimanche, alors que les miliciens qui y étaient restés semblaient perturbés.

    Dans les sermons de vendredi, les religieux de l’EIIL ont lancé dernièrement une campagne autour du slogan « Raqqa est égorgée en silence ». Selon le militant Amer Matar qui s’exprimait pour l’AFP, les mères de syriens séquestrés par cette milice se rassemblent tous les jours autour des sièges de l’EIIL pour demander de leurs nouvelles et réclamer leur libération. Dernièrement, rapporte L’OSDH, une femme a pris 40 fouets pour avoir refusé de porter le niqab.

    Une mosquée pour Zarkaoui

    De plus, il y est question de la décision de l’EIIL de construire dans la ville de Raqqa une mosquée dédicacée au grand terroriste jordanien d’Al-Qaïda, Abou Moussab al-Zarkaoui, rapporte le site al-hadath News. Ce dernier qui est le fondateur de la milice de l’Organisation d’Al-Qaïda en Mésopotamie a été tué par les forces américaines en Irak.

    ٌRevers à Quneitra

    En revanche, c’est au sud de la Syrie, près de la Palestine occupé et de la Jordanie que les milices prennent leur revanche et surtout dans le gouvernorat de Quneitra.

    Selon l’OSDH, ils ont pris le contrôle du versant est de la colline Tal-Ahmar, dans la localité de Kodna, situé entre Damas et le Golan. Et l’armée syrienne s’est retirée. Ils avaient auparavant occupé son versant ouest. Dans la province de Deraa aussi, l’armée syrienne s’est retirée de ses deux barrages aux alentours de la localité de Nawa.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/L-armee-syrienne-aux-portes-de-la-Turquie-24989.html

  • Attention scrutin en vue

    À moins d'un mois du scrutin européen du 25 mai, la France se prépare à l'adoption de son fameux pacte dit de responsabilité. Sans entrer ici dans l'examen des dispositions concrètes proposées par le Premier ministre à l'Assemblée nationale ce 29 avril, on doit souligner que l'ensemble du dispositif vise à un rattrapage de la situation budgétaire d'un pays saigné à blanc par le fiscalisme, et par là même économiquement de plus en plus distancé par ses partenaires européens.

    Sans préjuger par conséquent de l'efficacité, dont on doit douter, des mesures gouvernementales, il faut comprendre, c'est-à-dire ou bien refuser, ou bien accepter le principe d'une meilleure cohésion continentale, ceci dans l'intérêt même du peuple français.

    Dans quelques jours vont ainsi se dérouler les élections désignant le parlement de l'Union européenne. Pour la 8e fois depuis 1979 elles se déroulent au suffrage universel. Mais pour la première fois depuis la signature du traité de Rome en 1956, cette assemblée aux compétences évolutives va disposer du pouvoir de contrôler l'exécutif au sein des institutions. Elle va se trouver en mesure notamment d'imposer son choix pour le président de la Commission de Bruxelles. Jusqu'ici en effet cette nomination était laissée à la discrétion des chefs de gouvernements des États-Membres composant le Conseil européen.

    Cette novation elle-même ne fait pas l'unanimité au sein des forces politiques du continent. Elle les sépare en deux groupes. Les uns y voient le comblement heureux du déficit démocratique évident dont pâtissent depuis un demi-siècle les institutions communautaires jugées technocratiques. Les autres rejettent au contraire, mais avec plus ou moins de véhémence, ce qu'ils dénoncent comme une atteinte à la souveraineté des États, donc des nations, donc des peuples.

    Observons à cet égard qu'un étiquetage trop commode des positions respectives, les qualifie de "souverainistes" et de "fédéralistes". Ce recours à des termes mal définis obscurcit un débat qui pourtant pourrait rester clair et pratique. Je me souviens ainsi d'un interlocuteur anglais, se définissant lui-même comme "eurosceptique" et qui ne comprenait pas ce que les Français entendaient par "souverainisme" qui me semble cependant assez proche en fait des positions qu'il exprimait lui-même.

    Pour séparer les deux camps on retiendra par exemple que 5 groupes de partis continentaux ont d'ores et déjà désigné leurs candidats pour la présidence de la Commission. En dehors des marxistes qui mettent en avant l'improbable Tsipras, pratiquement le seul Grec à ne parler aucune langue étrangère, les conservateurs du PPE ont désigné Jean-Claude Juncker, les sociaux-démocrates Martin Schulz, les Verts un tandem composé de Franziska Keller et de José Bové, le petit groupe centriste Guy Verhofstadt

    Notons que le débat continental prévu le 15 mai entre ces cinq chefs de file risque fort, à l'heure où nous écrivons, de ne même pas être rediffusé par France Télévisions, les médias parisiens semblant surtout concentrés sur les sondages hexagonaux.  (1)⇓

    Les autres, allant des conservateurs britanniques aux nationalistes de France et de Navarre, ceci incluant les eurosceptiques anglais proprement dits, le parti Ukip, se sont dispensés, mais aussi les partis protestataires tels que Beppe Grillo en Italie, ont refusé ou ne sont pas parvenus à s'entendre pour jouer ce jeu.

    Il est évidemment trop tôt pour accorder trop de créance aux sondages effectués dans chaque pays et aux projections d'ensemble qui en résultent. Mais il faut remarquer que le rapport de force prévisionnel semble se situer grossièrement au moment présent sur 751 sièges à pourvoir, 550 élus pour l'ensemble des quatre partis européens, 50 autres sièges allant aux marxistes, front de gauche et communistes avoués, 40 aux conservateurs de type britannique, 36 aux eurosceptiques – les divers groupes protestataires, anti-fédéralistes, souverainistes, etc. se partageant entre 90 et 100 élus, dont environ 20 pour le FN français sur 74 représentants de l'Hexagone.

    Les équivalents allemands de nos souverainistes, "Alternativ für Deutschland", crédités de 6 % des voix, écartés du Bundestag en 2013, pourraient entrer au parlement : leur campagne actuelle cherche d'ailleurs à tirer parti des inquiétudes qu'inspire l'absence de rigueur économique de ce côté-ci du Rhin. (2)⇓

    De telles fortes poussées de fièvre interpelleraient sans doute la classe politique. Elles attisent les commentaires médiatiques. Mais, plus de 425 sièges semblant promis à l'addition des deux groupes principaux, socialistes et conservateurs, leur majorité ne semble guère promise à un ébranlement. Au contraire, l'évolution de la situation risque fort de sceller leur coalition, comme cela s'observe déjà dans plusieurs pays.

    Les partenaires occidentaux de l'Europe se disent désireux de l'inclure dans une vaste zone de libre échange, jugée mutuellement profitable. Ils se montrent actuellement soucieux de l'éventuelle division de leurs interlocuteurs. De l'autre côté, à l'est comme au sud, les puissances archaïques hostiles n'hésitent manifestement plus à encourager ou à subventionner, très classiquement, très "géopolitiquement", les forces centrifuges, en agitant les cauchemars dont se nourrissent les protectionnismes.

    Aux citoyens européens, par conséquent, de cesser d'être dupes et de prendre conscience des vrais dangers.

    JG Malliarakis
     http://www.insolent.fr/2014/04/attention-scrutin-en-vue.html

    Apostilles

    1. Une protestation a été publiée par le Huffington Post le 28 avril: "France Télévisions ne doit pas censurer le débat européen"
    2.  Réalisés début avril, les plus récents sondages donnent les résultats suivants: 51 extrême gauche 208 socialistes 41 verts 63 libéraux centre gauche 217 conservateurs PPE 41 conservateurs 36 EFD dont UKIP britannique et 94 souverainistes dont FN français (lui-même crédité de 20 sièges sur 74 attribués à la France). L'assemblée sortante comptait les groupes suivants : 275 Parti Populaire Européen (PPE), 194 Alliance progressiste des socialistes et des démocrates (S&D), 85 Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), 58 Conservateurs et réformateurs européens (CRE), 56 "Verts/Alliance libre européenne" (Verts/ALE) 35 "Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique" (GUE/NGL), 32 "Europe de la Liberté et de la Démocratie" (ELD), 31 Non-inscrits (NI)
  • Albert Camus et l’ordre du monde

    Qu’est ce qui caractérise la pensée d’Albert Camus ? L’amour du monde et le souci de l’homme. En d’autres termes, c’est l’amour du monde et le souci de la justice. Plus encore, il convient de dire : l’amour du monde et le souci d’être juste. La justice n’est en effet pas une question extérieure à l’homme, c’est une exigence qu’il incombe à chacun de porter. De là est issue la conception camusienne de la responsabilité de l’homme. Il en ressort que l’écrivain Albert Camus rejette l’historicicisme. Il y a chez Camus une double dimension : éthique, et c’est le souci d’être juste qui doit animer l’homme, et esthétique. C’est cette vision esthétique qui va retenir notre attention. C’est la vision du monde de Camus, l’ordre du monde selon Camus.

    Jean-Paul Sartre et Françis Jeanson ont reproché à Camus son « incompétence philosophique ». La mesure et la limite ne font pas une philosophie, suggèrent-ils. Mais Camus est loin de se borner à l’éloge au demeurant nécessaire de la limite, de la prudence (la phronesis) et au refus de la démesure (l’hubris).

    Albert Camus refuse le culte de l’histoire, il récuse « ce jouet malfaisant qui s’appelle le progrès » et en refusant le culte de l’histoire rejette « les puissances d’abstraction et de mort ». Au-delà de l’histoire et du progrès, c’est au culte de la raison qu’il refuse de sacrifier. « Je ne crois pas assez à la raison pour croire à un système », affirme-il. Camus choisit donc le monde contre l’histoire même si un jour il affirma le contraire (dans Le mythe de Sisyphe). En conséquence, il n’y a pour lui pas de violence légitime pour des raisons métaphysiques. La violence peut être nécessaire à un moment donné, rien de plus. L’histoire n’efface jamais la responsabilité humaine. Pourquoi ? Parce que c’est le monde, c’est le cosmos qui est à l’origine de tout, et non l’histoire. 

    A deux reprises, Albert Camus met en exergue des paroles d’Hölderlin. Dans L’Homme révolté il est question de « la terre grave et souffrante », dans L’été Camus écrit qu’un homme est « né pour un jour limpide ». L’œuvre de Camus est d’inspiration cosmique : « le vent finit toujours par y vaincre l’histoire » (Noces). Camus retourne même la formule de Terence « rien de ce qui est humain ne m’est étranger » pour expliquer que « rien de ce qui est barbare ne nous est étranger ». Camus fait l’éloge d’une « heureuse barbarie » initiale, primordiale. C’est que les puissances du monde renferment un « être plus secret ». La pensée de Camus est inspirée par « les jeux du soleil et de la mer ». Cela nous renvoie au quadriparti (Das Geviert) de Heidegger. Il s’agit des quatre « régions » du monde : la terre, le ciel, les hommes (les mortels) et les dieux (les immortels). 

    Chez Camus, le soleil renvoie au ciel, la mer renvoie à la terre. Restent les hommes et les dieux. « Les soupirs conjugués de la terre et du ciel couvrent les voix des dieux et exténuent les paroles des hommes » dit à ce propos Jean François Mattéi. Quand l’histoire se fait oublier (et le monde aide à vite l’oublier), il ne reste qu’un « grand silence lourd et sans fêlure ». Il y a un jeu amoureux entre la terre et le ciel, un ballet, une symphonie, un soupir réciproque, et n’oublions pas à ce moment que Camus avait travaillé sur Plotin, chez qui le soupir est une notion centrale. On pense aussi à Rainer Maria Rilke : «  Sur le soupir de l'amie / toute la nuit se soulève, / une caresse brève / parcourt le ciel ébloui. / C'est comme si dans l'univers / une force élémentaire / redevenait la mère / de tout amour qui se perd. » (Vergers).

    Albert Camus évoque souvent « la grande respiration du monde », « le chant de la terre entière », la présence physique de la terre (et il ne faut pas oublier que cela inclue la mer chez Camus, c’est-à-dire le proche, le sensible, le charnel). Camus parle encore de la « vie à goût de pierre chaude ». Chaque jour, la terre renouvelle, dans ses noces avec le ciel, le miracle du premier matin du monde. Tout est écrit dans la description de cette fenêtre que fait Camus dans L’envers et l’endroit (1938) ; c’est une fenêtre par laquelle il voit un jardin, sent la « jubilation de l’air », voit cette « joie épandue sur le monde », sent le soleil entrer dans la pièce, l’habitat de l’homme envahi par l’ivresse du monde, le « ciel mêlé de larmes et de soleil », l’homme saisi par le cosmos, écoutant la leçon du soleil. C’est l’homme et sa pitié qui reçoivent le don royal de la plénitude du monde et c’est pourquoi il faut « imaginer Sisyphe heureux » (comme l’a dit le philosophe Kuki Shuzo avant Camus). Cet embrasement du monde amène les noces de l’homme et de la terre. C’est cela qu’il faut préserver.

    Dans le quadriparti, il y a un équilibre à connaitre et à respecter. Le nazisme et, d’une manière générale, les totalitarismes ont consisté en une alliance entre les hommes et de faux dieux, des idoles en fait (la race, la société sans classe) au détriment de la terre c’est-à-dire du proche, du concret, du charnel, de l’immanent, et aussi au détriment du ciel, c’est-à-dire du transcendant. C’est pourquoi Camus ne choisit pas l’histoire contre le totalitarisme, c’est-à-dire une histoire contre une autre ; il choisit la justice comme figure humaine de la terre. « J’ai choisi la justice au contraire pour rester fidèle à la terre. » écrit-il dans Lettres à un ami allemand.

    Ciel et terre, l’un n’est pas concevable sans l’autre, la terre se tourne vers le ciel, le ciel se penche sur la terre. Les noces du ciel et de la terre orchestrent celles de tout le quadriparti, c’est à dire incluent les vivants mortels que sont les hommes et les vivants immortels que sont les dieux. Ce sont ce que René Char appelle les « noces de la grenade cosmique ». 

    Chez Camus, cet ensemble prend une tournure particulière. Le ciel, c’est le père, ce père que Camus n’a pas connu et qui reste donc pour lui un silence, une énigme, tandis que la terre, c’est sa mère, et c’est la mer, l’élément liquide aussi, la mer dans laquelle on se baigne, et la mer d’où vient la vie. Ciel et terre, cela veut dire père et mère : le père de Camus était mort et sa mère, illettrée, ne savait déchiffrer les signes des hommes. 

    Les dieux, quant à eux, font signe mais ne disent rien et bien fol est celui qui croit savoir quel message ils délivreraient s’il leur convenait d’en signifier un. Pour Camus, comme pour Hölderlin, nous ne venons pas du ciel, la terre est « le pays natal » et c’est le but : « ce que tu cherches cela est proche et vient déjà à ta rencontre. » dit Hölderlin. 

    Où habitent les hommes et les dieux ? Dans l’entre-deux entre le ciel et la terre. L’Ouvert, c’est justement ce qui permet d’accueillir hommes et dieux, gestes des hommes et signes des dieux. Notre patrie est là, terre et ciel, terre sous le ciel, terre grande ouverte vers le ciel, « au milieu des astres impersonnels », écrit René Char, si souvent proche de Camus. 

    Mais voilà que risque de s’éteindre le chant nuptial du ciel, nous dit Camus, cette grande danse du quadriparti. Voici que s’absentent les dieux, et voici que les hommes oublient d’être au monde. Voici que l’homme, à sa fenêtre, ne découvre plus que sa propre image. Que sont les gestes des hommes sans signes divins ? Ces gestes ne peuplent plus l’Ouvert du sacré. Les dieux ne font plus lien entre le ciel et la terre. La terre ne fait alors plus signe vers le ciel. Aux hommes, la terre ne parle plus. Il ne reste que les grands « cris de pierre ». 

    Or, quand plus rien ne fait signe, c’est alors que les gestes deviennent insensés, c’est le meurtre gratuit de l’Arabe par Meursault dans L’étranger (en ce sens, qui est Meursault ? Celui qui ne triche pas, celui qui déchire le voile social. Il refuse les facilités sociales qui trouvent trop facilement un sens au monde), alors, ce sont les totalitarismes sanglants, alors, maintenant, c’est le totalitarisme liquide de notre époque, c’est le rêve insensé d’une plasticité totale de l’homme et l’idéologie « pourtoussiste » (mariage pour tous, procréation pour tous, choix de son sexe pour tous), comme si de petites gesticulations humaines pouvaient remplacer le grand murmure du monde. Nous sommes maintenant loin de Friedrich Hölderlin qui disait dans La mort d’Empédocle : « Et ouvertement je vouai mon coeur à la terre grave et souffrante, et souvent, dans la nuit sacrée, je lui promis de l’aimer fidèlement jusqu’à la mort, sans peur, avec son lourd fardeau de fatalité, et de ne mépriser aucune de ses énigmes. Ainsi, je me liai à elle d’un lien mortel. » 

    Oui, la beauté, c’est-à-dire en un sens la vérité de l’amour, a déserté le monde, mais nous savons une chose, elle est aussi réelle que le monde lui-même, nous ne savons pas si elle « sauvera le monde » mais nous savons que le monde ne se sauvera pas sans elle.

    Pierre Le Vigan - Conférence au Cercle George Orwell, 9 avril 2014.

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFAlZkyyykMmVpVuaw.shtml

  • Hausse contenue du chômage pour le premier trimestre 2014

    Souvenons‑nous de la promesse du ministre des Finances Michel Sapin, à l’époque où il était ministre du Travail du gouvernement Ayrault, qui énonçait une « inversion de la courbe de la hausse du chômage » avant 2013. En réponse à cela, le président de la République a déclaré récemment n’avoir « aucune raison d’être candidat » en 2017 si le chômage ne baissait pas.

    La réalité économique semble cruelle : selon l’agence Pôle emploi, le nombre de chômeurs toutes catégories confondues s’élevaient en mars à 4.95 millions soit une augmentation de 11.8 % en un an. Le ministère du Travail évoque vaguement une « stabilisation » de la hausse et se garde d’avancer un pronostic concernant la baisse globale du chômage. Par ailleurs le gouvernement compte sur le pacte de responsabilité pour inverser cette courbe.

    En dernier lieu, il convient de noter que le nombre de personnes radiées des listes de chômeurs reste inconnu.

    http://fr.novopress.info/164744/hausse-contenue-du-chomage-premier-trimestre-2014/

  • "Sangaris" a du mal à mobiliser les Européens

    Un demi-succès en forme d'échec. La conférence de génération des forces du 27 février  a réuni les Européens à Bruxelles, pour lister les capacités qui pourraient être mobilisées pour l'EuforCentrafrique : une mission qui doit théoriquement ne durer que six mois (comme c'était le cas, à l'origine, pour la mission française Sangaris). Mais les présents n'avaient pas grand-chose à annoncer : la faute aux processus politiques internes, bien plus longs en Europe qu'en France, laquelle possède un système plus présidentiel et rodé à ce genre de manœuvre. Le Français Philippe Pontiès, commandant de l'Eufor, ne devrait donc pas recueillir plus de 800 à 1000 Européens... parmi lesquels une compagnie de Français réduite à 140. Si l'on en reste aux promesses de l’Élysée, cette compagnie est en fait déjà déployée, au titre des renforts annoncés mi-février. En outre, des gendarmes mobiles, eux aussi déjà sur place, doivent s'y ajouter.

         Une autre compagnie a été promise par la Pologne. Une compagnie multinationale sera alimentée par l'Estonie, la Lettonie, le Portugal et la Roumanie. La Finlande apporterait, quant à elle, une trentaine de militaires. La Géorgie, qui ne fait pas partie de l'Union européenne, est donc, au final, celle qui effectuerait l'effort le plus important : le pays est prêt à apporter une compagnie. Les Géorgiens connaissent bien les Français pour avoir effectué la sécurité du camp de Warehouse et, en cette occasion, utilisé des VAB et P4 fournis par la France.

         Le poste de commandement de l'Eufor doit être installé en Grèce, à Larissa. Il comptera 120 personnels. Le chef est donc français, et l'adjoint, grec. Le force commander en Centrafrique sera aussi français : le général Thierry Lion, chef de l'état-major de force (EMF) n°1 de Besançon et ancien chef de corps du 1er régiment de tirailleurs (2003-2005). La question des moyens aériens n'a pas encore été abordée, tant pour le déploiement initial de la force que pour son fonctionnement en croisière. Pas plus qu'il n'a encore été question des précieux hélicoptères, toujours très difficiles à trouver dès qu'il s'agit d'opérations en Afrique. On se souvient que l'Eufor Tchad / RCA (2007-2008) n'avait pas pu fonctionner sans l'apport d'hélicoptères de manœuvre venus de Pologne et que, pour Serval, seuls les Belges ont apporté des A109, limités à la mission d'évacuation médicale...

    RAIDS n°335

    http://www.oragesdacier.info/2014/04/sangaris-du-mal-mobiliser-les-europeens.html

  • Civitas en Belgique, ce 1er mai, contre la théorie du genre et l’antichristianisme

    FRANCE-THEATRE-RELIGION-DEMO

    Jeudi soir, Alain Escada, président de Civitas, fera une conférence à Bruxelles, square Frère-Orban, à deux pas des institutions européennes. La conférence portera sur la théorie du genre. Une conférence comme Escada en fait à travers toute la France. A ceci près qu’elle sera adaptée au public belge et fera également le point sur les développements de la théorie du genre en Belgique.

    Le sujet y est d’autant plus d’actualité que, quinze jours plus tard, l’Université Libre de Bruxelles (ULB), organise un colloque international sur le thème : « Habemus Gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse« . Durant deux jours, les 15 et 16 mai, des partisans de l’idéologie du genre venus de différents pays (parmi lesquels le Français Eric Fassin) vont se succéder à la tribune. « Ce colloque bénéficie du soutien d’institutions politiques belges comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, la COCOF ou la ville de Bruxelles », insiste Alain Escada.

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    La conférence de Civitas à Bruxelles le 1er mai viendra donc bien à point pour amorcer une résistance belge à cette idéologie imposée par des organismes internationaux dans le cadre d’un nouvel ordre sexuel mondial.

    Alain Escada ne cache pas son ambition de parvenir, à l’issue de cette soirée, à lancer une antenne de Civitas en Belgique. « Je ne m’en occuperai pas personnellement car je suis déjà bien occupé à développer et structurer Civitas sur le territoire français, mais une petite équipe de Belges devrait rapidement se mettre en place. Il est temps de développer des réseaux catholiques à travers toute l’Europe et même au-delà car les problématiques auxquelles nous sommes confrontés sont désormais mondiales. Seul le calendrier varie de pays en pays.« 

    Une antenne belge de Civitas aura-t-elle une utilité plus large que de combattre la théorie du genre ? « Bien entendu !, répond Escada. Comme en France, Civitas aura en Belgique pour mission de faire entendre une voix catholique dans l’espace public et d’installer un esprit de résistance catholique. Les événements récents ont montré que la Belgique en avait un urgent besoin. Regardez comment la loi permettant l’euthanasie des enfants a été votée en Belgique dans la quasi indifférence générale. La résistance à cette loi inique a été quasiment inaudible et invisible. Seuls quelques poignées de Belges ont fait office de « sentinelles » devant les institutions parlementaires. Ce silence des catholiques belges est impardonnable et doit cesser. Ils doivent prendre des responsabilités et assumer leur catholicité sans couardise. »

    « Où sont les catholiques belges ? Les provocations s’accumulent sans réaction. Un seul exemple : le Jeudi Saint, la télévision (Club RTL en l’occurrence) avait programmée en soirée la diffusion du film blasphématoire « La dernière tentation du Christ « … A-t-on entendu une réaction vigoureuse ? Non, aucune! Quelle autre confession religieuse serait l’objet de telles humiliations de la part d’un grand groupe de télévisions ? Aucune ! « 

    (conférence à Bruxelles : 1er mai à 19h20, salle St Joseph, square Frère Orban)

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