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La monnaie : Du pouvoir d’achat au pouvoir d’être
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CAPITALISME ET MORALE
La Fondation Atlas et la Fondation Templeton lancent un concours d'essais sur le thème "la libre entreprise affecte-t-elle le caractère moral ? » Elles mentionnent que l’on pourra s’inspirer des débats organisés par la Fondation Templeton sur le thème "Le libre marché corrode-t-il le caractère moral ?". Ayant examiné les papiers des treize contributeurs à ce débat, je me suis aperçu qu’un seul sur les treize avait une expérience quelconque de l’entreprise. Encore ce dernier avait-il surtout l’expérience d’entreprises spécialisées dans la finance. Cela ne signifie pas qu’ils ne pouvaient avoir des idées intelligentes sur le marché lui-même, dont ils sont des acteurs comme chacun de nous. Mais cela signifie que ce n’est guère auprès d’eux que l’on peut trouver des éclairages sur la question posée par le concours. Ayant passé l’essentiel de ma carrière professionnelle dans deux très grandes entreprises multinationales, ayant par ailleurs beaucoup fréquenté les petites entreprises pendant les quelques années où je me suis égaré dans la politique, j’ai pensé que j’avais peut-être une contribution concrète à faire sur le sujet du concours.
L'entrepreneur est celui qui observe la société autour de lui, décèle de nouveaux besoins à satisfaire et met en œuvre les moyens nécessaires pour y parvenir. C'est un créateur qui répand la richesse et fait vivre nombre de personnes moins douées ou moins audacieuses. C'est de loin le personnage le plus utile de la société et les peuples devraient lui vouer de l'admiration, ce qu'ils feraient sans doute s'il n'était dénigré par des théories fumeuses et envié par des hommes politiques moins créatifs.
L'entreprise repose sur des contrats. Au départ, quelqu'un (l'entrepreneur) pense qu'il existe dans la société un besoin latent à satisfaire, mais il n'a pas les moyens de le satisfaire seul. Il crée donc une entreprise et convainc différentes personnes de lui apporter des ressources, en leur expliquant que la vente des biens ou des services créés par l'entreprise permettra une certaine rémunération de ces ressources. Cette rémunération pourra être liée aux résultats (on l'appelle alors dividendes et ceux qui acceptent ce genre de risque s'appellent les actionnaires), ou elle pourra être définie d'avance (elle s'appelle alors intérêt, et les bénéficiaires sont les prêteurs). Ces participants sont liés les uns aux autres par des contrats. L'entreprise est alors en mesure de passer d'autres contrats, au premier rang desquels ceux qui vont lui apporter leur travail. Violer un contrat présente tellement d’inconvénients que les dirigeants efficaces trouvent beaucoup plus confortable de pratiquer systématiquement l’honnêteté.
Une entreprise ne peut être efficace que si les travailleurs s'y sentent bien. La préoccupation majeure de tout bon entrepreneur, est de faire en sorte que ce soit le cas. C'est très difficile, car chacun de nous croit volontiers que ses mérites ne sont jamais suffisamment reconnus, et les syndicats nous incitent à le penser. Dans l'entreprise privée, on y parvient pourtant, puisqu'il n'y a que 5% de syndiqués, et il n'est pas rare de voir les syndicalistes eux-mêmes demander discrètement une place dans l'entreprise pour leurs enfants. Dans la fonction publique, les patrons ont une carrière assurée, et ils s'intéressent moins à leurs subordonnés. D'où un mécontentement larvé, un taux de syndicalisation plus fort, et des grèves à répétition, dont les usagers et le pays pâtissent.
Sur un marché libre, une entreprise ne peut survivre que si elle satisfait sa clientèle et ses employés et si elle engendre plus de richesses qu'elle n'en consomme. Si un concurrent survient qui satisfait mieux sa clientèle parce que ses produits sont meilleurs ou moins chers, l'entreprise devra s'adapter ou mourir. Si les goûts ou les besoins de la clientèle changent, et ils changent souvent, l'entreprise devra également s'adapter ou mourir. Le maître mot est le mot adaptation. Malheureusement, en France, l'enseignement, les syndicats, les pouvoirs publics, tous, se crispent sur le maintien des situations existantes au lieu de favoriser les adaptations aux situations nouvelles.
L'adaptation serait considérablement facilitée par la disparition du code du travail et l'établissement de contrats spécifiques, librement négociés, entre l'employeur et l'employé, fut-ce avec les conseils de syndicats de l'entreprise. Le rôle de l'État pourrait se borner à fournir des contrats types pour aider les nombreux illettrés qu'il forme au sein de l'Éducation Nationale. Toutes sortes de contrats pourraient ainsi voir le jour, beaucoup plus adaptés aux besoins réciproques des individus et des entreprises qu'aucune législation ne pourrait les imaginer.
Cette adaptation serait aussi considérablement facilitée par la libération complète des salaires, car l'existence d'un salaire minimum empêche des centaines de milliers de gens d'accéder à l'emploi. Mais un salaire d'embauche prudent ne signifie pas un salaire figé, car il contribuerait au plein emploi, et en régime de plein emploi, la négociation entre un employeur et un salarié est favorable au salarié. Dans le système d'emploi complètement rigide que nous connaissons, où le travailleur est piégé dans l'entreprise et le patron piégé avec les gens qu'il a embauchés, le patron n'est pas incité à se donner beaucoup de mal pour garder ses employés. Au contraire, sur un marché libre du travail, et dans une situation de plein emploi, c'est le cercle vertueux : le patron est obligé de faire un effort beaucoup plus grand pour retenir les meilleurs :
- en les traitant avec considération
- en leur faisant comprendre le pourquoi de ce qu'ils font,
- en leur donnant des initiatives et des responsabilités à la mesure de leurs capacités.
Et les moins bons ont tout intérêt à faire un effort pour devenir meilleurs.
On dit que les multinationales corrompent les hommes politiques. En fait, ce sont les hommes politiques qui les pressurent. Au début, une multinationale qui s'installe investit et perd de l'argent. Dans l'exploration pétrolière, elle peut ne jamais en gagner, mais si elle vient à découvrir un gisement, il est fréquent que l'Etat modifie unilatéralement les termes du contrat initial pour augmenter sa part des bénéfices. Et comme cette extorsion sert surtout à grossir une administration inefficace, à acheter des armes, ou à alimenter la cassette personnelle de dirigeants corrompus, les vrais pauvres n'en voient pas la couleur.
La plupart des multinationales ont un code d'éthique qui permet aux responsables locaux de savoir ce que le groupe attend d'eux. Voici quelques extraits du code d'EXXON, la plus grande société pétrolière du monde :
"La politique de notre groupe est bien entendu d'appliquer strictement toutes les lois qui lui sont applicables.
Mais il ne s'en tient pas là. Même lorsque la loi est souple, EXXON choisit la voie de la plus haute intégrité. Les coutumes, les traditions, et les mœurs, varient d'un endroit à l'autre, et il doit en être tenu compte. Mais l'honnêteté n'est sujette à critique dans aucune culture…
Une réputation fondée de conduite scrupuleuse dans les affaires est pour la société un actif qui n'a pas de prix…
Nous sommes sensibles à la façon dont nous obtenons nos résultats. Nous comptons sur le respect de nos standards d'intégrité d'un bout à l'autre de l'organisation. Nous ne tolérons pas qu'un membre de l'organisation obtienne ses résultats au mépris de la loi ou par des actions non scrupuleuses….
Nous ne voulons pas de menteurs parmi nos managers, qu'ils mentent dans le but erroné de protéger la compagnie, ou pour se mettre en valeur. L'un des dommages les plus graves commis par un manager lorsqu'il dissimule de l'information, est qu'il envoie ainsi un signal à ses collaborateurs : le signal que les politiques et les règles de la société peuvent être ignorées lorsqu'elles sont gênantes. Ceci est de nature à corrompre et à démoraliser une organisation. Notre système de management ne peut se passer de l'honnêteté…"
Ce code est distribué à tous les membres du groupe, et les cadres sont tenus de le signer. Certains pensent que c'est un paravent. Ils se trompent lourdement. Des directeurs ont été licenciés parce qu'ils avaient donné des pots de vin pour avoir des contrats. J’ai été moi-même pendant quelques années responsable de son application en tant que contrôleur d’une filiale du groupe. Si j'avais laissé passer des manquements à l'éthique du groupe, les auditeurs de la maison mère n'auraient pas manqué de le découvrir, et c'est moi qui aurait été licencié.
Il y a la même proportion de gens honnêtes et de gens malhonnêtes dans l’entreprise que partout ailleurs. Mais dans la libre entreprise, soumise à la concurrence, la survie de l’entreprise exige de ses dirigeants et de ses employés des comportements moraux. S’ils ne sont pas honnêtes en entrant dans l’entreprise, ils apprennent à le devenir.
Jacques de Guenin http://libeco.net/ -
3000 SOLDATS AMERICAINS POUR L’AFRIQUE: Verrouiller le continent, limiter la Chine…
Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr/Le service de presse d’Army Times vient de rapporter que les Etats-Unis s’apprêtent à envoyer plus de 3 000 soldats un peu partout, en Afrique, pour 2013. Pour le Major Général, David R. Hogg, « En ce qui concerne notre mission, c’est un territoire vierge ». Menteur ! Depuis quelques années, de plus en plus de soldats américains stationnent sur le continent africain et même, si le Général Hogg ne le dit pas, le but de la mission américaine est claire : verrouiller au plus vite le continent africain.Pour les Américains, il y a urgence face à l’avancée commerciale de la Chine sur tout le continent. En fait, l’armée américaine effectue annuellement à peu près une douzaine d’opérations importantes en Afrique et pour ces opérations, des troupes et du matériel, y compris sophistiqué, sont réellement engagées. Pour les Etats-Unis, avoir un pied, militairement, dans tous les coins du continent, limiterait le risque que leurs intérêts ne soient pas protégés dans des régions où de réelles menaces existent en ce qui concerne l’’accaparement de terres agricoles ou l’exploitation de minerais rares.Le Mali dont on parle beaucoup, a été le site, récemment, d’un exercice militaire US du nom de « Atlas Accord 12 » qui a fourni aux militaires maliens une formation dans le domaine aérien. Quelques hauts-gradés maliens ont été formés ou ont suivis des stages à West Point. En fait, Paris a lâché l’Afrique depuis longtemps et les Etats-Unis préfèrent faire le travail eux-mêmes, en tout cas, diriger les opérations, superviser dans le pré-carré français, les armées nationales qui étaient pourtant traditionnellement en relation avec Paris ou avec nos écoles militaires.Opérations US en Afrique en 2012Pour illustrer cette ingérence américaine en Afrique, quoi de mieux que de dresser la liste des opérations américaines qui se sont déroulées, au cours de l’année 2012, en différents points du continent africain :- « Cutlass Express », un exercice naval visant ce qu’on appelle la «piraterie» dans la région du Bassin de Somalie.- « Africa Endeavor 2012 », basée au Cameroun, centrée sur la formation et la coordination en communications militaires. Tous les « renseignements » passant maintenant par le réseau américain Echelon. Nous avions d’ailleurs, déjà dit ici, qu’au Sahel, la France est obligée de passer par les services américains pour savoir ce qui s’y passe dans le « détail » !- « Obangame Express 2012 », exercice naval pour assurer une présence dans le golfe de Guinée, région au cœur d’opérations pétrolières en Afrique occidentale.- « Southern Accord 12 », basée au Botswana dont le but était d’établir des relations de travail entre les forces militaires d’Afrique australe et les Etats-Unis.- « Western Accord 2012 », exercice militaire au Sénégal, impliquant tous les types d’opération, des exercices de tirs à la collecte d’informations et au combat de tireurs d’élite.D’autres exercices de même nature aux noms tels que « African Lion », «Flintlock » et « Phoenix Express » ont aussi eu lieu. De plus, des unités de Gardes Nationaux US ont effectué des rotations dans des pays qui incluent entre autres, l’Afrique du sud, le Maroc, la Tunisie, le Nigéria, le Libéria et le Ghana. Des entreprises de sécurité privées américains se sont installées en Mauritanie et dans tout le Sahel.Les communiqués de presse du US Africa Command (AFRICOM) suggèrent que ces opérations sont bénéfiques tant pour les Etats-Unis que pour l’Afrique. Leur message central est que les militaires US et Africains sont des partenaires dans la guerre contre le terrorisme et d’autres formes de soulèvement. Mais ce n’est pas en réalité du partenariat, c’est de la défense classique d’intérêts économiques et stratégiques.25% des besoins américains en pétrole vers 2015 seront africainsUn rapport du Bureau de Recherche du Congrès sur les plans d’exploitation US a été publié par WikiLeaks. On y lit « en dépit des conflits dans le delta du Niger et d’autres régions productrices de pétrole, le potentiel pour des forages en profondeur dans le golfe de Guinée est élevé et les analystes estiment que l’Afrique pourra fournir près de 25% des besoins américains en pétrole vers 2015. »Le document cite un officiel US du Département de la défense : « …la mission principale des forces US (en Afrique) est d’assurer que les champs pétrolifères du Nigéria …soient sûrs ». Au moins, le propos est-il clair. C’est pourquoi, les Etats-Unis seraient satisfaits que des actions militaires menées par des Africains visent les militants et les groupes mafieux qui sabotent les oléoducs et les opérations des compagnies pétrolières occidentales en Afrique occidentale. Parallèlement, en raison de l’accroissement de leurs importations de pétrole, les Américains s’opposent vigoureusement à toute velléité africaine d’exclure par la force les dites compagnies du Delta du Niger même si leurs pipelines qui fuient ont ruiné d’innombrables hectares de terres agricoles et d’eaux poissonneuses et ont provoqué un véritable désastre écologique de toute la région.Les intérêts de l’Afrique sont, on le voit bien, en perpétuel conflit avec ceux des Etats-Unis comme avec ceux de la Chine. Les dirigeants africains continuent de leurrer leur peuple en s’attaquant souvent dans la presse africaine à la France ou aux Européens alors qu’ils se couchent honteusement, à tour de rôle, devant les Chinois ou les Américains.Curieusement, il n’y a pas eu de réaction africaine sérieuse à cette annonce du renforcement de la présence de soldats US sur leur sol. Si l’Europe était une puissance, si la France n’avait pas abandonné honteusement l’Afrique, le vrai partenariat, le seul partenariat possible, le partenariat euro-africain aurait pu préserver le continent africain de la politique des vautours et des chacals.On a mal à l’Afrique, on pleure l’Afrique américanisée ou chinisée. -
Les États européens ont versé 1600 milliards d’euros d’aides aux banques depuis la crise
Les aides d’État accordées au secteur financier dans l’Union européenne se sont élevées au total à 1.600 milliards d’euros entre le début de la crise en octobre 2008 et fin décembre 2011 selon un document publié vendredi par la Commission européenne.
Cette somme représente 13% du PIB de l’UE, selon le tableau de bord des aides d’État portant sur 2011. La grande majorité, soit 67%, était constituée de garanties publiques sur le financement des banques.
L’année 2011 a également été la dernière où la Commission a appliqué des règles temporaires en matière d’aides d’État pour aider l’économie réelle en période de crise. Ce type d’aide, accordé à l’ensemble de l’économie, a représenté 48 milliards d’euros en 2011, soit 0,037% du PIB de l’UE et une diminution de plus de 50% par rapport à l’année précédente.
Cela reflète, selon la Commission, à la fois un faible recours à ces aides par les entreprises et les contraintes budgétaires qui pèsent sur la plupart des États.
Le total des aides non liées à la crise à diminué, atteignant 64,3 milliards d’euros en 2011, soit 0,5% du PIB européen. Il s’agit “d’une tendance à la baisse sur le long terme“, a indiqué Antoine Colombani, porte-parole du commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, soulignant que ces aides représentaient encore 2% du PIB de l’UE dans les années 1980.Enfin, selon le tableau de bord, fin juin 2012, environ 85% du montant total des aides illégales, car contraires aux règles européennes de la concurrence, avait été reversé par leurs bénéficiaires aux autorités. Cela représente plus de 13,5 milliards d’euros.
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Affaire Depardieu : la République, sinon rien
Afflelou l’émigré
Là où gisent les cadavres des lions, prolifèrent les hyènes et les chacals.
L’Europe est le charnier de nos espérances, une carrière de rêves pourrissant au milieu d’une horde de parasites.
Les glapissements actuels qui s’élèvent sur le sillage de ce pauvre Depardieu provoquent le dégoût de tout honnête homme. Il faut le dire : en politique, il est nécessaire qu’il y ait une morale.
Cette morale est nécessairement républicaine.
Elle est aussi nécessaire que l’oxygène pour un corps vivant.
La république, sinon rien !
La res publica, le Bien public.
Non la république comme désir de vengeance, mais au sens où Louis XIV l’entendait, à la suite d’Auguste. L’Etat est au service de la gloire de la patrie, et tous les biens matériels des citoyens, des sujets, des Français, des Européens, sont virtuellement mobilisés pour le salut public, pour notre orgueil, notre destin.
C’est une chose bien étrange d’entendre Afflelou, qui doit avoir de la buée sur les lunettes, s’indigner qu’on prenne les patrons pour des voleurs, des bandits, quand son groupe a été condamné, le 20 septembre 2012, à 1,2 millions d’euros de dommages et intérêts pour concurrence déloyale.
Il paraîtrait qu’en France, on s’en prenne aux gens qui ont réussi. Ce n’est pas forcément faux, mais pas dans le sens où l’entend cet homme d’argent, pour qui la réussite doit sans doute se traduire par une belle et précieuse Rolex au poignet. Souvenons-nous de ce que disait à ce sujet Séguéla, ce publicitaire conseiller des princes qui nous gouvernent : « T’as pas de Rolex à 50 ans, t’as raté ta vie ! ». Et Copé d’entonner : « Gagner moins de 5000 euros par mois, c’est être un minable ».
Ce n’est donc pas étonnant que le cauchemar d’Afflelou, qui va se réfugier chez nos perfides amis anglais, soit peuplé de tranchées (il est vrai que la camaraderie avec le peuple sacrifié ne doit pas être son fort) et… des mânes de 1789 !
Souvenons-nous de cette peu ragoûtante journée de 1989 où l’oligarchie fêtait le bicentenaire de la Révolution, avec la vulgarité qui est désormais la sienne, une grossièreté de parvenus aux crânes farcis de délires idéologiques, avec force déchaînement goudesques, à l’esthétique publicitarde, danses histrionesques et dégobillantes à souhait, pour engraisser les rats des égouts parisiens. C’était diversitiste, hystérique, niais comme une nuée de majorettes hilares, et toute cette mascarade cachait de bien belles affaires... Eh bien ! même cette référence, consensuelle au possible, la fête de la Fédération, ce jour de 1790, commémorant la prise de cette piteuse Bastille, qui voyait le peuple français réuni dans le vœu de bâtir une société fraternelle, unie, heureuse… même ce souvenir est vomi par ce planqué fiscal.. Et pas 93 ! La terreur, oui, on aurait compris ! ce n’est pas agréable de se faire raccourcir… Mais 89, c’est du gâteau pour un riche, c’est l’ivresse de la tribu, c’est la gloire des Bleus, la victoire en chantant. « Tous ensemble ! Tous ensemble ! ».
Afflelou, il veut être seul, comme Picsou dans son grand coffre-fort, au milieu de son tas d’or.
Depardieu, c’est autre chose. Rien que pour son interprétation du colonel Chabert, on lui donnerait une exonération d’impôt sans confession. Et puis, il fait vivre, paraît-il, toute une rue parisienne. Avec bistrot, épicerie, populo et tout ce qui peut faire encore croire que Paris est encore dans Paris.
Que doit un riche à sa patrie ?
Voyons l’histoire. Avec un grand H. Louis XIV, qui n’était pas de gauche, avait fait les poches à Fouquet. Ce dernier était un homme exquis, et c’est dommage qu’il ait payé de sa liberté et de sa vie ses talents humains. Un vrai ami, prétendait ce cher La Fontaine. Il s’y connaissait. Et peut-être au fond, je le crois bien, Depardieu est-il de cette étoffe dont on fait les amis. Quel gâchis ! Mais enfin, l’Etat avait besoin d’argent, et Fouquet était trop gourmand. Soyons clair et juste : de tout temps, l’Etat, la Res publica, a pris dans l’argent des riches. Plus ou moins durement, certes. Les Empereurs, qui étaient aussi républicains que les bobos caviar de gauche qui nous gouvernent, n’étaient pas tendres. Ils donnaient une journée pour que le nanti quitte le théâtre de la vie, on lui laissait le choix de son suicide. Avec un peu de chance, une partie de l’héritage allait quand même à la progéniture. Mais pas toujours ! A moins que le sbire ait fait son office, sans fioriture, ni orgie de délicatesse.
Et puisqu’on n’en est pas à une contradiction près, voyons un peu ce que disent les Copé, Morano, et tous les néocons de notre pauvre pays, eux qui ne jurent que par les USA. C’est intéressant de se pencher sur la question, car la patrie du fric roi a la réputation d’être hostile à l’impôt. Or, la démocratie américaine, plébéienne, la république des cow boys, des petites gens, des puritains, de l’everyman, de l’homme de la rue, du bar et du colt, du mâcheur nigaud de chewing gum, ce bâfreur débile de hamburger, ce buveur de coca cola, si elle considère que la richesse est un signe d’élection, à condition qu’elle soit l’aboutissement d’une réussite personnelle, une sorte d’héroïsation de l’avarice, ne hait rien tant que la supériorité, l’homme qui manifeste en quelque domaine que ce soit sa différence par rapport à la masse. C’est pourquoi, par exemple, tout candidat à l’élection doit prouver par des âneries son inculture, de façon à ne pas susciter le ressentiment et la jalousie. Plus on est sot, plus on reflète la réalité du corps électoral. Or, périodiquement, la presse relate le geste généreux de tel ou tel milliardaire, qui lègue une part énorme de sa fortune à des œuvres caritatives, ou à des organismes culturels, associatifs etc. On s’extasie sur ce qui semble être un acte volontaire, mais on ne prend pas garde que la pression de l’opinion publique est telle, outre atlantique, et aussi la tradition civique, qu’il serait impossible à un riche de ne pas sacrifier à ce cérémonial, qui s’apparente au sacrifice expiatoire.
Un enfumage idéologique
Il est vrai qu’il est peut-être moins question, dans les tribulations actuelles, d’économie stricte, que d’idéologie. Encore que l’une et l’autre, dans la doxa libérale, soient liées. Le problème est bien sûr l’Union européenne, qui n’est ni une union, ni l’Europe, mais la traduction locale du dérèglement mondialiste. Il est paradoxal de constater que Bruxelles s’attache, de façon obsessionnelle, à réglementer à outrance, par exemple à imposer la parité dans le secteur de l’assurance, au détriment des assurés, ou de détricoter méthodiquement toutes les protections sociales et économiques des nations européennes, au nom du dogme libéral, quand, dans le même temps, elle est arrêtée devant la quasi sacralité des variations fiscales, lesquelles instaurent sur le continent une concurrence déloyale. La Belgique, qui a perdu, au demeurant, comme notre pays, toute indépendance et toute dignité, joue sur cette inégalité de traitement.
Cet état de fait, qui favorise les riches, est bien sûr voulu. On veut persuader les peuples qu’il est « inévitable », « vital » de réduite les ponctions fiscales, et de soulager ces pauvres richards, pour ne pas les démoraliser. Jadis, on faisait bien attention de ne pas désespérer Billancourt, maintenant, il s’agit de ne pas le faire avec les spéculateurs.
Pendant ce temps, chaque mois, 50 000 Français perdent leur emploi, et ne savent où aller pour échapper à la misère.
La place du riche dans la patrie
Les riches sont indispensables, bien sûr. Parce qu’ils savent gérer, qu’ils ont une vision réaliste et générale de l’économie et des affaires, parce que cela ne s’improvise pas, d’investir, de créer des richesses. L’homme d’argent, de même, pour peu qu’il n’aliène pas son goût à la mode et au marché, encourage les arts, le luxe, les grandeurs monumentales, tout ce qui octroie à notre Histoire la beauté, la gloire et l’immortalité. Être contre le riche, c’est être contre le peuple.
Mais nous sommes tous unis pour le même sort. Chacun doit, humblement, à sa place, œuvrer pour le Bien commun, la Res publica. Chercher l’argent pour l’argent, ou pour sa gloriole personnelle, c’est se perdre dans l’infamie et la trahison. L’argent est un moyen, pas un but. C’est une chance donnée par le destin, le travail ou le talent pour exceller, pour montrer que le destin a bien fait les choses, que l’on est doté des qualités essentielles qui font l’honnête homme.
L’Europe à venir sera dure, exigeante, républicaine, sans concession. Elle sera une héritière de 89 et de l’esprit monarchique, de l’égalité et du sens hiérarchique, de la liberté et de la discipline, de la réalisation de soi et du sacrifice, et l’une parce que l’autre. Que les égoïstes et les voyous se méfient : le capitole n’est pas loin de la roche tarpéienne, et le Dîner du Siècle de la place de la Concorde, où œuvrait dame Egalité. -
Euribor, encore un scandale bancaire…
Graphique ci-dessus : Les taux de l’Euribor sont déterminés chaque jour en fonction des données fournies par 44 banques.
22/12/2012 — 22h30
PARIS (NOVOpress/Bulletin de réinformation) — Cette fois-ci, certaines banques comme la Société Générale ou l’Union des banques suisses, UBS sont visées par des enquêtes sur l’Euribor. Elles sont accusées d’avoir trafiqué l’Euribor, un taux d’intérêt qui régit les prêts entre banques et qui est utilisé par les banques européennes pour calculer la base de la plupart de leurs prêts.Ce scandale est la suite du scandale du Libor
Un scandale similaire arrive en ce moment vers son terme. Des banques sont accusées de la même façon d’avoir trafiqué le Libor : un taux similaire fixé par elles. Ce taux Libor indexe chaque année dans le monde, 600.000 milliards de dollars de prêts accordés aux particuliers et aux entreprises, ce qui représente cinq fois le PIB mondial.
C’est la banque anglaise Barclays, impliquée dans les deux affaires, qui a permis aux enquêteurs de passer du scandale du Libor à celui de l’Euribor. Aux Etats‑Unis, Barclays a déjà payé 450 millions de dollars pour que les autorités arrêtent les poursuites. On a appris cette semaine que de son coté la banque suisse UBS devra verser 1,1 milliard d’euros d’amendes.
Et comme à chaque fois, la question se pose : tricherie du système ou malhonnêteté de certains employés
Les informations que l’on a pour l’instant c’est que ce sont des traders qui entre 2005 et 2008 auraient trafiqué le taux pour augmenter leurs gains. Toutefois, l’ampleur de la fraude rend improbable l’hypothèse de cas isolés : les autorités britanniques ont recensé 58 manipulations de la seule Barclays contre l’Euribor. De plus, des manipulations de cette ampleur sont impossibles à faire par une seule banque. La commission européenne étudie donc la possibilité d’une violation des règles de la concurrence.
L’on imagine, comme dans tous les scandales bancaires depuis 2008, que les contrôles n’existaient pas
C’était l’avantage supposé de l’Euribor. Comme il est fondé sur un plus grand panel de banques que le Libor, il devait être plus sûr, moins susceptible de manipulations. Selon certains experts, les amendes pourraient s’élever au total jusqu’à 20 milliards d’euros.
Crédit image : Peter Lauppert, via Wikipédia, (cc).
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Ces banques au-dessus des lois
Dans le récent scandale impliquant les activités criminelles des grandes banques, le Département de la Justice américain a annoncé mardi 11 décembre avoir conclu un arrangement s’élevant à 1,9 milliards de dollars (1,5 milliards d’euros) avec la banque HSBC basée en Grande-Bretagne et accusée de blanchiment d’argent sale à une vaste échelle pour les cartels de la drogue mexicains et colombiens.
L’accord a été spécialement conçu pour éviter des poursuites criminelles soit à la banque, la plus grande d’Europe et la troisième du monde, soit à ses hauts dirigeants. Alors même que la banque a reconnu avoir blanchi des milliards de dollars pour les barons de la drogue, ainsi que d’avoir violé les sanctions financières américaines imposées à l’Iran, à la Libye, à Burma et à Cuba, le gouvernement Obama a empêché une condamnation au moyen d’un « accord de poursuite différée. »
L’accord s’inscrit dans la politique du gouvernement américain de protéger les banquiers au sommet de la hiérarchie de toute responsabilité pour des activités illégales qui ont entraîné l’effondrement du système financier en 2008 et introduit une récession mondiale. Pas un seul directeur de grande banque n’a été poursuivi et encore moins emprisonné pour les activités frauduleuses qui ont provoqué la crise actuelle et résulté dans la destruction de millions d’emplois et la destruction des conditions de vie de la classe ouvrière aux Etats-Unis et de par le monde.
Grâce à la protection de l’Etat, la frénésie spéculative et l’escroquerie se poursuivent de manière inchangée, garantissant des profits record aux banques et des rémunérations toujours plus grandes, à sept chiffres, pour les banquiers.
Dans un article paru à la Une, le New York Times donne un aperçu des discussions internes au gouvernement Obama et qui ont entraîné la décision de ne pas porter d’accusations contre HSBC. Le Times a rapporté que les procureurs du Département de la Justice et les services du procureur de district de New York ont recommandé un compromis par lequel la banque serait poursuivie non pas pour le blanchiment d’argent mais pour des accusations moins graves de violation du secret bancaire.
Et, même ceci, semble être excessif pour le gouvernement Obama. Le Département du Trésor, dirigé par l’ancien président de la Réserve fédérale de New York, Timothy Geithner, et le Bureau du contrôleur de la monnaie (Office of the Comptroller of the Currency), agence fédérale de régulation chargée du contrôle des grandes banques dont HSBC, ont bloqué toute poursuite au motif qu’un coup juridique sérieux porté contre HSBC pourrait mettre en danger le système financier.
Qu’est-ce que cela signifie? HSBC, dans sa course au profit, a facilité les agissements des cartels de la drogue qui sont dans le collimateur de la soi-disant « guerre contre la drogue » – une guerre qui est menée par l’armée mexicaine au nom et avec la collaboration de Washington – et au cours de laquelle plus de 60.000 personnes sont mortes. A cela s’ajoute la souffrance humaine causée par le trafic des stupéfiants aux Etats-Unis et à travers le monde.
La banque a été autorisée à payer une amende symbolique – moins de 10 pour cent de ses profits réalisés en 2011 et représentant une fraction de l’argent qu’elle a fait en blanchissant le prix du sang des patrons de la drogue. Entre-temps, les petits revendeurs de drogue et les usagers qui font souvent partie des sections les plus appauvries et opprimées de la population, sont régulièrement arrêtés et enfermés durant des années dans les prisons-goulag américaines.
Les parasites financiers qui continuent à faire tourner le trafic mondial de la drogue et qui se taillent la part du lion de l’argent fait par la dévastation sociale qu’ils causent sont au-dessus de la loi. Comme le dit le Times, « certaines institutions financières, devenues tellement grandes et tellement interconnectées, sont trop importantes pour être inculpées. »
Ici l’on a, en bref, le principe aristocratique des temps modernes qui prévaut derrière les atours misérables de la « démocratie». Les requins voleurs de la finance établissent de nos jours leur propre loi. Ils peuvent voler, piller, et même commettre des meurtres à volonté sans craindre d’avoir à rendre des comptes. Ils consacrent une partie de leur richesse fabuleuse à soudoyer des politiciens, des régulateurs bancaires, des juges et des policiers – du sommet du pouvoir à Washington jusqu’en bas au poste de police local – pour s’assurer que leur fortune est protégée et qu’ils sont soustraits à toute forme de poursuites criminelles.
Le rôle des soi-disant « régulateurs » tels la Réserve fédérale, la Commission de sécurisation des échanges bancaires (Securities and Exchange Commission, SEC) et le Bureau du contrôleur de la monnaie est d’intervenir en faveur des banquiers. Ils sont parfaitement conscients des crimes qui sont commis au quotidien mais ferment en fait les yeux parce que la criminalité est intrinsèque aux opérations de Wall Street et aux profits qu’ils engrangent.
Il existe des preuves que HSBC et d’autres grandes banques ont intensifié leur blanchiment d’argent pour les cartels de la drogue et autres organisations criminelles en réaction à la crise financière qui avait réellement commencé à apparaître en 2007 pour exploser en septembre 2008 avec l’effondrement de Lehman Brothers.
Après un accord « de poursuite différée » identique conclu avec la Wachovia Bank en 2010 pour ses activités de blanchiment d’argent de la drogue, Antonio Maria Costa, qui présidait alors l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, avait dit que le flux d’argent du syndicat du crime avait représenté l’unique « capital d’investissement liquide » disponible aux banques au plus fort de la crise. « Des prêts interbancaires ont été financés par de l’argent venant du commerce de la drogue, » avait-il dit.
Il est indubitable que les régulateurs américains et les dirigeants politiques ont donné leur accord tacite à ces opérations dans le cadre de leur précipitation à mettre Wall Street à l’abri des conséquences de ses propres orgies spéculatives.
Les relations incestueuses entre les régulateurs bancaires et les banques prennent toutes leur ampleur dans le cas d’un autre récent scandale. La semaine dernière, Deutsche Bank a été cité par trois anciens employés dans une plainte déposée auprès de la SEC et allégeant que la banque avait frauduleusement dissimulé 12 milliards de dollars de pertes survenues entre 2007 et 2009.
Le Financial Times a fait remarquer en passant que Robert Khuzami, responsable des services d’application des règles au sein de la SEC, s’est récusé de l’enquête parce qu’avant d’occuper son poste à l’agence fédérale, il avait été de 2004 à 2009 le conseiller général de Deutsche Bank pour l’Amérique. En d’autres termes, il était chargé de défendre juridiquement la banque au moment même où, selon les dénonciateurs d’abus, elle était impliquée dans des fraudes comptables.
C’était aussi l’époque où Deutsche Bank et d’autres grandes banques gagnaient des milliards en empoisonnant le système financier mondial avec des titres adossés à des créances hypothécaires toxiques. L’année dernière, la Sous-commission d’enquête permanente du sénat (Senate Permanent Subcommittee on Investigations) a consacré aux activités frauduleuses de Deutsche Bank 45 pages d’un volumineux rapport sur le krach financier.
Le rapport a constaté que l’opérateur de renom au sein de la banque pour les CDO (obligations adossées à des actifs, collateralized debt obligations) avait qualifié les valeurs que vendait la banque de « déchets » et de « cochonneries » en désignant le système bancaire des opérations de CDO de « chaîne de Ponzi. »
Qu’un tel personnage soit chargé du contrôle des banques n’a rien d’étonnant. En fait, l’homme qui a recommandé que le gouvernement Obama attribue le poste à Khuzami, Richard Walker, actuel conseil principal de Deutsche Bank, avait lui-même été un ancien chef des services d’application des règles au sein de la SEC.
En juin dernier, lorsque le directeur général de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, avait témoigné devant le Sénat sur les pertes non déclarées d’au moins 5 milliards de dollars, il y avait, assis derrière lui, Stephen Cutler, le conseil principal de la banque, qui avait obtenu ce poste après avoir été le responsable d’application des règles au sein de la SEC.
Ces écuries d’Augias du crimes et de la corruption qui impliquent toutes les institutions officielles du capitalisme américain ne peuvent pas être réformées. La mainmise de l’aristocratie financière sur la vie économique ne peut être brisée que par la mobilisation de masse de la classe ouvrière afin d’exproprier les banquiers et de placer les grandes banques et institutions financières dans le giron public et sous contrôle démocratique.
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Les comptes de campagne de Sarkozy rejetés
Voilà peut-être de nouveaux problèmes en perspectives pour l’UMP. Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ont été rejetés par la commission nationale chargée de les contrôler.Ces comptes ont, semble-t-il été rejetés pour une raison simple : Nicolas Sarkozy a dépassé le plafond de dépenses autorisés. Il aurait dépensé plus d’argent qu’il n’en avait le droit pour la campagne de la présidentielle de 2012.Durant les deux mois et demi de campagne, puisqu'il s'est déclaré le 15 février, le candidat UMP va dépenser 21,4 millions d'euros. C’est en tous cas la somme qu’il déclare à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), une somme qui reste dans le cadre du plafond légal pour les deux finalistes à l’élection, un plafond qui s’élève à 22,5 millions d'euros.LA PAROLE AU CONSEIL CONSTITUTIONNELMais là où le bât blesse, c’est que d’autres sommes non déclarées par le candidat auraient été réintégrées par la Commission. Des sommes antérieures au 15 février 2012. Résultat : ces dépenses supplémentaires entraîneraient un dépassement du plafond autorisé. Bref, un nouveau problème en perspective pour l'UMP. Le parti pourrait ne pas être remboursé par l'État et devrait ainsi faire une croix sur près de 11 millions d'euros.L’invalidation des comptes ne sera définitive qu’après la décision du Conseil constitutionnel à majorité UMP, une instance que Nicolas Sarkozy a saisi. Et cela va forcément poser des questions, puisque, en tant qu'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy est membre de droit de cette juridiction !Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/
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Le grand gaspillage des collectivités locales
La décentralisation n’est pas seule responsable de l’explosion des dépenses des élus locaux depuis dix ans. Le réseau territorial est devenu un maquis opaque : doublons, financements croisés, enchevêtrements… Le chef de l’Etat saura-t-il le clarifier ?
C’est un rendez-vous incontournable pour nos poids lourds de la politique. Du 20 au 22 novembre, onze ministres (Pierre Moscovici, Vincent Peillon, Cécile Duflot…) ainsi que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, et le chef de l’Etat, François Hollande, qui prononcera le discours de clôture, assisteront au 95e congrès des maires de France, à la Porte de Versailles, à Paris. Avec 12.000 participants, dont 9.000 élus arborant leur écharpe tricolore, 600 journalistes et 150 intervenants, c’est une démonstration de force du réseau des élus locaux. Curieux mélange de maires de petites communes (85% comptent moins de 2.000 habitants) et de barons des grandes villes, comme Bertrand Delanoë, le maire de Paris, l’un des maîtres de cérémonie. L’an dernier, François Hollande était venu sonner le rassemblement des élus socialistes dans la campagne présidentielle. Cette année, il viendra leur vendre l’un de ses grands projets, son nouvel “acte de la décentralisation“, avec une loi prévue pour le début de l’an prochain.
Triste record du monde
Le chef de l’Etat a promis un grand ménage : “Assez de superpositions, assez d’additions“, a-t-il lancé le 7 septembre à la Cour des comptes, où il a affiché son ambition de “clarifier les rôles de l’Etat et des collectivités“. Car notre “millefeuille territorial” est unique en Europe, comme le montre notre graphique ci-dessous. “Comment comprendre la multiplication, la complexité des interventions locales, les financements croisés qui ajoutent à la confusion ? a-t-il demandé à l’occasion des états généraux de la démocratie territoriale, le 5 octobre. Comment admettre l’illisibilité des actions, alors même que les élus se dévouent pour le bien commun, mais n’arrivent pas à comprendre qui est responsable de quoi avec l’enchevêtrement des compétences ?”Le big bang Hollande aura-t-il lieu ? Rien n’est moins sûr. Pour l’heure, sa réforme territoriale apparaît bien tiède, avec un simple renforcement du pouvoir des régions, qui vont hériter des fonds européens, de la formation professionnelle et d’une fiscalité propre. “Son projet vise à réorganiser le système sans braquer aucune catégorie d’élus, relève Patrick Le Lidec, chercheur au CNRS et fin connaisseur du sujet. La France a le record du nombre de collectivités, avec 60.000 entités, quand le Royaume-Uni en compte 300. Et c’est le seul pays qui permet à toutes les collectivités de tout faire.” Pourtant, le chef de l’Etat ne veut pas supprimer la clause de compétence générale, le principe fondateur de nos collectivités, qui permet aux élus d’intervenir dans n’importe quel domaine. Sur le terrain, les doublons vont donc continuer à prospérer : “Le département de Loire-Atlantique a versé une subvention de 40.000 euros pour rénover un complexe sportif dans ma commune, alors que le coût des travaux atteint 1 million d’euros, rapporte François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée et conseiller municipal d’Orvault. Cela n’a aucun sens. Cela prend du temps aux services du conseil général pour rien.”
Même pagaille dans l’action économique, notamment en Ile-de-France. Le conseil régional a créé une agence régionale de développement, avec plus de 10 millions d’euros de budget, qui essaime à San Francisco, Boston ou Shanghai pour attirer les entreprises. Mais elle doit composer avec les agences de développement des départements, qui mènent la même action, parfois dans le même pays. Ainsi, le Comité d’expansion économique du Val-d’Oise a lui aussi ouvert une antenne à Shanghai ; le Bureau économique des Hauts-de-Seine, de son côté, a préféré Nanjing. “En plus, ces organismes doivent se coordonner avec les chambres de commerce, régionales et départementales, et les agences de développement de certaines grandes villes. Il y a un grand besoin de clarification“, admet Jean-Yves Durance, président de la chambre de commerce des Hauts-de-Seine. Dans cette organisation kafkaïenne, l’Etat a sa responsabilité, car il a souvent décentralisé en conservant les administrations locales. “Dans la culture, le sport ou le logement, il a maintenu ses directions, qui instruisent les mêmes dossiers que les collectivités. Une perte de temps, déplore Yves Krattinger, influent sénateur PS. Quand l’Etat nous transfère une compétence, qu’il le fasse à 100% !”
Conséquence fâcheuse de cet embrouillamini local : il fait exploser les dépenses des collectivités. Depuis 1990, elles ont été multipliées par 2,5, atteignant 240 milliards d’euros. Certes, les élus ont hérité de lourdes charges transférées par l’Etat, notamment les prestations sociales (RSA, allocation d’autonomie… ) versées par les départements. N’empêche, même si l’on exclut ces transferts, le dérapage n’en reste pas moins impressionnant. “Le bloc communal (communes et communautés de communes) n’a pas reçu de nouvelles compétences de l’Etat, et pourtant ses effectifs ont explosé“, s’alarme le député René Dosière, auteur de L’Etat au régime (Seuil). Entre 1998 et 2009, les intercommunalités ont plus que doublé leurs effectifs, tout en reprenant une partie des activités assurées par les communes (voirie, déchets…). Or cela n’a pas empêché les mairies d’accroître elles aussi leurs effectifs de 7% sur la période.
“Ces attaques sont outrancières. Depuis deux ans, nous avons réussi à stabiliser les effectifs“, se défend l’UMP Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France.
Des élus mal contrôlés
Pour financer ces dérapages, les impôts locaux flambent, affichant la plus forte progression parmi nos prélèvements. Depuis 2000, la taxe d’habitation s’est envolée de 96%, pendant que la taxe foncière bondissait de 72% ! Sur la même période, la collecte de l’impôt sur le revenu n’a progressé que de 5% … Une explosion qui n’a pourtant provoqué aucune révolte fiscale. “Par leur proximité, les élus locaux ont pu expliquer pourquoi ils augmentaient les impôts, décrypte René Dosière. Et l’Etat a payé une partie de la facture en exonérant les catégories modestes de taxe d’habitation.” Toutefois, le gouvernement a décidé de serrer la vis des transferts aux collectivités, son premier poste budgétaire : 100,6 milliards d’euros en 2012, qui seront gelés l’année prochaine et baisseront de 2,25 milliards d’ici à 2015.
Alors, comment stopper la dérive ? Hôtels de région mégalos, dépenses de communication excessives, organigrammes pléthoriques… Comme le révèle notre enquête, la gestion de nos élus reste très laxiste, notamment au conseil régional d’Ile-de-France, exemple emblématique. S’il y a autant de dérapages, c’est que l’Etat a décentralisé sans muscler son appareil de contrôle. “Avec à peine 300 magistrats dans les chambres régionales, les effectifs pour contrôler les dépenses des collectivités locales sont dérisoires“, déplore Patrick Le Lidec. Contrairement au système britannique, où la surveillance se fait quasiment en temps réel par l’Audit Commission, les contrôles n’ont lieu que tous les quatre ou cinq ans en France. Un laps de temps largement suffisant pour multiplier les gaspillages.
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Coût de l'immigration : les étranges contorsions de « l'Express »
Dans son numéro du 14 novembre l’hebdomadaire l’Express publie une « Une » accrocheuse. Son dossier sur le coût de l’immigration est assorti de la photographie d’une musulmane voilée de pied en cap, accompagnée d’une enfant noire, se dirigeant vers un… guichet. Ça c’est vendeur, coco ! Mais si l’Express allèche le chaland, c‘est pour mieux le rééduquer avec deux articles sur « ces bras qui rapportent » et une étude qui montre – si ! si ! – les bénéfices de l’immigration sur… la protection sociale. Pierre Milloz, auteur en 1990 d’un célèbre Rapport sur le coût de l’immigration, décortique les contradictions et les conformismes de la rédaction de l’Express. Nous renvoyons aussi nos lecteurs aux travaux de Jean-Paul Gourévitch et de l’Institut de géopolitique des populations d’Yves-Marie Laulan.
PolémiaL'Express vient, dans son numéro du 14-20 novembre 2012, de publier un dossier dont le modeste intitulé, « Le vrai coût de l'immigration », prétend implicitement tenir pour nulles et non avenues toutes les études antérieures (et il y en a !) qui s'efforçaient d'évaluer ce coût. De celles-ci, ledit dossier se distingue par l'originalité de sa conclusion : le coût d'une immigration qui serait à la charge de la France est une invention d'esprits mal tournés, plus ou moins honnêtes. Ou plutôt : il y a bien un coût de l'immigration, mais c'est sur les immigrés qu'il pèse : les finances publiques françaises en profitent, auxquelles ces malheureux doivent verser net chaque année plusieurs milliards d'euros (exactement 3,886 en 2005).
Ici le journaliste qui interroge l'auteur du dossier, M. Chojnicki (de l'Université de Lille II), sent bien qu'une explication devient nécessaire ; il demande donc : « Pouvez-vous préciser l'origine de ce solde positif ? » M. Chojnicki développe alors son argument central, auquel il reviendra : les immigrés sont concentrés dans la tranche des personnes en âge d'activité (proportionnellement ils y seraient plus nombreux que les autochtones) et globalement moins nombreux dans les tranches qui sont grosses consommatrices des dépenses sociales. Le fait qu'ils sont plus jeunes permet de surcompenser les coûts sociaux.
Chojnicki : un raisonnement valable dans les années 1950/1960
On aurait probablement pu appliquer ce raisonnement à l'immigration des années 1950 et 1960 : la France avait affaire à des immigrés que, le plus souvent, elle avait appelés pour satisfaire les besoins du marché du travail et on trouvait donc sur le territoire une population étrangère, relativement peu nombreuse, masculine, jeune, active (le chômage était négligeable). Peut-on honnêtement transposer le raisonnement à la population immigrée des années contemporaines ? Certainement pas.
Depuis 40 ans il n'y a plus aucun rapport entre les besoins de main-d'œuvre et les entrées d'étrangers ; le chômage frappe plus cruellement ces derniers (il est vrai que M. Chojniki a l'habileté (la malhonnêteté ?) de ne pas parler d'immigrés actifs, mais seulement d'immigrés « en âge d'activité »…).
Le regroupement familial de 1976 a, en outre, bouleversé toutes les données avec l'arrivée des personnes âgées, des femmes sans activité professionnelle, des enfants, c'est-à-dire toutes personnes hors activité. En un mot, toutes les conditions sont désormais remplies pour qu'on ait affaire à une population dont le taux d'activité est trop faible pour compenser un surcoût social qui d'ailleurs va croissant avec le temps et le vieillissement des premiers entrants.
Bref, ce prétendu « vrai dossier de l'immigration » est loin d'être convaincant. Or, le lecteur est surpris de voir que l'Express partage probablement cet avis. Car dans la présentation qu'il en donne ce média abonde dans le sens de M. Chojnicki : « L'immigration rapporte plus à la France qu'elle ne lui coûte. Economiquement et socialement, elle est une “bonne affaire” à court, moyen et long termes » et il développe les mérites de cette bonne affaire.
Des conclusions incohérentes
On s'attendrait donc à la conclusion qu'il n'y a pas lieu de modifier, sauf peut-être à la marge, les conditions qui permettent de réaliser cette « bonne affaire ». Eh bien, pas du tout. De ces conditions l'Express préconise, au contraire, un bouleversement complet dans un sens… inattendu : « Adoptons », écrit l'éditorialiste, « au plus vite des règles d'immigration par quotas, selon les nations d'origine (l'Express préconise là une discrimination selon la nation, ce qui est un délit…), les professions en manque de main-d'œuvre ici (quelle réaction !) et les profits dont la France peut tirer parti (l'intérêt national comme guide ?) ». Il ajoute aussi qu'il faut en finir avec « le pédagogisme où tout vaut tout et où chacun est l'égal de son voisin » et il recommande qu'on « oublie le funeste droit à la différence ». Autrement dit, il souhaite qu'on fasse le contraire de ce qui s'est fait jusqu'ici, c'est-à-dire qu'on renonce à l'orientation cosmopolite des décisions françaises et, donc, qu'on renonce à cette « bonne affaire ».
Le lecteur est donc en droit de s'interroger : y a-t-il incohérence regrettable ? Ou y a-t-il eu obligation de porter sur le dossier de M. Chojnicki un jugement politiquement correct ?
Pierre Milloz http://www.polemia.com
15/11/2012