La crise, l’euro, l’Europe… Tous ces concepts sont la cible depuis plusieurs mois – l’origine en étant pour partie la déroute budgétaire de la Grèce – de communications, d’analyses, de pronostics et de plaidoiries favorables ou de réquisitoires parfois violents lancés pour ou contre les institutions en place.
Face à cette profusion d’articles et d’émissions de radio ou de télévision, il est difficile de se faire une opinion si l’on n’est pas soi-même initié, d’autant qu’une connotation idéologique sournoise accompagne le plus souvent les théories présentées.
Polémia, au risque de paraître incohérente mais dans son souci d’apporter à ses lecteurs des outils de réflexion et d’analyse qui peuvent néanmoins paraître contradictoires, a déjà publié plusieurs articles (*), les uns doctrinaires, d’autres pragmatiques, émanant d’économistes ou d’observateurs politiques français ou étrangers. Aujourd’hui, poursuivant sa quète d’informations, Polémia présente un nouvel exposé dont l’auteur, semble-t-il, envisage le pire. Qu’en sera-t-il ?
Polémia
L'effondrement annoncé de l'Europe
Il y a vingt ans le bloc soviétique s’effondrait, non pas sous le coup d’une attaque militaire des capitalistes-impérialistes, mais sous le poids de ses propres contradictions économiques, comme eût dit Karl Marx lui-même.
Cette dislocation, inévitable au bout de deux ou trois générations, n’avait été prévue par personne, sauf par une poignée d’économistes imperturbables qui accordaient foi aux lois du marché libre.
Aujourd'hui, les mêmes lois permettent d’annoncer l’effondrement de l’Europe, la crise de l’euro en étant le signe avant-coureur.
Les marchés
On reproche souvent aux marchés leur courte vue, leur « vision short-termiste », pour employer le jargon boursier. C’est bien mal connaître ce qu’est un prix de marché, fût-il spéculatif - surtout s’il est spéculatif. Un prix, sur un marché libre, concentre en lui toutes les informations disponibles non seulement sur le présent, mais aussi sur le passé et l’avenir. En d’autres termes, moins sophistiqués, on dira que ceux qui ont de l’argent, les « riches », qu’ils soient de bons ou de mauvais riches, se soucient d’un avenir beaucoup plus lointain que ne le font des politiques, inquiets de leur prochaine réélection. Le célèbre « mur de l’argent » est un mur où s’écrit l’avenir - comme celui de Balthazar (Daniel, 5, 25) !
Or, aujourd'hui, les marchés anticipent, non pas seulement les conséquences désastreuses au jour le jour des remèdes censés hâter la fin de la crise financière démarrée aux Etats-Unis il y a déjà deux ans, mais aussi et surtout l’incapacité de l’Europe à affronter le marché mondial, handicapée qu’elle se trouve par le fardeau des dettes publiques qui ont fait un énorme bond en avant grâce aux remèdes susdits.
L'auto-destruction d'un Etat-Providence
Les « affreux spéculateurs » ont aussi mis dans leurs programmes d’ordinateurs les dettes générées par le système de retraite par répartition, dettes de plus en plus énormes et de moins en moins financées à mesure que la réforme du système est repoussée ou ratée. L’auto-destruction d’un Etat-Providence engendrant moins d’enfants et plus de chômeurs, moins d’épargne et plus d’impôts, est aussi prévisible au bout de deux ou trois générations que le fut la faillite du système soviétique, et si les politiques le nient ou le dénient, les marchés, eux, le savent fort bien et en tiennent compte.
A vrai dire, les politiques ont conscience de cette (d)échéance prochaine. Si le président de la République française se précipite au chevet de la Grèce, s’il pousse à l’instauration d’une improbable gouvernance économique européenne, si en même temps il se hâte de faire aboutir l’ultime réforme des retraites, quel qu’en soit le prix électoral, c’est pour tenter de prévenir une dégradation humiliante de la note de la France sur les marchés financiers, qui se traduirait par un alourdissement supplémentaire de la dette et une claque énorme sur le plan politique, et personnel. Combat d’arrière-garde, le dos au mur, c’est bien le cas de le dire. A moins d’un miracle sur le « front social » (retraites, marché du travail, assurance-maladie) que rien ne permet d’attendre, ou à moins qu’on ne casse le thermomètre des agences de notation, la dégradation de l'Etat français est inéluctable puisque la dette publique actuelle n’est tout simplement pas soutenable.
Ce qui vaut ici de la France peut être dit pour la plupart des Etats européens, embourbés dans les mêmes ornières.
Les grands événements historiques conjuguent le plus souvent le hasard et la nécessité : une étincelle met le feu au baril de poudre. L’étincelle, ce fut l’affaire américaine des subprime (encore un fruit de l'Etat-Providence). Le baril, ce sont des déficits publics accumulés pendant trente ans. L’explosion, nous la vivons en ce moment même, plaçant pour un long temps l’Europe aux anciens parapets hors de la compétition mondiale.
Philippe Simonnot, 24/05/2010
Philippe Simonnot est directeur de l'Atelier de l'économie contemporaine et Directeur du séminaire monétaire de l'Institut Turgot.
(*) NDLR : on peut trouver ces articles sous les rubriques Economie et Europe du site Polémia
les puissances moyennes, le chantage à la démission et les maladies diplomatiques (c'est de là que vient l'expression). Ainsi fut conclu le traité de Paris du 20 novembre 1815. Les concessions arrachées par Richelieu limitaient les dégâts : la France conservait ses places fortes dans les Flandres et dans les Ardennes, évitait l’occupation de Strasbourg et gardait les Antilles ; au total elle ne perdait que 1% de son sol et 1,5% de sa population ; l’indemnité de guerre, ramenée à 700 millions de francs (les Alliés réclamaient initialement un milliard et demi, soit environ 12 milliard de nos euros), s’étalerait sur cinq ans. Enfin, l’occupation militaire se réduisait à trois ans si les Alliés constataient que le comportement de la France l’autorisait : des conditions sévères mais inespérées.
France, en proie à d’extrêmes désordres et, dans certaines régions, sur le fil de la guerre civile. La Terreur blanche, principalement dans l’Ouest et le Midi, s’attaquait aux bonapartistes, aux protestants et aux républicains. Richelieu reprit fermement l'administration en mains et décréta que l’épuration se limiterait aux têtes : réconciliation et rassemblement, tels étaient les deux mots d'ordre. Le général de Gaulle saurait s'en inspirer en 1944....
garantissant la paix en Europe. Alexandre se rallia le premier à la thèse de Richelieu. Les autres puissances le suivirent. « La sainte Alliance » était ainsi élargie le 15 novembre par l’accord d’Aix-la-Chapelle. La France était redevenue une grande puissance, libre, indépendante et respectée, parlant d'égale à égale avec l'Angleterre, l'Autriche ou la Russie. Trois ans seulement après Waterloo…
France en profondeur et lui laisser un testament. Du 4 janvier au 2 décembre 1819, il effectua donc un tour complet et minutieux de l'hexagone au cours duquel il se livra à de nombreuses considérations politiques. Curieux périple que ce voyage qui ressemblait à une campagne électorale, menée par un homme qui n’était candidat à rien. À Bordeaux, il prononça un discours en faveur du libre-échange. À Marseille, il traita d'éducation. À Lyon, il préconisa une baisse des impôts pour une expansion économique durable. Dans les Landes, il conseilla la plantation de pins, afin de fixer les dunes (comme on le sait, il serait écouté au delà de toutes prévisions). À Nice, il suggéra aux gouvernants de ne jamais humilier les citoyens. Aux Tuileries, cette liberté de propos étonnait et dérangeait : on ne serait pas fâché que le duc redevienne rapidement russe.

Olivier Perceval, membre du comité directeur de l’Action française, rappelle le silence politique quand l’EI torturait et tuait

