
Bordeaux, ville de Montaigne et Montesquieu, était autrefois léchée avec le soin scrupuleux et bourgeois d’un roman de Mauriac, le dernier des trois « M » dont le patrimoine culturel local s’enorgueillit. Ce Bordeaux-là n’est plus. Les élégants platanes des boulevards sont abandonnés à leurs rejets, comme un vieux gentleman que l’on ne se donnerait plus la peine de coiffer. La fournaise de la canicule donne aux mauvaises herbes grillées, autour des arbres et entre les pavés, mêlées aux détritus, un air de Tananarive. La prolifération des grimpantes, plantées sur un trottoir, le long d’un tuyau d’évacuation par des riverains se piquant, un temps, de jardinage, semble hors de contrôle. Quand elles courent autour des moulures élégantes des façades en pierre, on croirait ces vidéos d’« urbex » tournées dans des châteaux fastueux abandonnés, mangés par la végétation.