Christophe Castaner, le délégué général de La République en marche, a accordé un entretien au très macronien, américanomorphe (et très creux) magazine Society, dans lequel il prend les habits de la Pythie pour délivrer ses oracles politiques. M. Castaner ne se contente pas de se féliciter de ce que Christian Estrosi, qui fut son adversaire aux régionales de 2015, ait rallié le camp du progrès en apportant son soutien à Emmanuel Macron. Une évolution qui pourrait s’expliquer, dit-il, par le choc de l’attentat islamiste qui a ensanglanté la promenade des Anglais le 14 juillet 2016 ou la récente paternité du maire de Nice. Nous sommes là dans l’analyse de très haut niveau… Sur le même mode, l’ex élu socialiste prédit la disparition du FN « durablement affaibli », et de Marine : « C’est fini, le FN incarné par elle ne reviendra pas », « le calcul de Wauquiez », qui incarne « les mêmes idées » que le Front National, mais « avec une veste rouge », « part de la même analyse ». « (Laurent Wauquiez) ne cherche pas seulement à piller les idées du FN, il veut faire une OPA sur un mouvement affaibli (…). Au fond, le seul positionnement qui lui reste, c’est celui du populisme et de la critique systématique. »
Populisme le grand mot est lâché ! Et c’est sous ce vocable se voulant infamant, que les adversaires de l’Europe des patries ont englobé les critiques et propositions formulées hier par Marine, lors de sa conférence de presse à Paris, pour dénoncer le vote conjoint de l’Assemblée Nationale et du Bundestag sur la proposition de résolution d’un nouveau Traité de l’Élysée dont on fêtait le cinquante-cinquième anniversaire. En présence de Nicolas Bay vice président de l’ENL , de Bruno Gollnisch, de plusieurs de nos députés (Dominique Bilde, France Jamet, Christelle Lechevalier, Philippe Loiseau, Dominique Martin, Joëlle Mélin, Bernard Monnot, Myléne Troczinki), la présidente du FN l’a rappelé qu’il n’y a pas d’intérêt à « célébrer ce traité dont la ratification par l’Allemagne fut un mauvais procédé contre la France et une trahison de la vraie idée de l’Europe ! »
Au moment de sa signature « le Traité de l’Élysée était une réponse du chef de la France libre à la volonté de domination américaine sur le Vieux Continent. Le Général De Gaulle savait que les États-Unis utiliseraient la construction européenne pour vassaliser l’Europe. » Or, cette vassalisation au nouvel ordre mondial, à l’idéologie hors sol étant aujourd’hui plus que jamais effective, « face à (cette) Europe carcérale, nous défendons une Europe conforme à l’histoire et aux valeurs de notre continent, soucieuse de la diversité de ses nations, respectueuse de ses peuples et garante de la légitime souveraineté de ses Etats (…). Notre projet reposera sur la défense de la souveraineté française, et non la dictature de la Commission. Il reposera sur le choix des peuples libres et non sur celui des technocrates soumis aux groupes d’intérêts. »
« Nous défendons une Europe à la carte, dans laquelle les pays viendront librement s’allier sur telle ou telle politique, tel ou tel projet. Notre Europe est celle des nations et des libertés. Nous l’avons dénommée l’Union des Nations Européennes. Cette vision, comme notre groupe au Parlement européen le démontre, nous la partageons avec de nombreux partis d’Europe, et certains sont même au pouvoir, je pense bien évidemment au FPÖ ou peut-être bientôt aux Italiens ! »
Une Europe des peuples libres à laquelle Emmanuel Macron a redit hier son opposition à l’occasion de l’accueil hier à Versailles d’environ 140 dirigeants de multinationales dans le cadre du sommet Choose France (Choisissez la France). Une opération visant à promouvoir l’investissement des groupes étrangers sur notre sol, but on ne peut plus louable, mais qui a offert au chef de‘l’Etat l’opportunité de réaffirmer son obsession : ce sont les populismes qui menaceraient la prospérité économique de notre continent.
C’est en tout cas ce que rapportait ce matin au micro de Radio classique Nicolas Dufourcq, à la tête de la BPI, la Banque publique d’investissement (la banque de l’État) depuis sa création parFrançois Hollande en janvier 2013. Un jugement qui ne brille pas par sa finesse, un empressement a relayer les mantras d’une caste eurolibérale qui a pourtant particulièrement abîmé la France et paupérisé les Français depuis qu’elle règne au sommet de l’Etat, qui n’est pas pour nous surprendre. Il est vrai en effet que la vision du destin de la France qui est celle de M. Dufourcq est singulièrement pauvrette et désincarnée; une nation réduite à sa dimension horizontale et marchande dont il enthousiasmait il y a quelques mois : « La France est en train de devenir une start-up nation »
Les macronistes nous taxerons encore de populisme mais le peuple est aussi en droit de manifester sa colère à la lecture des articles consacrés au train de vie de la Banque publique d’investissement dont Marianne se faisait l’écho reprenant un article du Point. « (Elle fut) sévèrement mis en cause dans un rapport de la Cour des Comptes, pour ses frais de taxi (64.000 euros en 2015), ses voitures de fonction (6,6 millions d’euros rien qu’en 2015), ses hausses de salaires…
« Le train de vie de la direction est en effet sévèrement remis en cause (…). Les augmentations des rémunérations de certains cadres dirigeants paraissent tout particulièrement contestables dans leur principe lit-on de fait dans le rapport (…) Parmi les mieux lotis, 7 des 8 directeurs exécutifs, qui ont vu leur salaire augmenter de 40% entre 2012 et 2015. D’autres, 28 cadres de la BPI-Investissement, l’une des entités de la banque, ont été augmentés de 23% pour la seule année 2015, après une hausse de 15 % en 2014. Leurs rémunérations étant par conséquent passées de 201.000 euros en moyenne en 2012 à 245.000 en 2015. D’autres encore, dans l’entité financement de la BPI, ont pu apprécier le bond fait par leur rémunération annuelle : 149.000 euros aujourd’hui pour 42 d’entre eux contre 107.000 en 2012 (…). Mon comité exécutif est en moyenne moins rémunéré que celui de la SNCF, La Poste et EDF, se défend (…) Nicolas Dufourcq. Sauf que, précise le Point, certaines de ces hausses de rémunération visent à compenser “la perte” d’avantages de plusieurs ex-cadres de la Caisse des dépôts, alors même que ceux-ci, (l’attribution d’action gratuites), ont à l’époque été dénoncés par la Cour des Comptes car la Caisse est une entité publique.»
Populistes qui ont aussi le mauvais gout de contester les huit nouveaux impôts et taxes mis en place par le gouvernement du républicain en marche Edouard Philippe avec le soutien des députés godillots de la majorité présidentielle et autres constructifs. Populistes qui ne seront peut-être pas surpris par la lecture du livre du journaliste de l’Obs, Vincent Jauvert, sur « Les Intouchables d’Etat ». Le Parisien évoque un livre choc « les salaires mirobolants des cadres de Bercy, les petits services entre amis au sein de cette élite administrative, les conflits d’intérêt multiples et croissants entre public et privé », la présence de lobbystes au sommet de l’Etat. Cette enquête « n’est pas la première à lever le voile sur des pratiques choquantes, voire scandaleuses. » Oui, « mais voilà, à l’heure où l’on annonce un Nouveau Monde qui a déjà emporté la vieille politique, on aurait pu attendre que cela change. »
Et de rappeler que « dans son livre-programme «Révolution, le candidat Emmanuel Macron fustigeait les hauts fonctionnaires qui se sont constitués en caste . Il promettait même d’en finir avec leurs protections hors du temps . Or rien de tel ne s’est passé, pour l’heure, sous sa présidence. Et pour cause, lui-même et son Premier ministre sont issus de ce moule (ENA, inspection des finances pour le premier, Conseil d’Etat pour le second) et promeuvent une certaine technocratie. Le livre de Jauvert est d’ailleurs sous-titré Bienvenue en Macronie. » Tout change mais rien ne change : Une technocratie sûre d’elle même et dominatrice, une énarchie largement acquise au mondialisme , une caste d’intouchables privilégiés qui se gave sur la bête, dont les membres se voient comme des brahmanes détenteurs du savoir, légitimes pour dicter leurs ordres aux parias de la France périphérique et invitant les çudras patriotes à rentrer sous terre et à la fermer. Franchement, combien de temps cela peut-il encore durer avant que ça pète?
https://gollnisch.com/2018/01/23/caste-enarchique-dintouchables-vs-parias-cudras-revolution-cest/