Le 12 juillet le médiateur sud-africain chargé de la Presse faisait savoir qu'un article écrit par un nommé Andile Mngxitama et publié le 11 avril 2010 dans le City Press, très diffusé parmi les Noirs, avait contrevenu au Code de Déontologie. Celui-ci accusait en effet Terre'Blanche, l'AWB et les « racistes Blancs » de Ventersdorp d'avoir assassiné dix ans plus tôt le maire noir de la ville. Sauf que l'auteur du crime, Johannes Monatle, est en attente d'être jugé. Ce faisant, Mngxitama diffusait une propagande erronée incitant à la haine raciale contre les Afrikaners. Rien de nouveau en cela. Le jeune homme est le fondateur d'un groupe raciste noir du nom de "Blackwash" (« Nous sommes un collectif de Noirs, par les Noirs et pour les Noirs exclusivement ») qui demande aux Africains de ne pas « se livrer à des violences xénophobes contre les frères noirs » mais de « décharger leur colère contre les "colons" (sic) ».
Blackwash, qui s'oppose également à l'ANC, accusée de pactiser avec les Blancs, tient un discours clairement raciste : « Nous avons toutes les raisons d'être en guerre. L'ennemi c'est l'élite coloniale blanche qui continue à profiter du vol et du meurtre... ». on peut lire ailleurs : « Notre terre nous a été volée. Notre économie a été pillée. Avant l'invasion de notre continent par les Blancs nous formions un seul peuple. Nous ne connaissions pas la faim, nous étions une seule grande famille noire. L'Afrique n'avait pas de frontières ». Un tissu d'âneries sans rapport avec la vérité historique : les Blancs étaient présents avant les Noirs dans les trois quarts de ce qui est aujourd'hui l'Afrique du Sud. Du 24 au 26 septembre, Blackwash a organisé à Soweto une grande conférence anti-Blancs sous la présidence du professeur américain Lewis Gordon, philosophe du "suprémacisme" noir revendiqué, renommé pour ses théories qui placent ce racisme africain-américain au centre de toute sa cosmogonie.
Or Andile Mngxitama se trouve être le conseiller politique d'un lobby intitulé Fondation pour les Droits de l'Homme (HRF) qui ne comprend aucun Blanc dans son bureau directeur mais dont les principaux responsables sont des personnalités de l'ANC.
Cette organisation soutient des « groupements appartenant à la société civile et des institutions publiques qui facilitent une conscience accrue, le respect, la protection et la réalisation des droits contenus dans la Constitution ». En matière de pauvreté et d'inégalité, « elle privilégie une approche basée sur les droits. Ce qui signifie qu'elle fait en sorte que la priorité soit donnée aux groupes les plus vulnérables de la société, en particulier les pauvres, par la participation, la responsabilité, la non-discrimination et le respect des droits inscrits dans la Constitution ». Est-il besoin de dire que nulle part dans les archives de cette association pour les Droits de l'Homme n'apparaît le moindre intérêt envers les pauvres, les vulnérables et les exclus Afrikaners de la société "arc-en-ciel" ?
La Fondation pour les Droits de l'Homme qui se présente comme « une des principales donatrices indigènes dans le secteur des Droits de l'Homme en Afrique du Sud », est financée principalement par l'Union Européenne selon un protocole signé directement entre celle-ci et l'ANC. L'UE verse ainsi annuellement 22 millions d'euros à l'Afrique du Sud pour ses programmes « d'intégration et de démocratie », c'est-à-dire qu'elle subventionne des associations dont l'essentiel de l'activité est le racisme noir, comme Blackwash ou la HRF. Celle-ci est également soutenue par Irish Aid - Programme d'aide du Gouvernement irlandais qui, en 2010 a distribué 671,4 millions d'€ d'assistance dans le monde. On rappellera que l'Irlande vit essentiellement des subventions européennes. Bien entendu la Fondation Ford participe. Ainsi que la Charles Stewart Mott Foundation. Laquelle, notamment « pour combattre la xénophobie en Afrique du Sud (sic) » a distribué entre 1996 et 2010 plus de 59 millions de US$ à la HRF. Care International (« Défendre la dignité. Combattre la pauvreté ») fait partie de la bande et redistribue l'argent de ses très généreux donateurs. La liste de ces derniers, des centaines de noms, depuis les Fondations MelIon, Annenberg, Hilton jusqu'à celle de Bilou Gates, de Coca-Cola à Starbucks, Pfizer ou Abbott, est un véritable catalogue de la puissance financière socialiste mondiale.
J.R. Rivarol du 15 OCTOBRE 2010
anti-national - Page 1196
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Comment l'UE subventionne des organisations racistes noires sud-africaines
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Manifestation du 13 janvier : pourquoi Bruno Gollnisch y sera
La loi prévue sur le mariage et l’adoption par les couples homosexuels vise à satisfaire les exigences d’une très petite minorité. Au-delà, elle est aussi motivée par de sombres impératifs idéologiques. Impératifs, démagogiques ceux-là, qui ont aussi présidé au vote de la taxation à 75 % des plus hauts revenus, un taux que l’on ne retrouve dans aucun pays de l’OCDE nous l’avions souligné, et qui vient d’être censuré par le Conseil constitutionnel. Ladite mesure ne concernait que 2000 foyers fiscaux et ses effets négatifs auraient été à l’évidence plus importants que ses côtés positifs. Pour le reste, ce sont les Français bien plus modestes qui continueront à payer la facture.
Dans ce contexte peu réjouissant, il y a des sondages qui, même un peu anecdotiques, sont toujours amusants à lire. Ainsi celui publié mercredi dernier (une étude Harris Interactive), par le magazine VSD en cette période de fêtes sur « les personnalités qui agacent le plus les Français ».
Bien sûr on peut toujours contester les choix (orientés) qui président à l’élaboration de la liste soumise aux sondés, comme celle présentée dans le tout dernier baromètre bi-annuel Ifop pour le Journal du Dimanche sur «les personnalités préférées des Français ». Nous y trouvons aussi beaucoup de mauvais tocards médiatiques interchangeables avec le sondage précédent.
Mais avouons que si nous avions été interrogés, nous aurions nous aussi certainement placé en tête… les têtes de gondoles qui sont les plus citées ici : Jean-François Copé, Franck Ribéry, Diam’s, Bernard Henry-Lévy ou encore Audrey Pulvar…Si les réponses des Français font sauter le fameux clivage droite-gauche en mettant au rayon des « insupportables » aussi bien Mme Royal que Mme Morano, celui-ci garde apparemment tout son sens sur les questions dites « sociétales ». Le cas emblématique étant bien évidemment le projet de loi en faveur du « mariage pour tous. »
Le Point s’en faisait l’écho le 19 décembre relayant une dépêche de l’AFP : « Si l’opposition à ce projet du gouvernement socialiste fait l’unanimité au sein du (FN, NDLR), la forme que doit prendre la mobilisation est plus discutée en interne ». « Entre des cadres qui penchent pour un soutien actif et d’autres beaucoup plus prudents, le Front National – et Marine Le Pen en tête – est partagé face à la prochaine manifestation d’ampleur contre le mariage homosexuel, le 13 janvier, alors que l’UMP promet d’être dans la rue ( …) »
« La mobilisation du 13 janvier, baptisée La Manif’ pour tous, s’annonce encore plus forte et le président de l’UMP Jean-François Copé a d’ores et déjà demandé aux militants et sympathisants de son parti d’être des acteurs-clés pour son succès. Du coup, le FN est placé devant un dilemme. »
Dilemme n’est peut être pas le mot exact puisque le FN sera bien présent à cette manifestation : Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen, Marie-Christine Arnautu, Louis Aliot sont favorables à une participation du FN à ce rassemblement et de très nombreux militants cadres, élus, membres du Bureau politique ont d’ores et déjà prévu de se rendre à cette manifestation.
Bruno Gollnisch peut en témoigner, les frontistes lui ont posé de très nombreuses questions sur la nécessité de la présence du FN lors des manifestations passées et à venir contre le mariage homo, lors de ses récents déplacements dans les fédérations FN et encore dernièrement lors de son passage à Versailles le 21 décembre. Ce sujet sera évoqué lors du prochain Bureau Politique du FN, le 7 janvier.
Il est en effet totalement légitime pour les dirigeants du FN de réfléchir à l’attitude tactique, stratégique qui doit être celle de l’opposition nationale sur ce dossier. En l’espèce Le Point et l’AFP, citent Marine Le Pen qui explique qu’ « il est hors de question d’apparaître comme des supplétifs de M. Copé ». « Si (elle va manifester ), (ce qu’elle n’a) pas encore décidé), (elle le fera) pour dire attention, il y a d’autres sujets qui sont des sujets bien plus importants que cela »
Pour Marine poursuit cet article, « ce débat de société renforce le clivage gauche-droite, qu’elle juge d’une part artificiel et qui lui laisse d’autre part moins d’espace politique. Difficile, en effet, de renvoyer UMP et PS dos-à-dos sur le mariage homosexuel. » Pourtant Le Point cite aussi à bon escient la présidente du FN qui souligne que l’UMP « cherche à se faire une virginité sur la défense de valeurs qu’ils ont totalement abandonnées depuis les 30 années où ils sont au pouvoir ».
Florian Philippot, vice-président en charge de la stratégie et de la communication, est-il encore rapporté, « voit dans ce débat sur le mariage gay un sujet de diversion pour masquer les échecs sociaux de l’exécutif. » « Notre position est connue. Il n’y a pas un Français qui pense que Marine Le Pen est pour le mariage homo. Et les gens ne nous parlent pas de ça, parce que leur problème, c’est d’arriver à boucler leurs fins de mois ».
C’est en effet une préoccupation première des Français qui hiérarchisent leurs inquiétudes, citent pareillement dans les enquêtes d’opinion depuis 20 ans les difficultés économiques et sociales en tête de leur souci, devant les causes et conséquences, directes ou indirectes de celles-ci : l’insécurité, l’immigration, le multiculturalisme, l’euro, nos abandons de souveraineté à l’Europe de Bruxelles…
Les sondages semblent démontrer aussi une césure assez nette entre le peuple de droite et le peuple de gauche sur cette question, ce dernier étant assez, voire très largement favorable au mariage homo -mais beaucoup moins à l’adoption qui y est pourtant pleinement associée.
Implicitement, le politologue proche de l’UMP (et adversaire résolu du FN) Dominique Reynié « conseille » au FN de faire profil bas sur cette question de la défense des valeurs. Dans Le Monde en date du 25 décembre, interrogé sur l’attitude qui devrait être celle de l’UMP pour contenir le FN, il note que s’il est « indéniable » que « la société française se droitise, » « il est (donc) inutile (pour l’UMP, NDLR) d’en rajouter », « surjouer la proximité avec le FN est donc une erreur. »
Mais le FN juge-t-il encore « est un parti qui aspire toutes les protestations. Désormais, sa zone de croissance est dans l’électorat populaire déçu par le hollandisme. Les transferts dans l’électorat de droite ont déjà eu lieu entre 2007 et 2012. Il n’y a plus de flux massif à attendre de ce côté-là de l’échiquier politique. »
De là à penser que le FN doit mettre l’éteignoir sur son programme de défense des valeurs de notre civilisation il y a tout de même un pas que Bruno Gollnisch se refuse de franchir ! L’électeur qui a voté hier Hollande, aujourd’hui malmené, maltraité par la politique mondialiste du PS et ses conséquences économique, sociale, identitaire sur son quotidien, et qui se décidera en 2014 à voter FN, ne sera pas arrêté dans son geste parce que l’opposition nationale a pris activement fait et cause pour la défense du mariage et de la famille…
Jean de Rouen dans l’article qu’il a publié sur le site Nouvelles de France demande lui au FN de faire de la « la défense de la cellule familiale » toujours une de ses priorités et assure que les « questions sociétales » ne sont pas secondaires. « A moins de réduire l’homme à n’être qu’un producteur ou un consommateur, l’économie n’est pas première : elle doit rester subordonnée au politique. L’homme en effet ne vit pas que de pain. Quant à la question sociale, qui peut ignorer qu’elle est aussi relative à la politique familiale et aux problématiques de l’éducation et de la démographie ? »
Dans son Message de Noël, Bruno Gollnisch a rappelé que cette question du mariage était tout sauf anecdotique et que ce n’est pas un hasard si les mêmes « forces obscures du mondialisme » étaient à la manœuvre pour détruire les nations et les familles, cellules de base de la société.
Enfin Bruno rappelle solennellement, notamment à tous les férus de sondage, que la défense des valeurs traditionnelles est une des causes principales, structurante, du vote en faveur Front National comme l’on démontré des dizaines d’enquêtes d’opinion depuis son émergence électorale.
Au nombre de celles-ci, l’enquête TNS Sofres de décembre 2006 indiquait que la « défense des valeurs traditionnelles » par le FN et Jean-Marie Le Pen était l’aspect thématique le plus approuvé par les Français, avec 39 % d’avis favorables (53 % d’avis contraires). Une enquête d’opinion publiée peu avant le premier tour de la présidentielle de 2002 dans Le Monde établissait le même constat.
En février 2010, ce même institut de sondage publiait les résultats de son enquête dans le cadre du « grand débat sur l’identité nationale ». Il était relevé qu’au sein des 65% de Français qui considèrent que l’identité française a tendance à «s’affaiblir», les raisons principales dudit affaiblissement citées en premier étaient « la perte des valeurs » (29%), devant « l’immigration » (25%) et « la diversité culturelle et ethnique » (18%) ce qui certes revient peu ou prou au même.
Enfin, un sondage opinion way paru en mars 2011 indiquait qu’en tête des appréciations élogieuses, 38% des personnes interrogées considéraient Marine Le Pen comme la candidate « d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles. »
Valeurs traditionnelles vilipendées, brocardées, attaquées systématiquement par les faiseurs d’opinion, les publicitaires et autres acteurs de la société du spectacle et du divertissement, chargés eux aussi d’occuper « le temps de cerveau disponible » de nos compatriotes, et de faire passer les « messages de tolérance. » Une guerre de sape psychologique qui ne touche pas que notre pays confronté à des attaques mûrement réfléchies et conçues de longue date -http://www.gollnisch.com/?s=solve+et+coagula.
Comme le réaffirme Bruno Gollnisch, « aucune modernité n’est viable si elle ne s’enracine dans une tradition. La défense de la vie, la transmission de notre patrimoine culturel, la remise à l’honneur des valeurs traditionnelles et de droit naturel – ce n’est pas ringard, c’est moderne, de défendre les valeurs traditionnelles ! ». Il les défendra donc de nouveau le 13 janvier dans la rue.
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« Bas les masques - De la désinformation sur l'école » de Claude Meunier-Berthelot
L’école va mal. Chacun en convient. Mais beaucoup pensent que les dirigeants politiques en sont conscients et qu’ils s’efforcent d’y porter remède. Il n’en est rien. L’ouvrage de Claude Meunier-Berthelot décrypte utilement cette désinformation sur l’école. Et démontre que depuis 2007 l’appauvrissement des contenus scolaires se poursuit, que la réforme du lycée reste inspirée par le pédago-ludisme et que la méthode globale d’apprentissage de la lecture a survécu la réforme Robien abolie en 2007. Non seulement la situation de l’éducation nationale est dégradée mais cette dégradation s’amplifie encore.
Polémia publie ci-dessous la préface de l’ouvrage de Claude-Meunier Berthelot. Jean-Yves Le Gallou s’y interroge : comment se fait-il que des innovations dont on constate qu’elles sont désastreuses soient toujours mises en œuvre avec plus de vigueur ? La gauche servirait-elle inconsciemment les intérêts du capitalisme mondialisé qui cherche des masses décérébrées ? Et comment échapper à cela sinon en sortant du système par la dissidence ?
PolémiaPréface
Une tradition, c’est une innovation qui a réussi et qui s’est imposée dans la durée. En leur temps, la philosophie grecque et la rhétorique romaine furent des innovations. Tout comme plus tard les méthodes d’enseignement des Jésuites et des Dominicains. Dans les années 1880, l’école républicaine fut aussi une innovation, élément essentiel d’un ascenseur social fondé sur le mérite.
Soixante ans d’innovations désastreuses
Dans l’immédiat après seconde guerre mondiale, ces innovations sélectionnées par leur réussite historique étaient devenues des traditions. Ces traditions respectées et l’enseignement des « humanités » dominaient alors le paysage de l’enseignement français.
Une série d’innovations se sont alors succédé.
- L’organisation du système scolaire a été changée : le plan, d’inspiration communiste, Langevin-Wallon, de 1947, a tracé les grandes lignes d’un nouveau projet ; un tronc commun mêlant tous les élèves et niant tout processus de sélection a été promu, le fameux collège unique ;
- L’enseignement du français a été transformé : l’analyse grammaticale a été délaissée et la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture abandonnée au profit des méthodes globales ou semi-globales ;
- Enfin la philosophie même des études a été bouleversée ; dans la foulée de mai 1968 - mouvement pour qui « tout enseignant est enseigné, tout enseigné est enseignant » - le rapport maître/élève a évolué : les « méthodes actives » ont progressivement remplacé l’enseignement des « disciplines » ; « disciplines » dont par ailleurs le contenu a été appauvri.Très rapidement, les effets désastreux de ces innovations sont apparus :
- démotivation des élèves et des professeurs ;
- baisse du niveau à la fin du cours préparatoire, du CM2 et au collège ;
- montée de l’illettrisme ;
- multiplication des enfants handicapés par la dyslexie : la méthode globale assurant la fortune des orthophonistes !Dès 1981, le Club de l’Horloge, sous la signature de Didier Maupas, dressait l’acte d’échec des pédagomanes dans « l’Ecole en accusation ». Bien d’autres livres reprirent son antienne allant jusqu’à qualifier l’école de « Fabrique du crétin ».
Trente ans plus tard le mal a empiré. Non seulement les innovations néfastes ont été maintenues mais d’autres sont venues amplifier leurs effets. C’est l’un des mérites du livre de Claude Meunier-Berthelot que d’analyser l’évolution des quinze dernières années et de démasquer la désinformation sur l’école : de Chirac à Sarkozy, de Jospin à Fillon, d’Allègre à Chatel, c’est la même politique qui a été poursuivie, celle qui va toujours plus loin dans le sens des réformes désastreuses engagées de 1947 à 1968.
Cinq exemples de l’imposture sarkozyste
Au passage l’auteur démasque l’imposture du discours sarkozyste sur l’éducation nationale. Discours de « rupture » que les naïfs prennent pour une « rupture » avec les réformes néfastes alors que celles-ci sont, dans les faits, confortées et étendues.
Et l’auteur de citer cinq exemples :
- La carte scolaire n’est pas supprimée mais faussement assouplie ; pire : les critères officiels retenus pour examiner les demandes de dérogation ne prennent pas en compte l’intelligence et la capacité des élèves ; malheur à l’enfant à fort potentiel dont les parents ne sont pas des cas sociaux !
- La réforme du lycée accentue l’évolution vers la « grande récré » avec des professeurs appelés de plus en plus à jouer les « animateurs » et des disciplines aux contenus encore allégés ;
- La réforme des lycées vise aussi à pulvériser les filières d’excellences. A ce sujet, le propos tenu par Nicolas Sarkozy, le 13 octobre 2009, fait froid dans le dos : « Nous allons casser, mais casser (sic) une fois pour toute cette hiérarchie implicite des voies et des séries qui minent le lycée républicain (…) Orientation ne rimera plus avec sélection ». Des propos — parmi beaucoup d’autres cités par l’auteur — qui devraient déciller les yeux des Français sur les véritables objectifs du sarkozysme : supprimer ce qui reste d’excellence dans l’éducation nationale ;
- Le retour à la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture, engagé par Gilles de Robien en 2004/2006, a été abandonné ; même si plus personne n’ose ouvertement défendre la méthode globale, l’apprentissage de la lecture continue de se faire à travers la méthode semi-globale ou des méthodes dites « visuelles, phonétiques ou par hypothèses » qui introduisent la confusion dans les jeunes esprits ;
- La réforme du mode de recrutement des maîtres à travers le CAPES n’a qu’un but : diminuer l’importance accordée dans le concours à la maîtrise des savoirs fondamentaux (dont la part descendra à 40%) au profit des épreuves permettant de jauger le conformisme des postulants, (connaissances pédagogiques, entretien avec le jury).Décérébrer les masses pour mieux les asservir au capitalisme mondialisé
L’auteur ne se contente pas de décrire le désastre éducatif et la désinformation qui vise à le faire accepter. Claude Meunier-Berthelot cherche à comprendre les causes de la persévérance dans l’erreur. Car la vraie question est bien là : pourquoi continue-t-on à imposer des réformes et des méthodes qui ont manifestement échoué ?
L’auteur pointe classiquement les syndicats dominants de l’éducation nationale et les pédagomanes et dénonce « l’idéologie marxiste ». Le lecteur frémit devant ce qui apparaît en première lecture comme un archaïsme et a envie de dire à l’auteur « réveillez-vous, le monde a changé » !
L’Union soviétique ne s’est-elle pas effondrée depuis 20 ans ? Le parti communiste n’est-il pas devenu moins que l’ombre de lui-même ? Les intellectuels marxistes n’ont-ils pas perdu de leur aura ? Raymond Aron n’est-il pas sorti vainqueur posthume de son combat avec Sartre ?
Tout cela est exact, et pourtant c’est toujours la même logique — communiste du plan Langevin-Wallon, de 1947, trotskiste de l’après 1968 — qui s’applique aujourd’hui. Les rares ministres qui ont tenté de s’y opposer — Alice Saunier-Seïté à la fin des années 1970, Gilles de Robien au milieu des années 2000 — ont été broyés par la machine et lâchés par leurs propres amis politiques.
Il y a dans cette situation la conséquence de ce que le Club de l’Horloge avait appelé un « Yalta culturel » : à la droite, l’économie, à la gauche, la culture et l’éducation.
Le propos mérite toutefois d’être complété et actualisé. En réformant l’enseignement, les marxistes avaient pour objectif de « socialiser les masses ». Ils sont parvenus à les décérébrer ! Et c’est ainsi qu’en cassant le système éducatif comme institution délivrant des savoirs et structurant des intelligences, les réformateurs de l’école ont servi les intérêts du capitalisme mondialisé. Car le mondialisme marchand a besoin de consommateurs interchangeables et dénués d’esprit critique. Il a aussi besoin de main-d’œuvre délocalisable. Les réformes de l’école abaissant le niveau général, vidant de contenu les humanités et coupant les enfants de leurs racines civilisationnelles vont donc dans le sens des intérêts de la superclasse mondiale. Car l’appauvrissement et le nivellement des contenus sont les préalables à « la mondialisation des cerveaux ».
Des préalables largement satisfaits ! Dans cette affaire les marxistes ont joué et continuent de jouer les idiots utiles du capitalisme. C’est aussi ce qui explique qu’aucun gouvernement — fut il réputé de « droite » - n’a cherché à tirer les conséquences de l’échec des innovations des soixante dernières années et encore moins à les rejeter, pour en revenir aux traditions. Un mot, il est vrai, mal vu par le politiquement correct !
Alors quelles sont les solutions ? La dissidence !
Les solutions ne sont guère électorales : certes le PS ou l’UMP ne tiennent pas exactement le même discours en période électorale mais leurs pratiques gouvernementales sont identiques. Les solutions sont donc à chercher dans la dissidence.
Quand ils le peuvent, les parents doivent reprendre en main l’instruction de leurs enfants : en particulier dans les premières années d’apprentissage de la lecture. Car un enfant qui saura lire aimera lire et pourra ainsi s’approprier la culture de sa famille et de son peuple.
Les parents doivent aussi choisir avec soin l’école de leurs enfants ; cela passe évidemment par :
- - le choix de la localisation du logement ;
- - l’appel au secteur privé lorsqu’il est performant ;
- - les dérogations (voire la fraude !) à la carte scolaire lorsqu’elles sont nécessaires et possibles.
Ceci étant, il n’est pas certain que ces méthodes suffisent : les écoles publiques sont peu différentes les unes des autres ; et les écoles privées sous contrat sont souvent passées dans le même moule que les écoles publiques.
Il reste donc la solution du recours aux écoles indépendantes, les écoles privées hors contrat. Une voie d’avenir que cherche à développer avec succès la Fondation pour l’école. Une voie qui garantit la qualité des résultats : car les parents ne paieraient pas s’ils n’étaient pas satisfaits des résultats obtenus par leurs enfants.
Cette voie est évidemment étroite dans la mesure où peu de familles — même en faisant des sacrifices financiers importants — sont en mesure de prendre en charge intégralement la scolarité de leurs enfants. D’où l’importance d’obtenir des déductions fiscales — impôts sur le revenu, taxe d’habitation — pour les versements effectués aux écoles. A terme, la seule solution satisfaisante reste le chèque éducation permettant aux pauvres comme aux riches de choisir l’école de leurs enfants.
Dans le prolongement des travaux de la Fondation pour l’école, l’auteur explore ces voies dans sa conclusion. Une démarche utile et précieuse même si elle suppose de profonds bouleversements de la donne idéologique et politique.
Jean-Yves Le Gallou
0ctobre 2010Claude Meunier-Berthelot, Bas les masques - De la désinformation sur l’école, préface de Jean-Yves Le Gallou, éditions des Trianons, octobre 2010 p 232, 20€
Chapitre.comPolémia 05/12/2010
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Pour se faire pardonner, la France accroît l'immigration algérienne
Les mots les plus durs et souvent inadaptés, prononcés notamment par François Hollande lui-même lors de son discours devant le parlement algérien le 20 décembre dernier, ont ravivé les passions et provoqué certains débordement verbaux. Dans le but de mieux apprécier les retombées de ce discours et sans vouloir attiser la polémique surgie, Polémia a relevé sur le site suisse Commentaires.com un article sous la signature de Philippe Barraud qui, au delà des échanges passionnés franco-français, donne une analyse, froide mais argumentée, que nous soumettons à nos lecteurs. Une vision depuis l’étranger est souvent positive.
Polémia.M. François Hollande, venu faire acte de repentance devant un pouvoir non-démocratique en Algérie, a contribué au déclin de la France. C’était le énième avatar du « sanglot de l’homme blanc », prêt à sacrifier ses valeurs et sa civilisation sur l’autel de la culpabilité.
Tout le monde y a pensé, mais personne n’a osé l’exprimer: l’Algérie est un pays autoritaire qui méprise les droits de l’homme et en particulier ceux des femmes, où les libertés sont une chimère, où l’économie est en ruine depuis un demi-siècle malgré une manne pétrolière dont on ne sait pas à qui elle profite. Et pourtant, le président de la France vient courber la tête devant un tel pouvoir. Mais bien sûr, dans l’esprit de l’homme blanc repentant façon Hollande, cette situation est la conséquence directe de la colonisation.
Donc, c’est de notre faute, tout ce qui va mal dans les pays pauvres – ils ne sont pas en voie de développement, ils sont toujours plus pauvres, donc appelons un chat un chat – est toujours de la faute de l’Occident chrétien (chrétien, façon de parler, hélas), tandis que ces pays pauvres sont automatiquement parés de toutes les qualités, puisqu’ils sont des victimes.
Il est évident que la colonisation a eu des aspects barbares. Mais on ose dire, contrairement aux affirmations de M. Hollande, qu’elle a aussi eu des aspects positifs. Si l’Inde est aujourd’hui la plus grande démocratie du monde, qui oserait prétendre que la colonisation anglaise n’y est pour rien? Rejeter le passé en bloc, ainsi que le fait M. Hollande, revient à juger globalement L’Histoire de la France comme honteuse et condamnable. Ce faisant, il agit en idéologue socialiste, mais certainement pas en citoyen français, et encore moins comme le premier d’entre eux. De quel droit peut-on juger et condamner nos prédécesseurs à la lumière des valeurs d’aujourd’hui? Aurions-nous fait mieux qu’eux, à leur place? C’est faire preuve d’une rare outrecuidance que de prétendre savoir trancher entre le bien et le mal, et rejeter ceux qui, il y a plus d’un siècle, ont eu la malchance de ne pas s’inscrire dans les bonnes cases des grilles de lecture socialistes contemporaines.
L’Histoire a eu lieu, on ne peut pas la changer, donc, inutile de s’humilier au nom d’une sorte de masochisme purificateur. Au demeurant, lorsqu’il pousse son sanglot d’homme blanc, M. Hollande ne réalise pas qu’il méprise ceux qu’il veut flatter, et aux yeux desquels il croit devoir racheter son pays. L’excellent Pascal Bruckner, qui inventa d’ailleurs le concept du « sanglot de l’homme blanc » (1), analyse finement cette dérive dans son livre La tyrannie de la pénitence (2).
Voici un extrait que l’on recommande à M. Hollande et à ses faiseurs de discours: « La vague de repentance qui gagne comme une épidémie nos latitudes et surtout les principales églises n’est salutaire qu’à condition d’admettre la réciproque : que d’autres croyances, d’autres régimes reconnaissent, eux aussi, leurs aberrations ! La contrition ne saurait être réservée à quelques-uns et la pureté consentie comme une rente morale à ceux qui se disent humiliés. Pour trop de pays, en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine, l’autocritique se confond avec la recherche d’un bouc émissaire commode qui explique leurs malheurs: ce n’est jamais leur faute, toujours celle d’un grand tiers (l’Occident, la mondialisation, le capitalisme). Mais cette division n’est pas exempte de racisme: à refuser aux peuples des tropiques ou d’outre-mer toute responsabilité dans leur situation, on les prive par là même de toute liberté, on les replonge dans la situation d’infantilisme qui a présidé à la colonisation. Chaque guerre, chaque crime contre l’humanité chez les damnés de la terre serait un peu notre faute, devrait nous inciter à battre notre coulpe, à payer sans fin le fait d’appartenir au bloc des nations opulentes. Cette culture de l’excuse est surtout une culture de la condescendance. Rien ne nous autorise à couper l’humanité entre coupables et innocents : car l’innocence est le lot des enfants mais aussi des idiots, des esclaves. Un peuple qui n’est jamais tenu comptable de ses actes a perdu toutes les qualités qui permettent de le traiter comme un semblable. » Ajoutons cette phrase, dans une note de bas de page, à propos de l’Algérie qui exige des excuses de la France: « Eh bien, qu’on admette publiquement la réalité de la sale guerre, l’usage de la torture, la brutalité de la colonisation dans ce pays. Mais qu’on invite les Algériens à faire de même, à dévoiler leurs parts d’ombre, à balayer devant leur porte. Réciprocité absolue! » Il n’en est rien bien sûr, on le sait. Au contraire, M. Hollande croit devoir faciliter l’émigration algérienne en France, comme pour racheter le passé, en facilitant l’obtention de visas pour les Algériens ! On croît rêver… La France n’a sans doute pas assez de chômage avec des immigrés non qualifiés, pas assez de problèmes avec les communautés maghrébines qui ont chassé la République des cités, pas assez à faire à gérer les jeunes enragés qui s’abandonnent au jihadisme faute de perspectives, pas assez de familles nombreuses qui vivent exclusivement d’une politique sociale intenable. Créer un tel appel d’air à l’immigration musulmane, aujourd’hui, dans une France en voie de paupérisation rapide, voilà une faute politique gravissime, que sanctionnera la crise qui vient. Car bien entendu, lorsque M. Hollande annonce aux Français que la crise est derrière nous, il leur ment éhontément, comme on parle à des faibles d’esprit – ou à d’anciens colonisés. La crise, c’est demain.
Philippe Barraud http://www.polemia.com
Commentaires.com
25/12/2012Notes :
(1) Pascal Bruckner, Le sanglot de l’homme blanc, Seuil 1983, réédition 2002, 309 pages.
(2) Pascal Bruckner, La tyrannie de la pénitence. Essai sur le masochisme occidental, Grasset, 2006, réédition Livre de poche, collection Littérature & documents, nov. 2008, 251 pages. -
L’enseignement catholique va t-il se mobiliser contre le « mariage » homosexuel ?
BORDEAUX (NOVOpress via Infos Bordeaux) - C’est la question qui est posée après l’envoi d’un courrier (ci-dessous) adressé aux 8 500 chefs d’établissement de l’enseignement catholique. Dans celui-ci, son secrétaire général, le bordelais Eric de Labarre (photo), exprime officiellement son « désaccord » avec le projet de loi du gouvernement sur le mariage homosexuel.
S’il ne quitte pas son habituel ton très feutré, celui dont le fils est prêtre au sein de la Fraternité Saint-Pierre, appelle « chaque école, collège ou lycée » à « prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l’exercice d’une liberté éclairée ». En clair, mettre le sujet du « mariage » homosexuel sur la table, et expliquer le danger d’une telle réforme.
Dans un communiqué de presse, l’Enseignement Catholique précise sa position : « Fort de son expérience et de son expertise éducatives, l’Enseignement Catholique partage le point de vue du plus grand nombre des professionnels de l’enfance. Avec eux, il rappelle que, pour la construction de l’identité et de la personnalité de chaque enfant et de chaque jeune, la reconnaissance de la différence sexuelle et le droit d’accéder à ses origines et à sa propre histoire, sont tout à fait essentiels. Négliger les droits de l’enfant pour faire prévaloir un droit à l’enfant constituerait un très grave contresens dont les enfants seraient les premiers à pâtir. C’est pourquoi l’Enseignement Catholique est en désaccord avec une évolution législative ouvrant le mariage et la parentalité aux couples homosexuels ».
Si il n’y a pas pour l’instant d’appel à joindre la manifestation du 13 janvier à Paris où l’on attend plusieurs centaines de milliers de personnes, les associations de gauche et d’extrême gauche dénoncent ce soir « un appel à défiler à peine déguisé ».
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2013 : Comment l’Union européenne espionnera ses citoyens
Biométrie, vidéosurveillance, drones, détection des comportements anormaux, modèles mathématiques pour identifier des suspects… L’Union européenne finance plus de 190 programmes de recherche sur la sécurité et la surveillance. Au grand bénéfice des industriels, qui recyclent les technologies militaires pour surveiller les populations. Alors qu’un nouveau programme de recherche est en cours de discussion à Bruxelles, l’Europe continuera-t-elle à céder aux lobbys industriels et à investir des milliards dans le marché de la sécurité ?
Ils portent des noms étranges : Tiramisu, Pandora, Lotus, Emphasis, Fidelity, Virtuoso… En apparence, ce sont d’inoffensifs acronymes. En réalité, ils cachent 195 projets européens de recherche dans le domaine de la sécurité et de la surveillance. Des projets relativement inquiétants pour nos libertés. Et financés par l’Europe dans le cadre de partenariats public-privé.
Tout est bon pour combattre « le terrorisme et d’autres activités criminelles comme le trafic d’êtres humains ou la pornographie pédophile ». Et assurer la sécurité des citoyens… Sauf qu’il s’agit aussi avec Indect de détecter « automatiquement » (sic) les comportements suspects, à partir d’images de vidéosurveillance, de données audio ou échangées sur le net. Bienvenue dans Minority Report !
Exemple le plus emblématique : le projet Indect (« Système d’information intelligent soutenant l’observation, la recherche et la détection pour la sécurité des citoyens en milieu urbain »), lancé il y a quatre ans, dénoncé fin octobre par des manifestations dans toute l’Europe. Indect vise à permettre une « détection automatique » des menaces et des situations dangereuses – comme les cambriolages – ou « l’usage d’objets dangereux » – couteaux ou armes à feu.
Détecter les comportements « anormaux »
Concrètement, Indect est un système de surveillance, qui, à partir d’images et de sons captés dans l’espace public et d’informations glanées sur Internet, alerterait les services de police en cas de situation jugée dangereuse : des personnes immobiles dans une rue passante, un mouvement de foule, des véhicules qui roulent au ralenti, un appel louche sur un réseau social. Ces critères « d’anormalité » seront définis par les forces de sécurité…Le tout alimentera un moteur de recherche. En plus d’espionner l’espace public, Indect assurera « la surveillance automatique et en continu de ressources publiques, comme les sites web, forums de discussion, réseaux P2P ou systèmes informatiques individuels ». Mais rassurez-vous : des outils pour masquer certaines données privées, comme les visages ou les plaques d’immatriculation sur les images vidéos, sont prévus. Les informations doivent être cryptées avant leur transmission aux services autorisés. Ouf !
Parmi les instituts de recherche qui participent au projet, aux côtés de plusieurs polices et entreprises [1], celui de l’université de Wuppertal en Allemagne est spécialisé en sécurité des transports et en protection civile contre les catastrophes. L’université vante les effets positifs que pourraient avoir ces techniques pour prévenir une situation comme celle de la Love Parade de Duisbourg, en 2010, où 21 personnes sont mortes dans un mouvement de foule.
Dans le cadre d’Indect, il développe des modèles mathématiques pour évaluer, à partir d’images de vidéosurveillance, la vitesse des objets, ou « pour détecter le mouvement dans un domaine dangereux, comme les voies dans une gare », explique le porte-parole de l’université, Johannes Bunsch – le seul officiellement autorisé à parler du projet. Courir pour attraper un train, réagir avec un geste brusque, et vous voilà dans le moteur de recherche auquel se connectent les services de police.
« Le système peut très bien détecter une personne nouant ses lacets dans un magasin ou prenant des photos dans un hall d’aéroport, et considérer cela comme un comportement “anormal”. En réalité, le système ne sait pas s’il s’agit d’un comportement indésirable. Il détecte simplement un comportement qui s’écarte des comportements normaux que nous lui avons appris », illustre le professeur Dariu Gavrila (cité par le site Owni) qui, au sein de l’université d’Amsterdam, travaille sur des algorithmes pour détecter les comportements agressifs.
Car le but affirmé d’Indect est bien de lutter contre la criminalité et le terrorisme, non pas d’éviter les carambolages sur les autoroutes ou les mouvements de panique tragiques. Et ce, grâce à l’Union européenne qui finance 75% du projet (15 millions d’euros au total). « Nous ne développons que des procédés techniques, se défend prudemment le porte-parole. La compétence de décider comment utiliser la technologie revient aux politiques ». C’est bien là le problème : qui contrôle ces programmes de recherche et à qui bénéficieront-ils ?
Police et entreprises dans le comité d’éthique
Pour répondre aux critiques, Indect s’est doté d’un comité d’éthique. Sa composition laisse songeur : parmi les neuf membres, on retrouve deux chefs des services de police impliqués et un industriel d’une des entreprises participantes… Son principe semble pour le moins ambigu : « La maxime “si vous n’avez rien fait de mal, alors vous n’avez rien à craindre” n’est valable que si tous les aspects de la justice criminelle fonctionnent parfaitement, dans toutes les occasions. » [2]
Faut-il comprendre qu’un citoyen qui tombe par erreur dans les mailles sécuritaires d’Indect n’aura que peu de chance de s’en sortir !? « Les comités d’éthique qui accompagnent les projets comme celui d’Indect sont plutôt des alibis, estime l’eurodéputé allemand Jan Phillip Albrecht (Vert), qui a fait partie du comité d’éthique du projet Addpriv, qui vise à créer des outils pour limiter le stockage de données jugées inutiles et rendre les systèmes de vidéosurveillance « plus compatibles » avec le droit à la vie privée des citoyens.
Indect est loin d’être le seul programme espion généreusement financé par l’UE. Arena [3] vise à créer un système mobile de surveillance, et est subventionné à hauteur de 3 millions d’euros. Subito repère les propriétaires de bagages non identifiés. Samurai signifie « surveillance des comportements suspects et anormaux à l’aide d’un réseau de caméras et de capteurs pour une meilleure connaissance des situations » [4], dans les aéroports et les espaces publics.
Il s’agit d’un système de vidéosurveillance avec caméras fixes et mobiles – sur des agents de police en patrouille par exemple –, équipées de capteurs permettant de suivre une personne, de retrouver le propriétaire d’un bagage abandonné ou celui d’un véhicule garé dans un lieu public. Des essais se sont déroulés en 2009 dans l’aéroport londonien d’Heathrow. Bruxelles lui a accordé 2,5 millions d’euros.
L’enveloppe européenne pour ces dispositifs s’élève à 1,4 milliards d’euros sur cinq ans [5]. Cette future surveillance généralisée se décline dans les transports ferroviaires, les aéroports, et sur les mers, avec des projets notamment conçus pour refouler les migrants.
Ce programme soulève de nombreuses questions, d’autant qu’il échappe à tout contrôle démocratique et toute objection de la société civile. « Les représentants de la société civile, les parlementaires, tout comme les organisations en charge des libertés civiles et des libertés fondamentales, dont les autorités de protection des données, ont largement été mis de côté », alerte un rapport commandé par le Parlement européen en 2010 [6]. Vive l’Europe des citoyens !
Une politique de surveillance façonnée par les industriels
Pas d’élus ni d’organisations non gouvernementales, mais une omniprésence des grandes entreprises du secteur de la sécurité et de la défense ! En particulier les Français : le groupe aéronautique franco-allemand EADS, et ses filiales Cassidian et Astrium, participent à près de 20 projets différents. Thales France en suit 22 projets et en coordonne cinq. Sagem et Morpho, deux filiales du groupe français Safran, participent à 17 projets, qui incluent la mise au point de drones de surveillance, ou la conception de passeports et de fichiers biométriques.
Chacun avec des millions d’euros de subventions. Des recherches qui assureront sans nul doute de nombreux débouchés pour ces technologies sécuritaires, en Europe et au-delà.
Pourquoi une telle présence ? « Ce sont en majorité de grandes sociétés de défense, les mêmes qui ont participé à la définition du Programme de recherche européen en matière de sécurité, qui sont les principaux bénéficiaires des fonds », pointe l’étude du Parlement européen.
Plusieurs multinationales – dont, côté français EADS, Thales, ou Sagem [7] – ont étroitement participé à la définition du programme de recherche lui-même. Depuis 2003, leurs représentants et PDG conseillent la Commission européenne sur le sujet, via différents groupes de travail et comités, qui ont pour mission d’établir les priorités de la politique européenne de recherche en sécurité [8]. A se demander qui, des multinationales ou des institutions élues, définit la politique de sécurité européenne ! « Ce qui intéresse les entreprises du secteur, ce n’est pas tant de surveiller les populations que de faire de l’argent », analyse Jean-Claude Vitran, de la Ligue des droits de l’homme.
Recycler les technologies militaires
C’est que le marché européen de la sécurité vaut de l’or. Entre 26 et 36 milliards d’euros. Et 180 000 emplois, selon la Commission européenne, qui estime qu’au cours des dix dernières années, la taille du marché mondial de la sécurité « a quasiment décuplé, passant de quelque 10 milliards d’euros à environ 100 milliards d’euros en 2011. » [9] Mais Bruxelles craint pour la compétitivité des firmes européennes. La solution ? Développer « un véritable marché intérieur des technologies de la sécurité », explique Antonio Tajani, vice-président de la Commission en charge des entreprises. Un marché essentiel pour consolider la position des entreprises du secteur.
Pour y parvenir, Bruxelles veut exploiter les synergies « entre la recherche en matière de sécurité (civile) et la recherche dans le domaine de la défense ». Une stratégie duale : les technologies développées à des fins militaires peuvent aussi se vendre sur le marché intérieur de la sécurité civile, pour la surveillance des migrants, des citoyens, des transports et des espaces publics.
« Les industriels de la défense sont conscients que le marché militaire peut s’appliquer à la sécurité civile. Et qu’ils peuvent en faire leurs choux gras », ajoute Jean-Claude Vitran. Les entreprises du secteur profitent des fonds de soutien à la recherche, à tous les niveaux. En plus du volet sécurité du programme de recherche européen, au moins sept pays européens ont lancé depuis des programmes nationaux, dont la France, avec le programme « Concepts, systèmes et outils pour la sécurité globale » de l’Agence nationale de la recherche. Le secteur n’est visiblement pas soumis à l’austérité.
Vers un contrôle plus grand du Parlement ?
Et ce n’est pas terminé ! Ce septième programme-cadre européen prendra fin en 2013. Mais l’industrie de la sécurité n’a pas de souci à se faire. Le budget du prochain programme, Horizon 2020, valable pour la période 2014-2020, devrait augmenter. La commission de la recherche et de l’industrie du Parlement européen a adopté le 28 novembre une première proposition [10]. Le montant global alloué à la recherche dépendra des discussions entre chefs de gouvernement des pays membres.
Une chose est sûre : un volet entier sera de nouveau dédié à la sécurité civile, qui devrait recevoir 2,1% du montant global du programme-cadre. Soit 1,6 milliard d’euros. L’industrie de la sécurité dispose d’un allié au cœur du processus législatif européen. L’un des rapporteurs du texte Horizon 2020, le député conservateur allemand Christian Ehler, est président du conseil d’administration de la German european security association (GESA), une organisation lobbyiste qui regroupe des représentants de l’industrie allemande de la sécurité, de la recherche et des politiques.
« 2 % du paquet recherche, c’est beaucoup trop. Si ça n’avait tenu qu’à nous, il n’y aurait pas eu de chapitre « sécurité » dans ce programme, souligne Philippe Lamberts, eurodéputé belge (Vert), autre rapporteur du projet Horizon 2020. Le budget européen de recherche n’est pas énorme. Il faut choisir ses priorités. Il y a d’autres domaines de recherche qui sont plus brûlants pour la sécurité européenne, comme l’indépendance en énergie ou en ressources. »
Les élus verts du Parlement européen ont réussi à introduire des critères d’impact social dans le programme. Tous les appels à projets dans le domaine de la sécurité devront être soumis à une évaluation préalable de leurs conséquences, sur les droits fondamentaux par exemple. « Auparavant, le facteur principal pour choisir les projets, c’était la croissance potentielle de la branche, rappelle le député vert Jan Philipp Albrecht. Il faut des lignes directrices, liées au respect des libertés. Nous avons des restrictions éthiques similaires dans le domaine de la recherche sur les cellules souches. Il faut que soit clairement établi dans quel cadre on a le droit de chercher pour recevoir les fonds européens, et dans quelle limite. »
Et surtout permettre aux citoyens de garder le contrôle sur un ensemble de projets qui peuvent remettre sérieusement en cause les libertés publiques. A moins que la « compétitivité » des grands groupes du secteur de la sécurité ne prenne, une fois de plus, le dessus.
Notes
[1] Douze instituts de recherche, dont l’école d’ingénieur INP de Grenoble – qui n’a pas répondu à notre demande d’informations –, quatre entreprises allemandes et autrichiennes et la police de Pologne et d’Irlande du Nord.
[3] Architecture for the Recognition of threats to mobile assets using Networks of multiple Affordable sensors, Arena.
[4] Suspicious and abnormal behaviour monitoring using a network of cameras and sensors for situation awareness enhancement
[5] Le programme cadre européen dispose d’un budget de 51 milliards d’euros attribués à la recherche pour la période 2007-2013, dont 1,4 milliards pour le volet « Sécurité ».
[7] Mais aussi BAE Systems, Ericsson, Saab, Siemens…
[8] Le « Groupe de personnalités » (GoP) en 2003, puis le Comité de conseil de la recherche européenne en sécurité (European Security Research Advisory Board, Esrab) en 2005. En 2007, un troisième comité est créé pour accompagner cette fois le 7ème programme cadre de recherche – le Forum européen pour la recherche et l’innovation en sécurité (Esrif).
[9] Lire leur communiqué.
[10] Sur la base d’un premier projet de la Commission. Le texte sera voté en plénière au Parlement européen dans le courant de l’année 2013.
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L’Afrique doit ressaisir son destin par Pierre LE VIGAN
L’Afrique est indépendante depuis cinquante ans. Elle avait des atouts. Ils n’ont pas fructifié. Pourquoi ? C’est à cette question que répond Bernard Lugan dans Décoloniser l’Afrique. L’Afrique est pourtant « aidée ». Pourquoi les aides à l’Afrique ne servent-elles à rien ? Pourquoi même contribuent-elles à enfoncer l’Afrique dans la pauvreté ? Pour répondre à ces questions, il faut comprendre l’Afrique et la connaître. Il faut aussi décentrer son regard : le monde n’existe pas que du point de vue de l’Occident, des Lumières, de l’idéologie « droits-de-l’hommiste ». L’Afrique ne s’en sort pas sauf quelques pays (cf. Pierre Le Vigan, « L’Afrique et ses chances », dans Flash, octobre 2010). La croissance démographique y est de plus en plus rapide depuis un siècle (avec des écarts énormes entre par exemple la Tunisie qui a fait sa transition démographique et la Somalie avec sept enfants par femme) : cent millions d’habitants en 1900, deux cents millions en 1950, un milliard en 2009. Trop de déséquilibre entre la croissance des hommes et celle des richesses : depuis 1981, le P.I.B. par habitant a diminué de 15 %.
Si l’Afrique souffre, c’est moins de sous-développement que de mal-développement, voire d’une conception occidentale du développement. Pour le F.M.I. et la Banque mondiale, le développement, c’est d’abord le développement économique et la mesure de celui-ci, c’est d’abord l’entrée dans la mondialisation. Il faudrait, compte tenu de sa démographie, à l’Afrique une croissance moyenne de 7 % par an. Est-ce vraiment la solution ? À quel prix, notamment écologique, serait une telle marche folle en avant ? Et qui peut croire que c’est possible en Afrique ?
Voyons le fond des choses. On prétend faire sortir les Africains de la pauvreté, et on croît que les Africains sont « des Européens pauvres à la peau noire ». C’est mettre l’Afrique à l’envers montre Bernard Lugan. Il faut la remettre à l’endroit. Or cela ne consiste pas à commencer par le développement économique, encore moins par l’aide économique. Cela consiste à remettre la politique à sa place et la société en ordre. D’abord redonner son rôle à la politique : faire fructifier les différences et non les nier. Or le placage voulu par l’Occident d’une démocratie procédurale aboutit à une « démocratie » africaine ethno-mathématique, à savoir que c’est l’ethnie la plus nombreuse qui prend le pouvoir et en abuse. Le refus de prendre en compte les différences notamment ethniques aboutit ainsi à l’inverse du but recherché officiellement : à exacerber les conflits. Or l’Afrique a besoin de stabilité plus que de processus électoraux plaqués artificiellement, elle a besoin d’économies autocentrées plus que de dérégulation libérale, elle a besoin d’une maîtrise de sa démographie plus que d’encouragements à la demande de « réparations » et à la croyance en une aide toujours plus forte et toujours plus inadaptée de l’Occident. Bref, l’Afrique a besoin qu’on cesse de lui voiler la vérité : elle doit reprendre possession d’elle-même, elle doit cesser de se laisser infantiliser, elle doit cesser de prêter le flanc à des interventions pseudo-humanitaires, elle doit cesser de rêver à une émigration vers l’Europe et l’Amérique qui consiste à laisser fuir ses élites (au nom en France de l’immigration « choisie » – choisie ni par les Africains ni par le peuple français mais par le Capital), elle doit cesser de se faire néo-coloniser (et prendre ses terres) par les nouvelles puissances de l’Asie et achetée par les multinationales. En un mot, elle doit régler ses problèmes entre Africains.
Il est vrai que l’Occident a tout fait pour tromper l’Afrique sur elle-même. Par l’universalisme d’abord, par la repentance ensuite. « Croyant en l’homme citoyen du monde interchangeable, les universalistes veulent pouvoir appliquer partout les mêmes lois et les mêmes règles, tout n’étant selon eux qu’une question d’éducation » (on pourrait ajouter : sachant qu’il n’y a d’éducation qu’une conception possible qui est la conception occidentale). Au sein de l’Occident, la France représentait la variante extrême des Lumières. Comme elle avait proclamé à la face du monde « les droits de l’homme », elle avait le droit, et même le devoir, d’ « élever » vers elle, de transcender les peuples non-civilisés en civilisés, en humains, en Français, ces termes étant en somme synonymes. Qui ne voit que sous son apparente générosité cette position était d’une arrogance folle ? Le revers de cette politique c’est la dissolution de la France elle-même : si la France est « la patrie des droits de l’homme » — auto-définition emphatique de soi — comment peut-elle être plus concrètement et plus modestement, la patrie des Français – ce qui est somme toute tout ce qu’on lui demande ? C’est ce qui advint. La France ne se reconnut plus en elle-même. La France se volatilisa et « évapora en fraternité » (Victor Hugo).
C’est pourquoi chacun, les Africain tout comme les Européens, doit revenir au réel. « Les Africains ne sont pas inférieurs, ils sont autres » disait Lyautey. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas comme nous, mais « en retard », mais signifie qu’ils n’ont pas vocation à faire forcément comme nous avons fait mais à suivre et inventer leur propre chemin.
Pour compter sur elle-même, l’Afrique doit ne pas se raconter d’histoires sur son histoire. La traite négrière ? Elle n’aurait pas été possible sans être organisée par des Africains eux-mêmes. La colonisation ? Elle a fait du mal aux âmes, a créé des frontières artificielles, mais n’a pas pillé l’Afrique. Elle a coûté beaucoup plus cher aux puissances européennes colonisatrices qu’elle ne leur a rapporté, le cas le plus emblématique étant l’Algérie, véritable gouffre pour la France des années trente à 1962. Les obligations en tout genre, stratégiques, sanitaires et autres, des puissances colonisatrices, ce que Jacques Marseille appelait les « contraintes de souveraineté » ont ruiné et retardé tout particulièrement la France. La fixation sur le passé interdit en outre aux Africains de saisir les enjeux actuels : 25 % des terres agricoles africaines sont concernées ou déjà dévolues dans le cadre de projets d’acquisition, qui concernent essentiellement des puissances asiatiques (Chine, Corée). L’application rigide du principe « un homme, un vote » dans des États-nations largement artificiels aboutit à des explosions que la reconnaissance institutionnelle des ethnies et le fédéralisme pourrait au contraire prévenir.
Les ethnies n’ont pas été créées par les colonisateurs. Elles ne sont pas la projection fantasmée des Européens soucieux de conforter leur propre identité. Les clivages ethniques priment sur les clivages religieux (Lugan, p. 164). S’il est exact que les rapports de force entre ethnies ont été figés par la colonisation, c’est effectivement leur remise en mouvement qui explique les guerres inter-africaines, essentiellement inter-ethniques. Le seul reproche que l’on peut faire à Bernard Lugan, c’est sans doute de ne pas assez souligner les liens entre ethnies et position sociale (dominants ou dominés), ethnies et activité économique (éleveurs nomades, cultivateurs sédentaires, etc.). Des liens qu’il n’ignore nullement mais qui ne sont pas au centre de son analyse. En d’autres termes, les conflits ethniques ont aussi une dimension socio-économique. Mais ne se réduisent jamais à l’économie comme l’explique justement Bernard Lugan.
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com/
• Bernard Lugan, Décoloniser l’Afrique, Paris, Ellipses, 203 p., 16 €.
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Terrorisme stalinien d’outre-tombe – Par Flavien Blanchon
LONDRES (NOVOpress) – Croulant sous les années, les titres et la vénération générale, enrichi par ses droits d’auteur sur ses livres imposés à tous les étudiants d’Angleterre et d’ailleurs, avant même de devenir, en 2003, l’heureux lauréat du Prix Balzan d’un million de francs suisses pour l’histoire européenne, couvert de doctorats honoris causa, membre de la British Academy, promu par Tony Blair compagnon d’honneur du Commonwealth – distinction réservée à quarante-cinq Britanniques pour leurs « services exceptionnels » à la culture –, le stalinien Eric Hobsbawm (photo) était le bouddha vivant de la gauche européenne. Lorsqu’il se montrait dans une réunion, selon un témoin oculaire, « l’atmosphère ressemblait à celle d’une audience pontificale ou d’une apparition publique du dalaï-lama ».
Aussi sa mort cet automne, à quatre-vingt-quinze ans, fut-elle immédiatement suivie de son apothéose. Tout l’establishment médiatique britannique, de la BBC au Guardian, fit le panégyrique du « plus grand historien anglais », « un géant des Lumières dont le décès nous laisse tous plus pauvres ». Notre Monde national célébra sans rire son « impeccable lucidité », qui l’avait « préservé de toutes les dérives totalitaires, protégé par sa conscience d’être un “aristocrate communiste” ». Le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz y alla de son communiqué pour saluer « un homme exceptionnel doté d’une extraordinaire lucidité », « une référence pour notre époque ».
Le Guardian, fidèlement transcrit par Le Monde, ne craignit pas même de s’apitoyer sur le « maccarthysme universitaire » qui, pendant la guerre froide, aurait, paraît-il, empêché Hobsbawm d’obtenir « le poste à Cambridge qu’il avait toujours convoité », et l’aurait contraint à se rabattre sur l’université de Londres : quasiment la Sibérie !
Bien rares furent ceux – dans le Telegraph, un peu le Spectator, surtout le Daily Mail, journal populaire tellement haï et méprisé par l’intelligentsia qu’il n’a plus rien à perdre –, qui osèrent troubler le chœur des pleureuses. Osèrent rappeler que Hobsbawm, ayant adhéré au Parti communiste britannique dans les années 1930, en resta membre sans discontinuer, malgré Budapest et Prague et tout le reste, jusqu’en 1991, quand ce qui restait du Parti finit par se dissoudre après l’effondrement de l’Union Soviétique.
Osèrent noter que Hobsbawm commença sa carrière en publiant au début de 1940, sur instructions directes du Komintern, une grossière apologie de l’invasion soviétique de la Finlande, présentée comme un acte d’autodéfense contre « l’agression capitaliste » : « Nous devons rassembler les étudiants et les travailleurs de Grande-Bretagne derrière le slogan : PAS DE VOLONTAIRES POUR LA FINLANDE – NE TOUCHEZ PAS À LA RUSSIE ! » Et que cinquante ans plus tard, dans L’Âge des extrêmes, le plus impudemment partisan et le plus grotesquement surfait de ses livres, Hobsbawm resta fidèle à lui-même en faisant en sorte de ne pas même nommer le pacte germano-soviétique. Tout au plus, au détour d’une page, peut-on lire que, « après presque une décennie d’échec flagrant de la ligne d’unité antifasciste du Komintern, Staline la raya de son ordre du jour, tout au moins momentanément ».
Osèrent relever la complaisance narcissique avec laquelle, dans ses mémoires, Interesting Times, Eric Hobsbawm évoque son militantisme communiste, en même temps que l’extraordinaire complexe de supériorité, à la fois intellectuel et social, qu’il y affiche à l’encontre de « la petite bourgeoisie thatchérienne ». Dans un compte rendu pénétrant de la New York Review of Books, Tony Judt avait parfaitement résumé les choses : « Eric Hobsbawm est un mandarin – un mandarin communiste – avec toute l’assurance et tous les préjugés de sa caste ».
Osèrent citer ce dialogue tranquille en 1994, dans une émission culturelle de la BBC tout entière consacrée, grâce à la redevance audiovisuelle, à la promotion du livre d’Hobsbawm, Age of Extremes. L’animateur (l’historien Michael Ignatieff) :
« En 1934, des millions de gens sont en train de mourir dans l’expérience soviétique. Si vous aviez su cela, est-ce que cela aurait fait une différence pour vous à l’époque ? Est-ce que cela aurait changé votre engagement ? Votre adhésion au Parti communiste ?
– Hobsbawm (après un peu d’hésitation) : Probablement non.
– Ignatieff : Pourquoi ?
– Hobsbawm (emberlificoté) : Parce que, dans une période dans laquelle, comme vous pouvez l’imaginer, le meurtre de masse et la souffrance de masse sont absolument universels, la possibilité qu’un nouveau monde soit en train de naître dans une grande souffrance aurait toujours mérité d’être soutenue […].
Ignatieff : Ce que cela revient à dire, c’est que, si les lendemains qui chantent avaient effectivement été créés, la perte de quinze ou vingt millions de personnes aurait pu être justifiée ?
– Hobsbawm : Oui ».
Hobsbawm n’était certainement pas un grand historien. Mais le dossier de la vie, de la mort et de la canonisation du stalinien Hobsbawm sera, pour les historiens de l’avenir, un document du plus haut intérêt. Peu de pages illustrent aussi bien le dérèglement mental et moral de la gauche intellectuelle européenne, sa bonne conscience que rien ne saurait entamer, sa prodigieuse impudence. « Tu t’es fait un front de prostituée, tu n’as pas voulu rougir ».
Il manquait au tableau une dernière touche, que The Observer, le supplément dominical du Guardian, a finalement ajoutée pour Noël, sous la plume du journaliste Neal Ascherson, ancien étudiant de Hobsbawm, au début des années 1950, au très sélect King’s College de Cambridge – où Hobsbawm, comme on sait, aurait voulu faire toute sa carrière. Ascherson avait auparavant accompli son service militaire, dans les Royal Marines, et s’était battu en Malaisie contre la guérilla communiste – lancée par le Parti communiste malais, essentiellement composé de Chinois, pour introduire en Malaisie, par le sabotage, l’intimidation et l’assassinat, un régime aussi riant que celui du président Mao. Lors d’un dîner officiel au Collège, il mit sa médaille de campagne. Hobsbawm l’examine et lui demande : « Qu’est-ce que c’est que cette médaille que vous portez ?
– C’est ma médaille de campagne. Pour service actif dans l’urgence malaise [the Malayan emergency, nom officiel de la guérilla] ».
Réplique cinglante de Hobsbawm : « La Malaisie ? Vous devriez avoir honte de porter ça ».
Ascherson en est visiblement resté traumatisé. « Je ne pense pas avoir rien répondu. Je me souviens avoir remarqué les étudiants autour de nous, les yeux écarquillés de stupeur. J’ai alors quitté la salle, en dégringolant dans l’escalier obscur, pour déboucher dans la vaste cour où il commençait à pleuvoir. Pendant quelque temps, j’ai fait le tour de la cour dans l’obscurité en pleurant. Après un certain temps, j’ai cherché à tâtons ma médaille, je l’ai détachée et mise dans la poche de ma veste. Je ne l’ai plus jamais portée ».
Comme on aurait voulu qu’Ascherson ou l’un des étudiants qui assistaient à la scène osât dire à Hobsbawm que, non seulement, en tant que stalinien, il était mal placé pour donner des leçons de morale, mais que, Juif ayant fui l’Allemagne en 1933 puis ayant passé toute la Seconde Guerre mondiale, de son propre aveu, planqué à l’arrière sans jamais voir le feu, il devait au moins être reconnaissant à l’armée britannique ! Personne n’osa.
Pis, Ascherson a subi une telle rééducation que, soixante ans après, à quatre-vingt piges, le malheureux en est encore à ramper dans la boue pour demander pardon aux lecteurs du Guardian. « J’avais déjà honte de porter cette médaille, et c’est pourquoi je la portais. J’avais besoin de quelqu’un pour me dire que j’avais honte, afin que je puisse affronter mon propre passé et essayer sérieusement de réconcilier ses contradictions. Eric Hobsbawm m’a appris beaucoup de bonnes choses, mais celle-là est la plus importante de toutes ».
E morto anco minaccia, comme dit le Tasse du Sarrasin Argant. « Mort, il menace encore ». Hobsbawm a rejoint Staline, mais ses sectateurs et ses dévots demeurent, toujours aussi puissants à l’université et dans les médias. Toute dégoulinante du sang des charniers, hideuse de la lèpre morale de son négationnisme, aveugle à force de se boucher les yeux, sourde à force de se masturber, la gauche intellectuelle continue à porter beau, parler haut et faire la leçon : « Vous devriez avoir honte ». Il est des gens à qui elle fait encore peur.
Flavien Blanchon pour Novopress
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Dehors les indépendants :
La politique actuelle et cela depuis deux cents ans, consiste et Napoléon lui-même le disait du code civil, à détruire tout ce qui de près ou de loin ne dépend pas de l'Etat. Toute la politique étatique est fondée sur la destruction des corps intermédiaires(entre l'Etat et l'individu), ainsi que les métiers pouvant avoir une certaine indépendance.
L’individu s'est ainsi retrouvé complètement déraciné,"hachélémisé" dans un conformisme puant, dans un mal-vivre où le taux de suicide le plus fort se retrouve dans la jeunesse et certains métiers, en quête d'un absolu inexistant.
C’est ainsi qu'aucune politique familiale ne sera, à terme, préservée, voire même qu'elle sera livrée par divers moyens à l'anéantissement, par anti-natalisme, pressions fiscales, aides réduites obligeant la mère au travail, logements difficiles créant la promiscuité et la séparation entre les générations. La justice condamnera plus durement une mère de famille n'ayant pas réglé sa redevance de télévision qu'un malfrat quelconque, voire même les responsables assassins du sang contaminé.D’autre part, aucun avantage pour l'accession à la propriété permettant aux parents d'assurer l'avenir de leurs enfants, voilà le triste lot d'aujourd’hui. La jeunesse déracinée, vit dans un monde virtuel admirablement orchestré. Du « pain béni » pour le pouvoir désirant l'effacement d'une jeunesse qui, dans d'autres temps, aurait balayé l'univers du tout pourri politique et médiatique. Son conditionnement, par des désirs dirigés et contrôlés médiatiquement, en font des jeunes-vieux dépourvus de toute volonté sombrant dans un monde chimérique de non-existence... Ce monde virtuel et perpétuel de la toile et des jeux vidéos !
Nous voici donc livrés à la loi de la jungle... Une dure loi que le législateur individualiste des Républiques successives a voulu installer jusque dans la famille en détruisant l'autorité paternelle, en la livrant - à son niveau - aux mêmes divisions, aux mêmes rivalités qui affectent toute notre société... Ainsi comme dans les conflits syndicaux, comme dans les conflits communaux ou régionaux, les conflits familiaux se régleront sous les auspices d'un fonctionnaire, d'un juge...
Néanmoins, la famille résiste aux ébranlements. Encore faut-il ne pas la dissoudre ; et nous aurions préféré aux déclarations de principe de certains responsables politiques ou religieux une opposition déterminée à l'oeuvre dissolvante des idéologues libéraux (libéraux-libertaires même...), cette oeuvre imperturbablement poursuivie malgré le démenti des faits et le simple bon sens. En Droit voici chacun de nous seul désormais devant un monde hostile où cent obstacles administratifs à notre sens de la famille vont se dresser...
Mais le respect de "ce qui naturellement est" doit continuer à guider notre attitude, profondément humaniste et politique tout à la fois...
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Communautarisme contre République : une menace en trois dimensions
Un spectre hante la République : le communautarisme a fait son apparition comme catégorie répulsive du discours politique et du champ intellectuel depuis le début des années 80. Se réclamer du communautarisme, c’est, pour un politique ou un intellectuel, la certitude d’un isolement rapide (« Qui est communautariste ? »). Le consensus dominant estime le communautarisme en expansion dans la société et prétend construire des digues contre lui, en même temps que les « valeurs républicaines », ringardisées il y a peu encore, reviennent à la mode (« Nous sommes tous des républicains », pourrait-on paraphraser). D’où vient alors le paradoxe selon lequel le communautarisme, prétendument combattu par tous, serait irrésistiblement en ascension ? Pour répondre à cette interrogation, un essai de définition s’impose. Celle que je proposerai s’articulera autour de trois dimensions.
« Envie du pénal » et « Reductio ad Hitlerum »
Le communautarisme est d’abord un réflexe idéologique, inséparable de l’extension du politiquement correct dans les pays d’Europe et les Etats-Unis. Certains sujets y sont désormais retranchés des règles du débat public en raison de l’implication de « minorités » plus ou moins bien définies, dont le respect inconditionnel est tenu pour acquis. Citons en vrac : la demande d’accroissement sans limite des droits associés à l’« homoparentalité », la demande de « reconnaissance » et de « dignité » des « descendants » de l’esclavage ou de la décolonisation par le vote de lois spécifiques (dites « lois mémorielles »), la revendication de places réservées dans les domaines les plus prestigieux de la politique, de la communication ou de l’entreprise privée pour les femmes et les minorités ethniques (par des politiques dites de « discrimination positive » ou favorisant la « diversité ») ou encore la demande d’intégration des pratiques culturelles et religieuses dans les cahiers des charges du Service public (quasi-disparition de certains plats dans les cantines scolaires, par exemple).
On assiste ainsi, dans les vieilles démocraties libérales, à un rétrécissement stupéfiant de la liberté d’expression, pourchassée jusque devant les tribunaux par des associations groupusculaires, parlant le langage de l’humanisme et de la tolérance, mais d’abord mues par le souci de la censure et réclamant peines de prison et interdits professionnels pour les « mal-pensants ». L’« envie du pénal », selon l’expression de Philippe Muray, semble désormais la passion dominante de la nouvelle ploutocratie du monde associatif et militant, intégrée à la société du spectacle dans ce qu’elle a de plus méprisable et médiocre, usant de la « reductio ad hitlerum » comme d’autres, en leur temps, de l’accusation de « fascisme ».
« Victimes » d'hier, « victimes » d'aujourd'hui
Dans ce contexte idéologique délétère, on reconnaît bien entendu la vieille fascination de la gauche pour la culture de la marge ou de la minorité (avatar du léninisme ?), réflexe qui n’a fait que s’exacerber avec le mépris grandissant de l’intelligentsia de gauche pour les classes populaires autochtones, désormais assimilées à la « majorité »... dominante. Par un étonnant renversement, la cause du communautarisme remplace ainsi les « victimes » d’antan (les travailleurs, dont les caractéristiques ethniques, religieuses ou sexuelles étaient tenues pour négligeables) par les « victimes » d’aujourd’hui (immigrés, femmes, membres de minorités ethniques, religieuses ou sexuelles), au moment même où le système économique mondial relègue effectivement le monde ouvrier dans les marges (du moins en Europe et aux Etats-Unis), rompant ainsi avec la centralité de la figure ouvrière dans le système capitaliste. Cette inversion s’établit en même temps que la question sociale disparaît des écrans radar au profit de questions sociétales plus ou moins légitimes mais qui, sans conteste, ont pour effet d’éjecter la première nommée de l’agenda politique.
La carte qui gagne à tous les coups
Le communautarisme est aussi une stratégie opportuniste, pour le Narcisse en mal de reconnaissance comme pour le filou sans morale. En France, vieille nation politique individualiste, l’apparition d’entrepreneurs communautaires prétendant parler au nom de leur « communauté » d’origine peut s’expliquer aisément. Carte médiatique à coup sûr gagnante (surtout depuis que les entrepreneurs communautaires - tout en réclamant des mesures d’inspiration communautariste - parlent la langue de la République), arme de pression sur des responsables politiques mal conseillés ou simplement couards, le choix d’un positionnement communautaire permet l’acquisition de rentes de situation dans l’appareil médiatique et politique et une exposition sans commune mesure avec l’influence réelle ou la représentativité desdites associations ou des individus. Après tout, Tariq Ramadan, citoyen suisse d’origine égyptienne, n’était-il pas tenu pour un spécialiste des banlieues françaises au seul motif qu’il est musulman ? Jean-Guy Talamoni, l’un des chefs de file du nationalisme corse, n’a-t-il pas été « poussé » par le quotidien Le Monde pendant des années avant que les citoyens français de Corse ne mettent un coup d’arrêt, en juillet 2003, à la logique de séparation institutionnelle proposée alors par les autorités de la République ? Le CRAN (« Conseil Représentatif des Associations Noires » de France) ne bénéficie-t-il pas d’une médiatisation sans rapport avec ses maigres effectifs (une centaine de personnes, selon des sources internes) ? Et, suprême injure faite à la philosophie républicaine, la quasi-totalité des membres du gouvernement et de l’opposition ne prend-elle pas soin, tous les ans, de se rendre au dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), craignant de subir les foudres de responsables ne faisant pourtant guère dans la nuance dès qu’il s’agit de « repentance » ou de défense des intérêts israéliens ?
A l'école du CRIF
Il faut ici se rendre à l’évidence : c’est bien la relation institutionnelle incestueuse entre le CRIF et le monde politique français qui fournit tout à la fois la matrice que les nouvelles organisations communautaires (CRAN, CFCM - Conseil Français du Culte Musulman - oscillant perpétuellement entre son rôle cultuel et une ambition politico-communautaire, etc.) cherchent à imiter et la jurisprudence qui justifie toutes leurs audaces. Constat tragique au pays de Stanislas de Clermont-Tonnerre...
Ce sens de l’opportunité des entrepreneurs communautaires s’allie parfaitement à la première dimension de la dynamique communautariste et fournit à bon compte des solutions faciles et « médiatisables » à des élus ou responsables politiques éprouvant des difficultés réelles à proposer des politiques publiques qui emporteraient l’adhésion collective, dans une société marquée par l’anomie et l’individualisation.
Une séparation destructrice
Le communautarisme est, enfin, une réalité démographique dont il est difficile de mesurer la dangerosité. La séparation de fait des catégories populaires (Français de longue date désormais relégués dans les zones périurbaines et rurales ; immigrés récents vivant dans les banlieues intégrées aux villes-centres) introduit une nouveauté dans la France post-révolutionnaire. Elle porte en effet en germe la destruction de la pratique républicaine à la française, qui réussissait à fusionner un idéal politique élevé (la philosophie républicaine, d’inspiration libérale mais fortement teintée d’égalitarisme ; autrement dit : la tension féconde entre les principes d’inégalité et d’égalité) et une pratique anthropologique culturellement violente mais symétriquement antiraciste : l’assimilation.
On a longtemps constaté l’indifférence des Français à la race, sur une longue durée - en particulier par l’importance des mariages mixtes exogamiques, qui séparaient radicalement l’univers culturel français de l’univers culturel anglo-saxon ou allemand - mais cette particularité française se déployait à des époques d’immigration plus faible, où l’assimilation allait de soi sur le plan anthropologique (elle n’était alors pas perçue par la société française comme une violence insupportable, ou par les nouveaux venus comme un choix parmi d’autres) et où l’immigration était essentiellement masculine.
Laïcité molle
L’immigration familiale, depuis les années 1970-80, a bouleversé cet équilibre en changeant radicalement les conditions de l’immigration, déracinement désormais relatif sur les plans affectif et culturel. De plus, le rétrécissement des distances provoqué par les nouvelles technologies entraîne toute une série de conséquences sur les plans culturel et intime, qui se mesurent par exemple par l’importance des mariages conclus avec des hommes ou des femmes du village d’origine. L’affaissement des normes du pays d’accueil - induit mécaniquement par la concentration des populations immigrées et leur constitution en majorités relatives dans leurs quartiers d’habitation - implique la prise en compte, par un Etat républicain mal préparé, de multiples aménagements à caractère ethnique ou religieux, en contradiction avec le principe de laïcité d’une part, mais aussi avec le réflexe national de mise à l’écart de la religion dès lors qu’il s’agit de la sphère publique (réflexe touchant indistinctement les religions catholique, protestante et juive).
Une insécurité devenue culturelle
Cela fournit l’une des dimensions d’une insécurité culturelle ressentie de manière particulièrement violente par les catégories populaires des Français de longue date, dominées sur le plan économique, méprisées par la culture des classes dominantes et, désormais, parfois soumises sur le plan culturel, au sein même des catégories populaires, en voie de communautarisation accélérée. A terme se pose la question de la réalité d’une culture commune, dans un pays où les classes populaires vivent désormais « ensemble mais séparées », selon l’expression lucide de Christophe Guilluy (*).
Julien Landfried secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) Journal Après-demain n°17 (« La République en danger », janvier 2011)
Observatoire du communautarisme
Julien Landfried est l’auteur de Contre le communautarisme (Editions Armand Colin, 2007)
(*) Fractures françaises, Christophe Guilluy, Bourin éditeur, 2010
Correspondance Polémia – 04/02/2011