Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

économie et finance - Page 435

  • Politique & éco n°125 avec Pierre Jovanovic : spéciale Présidentielles (mars 2017)

  • Deux agriculteurs américains témoignent des méfaits des OGM

    « Les OGM détruiront votre modèle d’agriculture familiale s’ils sont adoptés ! »C’est en substance le message que sont venus porter en France deux agriculteurs américains « repentis » des OGM. L’un, Wes Shoemyer, petite barbichette, grand sourire et chevalière frappée d’un symbole franc-maçon, dirige une exploitation de 1 200 hectares dans le Missouri, l’Etat abritant le siège de Monsanto. Elu démocrate au sénat du Missouri, il est en lutte contre « l’accaparement monopolistique de l’agriculture par une poignée de firmes ». A ses cotés, Wendel Lutz, la cinquantaine débonnaire du typique « mid-west farmer », l’air tragique en plus de l’homme en résistance. Ils ont été invités à témoigner par Greenpeace afin de raconter « leur réalité ». 
    Solidement installé au fond de sa chaise, Wes Shoemyer raconte : « Avant l’introduction des OGM, nous utilisions déjà l’herbicide Roundup pour brûler les mauvaises herbes, c’était miraculeux ! Entre 1996 et 2001, au moins 80% des agriculteurs ont adopté ce système des OGM. » L’élu reproche aujourd’hui à Monsanto d’avoir mis en place une stratégie de capture du marché avec des prix attrayants, en particulier sur le Roundup, pour ensuite organiser l’envolée des prix. Il est inquiet de voir « les agriculteurs payer de plus en plus cher, non plus pour financer la recherche ou améliorer leur production, mais pour s’acquitter d’un brevet contrôlé par une seule compagnie ». Aux États-Unis, la technologie brevetée Roundup Ready de Monsanto est présente dans 94% des variétés de soja génétiquement modifié et 70% du maïs génétiquement modifié d’après le ministère de l’Agriculture. 
    Des mauvaises herbes résistantes au Roundup 
    Aux Etats-Unis, entre 2000 et 2011, la consommation annuelle de glyphosate, la substance active du Roundup est passée dans les champs de maïs de 1,8 million à 30 millions de tonnes dues à l’expansion massive des OGM. Une explosion de la consommation qui s’explique également par l’augmentation des doses pour tenter de contrôler certaines mauvaises herbes devenues tolérantes au Roundup, découvertes pour la première fois en 2000 dans le Delaware. Une mauvaise surprise dure à digérer pour Wendel Lutz : « C’est en 2011, que j’ai observé les premiers plants d’amarantes rugueuses résistants au glyphosate se développer dans mes champs. C’est injuste qu’après seulement cinq ans d’exploitation des OGM mes champs aient été envahis, c’est à ce moment que j’ai décidé d’arrêter et d’alerter mes collègues ! » 
    Au moins 5 millions d’hectares de cultures, d’après l’industrie, seraient contaminés par ces « super adventices », capables de résister à plusieurs classes d’herbicides. L’organisation internationale chargée de leur contrôle (ISHRW), financée par les producteurs de pesticides, a déjà recensé 23 espèces sauvages résistantes, un chiffre sous-estimé selon d’autres experts. 
    La fuite en avant vers toujours plus de pesticides 
    Wendel raconte : « Certains de mes voisins qui ont le même problème préfèrent continuer en augmentant les doses ou en cumulant plusieurs molécules. C’est une fuite en avant avec le risque qu’à terme la plupart des mauvaises herbes deviennent résistantes à tous les herbicides. » 
    Une tendance que suit l’industrie. Sur 20 nouveaux OGM en cours d’évaluation auprès de la FDA, l’agence de régulation sanitaire américaine, 13 sont élaborés pour résister à de multiples herbicides. La firme Dow pense répondre à ce fléau en réintroduisant d’anciens herbicides comme le Dicamba ou le 2-4 D, ayant servi dans la composition de l’agent orange lors de la guerre du Vietnam et auquel des résistances de plantes sauvages ont déjà été observées. 
    Un retour aux semences conventionnelles ? 
    Pour Wes, il est encore possible d’agir : « Il faudrait revenir en arrière, vers des semences conventionnelles ; certaines compagnies en ont fait une spécialité. Malheureusement, il y a une vraie dépendance des agriculteurs vis-à-vis de ces technologies que les compagnies ont intérêt à entretenir et cela au détriment des bonnes pratiques culturales. » 
    Pour Wendel il faudrait « une impulsion économique, une plus grande demande pour du non-OGM, pour voir un changement d’orientation » dont l’étiquetage des OGM, actuellement en débat, pourrait être le socle. 
    En guise d’avertissement final, Wes Shoemyer lance : « Si la France ou l’Union européenne adoptaient les OGM, cela aurait un impact majeur sur les campagnes. Si vous voulez de grandes fermes en monoculture, si vous souhaitez vider les zones rurales de leurs habitants, alors vous adoptez le modèle OGM. C’est cela l’expérience américaine : une agriculture sans agriculteur contrôlée par des entreprises multinationales ! »
    Source Rue89 planète

  • Quand le darwinisme agroalimentaire fait le malheur des agriculteurs.

    Le Salon de l'agriculture vient d'ouvrir ces portes samedi dans un climat morose pour les campagnes françaises et ceux qui en travaillent la terre : 2016 a été une « année noire pour la « ferme France » », comme le titre La Croix dans son édition dominicale. Ce que l'on peut illustrer, par exemple, par le fait inquiétant que « le nombre de défaillances dans le secteur du lait n'a cessé d'augmenter l'an dernier. (…) Elles ont fait un bond de 30 %, la Bretagne étant même en première ligne avec 100 entreprises d'élevage en redressement ou liquidation, deux fois plus qu'en 2015 » (Le Figaro, samedi 25-dimanche 26 février 2017). « Nombre d'agriculteurs travaillent à perte », est-il écrit dans ce même article... Et La Croix de renchérir en soulignant que « près de 132.000 (exploitants agricoles) – soit le tiers de l'effectif global - auraient touché, cette année-là (2015), un salaire inférieur à 354 euros mensuels, soit moins que le Revenu de solidarité active (RSA) ». Oui, vous avez bien lu : moins de 354 euros mensuels pour des personnes qui travaillent souvent plus de 50 heures par semaine ! Un véritable scandale qui ne s'est pas démenti en 2016, bien évidemment... C'est une situation économique et sociale difficilement tenable, mais qui, malgré tous les plans et toutes les promesses gouvernementales, est devenue structurelle, comme si la République avait, là aussi, baissé les bras et cédé devant des pressions et des habitudes économiques liées à la mondialisation et au capitalisme dominant et « néo-féodal » (le sens du service en moins).

    Car il faut bien désigner ce qui a rendu possible cette situation épouvantable pour les hommes et femmes des champs et des étables : un capitalisme débridé qui ne compte qu'en termes comptables et de profits démesurés, aux dépens du travail et des travailleurs, mais aussi des animaux, des végétaux et des espaces rapportés à leurs potentialités productives, sans regard ni pour l'environnement ni pour la biodiversité locale, pourtant souvent adaptée, sur le plan agricole, à son milieu d'origine et d'exploitation parfois multiséculaire. Ce capitalisme prend les formes du productivisme et d'une sorte de « darwinisme agroalimentaire » qui réduit à quelques espèces seulement le catalogue des plantes et des bêtes agricoles : sait-on que, chaque année, plusieurs dizaines de milliers d'espèces végétales et animales disparaissent de par le monde et que, pour la plupart, ce sont des espèces agricoles ? En France même, si l'on s'intéresse au bétail, il sera facile de constater les ravages de cette sélection qui n'a rien de naturelle... D'ailleurs, la vache Bretonne Pie-noire, dont Fine, la tête d'affiche du Salon de l'agriculture 2017, est issue, a bien failli disparaître il y a quelques années alors que l'on en comptait environ 1,4 millions de spécimens en 1850 et seulement 2.500 en 2010. D'autres, comme la Brayonne, la Cotentine ou la Bretonne Pie-rouge, n'existent plus du tout, et seules quelques photos de foires et marchés anciens attestent de leur existence passée...

    agriculture-assassinee-3eme-edition.net.jpgDans son livre « L'agriculture assassinée » publié dans les années 1980, le journaliste agricole royaliste Jean-Clair Davesnes, connu aussi sous le nom de Paul Serry dans les colonnes d'Aspects de la France (l'ancien titre de l'Action française), dénonçait avec une virulence particulière le processus des années 1950-1970 qui avait mené l'agriculture française à la dépendance aux marchés mondiaux et à l'endettement qui en avait, par le même mouvement, résulté, mais aussi fustigeait  l'imposition d'un modèle d'agriculture de moins en moins paysanne et de plus en plus « rentable » (surtout pour les grands groupes agroalimentaires) à défaut d'être de qualité : « En une génération, des dizaines de races bovines ont été anéanties ou réduites à quelques unités de musée, des éleveurs indépendants et responsables sont devenus des agents d'exécution appuyant sur un bouton pour distribuer de la nourriture en granulés ou mettre en marche un tapis roulant évacuant le fumier.

    « Pour en arriver là, il a fallu mettre en œuvre une politique violente de contrainte et de destruction dont les trois éléments furent la Loi de l'élevage de 1966 (1) – qui a fait proliférer une bureaucratie inutile, sclérosante et parfois stupide -, la dictature de l'insémination artificielle – qui a anéanti l'indépendance des éleveurs en leur enlevant le moyen même de cette indépendance c'est-à-dire la sélection de leur cheptel et le choix des géniteurs -, enfin l'utilisation généralisée de la Frisonne-Holstein – qui a transformé la vache laitière en usine à lait, « robotisé » le travail de l'éleveur et appauvri de façon dramatique tout le potentiel génétique du cheptel bovin français. (…)

    « La réduction des races dans les différentes espèces animales domestiques a toujours été l'objectif de certains esprits simplificateurs voulant appliquer à l'agriculture et à l'élevage les méthodes de production employées dans l'industrie. (…)

    « Dans l'espèce bovine, c'est l'insémination artificielle qui a été le vecteur de l'élimination des races. (…) Un autre facteur d'élimination des races bovines fut le développement de la production laitière, la constitution d'énormes complexes industriels laitiers, privés ou coopératifs, ou les deux à la fois, où s'enchevêtrent de multiples intérêts n'ayant rien à voir avec ceux des producteurs de lait mais pour lesquels une seule chose compte : la production de masse. »

    Ce darwinisme agroalimentaire, qui semble mineur à première vue, est l'une des causes de la crise actuelle des éleveurs français (mais elle n'est évidemment pas la seule !), et il s'inscrit dans une logique qui est celle de la massification et de la Grande distribution : celle-ci prend les traits, en France, des élevages suréquipés en informatique (2), mais aussi de ces hangars qui enferment des dizaines de milliers de poulets ou de cette « ferme des mille vaches », ferme concentrationnaire de bovins, que dénonce régulièrement Alain Finkielkraut et les syndicalistes de la Confédération Paysanne, malheureusement en vain...

    Si l'on veut sauver les agriculteurs français, il faudra bien un jour penser un autre modèle que celui qui orchestre depuis trop longtemps le malheur des campagnes... L'agriculture biologique et locale, encore faible en poids économique et social, peut participer de ce nouveau modèle souhaitable et nécessaire d'une agriculture paysanne qu'il s'agit de promouvoir et d'étendre, au bénéfice des femmes et des hommes qui veulent vivre de leur travail, à la terre comme à l'étable, mais aussi des consommateurs.

    Notes : (1) : La Loi sur l'élevage du 28 décembre 1966, signée par Edgar Faure mais préparée sous son prédécesseur Edgard Pisani par Jacques Poly, un généticien, compte 18 articles qui organisent la sélection et l'insémination des bovins, ovins, caprins et porcins selon des critères appréciés, en définitive, par les généticiens et le Ministère de l'agriculture, et les rendent obligatoires, sous peine d'amendes : c'est la mise sous tutelle de la reproduction animale agricole pour les espèces sus-citées, au nom de « l'amélioration génétique du cheptel »... A relire les articles de cette loi, j'avoue un certain malaise et une certaine inquiétude : c'est une loi qui peut rappeler bien des souvenirs à ceux qui ont lu les textes d'anticipation d'Orwell et d'Huxley...

    (2) : un équipement informatique et de robots, désormais très « tendance », mais rarement rentabilisé : « c'est encore une source importante et supplémentaire d'endettement », me disait un agriculteur de la vieille école il y a quelques années, en signalant aussi que « la mise aux normes, principalement européennes » grevait aussi lourdement le budget des éleveurs.

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • La critique de la société de consommation par les royalistes en 1968.

    En préparant un sujet d'oral pour des élèves de classe préparatoire sur « les Trente Glorieuses » et en travaillant, presque dans le même temps, sur les royalistes dans les années 1968-1971, je suis retombé sur quelques textes de Pierre Debray, ce maurrassien atypique qui a eu le mérite d'ouvrir quelques pistes de réflexion nouvelles depuis les années 1950 jusqu'à la décennie 1980, pistes parfois plus ou moins heureuses mais toujours intellectuellement stimulantes. J'ai, en particulier, été très marqué par son idée que Ford avait été, en définitive, plus novateur et révolutionnaire que Marx et Lénine réunis, ce que Debray explique dans cet article publié par Aspects de la France (le titre de l'hebdomadaire de l'Action Française de 1947 à 1992) en 1968, quelques mois après les fameux événements de Mai, et dont il ne me semble pas inutile de reproduire ici quelques extraits :

    « On oublie trop que les Américains ont réussi une révolution moins spectaculaire mais plus efficace que l'Octobre rouge des bolcheviques. Son Lénine fut un constructeur d'automobiles de Detroit, Ford, qui découvrit que les patrons commettaient une faute de calcul en n'accordant qu'à contre-cœur, sous la pression de la grève, des augmentations de salaires aux ouvriers. Si ceux-ci gagnaient assez d'argent, ils achèteraient des autos. Les marges bénéficiaires baisseraient mais les ventes augmenteraient, d'autant qu'en produisant davantage on réduirait les prix de revient. M. Ford voyait dans cette opération un avantage supplémentaire : les petites entreprises qui ne pourraient supporter l'élévation des charges salariales seraient obligées de fermer leurs portes ou de fusionner avec les firmes les plus puissantes. Ce qui advint. L'industrie de l'automobile se concentra, au bénéfice de deux ou trois compagnies, dont Ford.

    « Ainsi fut développée cette fameuse société de consommation que nos « enragés » (1) vilipendent sans bien savoir de quoi ils parlent. »

    Cette analyse était d'autant plus intéressante qu'elle rejoignait la double préoccupation des traditionalistes qui s'inquiétaient à la fois d'un mode de société détruisant les formes anciennes et souvent rassurantes de l'Ordre « éternel » et de la civilisation de l'être (inquiétude qu'avaient mis en mots, sous des formes différentes, Bernanos et, de l'autre côté de la Manche, Tolkien) et d'une révolte qui se voulait révolutionnaire et tout aussi destructrice des bases de la société « de toujours »... Debray considérait, à la suite de son maître Maurras, que la tradition, qui se devait d'être critique pour être complète et efficace, était la condition même de la pérennité de toute société, de son être profond, de son âme. (2)

    « Quand l'école d'Action française condamne la société de consommation, elle sait parfaitement ce que cela veut dire. Il s'agit de la révolution copernicienne opérée par Ford le jour où il a compris que désormais il ne fallait plus produire pour consommer mais consommer pour produire. C'est que le grand problème n'est plus de fabriquer mais de vendre. (…) Comment écouler les milliards d'objets qui sortent chaque jour des usines sinon par l'organisation scientifique du gaspillage ? Nous entrons dans l'ère du gadget, ce qui ne sert à rien, (…) le produit idéal, puisqu'il n'est pas nécessaire de l'utiliser pour avoir besoin de le remplacer. Chacun peut acheter autant de gadgets qu'il en a envie. Le seul problème est précisément de lui en donner l'envie. La publicité s'en charge. »

    Cette société de consommation s'appuie sur ce que Konrad Lorenz appelait la « néophilie », cet amour de la nouveauté permanente et qui permet, justement, d'écouler nombre de produits que la mode présente comme « nécessaires » quand, pourtant, ils ne sont, la plupart du temps, que superflus. Elle est aussi la mise en valeur de la tentation, soutenue par le crédit à la consommation qui n'est rien d'autre que l'endettement des consommateurs : en somme, l'aliénation à la marchandise et l'enchaînement par la dette...

    Ainsi, la révolution Ford désarme-t-elle, effectivement, toute révolution politique qui voudrait remettre en cause l'ordre établi par (et pour) le capitalisme. D'ailleurs, Henri Mendras, dans son livre « La Seconde Révolution française, 1965-1984 », confirmera la fin des espérances politiques  et la « désacralisation des grandes institutions », dont le Parti Communiste et les syndicats ouvriers, entre autres.

    La critique royaliste de la société de consommation n'a pas, après Mai 68, rencontré le succès qu'elle méritait mais, aujourd'hui, les héritiers de l'Action française, y compris post-maurrassiens ou fort critiques à l'égard de Maurras, peuvent constater qu'elle a infusé dans le monde des idées et des revues, et que « l'écologie intégrale », prônée par le pape François, rejoint quelques unes des intuitions et préoccupations monarchistes évoquées par Pierre Debray au cœur même des « Trente Glorieuses »...

    Notes : (1) : Il s'agit des gauchistes et anarchistes de Mai 68 qui, à l'époque, connaissaient un certain succès et apparaissaient comme la forme la plus virulente de la contestation du « système » que symbolisaient à la fois le général de Gaulle (pourtant fort « traditionnel ») et la société de consommation de ce que Fourastié n'avait pas encore appelé « les Trente Glorieuses »...

    (2) : Est-ce suffisant pour qu'une société vive et s'inscrive dans le temps long et de plus en plus mouvant de notre contemporanéité ? La tentation, à laquelle n'ont pas échappé nombre de « conservateurs », a été de croire en un temps « invariable » et de vouloir figer les rapports sociaux, au risque d'étouffer eux-mêmes toutes les possibilités d'une « tradition vivante » et, d'une certaine manière, empirique. Au lieu d'enraciner, ils ont plutôt desséché les traditions qu'ils prétendaient servir ou sauvegarder : or, une tradition sèche est condamnée à n'être plus, me semble-t-il, qu'une nostalgie stérile...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Émigrants – Immigrants : cherchez l’erreur !

    Bernard Plouvier

    On savait déjà que, depuis la fin des années 1980, des Juifs citoyens français quittaient le pays pour vivre en Israël. Cet exode s’est nettement accentué depuis le début des années 2010, ce qui se conçoit fort bien étant données la recrudescence des manifestations judéophobes de nos merveilleux immigrés mahométans et la multiplication des attentats et actes de vandalisme, dont quelques-uns ont visé des cibles juives.

    On sait que de plus en plus de jeunes diplômés ou de très brillants étudiants autochtones quittent un pays envahi et dangereux, où il ne fait plus bon vivre – du moins dans les villes saturées d’allogènes grossiers, vandales, racketteurs, violeurs, voire terroristes au nom d’une divinité moyen-orientale dépourvue d’intérêt pour un Européen de souche.

    On apprend plus confidentiellement qu’il existe une autre fuite : l’émigration des millionnaires en euros. En 2015-2016, ils ont été 22 000 beati possidentes à quitter le territoire national. Parallèlement, les USA se sont enrichis de 10 000 millionnaires étrangers (l’euro et le dollar sont assez proches en matière de pouvoir d’achat).

    Les réformes d’un certain Trump risquent d’accentuer encore le phénomène : la comparaison entre ce Président dynamique, opposé à la démagogie de son prédécesseur, et nos tristes sires plouto-démocrates vautrés devant les financiers cosmopolites n’est guère favorable à une inversion de tendance, bien au contraire.

    On reconnaît volontiers que le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande connaissent également un afflux de millionnaires étrangers, mais la Grande-Bretagne, elle aussi envahie, en est exportatrice. À quand l’émigration des millionnaires des pays scandinaves ? Stockholm vient de connaître une semaine d’émeutes raciales, comme on en rencontre tant dans ce qui fut la Douce France ou au royaume de Sa Gracieuse Majesté Elisabeth II.

    En contrepartie de ces départs, fort gênants pour l’avenir économique, social et scientifique de notre pays et de notre Nation, nous avons la joie, la « chance » d’accueillir des dizaines de milliers d’immigrés-« réfugiés politiques » (réels ou supposés)-envahisseurs, très souvent analphabètes ou dépourvus de la moindre qualification professionnelle, mais nantis d’une foi conquérante : l’islam dans sa forme originelle, strictement conforme au texte coranique, agressif, sectaire, intolérant.    

    Plutôt que de nous casser les pieds et de nous tympaniser avec des histoires d’emplois népotistes, de pseudo-désastres écologiques à venir, d’un soi-disant « péril fasciste » (d’où proviendrait-il en une Europe amollie, aveulie, émasculée ?), les candidats aux élections de ce millésime feraient bien de se prononcer sur les types d’immigration et d’émigration, toutes deux indésirables et grosses de périls à court, moyen et long termes.

    C’est à faire reprendre la natalité autochtone, à rendre vie à l’industrie française qu’il faut s’attacher, de façon parallèle à l’organisation du retour de la dizaine de millions d’immigrés extra-européens dans leurs continents d’origine et du nettoyage des deux milliers de cités de non-droit, qui ne sont probablement pas étrangères à l’émigration autochtone.  

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Au-delà de la crise grecque, la question française.

    La Grèce, toujours la Grèce ! N'est-ce pas ce que l'on pourrait se dire avec une pointe d'agacement en constatant que, une fois de plus, la Grèce revient sur le devant de la scène européenne, non pour son histoire ou son patrimoine touristique, mais pour son incommensurable dette et son impossibilité à la réduire, menaçant ainsi, à en croire les économistes européens, la viabilité de la zone euro ? En fait, la Grèce continue de souffrir, année après année, de l'incurie de sa République et de sa classe politique, mais surtout de la politique absurde des dirigeants de la zone euro et d'une financiarisation de l'économie qui ne veulent voir que des chiffres comptables et oublient les hommes, faisant reposer sur toutes les générations présentes et à venir le poids d'une dette qui, à ce niveau et avec les intérêts qui continuent de s'accumuler, n'est pas, tout simplement, résorbable et, au contraire, éternellement renouvelable : dette absurde et mortifère qui emprisonne toute une population dans un cycle infernal, privant la jeunesse grecque d'un avenir local et la forçant à s'expatrier. C'est une véritable fuite des cerveaux, un asséchement de la matière grise qui ne laisse d'inquiéter les élites intellectuelles locales et qui doit nous prévenir aussi des risques qui nous menacent si nous ne trouvons pas, en tant qu’État français, les moyens d'aider la nation grecque et de maîtriser notre propre endettement quand il en est encore temps et cela même s'il est déjà bien tard et bientôt, peut-être, trop tard.

    Dans cette affaire grecque, l'Allemagne joue un jeu dangereux et M. Schäuble, l'intraitable ministre allemand des finances, cache à peine son intention de chasser la Grèce de la zone euro pour sauver l'euro (à défaut de sauver la Grèce, mais qui sait si la Grèce ne s'en porterait pas moins mal ?) alors que, dans le même temps, l'on nous explique doctement que la sortie d'un pays (le nôtre par exemple, puisque c'est un des débats de l'actuelle campagne présidentielle) de cette fameuse zone entraînerait de funestes conséquences pour son économie nationale et l'équilibre de l'Union européenne... Que penser de cette évidente contradiction dans le discours ? La politique allemande (qui cherche à imposer sa volonté au reste de l'Union, et au nom de « l'intérêt » supposé de cette même Union), par son intransigeance sur la dette grecque, fait détester « l'Europe » plus sûrement que tous les discours populistes qui n'en sont que la conséquence, et non la cause des problèmes de l'ensemble européen.

    En effet, comment faire aimer « l'Europe » quand on en écrase les peuples et les nations pour des raisons d'argent ? Jadis, l'on disait que « plaie d'argent n'est pas mortelle », mais la dette à perpétuité, elle, tue les États et « l'envie d'être ensemble » que les Grecs ne vivent plus que comme un malheur sans sursis avec le chantage constant des institutions européennes et du FMI qui exigent une libéralisation sans fin et sans mesure : « l'hubris », cette notion née en Grèce ancienne et qui signifie la démesure, l'excès, est le terme qui convient pour signifier la politique de l'UE et de l'Allemagne à l'égard de la nation hellène contemporaine.

    Où est la solidarité européenne que l'UE vantait jadis dans ses discours officiels et dans ses traités ? Bien sûr que la Grèce a triché pour entrer dans la zone euro, mais qui a fabriqué cette tricherie, sinon la fameuse banque états-unienne Goldman Sachs qui, aujourd'hui, salarie l'ancien président de la Commission européenne Manuel Barroso ? Qui a accepté cette fraude pour donner plus de poids au projet de la monnaie unique, dont les européistes annonçaient qu'elle mettrait fin à toutes les crises possibles et imaginables ? Qui ?

    Ce qui est certain, c'est que les Grecs souffrent et que cette « Europe punitive » dont ils subissent le joug depuis sept ans ne les fait plus rêver : hier encore, en juillet 2015, nombre d'entre eux refusaient l'idée d'un retour à l'ancienne monnaie nationale, la drachme. Aujourd'hui, malgré les menaces et les prédictions apocalyptiques, ils renient cette monnaie unique qui, si elle a diffusé dans tous les pays de la zone euro l'image de la chouette d'Athéna ou celle de la princesse phénicienne enlevée par Zeus qui a donné son nom à notre continent, leur a aussi ôté toute indépendance sans leur donner la sécurité : beau résultat !

    Il faudra bien, un jour, sortir de cette situation infernale et qui donne à la construction européenne une si mauvaise réputation, celle du mépris à l'égard des plus faibles, au lieu de fonder et porter une perspective de nouvelle société plus équitable et une ambition de forte coopération des puissances d'Europe pour le juste équilibre mondial. La France, si elle retrouvait sa véritable place sur la scène européenne et internationale, aurait une immense tâche à assumer, et ne pourrait se défausser comme, par faiblesse de situation et de volonté, elle le fait depuis quelques quinquennats...

    Quand Anatole France se plaignait amèrement de l'absence de politique étrangère de la France sous la Troisième République, il désignait le coupable, c'est-à-dire cette République-là. La Cinquième a, un temps, renoué avec la logique diplomatique capétienne, peut-être jusqu'à 2003 et le refus français de suivre le bellicisme états-unien en Irak. Mais, sous MM. Sarkozy et Hollande, elle a renoncé à « faire de la force » et elle a déserté face aux difficultés et aux enjeux contemporains, par fatalisme ou par paresse, ou peut-être pire encore. Or, il n'y aura pas de construction européenne (quelle qu'elle soit, d'ailleurs) solide s'il n'y a pas une France sûre d'elle-même et libre de dire et d'agir, y compris contre les habitudes et au-delà des féodalités financières et économiques qui voudraient se soustraire et se substituer aux États constitués. Là encore, la République est-elle capable d'incarner ce renouveau politique et diplomatique que la France et l'Europe, que les nations et peuples de France et d'Europe attendent et, même, appellent de leurs vœux ? J'en doute fortement, au regard de l'histoire et des candidats à la présidentielle, si convenus et si décevants au regard des enjeux contemporains.

    « La France ne peut être la France sans la grandeur », disait le général de Gaulle mais l'Europe elle-même n'est rien sans la France libre et forte. Encore faut-il qu'elle ait à sa tête un État digne de ce nom et, mieux qu'un homme, une famille pour l'incarner et l'inspirer... En somme, une Monarchie héréditaire et successible, et non une République soumise aux jeux de partis et de clientèles électorales et présidentielles.

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • La nécessité de désétatiser demeurera

    Jour après jour la campagne présidentielle française s'embourbe dans un caniveau d'affaires plus ou moins manipulées et dans un écheveau de manœuvres obliques. Sans même parler en lui-même du feuilleton géré pendant un mois par le parquet national financier et la magistrature syndiquée, cette évolution a pollué tout débat de fond sur les besoins du pays. Et, en haut lieu, on a indiscutablement décidé de faire ainsi détourner l'attention et à éviter les vraies questions.

    Les provocations et digressions se sont ainsi accumulées. Plus on examine, par exemple, les réactions aux propos algériens de M. Macaron, plus on constate l'afflux de commentaires convergents de Français outragés. Une couche y a été rajoutée quand il a repris la fameuse phrase de Charles De Gaulle au forum d'Alger dont visiblement il ne connaît pas le contexte. Même ma propre réaction m'incite, non pas à me retirer de cette polémique mais à me contenter d'entendre plus encore que d'approuver ceux qui s'indignent de la faute, autant morale que politique d'un candidat qui devrait nous sembler désormais ridicule. Il nous aime, dit-il, passionnément. À la folie. Pas du tout.

    Au moment où nous écrivons, et où ce candidat lui-même prétend révéler son mystérieux programme tissu de contradictions, nous savons très bien que nous ne nous apprêtons à élire ni un "sauveur", ni un directeur de l'assurance maladie.

    Il apparaîtra en effet de plus en plus clairement, après un demi-siècle de quasi-confirmation plébiscitaire de la suprématie présidentielle, que les assemblées vont jouer, désormais, un rôle beaucoup plus important dans nos institutions. À cet égard quand on entend dire qu'il faut ou que l'on se propose d'instaurer une sixième république, slogan supposé chic et audacieux, on doit évidemment hausser les épaules. Pour ronflante, l'expression se révèle vide de sens. En 1958, Charles De Gaulle avait prononcé, symboliquement place de la République, un discours fondateur. Il mettait les choses au point : "de cette république, on dit qu'elle est la cinquième, en réalité c'est toujours la même."

    Dans la constitution actuelle, de nombreuses révisions sont intervenues, certaines de détail, d'autres beaucoup plus cruciales. Citons : l'élection du chef de l'État au suffrage universel direct instituée en 1962, et l'invention de la loi de financement de la sécurité sociale devenue en 1996 le premier budget du pays, ont largement transformé le régime. D'autres tournants y ont contribué y compris les jurisprudences du conseil constitutionnel.

    Notons à cet égard que, si certaines dispositions peuvent paraître de peu d'importance, d'autres équilibres résultent de lois que l'on n'a pas incorporées à la constitution : ainsi la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905, si souvent considérée comme essentielle pour l'idée républicaine elle-même, pourrait être abrogée d'un trait de plume. En 2012, pour se prémunir d'un tel danger le grand orient avait fait promettre au candidat Hollande son incorporation à la loi fondamentale. Promesse non tenue, peut-être par pure négligence, plus probablement pour satisfaire une tactique électorale communautariste.

    Au moins aussi importante, l'affirmation de Chirac en date du 4 octobre 1995 faisant de la sécurité sociale une sorte de pilier fondateur de l'identité française, n'a cessé depuis plus de 20 ans de produire ses méfaits, dont le premier fut consacré par la réforme constitutionnelle de 1996 étatisant le dispositif. Rappelons que ce plan Juppé porte entre autres la responsabilité du désert médical grandissant dans notre pays, et d'autres conséquences structurelles catastrophiques dans le secteur de la santé, mais aussi la déconstruction de ce qui se voulait depuis la seconde guerre mondiale un soutien de la famille et de la natalité françaises en France, etc.

    Un candidat avait-il, dans un discours prononcé le 18 novembre 2016 au palais des congrès, osé critiquer ce prétendu modèle français et affirmé la nécessité de désétatiser ? Comme dans la chanson "il a dit la vérité, il doit être exécuté".

    Cependant on doit le dire très fermement. Le programme plébiscité par des millions d'électeurs de droite les 20 et 27 novembre, restera nécessaire, quel que soit le résultat du scrutin présidentiel, au redressement de la France et les manœuvres élyséennes de ces dernière semaines, devront être déjouées. La nécessité de désétatiser la protection sociale demeurera.

    Quand les mythes l'emportent sur les faits, il faut lutter pour la vérité.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/2017/03/la-n%C3%A9cessit%C3%A9-de-d%C3%A9s%C3%A9tatiser-demeurera.html

  • SIA 2017. “Où est passé l’argent de la PAC ?”, cri de la Conf’

    conf_mae.jpg

    Pour Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, la question des retards de paiements des aides aides à la conversion en agriculture biologique et au maintien de l’agriculture biologique, c’est comme le scotch du capitaine Haddock.

    Lors de ses déplacement en province, le sujet le poursuit, comme en Seine-Maritime la semaine dernière.  Avec le Ministre très présent au salon de l’agriculture, les interpellations se font quotidiennes lors des rencontres avec les professionnels. Et le ton monte…

    De fait, la totalité des aides à la conversion et à la reconnaissance des services environnementaux (dites “maintien”), ainsi que certaines mesures agro-environnementales (MAEC) dues au titre des années 2015 et 2016, n’ont toujours pas été versées.

    La Confédération Paysanne a même organisé une manifestation dédiée au sujet le 28 février dans les allées du Salon. L’objectif était de se rendre au stand de l’Agence de Service et de Paiement. Et ça a été l’occasion d’interpeller directement Stéphane Le Foll, présent sur le stand voisin du Ministère de l’Agriculture.

    La suite

    https://www.actionfrancaise.net/2017/03/01/2691/

  • La dette de la France montrée du doigt par le Wall Street Journal !

    Marc Rousset Boulevard Voltaire

    À la veille de la prise de Byzance par les Turcs en 1453, les théologiens dissertaient doctement sur le sexe des anges ! Seuls les cimeterres turcs parvinrent à les mettre d’accord en les envoyant ad patres pour vérifier de plus près ce qu’il en était exactement !

    Il semble que les Français préfèrent les discours inconsistants, les propos lénifiants à faire rêver les foules du mondialiste immigrationniste libertaire Macron. Ils préfèrent parler pendant des heures et des journées entières de ce que Fillon aurait dû faire ou ne pas faire de son allocation légale de député puisqu’il n’a pas dépensé plus d’argent public que ses nombreux confrères socialistes ayant engagé leur maîtresse en lieu et place de leur épouse.

    Or, quel est l’état réel de notre pays ? La faillite, la faillite totale morale, militaire, migratoire, financière, économique ! C’est Simone Wapler, analyste financier, qui lance l’alarme en expliquant que le Wall Street Journal vient de classer la dette de la France dans la liste des pays périphériques au même titre que la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. La France est endettée à hauteur de son PIB, soit environ 2.000 milliards d’euros et, chaque année, cette dette grossit d’un déficit public de plus de 3 % du PIB ! Ce déficit représente, en réalité, 23 % des recettes fiscales de l’État !

    Notre situation est donc tout à fait comparable à celle d’une entreprise qui, depuis quarante ans, inscrirait à son compte d’exploitation une perte financière de 23 % de son chiffre d’affaires.

    Une perte aussi gigantesque ferait dresser les cheveux sur la tête à n’importe quel administrateur de société privée au bout de six mois ! Mais dans le domaine politique et public, cela fait quarante ans que dure cette tragédie-comédie aussi triste que comique, irresponsable et burlesque !

    À ce triste tableau, il convient d’ajouter des mœurs décadentes, l’invasion migratoire, la désindustrialisation, nos agriculteurs qui se suicident… Il faut reconnaître que la France, depuis De Gaulle et Pompidou, a failli ! L’Allemagne, elle, tient grâce à son économie et une culture citoyenne plus responsable qu’en France ! Les plus nombreuses expulsions réelles de clandestins en Allemagne, malgré la présence de Merkel, le démontrent.

    Nous sommes, en fait, à la veille d’une crise de 1929, d’un krach financier et d’événements géopolitiques aussi graves qu’après les années 1930 !

    Selon Macron, il faut que tout change pour que rien ne change. Mais selon Winston Churchill, « il vaut mieux prendre les événements en main avant qu’ils ne vous prennent à la gorge ». France, réveille-toi ! Seule une révolution conservatrice avec le changement de nos structures économiques, tout en gardant l’euro, peut empêcher notre patrie de sombrer.

  • Comment la France a tué ses villes

    C'est un livre au titre choc que vient de publier Olivier Razemon, journaliste indépendant dont le travail s’articule principalement autour de l’urbanisme et des transports. Car c’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes françaises vont mal. Entre fermeture des commerces, départ des plus riches et élus locaux fatalistes, c’est un portrait de villes à l’agonie que dresse le journaliste. Interview. Olivier Razemon. 
    - « Que se passe-t-il actuellement dans les villes françaises ? 
    - Seules les très grandes villes, Paris et les métropoles régionales, ainsi que les localités touristiques, se portent bien. Les autres, les villes petites et moyennes, souffrent terriblement. Le premier symptôme de leur maladie réside dans la fermeture des commerces qui, chaque année, prend davantage d’ampleur. Ce phénomène des vitrines vides saute aux yeux partout, que l’on se balade dans le centre de Béziers, Périgueux ou de Soissons. 
    Le nombre de logements vides est un autre symptôme : les villes moyennes présentent un taux de logements vacants dépassant nettement les 10 %, résultat du départ des familles qui en ont les moyens vers la périphérie et ses maisons individuelles. C’est un paradoxe, alors qu’on nous répète en boucle que la France manque de 500 000 logements neufs par an. 
    Le troisième symptôme, c’est l’appauvrissement de ces villes : elles sont devenues plus pauvres que leur environnement immédiat. Enfin, on constate la disparition de commerces de base – boucherie, boulangerie, équipement de la maison – au profit d’enseignes de tatouage, de vapotage, d’achat d’or, de ventes éphémères... Le commerce du superflu a envahi les villes moyennes, le commerce de l’essentiel tend, lui, à disparaître. 
    - Cela fait des années que cette tendance est en marche. Pourquoi cette prise de conscience tardive ? 
    - Il n’y a pas réellement encore eu de prise de conscience ! La plupart des Parisiens ou des Lyonnais, par exemple, ignorent tout du phénomène… Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’a évoqué cette question des villes moyennes où vit pourtant un quart de la population. Et puis même si localement, il y a une prise de conscience, les choses continuent comme avant : les autorisations sont accordées pour continuer à construire la ville en dehors de la ville, avec toujours plus de centres commerciaux, de zones d’activités, de rocades, de lotissements, de gares TGV bâties dans le périurbain. 
    Alors, oui, les élus locaux en parlent, mais ils identifient ça soit comme un problème de commerçants, soit comme une fatalité. Beaucoup n’ont pas conscience que c’est comme ça partout ailleurs et pas seulement chez eux. Et la situation risque de s’aggraver : seulement 10% des projets commerciaux en cours verront le jour en ville et donc 90% en périphérie… 
    - De potentiels coupables sont souvent désignés, à tort… Qui sont-ils ? 
    - Une foule de coupables sont désignés : l’e-commerce, les loyers commerciaux trop élevés, la crise, les métropoles… Ces facteurs ont bien un impact mais cela reste un impact limité sur d’autres. Internet ne nuit pas aux boulangeries. Pourtant, ces dernières ferment. 
    La crise n’explique pas tout non plus : quand on regarde les chiffres, les gens sont plus riches qu’avant, car oui, le niveau de vie continue à croitre en France. Ce paradoxe est très visible à Aurillac, Vitré, Rodez : ce sont des villes où le chômage reste plutôt faible mais les commerces ferment quand même… On accuse aussi la métropole voisine. C’est vrai que les villes moyennes ne bénéficient pas des mêmes aides publiques, ni de la présence des intellectuels et cols blancs. Mais la quincaillerie d’Agen ne ferme pas à cause de Bordeaux… 
    - A quoi la crise que traversent les villes moyennes peut-elle être véritablement imputée ? 
    - Pour moi, c’est la méconnaissance autour du sujet qui est véritablement la cause de l’inertie actuelle. Il faut arrêter de croire que la création d’une activité économique crée des emplois nets. C’est sur la base de cet argument de l’emploi que les élus acceptent la construction de centres commerciaux. Or, si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes ! Continuer à construire en périphérie des commerces soi-disant situés « au cœur de l’agglomération », mais uniquement accessibles en voiture, c’est un laisser-faire, une facilité, un manque de responsabilité. 
    Il n’y a pas de grand complot… Il s’agit juste d’une pensée à court terme d’hommes et de femmes élus pour 5 ans, de représentants de la grande distribution mais aussi de nous tous, collectivement. Si tous les Français décidaient d’aller dans les commerces de proximité plutôt que d’aller faire leurs courses uniquement au centre commercial, cela aurait un réel impact positif. La qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller acheter son pain à pied… 
    Les bonnes idées viennent de partout. Le Parti communiste, par exemple, propose de taxer les parkings des hypermarchés pour limiter le développement des grandes surfaces. Une telle taxe, assise sur les surfaces de stationnements des entreprises tertiaires et des commerces de plus de 2 500 m², n’est pas une utopie. Elle existe déjà en Ile-de-France et contribue à financer les transports publics. Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de limiter le recours au travail le dimanche aux seuls commerces de proximité et de le bannir, à l’inverse, dans les zones commerciales de périphérie… 
    - Quelles pistes de travail entrevoyez-vous pour les urbanistes et plus globalement, ceux qui fabriquent la ville ? 
    - Il est aujourd’hui indispensable de refaire de la ville un espace public où il est simple et agréable de se déplacer à pied. Remettre la voiture partout dans les villes moyennes n’est pas la solution. Les quelques villes qui l’ont fait juste après les dernières élections – en remettant du stationnement sur des places jusque-là piétonnes par exemple - en reviennent. C’est au niveau de la qualité urbaine que cela peut se jouer : des trottoirs larges, des éléments identitaires… c’est dans un travail de détails et de couture minutieux que les urbanistes ont un grand rôle à jouer. » 
    France : 62% du chiffre d’affaires commercial se fait en périphérie 
    Ailleurs en Europe, Les villes moyennes allemandes ou italiennes continuent à afficher une belle santé. « L’Allemagne et l’Italie ont un rapport à la ville qui n’est pas le même que le nôtre, indique Olivier Razemon. Ce sont deux pays plus urbanisés, dont les villes ont une histoire ancienne et une identité forte, contrairement à nos sous-préfectures françaises, désignées comme telles par la simple volonté de l’Etat. Le nombre élevé de communes françaises a aussi favorisé la multiplication des implantations commerciales : chaque maire a voulu son supermarché. » 
    Une étude réalisée en juillet 2012 par le cabinet Procos montrait qu’en France, « 62% du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25% en centre-ville et 13% dans les quartiers. En Allemagne, selon le même document, les proportions sont les suivantes : 33% en périphérie, 33% en centre-ville et 33% dans les quartiers. Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »