Bruno Gollnisch était en Chine du 17 au 26 mars, répondant à l’invitation de la Fondation culturelle Chine Europe et de Fondation de la promotion de la paix sur la route de la soie. Filip Dewinter député flamand au Parlement de Belgique, et la sénatrice belge (flamande également) Anke Van Dermeersch (ancienne Miss Belgique, juriste spécialiste de droit fiscal) étaient notamment au nombre des membres de la délégation dans laquelle figurait le député européen FN. Nous avons recueilli ici quelques unes de ses impressions.
Bruno Gollnisch nous l’a confié, ce périple dans l’Empire du Milieu fut marqué « à Pékin comme àShanghai par des rencontres, des réceptions avec des personnalités de poids du monde politique et économique ». « Pour autant les Chinois, fiers de leur patrimoine, ont eu aussi à cœur de nous faire partager leur culture. »
« A Shanghai par exemple nous avons certes rencontré le leader mondial de la fabrication de container, un des hommes les plus riches de Chine, vu une ville dont les gratte-ciels n’ont rien à envier à ceux de New York ou de Dubaï; nous nous sommes même rendus au sommet de la Shangai Tower qui culmine à 632 mètres de haut! Mais nos hôtes ont tenu aussi à nous amener à l’institut culturel où nous avons été initiés à l’art traditionnel de la calligraphie, à celui tout aussi subtil et délicat du découpage de papier; nous avons même été priés de remettre des décorations à deux artistes peintres de grand talent ».
« Les chinois ont voulu également nous montrer Xi’an, ancienne capitale au centre du pays,où se trouve l’extraordinaire mausolée de l’empereur Qin, datant de plus de 2000 ans, et son armée enterrée composée de 6 000 guerriers - dont aucun n’est exactement identique à l’autre- chevaux et chars en terre cuite de grandeur nature. Bien évidemment furent aussi au menu la Cité interdite, le palais impérial de Pékin, la Grande muraille…qui prouve que toutes les civilisations sédentaires, n’en déplaisent à certains, ont toujours eu à se préserver des intrusions de nomades prédateurs! ».
« Signe de l’importance que revêtait aux yeux des autorités de Pékin ce voyage, notre délégation a été reçue très officiellement par des figures de tout premier plan du régime, notamment le vice-ministre des Affaires étrangères, Cheng Guoping, fin connaisseur des questions européennes, et le haut responsable Meng Jianzhu, chef de la Commission des affaires politiques et juridiques du Comité central du Parti communiste chinois. »
« Je n’ai pas pour habitude de donner des leçons de démocratie libérale à chacun de mes voyages comme le font habituellement les représentants du Parlement européen » précise Bruno Gollnisch. « Même en désaccord, je préfère dialoguer et d’ailleurs, si la Chine n’est pas conforme dans son mode de fonctionnement politique avec notre modèle occidental, la situation n’a rien à voir avec celle d’il y a cinquante ans. J’étais un invité et non un otage c’est pourquoi je n’ai tout de même pas manqué d’interroger Meng Jianzhu sur les catholiques chinois fidèles au pape, sur la distinction nécessaire entre eux et ceux qui utilisent la religion à des fins subversives, voire terroristes, comme le font certains islamistes. »
« Mon franc-parler sur cette question sensible a visiblement surpris, mais il m’a assuré que la Chine avait changé et que la liberté de culte était rétablie. Certes, j’ai constaté par moi même que les temples bouddhistes étaient très fréquentés; il en était de même de la cathédrale de Pékin où je me suis aussi rendu de ma propre initiative, j’y ai vu pareillement la ferveur des croyants. Ces deux monuments avaient été fermés pendant la Révolution culturelle, le premier avait même été détruit par les gardes rouges, avant d’être reconstruit à l’identique il y a quelques années, le second avait été transformé en hangar avant d’être rendu au culte catholique. »
« Je n’apprendrai rien à nos lecteurs internautes, les libertés économiques ont été aussi rétablies en Chine communiste. Je suis allé pour la première fois en Chine il y a près de trente ans, dans le cadre d’une coopération avec l’université de Wu-Han. Alors professeur de langue et civilisation japonaises à Lyon, doyen de la Faculté des Langues, j’accompagnai Gérard-Emmanuel Weil, ancien rabbin de Saverne, qui présentait un programme sur la saisie informatique des idéogrammes. »
« J’ai le souvenir d’une ville universitaire très pauvre, le papier y était rare, la bibliothèque avait été brûlée pendant la Révolution culturelle, des professeurs avaient été défenestrés… Les enseignants de l’université se déplaçaient en vélo dans des costumes Mao élimés. »
« Quel contraste avec la Chine de 2016! » constate Bruno Gollnisch. « Bien sûr, tous les Chinois ne sont pas riches mais environ 250 millions d’entre eux (sur prés d’un milliard et demi tout de même) ont désormais un niveau de vie comparable à la moyenne de celui des citoyens de l’Union européenne. Une Chine nouvelle où l’on voit des milliers de voitures de luxe dans les rues, principalement de marques allemandes et japonaises… mais aucune (ou presque) françaises, ce qui ne justifie pas le salaire exorbitant du PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, mais cela est une autre histoire… »
« Dans nos discussions au ministère des Affaires étrangères avec Cheng Guoping et des responsables chinois, et à la lumière de ma seule boussole en politique étrangère, à savoir les intérêts de la France,j’ai donné mon sentiment sincère. Notamment qu’il n’était pas une mauvaise chose que l’assomption de la Chine sur la scène internationale puisse faire contrepoids à la superpuissance unique des Etats-Unis, dont la direction est trop souvent au service des intérêts mondialistes ».
« Je milite pour un monde multipolaire et je suis content à ce titre que la Russie, la Chine, l’Inde et d’autres s’affirment comme des puissances renaissantes ou en devenir, capables d’avoir une politique indépendante et souveraine. Je puis vous dire que ce langage tenu par un élu national, membre d’une formation politique dont l’importance n’échappe pas à nos interlocuteurs, est parfaitement audible, respecté et apprécié. De la même façon le refus des patriotes français de l’inféodation de la France à l’atlantisme nous vaut une certaine estime. » « Chinois avec lesquels », souligne encore Bruno Gollnisch, « nous partageons encore l’analyse selon laquelle l’Occident dominé par Washington a une lourde part de responsabilité dans l’éclosion du terrorisme djihadiste du fait de la déstabilisation des régimes laïques des pays arabes. »