écologie et environnement - Page 158
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Oxygène : Peut-on encore manger de la viande ?
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Abattoirs : peut nettement mieux faire !
Le 29 juin dernier, des vidéos d’animaux victimes de maltraitance dans les abattoirs ont circulé sur les réseaux sociaux.
Le 29 juin dernier, des vidéos d’animaux victimes de maltraitance dans les abattoirs ont circulé sur les réseaux sociaux. Diffusées par l’association L214, ces vidéos mettent directement en cause deux établissements : celui de Pézenas (Hérault) et celui du Mercantour à Puget-Théniers (Alpes-Maritimes). Sur ces vidéos, on voit clairement des animaux, mal étourdis, reprendre conscience lors de la saignée, un mouton cherchant à fuir alors qu’il a la gorge ouverte ou encore un veau à moitié décapité tentant de se relever.C’est la quatrième fois, en huit mois, que cette association diffuse de telles images pour sensibiliser tout un chacun sur le bien-être animal et sur les conditions de mise à mort de ces veaux, vaches, cochons… La première fois, c’était en octobre 2015. L’association en question avait diffusé une première vidéo tournée dans l’abattoir d’Alès, dans le Gard. Puis avaient suivi celle du Vigan (Gard), un abattoir certifié bio, dénoncé juste avant le Salon de l’agriculture, et une troisième, tournée à Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques. Cette dernière était sortie à quelques jours des fêtes de Pâques.
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Jean Philippe Chauvin : l'écologie intégrale
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Jean Philippe Chauvin : l'écologie intégrale
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La baisse des prix du pétrole renverse l’échiquier géopolitique
La baisse des prix du pétrole a démenti la théorie du « pic de Hubbert ». Il ne devrait pas y avoir de pénurie énergétique dans le siècle à venir. La baisse des prix a probablement aussi commencé le démantèlement de la théorie de « l’origine humaine du réchauffement climatique ». Elle a privé de toute rentabilité les sources d’énergie alternatives et les investissements dans les hydrocarbures de schistes et les forages en eaux profondes. Renversant l’échiquier géo-politique, elle est susceptible de rappeler les militaires US au Proche-Orient et de contraindre le Pentagone à abandonner définitivement la théorie du « chaos constructeur ».
En deux ans, le marché mondial des sources d’énergie a été bouleversé. D’abord, l’offre et la demande ont considérablement changé, puis les flux commerciaux, enfin les prix qui se sont écroulés. Ces changements radicaux remettent en cause tous les principes de la géo-politique du pétrole.
Le mythe de la pénurie
Le ralentissement de l’économie des pays occidentaux et celui de certains pays émergents s’est traduit par une baisse de la demande, tandis que la croissance continue en Asie l’a, au contraire, augmentée. En définitive, la demande globale poursuit son lent développement. Côté offre, non seulement aucun État producteur n’a vu ses capacités s’effondrer, mais certains ont pu l’augmenter comme la Chine, qui amasse désormais d’importantes réserves stratégiques. De sorte qu’au total, le marché est très excédentaire.
Ce premier constat contredit ce qui était la doxa des milieux scientifiques et professionnels durant les années 2000 : la production mondiale s’approchait de son pic, le monde allait connaître une période de pénurie au cours de laquelle certains États allaient s’effondrer et des guerres de ressources éclater. Dès son retour à la Maison-Blanche, en janvier 2001, le vice-président Dick Cheney avait formé un groupe de travail sur le développement de la politique nationale de l’énergie (National Energy Policy Development — NEPD), qualifié de « société secrète » par le Washington Post [1]. Dans une ambiance ultra-sécurisée, les conseillers de la présidence auditionnèrent les patrons des grandes entreprises du secteur, les scientifiques les plus reconnus, et les patrons des services de Renseignement. Ils arrivèrent à la conclusion que le temps pressait et que le Pentagone devait garantir la survie de l’économie états-unienne en s’emparant sans attendre des ressources du « Moyen-Orient élargi ». On ignore qui participa exactement à ce groupe de travail, sur quelles données il travailla, et les étapes de sa réflexion. Tous ses documents internes ont été détruits afin que nul ne connaisse les statistiques auxquelles il avait eu accès.
C’est ce groupe qui conseilla de mener des guerres contre l’Afghanistan, l’Iran l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan ; un programme qui fut officiellement adopté par le président George W. Bush lors d’une réunion, le 15 septembre 2001, à Camp David.
Je me souviens d’avoir rencontré à Lisbonne, lors d’un congrès de l’AFPO, le secrétaire général du groupe de travail de la Maison-Blanche. Il avait présenté un exposé sur l’étude des réserves annoncées, l’imminence du « pic de Hubbert » et les mesures à prendre pour limiter la consommation d’énergie aux USA. J’avais alors été convaincu —à tort— par son raisonnement et son assurance.
Nous avons constaté avec le temps que cette analyse est complétement fausse et que les cinq premières guerres (contre l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, la Libye et la Syrie) ont été de ce point de vue inutiles, même si ce programme se poursuit aujourd’hui. Cette énorme erreur de prospective ne doit pas nous surprendre. Elle est la conséquence de la « pensée de groupe ». Progressivement une idée s’impose au sein d’un groupe que nul n’ose remettre en question au risque de se voir exclure du « cercle de la raison ». C’est la « pensée unique ». Dans ce cas, les conseillers de la Maison-Blanche sont partis et sont restés dans la théorie malthusienne qui domina la culture anglicane du XIXe siècle. Selon elle, la population augmente à un rythme exponentiel, tandis que les ressources ne le font qu’à un rythme arithmétique. À terme, il ne peut pas y avoir de ressources pour tous.
Thomas Malthus entendait s’opposer à la théorie d’Adam Smith selon laquelle, lorsqu’il est libre de toute réglementation, le marché se régule de lui-même. En réalité, le pasteur Malthus trouvait dans sa théorie —non démontrée— la justification de son refus de subvenir aux besoins des innombrables pauvres de sa paroisse. À quoi bon nourrir ces gens si, demain, leurs nombreux enfants mourront de faim ? Le gouvernement de George W. Bush était alors largement WASP et comprenait de nombreuses personnes issues de l’industrie pétrolière, à commencer par le vice-président Cheney, ancien patron de l’équipementier Halliburton.
Si le pétrole est une ressource non renouvelable et qu’il aura donc une fin, rien ne permet de penser que celle-ci est proche. En 2001, on raisonnait en fonction du pétrole de type saoudien que l’on savait raffiner. On ne pensait pas exploitables les réserves du Venezuela par exemple, dont on admet aujourd’hui qu’elles suffisent à pourvoir à l’ensemble des besoins mondiaux pour au moins un siècle.
On observera que la théorie de l’« origine humaine du réchauffement climatique » n’est probablement pas plus sérieuse que celle du pic pétrolier. Elle procède de la même origine malthusienne et a en outre l’avantage d’enrichir ses promoteurs à travers la Bourse des droits d’émission de Chicago [2]. Elle a été popularisée dans le but d’apprendre aux Occidentaux à diminuer leur consommation d’énergie d’origine fossile, donc de se préparer à un monde où le pétrole serait devenu rare et cher.
La fin des prix artificiels
La hausse du prix du baril à 110 dollars a semblé conforter la théorie de l’équipe de Dick Cheney, mais sa chute brutale à 35 dollars montre qu’il n’en est rien. Comme en 2008, cette chute a débuté avec les sanctions européennes contre la Russie qui ont désorganisé les échanges mondiaux, déplacé les capitaux et en définitive crevé la bulle spéculative du pétrole. Cette fois, les prix bas ont été encouragés par les États-Unis qui y ont vu un moyen supplémentaire de couler l’économie russe.
La chute s’est aggravée lorsque l’Arabie saoudite y a trouvé son intérêt. En inondant le marché de ses produits, Riyad maintenait le cours du baril d’Arabian light entre 20 et 30 dollars. De la sorte, il détruisait la rentabilité des investissements dans les sources alternatives d’énergie et garantissait son pouvoir et ses revenus à long terme. Il est parvenu à convaincre ses partenaires de l’OPEC de soutenir cette politique. Les membres du cartel ont pris la décision de sauver leur autorité à long terme quitte à gagner beaucoup moins d’argent durant quelques années.
Par conséquent, la baisse des prix, encouragée par Washington contre Moscou, a fini par l’atteindre lui aussi. Si plus de 250 000 emplois ont été détruits dans les industries de l’énergie en deux ans dans le monde, environ la moitié l’ont été aux États-Unis. 78 % des plateformes pétrolières US ont été fermées. Même si le recul de la production n’est pas aussi spectaculaire, il n’en reste pas moins que les États-Unis ne sont probablement plus indépendants énergétiquement ou ne vont pas tarder à le devenir.
Et ce ne sont pas que les États-Unis : tout le système capitaliste occidental est impacté. En 2015, Total a perdu 2,3 milliards de dollars, ConocoPhillips 4,4 milliards, BP 5,2 milliards, Shell 13 milliards, Exxon 16,2 miliards, Chevron près de 23 milliards.
Cette situation nous renvoie à la « Doctrine Carter » de 1980. À l’époque, Washington s’était donné le droit d’intervenir militairement au Proche-Orient pour garantir son accès au pétrole. Par la suite, le président Reagan avait créé le CentCom pour appliquer cette doctrine. Aujourd’hui on exploite du pétrole un peu partout dans le monde et sous des formes assez différentes. Le fantasme du « pic de Hubbert » s’est dissipé. De sorte que le président Obama a pu ordonner de déplacer les troupes du CentCom vers le PaCom (théorie du « pivot vers l’Asie »). On a pu observer que ce plan a été modifié avec l’accumulation de forces en Europe orientale (EuCom), mais il devra l’être encore si les prix stagnent entre 20 et 30 dollars le baril. Dans ce cas, on cessera d’exploiter certaines formes de pétrole et l’on reviendra vers l’Arabian light. La question du repositionnement des forces au Proche-Orient se pose donc dès à présent.
Si Washington s’engage dans cette voie, il devra probablement également modifier les méthodes du Pentagone. La théorie straussienne du « chaos constructeur », si elle permet de gouverner des territoires immenses avec très peu d’hommes sur le terrain, exige beaucoup de temps pour permettre l’exploitation de vastes ressources, comme on le voit en Afghanistan, en Irak et en Libye. Peut-être faudra-t-il revenir à une politique plus sage, cesser d’organiser le terrorisme, admettre la paix, pour pouvoir commercer avec les États ou ce qu’il en reste.
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On s'inquiète pour nous
On m'a beaucoup téléphoné. De l'étranger ! La moitié des appels venait aux nouvelles des Nouvelles Maldives, Paris sous l'eau, la cote 1910 dépassée, savoir combien mesurait la Tour Eiffel (ah bon, quand même !), l'Arc de Triomphe fondrait-il comme un pain de sucre... bref, on s'inquiétait, amusés de nos déboires. Je dus répondre à chacun que la crue était d'abord médiatique et que nos journalistes d'information en continu étaient le fond du panier que personne n'avait voulu embaucher, comme à Fox News par exemple. Des cuistres qui avaient de l'eau sous leurs fenêtres ; facile d'ameuter pour pas cher. L'Atlantide, on attendra !
L'autre moitié me demandait si je pourrais faire face à la guerre civile annoncée sur toutes les chaînes sportives et s'il me fallait plus de cartouches. A quoi je dus répondre qu'en France, seuls les vilains avaient droit au port d'arme, les citoyens (parfois appelés contribuables) étaient désarmés légalement pour simplifier le dispositif sécuritaire. C'est toujours plus facile d'avoir les assassins d'un côté et les cons de l'autre ! Il suffit de regarder les Experts Miami pour comprendre le scénario simplifié. Alors il me fut répondu, deux fois, qu'on m'enverrait un billet d'avion si ça se gâtait. Entre-temps un musulman désespéré a égorgé une policière chez elle, pas bien loin de chez moi, avant de trucider son commissaire de mari à coup de couteau quand il est rentré du poste. La police l'a fini sur place. Effrayant ? Non, la routine, ici.
Dès qu'il fait beau, le secteur public entre en insurrection pour protéger le secteur libre d'une révision de la Somme de saint Thomas d'Aquin que constitue le Code Du Travail que le monde entier nous envie en pissant de rire ! Aux abois comme un cerf sans bois ni couilles, le pouvoir socialiste combat la populace à coup de milices gauchistes qu'il est défendu d'alpaguer, pour bien déconsidérer les manifestants-électeurs en colère. C'est à n'y rien comprendre mais dans ce merdier gigantesque le pays organise, plutôt bien, un énorme compétition de football européen qui vide les rues à chaque match après les avoir remplies d'ivrognes au vin mauvais. Les chaînes mangent bien finalement. On attend la bombe promise et cent morts pour relancer le débat politique...
Chemin faisant, Dame Bêtise qui gère ce pays est parvenue à ruiner le crédit public et la parole des dirigeants jusqu'à faire douter de la pertinence d'une démocratie représentative. Les jeux parlementaires bloquent tout. Tout est fait en fonction de la manipulation des factions contre le chantage des minorités. La tactique des frondeurs est à cet égard exemplaire : au lieu de basculer carrément dans l'opposition et contraindre l'Elysée à dissoudre une chambre ingouvernable - ce qui les priverait de prébendes et privilèges - ils harcèlent le pouvoir pour le tirer vers leurs thèses, anticipant la valorisation électorale de la déviation obtenue. C'est petit.
Ainsi les réseaux sociaux sont-ils envahis de politiciens du modèle courant qui préparent l'élection présidentielle de mai 2017. Il y a du monde de partout puisque l'ectoplasme élu par surprise la dernière fois sera incapable de se représenter avec une popularité inférieure à celle de Landru. C'est l'étiage accepté en sociologie après le zouave pontifical du Pont de l'Alma pour les inondations. Les "mesures" qu'ils proclament amusent le bon peuple qui sait pertinemment qu'aucune ne sera appliquée en cas de victoire par les tribuns de préaux. Eux ne rêvent que de profiteroles au chocolat, armagnac hors d'âge et d'une escort chic en bas-jarretelles après le cigare. Ils ont raison, rien à faire ? Ne rien faire. C'était la devise du regretté Chirac. Le secteur public soviétisé ne voudra pas bouger d'un iota, lui qui bouffe déjà la moitié du PIB de ce pays béni des dieux. Quant à l'énarchie, elle a jugé la république mourante suffisamment grasse encore pour s'en repaître jusqu'à la retraite ! Elle a tort. La république a des gaz !
Alors je raccroche, et comme le Marius de Pagnol, je rêve d'ailleurs. Car vous ne le savez peut-être pas ou vous l'avez oublié, tellement abrutis par notre Etat total, mais il est des pays libéraux où le travail est bien récompensé, où l'Etat assume l'essentiel sans trop déborder, sans trop de corruption, sans politiciens véreux, des pays fiers d'exister, et même... sans musulmans ou presque. Je plonge dans mon atlas géographique et je vous rappelle dans deux minutes et vingt secondes :C'était l'appel du 18 juin de Royal-Artillerie
http://royalartillerie.blogspot.fr/2016/06/on-sinqui-pour-nous.html
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Anne Hidalgo confirme que les véhicules diesel seront interdits à Paris en 2020
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Responsabilisation écologiste.
La cause écologiste est la grande oubliée de cette année 2016 après une COP 21 pleine de promesses et vide d'actes concrets, et elle ne jouera sans doute pas un grand rôle dans la détermination électorale de la prochaine présidentielle, surtout si Nicolas Hulot n'y participe pas et que Mme Duflot n'obtient pas (sauf manœuvre de la droite républicaine) les signatures d'élus nécessaires à toute candidature. Tout comme elle est la grande perdante de l'actuelle confrontation autour de la loi El Khomry... Bien sûr, il y a le référendum prochain du 26 juin sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne concernera que les électeurs de Loire-Atlantique et n'aura sans doute guère d'impact sur la suite des événements, chaque camp annonçant sa décision de ne pas respecter le résultat du vote s'il ne leur est pas favorable : échec programmé de la démocratie, et pas seulement locale !
Et pourtant ! Jamais la cause écologiste n'a été aussi nécessaire et les échéances aussi proches sur le plan environnemental, mais qui, dans le monde politique ou dans la société, s'en soucie ? Même les participants à « Nuit debout » ne semblent guère motivés par le sujet, certains n'ayant pas hésité à chasser de leur lieu de rassemblement le seul philosophe médiatique à se préoccuper de la cause animale et à écrire (et parler) contre le système de concentration bovine initié par la ferme des mille vaches, c'est-à-dire Alain Finkielkraut.
De plus, la semaine dernière, la « pénurie » de carburant a montré à l'envi combien il est illusoire de demander aux consommateurs de refréner leur voracité énergétique, ceux-ci se précipitant vers les stations d'essence pour remplir des réservoirs parfois déjà presque pleins, comme s'ils avaient peur de manquer de leur dose quotidienne de pétrole : d'ailleurs, c'est cette ruée qui semblait parfois confiner à une panique irraisonnée qui a véritablement transformé la prédiction de pénurie en... pénurie ! Le quotidien breton Ouest-France évoquait une multiplication par cinq de la consommation à la pompe dans certains endroits, preuve de cet emballement dément.
Sans une responsabilisation de la population, la protection et pérennisation d'un environnement naturel favorable à l'homme et à la biodiversité restera un vœu pieux, pourra dire celui qui est seulement démocrate. Mais le royaliste ira plus loin et rappellera que sans un État digne de ce nom et conscient des devoirs des sociétés et des limites de notre planète, rien ne sera possible, concrètement. Un État lui-même responsable, non seulement devant les hommes du présent mais aussi devant les générations à venir...
Mais cet État, qui ne doit pas être obsédé par l'immédiateté ni par quelque popularité électorale (dont on sait que, souvent, elle ne dure que le temps que vivent les roses et que fanent les promesses), ne peut être « seulement démocratique » : il lui fautcette forme monarchique qui inscrit le politique dans la durée et la continuité, et cette spécificité royale qui fait du souverain un « père » soucieux de la santé et de l'avenir de sa famille, et qui s'effacera, le jour venu, devant son héritier en lui transmettant l'héritage préservé et, éventuellement, agrandi et embelli. C'est cet État qui, lui-même hautement responsable devant l'histoire et les familles, pourra responsabiliser autrui, citoyens comme entreprises, autant par l'exemple que par la promotion d'un modèle de société « enraciné »...
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Journal du Vendredi 03 Juin 2016 : Société / Paris les pieds dans l’eau
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L'eau sera un facteur limitant la croissance démographique et économique de ces prochaines années
Même sans effets climatiques, l'agriculture moderne semble déjà être à un point de rupture, et ce pour plusieurs raisons.Commençons par l'eau : dans le monde, 97,5% de l'eau est de l'eau de mer, eau salée et donc non propice à la consommation ni à l'agriculture. Des 2,5% d'eau restante, 68,9% se trouvent sous forme de glace, 30,8% dans des nappes phréatiques et des eaux souterraines et seulement 0,3% se rencontrent sous forme de précipitations, de lacs et de rivières.Un humain normal consomme 4 litres d'eau par jour sous une forme ou une autre dans ses boissons et ses aliments. Or, pour produire notre nourriture, il faut 2 000 litres d'eau par personne soit 500 fois plus ! Ceci explique pourquoi 70% de l'eau douce est utilisée pour l'irrigation, 20% pour l'industrie et 10% seulement pour la consommation humaine (eau potable, nettoyage et hygiène).La demande en eau pour l'agriculture est en croissance exponentielle car elle suit la progression de la population. Plus il y a de gens, plus ils doivent manger, plus il faut de l'eau. Or, tout montre que nous avons déjà atteint la limite : l'irrigation est si intensive que de plus en plus de rivières dans le monde n'arrivent plus à couler jusqu'à leur embouchure. C'est le cas de la rivière Colorado aux États-Unis ou de la Rivière Jaune en Chine.L'eau des nappes phréatiques, ou eau fossile, qui prend des siècles à se constituer et à se purifier, une fois utilisée, n'est plus là. Ces nappes sont pompées, bien au-delà de leur capacité de renouvellement et, très bientôt, ne pourront plus apporter l'eau aux populations qui en dépendent. L'eau est également une ressource relativement limitée et peu équitablement répartie. Si l'eau est abondante dans certaines parties du monde, un tiers de la population mondiale vit dans des régions où l'eau manque. Et cela va empirer : la plupart des 21 millions de puits de l'Inde sont sur le point d'être totalement à sec ; au Pakistan, en Arabie Saoudite, dans l'Ouest et le Sud-Ouest des États-Unis, en Espagne, en Afrique du Nord et en Afrique sahélienne, les nappes phréatiques se sont taries. Il faudra pomper toujours plus d'eau, plus profondément, jusqu'à ce qu'elle disparaisse totalement et qu'il ne soit plus possible de maintenir les cultures de ces régions. Cela aura un impact sur la production de nourriture. On estime que 15 à 35% de l'agriculture mondiale est déjà au bord de la déficience chronique d'eau douce d'irrigation. Que feront ces millions de paysans ? Que feront ces milliards de personnes sans nourriture ? Vont-elles attendre sagement l'aide alimentaire, se révolter ou émigrer ?On peut bien sûr dessaler l'eau de mer, si on y met beaucoup d'énergie, donc du pétrole, et si on peut payer le prix de l'installation technique. Une note d'espoir est le relatif succès d'initiatives destinées à apporter de l'eau potable et des conditions d'hygiène ne polluant pas les sources d'eau à travers le monde. Mais pour continuer à progresser dans cette voie, il faudrait trouver 100 milliards de dollars par an alors que le budget annuel mondial de ces projets n'est que de 4,5 milliards. Le paysan pauvre ne fait pas le poids par rapport à Wall Street !
L'eau sera un facteur limitant la croissance démographique et économique de ces prochaines années. L'épuisement programmé des énergies fossiles a déjà donné lieu à des guerres pour le pétrole. On peut s'attendre à des guerres pour l'eau, notamment entre Inde, Bangladesh, Chine et Pakistan, entre Chine, Vietnam, Laos et Birmanie, entre Turquie, Irak et Syrie, entre Égypte, Soudan, Éthiopie et Ouganda, entre Israël, Liban, Jordanie et Palestine, entre Guinée, Mali, Niger, Bénin et Nigeria etc.
Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique