par Bruno Guigue.
Faut-il le rappeler ? Même la date que nous commémorons en Occident est fausse : la Wehrmacht a capitulé devant l’Armée Rouge le 9 mai à l’heure de Moscou, et non le 8. Falsification qui en recoupe une autre : oblitérant l’effort colossal accompli par l’URSS pour abattre le IIIe Reich, la vulgate anticommuniste a repris la formule de Trotsky affirmant en 1939 que Staline et Hitler sont des « étoiles jumelles ». La lutte titanesque entre la Wehrmacht et l’Armée Rouge, en somme, aurait provoqué une illusion d’optique : comme l’arbre cache la forêt, leur affrontement militaire aurait masqué la connivence entre les deux tyrannies du siècle. Portés aux nues par les sphères médiatiques et universitaires du monde occidental, les travaux de Hannah Arendt, manifestement, ont joué un rôle déterminant dans cette interprétation de l’histoire. Car pour la philosophe allemande, le totalitarisme est un phénomène à double face : le nazisme et le stalinisme. Les partis totalitaires ont une idéologie rigide et une structure sectaire. Le pouvoir du chef y est absolu, et la communauté soudée par une foi sans réserve dans ses vertus surhumaines. La suppression de l’espace public et le règne de l’arbitraire policier, invariablement, signent la dissolution de la société dans l’État et de l’État dans le parti.