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économie et finance - Page 805

  • (II/II) : Transition énergétique, ou simple opération politique, et … gaz de schistes, par Champsaur

    II) Le cas étrange et aberrant de la France …ou comment la politique ne ferait pas bon ménage avec la science. 

    Le risque environnemental ne vient pas du gaz lui-même: une fois extrait, ce dernier a les mêmes caractéristiques que le gaz consommé habituellement. C'est son exploitation qui inquiète, en particulier la fracturation hydraulique. Or nous forons en France depuis la découverte du champ de Péchelbronn, en Alsace, en 1879.

    En France, l’aventure a commencé en mars 2010, lorsque Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, signait l’autorisation de prospection des gaz de schiste sur le territoire. « C’est la première fois, en France, que des demandes de permis mentionnaient les gaz de schiste, raconte Michel Séranne. Cette information a mis 9 mois avant de d’être connue des médias les plus informés. Puis, très vite, cela a abouti à la véritable controverse que nous connaissons ».

    En février 2011, soit un peu moins d’un an après les premières autorisations, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet et le ministre de l’Industrie, Éric Besson, ont chargé le vice-président du Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies et le vice-président du Conseil général de l’environnement et du développement durable, de diligenter une mission portant sur les hydrocarbures de roche-mère. Cette mission a donné lieu, en avril dernier, à la publication d’un rapport provisoire intitulé « Les hydrocarbures de roche-mère en France ». La recommandation principale qui est sortie de ce rapport étant de parfaire les connaissances scientifiques, en n’autorisant que les puits expérimentaux aux industriels.

    En juin 2011, deux mois après la publication de ce rapport et six mois après les premières manifestations anti gaz de schiste, la France décide d’interdire l’utilisation de la fracturation hydraulique (gouvernement Fillon !). Les industriels avaient jusqu’à septembre 2011 pour proposer des alternatives à cette technique. Mais aucune méthode n’a été mise au point qui satisfasse les industriels. La technique de fracturation au CO2 ou celle dite de l’arc électrique ne sont pas assez rentables.

    Au début du mois d’octobre 2011, les trois permis de recherche de gaz de schiste qui avaient été octroyés, ont été abrogés par le gouvernement. Le premier, appelé  « Montélimar »  (Drôme, Ardèche, Gard, Hérault), délivré à Total et les deux autres, attribués à l’américain Schuepbach (en association avec GDF Suez), « Nant » (Aveyron, Hérault) et Villeneuve-de-Berg »  (Ardèche). Faisant dire non sans amertume, à Gérard Mestrallet (ci-contre), PDG de GDF Suez, que « la France a tourné la page des gaz de schiste avant de l’ouvrir ».

    À peu près aux mêmes époques, en juillet 2011, l'Académie des technologies avait fait connaître sa position: ne pas faire de recherche, ne pas évaluer les éventuelles réserves contenues dans notre sous-sol, ne pas développer de technologies d'exploitation durable serait inconséquent et imprudent. En juin 2010, une délégation de l'Académie des technologies a rencontré à Washington les principaux acteurs de l'énergie aux États-Unis. Le message a été très clair et très homogène. La priorité des États-Unis est l'indépendance énergétique, à égalité avec l'amélioration de l'emploi. Cette politique repose sur deux piliers: le pétrole offshore profond sur les côtes américaines et le shale gas (ou gaz de schiste) que nous découvrions et qui représentait déjà 22% de la consommation américaine.

    Alors que les industriels français se sont retrouvés bloqués.

    Un exercice où la gouvernance de notre pays est passée maître, repousser les décisions, comme s’il s’agissait de gagner du temps, là où au contraire, il n’y a pas à en perdre. Les propos les moins agressifs, mais néanmoins d’une misérable dialectique, furent ceux de François Hollande, avec la pirouette désormais classique du renversement de la charge de la preuve : « Actuellement, personne ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huile de schiste est exempte de risque pour l’environnement et pour la santé ; ce n’est pas parce que l’on n’a pas démontré la dangerosité de l’exploitation qu’elle est totalement sans risque ». On peut facilement dérouler le même raisonnement de simplet pour toute activité industrielle, où se mêle le jargon à la mode du risque zéro, et du principe de précaution. Et au-delà vient toute la gamme du vocabulaire de combat du dictionnaire d’inspiration trotskyste, un amphigouri de néologismes créés pour la circonstance comme négationisme, climatosceptique. Dans un réflexe pavlovien cette communauté ne s’interdit pas le terrorisme intellectuel, en témoignent les commentaires après la conférence débat organisée par Vincent Courtillot à l’Académie des Sciences le 26 Février 2013 dernier, avec cinq de ses collègues, britanniques et américains. S’en est suivie une débauche de hurlements sur internet, qui ne visaient qu’à lui interdire de parler. Mais le summum fut atteint avec la ministre de ce gouvernement, une certaine Delphine Batho, qui sanctionna la réunion par un : « Donner ainsi crédit aux thèses d’un climatosceptique notoire qui juge stupide les travaux du Giec, c’est triste pour l’Académie des Sciences ». Précisons que cette apparatchik a pour tout bagage universitaire un vague baccalauréat de lettres, et qu’elle s’est surtout illustrée pour avoir généré des troubles comme syndicaliste étudiante partout où elle est passée. Il est vrai aussi que Courtillot, comme de nombreux autres vrais scientifiques, ne lie pas le changement de climat, variation éternelle à la surface du globe depuis les 4,5 milliards d’années d’existence de notre Terre, à l’activité industrielle de l’Homme, réellement mesurable depuis moins de 150 ans ! On pensait que nos Académies étaient des lieux de réflexions, de liberté intellectuelle sous la protection de l’État. Mme Batho vient d’inventer une autre règle.

    C’est dans cette ambiance qu’avec un certain culot, le gouvernement a ouvert une concertation sur la transition énergétique, dont la composition de la commission ne laisse aucun doute sur la marque strictement politique de la manoeuvre. Dans une démarche totalement irrationnelle, puisqu’il s’agit d’interdire même les sondages par forage, donc d’évaluer nos réserves, ils ont écrit d’avance la conclusion, habillée par un faux débat. Il est inadmissible qu’avec la technicité dont nous disposons, notre expérience en la matière, une poignée d’agitateurs professionnels décident de la politique industrielle et énergétique. Et notre Institut Français de Pétrole (IFP) condamné à travailler en cachette …

    Dans un article du Figaro du 22 Février 2013 un ancien membre du Conseil général des mines, Henri Prévot, ingénieur du corps des mines, connu, considère que le débat sur l’énergie est biaisé. Ce qui est baptisé transition énergétique va se résumer à « comment gaspiller 20 à 30 milliards par an », dans un simili débat canalisé, corseté, contrôlé, cadenassé, comme savent le faire les esprits totalitaires et obscurantistes aujourd’hui aux commandes de notre pays. Il s’agit essentiellement de sortir du nucléaire, donc en détruisant des emplois par centaine de milliers tout en aggravant la précarité énergétique. Dans une circulaire aux préfets Mme Batho écrit la conclusion avant tout débat : «… Le président de la République a fixé le cap d’évolution de la part du nucléaire dans la production d’électricité dans notre pays de 75 à 50 % en 2025. Dans ce cadre la centrale de Fessenheim sera fermée à la fin de l’année 2016 … »

    Il est alors utile de comparer avec l’approche radicalement différente des États-Unis. Pour son second mandat Barak Hussein Obama a lourdement insisté sur la responsabilité que se fixait sa grande île vis-à-vis de l’environnement, et de la protection de la planète. Mais le fossé s’ouvre sous nos pas quand on compare les deux projets : d’un côté son équipe chargée de l’environnement récemment désignée, et de l’autre la camarilla qui a pris d’assaut la rue de Solférino, pour des dosages électoraux ayant abouti à une place démesurée dans la représentation nationale (18 députés) malgré leurs très modestes 850.000 électeurs sur 44 millions d’inscrits.

    La nouvelle équipe environnementale de Washington pourrait s’appeler « Comment faire de l’écologie intelligemment, et en restant pragmatique ».

    Après avoir nommé Sally Jewell, une chef d'entreprise connue pour ses engagements écologistes, au département de l'Intérieur (qui supervise l'exploitation des hydrocarbures sur les terres de l'Etat fédéral), c’est Gina McCarthy qui prend la tête de l'EPA, l'Agence pour la protection de l'environnement, qui a en charge, notamment, la supervision des activités de fracturation hydraulique. Cette Bostonienne de cinquante-huit ans travaille déjà à l'Agence, où elle s'occupe de la pollution de l'air. Elle a collaboré dans le passé avec Mitt Romney, comme chef de l'agence environnementale du Massachusetts. Elle passe pour avoir une approche équilibrée. Selon le sénateur républicain Richard Blumenthal, « elle reconnaît qu'il y a un équilibre à trouver entre la protection de l'environnement et la croissance économique, mais elle est convaincue que les deux se soutiennent mutuellement ». Les lobbys des grands groupes énergétiques lui reconnaissent une grande capacité d'écoute.

    Au département de l'Énergie, un scientifique, Ernest Moniz, qui dirige actuellement au MIT de Boston un projet baptisé « Energy Initiative ». Soutenu par BP, Royal Dutch Shell et Chevron, entre autres, le projet vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps nos plateaux de télévision sont colonisés en France par une avocate incompétente dans ces domaines, une certaine Corinne Lepage, ou l’équipe des écolos du parlement européen, élus à cette sinécure à la faveur d’un montage. Une meneuse, Michèle Rivasi, vient de rappeler la ligne : « Là où le nucléaire passe, la démocratie trépasse ». Quels rapports avec les process industriels et la science ? Et tant pis pour le charabia !

    III) Des raisons d’espérer  

    L’ouvrage du  professeur de physique britannique (Cambridge) David McKay, vient d’être traduit en français, et pourrait s’appeler « Comment réduire les émissions d’âneries ». Sur la planète encombrée des ouvrages sur les questions énergétiques son pavé de 500 pages, L'énergie durable, pas que du vent !, est original par sa construction, par la richesse de ses innombrables infographies, par son ton, direct et souvent humoristique. Il peut se savourer soit au fil des pages, soit en sautant les chapitres techniques.

    En bon scientifique, l'auteur se fixe comme objectif «d'être franc au sujet des chiffres». Pour expliquer comment résoudre l'équation de la transition énergétique, c'est-à-dire produire de l'énergie durable et décarbonée à un coût abordable, David MacKay insiste sur les grandeurs et les échelles, de la consommation comme de la production de chaque source d'énergie. Un exemple: «Pour que l'éolien fournisse 100 % de la consommation électrique du Royaume-Uni, il faudrait recouvrir 7 % de la surface du pays de moulins à vent», explique-t-il.

    S’agissant de notre pays, le papier d’un économiste pourrait être titré « À toute chose malheur est bon ». Il nous dit dans les Echos (4 Février 2013), non sans cynisme « Les gaz de schiste peuvent attendre ». Revenant sur l’extrême volatilité des prix du marché, il suggère de profiter de la chute et de nous fournir aux Etats Unis avec le bénéfice de conserver nos réserves. Et nous ajoutons en attendant que nos politiciens reviennent à la raison. Raisonnement faussement séduisant, car beaucoup de voix s’élèvent aux États Unis pour faire cesser l’exportation, dans le même but de conserver la précieuse réserve du sous-sol. Rien ne dit que nous pourrons aisément acheter notre gaz outre atlantique.

    Sans oublier que le nerf de la guerre, identifié depuis longtemps est le dépôt de brevets. Nous sommes là aussi hors jeu. Quand l’heure sera venue de renvoyer à leur bac à sable les Jouzel, Rebelle, Placé, Hulot et autre Eva Joly, que nous serons le dos au mur, et obligés d’ouvrir les yeux, les brevets ne seront pas chez nous. En économie les stocks de brevets s’appellent le capital immatériel. C’est l’essentiel du capital de maisons comme Apple ou Samsung.

    Une très longue histoire qui ne fait que débuter, mais où la France ne s’est pas donné les outils pour l’instant … (fin).

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  • (I/II) : Transition énergétique, ou simple opération politique, et … gaz de schistes, par Champsaur

    Il peut sembler étrange, voire incongru qu’un site royaliste comme le nôtre aborde un tel sujet. Disons avec le poète Térence que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » (Homo sum; humani nihil a me alienum puto).

    Beaucoup d’évènements concomitants sur une période du calendrier très courte, conduisent à nous arrêter plus particulièrement sur l’aventure des gaz de schistes.

    Elle n’en est qu’à ses débuts, et se présente comme un bond inattendu et gigantesque dans la course de l’Humanité à la recherche de l’énergie.

    Elle présente deux caractéristiques : les réserves potentielles sont identifiables assez précisément, et sont considérables dans certaines zones (48 selon l’Agence internationale de l’Énergie), par ailleurs les techniques évoluent à très grande vitesse, proposant des évolutions majeures tous les six mois environ.

    Nous verrons que la France s’est mise hors jeu, un monde politique pusillanime s’étant couché devant une poignée de spécialistes de l’agitprop dont on peut se demander au profit de qui ils opèrent … 

    I) Rappel historique et état des lieux

    11 – Histoire

    Leur histoire commence il y a un peu moins de deux siècles avec le forage, en 1821, du tout premier puits de gaz naturel aux États-Unis. Une première compagnie gazière a été créée en 1858, mais la première fracturation hydraulique n’a été réalisée que dans les années 1940. Cette technique était encore peu rentable à l’époque. Elle consistait déjà à fracturer la roche, avec un fluide sous haute pression, pour libérer le gaz ou l’huile emprisonnés. « Ce n’est que vers la fin des années 1990 que de nouveaux essais ont été entrepris aux États-Unis. La croissance de la production des gaz de schiste n’est vraiment devenue exponentielle outre-Atlantique que vers 2005. Avant ils étaient encore peu rentables et techniquement trop difficiles à extraire », explique Michel Séranne, géologue à l’université de Montpellier. Avec la maîtrise, par la compagnie américaine Devon Energy, de la technique du forage horizontal, suivi d’essais concluants en 2005, la production a vraiment démarré aux États-Unis, avec l’essor grandissant qu’on lui connaît aujourd’hui.

    Les premiers projets d’exploitation sont nés dans les années 1970-1980, mais c’est en 2005 que la production a commencé à croître à un rythme impressionnant. Parmi les gaz non-conventionnels (gaz de réservoir/tight gas ; méthane de houille/coalbed methane et gaz de schiste/shale gas), c’est le gaz de schiste qui a connu ces dernières années le plus grand essor aux États-Unis, quoiqu’il soit exploité depuis moins longtemps que les autres. Ainsi, sa production était d’environ 30 milliards de mètres cubes en 2006, de 55 milliards en 2008, de 85 milliards en 2009 et serait d’environ 260 milliards de mètres cubes en 2012 selon la US Energy Information Administration (EIA). Aux États-Unis, les gaz de schistes représentent 23 % de la production totale de gaz (dont 58 % est "non conventionnelle"), un chiffre qui augmente chaque année. Il est encore difficile d'estimer les ressources mondiales en gaz de schistes mais elles semblent considérables et pourraient, à terme, changer la donne de la géopolitique gazière.

    Connus depuis des décennies, les gaz de schiste font beaucoup parler d’eux, parce que leur production est devenue suffisamment performante pour être rentable. Grâce à eux, les États-Unis se placent devant la Russie en termes de réserves gazières. Ces gaz font toutefois l’objet d’une controverse. Ils suscitent en effet de vives contestations, principalement en raison de l’impact supposé de leur exploitation sur l’environnement.

    Les États-Unis ont été les premiers à exploiter les gaz de schiste, mais il existe des réserves de gaz non conventionnels un peu partout dans le monde, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette dernière les estime à 920 Téra m3 (un Téra m3 équivaut à 1000 milliards de m3), sachant que la consommation mondiale actuelle de gaz est estimée à 3,1 Téra m3 par an.

    Du gaz (essentiellement méthane) est contenu dans des roches sédimentaires argileuses très peu poreuses et imperméables. Ces roches, riches en matière organique (de 2 à 10%), ont généré des hydrocarbures gazeux par augmentation de pression et de température lors de leur enfouissement tout au long des temps géologiques. Une grande partie de ce gaz est resté piégé dans ces roches.
    Du fait de la très faible perméabilité de ces roches, ces hydrocarbures ne peuvent être exploités avec les modes de production classiques d'où leur classement dans les gaz "non conventionnels".

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    "...il existe des réserves de gaz non conventionnels un peu partout dans le monde, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette dernière les estime à 920 Téra m3 (un Téra m3 équivaut à 1000 milliards de m3)..."

    12 - Technologie

    La production de gaz de schiste a augmenté très rapidement ces dernières années aux États-Unis et se développe dans de nombreux pays (Argentine, Pologne, Chine, etc.). Comme beaucoup d'autres sources d'énergie, elle suscite des peurs et des contestations compte tenu de ses impacts environnementaux supposés. Le gaz de schiste étant piégé dans des roches très peu perméables, son exploitation nécessite la mise en œuvre de deux technologies: le forage horizontal et la fracturation hydraulique. Le premier permet d'exploiter le gisement sur une plus grande étendue à partir d'un seul puits. La seconde vise à augmenter la perméabilité de la roche en la fracturant et, donc, à faciliter l'extraction du gaz.

    Contrairement à ce qui est propagé en France avec insistance, il s'agit de méthodes très anciennes: le forage horizontal est généralisé depuis les années 1980, et les débuts de la fracturation hydraulique remontent à 1948. Actuellement, plus de 10.000 fracturations sont effectuées chaque année dans le monde, y compris pour la géothermie ou la production d'eau potable.

    Cette technique présente l'inconvénient de requérir beaucoup d'eau (douce ou salée) mais grâce aux progrès technologiques les quantités ont fortement diminué. Des additifs chimiques, d'usage courant pour certains, y sont ajoutés en très faible quantité (moins de 0,2 %) afin de rendre la fracturation plus efficace. Les entreprises ont l'obligation d'en publier la liste.

    Une partie de l'eau utilisée revient en surface. Elle fait l'objet d'un traitement afin d'éliminer les produits injectés ainsi que ceux naturellement présents dans le gisement, notamment le sel. Pour ne pas polluer les nappes phréatiques, plusieurs tubages en acier sont mis en place sur les premières centaines de mètres du puits, comme cela se pratique dans tous les forages. La fracturation s'étend sur quelques dizaines de mètres à l'intérieur du gisement souvent situé à grande profondeur (1000 à 2000 mètres). Des technologies géophysiques sont mises en œuvre pour détecter la présence éventuelle de failles à proximité et suivre en temps réel la propagation des fractures.

    La production de gaz non conventionnels nécessite un nombre important de forages. Pour réduire l'emprise au sol, et donc limiter l'impact paysager, plusieurs «drains» (20 par hectare en moyenne avec un maximum de 70) sont forés à partir de la même plate-forme.

    Il est vrai que l'exploitation du gaz de schiste dans certains États américains s'est accompagnée de pratiques contestables. Ceci est lié au contexte spécifique américain où le propriétaire d'un terrain possède aussi les ressources du sous-sol. Par ailleurs, la réglementation technique et environnementale varie beaucoup d'un État à un autre. Elle a néanmoins été renforcée afin d'imposer des bonnes pratiques et limiter d'éventuels dommages. Enfin, l'importance des enjeux des hydrocarbures non conventionnels, une source d'énergie fossile supplémentaire, conduit l'industrie à engager des efforts en matière de recherche: l'objectif est de réduire toujours plus l'impact environnemental. Même si le risque zéro n'existe pas, il est possible d'extraire «proprement» le gaz de schiste.

    On estime à 2 millions le nombre de fracturations hydrauliques effectuées à ce jour dans le monde. L’imprécision vient de ce qu’il s’agit d’une méthode routinière de forage dont seuls les logs de forage font état sans que les media ne s’en mêlent, sauf en France. Aux Etats-Unis, les 450 000 puits à gaz forés à ce jour ont tous eu recours à la fracturation hydraulique et Mrs Elizabeth Ames Jones, Chairman de la Railroad Commission of Texas, interrogée récemment par le Sénat américain a déclaré, qu’à sa connaissance, il n’y avait jamais eu de pollution de nappes phréatiques. La Rail Road Commission of Texas est une super DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) dont elle partage les attributions.

    Bon an mal an, depuis 2009 les États-Unis forent plusieurs milliers de puits à gaz et huiles de schiste par an et tous ces puits sont fracturés hydrauliquement. À noter que la première fracturation hydraulique commerciale a eu lieu en 1949 à Valma en Oklahoma.

    On injecte sous forte pression (plusieurs centaines de bars) un mélange composé de 99,51% d’eau, de sable ou de microbilles de céramique et de 0,49% d’agents chimiques issus de l’industrie agro-alimentaire pour fluidifier la boue, tuer les bactéries, prévenir la corrosion et éviter la formation d’écailles de métal. Les produits chimiques soi-disant cancérigènes sont maintenant totalement éliminés. Aux États-Unis, les pollutions ont été provoquées par l'usage de produits interdits et par des pratiques non professionnelles pour cimenter les puits de forage. Pouvons-nous exploiter ces ressources proprement ? Nous soutenons que oui. Beaucoup de pays le pensent et y travaillent. Au-delà du contrôle des techniques de forage et des produits utilisés, il convient également d'analyser soigneusement les constituants de la roche mère qui sont délavés et remontés à la surface.

    Il est difficilement concevable et géologiquement impossible (sauf sur le papier) que les eaux de fracturation puissent contaminer les nappes phréatiques. Quelques 6000 forages ont été faits en France à ce jour dont 1500 forages d’exploration environ (wildcats) et plus de 2000 forages de développement dans le seul bassin de Paris et aucune pollution de nappes phréatiques n’a jamais été relevée. Nous sommes bien loin des 596 produits chimiques dont « certains sont cancérigènes » que Josh Fox n’a jamais pu nommer.

    En avril 2011, la Chambre des représentants des États-Unis a remis un rapport intitulé «Chemical used in hydraulic fracturing». Selon ce texte, les 14 principales compagnies du secteur ont, entre 2005 et 2009, utilisé 2500 produits contenant 750 composants chimiques. Plus de 650 de ces produits renferment des substances connues pour leur effet cancérigène, selon les critères américains appliqués à l'eau potable (le Safe Drinking Water Act), ou sont des polluants atmosphériques. Selon les experts, ces produits ne sont pas nécessaires, ni souvent même utiles. Fallait-il cinq années pour s'en rendre compte? Un an après, les additifs ont été ramenés au nombre de 12, tous d’origine organique.

    Les Français découvrent cette nouvelle source d'énergie par le film « Gasland » et la perçoivent majoritairement comme une menace plus que comme une opportunité ou une chance. Film documentaire américain sorti en 2010, écrit et réalisé par Josh Fox, il a pour objet l'impact environnemental et sanitaire de la méthode d'extraction par fracturation hydraulique. Josh Fox visite d'abord Dimock (Pennsylvanie), dans une zone d'exploitation du gaz de schiste. Il y rencontre plusieurs familles dont l'eau du robinet peut prendre feu si l'on en approche un briquet. Une enquête d'État menée par la Colorado Oil and Gas Conservation Commission a par la suite prouvé que le problème était dû au méthane naturellement présent dans l’eau et non à la technique de fracturation hydraulique ou à l’exploitation du gaz.

    Suite à la diffusion de ce documentaire, des doutes sont apparus quant à l’exactitude, l’attention aux détails et la justification de certains faits. Mais la profession pétrolière n’est pas la seule à avoir avancé des contre-arguments : Kiran Stacey, journaliste au Financial Times et spécialiste des questions économiques liées à l’énergie et à l’environnement, est également revenu sur plusieurs éléments clés du film. 

    13 – L’économie

    Si certains chapitres donnent dans la controverse, il en est un qui fait l’unanimité, c’est le poids économique de cette richesse. Certes cette considération ne pourrait pas supplanter toutes les autres, s’il était avéré que son extraction présente des effets induits totalement rédhibitoires.

    Le principal problème économique est que l’équilibre entre le coût et le bénéfice est encore loin d’être trouvé. Une recherche et une exploitation onéreuse ont conduit quelques entreprises à suspendre cette voie en attendant que les cours se stabilisent. Car les quantités de gaz de schiste aujourd’hui sur le marché ont quasiment écroulé les prix. Les stocks dans les schistes existent et sont sans conteste la sécurité de l’avenir

    Aux États-Unis, grâce à l'exploitation du gaz de schiste, le prix du gaz se situe aux alentours de 3 $/MBTU (La British Thermal Unit est une unité d'énergie anglo-saxonne. MBTU signifie 1000 BTU...)

    À titre de comparaison, il se négocie à 8 $/MBTU en Europe, 12 $/MBTU en Asie et 15 $/MBTU au Japon, qui a dû négocier en urgence de nouvelles quantités après Fukushima.

    L'exploitation des gaz de schiste a fait des États-Unis le premier producteur mondial de gaz naturel, installant une nouvelle donne tant économique que politique. Faut il un exemple de la rapidité vertigineuse avec laquelle la situation évolue ? Dans un étroit couloir maritime, exactement à la frontière entre la Louisiane et le Texas, le terminal gazier de Sabine Pass est devenu le symbole de l'une des plus grandes révolutions industrielles et économiques de ces trente dernières années. En 2003, la compagnie Cheniere y a construit un terminal géant, destiné à accueillir des méthaniers transportant du gaz naturel liquéfié. Commencé en 2003, mis en service en 2008, il ne fonctionne qu'au ralenti. Car entre ces deux dates, le développement considérable des gaz de schiste aux États-Unis a transformé le pays d'importateur en premier producteur mondial de gaz naturel devant la Russie. Cheniere a donc demandé l'autorisation au gouvernement américain de transformer son terminal de Sabine Pass d'importateur en exportateur de gaz. Un investissement de 10 milliards de dollars.
    Après lui, sept autres projets du même type ont été déposés. Et la presse française du 29 Mars 2013 annonce que les premiers gaz de schiste américain arrivent en Europe, en Grande Bretagne !

    Saturé de gaz, le pays est désormais celui où il se vend à prix bradé : près de 2 dollars l'unité de référence, soit sept à huit fois moins cher qu'ailleurs dans le monde. Mauvaise nouvelle pour les compagnies gazières, qui rêvent d'exporter leurs surplus, mais excellente nouvelle pour le pays qui est en train de sortir de la crise grâce à la combinaison diabolique de son dollar faible et de son gaz de schiste bon marché. On comprend que le gouvernement hésite à ouvrir les vannes et faire profiter le monde entier du bouleversement qu'il a connu ces dernières années.
    S'il fallait une nouvelle preuve de l'influence du prix de l'énergie sur la santé d'une économie, l'apparition des gaz de schiste en constituerait une fameuse. Dans un pays ravagé par le chômage, ce seul secteur a créé plus de 600 000 emplois, surtout dans la bande centrale du pays. Plus important encore, il a provoqué une vague de relocalisation d'industries gourmandes en énergie. Pour la première fois depuis des décennies, une usine sidérurgique flambant neuve sort de terre près de Bâton Rouge en Lousiane, une autre dans l'Ohio. Chimistes et pétroliers multiplient les investissements. Barack Obama, qui voulait relancer la croissance par l'investissement dans les énergies renouvelables, voit l'économie repartir par la grâce d'un gaz de schiste qu'il n'attendait pas et dont les spécialistes assurent que les Etats-Unis possèdent pour cent ans de réserve.

    Si l'Amérique décidait d'exporter son gaz, cela aurait des conséquences économiques et géopolitiques considérables. La première serait de casser le lien ancestral entre le prix du pétrole et celui du gaz. Car contrairement au pétrole, qui voyage facilement, le coût élevé du transport du gaz, par gazoduc ou par bateau, a conduit les fournisseurs à proposer à leurs clients des contrats de long terme indexés sur le pétrole, plutôt qu'une cotation sur un marché libre. Il en a résulté un morcellement des prix du gaz. Les Américains avec leur marché libre à quelques dollars, les Européens actuellement autour de 13 dollars et les Japonais à 17. À partir du moment où les Américains exporteront massivement, autant par exemple que le Qatar, le rapport de force sera sensiblement différent.

    Et le bouleversement viendra d'ailleurs, de la dispersion de cette source énergétique. Hormis les Etats-Unis et le Canada, les grandes réserves potentielles sont en Amérique latine, en Chine, en Europe et en Afrique du Sud. La Chine, qui a doublé sa production d'électricité en cinq ans, en profitera pour réduire sa dépendance au charbon, le Japon vis-à-vis du Moyen-Orient et les pays d'Europe de l'Est, de la Russie. Reste le cas de la France, qui détiendrait les plus grosses réserves du continent mais qui s'est mise hors-jeu pour l'instant.

    Le miracle américain est dû à la conjonction de réserves abondantes, de producteurs compétents, d'une législation avantageuse et d'un large réseau de gazoducs. Il est le seul dans ce cas. L'essor de ces technologies dans des pays comme la Chine ou l'Argentine sera plus coûteux. Sitôt les quantités américaines déversées sur le monde, les prix remonteront d'autant plus vite qu'ils sont plus volatils que les contrats de long terme classiques. Enfin, le gaz n'est pas la réponse à tout. Dans le mix énergétique mondial, il représente 20% de la consommation et pourrait grimper à 25% d'ici 2035, selon l'Agence internationale de l'énergie. Sur cette part, les gaz non conventionnels pourraient en représenter 20%, soit 5% les besoins énergétiques, contre 30% pour le charbon et un peu moins pour le pétrole. Mais ces 5% feront peut-être toute la différence. L'âge d'or du gaz a commencé. (à suivre)

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  • Maurice Allais, l'économiste détesté de ses pairs

    M. Olivier Pastré, personnage redondant et péremptoire auquel on pourra difficilement échapper sur France-Culture, est d'un conformisme comique pour un intellectuel-bo-bo au pedigree impeccable, qui joue en permanence à l'affranchi.
    Couvert de distinctions et de diplômes, ce professeur d'économie, doyen de Paris VIII, fut consultant à l'OCDE puis à la CEE, appartint au Commissariat au Plan, fut conseiller du directeur du Trésor, directeur de collections aux Éditions la Découverte, conseiller scientifique de la Revue d'Économie Financière, directeur de collection aux Éditions Perrin, pendant des années éditorialiste quotidien sur France Culture, actuellement producteur sur la même antenne, de L'Économie en Question. Il est membre du Conseil Scientifique de l'Autorité des Marchés Financiers, administrateur de l'Association des Directeurs de Banque, Professional Fellow de l'Institut Europlace de Finance, administrateur de CMP Banque (filiale bancaire du Crédit Municipal de Paris). Mais nous nous intéresserons tout particulièrement à un aspect de sa biographie souligné par le Cercle des Économistes auquel, bien entendu, il appartient : « De 1987 à 2002, Olivier Pastré a été Directeur Général Adjoint puis Directeur Général de GP Banque (rebaptisée, à partir de 1999 SBFl, (Société de Banques Françaises et Internationales), seule banque d'affaires européenne à s'être spécialisée sur le Maghreb et le Machrek. À ce titre, il a dirigé une quarantaine de cadres répartis entre la France, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie et a géré cinq fonds d'investissement. Olivier Pastré est (ou a été) administrateur de Medifin et MSIN (Maroc), (société boursière marocaine), d'Union Bank (Algérie) (mise en liquidation dans les remous de l'effondrement de l'empire Khalifa) et d'IM Bank (Tunisie) (International Maghreb Merchant Bank Première banque d'affaires agréée dans un pays du Maghreb, qui fonctionne sous la tutelle des autorités financières tunisiennes). Il a été nommé Directeur Général d'IM Bank en 2000 et Président en 2001. (Ce qu'il est à ce jour). Dans le cadre d'lM Bank, Olivier Pastré a participé à plus de 20 privatisations au Maghreb en tant que conseil du Gouvernement ou d'investisseurs privés ». GP Banque, puis SBFl, était une filiale de la Société Marseillaise de Crédit, rachetée en 2008 à HSBC-France par BPCE - Banque Populaire-Caisse d'Epargne -. Devenue une filiale de Natexis, elle est dirigée par l'Algérien Abderrahmane Hadj Nacer, ancien directeur de la Banque Centrale d'Algérie. Outre que cela montre à quel point l'homme est profondément inféodé au Système financier mondialiste, on ne peut mieux éclairer les liens qui le lient « au Maghreb et au Machrek » et par incidence le peu d'empathie que lui inspirent ceux qui n'ont de goût ni pour l'un ni pour l'autre.
    Dans une notice biographique laconique que France Culture consacra le 15 octobre au Prix Nobel d'économie Maurice Allais, tout juste décédé à 99 ans, il trouva néanmoins l'occasion d'agresser le Front National qui « avait, dit-il, tenté de le récupérer » faisant ainsi « une erreur d'évaluation ».
    M. Pastré dispose de tribunes considérables dont il use et abuse pour faire passer ses opinions et les messages que ses maîtres de la finance l'ont chargé de diffuser. Et il peut autant qu'il le veut s' en prendre à des gens qui n'ont aucun moyen de répondre à ses attaques. Il devrait savoir néanmoins que le Front National n'a jamais eu à récupérer le Pr Allais parce que depuis 45 ans nous étions dans la même démarche que lui. Et cela a même commencé alors qu'il militait en lisière de l'OAS dans un combat pour l'Algérie Française, dans lequel en effet on ne trouvait les amis actuels de M. Pastré que parmi les porteurs de valises de ceux que combattait Maurice Allais. Ce qui explique largement que le seul prix Nobel d'Économie français ait subi l'habituel traitement au silence réservé aux insoumis. À ceux qui ont la mémoire courte on rappellera ce que cet homme sage et objectif écrivait en 1962 dans L'Algérie d'Evian : « J'estime que les crimes aveugles de l'OAS doivent être condamnés, mais que les hommes qui les commettent ont été rendus « fous furieux » par la politique inhumaine et odieuse poursuivie par le Pouvoir et qu'ils doivent dès lors bénéficier de notre compréhension et des circonstances atténuantes ; j'estime encore qu'un jugement analogue doit être porté quant aux crimes, non moins odieux, commis par les hommes du FLN. J'estime que ces crimes, il était certain qu'ils seraient commis, car on ne peut attendre de gens primitifs et fanatiques, après sept ans de combats clandestins et atroces, au cours desquels ils ont été impitoyablement décimés, qu'ils se comportent en hommes raisonnables et civilisés. De là,je conclus qu'il est non seulement inhumain, mais insensé, pour le Pouvoir de livrer dans de telles conditions (les Accords d'Evian) le groupe minoritaire désarmé à la merci du groupe majoritaire supérieurement armé. J'affirme que c'est là une décision barbare qui restera longtemps au cours des siècles qui vont suivre comme un opprobre ineffaçable pour notre pays ».
    En économie comme ailleurs il y a des géants et il y a des nains. Et ce ne sont pas forcément ceux qui monopolisent le discours médiatique qui sont les plus dignes.
    Georges MAÎTRE. Rivarol du 29 octobre 2010

  • Moralisation générale ! Tous suspects ?

    Pour évoquer le thème de la «moralisation de la vie publique», Frédéric Taddeï reçoit notamment Percy Kemp, auteur du livre «Le Prince : conseils adressés à nos gouvernants…» (Seuil), Dominique Jamet, auteur du «Mal du pays» (La Différence), Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, membre du Bureau national du PS, Monique Pinçon-Charlot, qui a publié «L’Argent sans foi ni loi» (Textuel), et Charles Gave, auteur de «L’État est mort, vive l’État !» (Bourin).

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  • Affaire Cahuzac: Moscovici mal à l’aise

    Le ministre de l'Économie et des Finances a été entendu mercredi 17 avril par les députés, au sujet de l'affaire Cahuzac. Deux heures et demie d'audition devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale, dans un climat houleux.
    Pierre Moscovici a encore une fois affirmé avec force qu’il ne savait rien du compte à l'étranger de Jérôme Cahuzac, avant les aveux de l'ex-ministre du Budget, le 2 avril. C’est fou tout ce que les ministres de ce « gouvernement » déclare ne pas savoir !
    C'est surtout sur l'enquête auprès de la Suisse que Pierre Moscovici a donné des précisions. Le ministre a insisté, encore une fois. Le fisc français a posé les questions « les plus larges possible » à la Suisse.
    « Pourquoi n’avoir interrogé que la seule banque UBS ? », demandent les députés. Le ministre réplique que c’est parce que, à l'époque, c'était la seule banque mentionnée par Mediapart, le site d'information qui a révélé l'existence du compte. Un ministre pas très curieux, en vérité !
    Par ailleurs, Pierre Moscovici assure qu'il ne pouvait pas demander si Jérôme Cahuzac avait eu un compte avant 2006, car cette date correspond au délai de prescription fiscale.

    UNE COMMISSION D'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE LE 24 AVRIL

    Dernier point abordé par Pierre Moscovici : le fisc aurait non seulement demandé si Jérôme Cahuzac avait eu un compte chez UBS, mais surtout si ce compte avait été transféré dans un autre pays. Ce qui, selon lui, permettait de savoir si Jérôme Cahuzac avait, ou non, un compte à Singapour.
    La Suisse a alors répondu par la négative à toutes ces questions. Pierre Moscovici et les services fiscaux français s'en tiennent donc là. L'opposition, elle, juge que le gouvernement aurait dû faire plus.
    Globalement, peu d'éléments concrets ont été apportés lors de cette audience. Pour en savoir vraiment plus, il faudra attendre la Commission d'enquête parlementaire, qui sera créée le 24 avril prochain. À suivre…¢
  • Elizabeth Warren : ” Que faut-il faire pour fermer une banque hors la loi ? “

    Elizabeth Warren, sénatrice américaine du Massachusetts pose des questions simples à propos des banques plus précisément sur la banque HSBC coupable d’avoir blanchi 881 millions de dollars pour les barons de la drogue mexicain et colombienne et d’avoir violé les lois internationales.

    A la question : “que faut-il faire pour qu’un institut financier soit fermé ?“, les deux intervenant, David Cohen du Département du Trésor US et Jerome Powell, gouverneur de la FED ont visiblement du mal à répondre.

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  • Parlement Européen : Marine Le Pen vs Mario Draghi

    « Ne vous avisez pas de lancer une offensive monétaire sur la France car dans ce cas vous nous trouverez en travers de votre chemin » – Marine Le Pen à Mario Draghi, président de la BCE

  • Dette de la France : qui sont les coupables ?

    Les 9 et 10 octobre dernier, lors du Colloque du Club de l'Horloge ayant pour thème « La France en faillite ? Pourquoi nous croulons sous la dette et les impôts », Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia, a présenté une brillante communication sobrement intitulée « Qui a endetté la France ? »
    Pour lui, la réponse est simple, il s'agit de la dynastie des Endettors qui gouverne depuis 1981. Si, rappelle-t-il, il a été reproché à la IVe République son instabilité politique et son irresponsabilité financière, la Ve République, qui s'est voulue vertueuse à son origine, l'article 40 de la Constitution imposant aux parlementaires de gager les dépenses nouvelles qu'ils proposent par des économies correspondantes, n'a pas mieux tenu que sa devancière. Elle n'a résisté ni à Mai-68 ni à la crise pétrolière de 1973. Néanmoins, Raymond Barre a redressé la situation et présenté en 1980 le dernier budget en équilibre.
    En 1981, à l'arrivée de François Mitterrand, Endettor 1er, la dette de la France est inférieure à 300 milliards d'euros. A son départ elle atteint 650 milliards ; Jacques Chirac, Endettor II, la double. Elle approche des 1200 milliards. En un peu plus de 20 ans, la dette a été multipliée par quatre. Endettor III, Nicolas Sarkozy : fait mieux en trois ans, il porte la dette à 1 600 milliards.
    Tous les Premiers ministres nommés depuis 1981 ont pris une part active dans ce désastre financier. François Fillon a néanmoins surpassé tous ses prédécesseurs en présentant le Budget 2010 dont les dépenses s'élèvent à 420 milliards pour seulement 270 milliards de recettes fiscales : 35 % de trou budgétaire ! J.-Y. Le Gallou faisant observer que, dans le même temps, l'actif de l’État s'est réduit avec la privatisation des entreprises publiques et la vente de nombreux joyaux du patrimoine immobilier. Les Endettors possèdent des spécialités, (J.-Y. Le Gallou ne manque décidément pas d'inventivité corrosive) ce sont des Immédiators, des Distributors, des Dilapidators et des Déconstructors.
    IMMÉDIATORS ET DISTRIBUTORS SE CRÉENT UNE CLIENTÈLE
    Ce qui est intéressant c'est de comprendre, alors que le personnel politique qui s'est succédé affiche des programmes théoriquement différents, pourquoi la France en est arrivée là : « Tous se sont donc inscrits dans une seule logique : conquérir et rester au pouvoir sans s'embarrasser de convictions gênantes. Plaire aujourd'hui... et facturer le plus tard possible », telles ont été leur conduite et leur devise, constate Le Gallou qui souligne que tout récemment encore, le ministre du Budget François Baroin envisageait de créer des ressources fiscales supplémentaires en... 2013. Soit après les élections présidentielle et législatives de 2012. Contrairement aux citoyens dont certains peuvent marquer une préférence pour le court terme, la majorité inscrit ses décisions dans un temps plus long : celui de la valeur de son patrimoine, celui de sa durée de vie et souvent même celui de l'intérêt de ses enfants et petits-enfants ; l'horizon du "représentant" du peuple se limite à celui de sa réélection, ses pareils sont des Immédiators.
    D'où l'émergence des Endettors-Distributors, et le clientélisme s'imposant comme règle majeure de la décision politique au détriment de l'intérêt général. « La loi du marché politique s'applique de manière implacable ; (...) toute dépense nouvelle destinée à un petit nombre d'électeurs rapporte davantage de voix que la dissémination de l'impôt supplémentaire correspondant sur l'ensemble des contribuables ne fait perdre de suffrages. En clair : augmenter les dépenses est électoralement payant. (...) C'est le système du député/maire : le maire s'achète des clientèles qui lui permettent de se faire élire député ; et le député vote des impôts d’État qui abondent à hauteur de près de 90 milliards - soit plus du cinquième du budget de l’État - dans les caisses des collectivités territoriales. L'achat des clientèles particulières est d'ailleurs d'autant plus nécessaire à la survie de la classe politique que sa soumission au politiquement correct l'empêche de conduire la politique souhaitée par beaucoup d'électeurs. » L'envolée du nombre de fonctionnaires territoriaux de 40 % fin 2008 par rapport à 1998, soit près de 518 000 agents en 10 ans, s'explique en partie par ce qui précède, et a contribué à renforcer l'enracinement de la gauche socialiste dans les collectivités municipales, départementales et régionales.
    LA CRÉATION DES "DROITS À" ET LES ENDETTORS-DILAPIDATORS
    Les « droits à » sont des crédits publics dont le montant final dépend des décisions individuelles permettant de faire jouer des droits à prestations. Cette dernière catégorie de dépenses a explosé au cours des vingt dernières années. « Les Endettors-Dilapidors ont créé ces "droits à" sans jamais évaluer leur coût à long terme. » J.-Y. Le Gallou donne la liste et le coût « des droits à » :
    - Le RMI concernait, en 2005, 1,1 million de personnes moyennant 5 milliards ; l'allocation de parent isolé (API) et l'allocation de solidarité spécifique (ASS), une post-allocation chômage, pour respectivement 200 000 et 400 000 bénéficiaires moyennant 3 milliards. Le RSA (revenu de solidarité active) a simplifié et étendu le dispositif dont bénéficient près de 2 millions de personnes pour un coût de plusieurs milliards. Créé en 2010, le RSA-jeune destiné au moins de vingt-cinq ans ajoute une couche de bénéficiaires et de dépenses.
    - L’allocation d'adulte handicapé (AAH) que touchaient 400 000 personnes il y a vingt ans compte aujourd'hui 800 000 attributaires recevant 5 milliards. La nouvelle prestation de compensation du handicap (PCH), qui concernait 100 000 personnes en 2005, compte 400 000 bénéficiaires en 2010. L'aide personnalisée à l'autonomie (APA) qui s'adresse aux personnes âgées dépendantes a coûté 3,88 milliards pour 912 000 allocataires en 2005 mais bénéficiera à 1,5 million de personnes en 2015.
    - Créée en 1999, la couverture médicale universelle (CMU) avait 1 200 000 allocataires en 2001, 1 700 000 en 2005 - intégré dans le budget global de l'assurance maladie son coût n'est pas connu ; toutefois, le seul coût de la CMU complémentaire (prise en charge équivalant à celui des mutuelles sans que le bénéficiaire ait à participer... au coût de la mutualisation) s'élevait en 2005 à 1,4 milliard.
    - Enfin, l'aide médicale d’État (AME), sorte de CMU pour les étrangers clandestins, elle   comptait 60 000 bénéficiaires en décembre 2002, et plus de 200 000 aujourd'hui pour un coût de 530 millions, soit 2 600 euros par tête : « les clandestins ont beau être souvent jeunes, ils ne sont manifestement pas en bonne santé ! » remarque Le Gallou.
    Ces prestations de solidarité et d'assistance dont le montant s'élève à 25 milliards sont en forte expansion sous un double effet :
    - démographique : le vieillissement de la population entraîne l'augmentation du nombre des personnes handicapées et dépendantes ;
    - d’aubaine : toute prestation nouvelle fait émerger des besoins inédits, y compris venant de l'étranger, et suscite des demandes supplémentaires, parfois - mais pas toujours - justifiées.
    « Le coût de toute prestation nouvelle se révèle donc constamment plus élevé que les prévisions initiales. Son créateur passe pour généreux - à peu de frais - mais ses successeurs créent de la dette supplémentaire. Il faut signaler l'absurdité d'un système ouvrant indistinctement des droits aux Français et aux étrangers et, pour ces derniers, aussi bien d'ailleurs lorsqu'ils sont en situation régulière que clandestins. Le déficit s'explique aussi par le fait d'asseoir des prestations mondialisées sur des cotisations hexagonales.
    Yves Le Gallou considère que la poursuite des mouvements d'immigration à hauteur de 200 000 entrées régulières par an, et notamment le fait qu'un nombre croissant d'étrangers ou de Français d'origine étrangère procèdent au regroupement familial de leurs proches à des fins médicales, pose un problème structurel au système de santé français : « comment éviter son déséquilibre financier durable alors que ses recettes sont fondées sur une assise territoriale limitée (la production française) tandis que ses prestations, et donc les dépenses induites, sont potentiellement étendues au monde entier. » À l'appui de sa démonstration, le conférencier donne l'exemple d'un Congolais entrant en France avec sa famille muni d'un simple visa de tourisme. Le lundi il dépose une demande de droit d'asile ; le mardi il exige un hébergement à l'hôtel et, s'il ne l'a pas obtenu, dépose un référé auprès du tribunal administratif le mercredi. Au final, l’État - les contribuables - paiera son logement pendant les dix-huit mois d'instruction de son dossier en créant de la dette supplémentaire. En 2009, il y a eu 47 686 demandeurs d'asile.
    Si les Endettors-Dilapidators se constituent des clientèles de pauvres, ou de moyens-pauvres - ils étaient 7 836 millions en 2008 à vivre avec moins de 950 euros par mois - en distribuant l'argent public, ils se constituent aussi des soutiens financiers en renonçantà tout ou partie des recettes fiscales attendues. Derrière chaque « niche fiscale », il y a des intérêts et souvent de gros intérêts qui financent, légalement ou non, des campagnes électorales de plus en plus coûteuses.
    Les Dilipidators ont pour règle le gouvernement du politiquement correct par le politiquement correct pour le politiquement correct. Politique qui les conduit à mettre en place des politiques aussi coûteuses qu'inefficaces telles que « la politique de prévention », « la politique de la ville », « la politique d'intégration », « le soutien scolaire », les « zones d'éducation prioritaire (ZEP), « l'aide au retour à l'emploi ». « Mais quand il y a de moins en moins d'emplois disponibles, que les méthodes pédagogiques sont mauvaises, que beaucoup d'immigrés refusent de s'assimiler et que 10% de la population vit dans des zones de non-droit, les politiques ainsi mises en oeuvre ne fonctionnent pas. Or, plutôt que d'en tirer les conséquences, les tenants du politiquement correct estiment alors que les contribuables n'en ont pas fait assez. Ainsi, plus une politique échoue, plus elle a de chances d'obtenir une prolongation, voire une amplification, des crédits qu'elle reçoit. Ainsi le déni de réalité coûte chaque année plus cher aux contribuables ! »
    En effet, record absolu depuis 1945, les dépenses publiques monteront en 2010 à 56,6 % du PIB (les prestations sociales représentent 45 % du PIB) - le ratio n'était "que" de 52,8 % en 2008. En Allemagne, de 43,7 % du PIB en 2008, la récession n'a fait monter le ratio qu'à 47,6 % : soit un écart de presque 10 points avec la France. Vit-on mieux en France ?
    LES ENDETTORS-DÉCONSTRUCTORS ET L'ABANDON DE LA SOUVERAINETÉ
    En abandonnant la souveraineté économique à l'Union européenne puis à l'Organisation mondiale du commerce, les Déconstructors ont contribué à détruire la richesse. En 30 ans l'industrie française a perdu deux millions d'emplois, et entre 2000 et 2007 63 % de ces destructions sont le fait de la concurrence internationale. Le libre-échangisme mondial a donc des conséquences économiques et sociales destructrices. Chaque emploi perdu creuse doublement le déficit : il diminue les recettes soumises à l'impôt et aux cotisations sociales et il augmente les droits à prestations des victimes de la mondialisation dont le nombre est en hausse constante. « L’État-providence est le SAMU social de la mondialisation » résume J.-Y. Le Gallou qui poursuit « la concurrence fiscale des Etats, qui a pour conséquence non la baisse des dépenses publiques mais la baisse des recettes fiscales en provenance des grandes entreprises multinationales qui "optimisent'' la localisation de leurs bénéfices. Le libre-échangisme mondial a donc deux effets : aggraver la fiscalité des particuliers et des entreprises qui ne peuvent se délocaliser ou délocaliser leurs revenus ; diminuer la base imposable et donc contribuer à creuser le déficit des comptes publics. En 2009, les entreprises du CAC 40 qui réalisaient 30 % des marges n'acquittaient que 13 % de l'impôt sur les sociétés. »
    Les Déconstructors se sont entendus pour développer ce qu'ils appellent « un État de droit » : « en pratique, un gouvernement des juges interprétant des textes généraux en fonction de l'idéologie politiquement correcte. (...) Ce n'est donc plus ni le peuple, ni ses représentants qui consentent aux dépenses. C'est désormais les juges du Conseil d'Etat, de la Cour de cassation et du Conseil constitutionnel qui participent à la prescription des dépenses obligatoires », et J.-Y. Le Gallou donne comme récents exemples : la revalorisation des retraites des anciens combattants africains, la déclaration d'illégalité de l'actuelle procédure de garde à vue. Juridictions, comme le Gouvernement et le Parlement, elles-mêmes "surplombées" par des juridictions internationales : la Cour de justice de l'Union européenne à Bruxelles et la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg qui décident qui a le droit ou non de résider en France et de quels droits, sociaux compris, les résidents (légaux ou non) bénéficient.
    « En matière de déficit public, il n'y a pas une bête politique moins malade que les autres : c'est comme la vache folle, c'est tout le troupeau qu'il faut abattre ! Ou, pour rester élégant, c'est la dynastie des Endettors qu'il faut renverser. (...) Seul un soulèvement populiste le pourra. S'il n'a pas lieu, c'est la faillite qui se chargera de rappeler les réalités aux peuples d'Europe et au peuple français et qui balaiera la dynastie des Endettors. Comme aime à le rappeler le grand historien Dominique Venner : "l'Histoire est le lieu de l'inattendu" », conclut Yves Le Gallou.
    Les objectifs urgents et prioritaires à atteindre étant : le rétablissement de la souveraineté politique nationale ; le rétablissement de frontières économiques et sociales ; la mise aux orties de toutes les mesures d'inspiration politiquement correcte ; l'abandon du libre-échangisme mondial ; l'arrêt de toute immigration supplémentaire et le dégonflement de l'immigration présente ; la reconstruction d'un développement économique endogène : local, national et européen ; la rigueur identitaire et la rigueur budgétaire.
    Pierre PERALDI Ecrits de PARIS Décembre 2010

  • La diplomatie économique est-elle le seul avenir pour les relations Russo-européennes ?

    La visite du président russe en Europe la semaine dernière n’a pas seulement été d’une importance capitale, elle a aussi été très lourde de symboles dans le cadre des relations tortueuses entre la Russie et l’Europe.

    La visite de Vladimir Poutine en Allemagne a consacré la relation entre les deux pays qui semble se limiter à une fraiche mais fructueuse diplomatie économique. Angela Merkel a haussé le ton sur les ONG puisque notamment deux fondations politiques allemandes: Friedrich-Ebert (proche du SPD) et Konrad-Adenauer (proche de la CDU) ont été perquisitionnées en Russie. Celle-ci a donc ouvertement pris à partie le président russe sur ce sujet sensible, comme elle l’avait fait pour les Pussy Riot (sans obtenir l’effet escompté) ce qui devrait visiblement être aussi le cas dans ce dossier des ONG allemandes, dossier pour lequel on peut douter qu’elle ait trouvé une oreille réceptive en Vladimir Poutine.

    La polémique sur les Pussy Riot et les ONG fait suite à un échange un peu sec entre les deux leaders à propos de Chypre, lorsque Vladimir Poutine avait qualifié le plan Merkel “d’injuste, non professionnel et dangereux”.

    On s’étonne toujours de voir l’Allemagne donner des leçons de démocratie à ses voisins et peu de gens savent par exemple que la CDU est le parrain politique de partis d’opposition en Ukraine visant à accélérer et pousser le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à la communauté euro-atlantique, au passage en coopération directe avec des fondations oranges américaines comme l’IRI (républicains) et le NDI (démocrates).

    Pour ce qui est des ONG, on pourrait demander à la chancelière allemande ce qu’elle dirait si un État étranger, disons la Chine ou la Russie, soutenait financièrement et logistiquement des associations (par exemple Golos) pour se mêler des processus politiques intérieurs de l’Allemagne (voir par exemple ici, la et la). On ne peut que s’étonner du reste que les sponsors de Golos (Usaid, Ned, Iri..) soient les mêmes que ceux du parti Ukrainien précité Udar.

    Mais la chancelière Merkel, qui est en précampagne sait parfaitement qu’elle soit se démarquer de son opposition de centre gauche (SPD) qui est beaucoup moins regardante sur les droits de l’homme, le principal opposant à Angela Merkel, Peer Steinbrück ayant récemment affirmé que “Les critères occidentaux de la démocratie n’étaient pas immédiatement transposables à la Russie” ou encore que la Russie est un “partenaire incontournable et qu’il convenait de ne pas l’humilier”.

    Un minimum alors que le commerce entre les deux pays a atteint en 2012 un record de 80 milliards de dollars et que la grande dépendance énergétique européenne devrait augmenter via l’Allemagne avec le renforcement du gazoduc North Stream.

    En Hollande, l’atmosphère de la visite du président Russe a été on ne peut plus fraiche, et le terme de simple diplomatie économique semble là aussi plus qu’adéquat. Les Pays-Bas sont le premier partenaire économique européen pour la Russie puisque le niveau des échanges entre les deux pays a en 2012 atteint 82,7 milliards de dollars. Pour autant, là encore, le président russe a été accueilli par des questions sur les inspections des locaux d’ONG ou sur les droits des homosexuels, et par une manifestation de collectifs pour la défense des droits sexuels des minorités.

    On essaye d’imaginer ce que diraient les autorités hollandaises si elles étaient accueillies à Moscou par des manifestations de russes hostiles aux lois libertaires qui existent en Hollande et permettent par exemple l’existence d’un parti pédophile souhaitant légaliser la pornographie enfantine et la zoophilie.

    Doit-on imaginer que les Pays-Bas puissent prétendre sur certains points, et dont celui-là, être un modèle pour le monde? Il faut quand même avouer que sur ce dernier point on est très loin, sur le plan des atteintes aux libertés individuelles, de la loi russe contestée interdisant non pas d’être homosexuel, mais d’en faire la promotion publiquement.

    Pendant ces déplacements russes en Europe occidentale qui ont été fructueux au moins sur le plan économique, la Serbie a elle fait un pas de plus vers le bloc russo-centré et l’union eurasiatique (comme annoncé il y a 6 mois dans ma tribune “l’Union Eurasiatique entre deux mondes“), en rejetant l’injonction bruxelloise d’accepter sans discussion l’indépendance du Kosovo. Le pays est ainsi cette semaine devenu le premier état européen et non issu de l’ex-bloc soviétique, à devenir membre observateur de l’OTSC.

    Dans le même temps, en parallèle de ce fort rapprochement politique, la Russie a consenti un prêt de 500 millions de dollars à la petite Serbie, confirmé un accord militaire renforcé, étendu le régime de libre échange entre les deux pays, et surtout confirmé prendre en charge le financement du tronçon South Stream qui passera par la Serbie.

    Je rappelle que South Stream est un gazoduc russe qui passera sous la Mer Noire en direction de l’Europe, en complément du gazoduc North Stream qui relie la Russie à l’Allemagne en passant sous la Mer Baltique. Ce nouveau tube permettra surtout à la Russie de ne pas dépendre uniquement de l’Allemagne pour l’alimentation énergétique de l’Europe, comme elle dépendait autrefois uniquement de l’Ukraine.

    Les relations Russie-UE sont donc visiblement cantonnées à une diplomatie économique stable et sans trop de surprises, maintenue surtout par le haut niveau d’interdépendance économique. La question de la morale, si elle n’interfère pas trop à ce jour dans les relations, reste pourtant le principal point de désaccord.

    La Russie, de son côté, cherche toujours à augmenter son niveau d’intégration politique avec ses voisins proches mais aussi avec le bloc orthodoxe.

    Une politique dont il conviendra de voir, dans un avenir proche, si elle est payante.

    Ria Novosti  http://fortune.fdesouche.com

  • Au-delà de Cahuzac : les liaisons dangereuses entre les politiques et le monde des affaires (1)

    La multiplication des « affaires » impliquant des personnalités politiques conforte une hypothèse « sociologique » : c’est tout un système qui explique les délits à répétition.

    Les fautes individuelles doivent être sanctionnées. Mais toutes ne sont pas connues, et il y en aura bien d’autres si on ne casse pas le système de la collusion et des connivences entre certains responsables politiques et le monde des affaires, un monde qui porte les « affaires » comme la nuée porte l’orage.

    Retenir cette hypothèse « systémique » n’excuse en rien les comportements de cupidité. Mais la « production sociale » de la cupidité et de la fraude est la première des questions à se poser. IL EXISTE DES CONTEXTES SOCIAUX ET INSTITUTIONNELS FAVORABLES OU DÉFAVORABLES A DE TELS AGISSEMENTS.

    Je complète ici à ma façon une bonne tribune de quatre membres de la Fondation Copernic publiée dans Le Monde du 5 avril (voir ce lien).

    J’avais intitulé « Les liaisons dangereuses » un billet publié en septembre 2009. Il portait sur les relations incestueuses entre certains économistes médiatiques (mais aussi fréquemment conseillers des princes) et les milieux d’affaires. J’y écrivais : « De telles positions sociales dans les réseaux du pouvoir économique et financier sont-elles susceptibles d’influer sur les représentations et les analyses des économistes qui les occupent ? … Si vous avez des gens qui passent leur temps, contre rémunérations substantielles, dans les conseils d’administration, de surveillance ou scientifiques des banques et des grandes entreprises, comment les valeurs embarquées dans leurs analyses pourraient-elles ne pas être affectées ? »

    C’est une approche semblable que je propose pour les liaisons dangereuses entre les politiques et le monde des affaires. J’ai parlé de contextes SOCIAUX ET INSTITUTIONNELS. Ces deux dimensions comptent, mais je laisserai de côté dans ce billet la seconde, à savoir les règles, lois et textes qui régissent les conditions d’accès aux fonctions électives, les conflits d’intérêt, leur appréciation et leur sanction, la transparence légalement exigée, le cumul des mandats ou des fonctions, le lobbying, le pantouflage, etc. Ce champ fondamental est celui que privilégie à juste titre l’excellente ONG Transparency International.

    Je me concentrerai pour ma part sur les conditions liées au « milieu social », aux réseaux sociaux, et en particulier sur les liens personnels entre les politiques et les dirigeants ou hauts cadres du secteur privé, de la finance et des grandes entreprises. On peut penser en effet que la probabilité d’apparition de comportements de cupidité pouvant aller jusqu’à la fraude est beaucoup plus forte parmi ceux dont le principe de lucrativité financière est le fil directeur de leurs activités quotidiennes, et dont la plupart prônent le « moins d’État ». On peut aussi penser que le fait que des responsables politiques baignent dans ce milieu des affaires, ou y trouvent nombre de leurs liens forts et parfois de leurs soutiens politiques ou financiers, influe puissamment sur leur éthique. C’est vrai pour eux comme pour les « chiens de garde » de l’économie ou des médias.

    Il s’agit en quelque sorte d’en appeler à une sociologie – qui existe – de l’insertion sociale d’une fraction, certainement minoritaire mais très active, des politiques dans les réseaux du pouvoir économique et financier. Comme je ne suis pas sociologue, je devrais m’arrêter là. Mais je peux quand même, sur un modeste blog, prendre quelques risques en m’inspirant de vrais sociologues, comme les Pinçon-Charlot et quelques autres, voire en allant à la pêche de quelques informations sur des cas « exemplaires ».

    Les cas les plus évidents sont ceux de parlementaires exerçant, en même temps que leur mandat, des fonctions d’avocats d’affaires. Quand on se fait payer pour conseiller le monde des affaires, ou pour lui fournir un carnet d’adresses, tout en légiférant par exemple sur l’ANI ou sur le pacte de compétitivité, il ne doit pas être évident de discerner la ligne qui sépare l’intérêt général des intérêts privés qui vous rémunèrent et qui en attendent quelques retours sur investissement. C’est François Mitterrand, lui-même avocat, qui, lorsque Edith Cresson était Premier Ministre, avait fait ajouter un article d’un décret organisant la profession d’avocat pour dispenser de formation et de certificat d’aptitude à la profession d’avocat les fonctionnaires ou anciens fonctionnaires de catégorie A ou assimilés ayant exercé des activités juridiques pendant huit ans au moins dans un cadre public. Une disposition taillée sur mesure pour des parlementaires et élus au long cours, dont ont profité des élus de droite (Copé, Dati, Baroin, Villepin) comme de gauche, dont DSK et Ségolène Royal (source : le livre des Pinçon-Charlot, « Le président des riches », p. 87). J’ai ajouté le 14 avril des commentaires précisant ce qui précède car il y avait une erreur dans le livre des Pinçon-Charlot à propos de Montebourg, et parce que depuis ce livre un décret de 2012 a encore facilité les choses pour les parlementaires.

    Si importantes et scandaleuses à mes yeux que soient ces situations, la question des liaisons dangereuses va bien au-delà. Elle concerne la façon dont les convictions politiques et les comportements de lucrativité des élus sont, ou peuvent être, influencés en réseau. Vaste sujet dont je ne traiterai qu’un petit bout dans ce billet et dans le suivant, en commençant par l’un des lieux où se forgent des liens forts entre les politiques et les milieux d’affaires.

    LE CERCLE DE L’INDUSTRIE, DSK, MOSCOVICI, CARREZ, BARROT, ETC.

    Ce Cercle est un peu à ma question ce que « Le Siècle » (mis en valeur dans le film de Balbastre et Kergoat) est aux chiens de garde économiques et médiatiques. Et d’ailleurs, le rendez-vous mensuel du Siècle est déjà l’un des multiples lieux de production de la connivence entre certains politiques et des grands patrons.

    Le Cercle de l’industrie est présenté par Wikipedia comme « un lobby patronal français », agissant en Europe mais aussi en France. Ce site indique que « En février 1993, les membres du futur Cercle de l’industrie (une idée de Dominique Strauss-Kahn et Raymond Lévy PDG de Renault) se réunissent au siège de Publicis. Y sont représentés : Rhône-Poulenc, Lafarge, Pechiney, Elf, L’Oréal, Bull, Schneider, Renault, Total, BSN…

    En juin 1993, Raymond Lévy, PDG de Renault, crée le Cercle qui emménage à Neuilly-sur-Seine… L’objet déclaré à la préfecture est le suivant : « Assurer une veille permanente auprès des différentes instances que sont la Commission européenne, le Parlement européen, le GATT, etc., concevoir et diffuser par les moyens adéquats l’information nécessaire auprès de ces instances, organiser les interventions au plus haut niveau politique »[1]. Le cercle s’efforce de répartir équitablement les pouvoirs entre des membres de l’UMP et du Parti socialiste.

    Dominique Strauss-Kahn [qui venait tout juste de quitter le ministère de l’Industrie, JG] en devient le vice-président à titre bénévole… tout en bénéficiant d’un bureau, d’une secrétaire[2] et de notes de frais[3] (Le Monde diplomatique, décembre 2003). »

    Confirmant sans ambiguïté sa nature de lobby, la plaquette du Cercle précise : « Le Cercle de l’industrie se distingue par sa spécificité industrielle, son engagement pour la construction européenne et son bipartisme politique, LA PROMOTION DE L’IMAGE ET DES INTERETS DE L’INDUSTRIE AUPRES DES INSTITUTIONS PUBLIQUES NATIONALES ET EUROPEENNES… Il s’implique dans les propositions et débats des institutions européennes en la matière. ». Selon ses propres textes, il collabore « avec le MEDEF, l’AFEP, l’European Round Table of Industrialists (ERT), le Transatlantic Policy Network (TPN), ou encore l’Institut de l’entreprise ».

    Le Cercle a deux VP, l’un socialiste, l’autre UMP ou équivalent. DSK sera VP de 1993 à 1997 (il devient alors Ministre de l’économie du nouveau gouvernement Jospin). On aura du côté UMP Jacques Barrot puis Alain Lamassoure, et, du côté PS, Pierre Moscovici jusque 2012.

    Ce dernier a été interrogé en 2011 par la presse : « Vous cumulez la fonction de vice-président du Cercle de l’industrie et le mandat de député… Conflit d’intérêts ? ». Sa réponse : « CE SERAIT LE CAS SI LE CERCLE DE L’INDUSTRIE ÉTAIT UN LOBBY… C’est un club et pas un lobby. ». L’argument est grossier au vu des textes du Cercle que je viens de citer, ou alors tous les lobbies sont des clubs de débats citoyens désintéressés… Mais, puisque c’est un lobby, et selon l’argument précédent de Moscovici lui-même, il y aurait bel et bien conflit d’intérêt. Dans le passé pour DSK, Barrot et Moscovici, et aujourd’hui pour le VP du Cercle, successeur de gauche de Moscovici, le député (par ailleurs président du conseil régional d’Aquitaine) Alain Rousset, ainsi que pour le VP de droite Alain Lamassoure, député européen. Dites-moi où mon raisonnement est fautif.

    Pour devenir Ministre de l’économie, et plus si affinités, le Cercle est la voie royale. DSK et Pierre Moscovici en sont les meilleurs exemples, mais les grands patrons du Cercle gardent plusieurs cordes à leur arc. Dans la composition du Cercle en 2012, on note la présence d’hommes (oui, des hommes, car sur les 42 patrons qui y figurent, on a 42 hommes) promis à un bel avenir avec de tels soutiens. Sur le site actuel, la liste complète des personnalités (ceux qui ne sont pas des patrons en exercice) comprend les noms des deux VP Alain Rousset et Alain Lamassoure, mais aussi Jacques Barrot, Gilles Carrez (rapporteur jusqu’en 2012 de la commission des finances de l’Assemblée nationale, devenu depuis le président de cette commission), Gérard Collomb, Louis Gallois, Christel Bories et Pierre Gadonneix.

    Le Cercle est juste l’un des éléments visibles des liaisons organiques ou informelles entre deux mondes qui cohabitent avec bonheur, les affaires des uns pouvant servir la carrière politique des autres, et réciproquement. Nous en examinerons d‘autres dans le prochain billet.

    On pense usuellement un lobby comme un groupe d’intérêts extérieur au groupe des élus, tentant de convaincre le second d’adopter les vues du premier. Correctement régulés, transparents et pluralistes (on en est loin), de tels contacts n’auraient rien de répréhensibles Mais avec le Cercle et bien d’autres liaisons moins visibles, c’est formidable : les élus en exercice sont à l’intérieur du lobby patronal !

    Les conséquences de cette fusion sont doubles. D’une part, de toute évidence, les élus en question sont poussés à adopter les visées du lobby dont ils sont membres. D’autre part, pour en revenir aux comportements de lucrativité pouvant aller jusqu’aux fraudes, cette situation est au mieux malsaine, au pire un pousse-à-la fraude ou à la tolérance vis-à-vis des fraudeurs les plus riches.

    Si on veut expliquer pourquoi, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les moyens de contrôle et de sanction des fraudes ont été nettement réduits, les liaisons dangereuses sous toutes leurs formes font partie du paysage. Si on veut expliquer pourquoi DSK a été le champion, comme Ministre de l’économie, d’une fiscalité exceptionnellement avantageuse pour les stock options (taxées à seulement 26 %) et des privatisations, ces liens forts en font partie, y compris le Cercle. De même pour comprendre pourquoi il écrivait dans son livre que la dérégulation des services publics en Europe était une « formidable chance pour le service public », pourquoi il se livrait à un vibrant plaidoyer en faveur des OGM, de la poursuite de l’ouverture des marchés agricoles à la concurrence, et contre la taxation des transactions financières, en écrivant cette perle : « en quoi l’activité spéculative des traders est-elle gênante ? » (p. 141).

    A suivre dans le prochain billet

    Le blog de Jean Gadrey (Alternatives Economiques) http://fortune.fdesouche.com/