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  • L’autre Europe : un entretien sur l’Intermarium (entretien avec Tomasz Szczepanski)

    Tomasz Szczepanski (anme le blogue Barnim Regalica) est né en 1964 à Szczecin (Pologne). Il est historien (doctorat en Lettres), écrivain, essayiste, et activiste et le défenseur du Zadruga(nationalisme païen polonais) et de la foi slave indigène.

    Il a été un activiste anti-communiste depuis 1984, un membre du Parti socialiste polonaisillégal, et membre de la Confédération de la Pologne indépendante depuis 1987. De 1987 à  1989, il a dirigé le bulletin clandestin Intermarium.

    Après l’effondrement du communisme il devint un opposant de l’establishment démocratico-libéral. Il a été un organisateur et a participé à de nombreuses manifestations patriotiques et nationalistes, anticommunistes et anti-Système. Il a enseigné l’histoire pendant onze ans et est actuellement employé du Musée de l’Armée Polonaise à Varsovie.

    Tomasz Szczepanski a défendu l’idée de l’Intermarium et a travaillé pour sa réalisation depuis les années 1980. Il est le fondateur et le dirigeant de l’Association pour la Tradition et la  Culture « Niklot » (active depuis 1998) et du trimestriel métapolitique Tryglaw.

    Jaroslaw Ostrogniew : Quels sont les fondements théoriques et les origines du projetIntermarium ?

    Tomasz Szczepanski : Le fondement du projet Intermarium est le but de créer en Europe de l’Est (ou Europe du Centre-Est), comprise comme la région entre la Russie et l’Allemagne, un pôle de puissance capable de contrebalancer la puissance de ces deux voisins. Le but de créer un tel pôle est de sécuriser la région contre les tentatives impériales de la Russie et de l’Allemagne et de créer les conditions pour un libre développement des nations de la région.

    Les pays de la région sont souvent divisés en deux sous-régions, les montagnes des Carpates étant la ligne-frontière : l’Intermarium Baltique – Mer Noire (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Biélorussie, Ukraine) proprement dite, et le segment Danube – Balkans. Les deux sous-régions sont collectivement appelées la « Région ABC » d’après les noms Adriatique, Baltique, et Mer Noire (Czarne dans les langues slaves).

    En plus des facteurs géographique, économique et culturel, l’élément fondamental créant l’unité dans la région est le fait que celle-ci a été et est toujours un objet d’expansion constante de la part de la Russie et de l’Allemagne, et historiquement aussi de la Suède et de la Turquie. Et les élites politiques – et probablement de grandes parties, ou même la grande majorité – des nations russe et allemande voient l’expansion dans cette région comme légitime, et la preuve est donnée par leurs doctrines géopolitiques : « Mitteleuropa », « Lebensraum », la « doctrine Brejnev », et l’« étranger proche ».

    Les tentatives pour réaliser le projet Intermarium après 1918 furent liées à deux vagues de démocratisation en Europe centrale (1918 – 1921 et 1989 – 1991), d’où l’association commune de ce concept avec l’idée d’exporter le modèle de l’État démocratique à l’Est. Ce n’est pas [assez] précis. Cela s’est passé de cette manière, mais cela ne doit pas forcément se passer de cette manière, puisque le but du projet Intermarium est l’indépendance, et que la démocratie est une question secondaire. Nous pouvons imaginer, par exemple, qu’un candidat démocratique opposé à Alexandre Loukachenko en Biélorussie pourrait être simultanément un agent pro-Moscou, et dans ce cas, les partisans de l’Intermariumsoutiendraient Loukachenko comme le candidat assurant – dans son propre intérêt – la séparation de la Biélorussie d’avec la Russie.

    L’Intermarium devrait aussi être considéré comme une expression politique de la différence culturelle de l’Europe centrale (de l’Est) vis-à-vis de ses deux voisins. Bien que politiquement ce soit un projet s’opposant à l’impérialisme principalement russe, culturellement c’est plutôt un projet anti-occidentaliste.

    Je ne suis pas d’accord avec la thèse selon laquelle cette région serait une transition entre l’Est (l’Eurasie) et l’Ouest, puisque cette perspective considère que le principal trait de la région est simplement l’« atténuation » des traits occidentaux. Donc la singularité de l’Intermarium serait constituée seulement par l’absence de traits propres. Penchons-nous sur ce qui est culturellement unique dans cette région. Premièrement, il existe un puissant élément agrarien dans les cultures nationales de la région. Presque toutes ces nations ont reconstruit leurs élites après une longue période de temps sur la base de la paysannerie, ou dans le cas des Polonais et des Hongrois, et partiellement des Roumains, leurs élites sont formées d’une noblesse liée à la culture rurale. Cependant, dans toutes ces nations, la bourgeoisie locale était faible, étant formée principalement d’éléments ethniquement étrangers. Donc, sauf pour les Tchèques, les traits culturels bourgeois sont très faibles dans les nations de cette région.

    Deuxièmement, c’est l’Europe slave. Les exemples des pays baltes, de la Hongrie et de la Roumanie ne s’opposent à ce fait qu’en apparence. Leur forte connexion avec les cultures slaves, ainsi que l’absorption d’éléments slaves par les ethnos hongrois et roumain au cours de leur développement, sont bien connues.

    Troisièmement, pendant le XXe siècle, tous les pays de la région furent soumis au communisme – l’expérience sociale la plus destructrice connue dans l’histoire humaine – et cela a unifié l’expérience sociale de ces nations, permettant une compréhension commune entre elles.

    Et finalement, le concept de nation compris dans les catégories ethniques (anthropologiques) domine toute la région, contrairement à l’Europe occidentale, où le simple nationalisme civique est plus commun. Un membre de la nation est une personne qui est reliée à la nation par l’origine, la langue, et la culture commune (souvent aussi par la religion); la citoyenneté joue un rôle beaucoup plus mineur.

    Jaroslaw Ostrogniew : Comment l’idée d’Intermarium s’est-elle développée en Pologne et en Europe ?

    Tomasz Szczepanski : Bien qu’il y eut des précédents historiques, le projet Intermarium fut introduit pour la première fois comme une partie de l’idéologie de l’État polonais par le chef d’État Jozef Pilsudski en 1918 – 1922.

    Il est communément identifié au fédéralisme polonais, ce qui n’est pas complètement exact. Le fédéralisme polonais visait à créer un État fédéral commun avec tous les pays du Commonwealth polono-lituanien, et l’idée d’Intermarium vise à créer une alliance d’États indépendants.

    Le traité de paix de Riga entre la Seconde République polonaise et l’URSS en 1921 signifiait la reconnaissance de l’impossibilité politique de ce concept – pas un abandon complet, puisqu’il demeura dans la pensée politique et dans les pratiques semi-non-officielles de certaines institutions de la Seconde République polonaise. L’armée polonaise, durant les préparatifs pour une guerre contre l’URSS, créa les dénommés « officiers par contrat » : c’étaient des militaires venant des nations conquises par l’URSS, qui n’étaient pas des citoyens polonais, mais qui servaient sous termes d’un contrat. Il était prévu qu’en cas de guerre contre l’URSS, les soldats de l’Armée Rouge qui seraient prêts à combattre contre le bolchevisme contacteraient des unités de l’armée polonaise. Le commandement d’unités de l’armée formées de tels soldats (qui pourraient former le noyau de futures armées alliées) serait confié à ces officiers par contrat. Du fait de leur nationalité et de leur non-citoyenneté polonaise, ils seraient considérés comme plus crédibles. Des périodiques d’émigrés venant d’URSS furent aussi soutenus, non seulement pour les nations de l’Intermarium, mais aussi pour les peuples du Caucase, de l’Oural, et même pour les Kalmouks. Bien sûr, les services de renseignement polonais coopéraient avec les organisations indépendantistes parmi ces nations.

    Le concept d’Intermarium fut repris par la jeune génération des conservateurs polonais pendant la période de l’Entre-deux-guerres. Nous associons souvent l’idée d’Intermarium au camp politique de Pilsudski, et bien que cette association soit vraie, il faut remarquer que le camp politique nationaliste polonais a aussi adopté ce concept, avec l’une des versions élaborées par Adam Doboszynski. 

    Cependant, il faut souligner que jusqu’en 1939, l’Intermarium fut marginal par rapport au courant politique polonais majoritaire, qui visait plutôt à défendre le statu quo de Versailles. Après le début de la Seconde Guerre mondiale, cependant, divers concepts d’une fédération d’Europe centrale eurent de nombreux partisans influents parmi les émigrés polonais.

    Le projet a été réanimé dans la pensée politique en Pologne avec la fondation de la Confédération de la Pologne indépendante (Konfederacja Polski Niepodleglej – KPN, le premier parti politique d’opposition depuis l’interdiction du Parti du peuple polonais en 1947 par les communistes). Le KPN revint au mouvement pro-indépendance de Pilsudski, donc il ne pouvait pas rester indifférent à sa pensée géopolitique. Après 1980, quand l’effondrement de l’URSS et du « camp socialiste » dans son ensemble apparut de plus en plus inévitable, certains des autres milieux d’opposition commencèrent à parler plus ou moins ouvertement du projet Intermarium. Il faut néanmoins souligner que ce programme ne fut adopté que par une minorité de l’opposition. 

    En juillet 1994, une Ligue des partis des pays de l’Intermarium fut proclamée à Kiev. La Ligue était composée de partis pro-indépendance de six pays (Biélorussie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Pologne, et Ukraine). La Confédération de la Pologne indépendante, le Mouvement de la Troisième République, et le petit Parti républicain polonais – Troisième Pouvoir représentaient la Pologne dans la Ligue. Des congrès de la Ligue eurent lieu en 1995 (Jaroslaw nad Sanem, Pologne), 1996 (Minsk, Biélorussie) et 1997 (Kiev, Ukraine). Il y eut aussi une tentative de créer un bulletin commun, dont deux numéros furent publiés. Cette initiative se termina à la fin des années 1990, en résultat des changements politiques dans les pays impliqués – incluant la marginalisation des principaux défenseurs du projet.

    Il faut remarquer que certaines initiatives sociales non-politiques, en abordant les questions de l’Europe Centrale, se sont référées à cette idée. Ces initiatives échouèrent généralement après quelques années, à cause de l’absence d’un soutien de l’État et de l’incapacité à trouver d’autres sponsors.

    Bien que l’idée d’Intermarium ait été promue par des milieux qui n’ont jamais exercé un véritable pouvoir d’État, il faut néanmoins souligner que certaines des politiques officielles de la Troisième République polonaise (en 1989 – 2004) peuvent être considérées comme des références plus ou moins directes à cette idée. Je considère l’Initiative centre-européenne (Hexagonale) et l’Accord de libre échange centre-européencomme des exemples de cela. Le Groupe de Visegrad en est aussi un exemple dans une moindre mesure – principalement du fait de son potentiel limité et du but déclaré du groupe, qui est le soutien des pays du groupe sur le chemin de l’adhésion à l’Union européenne, donc la coopération de facto à liquider la souveraineté de la région. Cependant, la politique polonaise après l’effondrement du communisme visait essentiellement à intégrer les principales structures du monde occidental, c’est-à-dire l’OTAN et l’Union européenne. Toutes les alternatives à ce but – et l’Intermarium est une telle alternative, particulièrement vis-à-vis de l’Union européenne – furent fondamentalement rejetées par l’establishment. Si certains éléments du projet furent utilisés, ce fut plutôt comme un moyen de réaliser l’idée d’occidentalisation de l’Europe centrale et orientale. Après l’entrée de la Troisième République polonaise dans l’Union européenne, des éléments du programme de l’Intermarium apparurent dans la politique du président Lech Kaczynski. 

    Cependant, la réalisation du projet Intermarium semble toujours être la manière la plus efficace d’assurer l’indépendance de la Pologne.

    Jaroslaw Ostrogniew : Quelles possibilités et quels obstacles à la réalisation du projetIntermarium voyez-vous ?

    Tomasz Szczepanski : L’entrée de la plupart des pays de la région dans l’Union européenne a fondamentalement défait la possibilité de réaliser ce projet dans le futur concevable. Bien que nous devons nous souvenir que cela n’interdit pas la création d’un bloc régional à l’intérieur de l’Union; il existe encore des cadres institutionnels permettant une coopération dans l’esprit de l’Intermarium, créés avant l’entrée dans l’UE, comme le Groupe de Visegrad, qui peut être rempli d’un nouveau contenu dans une nouvelle configuration politique.

    La discussion de l’idée d’Intermarium prend son sens, particulièrement si nous supposons l’effondrement du projet de super-État européen.

    Les principaux adversaires de la réalisation du projet Intermarium sont les impérialistes russes et allemands, ainsi que les partisans du super-État européen.

    Pourquoi les impérialistes russes ? C’est évident et n’a pas besoin d’un développement détaillé. Cependant, nous devons noter qu’en dépit des succès évidents de Vladimir Poutine dans la maîtrise des troubles intérieurs et dans les relations internationales, la tendance démographique systématique à une population russe décroissante n’a pas changé. En prenant en considération la Chine voisine et la présence déjà existante non seulement de capitaux chinois mais aussi de quelques millions de Chinois en Sibérie (avec une tendance à s’accroître en nombre), la perte d’une partie de la Sibérie en faveur de la Chine, sous une forme ou une autre, semble très probable en l’espace d’une génération. Finalement, l’économie russe, principalement basée sur les ressources naturelles, est dépendantes des prix internationaux de ces matières premières.

    De plus, après l’abandon du communisme, la Russie n’a pas trouvé de fondement idéologique alternatif pour la reconstruction de l’empire. En dépit du soutien officiel, le christianisme orthodoxe n’est pas sorti de la crise du postcommunisme. L’eurasisme pourrait être un tel fondement, mais cela signifierait la rupture avec les espoirs d’une partie de l’élite russe en faveur de l’occidentalisation de la Russie.

    Que l’Intermarium est obsolète du point de vue de la politique allemande, c’est aussi un point qui ne demande probablement pas beaucoup de développement. Regardons la convergence des intérêts allemands et russes, en-dehors d’une certaine complémentarité économique, d’une part une économie développée et consommatrice d’énergie, de l’autre un fournisseur de ressources énergétiques presque inépuisables). Si nous supposons que le but de la politique allemande est la récupération des pertes – incluant les pertes non-matérielles, comme son rang international – que le pays a subi après sa défaite dans la Seconde Guerre mondiale, il est difficile de concevoir la récupération de territoires par l’Allemagne en Europe centrale si la région crée une forte structure politique. Et une telle structure ne serait pas non plus en faveur de la Russie, donc la coopération germano-russe contre les pays de l’Intermarium (particulièrement contre la Pologne en tant que leader potentiel de la région) est complètement naturelle.

    Nous arrivons donc au dernier groupe d’adversaires du projet Intermarium : les partisans de l’Union européenne en tant que super-État. Contrairement aux précédents, ils ne représentent pas les intérêts d’un État ou d’une nation, mais un certain projet idéologique, car l’Union européenne est aussi un projet idéologique. C’est un complot démocratico-libéral, dirigé contre toutes les identités nationales et religieuses fortes, tentant de créer une identité « européenne » en déracinant les identités nationales. Le projetIntermarium doit provoquer l’antipathie dans ces milieux pour au moins deux raisons.

    D’abord, il y a des raisons « culturelles » : les nations habitant la région, du fait de l’expérience commune du communisme, sont plus attachées à leurs identités qui ont si souvent été menacées. Elles ne sont donc pas prêtes à renoncer à ces identités pour un mirage européen, particulièrement lorsqu’elles voient qu’il s’agit souvent d’un instrument cachant des intérêts nationaux des anciens membres de l’UE. Ensuite, les nations de l’Intermarium ont aussi connu l’hégémonie russe. Cela les pousse à coopérer avec les États-Unis, qui – même si les États-Unis inspirent une certaine méfiance – sont cependant appréciés comme un allié possédant non seulement une force réelle mais aussi la volonté de l’utiliser. Et l’UE en tant que projet géopolitique vise à pousser les Américains hors de l’Europe.

    Jaroslaw Ostrogniew : Quelles possibilités voyez-vous de persuader les plus proches voisins de la Pologne de s’impliquer dans la réalisation du projet Intermarium ?

    Tomasz Szczepanski : L’alliance de deux des plus forts pays de la région, la Pologne et l’Ukraine, est l’épine dorsale du concept géopolitique d’Intermarium. Il suffit de jeter un coup d’œil sur une carte et de calculer les potentiels pour connaître les raisons.

    L’Ukraine – ou plutôt une grande partie de l’élite ukrainienne naissant de la tradition anticommuniste – n’a jamais eu besoin d’être fortement persuadée de s’impliquer dans ce projet. Le préjugé contre les Polonais est très faible, puisque l’Ukraine est simplement un grand pays et le restera, même sans la Crimée. Et une nouvelle génération a déjà grandi pour laquelle un État ukrainien indépendant est quelque chose d’évident. De plus, la guerre dans le Donbass a renforcé l’identité ukrainienne (même en Ukraine russophone). Pour le dire simplement : la guerre favorise les définitions claires.

    La Biélorussie – ici, lorsqu’on parle des élites anticommunistes, la situation est similaire, en dépit de craintes plus grandes vis-à-vis du révisionnisme polonais. Le problème est cependant que ces élites sont rares, ce qui est lié à la faiblesse des traditions étatiques biélorusses. De plus, les élites « pro-occidentales » soutenues par le système des subventions ont tendance à soutenir les postulats culturels des sponsors, ce qui n’apportera pas des succès dans la société biélorusse (il y a une certaine analogie avec les actions soi-disant anti-Poutine des Femen, qui ont fait bien plus de bien que de tort à Poutine). Il semble qu’on puisse placer certains espoirs dans l’évolution des élites « loukachenkiennes », qui sont assez désireuses de gouverner leur propre État, pas d’être des fonctionnaires de l’empire moscovite. Cela s’applique bien sûr aussi à Loukachenko lui-même.

    La Lituanie est l’élément le plus difficile du puzzle, parce que les élites lituaniennes ont défini la Pologne et les Polonais comme la pire menace, et la « lituanisation » des Polonais de la région de Vilnius est une exigence de la raison d’État lituanienne. Nous ne pouvons pas consentir à cela, et cela n’a rien à voir avec du révisionnisme polonais. En outre, la participation [de la Lituanie] à l’UE et à l’OTAN lui donne un sentiment de sécurité, ce qui lui rend plus facile de se quereller avec la Pologne.

    Nous partageons sûrement une crainte du révisionnisme allemand avec les Tchèques. La question est : à quel point les élites tchèques se sont-elles réconciliées avec la domination allemande ? Si elles vont encore plus loin, cela équivaudrait presque à consentir à devenir une sorte de nouveau Protectorat de Bohême-Moravie – avec un territoire similaire. Accéder aux demandes de l’Association [allemande] des Sudètes peut conduire à cela. Je ne puis répondre à cette question. Mais la réaction de nos élites sur la question des demandes allemandes envers la République tchèque fut sûrement étroite d’esprit, pour ne pas parler de couardise. Après tout, dans cette question nous sommes dans le même bateau. 

    La question est de savoir si la politique polonaise peut influencer et modérer les relations entre la Hongrie et ses voisins, ce qui est une question-clé pour la paix de la région. Les Hongrois ont le droit de défendre leurs minorités dans d’autres pays, mais il faut dire clairement qu’un coup d’œil sur la carte ethnique montre que la Transylvanie ne peut simplement pas être récupérée par la Hongrie. En tous cas, la Pologne devrait agir d’une manière modératrice autant que nous le pouvons, car les querelles dans notre région seront utilisées par des acteurs externes.

    Il serait même possible d’établir des relations positives entre l’Intermarium et la Russie – mais avec une Russie qui serait reconstruite mentalement, pas seulement politiquement et socialement.

    Ce serait (en faisant certains raccourcis mentaux) la Russie d’un Boris Savinkov ou d’un Alexeï Shiropaïev. À propos, ce dernier devrait être davantage lu en Pologne. Il fait remarquer que personne ne le fait, peut-être à cause de l’opinion de Shiropaïev sur le rôle des Juifs dans l’histoire de la Russie.

    Le problème avec l’impérialisme russe est qu’il ne s’agit pas seulement d’un concept géopolitique, servant des intérêts nationaux et pouvant donc être rejeté si cela ne les sert plus. C’est un effet de la mentalité formée par l’Orthodoxie synthétisée avec la tradition mongole et la bureaucratie allemande : « l’Empire knouto-germanique », comme cela fut jadis brillamment dit par Mikhaïl Bakounine. Si la Russie est la « Troisième Rome » (et c’était la doctrine officielle de l’Orthodoxie moscovite, à laquelle la Russie est en train de revenir), alors elle a même l’obligation d’être un empire. Empêcher cela signifie briser non seulement les fondements physiques (ce qui est actuellement en cours en Russie par sa crise démographique) mais aussi spirituels de l’impérialisme russe. 

    Et c’est pourquoi j’accueille avec une grande affection la renaissance actuelle de la religion slave, qui n’a pas un aspect de « Weltmacht » [= puissance mondiale]. Certains espoirs résident dans la renaissance de la tradition de Novgorod comme modèle alternatif à Moscou pour le développement russe. Mais tous ces courants anti-impériaux de la pensée russe sont marginaux, du moins pour le moment. 

    Cependant, tous les espoirs que ce problème puisse être résolu par la réconciliation officiellement proclamée entre l’Église catholique romaine en Pologne et le Patriarcat de Moscou de l’Église Orthodoxe, qui est l’un des piliers de l’impérialisme, sont à mon avis dépourvus de sens.

    Ajoutons que la solution de la question de Königsberg [Kaliningrad] doit être un certain élément de la normalisation des relations polono-russes. Cette absurdité géopolitique nous menace par sa simple existence, pas seulement pas comme base d’une possible agression. Cela crée aussi un espace pour la coopération russo-allemande, qui est toujours une menace létale pour la Pologne. Personne ne peut garantir que Moscou ne serait pas prêt à la rendre à l’Allemagne, par exemple simplement en la vendant. Nous devons donc chercher une solution pour cet oblast [= région administrative], qui ne sera pas liée à son appartenance à la Russie ou à l’Allemagne. 

    Jaroslaw Ostrogniew : Quelle est votre vision de la possibilité de réaliser le projet Intermariumà la lumière des récents  événements : conflit armé en Ukraine, crise de l’immigration en Europe, ou les récentes élections présidentielles et parlementaires en Pologne ? 

    Tomasz Szczepanski : L’agression russe en Ukraine a prouvé à toutes les parties intéressées la durabilité de l’impérialisme russe, et il importe peu de savoir si les dirigeants à Moscou veulent honnêtement reconstruire l’empire ou s’ils utilisent l’impérialisme seulement comme un instrument de politique intérieure. Car si c’est la seconde explication qui est vraie, cela en dit long sur la société russe elle-même. Sans aucun doute, le parti Droit et Justice et le président Andrzej Duda actuellement au pouvoir sont les mieux préparés à cette récidive impérialiste de Moscou, concernant laquelle ils ont même averti les autres antérieurement. De ce point de vue, les dernières élections en Pologne sont un changement positif.

    Concernant l’Ukraine, la guerre a renforcé l’identité ukrainienne; un ennemi cimente facilement une communauté et définit l’horizon politique, ce que nous savons déjà par Carl Schmitt.

    La guerre a aussi été une cloche d’alarme pour d’autres États de la région postsoviétique, ce qui est également utile.

    Elle a aussi entravé les actions du lobby pro-Moscou dans les pays occidentaux, particulièrement en Allemagne, en Italie et en France, bien que je n’ai pas d’illusions concernant la position de ces pays; ils veulent faire des affaires avec la Russie, et ils sont prêts à vendre notre indépendance pour ces affaires, tout comme Roosevelt et Churchill nous ont vendus à Téhéran et à Yalta. En-dehors de cela, ils devaient faire quelque chose; d’où les sanctions.

    La crise de l’immigration affaiblit l’Europe, mais de notre point de vue c’est une bonne chose, puisque la pression contingente qui peut être mise sur nous – particulièrement par l’Allemagne – sera plus faible. S’il vous plaît souvenez-vous que l’Intermarium est supposé nous sécuriser non seulement contre la Russie mais aussi contre l’Allemagne, et la constitution allemande déclare encore que les frontières légales de l’Allemagne sont celles de 1937. De notre point de vue, c’est une bonne chose que nos ennemis historiques aient des problèmes internes.

    L’annexion de la Crimée a eu un effet secondaire : elle a compliqué les relations entre la Russie et le monde musulman (la question des Tatars de Crimée), et l’engagement russe en Syrie les a compliquées encore plus.

    En Russie : une opposition russe à l’impérialisme a émergé, cette fois de type nationaliste, et non démo-libéral (par exemple : des Russes de la Fédération russe qui sont combattants volontaires dans le camp ukrainien, et je ne parle pas de mercenaires). Bien que les informations là-dessus ne soient pas claires, pour des raisons diverses, concernant le nombre et l’ampleur, c’est néanmoins un phénomène intéressant.

    Je ne veux pas jouer les prophètes ici, mais les succès initiaux de Moscou en Crimée et dans le Donbass (bien que ces derniers soient très limités) pourraient être le début de très graves problèmes.

    • Propos recueillis par Jaroslaw Ostrogniew.

    • D’abord mis en ligne sur Counter-Currents Publishing, le 25 novembre 2015, et repris par Cercle non conforme, le 30 novembre 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • L’État francais, ennemi du peuple français. 1ère partie – par Guillaume Faye

    L’État français, au terme d’une dérive commencée dans les années 70, est devenu une superstructure autonome, plus parasitaire que protectrice. Non seulement cet État ne protège ni ne défend la société et le peuple français –selon le contrat social assigné – mais il semble qu’il vise à les détruire. Au risque d’ailleurs de s’autodétruire… Cet article est décliné en deux parties dont voici la première.

    Métamorphose pathologique de l’État français

    En sociologie politique, l’État est l’incarnation de la fonction souveraine sous forme d’une administration et d’une force publique hiérarchisées et centralisées, dirigées par un monarque, que ce dernier soit élu ou héréditaire. Il détient (Carl Schmitt) le monopole de la force, sous la forme du triple droit : de vie et de mort (armée, police, éventuellement peine judiciaire d’exécution capitale), d’incarcération et de contrainte physique et de contrainte fiscale. En contrepartie, il doit servir la Cité et le peuple (Platon) et non point se servir lui-même.

    Si le concept politico-philosophique d’État est apparu au XVIIe siècle en Europe, la ”chose État” existait dès les Cités grecques antiques, mais aussi sous les anciennes monarchies de la Chine, du Japon et de l’Inde. Sans oublier l’État pharaonique, l’État perse, les Royaumes juifs, etc. L’Empire romain puis l’Empire ottoman ont développé des structures étatiques très élaborées et de grande échelle, appuyées sur de puissantes administrations (surtout fiscales) et des armées centralisées. En France – en Gaule, pourrait-on dire – l’État a disparu – mis à part le bref épisode avorté de la restauration impériale de Charlemagne – du Ve au XVe siècle, remplacé par le système féodal bicéphale (suzeraineté politique polycentrée / autorité cléricale). L’État est réapparu progressivement avec les dynasties des Valois puis des Bourbons, la Révolution française n’ayant créé aucune rupture.

    La rupture – et le début de la dégénérescence de l’État – date de la fin du XXe siècle. Ce dernier se transforme en ”État Providence” social tout en délaissant ses fonctions régaliennes centrales. Il devient un pachyderme administratif qui fonctionne à son propre profit. Sa puissance (dépourvue d’autorité) sert toujours plus à fiscaliser et à ponctionner la société civile et l’économie privée, à torpiller la liberté d’expression d’une certaine partie de l’opinion seulement, à laisser faire ou organiser une colonisation de peuplement massive contre l’avis de la nation, à criminaliser et à poursuivre ceux qui s’y opposent trop fortement. Sans assurer la véritable souveraineté – abandonnée au profit de la technocratie européenne – ni l’indépendance nationale en politique étrangère.

    L’État français actuel se légitime en se réclamant de la notion – au fond abstraite et creuse – de République et non plus de celle, concrète, de Nation. Et, comme l’a vu Michel Onfray, la référence au peuple est totalement évacuée.
    L’État français n’est plus régalien mais clientéliste

    Même Alain Juppé, qui fut pourtant Premier ministre (impuissant) et auteur d’un livre programmatique, Pour un État fort (J–C Lattès, 2016) – dont aucune des propositions ne sera, bien entendu, mise en œuvre s’il était élu en 2017 à la présidence – l’avoue : « un État fort, c’est un État qui assume avec autorité ses missions régaliennes de sécurité et de justice, ce n’est pas un État tatillon et procédurier qui prétend régenter la vie quotidienne des entreprises et des citoyens. Les Français ont parfois l’impression que l’État est absent lorsqu’il devrait être présent et présent lorsqu’il devrait être absent ». Cette excellente analyse – qui pourrait être une autocritique – est formulée par un Monsieur (un apparatchik d’État) qui a fait exactement le contraire de ce qu’il prône aujourd’hui et qui n’est donc pas crédible. Banal.

    C’est que l’absence d’ ”hommes d’État” est criante en France depuis la disparition de George Pompidou en 1973. Ils ont été remplacés par des fonctionnaires politiciens, qui se préoccupent exclusivement de leur cursus carriériste, qui pratiquent le clientélisme, et pour lesquels l’intérêt national est instrumentalisé sous forme de discours de propagande – ont dit aujourd’hui, par euphémisme de ”communication”. L’État a abandonné son cœur de métier, la fonction régalienne, pour se consacrer à des tâches pour lesquelles il n’est absolument pas performant, et pour exploiter à son profit et à celui de sa clientèle considérable d’assistés et de salariés privilégiés les forces vives de la nation, c’est-à-dire les classes moyennes et le tissu des PME, ses vaches à lait, ses poules aux œuf d’or.

    L’État français bénéficie de la complicité de relais dans des structures périphériques minoritaires mais subventionnées et très puissantes comme forces métapolitiques : les multiples syndicats marxisés et le réseau associatif protégé. Il s’agit d’un système corporatiste organisé ”en étoile”, qui s’agrège à l’appareil étatique.

    L’État français comme superstructure parasitaire

    L’État français, dérivant complètement de son rôle, est devenu une organisation autocentrée, qui entretient près de 6,5 millions de fonctionnaires inamovibles et privilégiés (les fonctions publiques centrales, territoriales et hospitalières, pléthoriques) qui vivent au crochet de la société civile et de l’économie privée. L’organisation–État, disposant de la force publique et de la contrainte fiscale, vise d’abord, non pas le service de la nation, de la France, mais sa propre conservation comme organisme ou méga–structure (parasitaire ?).

    D’ailleurs, une majorité de la représentation nationale (Assemblée et Sénat) sont des fonctionnaires. En cas de perte de mandat, ils réintègrent la fonction publique, ce qui est un privilège aberrant. La plupart des membres des gouvernements – y compris les présidents de la République – et des cabinets ministériels sont aussi des fonctionnaires d ‘État. Autrement dit, l’essence de la démocratie, telle que définie par Aristote (l’État est dirigé par des élus de la société civile privée qui nomment les fonctionnaires dont la mission est d’obéir aux représentants du peuple) est bafouée au profit d’un principe inverse : la représentation nationale est composé de fonctionnaires qui monopolisent l’État, se confondent avec lui, et régissent une société civile (la nation) non représentée.

    Le parallèle entre l’État français et l’ancien État soviétique (articulation mandarins/ apparatchiks) semble pertinente. De manière beaucoup plus subtile que dans les régimes communistes, l’appareil d’État français – et son appendice judiciaire– (dont l’indépendance formelle est compensée par la conformité idéologique) suit un triple comportement de non protection, de répression et d’exploitation de la nation de souche. Au nom, à la fois d’une idéologie et d’un syndrome de survie de sa propre structure tentaculaire.

    Il y a longtemps que la mystique patriotique du ”service public” des hauts fonctionnaires de l’ENA a été remplacée par le carriérisme, le pantouflage ou l’entrée dans les structures ministérielles et gouvernementales qui procurent des privilèges à vie. Les agents dirigeants de l’État français ne sont pas au service de la France mais constituent une corporation qui vit à ses dépens.

    La farce de la déchéance de la nationalité française pour les terroristes

    Je ne change pas de sujet, c’est le même ; un des récents exemples de l’impuissance et des effets de manche de l’État français : on s’est lancé dans un débat oiseux et politicien qui occupe tous les médias pour savoir s’il faut retirer la nationalité française aux binationaux impliqués dans le terrorisme et inscrire cette mesure dans la Constitution ! C’est une évidence ! On discute du sexe des anges. Il faudrait même aller beaucoup plus loi et en revenir aux dispositions de la IIIe République qui appliquaient la déchéance de nationalité aux binationaux, naturalisés ou natifs du droit du sol pour tous les types de condamnation criminelle.

    Mais le problème n’est pas là : il est que les terroristes et leurs complices bénéficient du droit commun criminel avec des peines dépassant rarement 10 ans fermes (donc 6 ou 7 ans réels). La seule mesure intelligente et (un peu) efficace aurait été de durcir considérablement dans le code pénal le délit de participation directe ou indirecte à une entreprise terroriste, avec une peine généralisée unique, à l’aide d’une loi d’exception : l’emprisonnement à perpétuité réelle sans remise de peine ni libération anticipée pour tous les prévenus, impliqués de près ou de loin dans un réseau ou une entreprise terroriste, même sans passage à l’acte. Ce qui aurait un double avantage de dissuasion et d’élimination. Mais l’État français ne cherche pas à lutter réellement contre le terrorisme islamique. En tout cas pas au prix –péché suprême – de paraître ”islamophobe”. Son oligarchie, aujourd’hui de gauche, veut simplement manier les symboles, faire de la communication à but électoral.

    Dans la seconde partie de cet article seront recensés les domaines précis où l’État s’attaque à la nation et au peuple français et expliqué pourquoi ce pachyderme, à la cervelle trop petite pour prévoir le long terme, est condamné à s’effondrer.

    http://fr.novopress.info/197065/letat-francais-ennemi-du-peuple-francais-1ere-partie-guillaume-faye/#more-197065

  • Forum Un de Nous du 12 mars : inscriptions ouvertes

    Le Forum européen UN DE NOUS (ONE OF US) a lieu le samedi 12 mars à Paris (Salle Gaveau). La Fondation Jérôme Lejeune, qui l'organise, vous invite à vous inscrire. C’est le premier acte d’une mobilisation internationale en faveur de la vie. Elle est en marche, et n’est pas prête de s’arrêter : inscrivez-vous vite!

    Recherche sur l'embryon, dérives euthanasiques, scandale du Planning familial aux Etats-Unis, eugénisme, commerce de l’enfant et traite de la femme à travers la GPA, percée du transhumanisme, les défis ne manquent pas ! Ces dérives sont d’une telle ampleur que la constitution d’une force d’action européenne est nécessaire. Dans la dynamique de l’immense succès de l’Initiative citoyenne européenne (près de deux millions de signatures), les 25 associations nationales de la Fédération UN DE NOUS ont décidé d'agir de manière coordonnée pour se faire entendre des institutions européennes et nationales.

    Ce Forum est le premier acte public du mouvement. Il constitue une occasion unique de rencontrer les principaux leaders de défense de la vie en Europe, qui vont compter dans les prochains mois. Attention : le nombre de place est limité ! De très nombreux acteurs de la vie sont mobilisés pour cet événement. La salle Gaveau dispose de 1 200 places, mais 500 sont déjà réservées pour les associations européennes. Le nombre de place est limités, il faut s'inscrire vite ! L’inscription est gratuite, mais obligatoire, pour des raisons d’organisation et de sécurité.

    Michel Janva

  • L'ouverture de nos frontières contribue à détruire les pays du Moyen-Orient

    Le père Fadi Najjar, jeune prêtre grec-melkite catholique d’Alep, déclare àChristianophobie Hebdo :

    "Aucun chrétien ne pensait à partir avant la guerre ; aujourd’hui, l’hémorragie chrétienne est dramatique. Nous vivons les mêmes horreurs que tous les Aleppins, mais les chrétiens se sont sentis trahis par les pays occidentaux plus que n’importe qui. Je n’ai pas peur de dire que l’Europe chrétienne nous a trahis, et qu’elle est en partie responsable de cette disparition si préoccupante.

    Vous en voulez à l’Occident ?

    Évidemment. Ils ont créé et alimenté l’islamisme le plus destructeur et l’Europe le regrettera un jour… La France le sait déjà trop bien. Quelle tristesse de voir que vous goûtez au même mal que nous, alors que nous vous prévenons depuis des années.

    Que pensez-vous de la politique d’immigration de l’Europe ou du Canada ?

    Mais pourquoi ces pays ouvrent-ils subitement leurs frontières ? C’est une catastrophe évidemment ; cela contribue à la destruction de notre pays. Pour moi, ces politiques d’immigration sont une trahison, a fortiori lorsque des pays historiquement chrétiens facilitent le départ des chrétiens syriens. [...]"

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Café des jeunes Patriotes // Gilbert Collard : Bilan et perspectives du RBM

    le Mardi 19 janvier 2016, Le Jeune SIEL recevra Gilbert Collard, député de la 2eme circonscription du Gard élu en 2012 qui nous parlera du bilan et des perspectives pour le RBM.
    RDV 18h au Café Paris Montparnasse 43 avenue du Maine 75014
    Nous vous attendons nombreux pour cette conférence, n'hésitez pas à inviter vos amis.
    Pour vous inscrire à l’événement, cliquez ici.

  • La fabrique de l’aliénation : l’École techno-libérale

  • La quête de vérité de Simone Weil

    Dans la Pesanteur et la Grâce, Simone Weil dévoile son lent cheminement vers Dieu, et donc vers la vérité. Pour parvenir à ses fins, elle n’a de cesse de se dépouiller de tout – jusqu’au moindre mot superflu dans ses aphorismes. De l’abandon de tout à la difficile appréhension du vide, l’homme est-il vraiment capable d’accéder à la vérité ?   

    En juin 1941, Simone Weil s’installe provisoirement chez Gustave Thibon, philosophe catholique français, qui a finalement consenti à l’accepter quelques temps comme travailleuse dans sa ferme. La dernière fois qu’elle voit son hôte, en 1942, elle lui remet un bien précieux souvenir : onze cahiers écrits de sa main. Si jamais Gustave Thibon n’entend plus parler d’elle dans les trois ou quatre années à venir, il aura la liberté d’utiliser ces textes comme il le souhaite. C’est ainsi qu’est née cinq années plus tard la Pesanteur et la Grâce.

    Le caractère posthume de cette publication pourrait a priori nous gêner par certains aspects – choix et ordre des aphorismes laissés aux soins de Thibon –, en fait il n’en est rien. L’interprétation de l’œuvre de Simone Weil ne laisse ici que peu de doutes. Et ce, quelle que soit la place des aphorismes dans le recueil. Il s’agit là de la marque d’une pensée simple et cohérente, compréhensible sans contexte, ni notes explicatives de l’auteur. C’est le signe d’une réflexion atemporelle, et même, éternelle.

    Ces courtes réflexions font état, en toute humilité, de l’avancée de Simone Weil dans sa quête de la vérité. À leur lecture, on découvre que cette recherche de la vérité passe par un cheminement exclusivement personnel, propre à chacun. La philosophe nous déblaye cependant déjà une partie de la route, en nous livrant, à grands traits, les indications pour trouver le vrai et le bien.

    « Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien »

    La première étape que propose Simone Weil se résume en peu de mots : le détachement de tout. Absolument tout. Il faut d’abord renoncer à toute forme de biens matériels. Ceux-ci doivent être abandonnés en raison de leur superficialité et de leur contingence, mais surtout du fait de la dangerosité du lien qui les relie aux biens spirituels. Elle explique en effet qu’il faut « les concevoir et les sentir comme conditions de biens spirituels (exemple : la faim, la fatigue, l’humiliation obscurcissent l’intelligence et gênent la méditation) et néanmoins y renoncer ». Il est intéressant de constater que, chez Simone Weil, la radicalité de ses idées va jusqu’à mettre en danger l’existence même de sa pensée. C’est parce qu’elle sait que les biens matériels – qui englobent pour elle les besoins élémentaires humains tels que l’alimentation ou le sommeil – peuvent porter atteinte à ses facultés spirituelles qu’elle décide d’y renoncer.

    Cela fait partie de son projet global de renoncer à tout ce qui existe. Tout y passe : le temps, qui nous pervertit en nous laissant une possibilité d’imagination et donc un échappatoire à notre malheur, mais aussi l’objectivation du désir, ou encore le « je ». À propos de ce tout dernier point, elle affirme sans détour qu’ « il n’y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je ». Il s’agit bien ici d’un suicide philosophique, conçu comme condition pour accéder à la vérité. L’étape suprême, après même la destruction du « je », consistera à renoncer aux autres, à la vie sociale. Elle l’énonce ainsi : « Il ne faut pas être moi, mais il faut encore moins être nous. » D’une difficulté suprême – justement parce que l’amour d’autrui ou l’attachement aux autres semble être une forme de renoncement de soi – cette étape est pourtant indispensable. Simone Weil écrit en effet que « la société est la caverne, la sortie est la solitude ». La lumière de l’homme se trouve en dehors de la société. Il faut donc parvenir à s’en extraire pour pouvoir en jouir.

    Ce détachement radical de l’existence n’a qu’un but : atteindre le malheur, la solitude, la misère. Autrement dit, le vide. Le vide s’avère être un concept fondamental dans l’œuvre de Simone Weil, car il est le seul état humain qui permette l’accès à la vérité. Le vide est ce qui permet à Dieu d’aimer l’homme.

     « Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien. À mesure que je deviens rien, Dieu s’aime à travers moi. »

    Dieu, la Vérité et le Bien

    Une fois le vide installé, il ne reste plus qu’à attendre Dieu. Ce vide laisse toute la place nécessaire à Dieu pour nous aimer, justement parce que le champ est complètement libre et que la moindre parcelle de notre corps et de notre esprit est tournée vers lui. Or si Dieu parvient à nous aimer, il faut en déduire que nous devons nous aimer également :« Ce n’est pas parce que Dieu nous aime que nous devons l’aimer. C’est parce que Dieu nous aime que nous devons nous aimer. Comment s’aimer soi-même sans ce motif ? »

    Si l’amour de soi qui résulte de l’amour de Dieu pourrait paraître, à première vue, étrange compte tenu du premier mouvement de destruction du « je », il faut bien garder à l’esprit que cet amour de soi ne peut intervenir que par le biais de Dieu. C’est comme créature aimée par Dieu que nous pouvons nous aimer. Et pour pouvoir être digne de cet amour, il est nécessaire d’être purifié de tout, jusqu’à perdre la seule trace apparente de son existence, le « je ».

    Reste à savoir comment déceler cet amour de Dieu. Comment reconnaître Dieu ? La philosophe explique tout simplement que « le monde en tant que tout à fait vide de Dieu est Dieu lui-même ». Cela confirme encore une fois que le vide est effectivement nécessaire à la manifestation divine. C’est dans l’absence de tout, et donc de lui-même aussi, que Dieu apparaît.

    Quid de la vérité dans tout cela ? Pour le comprendre, il faut bien saisir ce que Simone Weil entend par « Dieu ». Plus qu’un Dieu chrétien, c’est un symbole de la transcendance. C’est l’image suprême de ce qui peut transcender l’homme. Ce Dieu semble finalement faire référence à la vérité et au bien absolu, comme seules idées capables de transcender l’homme. « Que la lumière éternelle donne, non pas une raison de vivre et de travailler, mais une plénitude qui dispense de chercher cette raison » écrit-elle dans l’un de ses derniers aphorismes. La recherche du vrai et du bien serait capable de procurer à l’homme cette« plénitude » qu’elle évoque, justement parce que cette quête ne peut procurer de réelle « raison de vivre et de travailler ». La recherche de la vérité et du bien passe par le cheminement intérieur décrit en premier lieu, pour arriver au vide et par-là à Dieu et à l’amour de soi.  Telle est la seule « plénitude ».

    « La grâce seule le peut »

    À quoi pourrait donc ressembler une vie menée par cette quête de la transcendance, cette recherche de Dieu ? Elle induit, déjà, la solitude. L’attachement aux autres nous détourne inévitablement du bien absolu car « c’est le social qui jette sur le relatif la couleur de l’absolu ». Or il n’y a rien de pire que de confondre bien relatif et bien absolu, puisqu’entre les deux il n’y a pas une différence de degré, mais bien de nature. L’un, le premier, est le contraire du mal, l’autre ne peut se concevoir que par lui-même, il est absolu. Il faut absolument chercher la solitude pour pouvoir prendre conscience de ce bien absolu. Autrement dit, nous revenons à ce que nous évoquions plus haut : la sortie de la caverne passe par la solitude.

    La quête de la vérité est également faite de limite – surtout parce que l’infini renvoie au plaisir, or tout plaisir est à bannir de sa vie. Ainsi, elle prône une vie mesurée et limitée en ces termes : « […] Un, le plus petit des nombres. “Le un qui est l’unique sage”. C’est lui l’infini. Un nombre qui croît pense qu’il s’approche de l’infini. Il s’en éloigne. Il faut s’abaisser pour s’élever. Si 1 est Dieu, ∞ est le Diable. » Se limiter, c’est prendre conscience de la finitude des choses et par-là, de nous-mêmes. Cela nous aide également à concevoir la mort plus sereinement puisque, par certains aspects, nous sommes à l’origine de notre mort. La limite, c’est le contrôle de tout.

    Finalement, c’est au plus simple qu’il faut réduire sa vie. D’une façon extrême – jusqu’au vide. Et c’est bien là toute la difficulté. Il faut accéder au vide, et cependant le supporter, s’y engouffrer. « Ne pas exercer tout le pouvoir dont on dispose, c’est supporter le vide. Cela est contraire à toutes les lois de la nature : la grâce seule le peut. »

    http://philitt.fr/2015/12/15/la-quete-de-verite-de-simone-weil/

  • Aux idiots utiles de l’islam, un jour les musulmans vous feront regretter votre servilité

    Tunisien, Salem Ben Ammar, docteur en sciences politiques, lutte pied à pied contre l’islam et notamment contre l’islam intégriste qui a fait la ruine de son pays. Dans ce texte, il parle au nom d'Allah, à tous ceux qui font le lit de l'islamisme en favorisant l'islam :

    "« Je veux t’anéantir parce que tu es témoin de mon imposture. Ainsi il n’y aura plus personne qui peut contester ma vérité que je suis à l’origine de tout et la seule voie authentique pour l’humanité. »
    Allah est clair et cohérent avec lui-même.
    « Je veux avoir ta peau que tu croies ou pas en moi, je tue aussi bien les miens que mes détracteurs, tu finiras comme les Juifs de la Médine. » « Aujourd’hui tu voles au secours de ma cinquième colonne, sans savoir que tu es entrain de leur aiguiser les couteaux de boucher qui leur serviront de te décapiter le moment venu comme mes petits soldats de Daech le font en Irak, Syrie et Libye ». »
    Pauvre incrédule et niais que tu es, tu as beau te proclamer laïque, athée, agnostique, chrétien, juif, bouddhiste, taoïste, déiste, tu n’échapperas pas à la triste fin que je te réserve ». Tu penses bien que je ne ferai preuve de mansuétude à ton égard parce que tu as été charitable avec les miens.
    Je suis fermé à l’amour et à la compassion. Kali, Châmundâ et Thanatos sont des enfants de choeur comparé à moi.
    Je ne me compare à personne, ni Borgia, ni Dracula, ni Frankestein, ni Hitler, ni Staline, ni mon bras droit le petit bâtard en mal d’affection Mahomet, je me compare à même. Je les ai créés pour vous donner un avant-goût de ce dont je suis capable de faire. Vous n’avez pas fini avec moi, l’enfer des juifs et des chrétiens n’est pas grand’chose à côté à la Géhenne où je m’enivrerai de votre sang et je me goinfrerai de votre chair.
    Mon livre est suffisamment éloquent quant à ma haine de l’humain y compris de ces pauvres esclaves que mon lieutenant de basses besognes a roulés dans le sable en leur faisant prendre les vessies pour les lanternes. Trop idiots pour comprendre qu’ils sont les premiers dindons de la farce.
    Les promesses lubriques et graveleuses ne m’engagent rien elles n’engagent qu’eux-mêmes.
    En leur faisant miroiter le sexe et l’alcool à gogo j’ai juste voulu chercher savoir ce qu’ils ont réellement entre les jambes et tester leur degré de fiabilité morale, ils sont tombés dans le piège les deux pieds joints comme les derniers des décérébrés.
    Cupides et stupides ils ont mordu à l’hameçon, je n’y suis pour rien, s’ils ont pris mes promesses pour de l’argent comptant. Des bons à rien, des mecs qui réfléchissent avec leurs babouches et aux neurones logés dans leur paire de bourse, le jour où ils auront découvert qu’ils ont été menés sur un dos de chameau ce sera trop tard pour eux car j’aurai fini de me délecter d’eux.
    Ils ont perdu doublement la partie. Leur vie sur terre qui est la vallée de la mort et dans l’au-delà où il n’y a rien de vrai dans ce que mon escroc de messager qui voulait me faire de l’ombre, en se voulant s’élever au-dessus de mon auguste personne, leur a seriné.
    Que les âmes charitables qui jouent aux bons samaritains avec mes ouailles sachent ils n’auront rien à attendre de moi.
    Ce sera la Géhenne pour eux et ma cinquième colonne qu’ils sont en train de choyer et courtiser se chargera de les y envoyer."

    Marie Bethanie