S’étant débarrassé du Professeur Joyeux qui l'aura malmené comme une poupée de son, Perrri prend au téléphone un nouvel intervenant, dont le curriculum vitae le rassure. François Vié-Lesage est pédiatre, membre du groupe d'experts Info-Vac. S'il est vrai que certains seraient des "anti-vaccins", celui-là est un militant de la vaccination et il l'a pas été invité par hasard.
En fait il est le responsable d'Info-Vac, groupe infectiologie et Vaccinologie de l'Association française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA). Il l'agit donc d'un important agent d'influence en matière de pédiatrie et de vaccinologie. Perri est très discret sur « ses liens d'intérêts » avec Sanofi-Pasteur-MSD (Merck aux États-Unis et au Canada) et avec le 7e groupe pharmaceutique dans le monde, le Britannique GSK, Glaxo-Smith-Kline, spécialisé dans les vaccins. D'ailleurs 17 experts scientifiques l'Info-Vac-France ont rempli des déclarations publiques d'intérêts et la plupart reconnaissent de multiples collaborations avec les principaux laboratoires du Big Pharma.
Le Docteur Vié-Lesage, comme ses collègues, est très actif sur le plan de la communication. La lecture de ses innombrables chroniques témoigne de son adhésion à une idéologie radicale. Pour lui tous les vaccins devraient être obligatoires, c'est une erreur de se contenter « d'en recommander » certains. « Il faut augmenter le caractère légalement opposable de ce qui est recommandé »... « pour la vie en collectivités, tous les vaccins du calendrier vaccinal (sont) indispensables... Ce n'est pas un problème médical, c'est un problème sociétal »... Un vrai taliban de la vaccinologie, dirait le Professeur Joyeux !
Perri ne manquera pas de citer une tribune parue le 1er juin dans Le Monde à laquelle Vié-Lesage a collaboré. Son titre est un excellent condensé des propos qui sont tenus . « Vaccins science ou rumeurs, il faut choisir ». Sa conclusion mérite d'être reprise in extenso : « Nous, signataires de ce texte, sommes des médecins et chercheurs du monde académique, nous devons à nos concitoyens rigueur scientifique, pédagogie et transparence.. Ne jetons cependant pas le bébé avec l'eau du bain, nous avons besoin des industriels pour fabriquer nos vaccins. Ils sont les seuls à avoir les moyens d'en garantir le développement et la sécurité ». Un propos qui fait écho à ceux de la nouvelle ministre de la Santé, Mme Busyn. Et qu'illustre en épilogue cette phrase qui en dit long sur l'idéologie dont est imprégnée cette corporation, donnant du sens aux dithyrambes que M. Perri adresse à M. Vié-Lesage : « Ne laissons pas le relativisme et le populisme ambiant remettre en cause une des plus grandes avancées de la médecine à ce jour… ».
Dans cette Tribune du Monde était prêchée de façon urgente l'universalité de la vaccination même si M. Perri récusait fortement la moindre connivence avec le Big Pharma. Hélas, chercheurs et scientifiques ont été contraints sous peine de graves sanctions de mentionner les forces de pouvoir et d'argent qui financent leurs travaux. Au point que Mme Buzyn se dressa contre une transparence qui risque de tarir le flot financier grâce auquel les chercheurs sont invités à persévérer dans les directions qu'on leur "conseille".
Six scientifiques en plus de M. Vié-Lesage, dont cinq doivent beaucoup au Big Pharma, signèrent cette Tribune en faveur de la vaccination universelle. Pourquoi M. Perri et les autres ne le mentionnent-ils pas ?
Cette omerta qui fait craindre une maffia
Brigitte Autran, spécialiste en immunologie, vaccins, transplantation, reconnaît avoir travaillé sur des vaccins fournis par Sanofi-Pasteur et Innavirax dans une étude financée par l'Agence nationale de recherche sur le Sida. Co-investigatrice pour Sanofi Pasteur dans des essais de vaccination anti-variolique et co-organisatrice d'un essai clinique de vaccin anti-grippe H1N1 de Sanofi Pasteur, elle coordonne le réseau COREVACS, dont l'objectif majeur est de « lier la recherche académique à l'Industrie du vaccin ». Elle est également la coordonatrice de la section « Innovation en Vaccinologie », au sein d'Aviesan, l'Alliance nationale pour les Sciences de la vie et de la santé, avec pour mission de développer de nouvelles stratégies dans les partenariats industriels. Son principal sponsor est l'association ORVACS, Objectif Recherche Vaccin Sida, créée par elle et financée par la Fondation Bettencourt. Dont l'Oréal est le principal actionnaire de Sanofi.
Robert Cohen, pédiatre infectiologue renommé, est un acteur important de FAfssaps (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) et de l’ACTIV (Association Clinique et Thérapeutique Infantile du Val-de-Marne). Membre des principales associations de pédiatrie de France, on l'imagine mal à un tel niveau de notoriété professionnelle oser la moindre critique sur les vaccins. D'autant que les liens d'intérêts potentiels qu'il reconnaît en 2017 sont eux aussi impressionnants : essais cliniques pour Pfizer. Activités de conseil pour Astra-Zeneca, GSK, Janssen, Merck, Pfizer. Intervenant dans des conférences sponsorisées par GSK, Merck, Pfizer. Versements substantiels au budget d'une institution dont il était responsable, effectués par Astra-Zeneca, GSK, Janssen, Merck, Pfizer, Sanofi-Pasteur.
On trouve à peu près le même profil chez la brillante infectiologue Odile Launay à laquelle on doit cette sombre illustration de la doxa médicale : « Quant à l'hépatite B, un nourrisson présente peu de risques d'infection, mais vacciner tôt permet une meilleure immunité et participe à l'effort d'éradication de la maladie ». Elle aussi est membre d'un grand nombre d'organisations : le Réseau National d'Investigation Clinique de Vaccinologie, l'Inserm (dont le président est le mari de Mme Busyn), l'Institut Pasteur, l'Agence nationale de recherche sur le Sida, le Comité technique des vaccinations, le haut Conseil de la Santé publique. Elle a participé comme coordinateur principal à des essais cliniques pour Pfizer, GSK, Sanofi Pasteur, MSD, Janssen. Comme co-investigateur à des essais cliniques avec les mêmes. En activité de conseil, toujours avec les mêmes, et pour des conférences en qualité d'auditeur (frais payés) et avec Pfizer comme intervenant lors de conférences, elle est par ailleurs coordinatrice du Centre d'Investigations Cliniques Cochin-Pasteur et du réseau de vaccinologie I-Reivac en association avec GSK et Pharm-Olam.
Enfin Philippe Sansonetti, infectiologue, microbiologiste de l'Institut Pasteur qui fut pendant 5 ans coordinateur du réseau inter-académique d'innovation vaccinale contre les infections entériques pédiatriques Stopenterics, financé par l'Union Européenne avec pour partenaires Sanofi-Pasteur et Novartis.
L'intérêt de cet article du Monde en faveur de la vaccination universelle - un parmi des milliers d'autres parus chaque aunee^ rien qu'en France - est de montrer l'étroite relation existant entre les groupes pharmaceutiques, appuyés sur le pactole des vaccins, et les organismes et scientifiques qu'ils financent. Infime illustration du Système dominant. Chacun de ces scientifiques - et l’on sait que le moindre congrès en réunit des milliers, voire des dizaines de milliers -, est un soldat de cette armée de l'ombre. Quand Perri se défend avec effronterie d'être stipendié par les laboratoires, il se moque. Chaque fois qu'il donne la parole à un Vié-Lesage ou à quelque autre scientifique selon lequel « vouloir des experts sans aucun lien avec Vindus-trie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts » (argument préféré de Mme Buzyn), chaque fois qu'il affirme que pour que la vaccination soit efficace elle doit être universelle et que les réfractaires sont des criminels, chaque fois qu'il fustige des scientifiques aussi honorables et désintéressés que le Professeur Joyeux, les criminalisant au prétexte qu'ils auraient été radiés par le Conseil de l’Ordre alors qu'ils sont d'abord des victimes, il se comporte en mercenaire de ce système.
R.B. Rivarol du 3 août au 5 septembre 2017