« On ne lâche rien » et la manifestation prévue le dimanche 26 mai 2013 sera sûrement massive.
Mais sauf énorme surprise un pouvoir autiste promulguera la loi Taubira. Les maires seront alors en première ligne. Ils pourront, certes, refuser de prononcer ces parodies de mariage mais s’exposeront à des poursuites pénales pour discrimination « homophobe ». Un collectif d’avocats a trouvé la parade juridique : que les maires refusent, en tant qu’agents de l’État, d’accomplir aucun acte d’état civil. Dans ce cas le Code des communes est précis : il ne prévoit aucune poursuite pénale contre les maires (et ne les prive d’aucun pouvoir comme agents de la commune) mais contraint l’État à se substituer à eux dans l’exercice des tâches administratives d’État. Voici donc une solution élégante qui permet aux maires (et à leurs adjoints) d’être en règle avec leur liberté de conscience, sans courir des risques pénaux et en transférant des tâches aux préfets nommés par Manuel Valls. Voici le texte qu’un collectif d’avocats a adressé à Polémia. Un modèle de lettre à adresser au préfet de leur département pour permettre aux maires d’entrer en résistance citoyenne.
Polémia
« Suite à une demande émanant d’élus entendant invoquer leur liberté de conscience pour ne pas célébrer de mariage homosexuel, un collectif d’avocats et de juristes a étudié les risques encourus, notamment au plan pénal, du fait des textes réprimant la discrimination, et a suggéré une solution sous la forme des projets de lettre que vous trouverez ci-après… »
Monsieur le Préfet,
En qualité de maire, j’exerce à la fois des attributions au nom de la commune, par délégation du conseil municipal, et au nom de l’État, par l’effet de la loi.
Parmi ces dernières, celles d’officier d’état civil, prévues par l’article L 2122-32 du Code général des collectivités territoriales.
Le vote de la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe dénature cette institution et emporte de graves conséquences sur la filiation et l’adoption. Elle impose à l’officier d’état civil que je suis un acte contraire à toutes mes convictions.
Le président de la République, François Hollande, lors du Congrès des maires de France du 20 novembre 2012, déclarait à l’époque au sujet de ce projet :
« Je connais les débats qu’il suscite, ils sont légitimes dans une société comme la nôtre. Les maires sont des représentants de l’État. Ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer. Mais je le dis aussi, vous entendant : des possibilités de délégation existent. Elles peuvent être élargies et il y a toujours la liberté de conscience. La conception de la République vaut pour tous les domaines et, d’une certaine façon, c’est la laïcité, c’est l’égalité : c’est-à-dire que la loi s’applique pour tous, dans le respect, néanmoins, de la liberté de conscience. »
J’entends me prévaloir de cette liberté de conscience, mais je ne ferai pas supporter à l’un ou l’autre de mes adjoints une obligation que je refuse d’assumer moi-même.
Il appartient à l’État et à ses fonctionnaires de remplir ce rôle.
Aussi, je vous prie de prendre acte que je n’accomplirai plus aucun acte d’état civil à effet de la date de promulgation de la loi.
Je vous rappelle à cet égard l’article L 2122-34 du Code général des collectivités territoriales qui dispose : « Dans le cas où le maire, en tant qu’agent de l’État, refuserait ou négligerait de faire un des actes qui lui sont prescrits par la loi, le représentant de l’État dans le département peut, après l’en avoir requis, y procéder d’office par lui-même ou par un délégué spécial. »
Je vous laisse dès lors le soin de prendre les dispositions de substitution nécessaires.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma considération distinguée.
http://www.polemia.com
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Mosco et son dernier cocorico à Paris
Les propos de Moscovici, énoncés triomphalement le 5 mai (1)⇓ : "l'austérité en Europe c'est fini" méritent plus qu'une simple interrogation, plus qu'un haussement d'épaules, plus qu'un ricanement dans les autres capitales de l'Union européenne.
Tout d'abord on doit les ramener à leur dimension franco-française : l'austérité en France, et même ce qu'on appelle la rigueur, et même ce que les socialistes français appellent, sans rire, le "sérieux budgétaire", à Paris cela n'a jamais commencé.
Les dépenses publiques hexagonales, en effet, sur les trois dernières années constatées, ont été:
- en 2010 : 1 094 milliards d'euros
- en 2011 : 1 119 milliards d'euros
- en 2012 : 1 149 milliards d'euros
Les ministres ont passé, l'eau a coulé sous les ponts de Bercy, à l'équipe Lagarde-Woerth a succédé le tandem Baroin-Pécresse, et celui-ci a laissé la place il y a 12 mois à l'attelage Moscovici-Cahuzac, ce dernier ayant cédé son maroquin à Bernard Cazeneuve pour les raisons que l'on sait.
En vérité la haute direction des finances publiques n'a jamais cessé de dépendre de hauts fonctionnaires dont le grand public ignore les noms et dont les préoccupations échappent au commun des contribuables.
Contentons-nous ici de constater le résultat.
Malgré les discours sur la RGPP, révision générale des politiques publiques, devenue MAP, modernisation de l'action publique,
- malgré les efforts de la défunte DGME, direction générale de la modernisation de l'État, remplacée par le SGMAP, secrétariat général pour la modernisation de l'action publique,
- malgré le tournant verbalement courageux des discours lus à la tribune de l'assemblée par Mme Pécresse à partir de septembre 2011,
- au plan des actes : la collectivité française n'a pas réduit d'un centime le périmètre de ses gaspillages institutionnels.
Elle les a même accrus.
On a été choqué, à fort juste titre, de la volonté explicite de la classe politique de ne pas rogner d'un euro sur ses propres prébendes, indemnités, avantages en nature, régimes de retraites dérogatoires, etc.
Mais les communiquants ne se sont pas attardés à reprendre les questions que pose Agnès Verdier-Molinié dans son excellent petit livre "60 milliards d'économies" (2)⇓ notamment sur les privilèges de la haute fonction publique et sur l'opacité organisée du système.
Moscovici présentait, le 5 mai, l'accord de tolérance avec Bruxelles du 3 mai, différant de deux ans la mise aux normex des comptes publics de la République comme une "victoire des thèses françaises".
Il aurait pu remarquer que cette décision se traduit surtout par un approfondissement du fossé franco-allemand.
La veille de ses déclarations, dès le 4 mai, Le Monde (3)⇓ soulignait en effet les réactions négatives outre-Rhin. Elles ne viennent ni du porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, qui parle d'un "processus normal" ni même du ministre des finances. Habituellement plus ronchon, Wolfgang Schäuble observe de façon neutre que : "le pacte de stabilité (...) permet une certaine flexibilité dans l'application des règles". (4)⇓
Au contraire, plusieurs parlementaires de droite, plus libres de leurs déclarations, désapprouvent ouvertement ce sursis. (5)⇓
Citons :
Michael Stübgen, responsable des questions européennes du groupe parlementaire CDU-CSU : "C'est le mauvais signal. Je ne constate pas que la France entreprenne des réformes. Allonger le délai, c'est simplement dire: continuez comme cela".
Alexander Dobrindt, secrétaire général de la CSU bavaroise : "ne donnons pas un bonus spécial pour la politique d'échec du président François Hollande."
Hermann-Otto Solms, expert financier du FDP : "Les Etats doivent faire leurs réformes aussi vite que possible, assainir leurs finances publiques et améliorer la compétitivité de leurs entreprises".
Patrick Döring secrétaire général du FDP :"On voit maintenant où mène la mauvaise politique de la France. Un plus grand chômage, des impôts au plus haut, de faibles investissements et pas de croissance".
Voilà ce que pensent les Allemands.
Au-delà de ce discord de plus en en plus visible on doit beien mesurer que la politique et les déclarations de Moscovici ressemblent comme deux gouttes d'eau à celles que suivit à partir de 2009 le gouvernement de Papandréou et de son ministre des Finances. Ce dernier, membre comme Moscovici du groupe de Bilderberg, croyait possible de "finasser" avec les exigences du FMI auquel le gouvernement d'Athènes fit appel.
Alors le directeur général de cette énorme technocratie s'appelait Dominique Strauss-Kahn.
Aujourd'hui son successeur Madame Lagarde ne tient pas le même discours. Elle intervenait officiellement au symposium de Saint-Gall des 2 et 3 mai "déclarant la guerre au consensus mou. Récemment, le FMI semblait recommander d’alléger l’austérité. Christine Lagarde refuse cette interprétation." (6)⇓. Ses propos vont désormais dans le sens, non de la "rigueur", non du "sérieux budgétaire", mais de la "consolidation fiscale" et même explicitement de "l'austérité". Tout en préconisant une "combinaison" entre pression fiscale et réduction des dépenses, elle reconnaît aujourd'hui qu'il n'y a "pas d'alternative à l'austérité" (7)⇓. Voilà qui, certes peut faire sourire dans la mesure où cela tranche avec la politique du gouvernement Fillon auquel elle avait appartenu pendant quatre ans, de 2007 à 2011.
Moscovici trompe les Français et peut-être se trompe-t-il lui-même en croyant possible de ne pas réduire la dépense publique. Les solutions existent et elles se révèlent bénéfiques à moyen terme pour les pays qui manifestent le courage de les mettre en œuvre. Puis-je me permettre de souligner ici que dès 2012 j'indiquais quelques pistes en vue de cet assainissment libérateur, nécessaire à la France, afin que "plus léger soit notre tribut". (8)⇓
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
1 sur Europe N°1.⇑
2 cf. "60 Milliards d'économies" par Agnès Verdier-Molinié, 240 pages, 2013, éditions Albin Michel ⇑
3 cf.Le Monde.fr avec AFP | 04.05.2013 à 12h07⇑
4 cf.Bild am Sonntag 5 mai⇑
5 cf.Focus daté du 5 mai.⇑
6 cf.Temps de Genève du 3 Mai 2013⇑
7 cf.interview à la RTS et repris par AFP et cité par Le Monde 02.05.2013 à 17h41⇑
8 cf. "Pour une libération fiscale".⇑ -
Michel Déon : l’anarchisme de droite, ça conserve !
À l’âge de 94 ans, Michel Déon, le dernier « Hussard » vivant, le « jeune homme vert », n’a guère les faveurs des gazettes littéraires bien-pensantes. Un ostracisme qu’il partage outre-Rhin avec l’un des plus grands écrivains européens du siècle dernier, l’Allemand Ernst Jünger, qui a atteint l’âge mémorable de 103 ans. L’anarchisme de droite, ça conserve !
Michel Déon, comme Ernst Jünger, demeure sans doute l’exemple rare d’une « littérature qui ne se donne pas aux éphémères », selon l’élégante formule de son ami Dominique de Roux, mort lui trop tôt, à 42 ans. Avant de partir vivre en Grèce, qui lui a inspiré ses plus beaux récits (Le rendez-vous de Patmos, Le balcon de Spetsai, etc.), Michel Déon avait partagé durant la guerre, à Lyon, l’aventure éditoriale de Charles Maurras comme secrétaire de rédaction de l’Action française. Dans les années 50, Michel Déon, bien qu’il s’en défende aujourd’hui, rejoint « ce groupe de jeunes écrivains que, par commodité, je nommerai fascistes », comme les diabolisa Bernard Frank, dans les Temps Modernes, les affublant néanmoins du joli nom de « Hussards » qui passera à la postérité. [...]
José Meidinger - La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net -
La Gauche piégée par la rue ? Les déboires de M. Mélenchon.
Les manifestations de rue sont une des formes majeures de l’exercice de la citoyenneté et de la liberté d’expression, même si elles signalent d’ordinaire l’opposition plus que l’assentiment à la politique du Pouvoir en place… Ainsi, ce printemps 2013 montre-t-il, par la multiplicité des défilés, des actions de rue et des veilles, le désaveu des politiques gouvernementales par une partie importante de l’opinion publique et, parfois, pour des raisons fort différentes.
Mais la Gauche, d’habitude plus prompte à occuper la rue que la Droite, se trouve cette fois largement débordée, et frustrée de ne plus être celle qui bat le pavé dont elle faisait jadis un symbole de son identité « révolutionnaire » : cette situation est-elle si étonnante ? Même M. Mélenchon a fait les frais de cette réalité du moment qui veut que la Gauche ne puisse plus descendre dans la rue sans être accusée de faire le jeu de la Droite ou de l’extrême Droite ! Ainsi, sa démonstration de force du dimanche 5 mai n’a-t-elle pas été très convaincante et a-t-elle, au contraire, montré l’isolement de cette mouvance antilibérale de Gauche au sein de la Gauche en général et une certaine indifférence amusée de la population à son égard : les chiffres, d’ailleurs, sont cruels, même si M. Mélenchon, en bon connaisseur des réalités politiques, savait sans doute qu’ils seraient effectivement à son désavantage, et qu’il le savait avant même le jour de sa manifestation…
Quand la préfecture de police annonce 30.000, le nombre de manifestants a de bonnes chances d’être sous-évalué, comme le furent ceux des manifestations contre le mariage homosexuel des 13 janvier et 24 mars, ramenés aux environs de 300.000 par les mêmes compteurs (conteurs ?) de la préfecture.
Deux remarques néanmoins sur les chiffres :
1. Ce chiffre de 30.000, c’est, de toute façon, dix fois moins que celui annoncé par cette même préfecture de police pour les manifestations d’opposition au mariage homosexuel, ce qui tend à prouver que M. Mélenchon est bien loin de pouvoir, en ce domaine, concurrencer Mme Barjot et ses amis. Du coup, en quoi les revendications de M. Mélenchon seraient-elles plus écoutées que celles de Mme Barjot ? Si l’on s’en tient à une simple « démocratie comptable », M. Mélenchon est, là encore, le grand perdant de la rue…
2. Le même jour, pour une manifestation sans grand enjeu destinée à maintenir la pression sur le gouvernement, « la Manif pour tous » réunissait, toujours à Paris, 15.000 personnes selon la préfecture, ce qui équivaut déjà à la moitié de la manifestation nationale de M. Mélenchon, alors même que d’autres manifestations contre le mariage homosexuel rassemblaient, à Lyon ou à Rennes, plusieurs dizaines de milliers de personnes, pour un total dépassant les 100.000… Là encore, dans la même logique de « démocratie comptable », M. Mélenchon est aussi le perdant du jour…
Dans cette affaire, M. Mélenchon n’a pas réussi à convaincre les électeurs de Gauche de descendre dans la rue pour contester le libéralisme supposé du gouvernement de M. Ayrault, ne serait-ce que parce qu’il me semble que, en fait, la Gauche est tétanisée par la situation actuelle : la plupart de ses électeurs, fussent-ils très critiques envers la politique suivie, ne veulent pas donner l’impression de se désavouer et préfèrent se réfugier dans une sorte d’attentisme en espérant que les choses iront mieux dans quelques temps. D’autre part, il devient difficile pour eux de descendre dans la rue quand, depuis plusieurs mois, le gouvernement ne cesse de répéter que ce n’est pas la rue qui fait la loi, en visant les opposants au mariage homosexuel mais aussi, par ce discours, en mettant en garde ceux qui à Gauche auraient pu être tentés par cette initiative… D’autant plus difficile qu’une partie du public de Gauche, en particulier à Paris, éprouve désormais une aversion profonde pour « le peuple des pavés » et en appelle, comme le prouvent à l’envi de nombreuses interventions sur les médias ou forums de discussion sur la toile, à une véritable répression contre les manifestations de rue, même contre celles, pacifiques, des « veilleurs », allant parfois jusqu’à demander l’interdiction des manifestations contre la loi Taubira pour le simple fait que cette loi est votée… Drôle de conception de l’Etat de Droit : devrait-on ainsi limiter la discussion, et éventuellement l’opposition, à tout ce qui n’est pas encore voté ?
Ainsi, la Gauche abandonne-t-elle la rue à ses opposants et le gouvernement semble dire que la Gauche, désormais, doit être avec lui ou ne pas être reconnue comme telle… M. Mélenchon n’a pas réussi à briser cette logique malgré ses efforts certains et, d’une certaine manière, méritoires.
J.P Chauvin http://nouvelle-chouannerie.com -
Retraites, protection sociale, famille, enseignement : Ayrault précise et accélère son calendrier
Un séminaire gouvernemental s’est réuni hier à l’Élysée, un an après l’élection de François Hollande. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault y a présenté le calendrier des « réformes » à entreprendre.
Il a d’abord renouvelé la recherche du consensus avec les organisations syndicales : « Notre méthode, c’est d’abord le dialogue. Il y a un rendez-vous que nous nous sommes fixés : la conférence sociale, dont la deuxième se tiendra les 20 et 21 juin prochains. Avec les ministres concernés, je débuterai les entretiens bilatéraux la semaine prochaine ».
Au menu, les retraites : « la concertation sur l’avenir du système de retraite sera lancée lors de la conférence sociale. La réforme globale sera discutée par le Parlement à l’automne 2013 ».
Pour la santé et la protection sociale, « nous avons, a dit le Premier ministre, lancé la stratégie nationale de santé, elle devra être précisée et déclinée en juin prochain ». Le 8 février, à Grenoble, il en avait donné un axe : « assurer le retour à l’équilibre des comptes de l’assurance maladie ».
« Nous annoncerons d’ici un mois nos mesures sur la politique familiale », a-t-il ajouté. Le gouvernement a déjà indiqué qu’il envisageait de mettre des conditions de ressources au versement des allocations familiales, ceci dans le cadre des mesures de lutte contre les déficits publics.
« La loi sur la refondation de l’école sera adoptée avant l’été », a-t-il annoncé et « 2013 sera également l’année de la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur et la recherche ». Le projet de loi Fioraso passe au Parlement dès le 22 mai.
http://www.voxnr.com/ -
Nos ancêtres les Gaulois – par Stéphane Foucart (6)
C’était une évidence que personne ne songeait à contester ; la Lutèce romaine s’est construite sur le site de la capitale des Parisii. La découverte importants vestiges à Nanterre a remis en cause toutes ces certitudes.
Lutèce, la plus prodigieuse cité de l’univers… » Quel Parisien n’a pas eu, arrivé à la sixième planche des Lauriers de César, un petit pincement au coeur ? Voilà donc à quoi devait ressembler la Ville Lumière, il y a un peu plus de vingt siècles. Un petit chef-lieu gaulois de l’âge du fer, niché dans ce qu’on devine être l’île de la Cité. La modestie des origines est émouvante. D’autant que les mille détails du tableau achèvent de convaincre le béotien qu’il y a de la vérité là-dessous. Bien sûr, les belles pierres, les frontons et les colonnades qu’on voit sur le dessin n’ont rien à faire dans le nord de la Gaule à l’époque des aventures d’Astérix – c’est-à-dire vers – 50. Certes. Mais l’anachronisme est mineur. D’autant que d’autres détails, jurerait-on, ne trompent pas. Ainsi, sur la droite, ce pont de bois qui enjambe le fleuve. N’est-il pas voué à être prolongé, rive gauche, par une voie qui deviendra le cardo maximus de la ville romaine – cet axe nord-sud qui n’est autre, aujourd’hui, que la rue Saint-Jacques ? Le dessin raconte une histoire simple. Lutèce, chef-lieu des Parisii, l’un des quelque soixante peuples gaulois mentionnés par César, est située sur l’île de la Cité. Les Romains prennent la ville ; elle s’étend. Elle prend d’abord sur la butte qu’on appellera, plusieurs siècles après, montagne Sainte-Geneviève. Puis elle se développe sur les deux berges du fleuve. Clovis la rebaptise ; elle devient Paris. Fin de l’histoire ? Ce serait trop simple. Depuis quelques années, cette trame prend d’autres traits. Ceux d’un polar historique et archéologique si bien ficelé que personne n’en a encore trouvé la clé. Paris ne serait plus Paris. Ou, plutôt, Lutèce n’aurait pas vraiment été Lutèce. bref, c’est à en perdre son latin. tout commence au début des années 1990 à Nanterre. « Avec les travaux d’aménagement de l’A 86, un habitat gaulois de la fin du IIe au I° siècle est mis au jour, raconte l’archéologue Antide Viand (service archéologique des Hauts de Seine). Il s’agit d’un habitat très concentré qui semble avoir fonctionné par quartiers plus ou moins spécialisés. Ces caractéristiques, la période considérée et la surface potentiellement couverte autorisent l’hypothèse d’une agglomération préromaine ». Pourquoi cette découverte dans les Hauts de Seine sème-telle le trouble ? « Parce qu’on ne retrouve presque rien de gaulois à Paris, répond Christian Goudineau. On retrouve bien sûr des vestiges de la Lutèce romaine, celle du tout début de l’ère chrétienne, mais rien ou presque d’antérieur. » Et ce n’est pas faute d’avoir cherché. « Dans les années 1860, lors des restructurations de la capitale – construction des égouts, réorganisation urbaine, etc. ; on est allé regarder à chaque fois qu’un trou était percé, raconte M. Goudineau. Rien à faire: on n’a quasiment rien trouvé datant d’avant 20 avant notre ère… Même les fouilles du parvis de Notre-Dame n’ont rien donné d’antérieur à la conquête romaine. » Attention cependant, dit en substance l’historien et archéologue Jean-Louis Brunaux (CNRS), absence de preuves n’est pas preuve d’absence. « Parfois, comme à Besançon ou à Bourges, on fouille longtemps sans rien trouver jusqu’à ce qu’enfin des vestiges préromains apparaissent », précise-t-il. Certes. Mais à s’en tenir à ce qu’on sait du sous-sol parisien, la Lutèce romaine semble avoir été bâtie sur une terre vierge de toute agglomération gauloise. A Nanterre, c’est tout le contraire. L’ensemble de la ville n’a pas été fouillé, tant s’en faut. Mais sur les quelques milliers de mètres carrés retournés, explique Antide Viand, « on trouve de l’artisanat avec de la céramique, de la production de textiles, de métaux, des monnaies ratées à la frappe ». Voilà qui signe la présence d’un atelier monétaire. Ce qui, analyse l’archéologue Matthieu Poux (université Lyon-II), « est souvent la caractéristique d’un centre de pouvoir politique ». La solution serait donc finalement assez simple. La « Lutèce gauloise », celle des Parisii, est à Nanterre. Après la conquête, les Romains « déplacent » la ville sur la montagne Sainte-Geneviève et l’île de la Cité. Ce schéma n’est d’ailleurs pas inhabituel: Bibracte, la grande ville du peuple gaulois des Eduens, est ainsi abandonnée après la conquìte romaine et refondée sous un autre nom, Augustodunum (Autun), à une vingtaine de km de son site d’origine, l’actuel mont Beuvray. Bibracte-Augustodunum, Nanterre-Paris. Les deux problèmes ne sont peut-être pas si différents. L’affaire peut-elle être si facilement tranchée? Hélas non. Car Nanterre n’est pas sur une île. Or dans la guerre des Gaules, le récit qu’il fait de ses campagnes menées entre – 58 et – 51, César décrit Lutèce comme une ville « située dans une île de la Seine ». Il insiste même lourdement sur cette caractéristique : dans un autre passage de son récit, il évoque une autre cité insulaire gauloise et fait le parallèle avec la ville des Parisii. La Lutèce gauloise est sur une île, Nanterre n’est pas sur une île. donc Nanterre n’est pas la Lutèce gauloise. C’est à n’y plus rien comprendre. A moins que … « Nanterre est installé dans un méandre profond de la Seine, dans la boucle de Gennevilliers, explique Antide Viand. Et cette boucle est verrouillée a son entrée par le mont Valérien : en fonction de l’angle de vue, on peut avoir l’illusion que la ville est sur une île. » Hypothèse d’autant plus plausible que les cours d’eau changent: l’actuelle « boucle de Gennevilliers » aurait pu être, il y a deux mille ans, une grande île. Pour Jean-Louis Brunaux, l’hypothèse de la Lutèce de Nanterre ne tient pas. « Il est possible de changer une capitale de place, de déplacer des populations entières, dit le chercheur. Mais il est impossible de persuader les autochtones qu’un lieu qui avait un nom depuis des temps immémoriaux peut tout à coup se trouver 15 km plus à l’est« . D’ailleurs, ajoute M.Brunaux, Augustodunum n’a jamais pris le nom de Bibracte et, « dans la plupart des cas, lorsqu’une ville est déplacée, c’est un nom romain qui lui est donné, générale-ment associé à un qualificatif gaulois ». Pour Nanterre, ce mauvais point n’est pas le seul: il lui manque des ingrédients qu’on trouve, peut-être, à Paris. Car si, dans la capitale, les archéologues n’ont presque rien retrouvé d’antérieur à – 50, ils y ont malgré tout fait une étonnante découverte, dans un puits funéraire exhumé en 1974 lors de travaux d’aménagement du Sénat. Qu’y avait-il dans la fosse ? Le squelette d’un homme, son équipement militaire et des amphores à vin. En 1998, les archéologues Sylvie Robin et Matthieu Poux ont fait une nouvelle analyse de cet-te étonnante sépulture et font datée d’environ – 50. « L’homme est équipé d’une grande épée de cavalerie et de deux fibules typiquement gauloises, raconte Matthieu Poux. Mais sa boucle de ceinture et ses sandales cloutées font partie de l’équipement classique de l’armée romaine »… Conclusion : le « Gaulois du Sénat » était sans doute un mercenaire gaulois à la solde de Rome. Cette sépulture, en plein jardin du Luxembourg, est-elle le vestige d’une bataille ? Voilà qui tomberait à pic pour Paris. Car dans la Guerre des Gaules, César raconte brièvement qu’un affrontement se joue à Lutèce vers – 52. Lab ienus, un de ses principaux lieutenants, y défait une coalition de trois peuples gaulois : Parisii, Senons et Aulerques. Récapitulons. Peut-être une bataille à Paris, mais pas de ville importante. une villee d’importance à Nanterre, mais nulle trace de bataille. comment trancher ? Où diable se trouve la « Lutèce gauloise » ? « Sincèrement, je n’en sais rien », répond Christian Goudineau. D’autant qu’un autre élément du dossier vient compliquer l’affaire. « Lutèce vient du gaulois Lucotetia, qui signifie le ‘marais’. C’est un nom de lieu-dit, un nom banal, explique M. Poux. Tandis que Nanterre vient de Nemetodurum, qui ressemble plus à un nom de capitale : il est fondé sur nemeton qui signifie le ‘sanctuaire’ ou le ‘temple’ ; et durum qui veut dire le ‘marché’ ». Voilà qui pourrait résoudre le problème. Résumons : la bataille se joue devant une petite bourgade sans importance du nom de Lutèce, tandis que la grande ville gauloise est à une dizaine de km de là, la « Lutèce gauloise», la capitale des Parisii, ne se serait donc nullement appelée Lutèce mais Nemetodurum… Victorieux à Lutèce, les Romains y installent leur camp ; le camp devient une ville. La ville grandit et vole la vedette à Nemetodurum. Celle-ci, désertée, sombre dans l’oubli Peut-être. Mais une étrangeté demeure. Dans La Guerre des Gaules, César cite pas moins de sept fois Lutèce et jamais la moindre Nemetodurum – dont le nom n’apparaît d’ailleurs dans les sources écrites que vers le VIe siècle de notre ère… Alors ? César s’est-il trompé ? A-t-il écrit à quelques reprises « Lutèce » au lieu d’écrire « Nemetodurum » ? A-t-il simplement négligé de mentionner la « vraie » capitale des Parisii parce qu’il ne s’y est, de son point de vue, rien passé d’important ? Pourquoi pas. «César n’écrit ni pour nous ni pour l’histoire, rappelle M. Goudineau. Il écrit pour les sénateurs de Rome, qui se moquent complètement du nom de ce bourg du nord de la Gaule ! » Alors, Lutèce ou Nemetodurum ? On se gardera bien de trancher. Mais après tout, la France n’est pas la Gaule, cette invention romaine. Et il n’y a pas de raison pour que la capitale des Parisii se trouve sous la capitale des Français.
Cattos http://www.propagandes.info
A lire : Nanterre et les Parisii, sous la direction d’Antide Viand, éd. Somogy, 2008. Puits funéraire d’époque gauloise à Paris, de Matthieu Poux, éd. Monique Mergoil. -
Glorieuses défaites et grandes sagas – “La Nouvelle Revue d’Histoire” N°66, mai/juin 2013
Glorieuses défaites et grandes sagas – “La Nouvelle Revue d’Histoire” N°66, mai/juin 2013
Présentation du Dossier de La NRH 66 – mai-juin 2013. Par Dominique Venner
Voici cent cinquante ans, le 30 avril 1863, était livrée au Mexique la fameuse bataille de Camerone, devenue emblématique de la Légion étrangère et de son esprit de sacrifice. Cet épisode célèbre a inspiré le dossier de La Nouvelle Revue d’Histoire n° 66 (mai-juin 2013).
N’est-il pas frappant, en effet, que, dans l’histoire européenne, les défaites glorieuses plus que les victoires soient à l’origine des grandes sagas et des plus belles légendes ? Charlemagne fut le vainqueur de nombreuses batailles, mais c’est sa défaite de Roncevaux qui nous est connue et qu’a célébré la Chanson de Roland, le plus ancien chef d’œuvre de la langue française. Quant à la défaite de Waterloo, elle a sans doute compté dans la légende napoléonienne plus que la victoire d’Austerlitz !
Depuis les origines de l’histoire connue, batailles, victoires ou défaites ont scandé l’existence des cités, des nations et des empires. N’en déplaise aux espérances pacifistes aisément compréhensibles, la guerre est consubstantielle à l’humaine condition. Ce fait est commun à tous les peuples et à toutes les civilisations, comme l’appétit sexuel ou celui de la nourriture, alors que tant de comportements et de créations les distinguent de façon fondamentale.
Mais justement, la manière de concevoir la guerre et les défaites, s’inscrit dans les distinctions culturelles capitales. Ainsi la Chine, l’une des plus anciennes et riches civilisations, a-t-elle produit de célèbres traités de stratégie. Pourtant, comparés à ceux de l’Europe ou du Japon, les traités chinois ignorent la poétisation du combat, telle qu’on la découvre déjà dans l’Iliade. L’art chinois de la guerre écarte le culte de l’héroïsme au profit de subtiles manœuvres ayant pour but de vaincre l’adversaire sans même combattre. De ce point de vue, Sun Zi est à l’opposé de Clausewitz. Ce dernier n’a certes jamais magnifié les défaites, mais sa réflexion a pourtant surgi de la défaite prussienne d’Iéna, en 1806. En cela, cette défaite fut créatrice et même fondatrice.
Nous avons donc développé notre réflexion à partir de plusieurs défaites glorieuses et emblématiques en commençant bien sûr par Camerone qu’évoque Alexis Neviaski (p. 36). En remontant dans le temps, nous poursuivons par le sacrifice des Spartiates aux Thermopyles que fait revivre Mathilde Tingaud (p. 40). Puis viennent la bataille et la légende de Roncevaux par le médiéviste Bernard Fontaine (p. 43). Jean Tulard, de l’Institut, médite sur la gloire de Waterloo (p. 46). Pour ma part, je souligne la place des causes perdues dans l’imaginaire de Stendhal (p. 48). Charles Vaugeois raconte le siège d’Alamo, prétexte d’un film célèbre (p. 50). Max Schiavon décrit la poignante tragédie et les retombées de Dien Bien Phu (p. 54). Enfin, Philippe Conrad attire notre attention sur quinze autres défaites glorieuses, dont le souvenir a traversé le temps, de la chute de Troie à celle de Berlin plus de trente siècles après (p. 59). Des épisodes, il faut le souligner, dont la participation féminine fut souvent importante, comme nous le rappelons au sujet de Dien Bien Phu.
Dominique Venner
Source : le site internet de Dominique Venner.
“La Nouvelle Revue d’Histoire” est en kiosque, mais on peut aussi se procurer le numéro de la revue par Internet par exemple ici, ou par abonnement ici.
http://fr.novopress.info -
Jean Aziz et le face à face Iran – Arabie Saoudite au Liban et en Syrie
http://prodromenouvelordremondial.wordpress.com/
La thèse que je défends sur ce blog est que la crise syrienne a dès le départ donné lieu à une immixtion de forces étrangères à ce pays ; des forces qui ont engagé très tôt une action violente, parfois très professionnelle, contre l’appareil policier et militaire du régime.
Ces forces étrangères, non contentes d’armer militairement et d’outiller dans la guerre médiatique des citoyens syriens, qu’ils appartiennent à la mouvance des Frères Musulmans, du wahabbisme ou tout simplement à celle de ceux qui pensent que leur avenir personnel ou celui de leur clan pourrait être plus radieux sans Bachar al-Assad, ont fait venir des mercenaires de Turquie, de Jordanie, et même de Tunisie, de Tchétchénie et d’Europe (je ne parle pas là de Syriens résidant en Europe).
Il va sans dire que ceux qui espéraient une démocratisation de la vie politique en Syrie en sont pour leurs frais.
Jean Aziz, qu’on a déjà croisé sur ce blog, grossit peut-être un peu le trait, mais oui, nous assistons en Syrie à une guerre entre l’Iran et le Hezbollah d’une part, et l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et les Etats Unis d’autre part.
Et c’est l’axe turco-arabo-occidental qui a pris l’initiative de cette guerre et a fait en sorte qu’elle perdure faute de possibilité de règlement politique qu’il s’est ingénié à empêcher, exactement comme en Libye.
Sauf que l’enjeu stratégique est nettement plus important en Syrie qu’en Libye et que si les Américains jouent là avec la sécurité de leur entité sioniste adorée, les monarques jouent peut-être leurs têtes !
Pourtant, dans un monde rationnel, cette crise aurait été réglée depuis longtemps ou n’aurait jamais eu lieu.
Mais un monde rationnel serait un monde où les Etats Unis au lieu de chercher la confrontation avec l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, chercheraient à avoir des relations normales avec ces pays avec lesquels ils ne devraient avoir à priori pas de conflit aigu.
Oui, j’écris ces pays car je ne compte pas le Hezbollah qui n’existerait pas si les Etats Unis ne s’entêtaient pas à soutenir inconditionnellement une entité sioniste qui ne pourra jamais avoir un statut normal dans la région.
Même si, pour les pétromonarchies d’Arabie et du Qatar, tout l’enjeu d’une défaite de l’axe Syrie – Hezbollah – Iran est la possibilité de pouvoir enfin normaliser leurs relations avec l’entité sioniste et donc d’enterrer définitivement les droits du peuple palestinien.
L’objectif est illusoire certes et les monarques comme le Grand Turc devraient méditer ce propos de Kant :
Est illusion le leurre qui subsiste même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas.
L'Iran contre la diplomatie saoudienne au Liban
par Jean Aziz,
Al-Monitor Lebanon Pulse, 29 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Trois semaines de développements de la situation au Liban ont suffi pour effacer le sentiment qu’une percée dans les relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était proche, du moins au Liban. Ce sentiment avait pris corps le 6 avril quand le parlement libanais a désigné, dans un consensus presque total, le député de Beyrouth Tammam Salam pour former le nouveau cabinet.
Au début, il y avait certains signes qu’une percée dans la relation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était en vue. L’ambassadeur Saoudien à Beyrouth, Ali Awad Asiri, avait clairement fait une ouverture en direction du Hezbollah. A un point tel que certains avaient dit que l’Arabie Saoudite avait entamé des contacts directs avec la plus puissante organisation chiite du Liban par l’intermédiaire d’un officiel des services de sécurité libanais qui jouit de la confiance du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah en personne. On a même dit que l’adjoint de Nasrallah, le Cheikh Naim Qassem devait se rendre en Arabie Saoudite à la tête d’une mission du Hezbollah avec la mission de discuter des relations entre la banlieue sud de Beyrouth et Riyad. La délégation devait aussi aborder le problème de la formation d’un nouveau gouvernement [au Liban] et l’acceptation d’une nouvelle loi pour les élections législatives pour faire en sorte que les élections interviennent avant la fin du mandat de l’assemblée actuelle le 20 juin et éviter ainsi au Liban d’aller vers l’inconnu.
Cette impression optimiste a vite disparu et il est devenu évident que la stratégie de la tension entre les axes saoudien et iranien reste d’actualité jusqu’à nouvel ordre.
Il semble que les deux parties pratiquent un jeu de dupe pour améliorer leurs positions et leurs capacités en préparation d’une attaque surprise contre l’autre camp.
Sous couvert d’ouverture en direction du Hezbollah à Beyrouth, l’axe saoudien a l’œil rivé sur une bataille régionale pour renforcer le siège du régime syrien et renverser le président Bachar al-Assad. Au moment où les Saoudiens se préparaient à attaquer la capitale syrienne, ils avaient jugé prudent de ne pas ouvrir plus d’un front à la fois. Ils ont donc fait une trêve avec le Hezbollah et montré de la bonne volonté à l’égard de ce dernier, tandis que le nœud coulant arabo-turco-occidental se resserrait autour du cou d’Assad.
De leur côté, l’Iran et le Hezbollah ne se sont pas laissés berner par la manoeuvre saoudienne. Quelques jours après avoir commencé à tester les réactions de l’autre camp, l’Arabie Saoudite a commencé son attaque : les alliés libanais de Riyad ont durci leurs positions en formant un nouveau gouvernement et en définissant une loi électorale, ce qui a fait prendre conscience à l’axe du Hezbollah [le Hezbollah et ses alliés au Liban] de la manœuvre, ce qui a amené cet axe à changer de tactique. Le Hezbollah a alors contre attaqué sur presque tous les fronts.
Il semble que l’Arabie Saoudite avait misé sur une évolution favorable de la situation militaire en Syrie quand cette évolution a en fait été favorable au camp iranien. Un facteur sur le terrain a inversé la donne : en deux semaines, les forces pro-régime ont avancé dans toutes les régions autour de Damas et de Homs. Ce développement a placé les 370 kilomètres de frontière syro-libanaise sous le contrôle du régime syrien et de ses alliés au Liban. Ce qui a piégé et isolé une partie significative des Sunnites – qui sont traditionnellement soutenus par l’Arabie Saoudite et sont près d’un demi-million à Akkar et à Tripoli – par l’interposition de l’armée syrienne et de ses alliés libanais.
Mais la riposte contre l’Arabie Saoudite au Liban a d’autres manifestations: la visite du Hezbollah à Riyad dont on parlait n’a jamais eu lieu et on a appris que Nasrallah est allé à Téhéran dernièrement. Malgré de nombreuses conjectures sur les objectifs de cette visite et son timing, le Hezbollah a ostensiblement gardé le silence sur ce sujet. Le parti ne l’a ni confirmée, ni infirmée. Cependant, des photos de Nasrallah rencontrant le Guide Suprême Iranien Ali Khamenei ont été publiées sur les réseaux sociaux. Des cercles proches du Hezbollah affirment que la photo était tirée d’archives, mais la photo n’a pourtant pas l’air bien ancienne.
Une autre manifestation de la contre attaque a été l’annonce par Israël de la destruction au dessus de la mer au large d’Haïfa d’un drone venu du Liban. Mais à la différence d’incidents similaires, comme quand Israël avait détruit le drone Ayyoub le 9 octobre 2012, le Hezbollah a promptement démenti avoir un rapport quelconque avec cette affaire. Certains ont interprété ce démenti comme étant causé par l’échec du drone «Ayyoub 2» à pénétrer en profodeur en territoire israélien. Mais le drone avait peut-être simplement comme objectif de survoler les champs gaziers israéliens en Méditerranée. Dans ce cas, le drone a réussi à envoyer le message à Israël, ce qui explique aussi le démenti du Hezbollah.
Ces deux derniers jours, ce cercles proches du parti ont traité cette affaire d’une manière évasive en demandant: Et si toute cette affaire se résumait à un gamin du sud Liban qui jouait avec un avion télécommandé amenant les Israéliens à suspecter le Hezbollah de leur faire la guerre ?
Certains à Beyrouth pensent que la contre attaque iranienne contre les avancées de l’Arabie saoudite, qui se sont traduites par la démission de l’ancien premier ministre Libanais Najib Mikati se déploie bien au-delà de la scène libanaise pour toucher le Bahreïn et même l’Irak. On a parlé de découvertes de caches d’armes pour l’opposition bahreïnie à Manama ; et les troupes du premier ministre Irakien Nouri al-Maliki sont entrée à Hawija et menacent de faire la même chose à Anbar.
Toutes choses qui confirment une fois encore que tout accord entre les Libanais doit se faire sous des auspices internationaux, c’est-à-dire au minimum une entente entre Washington et Téhéran. Mais une telle entente ne pourra sans doute pas intervenir tant que ne se seront pas produits certains événements, que ce soient les élections présidentielles en Iran en juin prochain ou les résultats des discussions d’Almaty sur le nucléaire (si elles reprennent).
Entre temps, la situation libanaise va déboucher soit sur la prolongation de la crise par la prolongation du mandate du parlement et le report de la formation d’un nouveau gouvernement, soit sur l’explosion de la situation!
La plupart des organisations libanaises et des parties étrangères préfèrent la première option.
Jean Aziz est un collaborateur d’ Al-Monitor’s Lebanon Pulse. Il est éditorialiste au journal libanais Al-Akhbar et anime une émission de débat politique sur OTV, une chaîne de télévision libanaise.
Ajoutons que ce chrétien a d’abord appartenu aux Forces Libanaises, un mouvement d’extrême droite avant de rejoindre le général Michel Aoun sur une position nationaliste, modérément antisyrienne (ou modérement prosyrienne), favorable à l’entente interconfessionnelle et hostile à l’entité sioniste. C’est pourquoi on dit qu’il est proche du Hezbollah. Il l’est à peu près à la façon de Michel Aoun.
http://mounadil.wordpress.com/2013/04/30/jean-aziz-et-le-face-a-face-iran-arabie-saoudite-au-liban-et-en-syrie/
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Plus aucun acte d’état civil à effet de la date de promulgation de la loi
Polémia publie l'exemple d'une lettre qu'un maire pourra adresser au Préfet si la loi Taubira venait à être promulguée :
"En qualité de maire, j’exerce à la fois des attributions au nom de la commune, par délégation du conseil municipal, et au nom de l’Etat, par l’effet de la loi. Parmi ces dernières, celles d’officier d’état civil, prévues par l’article L 2122-32 du Code général des collectivités territoriales.
Le vote de la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe dénature cette institution et emporte de graves conséquences sur la filiation et l’adoption. Elle impose à l’officier d’état civil que je suis un acte contraire à toutes mes convictions.
Le président de la République, François Hollande, lors du Congrès des maires de France du 20 novembre 2012, déclarait à l’époque au sujet de ce projet :
« Je connais les débats qu’il suscite, ils sont légitimes dans une société comme la nôtre. Les maires sont des représentants de l’Etat. Ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer. Mais je le dis aussi, vous entendant : des possibilités de délégation existent. Elles peuvent être élargies et il y a toujours la liberté de conscience. La conception de la République vaut pour tous les domaines et, d’une certaine façon, c’est la laïcité, c’est l’égalité : c’est-à-dire que la loi s’applique pour tous, dans le respect, néanmoins, de la liberté de conscience. »
J’entends me prévaloir de cette liberté de conscience, mais je ne ferai pas supporter à l’un ou l’autre de mes adjoints une obligation que je refuse d’assumer moi-même. Il appartient à l’Etat et à ses fonctionnaires de remplir ce rôle.
Aussi, je vous prie de prendre acte que je n’accomplirai plus aucun acte d’état civil à effet de la date de promulgation de la loi. [...]"
Michel Janva
http://www.lesalonbeige.blogs.com/ -
Mélenchon son spectacle et la ligne du parti
Le rassemblement de l'extrême gauche à la Bastille ce 5 mai a donné lieu à des commentaires contrastés au gré des évaluations contradictoires du nombre de participants. Lui-même revendique un triomphe et 180 000 personnes.
"Pari réussi, affirme L'Humanité (1)⇓ : 180 000 personnes ont marché pour la VIe République et contre l'austérité. Militants Front de gauche, Verts, du NPA, associatifs, syndiqués et simples citoyens de gauche ont défilé en nombre ce dimanche 5 mai de la Bastille à Nation. Ils sont venus avec chacun leur mot d'ordre, et se retrouvent majoritairement autour de deux idées fortes : non à l'austérité et au pouvoir de la finance et pour une VIe république, plus sociale et plus juste."
On note toutefois que le site quotidien communiste place cette recension enthousiaste en 7e ou 8e position, bien après le soutien apportée par la CGT à la grève des éboueurs.
L'organisateur du spectacle avait fixé la barre à 100 000 participants.
Le quotidien Le Monde lui en accorde péniblement 45 000. Il se montre un peu plus généreux que la préfecture de Police dont les chiffrages ont beaucoup perdu en crédibilité ces derniers temps mais qui parle de 30 000 manifestants. Le parti communiste avait grandement mobilisé. Certes, les coups de gueule de son allié ne saurait fatiguer le personnel de la place du colonel Fabien, car les démons ne dorment jamais. Mais elles commencent à le desservir. Le vieil appareil stalinien avait cependant affrété plus de 200 cars et il annonçait la venue en Ile de France depuis les autres régions de plus de 15 000 de ses militants et permanents. (2)⇓
Laissons dès lors la bataille des chiffres. Elle est devenue lassante depuis les sous-évaluations des mobilisations contre la loi Taubira. Notons que ce dimanche encore ces dernières ont encore démontré que les Français semblent accorder plus d'importance à ce dossier qu'à ceux dont le Front de gauche cherche à tirer argument pour se défausser de l'alliance électorale avec le parti socialiste. Le rendez-vous national du 26 mai risque fort de démontrer que le vote d'assemblées politiciennes mal élues n'impressionne pas des gens qui, à tort ou à raison, se sentent de plus en plus l'émanation du pays réel.
Après tout des pancartes "on veut du boulot pas du mariage homo" sont régulièrement brandies dans les différentes "manifs pour tous", réputées droitières. Elles ne manquent pas d'un certain réalisme. À l'inverse, la mise en avant, par les démagogues et les agitateurs de gauche et d'extrême gauche, des grosses usines en difficulté passent, elles, complètement à côté du véritable problème du chômage en France.
Rappelons-le en effet, au besoin lourdement : ce que nous avons pris l'habitude d'appeler les "plans sociaux" représente moins de 5 % de la clientèle de Pôle Emploi. N'en déplaise au camarade Montebourg ce ne seront pas les subventions aux sites en déconfiture qui créeront des emplois puisque ces allocations stériles de capital seront effectués aux frais de la substance productive du pays.
L'opposition tribunicienne à la Mélenchon cherche des points de rupture, sinon avec l'alliance électorale de gauche, du moins avec l'image de marque du pouvoir actuel. Il se révèle en effet de plus embarrassant de chanter "Debout les damnés de la Terre, debout les forçats de la faim" au voisinage de la gauche caviar dont on attend finalement de partager les miettes. Cela se voit et cela irrite les plus dociles. Les questions relatives au patrimoine de nos dirigeants et ministres intègres deviennent de plus en plus gênantes et on finit par se demander si l'affaire Cahuzac n'a pas simplement servi de détonateur. Soulignons par exemple que le camarade Plenel, figurait avec des gens comme Eva Joly et quelques autres habitués du compagnonnage à la tête du rassemblement mélenchonien.
Voici en effet ce que Plenel servait, en vue de cette manif, le 4 mai aux abonnés de Mediapart :
Sous le titre "L’heure de vérité" et sous la signature du fondateur de ce site Edwy Plenel on pouvait lire : "Sous l’effet de souffle de l’affaire Cahuzac, la Cinquième République vacille. Tandis que François Hollande s’enferme et s’isole dans un présidentialisme archaïque, toujours fatal à la gauche, la droite accentue sa dérive extrémiste, appelant à « un nouveau 1958 », autrement dit à un coup d’État. Au peuple d’avoir l’audace qui manque à ses gouvernants : imposer la nécessaire refondation démocratique de la République."
Certains se demandent simplement pourquoi Plenel et ses copains s'arrêtent en si bon chemin. Méchant comme se révèlent souvent les clowns, Mélenchon met en cause la compétence du chef de l'État. La foule du 5 mai réclame même sa démission. Mais pourquoi tous ces gentlemen ne le passent-ils pas au crible du détecteur de fortune et de l'inspection des mensonges ? (3)⇓
Tout semble indiquer en effet qu'il se posent surtout désormais une question strictement politicienne. Ne préfèrent-ils pas conserver un pied dans le marigot gouvernemental, avec un Montebourg, avec quelques écolos, etc. plutôt que de lancer du dehors des imprécations sans lendemain. Ces tergiversations risquent d'abord de leur coûter cher : ceci ne me chagrine qu'à moitié. Mais elles peuvent aussi, beaucoup plus gravement, peser sur l'avenir du pays, tant que l'ambiguïté demeurera. Et elle règne depuis un an, 365 jours de trop.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
1 cf. L'Humanité du 6 mai ⇑
2 cf. Le Monde en ligne le 03.05.2013 à 10h10 ⇑
3 Il faut recommander à cet égard tant qu'elle est accessible sur Youtube, l'intéressante vidéo de "Borowic" qui semble situer assez correctement le problème : "Hollande a-t-il menti sur son patrimoine"..⇑