L'attentat meurtrier contre le musée juif de Bruxelles, commis le 24 mai, aurait dû réveiller tous les Européens qui se croient à l'abri. Car les assassins se réclamant de la guerre sainte sont tous revenus armés, qui de Bosnie, qui d'Afghanistan, qui de Tchétchénie, qui de Libye et maintenant de Syrie. Dès les premiers attentats de ce type, aveugles, criminels, sanglants, commis sur le territoire français en 1993 par Kelkal et ses séides, notre pays faisait les frais d'une guerre civile algérienne après avoir essuyé auparavant les retombées de celle du Liban.
Deux points communs à toutes ces guerres : elles ont été déclenchées par les islamistes ; et nos médiats nous les ont présentées pour autre chose, pour les justes luttes de peuples en quête de libertés.
Aujourd'hui, on évalue à 700 le nombre de ressortissants français engagés aux côtés des pires islamistes, ceux d'Al-Nosra filiale locale d'al-Qaïda, en Syrie. Les uns issus de l'immigration, les autres convertis, tous fanatiques, on les sait techniquement préparés et psychologiquement mûrs pour endeuiller gravement le pays qui les a nourris et, plus ou moins bien, éduqués.
En considération de cette menace grandissante et bien visible, que font nos politiques en profondeur ? Pas grand chose de positif. Il fallait donc toute la candeur de Frédéric Péchenard interrogé lundi sur France Inter par Clara Dupont-Monod (1)⇓ pour laisser entendre que tout va bien chez nous.
Pour tous les auditeurs, ces circonstances dramatiques et les actes criminels d'un Mehdi Nemmouche exigeaient, sans doute, qu'on donne au grand public, non seulement des réponses se voulant rassurantes, théoriquement satisfaisantes, sur le papier, au plan technique et juridique, ... mais aussi quant à la volonté des pouvoirs publics de lutter de façon concrète contre le terrorisme.
Curieusement, la radio d'État passait à côté de la carrière de M. Péchenard. On nous rappelait benoîtement qu'il avait exercé les fonctions de Directeur général de la police nationale entre 2007 et 2012. On ne s'attarda pas au fait qu'il avait été débarqué de son poste dès juin 2012. Le ministre de l'Intérieur d'alors, fraîchement nommé, l'avait transféré à la Sécurité routière. Le même Manuel Valls semble aujourd'hui Premier ministre. On ne disposait pas des trois secondes nécessaires pour indiquer à l'antenne que ce brillant haut fonctionnaire interrogé, siège aujourd'hui en qualité de responsable de la sécurité dans le groupe UMP du conseil de Paris.
Autrement dit, il ne s'agit pas d'un représentant de l'actuelle majorité présidentielle et parlementaire.
On aurait donc pu s'attendre à une critique sévère de l'action gouvernementale. Or, pour cet élu UMP du 17e arrondissement, pour ce spécialiste, tout va bien ou presque. Nos services de police et de renseignement, arme essentielle dans la lutte contre le terrorisme, fonctionnent à merveille. La preuve, selon lui : "de 1996 à 2002, pas un seul mort n'a été infligé sur le territoire français."
Le ton d'emphase sur lequel notre policier technocrate énonce ce fait, légèrement périmé, vise à l'intimidation. Son interlocutrice ne se laisse pas démonter. L'affaire Merah et les morts de 2012 ? Péripétie sans doute. On n'ose écrire : "point de détail".
Il aurait pu remarquer que Nemmouche, cet homme de 29 ans, né dans le département du Nord donc ressortissant français, ayant été incarcéré quatre fois, sorti de prison en décembre 2012 s'était rendu en Syrie en passant par divers pays hors-Schengen (Grande- Bretagne, Turquie, Liban). Il revient par un itinéraire Malaisie, Singapour, Bangkok. À son retour en 2014, il n'est contrôlé qu'en Allemagne, où les services de police n'avaient pas été suffisamment alertés de sa dangerosité.
Mais, nous assure-t-on, cela fonctionne très bien. Il suffit, il aurait suffi de "taper" son nom (Nemmouche) et son prénom (Mehdi) sur un fichier. Il y figurait. On ne l'a pas fait. Dommage, n'est-ce pas ?
Quand, par un miracle dont il faut se féliciter, on arrête le tueur de Bruxelles, c'est à Marseille, dans un car en provenance d'Amsterdam, au cours d'un contrôle de routine, occasionné par tout autre chose. Les douaniers cherchaient de la drogue : ils ont trouvé une kalachnikov AK-47, avec 261 cartouches, un revolver calibre 38 spécial avec 37 cartouches, une cagoule, des gants noirs et une caméra go-pro : le parfait équipement d'un humaniste au service d'une religion de tolérance et d'amour.
Notre conseiller parisien élu par la droite ne se laisse pas démonter quand on lui demande si l'affaire Merah de mars 2012 n'a servi à rien. Si : nous nous trouverions désormais en présence de "loups solitaires". Appuis logistiques, soutiens familiaux, encadrement assuré par la prison. Tout cela ne permet pas les investigations, les infiltrations, les surveillances.
L'islamisme apparaît pourtant comme un mélange explosif de ressentiment dirigé contre l'occident, et de causes successivement encensées par les dirigeants de nos pays. Cela commence dès l'école monopoliste de la République qui enseigne, aux populations issues de l'immigration, la haine de cette France où elles sont venues volontairement. Tout le monde sait que cela se propage en prison, sous couvert de la prédication de ce que M. Péchenard appelle "la religion", la seule sans doute puisqu'apparue la dernière, "sceau de la prophétie" disent les mahométans. Eh bien par deux fois, sur la même radio d'État, M. Pierre Botton, défenseur du projet Taubira, est venu, le 2 et le 3 juin, car la répétition est la meilleure arme des propagandistes, nous expliquer qu'il manquait encore 186 imams dans nos centres de détention. Pas un de plus pas un de moins. C'est précis. Monsieur Hollande n'aime pas décider par lui-même. Il n'a plus qu'à signer.
JG Malliarakis
Apostilles
- Le 2 juin à 7 h 50.
http://www.insolent.fr/2014/06/face-au-terrorisme-les-voeux-pieux-ne-suffisent-pas.html