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« Les indigènes de la République et la fin de la France européenne par Pierre LE VIGAN
De même qu’il n’y a pas au sein de la droite au pouvoir un seul partisan sincère et cohérent de l’identité nationale, ou un seul partisan sincère de la fin de la repentance, il n’y en a pas à gauche. Le « socialiste » Manuel Valls affirme : « Je suis favorable à une immigration régulée, contrôlée, et en même temps nous devons affirmer que l’immigration peut être une chance pour notre pays. » Et il explique que la droite pratique « une politique non avouée de régularisation de la plupart des sans-papiers » (in Valeurs actuelles, 5 novembre 2009). Droite et gauche vont toutes deux à l’encontre de la nécessaire inversion des flux migratoires. De son côté, Houria Bouteldja de l’association Les Indigènes de la République écrit : « Aussi douloureux que cela puisse être ressenti par les écorchés du drapeau et les thuriféraires d’une France éternelle et gauloise, nous transformons la France. En d’autres termes, elle aussi, s’intègre à nous. Certes en y mettant le temps, mais nul besoin d’une conspiration fomentée par les masses arabo-négro-berbères, ni d’un quelconque complot ourdi par des cellules dormantes de barbus-le-couteau-entre-les-dents. La France ne sera plus jamais comme dans les films de Fernandel. Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Église, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité » (19 septembre 2009).
Ces propos provocateurs ne font en fait que dire ce qui se passe vraiment. Ils ne sont pas une menace, ils disent le vrai. On doit ajouter que le paradoxe est que Mme Bouteldja représente par ailleurs exactement les immigrés tels que je les souhaite : intégrés, pas voilés pour ce qui est des femmes, parlant français, politisés, intéressés par la politique extérieure et non pas zombies. L’ennui c’est que la nouvelle que nous annonce Mme Bouteldja n’est pas bonne : c’est la fin d’une France européenne.
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com
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François Hollande réduit unilatéralement la dette tunisienne
Ci-dessus, photo de la colonne au centre de la place de la Bastille à Paris, lors de la fête le soir de l’élection de François Hollande à la présidence de la République, le 6/5/2012. Les drapeaux on été légendés.
TUNIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Le président Hollande, en visite en Tunisie la semaine dernière, a affirmé vouloir aider ce pays dans sa transition démocratique. Ainsi a‑t‑il annoncé vendredi dernier son intention de convertir une partie de la dette tunisienne (qui s’élève à un milliard d’euros) en investissements. Il a par ailleurs évoqué l’octroi d’un demi‑milliard de prêts et de dons.
Premier président français à se rendre en visite d’Etat en Tunisie depuis la révolution qui a chassé le président Ben Ali, en 2011, François Hollande a réaffirmé toute sa confiance dans la Tunisie nouvelle, estimant même « Que l’islam et la démocratie étaient compatibles ».
Enfin, le président français a réitéré sa promesse d’aider la Tunisie à récupérer les biens mal acquis du clan Ben Ali, qui vit en grande partie en exil à travers le monde.
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Ludovine de la Rochère : Nous sommes entrés en résistance !
Ancienne responsable des relations médias et des campagnes de communication de la Conférence des évêques de France, Ludovine de la Rochère est aujourd’hui présidente de la Manif pour tous. Tentatives de récupération politique, rapports avec les pouvoirs publics, actions en justice, elle revient pour Politique magazine sur huit mois de mobilisation et détaille les actions qui vont être menées par son association dans les mois qui viennent.
Comment est née la Manif pour tous ?
Plusieurs associations défendant la famille et l’enfant se sont rencontrées l’année dernière lorsque François Hollande a annoncé son programme où figuraient les projets de loi contre la Famille. Nous avons alors écrit à tous les candidats aux législatives pour les alerter. à la rentrée, une rencontre a été organisée, réunissant associations et spécialistes de l’enfance. Frigide Barjot, qui avait fondé le collectif pour l’humanité durable, Albéric Dumont, organisateur de la marche pour la vie, et moi souhaitions organiser le plus rapidement possible une manifestation qui ne soit ni politique, ni confessionnelle afin de l’ouvrir au plus grand nombre. Le nom Manif pour tous s’est donc imposé naturellement. La manifestation du 17 novembre à Paris n’a été qu’une première étape. Par la suite, d’autres événements ont eu lieu dans toute la France, notamment à Lyon, une ville qui s’est très vite mobilisée.
Aujourd’hui que la loi est passée, l’essoufflement se fait-il sentir ? [...]
La suite sur Politique Magazine
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Les agresseurs des invertis « Wilfried et Olivier » sont finalement des racailles étrangères
Une énième manipulation du lobby LGBT et des médias.
L’attentif lecteur se rappellera certainement que dans la nuit du 8 avril dernier, un fait divers très médiatisé se nouait dans le XIXe arrondissement de la capitale : Wilfried et son compère Olivier, jeunes hommes aux relations contre-nature, qui se tenaient par le bras dans une ruelle à la sortie d’une soirée, se faisaient agresser sauvagement aux cris de « Ah ! les pédés ».
Wilfried, à peine remis de ses émotions et sorti de l’hôpital, diffusait sur tous les réseaux sociaux la photo de sa face tuméfiée, aussitôt qualifiée par tous les médias de « nouveau visage de l’homophobie ».
La victime elle-même, quoiqu’elle n’ait aucun souvenir du déroulement de la scène, n’hésitait pas à affirmer que cette « agression (disait) quelque chose de notre société, sur ce qui se passe en France depuis pas mal de mois autour du mariage pour tous. »
Le mot était lâché, le mal identifié, et la bonne presse se pressait de lier cette violence au terrible vandalisme qui frappait alors le quartier parisien du Marais, en l’espèce un collage sauvage du Printemps français sur l’espace des Blancs-Manteaux qui accueillait le « Printemps des assoces de l’inter-LGBT ». La France tremblait, le nazisme était de retour.
Or, nous sommes en mesure d’affirmer aujourd’hui que la police judiciaire parisienne, après un long travail d’enquête, a identifié avec une grande certitude les agresseurs présumés. Et que de manière extrêmement étrange, ils ressembleraient plus à des fans de Sexion d’Assaut qu’à des groupies de Glorious. Les policiers n’attendent plus que l’aval du Préfet de Police de Paris pour procéder à l’arrestation.
Parions que le pouvoir et ses alliés médiatiques crieront alors au pasdamalgamisme. Il ne faut pas diviser la France. Il ne faut pas stigmatiser.
http://www.contre-info.com/ -
La fausse démocratie expliquée en 10 minutes par Etienne Chouard
http://www.youtube.com/watch?v=ZWSXU0mCxT0
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Quand Marcel Pagnol dénonçait les manuels d'histoire de la République...
Quelques débats récents sur la question de la neutralité à l’école me conduisent à évoquer Marcel Pagnol qui, lui-même fils d’instituteur de la IIIe République, ne croyait guère à cette supposée neutralité, expliquant dans son ouvrage « La Gloire de mon père » que « tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements », ce que je peux aisément confirmer au regard de ma propre expérience, autant comme élève qu’aujourd’hui comme professeur…
Dans ce même livre, Pagnol dénonce, avec esprit et un brin d’amertume, cette subjectivité républicaine qui, pourtant, a été un outil important de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’identité nationale », identité qui se voulait collective mais oubliait la part provinciale (il faudrait d’ailleurs en parler au pluriel…) de ce qui formait « l’identité de la France », et maquillait les aspects les plus sombres de cette République qui se voulait « universelle » à défaut d’être « plurielle »… : « Les écoles normales primaires étaient à cette époque de véritables séminaires, mais l’étude de la théologie y était remplacée par des cours d’anticléricalisme (…). Les cours d’histoire étaient élégamment truqués dans le sens de la vérité républicaine. (…) Les normaliens frais émoulus étaient donc persuadés que la grande Révolution avait été une époque idyllique, l’âge d’or de la fraternité poussée jusqu’à la tendresse : en somme, une expérience de bonté. Je ne sais pas comment on avait pu leur exposer – sans attirer leur attention – que ces anges laïques, après vingt mille assassinats suivis de vol, s’étaient entreguillotinés eux-mêmes (…). »
L’Histoire est cruelle…
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L’identité nationale contre les peuples par Georges FELTIN-TRACOL
Dans son édition du 14 novembre 2009, Le Monde rapporte les propos du député français au Parlement européen, le socialiste Vincent Peillon : « L’identité nationale française ne se définit pas par rapport à l’étranger, l’immigration, la race ou le sol, elle se définit par rapport à l’école (1). » Si cela est avéré, gageons que l’identité française se trouve dans le même coma dépassé que le système scolaire hexagonal… Ce débat sur l’identité nationale est d’abord une manœuvre électorale du parti au pouvoir et de son chef qui, craignant de recevoir une raclée magistrale aux prochaines régionales, racolent les électorats conservateur, droitier et national. Il s’inscrit ensuite dans un sentiment général, quoique diffus, ainsi résumé : « Qu’est-ce qu’être Français au terme de la première décennie du XXIe siècle ? » La question mérite d’être posée. En revanche, les réponses ne doivent pas se focaliser sur les seules problématiques de l’immigration et de l’islam. Certes, l’identité nationale se doit de répondre au phénomène migratoire et au défi musulman. Il ne faut cependant pas oublier d’autres interrogations connexes telles que « L’identité nationale est-elle compatible avec la mondialisation libérale ? », « Peut-elle se mouler dans le processus européen en cours ? », « Ne nuit-elle pas à la renaissance des régions et aux mesures décentralisatrices ? », « Ne contrarie-t-elle pas la politique des genres, l’exercice des “ reconnaissances ”, les actions anti-discriminatoires et le caractère “ multiculturel ” des sociétés post-industrialisées ? ». On peut même se demander si l’identité nationale est encore possible après les grandes messes médiatiques du “ Grenelle de l’environnement ” et de la conférence de Copenhague… Si l’identité nationale française est en crise, c’est parce que l’unité politique de la France, l’État, doute maintenant de lui-même. Sans remonter à l’œuvre des Capétiens, disons que les violentes querelles qui stimulèrent et fortifièrent la République (affaire Dreyfus, séparation entre l’État et l’Église, cristallisation du clivage droite – gauche, anticommunisme et anti-fascisme parfois élargi à l’anti-gaullisme du R.P.F.) et la mission intégratrice de l’école, de la conscription, des élections régulières, des syndicats, de la colonisation, de la presse, de l’essor économique avec la promesse du plein emploi et de l’industrialisation comme projet de vie meilleure, modelèrent les mentalités et favorisèrent un homme français dont l’acmé coïncide avec la présidence de Georges Pompidou (1969 – 1974). Aujourd’hui, la suppression du service militaire obligatoire, la perte des colonies, le naufrage de l’enseignement, la désindustrialisation massive, le chômage élevé, les délocalisations incessantes, la crise du syndicalisme, de l’information, des partis politiques et de la représentation témoignent d’une indéniable mutation dont seule une certaine vision de l’identité nationale semble ne pas vouloir entériner, car elle repose sur le mythe de la République qui a tendance dans les discours à se substituer à la France. Héritière des Lumières dont nous entrevoyons les dernières lueurs, la République française n’est pas une res publica telle que la concevaient les Romains ou l’envisageait Machiavel. Cette République-là est une divinité vorace, un Moloch, qui n’accepte que des zélateurs et dont les limites idéales correspondent à celles du monde. « L’identité française se résume pour l’essentiel à l’idée républicaine, affirme Maurice Szafran (2). » C’est une idéologie totale qui sacralise le citoyen rationnel délié de toutes ses appartenances et de tous ses héritages, y compris et surtout spirituels, d’où une grande défiance envers toute forme de sacré, en particulier quand se rassemblent dans un même lieu, pas forcément privatif, les membres d’un même groupe afin de partager un vivre-ensemble commun (communier). Pour Maurice Szafran, « l’identité nationale républicaine, c’est la laïcité […], c’est la relégation du religieux dans la sphère familiale et privée […], c’est l’affirmation du principe égalitaire contre le principe héréditaire (3). » La République ne reconnaît par conséquent que des individus et leur addition hypothétique en l’Humanité. Elle se fiche du destin des patries incarnées et de leurs personnes. Son message se veut messianique; il se concentre sur le seul épanouissement de l’individu, épanouissement garanti par des droits de l’homme désormais érigés en dogme théocratique, qu’il lui sied, celui du matérialisme profane, sans dessein anagogique. Il en résulte le refus répété des autorités de reconnaître les cultures vernaculaires et d’accepter les manifestations religieuses hors de l’intimité. L’identité nationale française s’est construite contre les peuples et leur foi. Naguère, notre pays était la terre des hommes libres. La République qui valorise la Liberté broie ces libertés profuses. Mais le bagne qu’elle est n’arrive pas à étouffer les revendications venues des profondeurs de l’histoire. Désormais sur la défensive, la République et ses laudateurs montrent d’irréfutables signes de crispation pathologique. En témoignent les diverses tentatives de légiférer le port du voile musulman ou de restreindre les nouveaux mouvements religieux sous le prétexte que ce serait des « sectes » dont les membres n’apprendraient pas à leurs enfants qui est Zidane ! Les prises de position anti-musulmanes reposent bien trop souvent sur une haine de la religiosité et des légitimes différences. Ainsi, le Grand-Maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet, dit qu’il est « pour l’interdiction de la burqa, pas au nom de l’identité nationale mais au nom de l’universalité (4) ». Il se désintéresse de la submersion démographique issue des flux migratoires qui accélèrent le remplacement des populations autochtones par de nouveaux habitants allogènes. Il veut poursuivre l’arasement des cultures et l’édification d’un Pandémonium planétaire qui serait une juxtaposition anarchique de collectivités d’égo soumises au Diktat du Marché et de l’hyper-consommation, bref, tout le contraire d’une authentique complexité communautaire spirituelle et ethno-culturelle agencée. Trop régulièrement, la lutte contre l’islam, le christianisme ou les « sectes » exprime, au-delà des justifications féministes, égalitaristes, nationistes ou droit-de-l’hommistes, un ressentiment, une haine, envers tout ce qui est spirituel. « La spiritualité, voilà l’ennemi ! », estime notre classe politique faillie. Or, s’il manque à l’identité nationale un esprit, car être Français, ce n’est pas que vivre en France ou bénéficier de ses largesses sociales, notre époque, par chance, n’en manque pas; il gît dans les solidarités sensibles, les communautés concrètes et les identités tangibles, dans ces structures de vivre-ensemble alternatives qui préparent l’avènement du pluralisme (ou polythéisme) des valeurs. Malgré les incantations de quelques élus qui veulent interdire les drapeaux étrangers lors des mariages (5) parce qu’« à l’heure de ce grand rendez-vous, il faut choisir : ou bien l’on décide de s’unir à l’être aimé lors d’un mariage, uniquement drapé aux couleurs de la République (et l’on épouse alors tous les principes [serait-ce donc un appel à la polygamie ?]), ou bien on l’y renonce, en toute liberté (sic !) (6) », le quidam ne croit plus en une uniformité inefficiente, paralysante et mortifère. Et les politicards n’y pourront rien ! L’ère de l’homogène et de l’unitaire s’achève et « empiriquement, l’hétérogénéité reprend force et vigueur. Réaffirmation de la différence, localismes divers, spécificités langagières et idéologiques, rassemblement autour d’une commune origine, réelle ou mythifiée. Voire exacerbation de convictions religieuses », relève Michel Maffesoli (7). L’État-nation éclate, se disloque, se fragmente, se désagrège : les polémiques autour de l’immigration et de la burqa n’en sont que les symptômes les plus visibles ! L’identité nationale est à refonder et donc à reformuler en prenant acte de l’individualisme exacerbé, du déracinement de masse accompli et de la menace mondialiste du métissage, ce métissage que vante Nicolas Sarközy dans Le Monde du 9 décembre 2009. Loin d’être la panacée espérée, le métissage se comprend comme l’effacement des différences au profit d’une morale républicaine à finalité universelle. Repenser l’identité nationale implique de se défaire de ce fétichisme politique qu’est l’État national souverain. « Il est dangereux, au nom d’une conception quelque peu vieillissante de l’unité nationale et d’une identité figée, de ne pas reconnaître la force du pluralisme, la conjonction d’identifications diverses, souligne Michel Maffesoli (8). » Il ajoute plus loin que les communautés (ou « tribus ») « soient sexuelles, musicales, religieuses, sportives, culturelles, importe peu, ce qui est certain, c’est qu’elles occupent l’espace public » (9). Que surgissent donc ces ensembles variés qui redonneront aux Français de racines européennes, parmi d’autres, l’appartenance à un peuple façonné par sa langue ! « Encore faut-il, naturellement, qu’il y ait un peuple, c’est-à-dire des communautés vivantes et enracinées, tout ce que l’État centraliste n’aime pas et a toujours combattu, note Dominique Venner (10). » Cela suppose de mettre l’identité française, identité linguistique (11) et historique, en résonance avec les identités régionales d’une part et avec l’identité européenne matricielle d’autre part. Cela implique en outre de redéfinir la vision de l’État et, « après tout, pourquoi ne pas envisager que la “ chose publique ” (res publica) s’organise à partir de l’ajustement, a posteriori, de ces tribus électives ? […] Le centre de l’union peut se vivre dans la reliance, a posteriori, de valeurs opposées, énonce Michel Maffesoli (12) ». Cette vision de l’organisation sociale s’appelle l’Empire ! Et, n’en déplaise à MM. Peillon, Szafran, Gallo, Besson et Sarközy, « il faut avoir l’audace intellectuelle de savoir penser la viridité d’un idéal communautaire en gestation » (13). Avec les « tribus » post-modernes, c’est à la fin de la modernité que nous assistons et à l’émergence d’une nouvelle sapience. La France se métamorphose et adopte des caractéristiques plus européennes, plus culturalistes, plus bigarrées et plus effervescentes. L’hiver stato-national s’en va tandis que nous parviennent les premières senteurs printanières. Alors, « dans la grisaille quotidienne, l’existence s’empourpre de couleurs nouvelles, traduisant ainsi la féconde multiplicité des enfants des dieux (14) ». Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com Notes 1 : À l’émission « Questions du mercredi », organisée par France Inter, Le Monde et Dailymotion, du 11 novembre 2009. 2 : in Marianne, 31 octobre – 6 novembre 2009. 3 : Idem. Dans Le Figaro du 30 octobre 2009, Max Gallo évoque « Les dix points cardinaux de l’identité française » : le droit du sol, l’égalité, l’État, la citoyenneté, l’école, la laïcité, l’éclatement (le risque permanent de), la langue française, l’égalité des femmes et l’universalisme. Hormis pour le huitième point et, avec des réserves, le quatrième, nous sommes en désaccord complet avec son propos. 4 : in Le Nouvel Observateur, 5 – 11 novembre 2009. 5 : Il est vrai que dans de nombreuses communes françaises, les samedis après-midi sont perturbés par l’entourage bruyant des nouveaux mariés qui n’hésite pas à brandir des drapeaux provenant rarement d’Europe centrale ou d’Océanie… En revanche, rares ont été les réactions, suite au pavoisement de voitures et d’immeubles aux couleurs algériennes dans l’Hexagone au moment de la qualification de ce pays à la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. Ce déferlement inouï de couleurs verte et blanche est bien plus grave que la question du « foulard islamique ». 6 : Proposition de loi du député U.M.P. de l’Hérault, Élie Aboud, cité par Le Monde, 9 décembre 2009. Les arguments sont proprement totalitaires. La loi actuelle oblige déjà les futurs mariés à passer d’abord en mairie avant que leur union soit célébrée par un prêtre. Toujours ce carcan laïque sur les croyances… 7 : Michel Maffesoli, « Communautés ou communautarisme ? », in Le Figaro, 21 décembre 2009. 8 : Idem. 9 : Id. 10 : Dominique Venner, « Souveraineté et identité », in Le Figaro, 1er février 1999. On lira aussi l’entretien qu’il accorde à Jean-Paul Angelelli, « Europe, identité et souveraineté », in Rivarol, 19 février 1999. 11 : On ne peut qu’être surpris par l’absence dans ce débat du moindre questionnement autour de la langue française qui est moins menacée par la résurgence nécessaire des langues dites régionales que par le sabir anglophone d’aéroport, l’emploi toujours plus banalisé du franglais et l’appauvrissement lexical des locuteurs. Une véritable discussion devrait au préalable traiter de son rôle fondamental dans la construction de l’identité nationale. 12 : Michel Maffesoli, « Communautés ou communautarisme ? », art. cit. 13 : Idem. 14 : Id.
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La démocratie totalitaire.
Non pas simplement démocrate, mais très profondément démocrate, au point d’être illuminé par la révélation, comme Moïse sur le Mont Sinaï lorsque Dieu lui dit : « Tu seras démocrate et tu enseigneras les nations ».
Nous devons prendre conscience en effet que nous vivons des temps extraordinaires où culmine une lueur fondamentale : le voile nocturne dont l’humanité souffrait depuis des siècles s’est brusquement déchiré, tel le voile du Temple, pour que les rayons de la Vérité puissent caresser à nouveau nos esprits endormis.
Pourtant, la sagesse populaire semble bien éclairée quand elle affirme : « qui trop embrasse, mal étreint », car le trop-plein de conviction démocratique fait douter, à terme, de la sincérité des chantres, dont le but n’est pas nécessairement la qualité du principe, mais très probablement l’efficacité idéologique, la manipulation des valeurs permettant d’occulter la réalité d’un régime et de tromper in fine l’électeur.
De réalité vécue, le principe démocratique s’est progressivement transformé en un épouvantail dérisoire pour protéger le pré carré du Système contre les contradicteurs dont la pertinence des critiques et la justesse des vues ne cessent d’inquiéter.
Il y aurait ainsi les bons et les mauvais ; le bien total et le mal absolu, ainsi que des échelons intermédiaires étant mesurés à l’aune d’un bonus malus politicien déterminant le degré de religiosité démocratique des différents protagonistes.
Ainsi, dans un Etat phagocyté par des clans, se développe l’idée saugrenue selon laquelle des partis - en place depuis trop longtemps- représenteraient seuls et jalousement l’Idéal tant convoité, alors que d’autres le mettraient en péril, ces autres qui ne doivent surtout pas accéder au pouvoir, car l’observatoire qui veille au bon fonctionnement de cet état de choses, et qui n’est pas nécessairement composé d’élus du peuple, en a décidé ainsi. Mais la réalité démocratique est toute autre. La démocratie est un système où le peuple exerce une souveraineté qui s’établit entre autres par le passage aux urnes.
Une démocratieforte et fondée par la conviction, la diversité et la volonté d’un peuple, et la santé de ce type de régime, se mesure à l’ouverture du débat et à la liberté de contradiction.
L’absence de volonté populaire, l’indifférence et la cécité souhaitées de l’électeur, induisent a contrario l’inévitable dérive vers la partitocratie, les querelles de palais et son corollaire dramatique, la corruption.
Pensée Unique, langage stéréotypé, conformisme dans l’attitude concourent à faire glisser dangereusement notre système dans la réalité d’un totalitarisme mou gardant une forme rassurante et acceptable : l’emballage démocratique.
Le Peuple ne doit pas se faire d’illusions : son absence et son silence continueront à consolider cette dérive, et la volonté populaire exprimée aux élections sera manipulée à nouveau -comme elle l’a déjà été lors des scrutins passés- si les voix se dirigent encore et toujours vers les partis adoubés par le régime.
Dans cet esprit, l’émergence de partis neufs, neutres, blancs ou « indignés » pouvait sembler encourageante car elle affaiblissait inévitablement cet édifice, mais le vide de l’imagination politique en l’alignement sur les grands principes éculés de la vitrine politique, les a conduit au néant.
Si vide il y a, il sera vite comblé, soit par le pouvoir ce qui est mauvais, soit par de nouvelles forces ce qui est bon ; car on ne peut fonder une politique sur l’unique thème des dysfonctionnements, des disparitions ou viols d’enfants, des conséquences du mondialisme ou des crises financières et économiques, aussi dramatiques fussent-ils.
Les voies sont tracées, le peuple doit en prendre conscience car il devra choisir demain démocratiquementceux qu’il chargera d’assumer son destin.
Pour nous nationalistes, nos choix sont faits et nous serons à l’écoute de toutes celles et de tous ceux qui s’inquiètent et s’interrogent.
Pieter KERSTENS. http://club-acacia.over-blog.com/Lien permanent Catégories : actualité, élections, France et politique française, lobby, tradition 0 commentaire -
Révolution et crise politique en Egypte : état des lieux et perspectives
Le 30 juin 2013, les Égyptiens sont descendus en masse dans la rue pour réclamer le départ du Président Morsi. Le 3 juillet, l’armée le destitue et confie le pouvoir à Adly Mansour, présenté comme un inconnu. Les récents événement survenus en Égypte et ayant amenés au départ de Mohammad Morsi démontrent que la révolution égyptienne n’est pas terminée et que le peuple égyptien est déterminé à voir ses revendications aboutir. Pour bien comprendre la portée des événements et leur place dans la révolution égyptienne, ainsi que la nature des principales forces politiques (ici les Frères Musulmans et l’institution militaire), il est nécessaire de revenir, même brièvement, sur l’Égypte et sur les début de la révolution égyptienne de 2011. Explications.
L’Égypte, bon élève du FMI et de l’impérialisme américain
La fin des années 70 voit l’émergence d’un nouveau paradigme dans la vision américaine du monde. La lutte contre l’islamisme succède à la lutte contre le communisme comme argument justifiant toutes les agressions de l’impérialisme américain contre les peuples. Après avoir utilisé les Frères Musulmans pour affaiblir les organisations syndicales et les militants de gauche, le régime égyptien, largement dominé par l’institution militaire depuis le coup d’État de Nasser, fait sien cet argument pour entreprendre une féroce répression du peuple égyptien cherchant à s’organiser pour obtenir de meilleures conditions de vie et plus de démocratie. Les accords entre l’armée égyptienne et l’État fédéral américain aboutissent en 1978 à la signature des accords de Camp David (accord de paix avec l’État d’Israël), sous l’égide de l’administration américaine. Depuis, l’état major égyptien à reçu 27 milliards de dollars d’aide militaire américaine et continue à recevoir un milliard de dollars par an. En 1991, l’Égypte s’engage auprès de la coalition américaine dans la première guerre du Golfe. Suite à cela, une importante partie de sa dette militaire vis à vis des États-Unis est annulée. En contre partie, le FMI exige l’application en Égypte de Plans d’Ajustement Structurel (PAS), véritables entreprises de pillage et de vassalisation des pays du Sud. Un premier plan aboutit à la privatisation de plus de 150 entreprises publiques. Ce qu’il restait de socialisant dans le régime égyptien vole en éclat: répartition équitable des revenus, subventions et embauche systématique des diplômés de l’Université par l’État. Le FMI dicte, l’État égyptien applique, le peuple paie et les proches du pouvoir se remplissent les poches. Le plan quinquennal 1992-1997 poursuit sur la même voie et accentue les privatisations des secteurs rentables. Le taux de population vivant sous le seuil de pauvreté atteint 40%. Un rapport de l’OCDE de 1997 consacré à l’Égypte rapporte :
au cours des années 1990, ce pays a adopté avec succès des politiques de stabilisation macro-économique et engagé les programmes de réforme structurelle nécessaires pour entrer sur le chemin d’une croissance forte, tirée par les exportations. La principale contrainte reste d’introduire les changements à un rythme qui ne mette pas en danger la stabilité politique (1)
Le lien entre le tournant néo-libéral de la politique économique égyptienne et le mécontentement populaire est donné par l’OCDE elle même. En effet, les années 1990 et 2000 verront se multiplier les mouvements de grèves qui rassembleront, entre 2004 et 2008, plus de 1,7 million d’ouvriers dans plus de 1900 grèves. Ces mouvement de contestation contre les dirigeants égyptiens expriment l’opposition radicale du peuple à l’ordre voulu par l’impérialisme américain, au « Grand Moyen-Orient« . Cet ordre, c’est celui de la remise en cause des barrières douanières, de la déréglementation, de la privatisation et de l’instauration d’un dispositif militaire sous contrôle américain. Cet ordre, c’est celui dans lequel s’est engagé, entre autres, le régime égyptien depuis la fin des années 1970, sommé par le FMI d’aller plus loin dans les réformes. La Tunisie et Égypte, dont les partis dirigeants étaient membres de l’Internationale socialiste, sont les pays qui ont le plus avancé dans ce sens, provoquant la réaction des populations.
De la contestation à la révolution : le peuple face à Moubarak, à Tantaoui et à Shafiq, le peuple face à la subordination à l’impérialisme américain.
Les vagues de grèves et les soulèvements populaires contre les politiques anti-ouvrières et anti-démocratiques du régime égyptien ont eu raison du dirigeant de celui là, Hosni Moubarak. Pour autant, le régime à survécut, en premier lieu grâce à l’intervention de l’armée. Il est évident, depuis la publication de télégrammes par Wikileaks, que l’administration américaine à financé la formation de cyber-dissidents dans le monde arabe. Néanmoins, le déroulement des événements en Egypte comme en Tunisie, ont montrés que les peuples étaient déterminé à s’affranchir de la domination américaine et que la principale intervention américaine ne se situait pas dans la formation de blogueurs, mais à travers l’institution militaire égyptienne. Mansouria Mokhefi, responsable du programme Maghreb/Moyen-Orient de l’Ifri, rappelle :
S’il est vrai que lors des soulèvement tunisien et égyptien, on n’a guère vu ou entendu de slogans antiaméricains, le ressentiment s’est exprimé dès mars 2011 à la fois en Tunisie et en Égypte lors de la visite d’Hillary Clinton. Celle-ci a été accueillie à Tunis par des manifestants aux slogans hostiles tels que: « Tunisia is free – America get out » et les Jeunes Égyptiens de la coalition du 25 janvier ont tout simplement refusé de s’entretenir avec elle. (2)
Toujours Mansouria Mokhefi, à propos de l’attitude américaine face aux révoltes arabes :
Après quelques hésitations , il était apparu nécessaire et urgent de s’assurer de la fidélité de l’armée égyptienne – qui reçoit l’essentiel de son équipement des États-Unis – et de convaincre les Israéliens que la stabilité de la région ne serait pas remise en cause par l’arrivée au pouvoir de cette armée. [...] Les commentaires arabes de la rue et dans la presse ainsi que les blogs font remarquer qu’il n’y a rien de nouveau dans le fait que les États-Unis aient lâché la Tunisie, où leurs intérêts étaient moindres, ou qu’ils aient négocié la stabilité égyptienne avec une armée qu’ils savent fidèle, qu’ils financent à hauteur de 1,3 milliard de dollars par an, qui est au pouvoir depuis 60 ans et qui détient plus de 40% de l’économie du pays. (3)
Les soulèvements égyptiens ont eu raison de Moubarak, puis du général Tantaoui et du premier ministre Ahmed Shafiq. Après la chute de Moubarak, jamais les mobilisations n’ont faiblis, les égyptiens restant déterminés a voir leurs revendications satisfaites. Des dizaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières se sont mis en grève dans l’industrie pétrolière, les arsenaux, l’autorité du canal de Suez, les transports, le textile, le ciment, la métallurgie, les hôpitaux, les universités, les télécommunications etc. Les revendications avaient une forte charge économiques et sociales: augmentation de salaire, salaire minimum à 1200 livres égyptiennes (150 euros), fin des disparités salariales et de meilleures conditions de travail et surtout, la liberté syndicale (4). Le mouvement des travailleurs s’est ainsi joint au soulèvement général du peuple autour de la revendication d’une Assemblée Constituante.
Moubarak est destitué et remet le pouvoir au Conseil suprême des forces armées (CSFA). les grèves se multiplient et les « Morsi dégage » deviennent des « Tantaoui dégage« , « le peuple veut la chute du régime » (Mohamed Hussein Tantaoui préside le Haut Comité militaire issu du CSFA). Le CSFA s’empresse de rassurer les américains et affirme sa volonté de maintenir l’Égypte dans le cadre des accords passés: les accords de Camp David, les PAS du FMI et le remboursement de la dette. Une fois élus, c’est ce que feront également les responsables des Frères Musulmans. La base d’une union nationale entre l’armée et les Frères Musulmans se réalisait alors, à la grande satisfaction de l’administration américaine
Troisième secousse de la révolution égyptienne : entre mobilisations populaires et coup d’Etat
En commentant la dernière de mobilisation en Égypte qui a aboutit à la chute de Morsi, Ibrahim al-Amin, rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Akhbar souligne :
C’était une révolte contre l’échec assourdissant dans la gestion des affaires du peuple, la suppression continue des droits individuels et collectifs, sans mentionner une incapacité à introduire quoique ce soit de nouveau à même de reconsidérer le rôle de l’Égypte dans les mondes Arabe et Islamique.
La Confrérie (Frères Musulmans) ont échoués dans tout cela et plus encore. Ils n’ont réussis qu’une seule chose, nettoyer la bureaucratie de l’ancienne garde et la remplacer par leurs propres partisans dans l’intention de maintenir les institutions étatiques sous le contrôle de leur clan. Ils ont fait cela sans compromis – la majorité des Égyptiens n’ont rien eu dans ce processus, pas même un sentiment d’espoir qu’un changement était à l’horizon.
Quant à leur performance dans le domaine des relations extérieures, les perspectives de la Confrérie n’étaient que des copies de celles de Moubarak. Ils ont d’abord couru vers les Américains, croyant que la bénédiction de Washington leur garantirait la survie et leur procurerait une immunité contre une destitution. Et sans aucun doute, beaucoup d’Egyptiens n’ont pas vu d’un très bon oeil que leur gouvernement joue les seconds violons des volontés du Qatar et de l’Arabie Saoudite en échange d’un patronage économique et financier douteux. (5)
Les Frères Musulmans n’auront pas tenus plus d’un an face à la détermination populaire à en finir avec un système d’exploitation ne promettant que misère et souffrance. Les conditions de vie se sont encore plus détériorées sous leur administration. Le 30 juin 2013, dans la continuité des mobilisations de 2011, plus de 10 millions d’Egyptiens sont descendus dans les rues pour exiger le départ de Mohammad Morsi. Les Frères Musulmans ont pu exposer à la face de 80 millions d’Égyptiens leur véritable nature: une organisation en quête de pouvoir, inféodée à la bourgeoisie nationale et déterminée à maintenir l’ordre capitaliste internationale. L’excellent article de Gilbert Achcar publié dans Le Monde Diplomatique de février 2013 le souligne bien :
Le principal obstacle à la collaboration de la confrérie avec le capitalisme égyptien, la répression qu’elle subissait sous M. Moubarak, est maintenant levé. Les Frères musulmans s’efforcent de prendre exemple sur l’expérience turque en créant une association d’hommes d’affaires s’adressant en particulier aux petites et moyennes entreprises, l’Egyptian Business Development Association (EBDA). A l’instar du Parti de la justice et du développement (AKP) et du gouvernement de M. Recep Tayyip Erdogan, la confrérie et M. Mohamed Morsi estiment toutefois représenter les intérêts du capitalisme égyptien dans toutes ses composantes, sans exclure la plupart des collaborateurs de l’ancien régime qui, par la force des choses, en constituent une partie importante, surtout au sommet.
Ainsi, une délégation de quatre-vingts hommes d’affaires a accompagné M. Morsi en Chine en août 2012. Le nouveau président souhaitant, à la manière des chefs d’Etat occidentaux, jouer les commis voyageurs du capitalisme national, plusieurs chefs d’entreprise liés à l’ancien régime furent invités à faire partie du voyage. (6)
Cela fait échos aux analyses de Mansoor Hekmat, homme politique iranien, sur l’Islam politique (2001) :
A mon avis, l’Islam politique est un mouvement réactionnaire contemporain qui n’a rien à voir, si ce n’est dans la forme, avec les mouvements islamiques de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Quant à son contenu social et aux objectifs socio-politiques et économiques, ce nouveau mouvement est complètement enraciné dans la société contemporaine. Ce n’est pas une répétition du vieux même phénomène. C’est le résultat de la défaite – ou de l’avortement – du projet de modernisation à l’occidentale dans les pays musulmans dans les années 60 et au début des années 70, ainsi que du déclin du mouvement laïc et nationaliste, qui était l’agent principal de cette modernisation économique, administrative et culturelle. La crise idéologique et gouvernementales dans la région s’est accrue. Avec ce vide idéologique et politique et la confusion de la bourgeoisie locale, le mouvement islamiste s’est imposé comme une alternative de droite pour la réorganisation de la domination bourgeoise et pour affronter la gauche et la classe ouvrière, qui avait émergé avec l’avènement du capitalisme. (7)
Le 3 juillet 2013, l’armée destitue le Président. Le lendemain, des responsables des Frères Musulmans, dont le désormais ex-Président, sont arrêtés. D’aucun diront qu’il s’agit d’un coup d’État contre le premier président démocratiquement élu de l’Égypte. Ce n’est pas faux. Les Frères Musulmans ont bénéficié d’une vague de sympathie populaire due d’une part, à un légitimité venue de leurs activités sociales sous l’ancien régime et de leur ancrage dans la scène politique égyptienne et, d’autre part, à la terrible répression à laquelle ils ont fait face de Nasser à Moubarak. Dans le tumulte de la révolution, ils constituaient aussi l’une des forces politiques les mieux organisé. Mais en inscrivant leur politique dans une parfaite continuité avec celle de Moubarak, dans tous les domaines, ils ont provoqués la colère et la sanction irrémédiable d’un peuple qui décidé à prendre son destin en main. Le CSFA vient de nommer Président par intérim Adly Mansour, présenté par la presse comme un « inconnu ». Sa mission est de diriger l’Etat le temps de réviser la Constitution et d’organiser de nouvelles élections. En réalité, il n’est pas si inconnu. L’homme est un juriste ayant connu une brillante carrière sous le régime de Moubarak. Exerçant dans des tribunaux religieux encadrés par l’Etat, il intègre le conseil d’Etat, en gravit les échelons avant de devenir vice-président du Conseil constitutionnel en 1992. En 2012, il est nommé par Mohammad Morsi président du Conseil Constitutionnel.
Certaines lectures un peu trop optimistes font apparaître l’intervention de l’institution militaire comme allant dans le sens de la révolution. Julien Salingue, doctorant en science politique à l’Université Paris 8 et membre de l’observatoire critique des médias ACRIMED, précise:
Telle est en effet la faiblesse des lectures trop enthousiastes qui voient dans l’intervention de l’armée une nouvelle étape de la révolution, alors que l’objectif de l’état-major est précisément d’y mettre un terme. Le paradoxe n’est pas des moindres : les événements de ces derniers jours sont l’expression simultanée de l’existence d’une dynamique populaire et révolutionnaire et de rapports de forces politiques très défavorables pour les révolutionnaires. Ces derniers n’ont pas réussi jusqu’à aujourd’hui à se doter de structures suffisamment unifiées, fortes et légitimes pour jouer le rôle que l’état-major joue aujourd’hui, laissant dès lors l’initiative à une force sociale qui est essentiellement préoccupée par le retour à la normale et non par la satisfaction des revendications de la révolution. (8)
Sous les coups de la révolution du peuple égyptien, le régime n’en finit pas de s’enfoncer dans la crise politique. Moubarak, Tantaoui, Shafiq et Morsi sont tombés. Adly Mansour, promut par Moubarak, par Morsi et aujourd’hui par l’armée, à le profil de la mission qui lui est confié: s’assurer de la transition, c’est à dire de la sauvegarde du régime en attendant la mise en place d’une nouvelle gouvernance. Il n’y a aucune perspective pour le peuple égyptien dans le coup d’Etat militaire, pas plus qu’il n’y en avait par le gouvernement de transition mis en place par Moubarak, pas plus qu’il y en avait dans le gouvernement des Frères Musulmans.
Loin « d’apprendre la démocratie » ou de se faire « confisquer sa révolution », le peuple égyptien à démontré et démontre qu’il à très bien compris les ressorts de la lutte pour la démocratie et pour l’émancipation. Le coup d’Etat militaire ne doit pas faire oublier que c’est avant tout la mobilisation populaire qui à amené à la chute de Morsi. Sans la mobilisation populaire, l’entente entre les Frères Musulmans et l’armée se serait perpétué, dans le cadre fixé par l’impérialisme américain et par le FMI. Plutôt que de dire que l’Egypte vit une nouvelle période de transition, il est plus juste d’affirmer que s’ouvre une nouvelle phase dans la période de transition que constitue la révolution égyptienne. Celle-ci continue, autour de la revendication d’une Assemblée Constituante, seule force capable de prendre les mesures urgentes de sauvegarde de la population, contre l’exploitation, contre la guerre et contre l’impérialisme américain. Nous faisons notre la conclusion de Julien Salingue :
Depuis 30 mois, la population égyptienne a en réalité fait la démonstration qu’elle n’entendait pas laisser qui que ce soit, civil ou militaire, lui confisquer sa révolution. Et rien n’indique, bien au contraire, que cette dynamique populaire soit brisée. (9)
Il revient aux d’Europe et d’Amérique du nord de s’organiser et de poursuivre leur lutte contre leurs propres dirigeants, qui organisent guerres et exploitation sur les cinq continents. C’est le meilleur hommage et coup de main que nous pouvons rendre au peuple égyptien.
Simon Assoun http://www.cercledesvolontaires.fr
Références
(1) http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/5lgsjhvj7clw.pdf?expires=1372942088&id=id&accname=guest&checksum=BF0A2F39123A8DBEECC1C30CC20973ED (page 7)
(2) Mokhefi Mansouria « Washington face aux révolutions arabes », Politique étrangère, 2011/3 Automne p.12
(3) Ibid. p 9 et 12
(4) quelques exemples (non exhaustif): Dans les banques, les grèves furent si massives que la Banque centrale d’Egypte a décidé unilatéralement de fermer toutes les banques du pays pendant une semaine en février 2011. Dans l’usine minière Abu Hamda, 200 ouvriers en grève contre les bas salaires, l’augmentation du nombre d’heures travaillées et des conditions de travail déplorables. 70 employés des magasins Omar Effendi manifestent pour les mêmes raisons. A Mahalla al-Kubra, 15 000 ouvriers et ouvrières de l’usine de tissage et filature Misr se mettent en grève.
(5) http://english.al-akhbar.com/content/warning-against-exaggerated-hopes-egypt
(6) Gilbert Achcar, « Le capitalisme extrême des Frères Musulmans », in Le Monde Diplomatique, février 2013. Aussi accessible sur l’espace abonné du site duMonde Diplomatique : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/ACHCAR/48742
(7) en anglais : http://www.marxists.org/archive/hekmat-mansoor/2001/misc/rise-fall-islam.htm
(8) http://resisteralairdutemps.blogspot.fr/p/mefiez-vous-de-larmee-et-si-on-arretait.html
(9) Ibid.