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  • Pourquoi la bataille contre le “mariage” gay était perdue d'avance

    Par admiration pour un article bien tourné et intéressant sur le fond, mais aussi tout simplement parce que je pense que Hilary White a raison et qu'elle met le doigt là où ça fait mal, je vous propose une traduction de son « humeur » publiée cette semaine sur LifeSite. Hilary White est la correspondante romaine de ce que j'estime être le meilleur site pro-vie anglophone (et sans doute dans le monde entier), et pour le fond et pour la forme. De doctrine sûre, on n'y publie, de manière professionnelle, que des informations bien documentées et commentées avec retenue et justesse.
    Oui, la bataille contre le « mariage » gay est en passe d'être perdue partout, on ne peut que le constater :en fin d'article, Hilary White donne d'ailleurs la liste des pays reconnaissant les partenariats homosexuels, que ce soit par l'union civile ou le « mariage » : c'est consternant et plus étonnante encore est la rapidité avec laquelle un pays après l'autre a cédé. Je la reproduis également.
    Je vous invite à découvrir ce texte à la fois très personnel et de grande portée. Il pointe le vrai problème des combats contre les dérives de la culture de mort : la peur d'apparaître comme des moralisateurs dans le domaine politique censé être autonome, le refus de prendre la question du comportement homosexuel en considération. En France, n'oublions pas que cela s'est traduit par une peur panique de faire apparaître l'opposition comme chrétienne ou catholique, et une autre phobie : celle d'être taxés d'« homophobie ».
    A quoi s'ajoute, comme le montre Hilary White qui, au cœur de la chrétienté, a pu voir les choses se dérouler sous ses yeux, le choix d'une belle part de la hiérarchie ecclésiastique de positiver le message en évitant tout thème de confrontation. On voit le résultat. – J.S.

    Comment perdre la bataille contre le “mariage gay” en une étape facile

    Depuis qu’on s’active pour imposer la légalisation du « mariage gay », ceux qui s’y
    opposent se sont absolument refusés à porter le débat sur le plan de la licéité morale, voire sur celui des conséquences physiques et psychologiques du comportement homosexuel. L’avez-vous remarqué ? C’est précisément ce dont personne ne veut parler qui est au cœur de la question. 

    Pour ce qui est de l’Eglise catholique, c’est devenu une politique quasi universelle, que ce soit à la Congrégation pour la doctrine de la Foi ou plus bas dans l’échelle hiérarchique. On nous a fait savoir que c’était le discours officiel. Alors que le conflit gagnait en intensité, les évêques et les conférences épiscopales ont indiqué aux prêtres qu’ils devaient parler exclusivement des gloires et des merveilles du mariage, sans jamais, au grand jamais, souffler mot à propos du reste, les trucs plus dégoûtants. 

    De fait, cette ligne de l’Eglise catholique a tant séduit le Premier ministre britannique David Cameron – notez bien : le leader du parti conservateur– qu’il l’a même utilisée pour importer le « mariage gay » au Royaume-Uni pour, ce petit cadeau dont il veut désormais faire profiter le monde entier. Donc, bien travaillé, les gars, merci. 

    Un petit nombre, un très petit nombre de gens, y compris LifeSite, quelques groupes pro-famille et peut-être une poignée de blogueurs ont pris sur eux de dire tout haut que cette politique aura les effets contraires à ceux escomptés. Nous avons été seuls à rejeter les démentis, les discours évasifs et les excuses multipliés par le monde « conservateur » afin de vendre le message. Et pour tout remerciement, le monde – et surtout ce monde « conservateur » – nous hurlent après tels des extraterrestres échappés de L’éclosion des monstres

    Nous avons dit que les arguments contre le « mariage gay » qui commencent par de gentilles considérations qui réchauffent les cœurs et qui vont à peine plus loin, aboutiront à l’incohérence. Ils n’iront guère au-delà des limites de la bulle de la discussion conservatrice. Certainement, le téléspectateur lambda – disions-nous – qui entendra ce discours haussera les épaules et dira : « Eh bien, si le mariage, c’est si formidable, il faudrait laisser tout le monde le faire. » Et il passera au prochain épisode de Glee. 

    Au bout du compte, avons-nous prédit, ces arguments « conservateurs » politiquement corrects vont être tellement chétifs que même ceux qui y croient et qui les utilisent vont être forcés à les abandonner et à rejoindre eux aussi la meute. Et alors ?……… Cette semaine, le monde « conservateur » politique américain est tout sens dessus dessous à cause d’un édito de Joseph Bottum, ancien directeur du magasine vaguement catholique First Things, expliquant qu’il n’avait pas d’argument à opposer au changement. (Oui, je continuerai d’utiliser les guillemets ironiques ; promis.) 

    Ces derniers temps il nous est dit de plus en plus, et par tout le monde, que le « mariage gay » universel est « inévitable ». A cela, nous autres à LSN et d’autres résistants doux-dingues à la réalité, ne pouvons vraiment que répondre : « Oui, c’est ce que nous vous avions dit. » 

    Cela fait belle lurette que nous le disons : la révolution sexuelle n’est pas terminée, c’est un processus inachevé dont le but est l’abolition totale de toute structure sociale reconnaissable basée sur des réalités biologiques objectives, qui a commencé dans les années 1970 avec le divorce sans faute, la contraception artificielle et l’avortement, et qui progresse vers la stratosphère extérieure du bizarroïde. 

    Nous avons dit également que le discours et les processus du conservatisme politique, spécialement lorsqu’on les applique aux institutions religieuses, ne sont pas adaptés à nos besoins, qu’ils soient immédiats ou sur le long terme. Que le modèle politique, défini un jour à mon intention par un évêque canadien comme « l’art du possible », ne suffira pas à fournir les solutions que l’on recherche pour ces grandes questions. 

    Cette approche politique est celle qui conduit des évêques et leurs ouailles « conservatrices » autour du monde à promouvoir le compromis des unions civiles homosexuelles, un phénomène dont je pense que les psychologues l’ont déjà nommé : le syndrome de Sockholm. Mais j’ai de mauvaises nouvelles pour ces hommes d’Eglise : ce crocodile là ne vous mangera pas les derniers. 

    Nous avons dit que vous ne pouvez pas séparer loi morale et politique. Que l’établissement d’une distinction entre le « conservateur social » et le « conservateur fiscal » est une erreur grave et sotte : elle aura pour conséquence l’élimination totale de toute opposition, quelle qu’elle soit, à la politique socialiste globale de destruction de la culture. 

    Mais nous étions schtarbés, n’est-ce pas ? Et nous étions encore « schtarbés » lorsque nous avons poussé le raisonnement logique un peu plus loin en disant qu’une fois que vous avez séparé – pour reprendre les mots d’un maître à penser italien bien connu – la fin procréatrice du mariage de sa fin unitive, vous avez bel et bien ouvert le champ à absolument n’importe quoi. Cela veut dire que cette logique va vous mener vraiment très vite depuis le « mariage gay » jusqu’à la polygamie, la pédophilie, l’inceste et n’importe quelle autre chose inventée par la concupiscence humaine. 

    La logique, c’est comme les maths, braves gens. Ne tirez pas sur le messager qui insiste, contre tout ce qui est politiquement à la mode, pour dire que deux et deux font toujours quatre. 

    Eh bien, je dois avouer que le côté le moins amusant de jouer aux Cassandre est de pouvoir dire : « Je vous l’avais bien dit. » 

    Je vais donc changer la formule. « Aloooors, vous ne voulez pas parler de tout le côté désagréable, politiquement incorrect, gluant ? Vous voulez que la discussion reste “civilisée”, polie, amicale ? 

    « Eh bien ça vous rapporte quoi ? »

     Hilary White   leblogdejeannesmits pour la traduction

  • Fonds européens : l’État cède la place aux régions

    Avec la responsabilité des programmes et la concentration thématique demandée par la Commission européenne, les conseils régionaux montent en puissance. Ils auront le pouvoir de «corrections et sanctions financières» jusqu’ici dévolu à l’Etat. Et le devoir de sélectionner et de coproduire avec les autres collectivités les projets territoriaux.

    L’année 2014 marquera le début de la nouvelle programmation des fonds européens pour sept ans, jusqu’en 2020. Depuis 2012, institutions européennes et nationales travaillent à la mise en route de cette mécanique de haute précision (lire le calendrier) fondée sur le contrat de partenariat passé entre le gouvernement et l’Union européenne. Fixer les orientations stratégiques de la mise en œuvre des fonds européens par la France, les mettre en conformité avec les ambitions de la Stratégie Europe 2020 pour « une croissance intelligente, durable et inclusive »…

    Après 17 séminaires thématiques et territoriaux, suivis par 600 organismes différents, Tours accueillait, le 9 juillet 2013, le séminaire de restitution de la concertation nationale. Ses conclusions vont nourrir le texte final de l’accord de partenariat qui sera soumis fin octobre à la Commission européenne.

    …La période 2014-2020 sera marquée par la montée en puissance des régions et, dans une moindre mesure, des départements. Le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale, en cours de discussion, prévoit de leur confier, à leur demande, la gestion des programmes européens en qualité d’autorité de gestion.

    Concentration thématique

    Ainsi que le soulignait Thierry Repentin, ministre délégué aux Affaires européennes, la concertation a fait émerger trois thèmes majeurs :

    1. le développement de la compétitivité de l’économie et la création d’emplois,
    2. la transition énergétique et écologique
    3. et l’égalité des territoires — de tous les territoires : urbains ou ruraux, périurbains ou de centre-ville, métropolitains ou ultra-périphériques. La concertation a clairement fait ressortir la nécessité de la mobilisation et de la solidarité des collectivités. « La dimension territoriale est et doit être partie intégrante de la cohésion territoriale », insiste le ministre.

    La concentration thématique demandée par la nouvelle stratégie, vue comme une avancée par tous les acteurs, risque en effet de faire passer les territoires au second plan. Compétitivité des PME, recherche et innovation, efficacité énergétique et énergies renouvelables doivent représenter au moins 80 % des investissements. Les projets d’infrastructures ou d’équipements ne pourront donc pratiquement plus être éligibles aux fonds européens. Le seront, en revanche, les projets stratégiques à l’échelle d’un territoire.

    Montée en puissance des régions et départements

    La période 2014-2020 sera marquée par la montée en puissance des régions et, dans une moindre mesure, des départements. Le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale, en cours de discussion, prévoit de leur confier, à leur demande, la gestion des programmes européens en qualité d’autorité de gestion.

    Confiantes, plusieurs régions font valoir qu’étant déjà autorité de gestion par délégation, elles savent dans quoi elles s’engagent et que leur proximité avec les territoires leur permettra d’être plus réactives. Un constat partagé en 2010 par un rapport sur « Le risque de dégagement d’office des fonds structurels européens », qui notait « une meilleure efficacité des conseils régionaux que de l’Etat à efficience égale dans le rythme de programmation des fonds structurels ».

    Eviter le dégagement d’office

    Devenir autorité de gestion de plein titre est cependant une charge lourde, techniquement et financièrement. Le 9 juillet, Johannes Hahn, commissaire européen à la politique régionale, invite les régions à ne pas négliger le fait que ce transfert « sera un exercice très exigeant ».

    La loi prévoit ainsi que « corrections et sanctions financières, mises à la charge de l’Etat » lorsqu’il est autorité de gestion, seront désormais assumées par les régions. La charge peut être lourde. Et particulièrement en temps de crise lorsque la mise en œuvre des projets est ralentie.

    Au 31 décembre 2012, il restait environ 1,5 milliard d’euros à dépenser au niveau national au titre du FEDER pour échapper au dégagement d’office. La région Alsace, la seule à avoir expérimenté, depuis 2003, la gestion des fonds européens, a ainsi mieux structuré ses interventions et rendu obligatoire un échéancier prévisionnel pour l’ensemble des porteurs de projets pour ne plus risquer de dégagement d’office.

    Les régions devront aussi désormais informer, instruire les dossiers, assurer suivi, animation, contrôle, remontée des factures.

    La qualité de l’instruction apparaît décisive pour programmer des projets cohérents et pertinents. Or, les services européens actuels des régions seront insuffisants. D’où la nécessité de transférer le personnel des secrétariats généraux à l’action régionale (SGAR) des préfectures.

    « Pas assez de personnel »

    « Il y a une bagarre avec les préfets et les Sgar pour savoir combien de personnes nous seront transférées. Ma plus grande inquiétude est qu’il n’y ait pas assez de personnel transféré pour faire le travail », a alerté René Souchon, président de la région Auvergne, le 9 juillet.

    Certaines régions envisagent de créer une structure qui pourrait être un GIE regroupant fonctionnaires de l’Etat et des régions, partageant et transférant leurs savoir-faire. Structure qui pourrait être temporaire ou pérenne. Mais le projet semble complexe et difficile à finaliser.

    Avant d’en arriver à l’exercice effectif du transfert, il reste à boucler l’accord de partenariat et l’élaboration, menée en parallèle, des programmes opérationnels (PO), qui présentent les axes prioritaires de chaque région. Nouveauté pour cette nouvelle génération : un programme pourra être plurifonds, afin d’assurer une meilleure transversalité.

    Emmanuel Berthier, délégué interministériel à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), en clôture du séminaire, a précisé le calendrier. Après encore une ultime réunion de concertation le 10 octobre, l’accord de partenariat sera finalisé et transmis à la Commission à la fin du même mois. Durant l’été, un autre dialogue démarre, entre l’accord de partenariat et les autorités de gestion afin que des PO plus avancés soient élaborés en cohérence. Les PO devront être finalisés en janvier, « pour un démarrage de la programmation courant 2014 ».

    Chiffres Clés :

    • 14,5 milliards d’euros, c’est Le montant de l’enveloppe affectée à la France pour la période 2014-2020, stable par rapport à la période 2007-2013. Sur un budget total de 325 milliards d’euros (354,5 Md€ pour 2007-2013).

    LE COURRIER des maires

    http://fortune.fdesouche.com

  • Syrie : que va faire la Russie ?

    Syrie : que va faire la Russie ?
    Manuel Ochsenreiter : Le monde est actuellement en Syrie face à la plus importante crise internationale depuis la fin du bloc soviétique en 1989/90. Washington et Moscou sont face à face sur le champ de bataille syrien. Est-ce une situation nouvelle ?
    Alexandre Dougine : Nous devons analyser le combat actuel pour le pouvoir géopolitique comme une continuation de l'antique conflit des puissances continentales, représentées par la Russie, et des puissances maritimes représentées par les USA et l'OTAN. Ce n'est pas un phénomène nouveau, c'est la continuation de la vieille lutte géopolitique et géostratégique. Les années 1990 furent une période de grande défaite pour les puissances terrestres représentées par l'USSR. Michail Gorbatchev refusa de continuer le combat. Ce fut une forme de trahison et de résignation face au monde unipolaire. Mais avec le président Vladimir Poutine, au début des années 2000, survint la réactivation de l'identité géopolitique de la Russie comme une puissance terrestre. Ce fut le début d'une nouvelle compétition entre les puissances terrestres et maritimes.

    Quand est-ce que ce réveil a débuté ?
    Lors de la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2009). La Russie à cette époque était en butte aux attaques des terroristes tchétchènes et craignait la sécession du Caucase du Nord. Poutine a compris que tout l'Occident, les USA et l'Union Européenne prenaient le parti des séparatistes tchétchènes et des terroristes islamistes qui combattaient l'armée russe. C'était le même schéma que ce que nous voyons aujourd'hui en Syrie et hier en Libye. L'Occident aidait la guérilla tchétchènes et ce fut le moment où se révéla le nouveau conflit entre la tellurocratie et la thalassocratie. Avec Poutine, la puissance continentale s'est alors réaffirmée. La deuxième révélation eut lieu en août 2008, quand le régime géorgien pro-occidental de Sakashwili attaqua Zchinwali en Ossétie du Sud.

    La crise syrienne est-elle la troisième révélation ?
    Exactement. C'est peut même être la dernière. Si Washington n’intervient pas et accepte la position de la Russie et de la Chine, il en sera fini des Etats-Unis comme candidat au poste de superpuissance unique. C’est la raison pour laquelle je pense qu’Obama va intervenir en Syrie. Mais si la Russie reste à l’écart et accepte l’intervention américaine et trahit, éventuellement, Bachar al-Assad, ce sera immédiatement un coup très dur pour la politique identitaire russe. Ce serait une grande défaite de la tellurocratie. Après cela, une attaque sur l’Iran deviendrait possible et aussi une autre dans le nord du Caucase. Parmi les forces séparatistes dans le nord du Caucase, il y a de nombreux individus qui reçoivent des aides des Anglo-américains, des Israéliens et des Saoudiens. Si la Syrie tombe, ils mèneront immédiatement la guerre en Russie, dans notre patrie. En conséquence, Poutine ne peut pas rester neutre et abandonner Assad, parce que cela signifierait le suicide géopolitique de la Russie. Il se peut que nous vivions actuellement la crise majeure de l’histoire de la géopolitique moderne.

    Ainsi, pour vous, maintenant, les deux puissances qui dominent le monde, les USA et la Russie, sont entrées en lutte pour leur existence future…
    Tout à fait. Actuellement, il n’y a pas d’autre solution possible. Nous ne pouvons trouver aucun compromis. Dans cette situation, il n’existe pas de solution qui puisse satisfaire les deux parties. Nous savons cela de l’exemple des conflits Arméniens-Azéris ou Israéliens-Palestinien. Il est impossible de trouver une solution acceptable pour les deux parties. Nous sommes dans la même situation actuellement en Syrie, mais sur une plus grande échelle. La guerre est la seule manière de changer la réalité.

    Pourquoi ?
    Nous devons imaginer ce conflit comme un jeu de Poker. Les joueurs ont la possibilité de dissimuler leurs capacités, de faire des entourloupes psychologiques, mais quand la guerre commence, toutes les cartes se retrouvent sur la table. Actuellement, nous sommes à la fin du jeu, au moment qui précède celui où les cartes seront étalées sur la table. C’est un moment fatidique, parce que l’enjeu est le pouvoir mondial. Si l’Amérique triomphe, cela lui donnera une position de domination absolue pour plusieurs années. Ce sera la perpétuation de l’unipolarité et du libéralisme mondialiste. Ce serait un fait très important, car jusqu’à aujourd’hui, les USA n’ont jamais été capables d’avoir une domination stable, mais si ils gagnent cette bataille, ils l’auront. Par contre, si l’Occident perd cette troisième bataille (la première étant la guerre en Tchétchénie et la seconde la guerre en Géorgie), ce sera la fin des USA et de leur domination. C’est pour cela que ni les USA ni la Russie ne peuvent accepter cette situation, il est tout simplement impossible pour eux de ne pas réagir.

    Pourquoi Barrack Obama hésite-t-il à agresser la Syrie ? Il a demandé l'avis du Congrès. Pourquoi a-t-il demandé une permission dont il n'a pas besoin pour attaquer ?
    Nous ne devons pas faire l’erreur de faire une analyse psychologique d’Obama. La guerre est déjà en coulisse. Et la guerre fait rage autour de Vladimir Poutine. Il subit une forte pression des fonctionnaires libéraux, pro-américains et pro-israéliens, qui sont dans son entourage. Ils tentent de le convaincre de rester neutre. La situation en Russie est totalement différente de celle qui a cours aux États-Unis. Un homme, Vladimir Poutine, et une large majorité de la population russe qui le soutien sont d’un côté, et l’entourage de Poutine constitue une cinquième colonne de l’Occident. Cela signifie que Poutine est seul. Il a le peuple avec lui, mais pas l’élite politique. Ainsi, on peut analyser le recours au Congrès par l’administration Obama comme une solution d’attente utilisée pour avoir le temps d’accentuer la pression sur Poutine. L’Occident active tous ses réseaux au sein de l’élite politique russe pour peser sur la décision de Poutine. C’est une guerre invisible que se déroule actuellement.

    Est-ce un nouveau phénomène ?
    Pas du tout ! Dans l’antiquité, les tribus archaïques tentaient d’influencer les chefs des ennemis par des bruits forts, des cris et des tambours de guerre. Elles se frappaient la poitrine pour faire peur à l’ennemie. Les tentatives des USA d’influencer Poutine sont une forme moderne de guerre psychologique avant que la bataille réelle débute. L’administration yankee tente de gagner cette guerre sans avoir d’opposition russe sur le terrain. Pour cela, elle tente de convaincre Poutine de rester à l’écart. Elle dispose de nombreux instruments pour le faire.

    Que pensez-vous de la position de Barrack Obama?
    Je pense que tous les aspects personnels sont moins importants du côté américain que du côté russe. En Russie, une personne seule décide de la guerre ou de la paix. Aux USA, Obama est une sorte d’administrateur. Obama est plus prévisible. Il n’agit pas de lui-même, il suit simplement la ligne médiane de la politique étrangère des États-Unis. Nous devons réaliser qu’Obama ne décide rien du tout. Il est juste l’incarnation d’un système politique qui prend les décisions réellement importantes. L’élite politique prend les décisions, Obama suit le scénario qui a été écrit pour lui. Pour le dire clairement, Obama n’est rien. Poutine lui est tout.

    Vous dites que Vladimir Poutine est soutenu par la majorité de la population russe. Mais actuellement nous sommes encore en temps de paix. Les citoyens russes le soutiendraient-ils de même si une guerre éclatait ?
    C'est une très bonne question. Je crois que Poutine perdrait encore plus de soutien populaire s'il ne réagissait pas à l'intervention occidentale en Syrie. Sa position serait affaiblie s'il restait neutre. Ceux qui le supportent le font parce qu'ils veulent un pouvoir fort. S'il ne réagit pas et reste neutre du fait de la pression des États-Unis, la majorité de la population considèrera qu'il a connu une défaite personnelle. Ainsi, voyez-vous cette guerre est plus importante pour Poutine que pour Obama. Mais s'il intervient en Syrie, il devra faire face à deux problèmes. Tout d'abord, la société russe veut un pouvoir fort mais n'est pas prête à en payer le coût. Quand les couts d'une intervention seront révélés, cela peut causer un choc à la population. Le deuxième problème, je l'ai déjà évoqué, c’est que la majeure partie de notre élite politique est pro-occidentale. Ses membres s'opposeront immédiatement à la guerre et ils critiqueront les décisions de Poutine. Cela peut entrainer une crise intérieure. Je pense que Poutine a conscience de ces deux problèmes.

    Quand vous dites que les Russes pourraient être choqués par le prix de la guerre, serait-il possible qu'ils ne soutiennent pas Poutine à cause de cela ?
    Je ne le pense pas. Notre peuple est un peuple très héroïque. Penchez-vous sur notre histoire. Notre peuple n'a jamais été belliqueux, mais quand il a du faire la guerre, il l'a fait jusqu'à la victoire quel qu'en soit les coûts et les sacrifices. Regardez ce qui s'est passé lors des guerres napoléoniennes ou durant la deuxième guerre mondiale. Nous avons alors perdu de nombreuses batailles, mais nous avons gagné ces guerres. Nous ne sommes jamais prêts à faire la guerre mais nous la gagnons toujours.
    Alexandre Douguine (entretien avec Manuel Ochsenreiter) http://www.voxnr.com
    Note : Service de traduction du site Voxnr.com

  • Bernard London et l’obsolescence planifiée

    Un livre-phare et la critique de Serge Latouche

    Bernard London, Juif originaire de Russie, est l’auteur d’un texte (“Ending the depression through planned obsolescence”) tout à fait étonnant et important dans l’histoire des idées. Ce texte est paru en 1932 aux Etats-Unis, où il s’était installé. Il y soutenait l’idée d’un plan pour « introduire de l’ordre à la place du chaos » et mettre fin au « gâchis social » d’une main d’œuvre inemployée, en d’autres termes au chômage de masse. Sur quoi reposait son plan ? Il s’agissait de la mise en œuvre systématique, planifiée, de l’obsolescence des objets, c’est-à-dire de leur usure accélérée et de leur mise au rebut.

    Pourquoi ? Pour permettre la production et la consommation de nouveaux objets, et ainsi fournir un emploi à chacun. Chaque objet aurait donc une durée de vie volontairement limitée. Exemples : 5 ans pour une voiture, 25 ans pour un logement. C’est en fait la reprise concrète d’un slogan circulant dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxcley : « Mieux vaut jeter que réparer. » C’est aussi l’idée de « la Cité de Pléthore » de Vance Packard, où « chaque printemps et chaque automne, on abattra les maisons de papier mâché pour les reconstruire aussitôt et s’épargner ainsi la fatigue du grand nettoyage. » Or, ce système, imaginé par Bernard London, et que dénonçait déjà Paul Lafargue, c’est tout simplement celui qui a permis la survivance d’une croissance de plus en plus déconnectée d’une amélioration réelle du bien-être depuis la grande crise systémique des années 1970, amplifiée à partir de 2008.

    Ce système d’obsolescence programmée fit certes débat. Il était en un sens ultra-capitaliste et productiviste mais critique du libéralisme. Tandis que Brooks Stevens défendait cette thèse, Walter Dorwin Teague s’y opposait. L’obsolescence programmée n’était pas non plus dans la conception d’Henry Ford. Elle s’est néanmoins imposée car elle correspondait à la logique de renouvellement maximum des biens, comme le souligna Vance Packard dans L’art du gaspillage (Etats-Unis, 1960). En conséquence, les ressources naturelles s’épuisent, et les poubelles se remplissent.

    Comme le souligne fort bien Serge Latouche, l’évidence de la crise écologique, signalée dès “Le printemps silencieux” de Rachel Carson (1962), a tranché : l’obsolescence programmée est peut-être bonne pour les intérêts à court terme du capitalisme mais c’est un désastre pour les sociétés humaines. « L’obsolescence accélérée représente un formidable gâchis de cette ressource particulière : le travail humain. Face à la surabondance de produits, réduire les horaires de travail serait la solution de bon sens, mais c’est précisément celle que l’économie a rendue impensable et impossible. » L’obsolescence envahit la planète de déchets, et elle liquide nombre de petits métiers de réparateurs et nombre de savoir-faire. L’obsolescence appauvrit l’humanité. Elle constitue un abus du capital, et un abus du droit de propriété. L’idéal serait de parvenir à une économie circulaire, dans laquelle tout est réutilisé (Michael Braungart et la théorie de l’éco-efficacité). « On ne peut à la fois sauver la planète, écrit Serge Latouche, – l’environnement et donc le futur de l’humanité – et l’emploi à court terme, à l’intérieur d’un système qui a lié son destin à la croissance illimitée de la consommation et de la production. On ne peut sortir du dilemme, et résoudre en même temps la préoccupation sociale de Bernard London, et celle, écologique, de Vance Packard, que par la construction d’une société de prospérité sans croissance ou d’abondance frugale économe des ressources naturelles et du labeur des hommes, dans laquelle les gains de productivité sont obligatoirement transformés en réduction du temps de travail, et non plus en augmentation de la production /consommation / destruction. Mais cela, c’est une révolution… »

    - Bernard London, L’obsolescence planifiée. Pour en finir avec la grande dépression, suivi de Serge Latouche, Bernard London, ou la planification de l’obsolescence à des fins sociales, Editions B2 (19 quai aux fleurs 75004 Paris), 94 p., 13 €.

    Pierre Le Vigan

    Source : Metamag.

    http://fr.novopress.info/141280/bernard-london-et-lobsolescence-planifiee/#more-141280

  • Charte de la laïcité : les mahométans se plaignent encore !

    Une "Charte de la laïcité" sera désormais affichée dans tous les établissements scolaires publics en France pour rappeler notamment aux élèves l'interdiction de porter tout signe religieux ostensible ou de s'opposer à un enseignement au nom de leurs convictions religieuses.
    Ce rappel au droit, décliné en 15 articles, souligne en préambule que « la Nation confie à l'École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République », sur les fondements de la Constitution, de la Déclaration des droits de l'Homme et de la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État.
    Il est toutefois plus que dommage que ce texte ne remette pas en cause les menus halal dans les cantines. Ce qui n’empêche pas pour autant les mahométans de se dire « stigmatisés ». Il est vrai que, de retour dans leurs pays d’origine, ils seraient bien plus à l’aise pour exercer leurs rites.
    « Pour certains enfants aujourd'hui, la laïcité c'est d'abord un interdit, c'est une menace, alors que c'est exactement l’inverse », a déclaré Vincent Peillon sur BFMTV et RMC Info.
    « Dans notre tradition, c'est ce qui va permettre à chacun de construire sa propre liberté dans le respect de celle des autres », a-t-il ajouté.
    Le ministre de l'Éducation devait présenter lundi matin la Charte dans un lycée de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) en présence notamment du président de l'Assemblée Claude Bartolone et de l'ancien président du Conseil constitutionnel Robert Badinter.
    L'article 6 de la Charte dispose que « la laïcité de l'École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté ».
    « Elle les protège de toute prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leur propres choix », est-il écrit.
    Il est également stipulé que la laïcité implique « le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations", et "garantit l'égalité entre les filles et les garçons ».
    « Un regard oblique » sur l’islam, selon Boubakeur
    « Aucun sujet n'est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique », affirme la Charte, référence aux débats qui ont pu se faire jour dans certains établissements sur les cours relatifs à la reproduction, à la théorie de l'évolution ou aux religions.
    Le texte ajoute qu’ « aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».
    L'article 13 précise que « nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer » aux règles de l'école. L'article 14 rappelle que « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » est interdit, en vertu d'une loi promulguée en 2004.
    Les directeurs d'établissement devront afficher la Charte cette semaine en un lieu "visible de tous", de préférence lors d'une cérémonie "solennelle", déclare le ministère. Des recommandations pédagogiques ont été transmises aux enseignants pour qu'ils expliquent les principes, souvent abstraits, du document.
    Les personnels et représentants des parents d'élèves ont d'ores et déjà exprimé le regret que le document n'aborde pas les questions pratiques liées au respect de la laïcité, comme les menus à la cantine ou les célébrations de fêtes religieuses (Noël, par exemple).
    Au sein de la communauté religieuse, le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, estime que ce texte vise l'islam et porte "un regard oblique" sur la religion musulmane. Dans Le Journal du Dimanche, il dit craindre que les musulmans de France ne se sentent « stigmatisés dans leur ensemble ».
    « Il aurait profondément tort. La laïcité ne s'adresse à aucune religion en particulier puisque précisément elle les met toutes sur un pied d’égalité », a réagi Vincent Peillon.
    « À l'école de la République, on ne reçoit pas des petits musulmans, des petits juifs, des petits protestants, des petits agnostiques, on reçoit des élèves de la République »… Dans sa phrase, Peillon a tout bonnement ignoré les Catholiques. Un oubli révélateur ?...
    Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/2013/09/charte-de-la-laicite-les-mahometans-se.html#more

  • Les affirmations de Mère Agnès-Mariam de la Croix, confirmées par d'autres sources

    Pour le réseau Voltaire, le doute n'est plus permis : on nous refait le coup des armes de destruction massives d'Irak. L'article de Thierry Meyssan, disponible ici, confirme que les vidéos que le gouvernement français diffuse sur son site, en affirmant à toute l'Europe qu'elles sont authentiques, ont de fortes chances de n'être qu'un monstrueux mensonge.

    C'est sur une base aussi fragile que Hollande veut engager le pays tout entier et la vie des soldats français. Allons-nous laisser, devant l'histoire, cet homme engager la France dans une aventure qui risque de finir dans un bain de sang ?

    Rappelons qu'il y a deux attitudes face au mal et au mal absolu qu'est la guerre : celle du pharisien et celle du Christ. La première consiste à s'enfermer dans sa pureté et à contempler, désolé et choqué, le péché des autres. On ne peut pas l'approcher de peur de souiller sa propre prétendue pureté. On rejette les possédés et autres dégénérés. La deuxième attitude reconnaît le mal et veut le sauver, elle ne s'en offusque pas, le saisit à pleines mains, quitte à se salir, à se souiller elle-même, et le soigne. C'est l'attitude du Christ, c'est celle de l'Église. Oser approcher le mal, et vouloir le réduire du mieux qu'on pourra même si pour cela il faut d'abord et longtemps vivre avec lui, le supporter, le voir tous les jours, l'affronter en face. Ces deux attitudes, nous les retrouvons aussi dans les deux façons de penser la guerre.

    On peut la rejeter pour ce qu'elle est, un mal, et pratiquer un pacifisme intransigeant, irréaliste à la façon de Briand et Kellogg, qui avec leur pacte grandiloquent de 1928, mirent la guerre "hors la loi". Mais ce n'est pas travailler à la paix. La deuxième guerre mondiale le prouva. On peut, au contraire, considérer que la discorde et les dissensions, la violence et la haine, font partie de notre humanité déchue, et qu'il faut en tenir compte pour préserver l'essentiel. On cherche alors à penser la guerre, suivant qu'elle est ou n'est pas un péché, quand elle n'est qu'un moindre mal qui est moral ou quand elle est un acte de haine, de vengeance ou de désir d'hégémonie. On cherche à savoir si la guerre qu’on estime nécessaire est une guerre juste.

    Il faut ici distinguer le jus in bello (le droit dans la guerre, qui recouvre tous les principes de bonne conduite dans la guerre, type Deutéronome ou convention de Genève) du jus ad bellum (le droit de faire la guerre, autrement dit dans quelles conditions il est permis de déclencher un conflit armé). Pour être juste, la guerre doit donc l'être dans sa fin (casus belli, jus ad bellum) et dans ses moyens (jus in bello).

    Déclencher une guerre constitue un acte moral et l'Église a toujours affirmé que la guerre n'était pas toujours injuste.

    Sans m'étendre sur les développements philosophiques et théologiques, car je vous engage à relire St Augustin et St Thomas d'Aquin, étudions le cas syrien selon les trois critères qui définissent une guerre juste.

    Première Condition :

    c'est à l'autorité, au prince d'engager la guerre (ou à tout gouvernement en charge du bien public). La guerre n'est pas du ressort de la personne privée. Elle se fait pour le bien public (juste cause) et doit être décidée par ceux qui en ont la charge. Ici, le président est dans sa fonction d'autant que la constitution lui donne le pouvoir de le faire pendant 4 mois sans en référer à la représentation nationale, le parlement. Sarkozy en a usé pour la guerre en Lybie, qui n'était ni juste, ni légitime. Hollande aussi, pour le Mali où, à mon sens, il assumait et essayait de réparer les erreurs du prédécesseur en Lybie. Cette condition préliminaire est remplie.
    Deuxième Condition :

    la juste cause (matière). Pour saint Augustin, la guerre juste « punit une injustice ». Saint Thomas va dans le même sens : « il est requis que l'on attaque l'ennemi en raison de quelque faute (illi qui impugantur propter aliquam culpam impugnationem mereuntur). » La guerre doit s’appuyer sur un droit moralement certain et avoir une juste cause, le dommage infligé par l’agresseur devant être durable, certain et grave ; il reprend ici l’idée de Cicéron selon lequel la République peut faire la guerre pour son salut. Il est donc des guerres justes, celles qui tendent à réprimer, de la part de l'adversaire, une entreprise coupable : Iniquitas partis adversae justa bella ingerit gerenda sapienti. Comment affirmer que la matière est juste, quand il s'agit d'intervenir au profit de milices islamiques, que les puissances occidentales (la France en tête) arment et financent, avec le Qatar et l'Arabie Saoudite ? Et que dans le même temps ces milices et leurs alliés se retrouvent combattues directement, par l'armée française en particulier, au Mali ou en Afghanistan.

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  • Bachar al-Assad brise les projets de Barack Obama

    La résistance de la Syrie face à la guerre coloniale, qui l’a prend pour cible depuis deux et demi, a ouvert la voie à de nouveaux équilibres internationaux susceptibles de libérer le monde de l’hégémonie américano-sioniste. En prenant appui sur cette résistance, les partenaires et les amis de la Syrie ont commencé à jeter les fondements de nouvelles relations sur les scènes internationale et régionales, un quart de siècle après la transformation de l’Organisation des Nations unies en instrument états-unien.
    Le projet d’agression contre la Syrie, sous le prétexte de l’utilisation par le régime d’armes chimiques contre sa population, place le monde à la croisée des chemins. Soit les États-Unis réussissent à renouveler leur hégémonie totale et assujettissent toutes les puissances émergentes, soit un nouvel ordre mondial est consacré, grâce à la résistance épique de l’État syrien, de son armée et de son peuple, conduits par le président Bachar al-Assad, devenu le symbole du refus du diktat étranger et du leader attaché, même au prix de sa vie, à l’indépendance de son pays.
    Le prétexte des armes chimiques n’a pas réussi à convaincre les opinions publiques occidentales de la pertinence d’une attaque contre la Syrie. La Russie et l’Iran ont démonté les arguments des États-Unis sur l’utilisation de gaz toxique par l’armée gouvernementale syrienne. Le président Vladimir Poutine a déclaré à ce sujet : « Les forces syriennes sont à l’offensive et cernent l’opposition dans plusieurs régions. Dans ces conditions, fournir un tel prétexte à ceux qui appellent à une intervention armée serait une absurdité totale. L’interception de conversations quelconques ne peut pas servir de base pour la prise de décisions fondamentales, notamment le recours à la force contre un État souverain ».
    Évidemment, l’Occident tente d’étouffer les révélations fracassantes de la correspondante de l’Associated Presse (AP) en Jordanie, Dale Galvak, qui a publié une enquête, étayée de témoignages de rebelles syriens, reconnaissant qu’une erreur de manipulation de leur part de gaz toxique fourni par l’Arabie saoudite, est à l’origine de la catastrophe chimique du 21 août, dans la Ghouta orientale.
    La résistance de Syrie, le soutien indéfectible de ses alliés, et la peur d’une puissante riposte, ont effrayé les États-unis. C’est donc un Barack Obama « faible », comme l’ont décrit les médias israéliens, « hésitant et confus », comme l’a qualifié le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad, qui a annoncé, samedi soir, le report de l’agression contre la Syrie. Abandonné par ses plus proches alliés, incapable de former une coalition internationale, Obama a lancé la balle dans le camp du Congrès, en décidant de lui demander l’autorisation avant toute frappe contre la Syrie. Le Congrès, soumis à de fortes pressions de la part de l’opinion publique (80 à 90 % des États-uniens sont hostiles à toute intervention de leur pays en Syrie), a annoncé qu’il examinera la requête du président à partir du 9 septembre. C’est-à-dire que les élus ont laissé à Obama tout le temps nécessaire pour trouver une issue au piège dans lequel il s’est lui-même enfermé. Il tentera de trouver une solution avec Poutine lors du G20, à Saint-Petersbourg, le 4 septembre.
    Mais quelle que soit la décision du Congrès, la Syrie est prête à se défendre. C’est le président Bachar el-Assad qui l’a encore réaffirmé dimanche. « La Syrie est capable de faire face à toute agression extérieure, a-t-il dit dans une déclaration diffusée par l’agence Sana. Grâce à la résistance de son peuple et de son armée elle continue d’accumuler les victoires jusqu’au retour de la sécurité et de la stabilité dans le pays ».
    De son côté, Fayçal al-Mokdad a estimé que « le Congrès états-unien doit faire preuve de sagesse (…) Les allégations sur l’utilisation par la Syrie des armes chimiques n’ont aucun fondement », a-t-il réaffirmé, en estimant que M. Obama était « clairement hésitant, déçu et confus quand il parlait (samedi) » car « personne ne peut justifier une agression injustifiable ».
    M. Moqdad s’en est aussi pris au gouvernement français, seul partisan d’une agression contre la Syrie après la défection de la Grande-Bretagne, du Canada et des autres alliés traditionnels de Washington. « Les politiciens français ont trompé le peuple français et se sont comportés de façon irresponsable. Ils ont falsifié les faits et soutiennent des organisations comme Al-Qaïda », a-t-il martelé.
    Le chef des Gardiens de la révolution iraniens a mis, de son côté, en garde contre une intervention militaire US en Syrie. « Le fait que les États-uniens croient qu’une intervention militaire sera limitée à l’intérieur des frontières de la Syrie est une illusion, elle provoquera des réactions au-delà de ce pays », a déclaré le commandant Mohammad Ali Jafari, cité par l’agence Isna.
    La Syrie est la forteresse de l’arabité et Bachar al-Assad est le défenseur de son étendard. Aucune menace ne parviendra à briser sa volonté. Il sera toujours le symbole des hommes libres, prêts à tous les sacrifices pour sauvegarder l’indépendance et la souveraineté de son pays face aux envahisseurs colonialistes et aux régimes rétrogrades arabes, qui véhiculent la pensée obscurantiste. Sa résistance sonnera le glas de l’hégémonie unilatérale états-unienne et consacrera un monde multipolaire.

    Déclarations et prises de positions

    Nabih Berry, président du Parlement libanais
    « Toutes les armes en dehors du contrôle de l’armée libanaise et de la résistance sont refusées. Nos armes sont-elles refusées car nous sommes capables de dissuader l’ennemi ? Nous protégeons la souveraineté du Liban et non une communauté. Le concept d’une stratégie de Défense nationale ne concerne pas une seule secte ou une seule communauté. Les frontières au Liban-sud ne sont pas des frontières chiites, les frontières au Liban-nord ne sont pas un nid pour les takfiristes et Beyrouth n’est pas pour les sunnites. Le blocage sur la scène politique au Liban est dû aux mauvaises intentions de certaines parties qui veulent mettre la main sur le gouvernement. Nous sommes pour un partenariat au sein du gouvernement. Y-a-t-il des parties qui seraient prêtes à faire des concessions pour renforcer l’État libanais ? Israël est derrière la vague d’attentats qui a frappé le Liban. L’armée et la résistance ont déjà démantelé plusieurs réseaux d’espionnage israéliens et ceux qui mènent des attentats au Liban sont certainement liés aux réseaux israéliens. Nous devons donc trouver une issue au blocage politique au Liban et reprendre le dialogue. Nous appelons toutes les parties à gagner du temps et à entamer un dialogue ouvert au lieu d’attendre un changement régional car le Liban n’est plus la priorité pour les pays qui prennent les grandes décisions. »

    Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie
    « Les forces syriennes sont à l’offensive et cernent l’opposition dans plusieurs régions. Dans ces conditions, fournir un tel prétexte à ceux qui appellent à une intervention armée serait une absurdité totale. L’interception de conversations quelconques ne peut pas servir de base pour la prise de décisions fondamentales, notamment le recours à la force contre un État souverain. Concernant la position de nos amis états-uniens, qui affirment que les troupes gouvernementales ont utilisé des armes chimiques et disent avoir des preuves, eh bien, qu’ils les montrent aux enquêteurs des Nations unies et au Conseil de sécurité. S’ils ne le font pas, cela veut dire qu’il n’y en a pas. On doit se souvenir des événements de ces dernières décennies, se rappeler combien de fois les États-Unis ont pris l’initiative de conflits armés dans différentes parties du monde. Voilà ce que je voudrais vouloir dire, si possible, par téléphone à mon homologue états-uniens, en m’adressant à lui non comme au président des États-Unis, mais comme au prix Nobel de la paix. Est-ce que cela a résolu au moins un seul problème ? En Afghanistan, en Irak, il n’y a pas d’apaisement, pas de démocratie tant recherchée par nos partenaires, il n’y a même pas de paix civile la plus élémentaire ni équilibre. Les États-Unis devraient bien réfléchir avant de décider des frappes aériennes qui ne manqueraient certes pas de faire des victimes, notamment parmi la population civile. »

    Youhanna Yazigi, patriarche grec-orthodoxe d’Orient
    « La communauté internationale est responsable de la situation à laquelle nous sommes parvenus. Le rapt des évêques en Syrie est une affaire parmi tant d’autres, et nous ne pouvons rester les bras croisés. Nous avons déployé des efforts pour leur libération mais nous sommes désormais dans une impasse. Nous avons besoin d’aide pour connaitre le sort des personnes enlevées en Syrie. »

    Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre
    « Les takfiristes apparaissent d’abord comme inoffensifs, mais lorsqu’ils prennent de l’importance, il devient impossible de les contrôler et commencent à former des cellules terroristes. Tant que certains leur assureront un environnement favorable, on ne pourra pas se débarrasser d’eux. Nous sommes tous plongés dans les complots qui ne s’arrêteront que si la sécurité est contrôlée. Le nombre de déplacés syriens a dépassé le million et demi. Ils sont traités comme de simples travailleurs, alors que nos ministres avaient proposé un plan de solution à ce problème. La distanciation avec Ersal, le Akkar et Tripoli est inacceptable. Il s’agit de terres libanaises et de citoyens libanais. Nous avons déjà dit que 500 éléments armés à Tripoli et dans ses environs prennent 400 000 personnes en otages. »

    Alexander Zasypkin, ambassadeur de Russie au Liban
    « Le président syrien Bachar al-Assad ne tombera pas sous la pression externe. La Russie cherche à éviter une opération militaire étrangère en Syrie, car elle sera porteuse de catastrophes et elle constitue en tout état de cause une violation du droit international. Nous détenons des éléments sur l’utilisation par l’opposition d’armes chimiques à Khan el-Assal le 19 mars. Quant à la Ghouta, les premières informations parvenues à la Russie montrent que les missiles ont été tirés à partir d’une zone contrôlée par les rebelles. Il faut préciser ces informations et vérifier d’où sont partis les missiles, comment et où ils ont été fabriqués. Les données doivent être claires. Nous voulons que le dossier syrien reste dans le cadre de l’Onu, mais nous n’avons pas l’intention de nous battre contre qui que ce soit. Nous ne voulons pas contribuer à hausser la tension et nous n’utilisons pas un langage de menaces (...) Les attentats survenus au Liban dernièrement s’inscrivent dans le cadre d’un jeu mené par le réseau terroriste international. »

    Hussein Moussaoui, député du Hezbollah
    « Les initiatives courageuses et libres des leaders syriens, ainsi que la fin de la lutte sanglante, qui ne mène qu’à plus de destruction, constituent le seul salut pour la Syrie. Les États-unis sont le plus destructeur des peuples par les armes chimiques et nucléaires et par les bombes à sous-munitions, du Japon au Vietnam et de l’Afrique, la Yougoslavie et l’Afghanistan aux pays arabes. Ils n’ont laissé derrière eux que le chaos. Le seul souci des États-Unis est de s’accaparer des ressources des autres et d’assurer l’hégémonie de l’entité sioniste. Nous appelons les fils de la nation à resserrer les rangs, à assumer leurs responsabilités et à s’armer de confiance les uns vis-à-vis des autres, pour préserver leurs valeurs et leur avenir. »

    Samir Geagea, chef des Forces libanaises
    « Il est impossible pour le moment de former un gouvernement d’union nationale vu que le Hezbollah prend des décisions stratégiques sans revenir à l’État. Nous souhaitons la formation d’un gouvernement neutre qui gère les affaires des citoyens. Nous voulons un gouvernement libanais et, par conséquent, ce gouvernement ne peut pas englober le Hezbollah qui a des engagements étrangers. Le Hezbollah a déjà pris sa décision en ce qui concerne le dialogue national à travers le discours du député Mohammad Raad, qui a souligné que la déclaration de Baabda était née morte. »

    Événements

    • Les douanes libanaises ont arrêté, à l’aéroport de Beyrouth, cinq individus (français, norvégiens et canadiens) qui transportaient des engins de communication non autorisés et des équipements militaires. Les forces de sécurité ont commencé à interroger les détenus pour connaître leur destination ainsi que l’usage auquel ils destinaient leurs équipements, qui comportaient des caméras sophistiquées pouvant émettre directement via satellite. De source sécuritaire, on laisse entendre que les personnes arrêtées devaient se rendre en Syrie.

    • Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, le Hezbollah a été placé en état d’alerte générale et toutes les unités de combat, sur tous les sites de déploiement, ont été appelées à rester sur le qui-vive —une mesure qui concerne également les unités du Hezbollah présentes en Syrie—. L’ensemble de ces mesures a commencé à être mis en œuvre en toute discrétion. La Finul devait évacuer les familles de ses personnels étrangers résidant au Liban via l’aéroport de Beyrouth, dès dimanche.

    • Dans un enregistrement sonore diffusé sur la chaîne de télévision LBC, les deux pilotes turcs de la compagnie Turkish Airlines, enlevés début août au Liban, affirment être en « bonne santé » et attendent d’être libérés « dans les plus brefs délais ». Le groupe qui a revendiqué leur enlèvement demande à la Turquie d’user de son influence auprès des rebelles syriens, qu’Ankara soutient, pour obtenir la libération de neuf pèlerins libanais enlevés en Syrie en mai 2012.« Ils (les ravisseurs) ont expliqué que la Turquie était le seul pays a aider à libérer ces gens », dit Murat Akpinar, le premier pilote.

    • Le quotidien libanais Al-Akhbar rapporte qu’une réunion de haut niveau a eu lieu entre le Hamas et le Hezbollah, en présence d’Oussama Hamdane, membre du bureau politique du mouvement palestinien, et du secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem.

    Revue de presse

    As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
    Ghassan Rifi (30 août 2013)
    L’arrestation du cheikh Hachem Minkara a provoqué un choc parmi les milieux islamistes, notamment ceux qui sont proches du 8-Mars. À l’heure où ils s’attendaient à la remise en liberté d’Ahmad al-Gharib, après qu’il se fut avéré que la personne apparue dans les images prises par une caméra de surveillance près du site de l’une des explosions n’était pas lui, mais plutôt un membre de la famille Al-Raïs, ces milieux ont été pris de court par la convocation, par le département du Renseignement des FSI, du chef du Mouvement de l’unification islamique Al-Tawhid, afin de recueillir sa déposition concernant sa relation avec al-Gharib. Ce dernier, selon des sources sécuritaires informées, aurait mentionné à plusieurs reprises son nom lors des interrogatoires ces derniers jour. Le département du Renseignement des FSI aurait relevé des contradictions entre les dépositions des deux cheikhs. Des sources de la famille de Hachem Minkara ont rejeté en bloc les accusations retenues contre l’intéressé, y voyant une opération visant à entacher la réputation des dignitaires religieux proches du Hezbollah et les « assassiner politiquement ». En outre, selon une source sécuritaire, la déposition de Hachem Minkara dénoterait qu’il était au courant de « certaines choses » liées au double attentat. D’autres sources font savoir qu’al-Gharib aurait affirmé avoir informé Hachem Minkara qu’on lui avait demandé d’exécuter les deux attentats contre les mosquées Al-Taqwa et Salam. Toutefois, Minkara aurait démenti qu’al-Gharib lui ait communiqué cette information.

    As-Safir (30 août 2013)
    Imad Marmal
    Convaincu que les mouvements terroristes et extrémistes sont d’ores et déjà isolés, le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi a fait part de sa détermination à les poursuivre là où ils se trouvent, affirmant que l’armée est décidée à « contrecarrer le terrorisme et à lui couper les bras ». Le commandant en chef aurait également souligné que « l’institution militaire est soudée et se porte à merveille, et que le rôle national qu’elle joue sur le terrain pour la protection de la paix civile contribue » à sanctuariser le pays contre les discours incitant à la fitna. Toujours selon les visiteurs, Jean Kahwagi aurait dit ne pas craindre de discorde confessionnelle au Liban, les principaux blocs dans les différentes communautés, notamment le Hezbollah et le Futur, n’en voulant pas, et considère que les extrémistes ne seront pas capables à eux seuls d’en jeter l’étincelle. Il a ajouté qu’il pourrait y avoir des tentatives visant à entraîner les protagonistes à croiser le fer et que les derniers attentats s’inscrivent dans ce contexte. Toutefois, les principales formations internes refusent de se laisser prendre dans ce marécage. Selon ces sources, le commandant en chef de l’armée a donné des ordres clairs à toutes les unités de la troupe de traquer tout groupe terroriste dont la présence est détectée, précisant qu’aucune ligne rouge n’a été tracée à cet égard.

    As-Safir (30 août 2013)
    Daoud Rammal
    La confusion sévit au sein de l’Union européenne, qui joue un rôle contradictoire, et ambivalent. D’une part, ses États membres participent à la campagne menée contre la Syrie, qui constitue la profondeur stratégique du Hezbollah, de l’autre ils font parvenir sans cesse des messages, par le biais de différents canaux, visant à rassurer ce dernier. Un responsable libanais revient dans ce cadre sur les propos d’un ambassadeur occidental qui aurait affirmé sans ambages que le danger représenté par les islamistes et les takfiristes, dont le nombre est grandissant, devient de plus en plus important, d’où le souhait de dialoguer avec le Hezbollah. Le diplomate aurait considéré que ce dernier ne devra pas, de ce fait, fermer ses portes aux Européens avec lesquels il serait plutôt appelé plutôt à engager un dialogue. À cet égard, le même responsable libanais relève avec une grande surprise que la seule expression revenant chez tous les ambassadeurs européens qu’il a rencontrés est la suivante : « Nous avons des intérêts communs avec le Hezbollah ».

    An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Sarkis Naoum (30 aout 2013)
    Un chercheur US assure que le régime de Bachar al-Assad sortira vainqueur de la guerre en cours en Syrie. Par conséquent, les différents protagonistes, en l’occurrence le régime, l’Iran, le Hezbollah, Al-Qaïda cohabiteraient, le cas échéant, sur le sol syrien. La Syrie deviendrait ainsi une source d’instabilité pour la région et une contrée où les plus horribles crimes contre l’humanité seront perpétrés pendant de longues années. D’où l’intérêt pour l’Occident, selon le même chercheur, à empêcher la survie de Bachar al-Assad, en menant des frappes militaires contre les bases de son régime et en mettant la pression sur Moscou et sur Téhéran pour les amener à mettre un terme à leur soutien au régime au profit d’une opposition modérée.

    An-Nahar (29 août 2013)
    Sabine Oueiss
    Des sources politiques de haut niveau assurent que le président de la République, Michel Sleiman, s’est vraiment engagé dans la bataille de la formation du gouvernement. Elles précisent toutefois que le chef de l’État, qui a préconisé un gouvernement fédérateur, approuve les modalités fixées par Tammam Salam : 24 ministres sur la base dite des « 3x8 » pour constituer un cabinet non provocateur, adoptant le principe de la rotation des portefeuilles. Le tout serait de savoir désormais si le Hezbollah acceptera de renoncer au tiers de blocage et le Futur à sa condition relative à un retrait du Hezbollah de Syrie.

    Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
    Ibrahim Al-Amine (30 août 2013)
    Le cheikh Ahmad al-Gharib a été autorisé, jeudi, à contacter sa famille. Un de ses proches rapporte qu’il leur a juré n’avoir rien à voir avec les deux attentats, ni de près, ni de loin.
    Le Renseignement des FSI renoue avec leurs vieilles habitudes. Certaines parties officielles influentes portent un regard dubitatif sur la version de ce service concernant l’implication du régime syrien dans les attentats de Tripoli, qui met en cause Ahmad al-Gharib et Hachem Minkara. Ces parties estiment que quelques minutes à peine après le double attentat, l’enquête de ce même service de renseignement s’est bâtie sur une hypothèse perçue comme une évidence : celle de la responsabilité du régime syrien. Ces parties dénoncent donc des accusations politiques toutes prêtes et considèrent que les fuites à travers les médias liés directement et indirectement au Futur reflètent la même mentalité et les mêmes velléités de vengeance. Elles considèrent enfin que Moustapha Houry manque de crédibilité.

    Al-Akhbar (29 août 2013)
    Ibrahim Al-Amine
    Parmi les questions taraudant l’esprit des Occidentaux, figure celle de l’éventuelle réaction du Hezbollah à une agression contre la Syrie. Ces questions concerneraient notamment la sécurité directe d’Israël, la sécurité des forces internationales qui opèrent dans la région, et enfin la sécurité politique et militaire des États occidentaux. Le Hezbollah maintient le silence. En ce moment, le parti n’a pas à afficher une position bien précise. Tout communiqué qui émanera de lui condamnera par avance l’agression et mettra en garde contre ses répercussions dangereuses sur la région. Sera glissé en filigrane un mot à même de faire miroiter sa disposition à épauler la Syrie pour se défendre contre toute attaque externe. Dans la conjoncture actuelle, il faut noter que le Hezbollah fait partie intégrante d’une grande alliance conduite par l’Iran. Outre la relation spéciale le liant à Téhéran, il est recommandé à toute personne avisée de déchiffrer les termes employés par Le guide suprême Ali Khameneï qui a mis en garde contre « une catastrophe qui s’emparera de la région » dans l’éventualité d’une agression contre la Syrie. Selon l’interprétation d’éminents dirigeants de l’armée, ces déclarations signifient que l’Iran n’acceptera pas de voir son allié syrien attaqué sans intervenir.
    Le Hezbollah est impliqué jusqu’au cou dans la crise syrienne, plus particulièrement dans la confrontation en cours avec les groupes armés liés à l’Occident ou aux takfiristes. Le parti y a sacrifié des dizaines de martyrs. De plus, le Hezbollah joue un rôle sérieux et se considère comme étant concerné par ce qui se déroule actuellement, partant de sa vision qui dit que l’un des principaux objectifs de la guerre consiste à frapper l’axe de la Résistance afin de l’atteindre. De ce fait, le Hezbollah n’a pas besoin qu’on lui explique les motifs d’une intervention étrangère, israélienne, US ou européenne, car il s’y attendait depuis belle lurette. Par conséquent, il convient de savoir que ce parti, lorsqu’il a décidé d’intervenir en Syrie, a étudié tous les aspects d’un tel acte, dont il ne se rétractera pas aujourd’hui. Au contraire, toute agression occidentale contre la Syrie sera un motif supplémentaire pour le Hezbollah, le portant non à se ranger encore plus aux côtés de son allié, Bachar El Assad, mais à être au cœur de la bataille de la défense de la Syrie face à cette attaque. Comment ? Seul le parti détient la réponse à cette question.

    Al-Akhbar (29 août 2013)
    Nasser Charara
    Lors d’une réunion avec des responsables syriens suite aux informations évoquant l’imminence de la frappe états-unienne contre la Syrie, le président Bachar al-Assad leur a affirmé : « Dès le départ, vous le savez bien, nous attendons le moment où notre véritable ennemi se révèlera. Je sais que votre moral est bon et que vous êtes prêts à contenir toute agression et à préserver la patrie. Mais il faudra transmettre ce moral à vos subordonnés et aux citoyens syriens. C’est une confrontation historique dont nous sortirons vainqueurs ».
    Par ailleurs, une source diplomatique arabe a fait état du transfert d’unités militaires états-uniennes, britanniques et françaises ces deux derniers jours vers la frontière syro-jordanienne. Selon la source, ces mesures auraient été prises, car l’Otan pourrait être appelée à envoyer des unités militaires vers des sites précis en Syrie, abritant les dépôts des armes chimiques.

    Al-Akhbar (28 août 2013)
    Pierre Abi Saab
    Tout suggère que la coalition occidentale se prépare à des frappes militaires en Syrie. Devons-nous livrer la Syrie à ceux qui sont épris de napalm (et de liberté) ? Les accusations montrant du doigt le régime dans l’utilisation d’armes chimiques n’ont pas attendu les rapports des experts et ont été lancées indépendamment de toute logique ! Les photos horribles du massacre de la Ghouta ont suffi pour identifier l’assassin et anesthésier l’opinion publique, tout en la préparant à accepter les crimes coloniaux à venir. L’opposition syrienne armée est en état de surexcitation, qui n’a d’égal que l’enthousiasme du président français François Hollande et l’emportement de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Ce dernier risque de succomber à son impatience de voir sonner l’heure H qui ramènera l’Orient arabe un siècle en arrière. Maintenant que les socialistes français sont rassurés quant à leurs prouesses socio-économiques à l’intérieur, ils peuvent se consacrer à leur vocation humanitaire. Jean-Luc Mélenchon, cités sur le site du Nouvel Observateur déclare pour sa part : « Nous savons que les Nord-Américains ont l’habitude d’utiliser n’importe quelle sorte d’argument pour justifier une intervention militaire. Frapper militairement la Syrie serait une erreur gigantesque. Qui se trouve mieux depuis qu’on a tout cassé en Libye ? Nous sommes des suiveurs. Pour nous donner de la contenance, de temps en temps nous aboyons plus fort que le reste de la meute. Quant à l’opposition syrienne armée, elle a hâte de flairer l’odeur du napalm : elle veut la "liberté" fût-ce sur les décombres de son pays. Les opposants croient-ils vraiment que les États-Unis, leurs supplétifs et leurs alliés, n’ont rien de mieux à faire que de rendre de nobles services à nos peuples, à l’instar de ceux qu’ils avaient rendus en Irak et en Libye ? Ou que leur intervention vise uniquement à aider les Syriens à mettre en place "une alternative démocratique" au régime d’Assad ? 

    Al-Akhbar (28 août 2013)
    Hiyam Kosseify
    Les autorités officielles libanaises sont dans le coma au moment où la perspective d’une frappe militaire en Syrie se précise de plus en plus. C’est comme si le monde entier était dans un monde, et le Liban dans un autre. Selon des rapports militaires occidentaux, Washington ne souhaiterait pas élargir le spectre des opérations. Les mêmes rapports précisent toutefois que les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, exercent de fortes pressions pour faire en sorte que ces frappes soient fatales au régime. Dans tous les cas, le Liban ne semble pas se préparer à la période qui s’annonce, et dont les signes précurseurs ont commencé à se manifester à travers les attentats à l’explosif sur son territoire. Les rapports s’interrogent d’ailleurs sur l’attitude du Hezbollah vis-à-vis d’une éventuelle opération militaire états-unienne en Syrie. Le Liban pourrait être concerné par cette opération à plus d’un niveau :
    - Le niveau politique d’abord : Il ne fait aucun doute que le Liban aura rendez-vous avec une échéance incontournable, celle de prendre position, officiellement, au sujet de l’action militaire qui pourrait être menée en Syrie. Quelle sera la position affichée par le président de la République, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ? Dénonceront-ils cette opération ou choisiront-ils plutôt de se murer dans le silence ?
    - Le niveau sécuritaire ensuite : Quelle sera la réaction du Liban si les États-uniens utilisent son espace aérien ? D’autres interrogations portent sur les défis sécuritaires qui pourraient surgir au Liban, certaines parties pouvant exploiter la frappe en Syrie pour s’en prendre aux intérêts des pays occidentaux qui y prennent part, les États-Unis en tête, voire à la Finul. Il ne faut pas oublier non plus la possibilité de voir de nouveaux réfugiés syriens affluer au Liban, ni le danger d’un recours aux voitures piégées pour semer la peur et l’anarchie dans plusieurs régions.
    Le niveau gouvernemental enfin : D’aucuns craignent que l’offensive ne s’accompagne de pressions pour former un gouvernement coûte que coûte. Des sources informées estiment d’ailleurs que les pressions régionales pour constituer un gouvernement excluant le Hezbollah sont le maillon d’une chaîne visant à resserrer l’étau autour de ce parti et des alliés de la Syrie au Liban.

    Al-Akhbar (28 août 2013)
    Nasser Charara
    Des informations sécuritaires ont révélé que les quatre attentats qui ont frappé la banlieue sud de Beyrouth et Tripoli s’inscrivent dans le cadre d’un vaste plan appelé « Mort et Destruction », exécuté par Al-Qaïda et destiné à plonger le Liban dans un bain de sang. Toutes les données montrent que ce plan va se poursuivre et vise à contraindre le Hezbollah à se retirer de Syrie, quel que soit le prix et le sang versé.
    Après l’examen minutieux des données liées aux attentats de Bir al-Abed, le 9 juillet, de Roueiss, le 15 août et de Tripoli, le 22 août, et le recoupement d’informations à travers des écoutes téléphoniques et des infiltrations, il est désormais possible de déterminer la nature de l’attaque terroriste en cours et de ses objectifs : le message est que la vague de « Mort et Destruction » va se poursuivre et les explosions vont aller crescendo jusqu’au retrait du Hezbollah de Syrie.
    L’explosion de Roueiss a montré que le plan est entré dans sa phase d’exécution. Des informations recueillies par des services de renseignement ont fait état d’une coordination entre l’émir de l’État islamique d’Irak et du Levant, Abou Omar al-Baghdadi, et l’émir du Front al-Nosra, Abou Mohammad Al-Joulani, pour asséner des coups au Liban. Les investigations ont permis de découvrir que les deux hommes se sont entendus sur un mot de passe qui déclencherait cette vague de terreur. Ce signal a été le tir des quatre roquettes contre Israël. Effectivement, 12 heures après ce tir, les deux explosions de Tripoli ont eu lieu. Un examen des modes opératoires des attentats de Roueiss et de Tripoli montre qu’ils ont été commis par une même et seule partie. D’ailleurs, un quart d’heure après la chute des roquettes sur la Galilée, les Israéliens en ont fait assumer la responsabilité au « jihad international ». Les experts affirment que l’un des facteurs pour déterminer l’identité des auteurs d’un attentat est d’étudier le mode opératoire. Or à Roueiss comme à Tripoli, les charges piégées étaient composée de plus de 200 kg d’explosifs. Ensuite, les explosions ont ciblé des lieux publics.
    Cette vague de terreur devrait donc se poursuivre dans plus d’une région libanaise pour semer « la Mort et la Destruction » chez toutes les communautés afin de placer le Hezbollah devant l’équation suivante : se retirer de Syrie ou être confronté à une colère populaire grandissante. Dans ce cadre, il faut signaler que des voix libanaises se sont élevées, surtout après les explosions de Tripoli, pour faire le lien entre le refus du Hezbollah de se retirer de Syrie et les attentats. Ces voix adoptent, en quelque sorte, l’objectif politique que les auteurs des attentats tentent de réaliser.

    Al-Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    (28 août 2013)
    Les ambassadeurs d’Arabie saoudite, Ali Awad al-Assiri, du Koweit, Abdel Aal Kinaï, du Qatar, Saad Ali Hilal al-Mohannadi, et des Émirats arabes unis, Youssef Ali Osseimi, se sont absentés de la réunion à laquelle les a invité le patriarche maronite Béchara Raï à Dimane. Le chargé de la communication du patriarcat, Walid Ghayad, a refusé de parler « d’une absence des ambassadeurs », préférant évoquer leur présence à l’extérieur du Liban. Il a affirmé qu’il ne pouvait pas faire aux diplomates un procès d’intention, d’autant qu’ils n’ont pas publié un communiqué affirmant clairement qu’ils s’étaient absentés en raison de la présence à la réunion de l’ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali. M. Ghayyad a indiqué que la discussion avec les ambassadeurs a porté sur les dossiers arabes et régionaux, et les présents ont mis l’accent sur la nécessité d’unifier la position des pays arabes. Mgr Raï a expliqué la position du patriarcat maronite et son rôle, mettant l’accent sur la présence des chrétiens au Liban et en Orient, qui se complète et coexiste, historiquement, avec la présence musulmane. Le prélat a insisté sur l’importance d’édifier l’État de la citoyenneté et de l’égalité dans le monde arabe.
    M. Ghayyad a nié que le patriarche ait évoqué devant ses invités le « danger des takfiristes », précisant néanmoins que Mgr Raï a « rejeté le phénomène du terrorisme et du partage des États ». « Aucun nouveau rendez-vous n’a été fixé pour les ambassadeurs absents », a-t-il dit.

    AFP (Agence de presse française, 30 août 2013)
    De Jérusalem à Alep, de Beyrouth à Bagdad, la perspective de frappes occidentales est dénoncée avec force par les patriarches d’Églises implantées depuis la naissance du christianisme et qui n’ont pas envie d’être assimilées aux « croisés » par les islamistes comme en Irak en 2003. Le plus vif est le patriarche irakien Louis Raphaël Sako, patriarche des chaldéens : une intervention militaire états-unienne reviendrait « à faire exploser un volcan destiné à emporter l’Irak, le Liban, la Palestine. Et peut-être que quelqu’un veut précisément cela ». L’évêque d’Alep, Mgr Antoine Audo, évoque un risque d’une « guerre mondiale ». Le patriarche maronite Béchara Boutros Raï a accusé « des pays, surtout de l’Occident mais aussi de l’Orient », de « fomenter tous ces conflits ». « Nous sommes en train de voir la destruction totale de ce que les chrétiens ont pu construire durant 1400 ans » de cohabitation avec les musulmans, a-t-il estimé.
    Le patriarche syriaque-catholique Youssef III Younan a accusé les puissances extérieures « d’avoir armé les rebelles, incité à la violence, envenimé encore les relations entre sunnites et chiites ». « L’Occident pense qu’avec les sunnites au pouvoir, la démocratie remplacera la dictature, mais c’est une grande illusion », s’est-il insurgé.
    La crainte que « le scénario de l’Irak se répète » est constamment évoquée, de même que la perte d’une « laïcité » qui rendait vivable la cohabitation au Proche-Orient. Les patriarches font remarquer que les Occidentaux ne semblent guère soucieux d’attendre les conclusions de l’enquête de l’Onu sur l’attaque chimique de la semaine dernière. Ils rappellent qu’il y a dix ans, les États-uniens sont partis en guerre en Irak pour de supposées preuves inexistantes d’armes de destruction massive. Ils s’étonnent du peu d’attention accordé par les Occidentaux à la dimension communautaire et religieuse dans les déséquilibres actuels.
    Même dans les rangs des chrétiens opposés à Bachar el-Assad, le rejet de frappes étrangères est net : le monastère du père Paolo Dall’Oglio, actuellement enlevé dans le nord de la Syrie, a ainsi exhorté au « refus de toute violence ».
    Enfin, sur les blogs et Twitter, les opposants chrétiens à une intervention étrangère sont intervenus massivement ces derniers jours.

    The Independent (Quotidien britannique, 28 août 2013)
    Robert Fisk
    Si Barack Obama décide d’attaquer le régime syrien, il aura fait en sorte —pour la première fois de l’Histoire— que les États-Unis soient du même bord qu’Al-Qaïda.
    Les hommes qui ont tué des milliers de personnes, le 11-Septembre, combattront aux côtés de la nation dont ils ont assassinés si cruellement les innocents, il y a presque 12 ans. C’est tout un exploit pour Obama, Cameron, Hollande et les autres mini-chefs de guerre. Bien sûr que ceci ne sera pas crié haut et fort par le Pentagone ou la Maison-Blanche —ni, je suppose, par Al-Qaïda— qui tentent de détruire Bachar. Il en est de même du Front al-Nosra, affilié à cette organisation. Cette affaire soulève quelques possibilités intéressantes.
    Peut-être que les Américains devraient demander à Al-Qaïda de l’aider sur le plan du renseignement —après tout, elle est présente sur le terrain, là où les Américains n’ont aucun intérêt à aller—. Et peut-être qu’Al-Qaïda pourrait offrir des informations à un pays qui prétend que les hommes les plus recherchés du monde sont, justement, les partisans d’Al-Qaïda, et non pas les Syriens.
    Cela donnera lieu, évidemment, à des situations ironiques. Alors que les Américains frappent Al-Qaïda avec des drones au Yémen et au Pakistan —avec, bien entendu, le lot habituel de victimes civiles— ils fourniront en même temps à cette organisation un soutien face à ses ennemis en Syrie. Vous pouvez parier votre dernier dollar que la cible des Américains en Syrie ne pas sera Al-Qaïda ou al-Nosra.
    Et notre Premier ministre va applaudir tout ce que font les Américains. Les attentats de Londres semblent avoir disparu de sa mémoire.
    En Irak, nous sommes allés en guerre sur la base de mensonges proférés par des faussaires et des escrocs. Aujourd’hui, c’est la guerre sur YouTube. Cela ne signifie pas que les images terribles des civils syriens gazés sont fausses. Cela veut dire que toute preuve contraire va être supprimée. Par exemple, personne ne va s’intéresser à des rumeurs persistantes à Beyrouth au sujet de trois membres du Hezbollah —qui combat aux côtés des troupes gouvernementales à Damas— qui ont apparemment été frappés par le même gaz, le même jour, dans des tunnels. Ils sont actuellement traités dans un hôpital de Beyrouth. Donc, si les forces gouvernementales syriennes ont utilisé du gaz toxique, comment se fait-il que des hommes du Hezbollah ont, eux aussi, été touchés ?
    Et puisque nous parlons de la mémoire institutionnelle, lequel de nos hommes d’État sait ce qui s’est passé la dernière fois que les Américains ont attaqué l’armée syrienne ? Je parie qu’ils ne s’en souviennent pas. Eh bien, cela s’est passé au Liban, lorsque l’aviation américaine a décidé de bombarder des missiles syriens dans la vallée de la Bekaa, le 4 décembre 1983. Je m’en souviens très bien parce que j’étais ici, au Liban. Un bombardier américain A-6 a été touché par un missile Strela syrien —de fabrication russe, naturellement—. Il s’est écrasé dans la Bekaa et le pilote, Mark Lange, a été tué, son co-pilote, Robert Goodman, a été fait prisonnier et jeté en prison à Damas. Jesse Jackson a dû se rendre en Syrie pour le récupérer un mois plus tard. Un autre avion américain —un A-7 cette fois— a également été touché par des tirs syriens, mais le pilote a réussi à s’éjecter en Méditerranée, où il a été retrouvé par un bateau de pêche libanais. Son avion a été détruit.
    Bien sûr, on nous dit que cette guerre sera de courte durée, quelques jours tout au plus. C’est ce que Obama aime croire. Mais pensez à l’Iran. Pensez au Hezbollah. Je suppose que si Obama va aller de l’avant, il devra courir… courir.

    The Guardian (Quotidien britannique, 29 août 2013)
    Mona Mahmood et Robert Booth
    L’armée de l’air syrienne envisage d’utiliser des pilotes kamikazes en représailles aux attaques des forces occidentales, affirme un officier de la défense anti-aérienne de l’armée syrienne, basé près de Damas.
    L’officier a indiqué 13 pilotes syriens ont fait le serment, cette semaine, de constituer « une équipe de martyrs pour affronter les avions américains ». Le pilote loyaliste, la trentaine, sert dans la section de la défense anti-aérienne de l’armée syrienne à 10 miles de la capitale. Il a déclaré : « Si les États-Unis et les Britanniques lancent un seul missile, nous en lancerons trois ou quatre, et si leurs avions de guerre violent notre ciel, ils devront faire face à un feu d’enfer ». « Si nous sommes incapables d’abattre leurs avions de guerre avec l’artillerie, nous avons des pilotes militaires qui sont prêts à attaquer ces avions étrangers avec leurs propres avions de combat et les détruire en l’air ».
    The Guardian est incapable de vérifier l’exactitude de cette information. Mais l’officier interrogé a été en contact avec le journal à plusieurs reprises ces 12 derniers mois, au cours desquels il a fourni des informations fiables sur les combats entre les troupes de Bachar al-Assad et les groupes rebelles. Il a affirmé : « Nous avons plus de 8 000 candidats au martyre au sein de l’armée syrienne, prêts à mener des opérations kamikazes à tout moment pour stopper les États-uniens et les Britanniques. Je suis prêt à me faire sauter contre des porte-avions US pour les empêcher d’attaquer la Syrie et son peuple ».
    Évoquant l’attaque chimique de la semaine dernière dans la banlieue de Damas, l’officier a nié l’implication des forces gouvernementales, déclarant que la nouvelles de l’utilisation de gaz toxique a provoqué un choc au sein de l’armée régulière. « Pourquoi devrions-nous utiliser des armes chimiques dans la Ghouta, alors que nos troupes étaient présentes dans la région et menaient une vaste offensive appelée le Bouclier de la capitale ? Nous avons réussi à faire 75 % du chemin, mais ensuite nous avons été choqués d’apprendre que des armes chimiques avait été tirées ».
    L’officier a assuré que le moral de l’armée syrienne est élevé. « Ils (les Occidentaux, ndlr) doivent savoir que l’Iran et le Hezbollah se battront avec nous, main dans la main. Nous avons une alliance indéfectible. Nous sommes le fer de lance de la résistance dans le monde arabe (…) L’armée syrienne est à son plus haut niveau ​​d’alerte. Nous avons pris toutes les mesures pour éviter les attaques aériennes et tous nos missiles sont prêts à être tirés. L’armée a changé la plupart de ses positions et de nombreuses casernes et brigades ont été déplacées vers d’autres sites. Nous attendons les forces US et britanniques pour attaquer des cibles spécifiques », a-t-il précisé avant d’ajouter : « Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie est incroyable. Beaucoup de jeunes syriens se sont présentés aux postes militaires et demandent à rejoindre l’armée pour se battre pour la Syrie. Certains d’entre eux étaient des partisans de l’opposition. Nous avons enregistré plus de 4 000 volontaires ces dernières 48 heures. »

    Global Times (Quotidien chinois, 29 août 2013)
    Les forces mondiales opposées à une intervention militaire doivent s’unir et empêcher cette attaque occidentale en Syrie. Si ces frappes se produisent, les forces mondiales doivent ouvertement soutenir la résistance du gouvernement syrien. Il est nécessaire que la Russie et l’Iran envisagent de fournir une assistance militaire directe au régime du président Bachar al-Assad.
    Mettre en avant une ’indécence morale’ comme excuse justifiant la préparation d’une intervention militaire apparaît précipité et irréfléchi.
    Dans un communiqué rendu public jeudi, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, met par ailleurs en garde contre « toute ingérence » dans l’enquête en cours de l’Onu sur l’attaque chimique du 21 août (…) Seule une solution politique peut résoudre la crise syrienne », avait déclaré plus tôt cette semaine Wang Yi.
    La communauté internationale devrait faire preuve de patience plutôt que de se laisser mener par le bout du nez par les services de renseignement états-uniens.
    Il y a dix ans, les États-Unis et leurs alliés ont contourné l’Onu pour imposer par la force un changement de régime en Irak, sous le prétexte que ce régime détenait des armes de destruction massive. Cela ne doit pas être permis une nouvelle fois. Une intervention militaire sans mandat de l’Onu ne fera qu’aggraver la situation en Syrie.

    The Wall Sreet Journal (Quotidien US, 27 août 2013)
    Adam Entous, Nour Malas, Margaret Coker
    Le vétéran de l’intrigue diplomatique à Washington et au Proche-Orient, le chef des services de renseignement saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan, a expliqué aux Américains qu’il ne s’attendait pas à une victoire des rebelles sur le terrain dans l’immédiat.
    Le prince Bandar a confié à son demi-frère Salman de superviser l’entraînement des rebelles syriens en Jordanie.
    Les Saoudiens ont commencé en hiver à déployer des efforts considérables pour convaincre les Américains et les puissances occidentales que le régime de Bachar Al-Assad a franchi la ligne rouge en utilisant des armes chimiques. Les services secrets saoudiens affirmaient en février que le régime a utilisé des armes chimiques en faisant parvenir des « preuves » aux Américains.
    Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a transmis un message au président Barack Obama en avril lui disant que la crédibilité des États-Unis serait écornée si le régime syrien et son allié iranien gagnaient la bataille.
    Parallèlement à ce message, le prince Bandar et l’ambassadeur saoudien à Washington ont travaillé intensément pour convaincre la Maison-Blanche et le Sénat de la nécessité de frapper la Syrie.
    Par la suite, le prince s’est entretenu à Paris avec des responsables français et en juillet, il s’est rendu à Moscou, où il a expliqué, selon des diplomates, à Vladimir Poutine, que le royaume saoudien détient de fortes sommes d’argent qu’il va utiliser pour gagner la bataille en Syrie.
    Il y a un quart de siècle, c’est le même Bandar ben Sultan qui a armé les moudjahidines afghans contre les troupes soviétiques.
    Le week-end dernier, l’Arabie saoudite a accentué la pression sur Washington pour attaquer la Syrie en réponse aux « attaques chimiques ».
    « Vous ne pouvez pas comme président tracer une ligne et ne pas la respecter », aurait dit le message saoudien au président Obama, selon un diplomate.

    Source :  New Orient News (Liban)

  • Syrie : Obama et Hollande au secours des gazeurs ?

    Le Belge libéré en Syrie : "Ce n’est pas le gouvernement Al-Assad qui a utilisé le gaz" L’enseignant belge Pierre Piccinin da Prata, kidnappé en Syrie au mois d’avril et libéré ce dimanche (en même temps que son confrère Domenico Quirico, journaliste italien), a accordé une interview à RTL-TVI ce lundi matin.

    Il a indiqué que le gaz sarin n’avait pas été utilisé par le régime de Bachar Al-Assad. 09 Septembre 2013 13h19

    "C’est un devoir moral de le dire. Ce n’est pas le gouvernement de Bachar Al-Assad qui a utilisé le gaz sarin ou autre gaz de combat dans la banlieue de Damas. Nous en sommes certains suite à une conversation que nous avons surprise. Même s’il m’en coûte de le dire parce que depuis mai 2012 je soutiens férocement l’armée syrienne libre dans sa juste lutte pour la démocratie", a-t-il déclaré à Luc Gilson dans une interview enregistrée à Gembloux pour RTL-TVi.

    "Trahi par l’armée libre"

    L’enseignant belge a également indiqué comment il était arrivé en Syrie et comment il avait été arrêté. "Nous sommes entrés en Syrie par le Liban, le 6 avril, avec toutes les garanties nécessaires que je prends chaque fois avec l’armée libre. C’était mon 8e voyage en Syrie. Sous la protection de l’armée libre, nous sommes allés jusqu’à Al-Qusayr qui était une ville en partie assiégée. Notre objectif était de rester une journée pour éviter que le siège se referme sur nous. Malheureusement, en quittant le 8 avril au soir, peu avant 20h, nous avons été assaillis par un groupe de bandits à coloration islamiste qui nous ont gardés deux mois dans Al-Qusayr parce que le siège s’était refermé sur eux-mêmes. C’était une trahison de l’armée libre qui nous a livrés à ce groupe". [...]

    La suite sur RTL.be

    Voir également ces informations sur Voltairenet.org

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Video-Syrie-Obama-et-Hollande-au

  • Valls, bon pour gazer les enfants et les coups de menton, nul avec la délinquance

  • L'échec de la mondialisation et du mondialisme

    La mondialisation se comprend comme l'ouverture des économies des états du monde, jusqu'à former une forme d'économie à peu près unifiée, ou du moins étroitement communicante d'un point à l'autre de la planète. Les marchés mondialisés seraient les plus efficaces possibles, c'est-à-dire proposant les prix les moins chers possibles pour l'ensemble de l'humanité, qui y gagnerait. Telle est la théorie du libre-échange, doublée de la complète mobilité des moyens de production - qui aboutissent aux fameuses délocalisations frappant depuis quelques décennies l'Europe -, étendue au monde entier dans le cadre de l'OMC - Organisation Mondiale du Commerce - , qui s'applique à tous les États, membres ou non. En pratique, le système ne fonctionne pas, ou fort mal, même si les marchandises circulent en des volumes toujours croissants, flux réels doublés plusieurs fois par des flux financiers, pour l'essentiel purement spéculatifs. Tous les États ou groupes d’États associés trichent plus ou moins, en suivant le plus souvent des clauses légales pour l'OMC, mais en multipliant leur usage au point de fausser l'esprit général, car l'avantage le plus évident consiste à exporter au maximum, profiter de l'ouverture de l'autre, et importer au minimum, en se fermant plus ou moins de facto. On en arrive ainsi au protectionnisme, qui, s'il était pratiqué par tous, ralentirait considérablement le volume des échanges au niveau mondial. Ce ne serait pas en soi un mal, cela éviterait probablement des volumes considérables de gaspillage et de consommation d'énergie pour les transports, et permettrait à chaque État de veiller au mieux à ses intérêts. Les seuls États qui ne peuvent absolument pas se passer du libre-échange sont assez artificiels le plus souvent, ou des micro-États, comme Singapour, Monaco, les nombreuses îles-États des Caraïbes ou du Pacifique... Les plus grands États, comme dans une certaine mesure les États-Unis ou le Japon, très nettement la Chine ou l'Inde, entendent imposer un libre-échange effectif aux autres Nations, tout en protégeant souvent leurs propres marchés, particulièrement ceux réputés stratégiques - du textile indien aux terres rares chinoises -. L'OMC a désigné quelques boucs-émissaires, jugés à la fois significatifs et pas assez puissants à l'échelle mondiale : le plus célèbre est l'ensemble de mesures protectionnistes de l'industrie nationale adoptée en Argentine par la présidente néopéroniste Kirchner, à la politique économique souvent discutable, à la politique sociétale détestable, mais sur ce point précis elle a raison.
    Il existe un vaste ensemble politique qui applique honnêtement les règles de l'OMC, seul au monde, ce qui aboutit donc à un désastre - puisque tous trichent sauf lui -, l'Union Européenne. Pour défendre, en principe, les intérêts de l'Union, à défaut des États constituants qui ont renoncé par les traités successifs à toute politique autonome, il existe un quasi-gouvernement de fait, la Commission Européenne : or, elle a pour habitude de sacrifier systématiquement les intérêts européens, en œuvrant en particulier à la destruction de tout le secteur productif - agricole et industriel -, rêvant d'une mythique économie dématérialisée, ne polluant pour le coup plus du tout faute de production ; l'homme n'étant pas pur esprit, on perçoit immédiatement l'absurdité de la chose. Les négociateurs officiels de l'OMC ou des Nations étrangères, en particulier les États-uniens ou les Chinois, sont d'ailleurs surpris de ce bradage systématique alors qu'ils sont entraînés pour des conflits commerciaux durs. En ce moment, la Commission est en train de céder sur toutes les barrières invoquées jusque-là pour des raisons sanitaires, le plus souvent valables, au sujet des importations alimentaires américaines - bœuf aux hormones, poulet au chlore, maïs-OGM -, et ne se montre en apparence ferme que sur un détail face à la totalité de nos marchés envahis, celui des panneaux solaires, dont ceux importés de Chine ont tué leurs concurrents européens par un clair dumping - vente à perte pour éliminer la concurrence, procédé évidemment interdit -. L’euro, qui se situe à un niveau trop élevé, ou les règlements coûteux ajoutés - comme les fameuses « taxes carbones » que seules ou quasiment les entreprises européennes paient -, ajoutent aux handicaps. Il reste, il est vrai, dans certains secteurs, comme le textile, le coût de la main d'œuvre et des charges sociales ; mais il ne faut pas considérer les travailleurs européens trop payés ou l'assurance sociale pour les autochtones trop généreuse, il faut d'autant plus protéger l'économie par des barrières douanières au nom de « normes sociales et environnementales », paradoxalement en théorie admissibles par l'idéologie dominante. Or, les pays d'Europe du Sud, du Portugal à la Grèce, en passant par l'Espagne et l'Italie, organisent l'effondrement du niveau des salaires pour retrouver en compétitivité : ce n'est qu'un cercle vicieux qui accroît la pauvreté générale et n'atteindra jamais en bas le niveau de misère humaine de bien des pays d'Asie ou d'Afrique. Le prétendu modèle allemand n'en est pas un : il se caractérise par 7 millions de travailleurs très précaires, gagnant quelques centaines d'euros par mois, une croissance en 2013 à moins de 1 %, donc tout sauf une réussite à imiter, même si la structure économique ultra-rhénane comprend des éléments plus sains qu'en France, dont une base industrielle spécialisée dans le haut de gamme largement préservée.
    Bruxelles veut 100 À 200 millions d'immigrés en plus d'ici 2050 en Europe !
    La Commission Européenne pousse aussi à un immigrationnisme forcené, souhaitant, d'accord avec les conseils des "experts" de l'ONU, l'entrée de dizaines de millions d'allochtones sur le territoire de l'Union pour les décennies à venir, dans ses idéaux de 100 à 200 millions d'ici 2050, dont 10% pour la France... Le pire est que sur ce point, l'objectif de la Commission risquerait d'être atteint. Le tout en plein accord d'ailleurs avec le Parlement européen, hémicycle de névrosés dans leur monde à eux, persuadés de représenter une Nation européenne imaginaire. La France devrait vraiment quitter d'urgence ce syndicat de destruction du Vieux Continent qu'est l'Union Européenne. À ce degré de folie collective à Bruxelles, cette obstination sur des décennies, il y a lieu de croire que les actions sont délibérées, bien au-delà de l'incompétence de telle ou telle équipe ; on observe nettement la volonté de réaliser une utopie maçonnique, et cela malgré l'échec total évident.
    La mondialisation détruit donc l'économie de l'Union Européenne. Toutefois les autres États en profiteraient-ils vraiment, c'est-à-dire avec un total d'avantages clairement supérieur aux inconvénients ? Il est probable que non, comme en témoignent les très récentes fluctuations, monétaires d'importance, avec des conséquences sur les entreprises et consommateurs des pays concernés. En cet été 2013, la Réserve Fédérale Américaine, la Banque Centrale des seuls États-Unis, a envisagé de remonter de manière significative les taux d'intérêt aux États-Unis, extrêmement bas, sinon négatifs en termes réels depuis de nombreuses années. Constatons qu'il ne s'agit que d'une possibilité, pas d'un programme certain, et d'une ampleur impossible a fortiori à chiffrer, même s'il y a lieu de croire en fait la hausse éventuelle prudente, progressive et modérée - suivant la tradition désormais établie de la Réserve Fédérale -. Or, les conséquences ont été très importantes de par le monde : les monnaies de pays très significatifs, comme l'Inde ou le Brésil s'effondrent - plus de 30 % pour la roupie de la Nouvelle-Delhi -, suivies par celle de la plupart des pays dits "émergents". Il en résulte une perturbation immédiate des marchés locaux avec une hausse importante des prix des produits importés - répercutant, voire davantage, les variations des changes -, en particulier des carburants importés, subie par les consommateurs locaux ; le phénomène toujours pénible, peut en outre devenir dramatique à l'occasion, pour la nourriture, ou des médicaments par exemple ; à terme, la baisse de la valeur internationale de la monnaie favorise certes les entreprises nationales, avec un temps nécessaire de réaction, contrairement à la hausse des prix, immédiate. Surtout, l'instabilité structurelle perturbe gravement les acteurs économiques : la fameuse remontée des taux américains peut être non significative, et les parités monétaires atteintes se stabiliser, repartir en sens inverse, ou en cas de remontée significative, continuer dans le sens de la réévaluation du dollar, par ailleurs trop faible face aux autres grandes monnaies de référence, dont l'euro, depuis deux décennies.
    Face à ces perturbations connues, depuis des années, en prétendant les corriger ou les annuler, se développe l'idéologie mondialiste : elle soutient la nécessité d'une direction centralisée de la mondialisation, pour un contrôle contraignant par institutions existantes, autour de l’ONU, comme dans les années 1920-30 son précurseur direct la SDN, et ses multiples organisations-satellites, dont l’UNESCO, qui prétend promouvoir une culture mondialisée, siégeant à Paris, ou l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé, qui organisent le militantisme dans cette direction. Les institutions économiques internationales, l'OMC, la Banque Mondiale, le FMI (Fonds Monétaire International), aux prêts léonins, devraient contribuer à une croissance et un développement économique mondiaux harmonieux. Il faut constater l'échec. Ce mondialisme entend s'accompagner d'un bras armé. Il en est de deux types. Le premier type, pour les conflits de basse intensité, est composé des « casques bleus », avec des contributions théoriques des armées de tous les États membres de FONU, en pratique surtout des pays les plus pauvres disposant d'armées relativement importantes et professionnelles, qui se spécialisent comme mercenaires de la prétendue communauté internationale, comme les Iles Fidji, le Népal, le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, le Nigeria. Le second type pour des conflits de haute intensité correspond au recours au « gendarme dû monde », les États-Unis. Le sommet de popularité, toujours relatif, de cette théorie du recours à la guerre pour le bien supérieur du monde et de toutes les populations, y compris du pays visé, avait eu lieu il y a dix ans avec l'invasion de l'Irak, qui aurait été suivie de celles de l'Iran et de la Syrie, annulées pour cause de désastre en Irak. Elle s'appuie sur le point de vue optimiste de l'homme universel de la philosophie des droits de l'homme du XVIIIe siècle, d'essence maçonnique, qui serait universellement semblable, aux aspirations identiques. Or, ce n'est pas le cas : le monde arabo-musulman en particulier raisonne encore aujourd'hui de manière différente des libéraux occidentaux ; il aspire à un gouvernement "moral", selon les critères de l'Arabie du VIIe siècle, avec une infinité de nuances très significatives, beaucoup d'hypocrisie, mais s'oppose certainement à l'hédonisme occidental, repoussoir absolu. Ce qu'il y a d'universel, en l'homme, ce sont ses vices, et l'on trouve certainement des corrompus dans le monde entier, du Maroc à la Chine ou au Brésil. Par contre, une diffusion de ces règles onusiennes s'accomplit malgré des résistances passées ou présentes dans l'Amérique latine, partiellement dans le Sud-Est asiatique, avec un très fort mélange des cultures locales en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande, désormais en Birmanie aussi.
    Scipion de Salm. RIVAROL 5 septembre 2013