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anti-national - Page 1201

  • L'Iran en quête de sécurité et d'indépendance Général Pierre Marie GALLOIS août 2005

    En ce milieu de l'année 2005 c'est l'Iran qui suscite la grande interrogation internationale et provoque d'abondants commentaires. L'Iran et sa politique énergétique mettent l'Occident à l'épreuve. Plus d'un demi siècle de ses certitudes sécuritaires sont mises en question.

    Le 11 août, après deux jours de délibérations, pressés par Washington, les 35 membres du directoire administrant l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (ou IAEA selon le sigle anglo-saxon) avaient adopté une résolution incitant l'Iran à suspendre toute activité d'enrichissement (de l'uranium). Au sein de l'AIEA, la majorité requise est de 18 voix. Or, au nombre des 35 membres siègent 14 représentants des " pays non alignés ", d'où les débats et la relative modération de la résolution finalement adoptée.

    Contrastés ont été les commentaires :

    - Absurde " s'est exclamé le représentant iranien à l'AIEA. " Au cours de la présente décennie, l'Iran sera un pays producteur de combustible nucléaire ".
    - Toutes les options sont sur la table ", a menacé le président Bush, faisant allusion à l'intervention armée, tandis que madame C. Rice, Secrétaire d'Etat, affirmait que " les Etats-Unis ne peuvent laisser l'Iran développer un armement nucléaire ".
    - A Berlin, une nouvelle fois, M. Schröder s'opposait aux Etats-Unis. " Chers amis d'Europe et d'Amérique, travaillons à occuper une forte position pour la négociation. Mais écartons l'option militaire. Nous avons vu qu'elle n'est pas la bonne ", sous entendu, les évènements d'Irak en témoignent.
    - A Paris, le ministre des Affaires étrangères a cru bon d'affirmer que " l'Europe est tout à fait en mesure d'offrir à l'Iran des garanties sur sa sécurité ". Téhéran doit tenir ces propos pour une plaisante vantardise. Pour qu'ils aient un sens encore faudrait-il l'aval de Washington.
    - A Pékin, a été signé avec Téhéran un contrat de 70 milliards de dollars portant sur l'exploitation des gisements de pétrole de la région de Yadaran, à l'ouest de l'Iran. Pour la Chine les approvisionnements en énergies fossiles sont prioritaires et l'Iran en regorge. De surcroît un échec politique de Washington ne déplairait pas.
    - A Moscou, l'on entretient d'étroites relations avec Téhéran. Les Allemands s'étant retirés, ce sont les Russes qui achèvent la construction et l'équipement de la centrale nucléaire de Bouchehr. Et ils entendent honorer leurs engagements d'autant qu'il a été convenu que le combustible irradié serait envoyé en Russie garantissant ainsi l'utilisation pacifique de la centrale. Moscou est d'autant plus incité à s'entendre avec Téhéran que l'installation de bases américaines en Asie centrale menace l'influence russe dans les ex républiques soviétiques musulmanes.
    - A Tel Aviv, l'on juge particulièrement dangereuse la future arme nucléaire iranienne. " Avec ses missiles (Chahab 3 et 4) l'Iran pourra atteindre Londres, Paris, Berlin et le sud de la Russie, mettant en péril non seulement la sécurité d'Israël mais la stabilité du monde entier… premier exportateur mondial du terrorisme, de la haine et de l'instabilité, il a remplacé Saddam Hussein " avançait un ministre israélien, oubliant que les faits ont démenti bien des accusations portées contre Saddam Hussein. Ou encore : " l'Iran menace aussi les pays du Golfe, leur pétrole, il faut détruire ses installations (atomiques). Grâce à ses F 15, l'Etat d'Israël peut frapper l'Iran ".

    Mais ce qui importe, au premier chef, c'est l'attitude du gouvernement iranien. Elle a été à la fois péremptoire et ambiguë. Hamid Reza Assefi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères (ce sera Manouchehr Mottaki, ancien ambassadeur au Japon) déclara que " cette résolution politique, adoptée sous la pression des Etats-Unis et de leurs alliés n'a pas de fondement juridique ni de logique et elle est inacceptable… La république islamique d'Iran ne renoncera pas à ses droits légitimes et insiste toujours pour avoir la maîtrise de la technologie nucléaire civile ".

    A Téhéran le président Mahmoud Ahmadinejad affirma que le traitement de l'uranium était, pour l'Iran, un droit et s'il acceptait de poursuivre la négociation avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, il rejetait catégoriquement leurs propositions, qu' " il tenait pour une insulte à son peuple, comme si les Iraniens formaient une nation de primitifs ".

    Un technicien Iranien donnant des explications lors d’une exposition de l’Organisation de l’Energie Atomique Iranienne.

    Et les scientifiques iraniens remirent en marche les installations transformant en gaz le minerai d'uranium, activité qu'ils avaient stoppée - de leur plein gré disaient-ils - à l'issue des entretiens avec les diplomates des trois intervenants européens. " Cette relance des activités de la centrale nucléaire d'Ispahan est une mesure de protection des droits de la nation ", déclara Téhéran, justifiant ainsi la levée des scellés apposés sur le site par l'AIEA. L'ambiguïté réside dans le fait que le traitement de l'uranium naturel n'est pas l'enrichissement qui, poussé à un pourcentage élevé, aboutit à un matériau fissile utilisable à des fins militaires, mais il en est la lointaine condition préalable.

    D'où la controverse : Les Occidentaux estiment que l'Iran vise la bombe - mais ils ne peuvent le prouver, et M. Elbaradei, directeur de l'AIEA le reconnaît - tandis que Téhéran réclame l'enrichissement nécessaire au combustible de ses centrales nucléaires productrices d'électricité.(1) - mais ne s'interdit pas de le porter un jour au niveau des applications militaires.

    Celles-ci peuvent être obtenues, compte tenu des ressources de l'Iran, par deux procédés :
    - L'un consiste à traiter du minerai d'uranium pour en extraire un gaz, l'oxyde d'uranium concentré, lequel est progressivement " enrichi " à l'aide de centrifugeuses, montées en chaîne, aux rotors tournant à une vitesse très élevée et séparant les isotopes d'uranium 235 fissile une fois atteint un certain niveau d'enrichissement. L'Iran chercherait à disposer de quelque 5000 centrifugeuses, installées dans une usine souterraine. Les inspecteurs de l'AIEA auraient constaté l'existence de seulement 160 de ces centrifugeuses (à Natanz). Ce procédé a été mis au point par la société anglo-germano-hollandaise URENCO avec deux modèles de centrifugeuses, le G1 et le G 2, l'Iran les détenant l'un et l'autre. Le scientifique pakistanais Abdel Qadir Khan aurait aidé l'Iran, comme il aida la Corée du nord et la Libye, à la fois en ce qui concerne les centrifugeuses et aussi en ce qui a trait à l' " architecture " de la bombe.
    Voici deux ans, le président Mohamed Khatami révéla que l'Iran possédait une mine d'uranium naturel, mine découverte en 1985 et située non loin de la ville de Yazd, au centre du pays et que cette mine était en exploitation, déclaration qui confirmait la validité du procédé qui vient d'être sommairement décrit.
    - Le second procédé repose d'abord sur l'achèvement du réacteur de Boushehr. Après plusieurs années de fonctionnement l'Iran disposerait d'assez de matière fissile (plutonium) pour assembler plusieurs dizaines de bombes. Autre solution : produire de l'eau lourde (ce serait le cas à Arak) pour alimenter les centrales nucléaires et obtenir du plutonium militairement utilisable.

    Si indirectement, la Chine, le Pakistan, la Russie ont aidé l'Iran dans sa quête d'indépendance par l'atome militarisé, l'entreprise recueille l'adhésion de la majorité des Iraniens. Déjà, au cours des années 70, le Chah avait souhaité que son pays entre dans le club des Etats nucléairement nantis. Mais les " convenances " politiques et diplomatiques voulaient que l'armement atomique fut proscrit et qu'on se déclare opposé à la prolifération et partisan de l'élimination de cet armement. Aussi les dirigeants successifs de l'Iran ont-ils tenu le même discours. Mais tous ont admis que l'intérêt de la nation exigeait l'adoption de dispositions contraires. Dans son ensemble la population souscrit à la politique du gouvernement. L'Iran est peut-être le seul pays où religieux, intellectuels, " bazar" et paysans sont prêts à fournir des volontaires pour défendre les sites d'activités atomique, y former des " boucliers humains " ou exercer des représailles en cas d'attaque.

    Les opposants sont à l'extérieur. Adversaires du régime des mollah, ils ajoutent à leurs griefs les efforts nucléaires de Téhéran proclamant qu'un changement de statut politique permettrait de mettre fin à l'aventure atomique dans laquelle est engagé leur pays, attitude qui leur apporte la sympathie d'une fraction de la communauté internationale souhaitant l'élimination du nucléaire. " Il faut désarmer les tyrans de Téhéran qui mentent effrontément aux inspecteurs de l'AIEA", déclarait un opposant iranien, M. Amir Jahahchahi.

    Le comportement du gouvernement iranien est compréhensible. C'est d'abord, un grand pays au passé prestigieux et à l'avenir prometteur. Ses 70 millions d'habitants occupent une surface trois fois plus grande que celle de la France. Héritiers d'une civilisation millénaire, ils ont un taux d'alphabétisation élevé, une longue espérance de vie et forment néanmoins une population jeune, le taux de fécondité renouvelant largement les générations. Riche est le sous-sol de l'Iran, essentiellement en pétrole (12 milliards de tonnes de réserves), en gaz naturel (27 milliards de mètres cubes) et, même on l'a vu , en minerai d'uranium.

    Installations nucléaires en Iran

    Ce sont ces richesses qui ont provoqué l'ingérence étrangère : en 1951 une première nationalisation des installations pétrolières avait décidé de l'éviction du premier ministre Mossadegh et en 1973, le Chah s'assurant la maîtrise de la production de pétrole avait dressé contre lui les entreprises pétrolières étrangères dans le même temps que la population désapprouvait ses efforts de "modernisation à l'occidentale ". Les discours de Khomeyni, enregistrés à Neauphle-le-Château, ont préparé le départ du Chah et l'instauration, en 1979, d'une république islamique en Iran.

    Les évènements internationaux ont placé l'Iran dans une situation géopolitique difficile. En effet :
    - Les voisins de l'Iran sont des Etats nucléaires, militairement parlant. C'est le cas de la Chine, de l'Inde, du Pakistan, de la Russie, et aussi de la Corée du nord. Et, en face, de l'Etat d'Israël. On sait également, que la Corée du sud, sans en référer à l'AIEA, a procédé à des essais d'enrichissement de gaz d'uranium et aussi de séparation du plutonium fourni par le fonctionnement de ses 19 centrales nucléaires.
    - Au sein du monde musulman (1 ,2 milliard) on ne compte que 120 millions de chiites, dont la moitié vit en Iran. Avec ses 160 millions, à 80 % sunnites, le Pakistan a bien été le premier Etat musulman à détenir l'arme atomique, mais les musulmans chiites n'ont pas ce privilège.
    - Les ingérences étrangères, celles de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, notamment, ont démontré aux dirigeants iraniens les avantages de l'indépendance et de l'auto suffisance avec l'audience internationale qu'elles confèrent l'une et l'autre.
    - La stratégie interventionniste pratiquée par les Etats-Unis soucieux de s'assurer les approvisionnements en énergies fossiles nécessaires à leur développement économique et industriel aboutit à l'investissement stratégique de l'Iran. A l'ouest, sur 1500 kilomètres de frontière avec l'Irak, les contingents armés des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne montent la garde. A l'est, sur un millier de kilomètres, des formations militaires occidentales, exercent les mêmes fonctions tandis qu'au sud le Golfe persique et la mer d'Oman (2500 kilomètres de littoral) sont placés sous le contrôle de la puissance maritime et aérienne des Etats-Unis. Ajoutons qu'au nord, sur 1000 kilomètres, la Turquie et l'Azerbaïdjan, alliés des Etats-Unis, isolent l'Iran, en particulier de l'ami russe. Et voici l'Iran " enclavé ", ses voies d'acheminement du pétrole et du gaz naturel tributaires de la bonne volonté de ses adversaires politiques, aussi bien sur terre que sur mer.

    " La communauté internationale doit trouver un moyen pour être assurée que cela (un Iran détenteur de l'arme nucléaire) n'arrivera jamais ", affirmait, en août 2004, madame C. Rice, Secrétaire d'Etat. Elle oubliait que les opérations militaires américaines, le désir d'étendre l'action de l'OTAN jusqu'à la Caspienne, l'annonce d'un chambardement politique au Proche et Moyen-Orient, toutes initiatives de son pays, légitimaient les démarches nucléaires de Téhéran.

    Les énergies fossiles constituent la principale ressource de l'Iran. Mais il s'agit là, d'une richesse temporaire, rémunératrice durant encore quatre ou cinq décennies. Il est normal que Téhéran se soucie, aujourd'hui, de satisfaire demain ses besoins en énergie et que le gouvernement iranien - quel qu'il soit - entende être maître du cycle atomique complet, en laissant ouvertes ses différentes options. Il est de bonne guerre d'affirmer que le seul objectif visé est l'utilisation industrielle de la désintégration de la matière. Mais aussi, à la fois de tirer profit du chantage au renoncement à l'atome militarisé et de conserver aussi longtemps que possible la menace d'en venir aux applications militaires. Ainsi Téhéran gagne du temps. Les comportements antérieurs des Etats-Unis l'y incitent.

    - Washington a détruit l'Irak dépourvu d'armes d'intimidation et respecté la Corée du nord soupçonnée, à la longue, d'en détenir quelques unes.
    - Washington a renoncé à ratifier le traité d'interdiction de tout essai nucléaire, sans doute faute d'être en mesure de détecter et de sanctionner les expérimentations de faible énergie et afin d'avoir les mains libres pour moderniser sa panoplie atomique. Mais en supprimant un obstacle à la prolifération horizontale. Pourquoi l'Iran devrait-il être la seule puissance qui, en ayant la capacité financière et scientifique, ne tirerait pas parti des agissements des Etats-Unis ?
    -Pour l'ancien recteur de l'Université de Téhéran, M. Houchang Nahavandi, ce n'est pas l'Etat d'Israël qui est visé par la future arme atomique iranienne, mais c'est assurer la pérennité du régime, c'est imposer qu'on le respecte, c'est le renforcer à l'intérieur en donnant des preuves de sa puissance avec la sécurité dans l'indépendance qu'il s'efforce de fournir au peuple iranien. Si bien que, pour le recteur, les attaques dont il est l'objet ne font que l'unir à son gouvernement et à sa politique nucléaire, " les Etats-Unis ne comprennent pas l'Iran ", conclut-il.

    Dans son combat contre une large fraction de la communauté internationale, l'Iran n'est pas sans atouts.

    - Il appartient au groupe d'Etats qui, en dépit de leurs positions spécifiques très différentes, ont en commun l'opposition à l'expansion politique et militaire des Etats-Unis en particulier, et des alliés de la superpuissance, en général.
    Et au nombre de ces Etats figurent de grandes puissances telles que la Russie et la Chine, auxquelles il faut, maintenant, ajouter sinon les gouvernements, du moins, les populations musulmanes fustigeant le "grand Satan américain ". Aussi Téhéran ne redoute-t-il pas que le Conseil de sécurité des Nations-Unies soit saisi et qu'il impose à l'Iran des sanctions économiques, la Chine ou la Russie, voire les deux puissances y ayant un droit de véto.
    - En dépit des particularismes du monde musulman et des différences confessionnelles entre sunnites et chiites, l'Iran est un pays musulman. Après s'être attaqué à l'Irak et à l'Afghanistan, avoir longtemps soutenu l'Etat d'Israël, on imagine mal les Etats-Unis bombardant un troisième pays musulman. La pratique de l'intimidation par la menace d'en venir au conflit armé serait une démarche politique de même que le sont, du côté de l'Iran, les arrêts et les remises en route successifs de son programme nucléaire.
    - Exportateur de pétrole et de gaz naturel, l'Iran fournit de l'énergie fossile aux pays gros consommateurs, eux-mêmes dépourvus des approvisionnements nécessaires au développement de leur économie, tels la Chine et le Pakistan. Les évènements d'Irak contribuant à l'augmentation du coût du baril de pétrole, l'attaque des installations iraniennes bouleverserait davantage encore ce marché de l'énergie.
    - L'Iran chiite a pour allié naturel, aujourd'hui du moins, la population chiite, majoritaire en Irak. Aussi, vis-à-vis de Washington, l'Iran détient-il un moyen de pression car il a la faculté d'attiser ou de calmer la révolte contre l'occupant occidental.
    - Les dirigeants iraniens ont tout naturellement retenu la leçon de la destruction du centre atomique irakien de Tamouz, près de Bagdad au début du mois de juin 1981. Leurs installations scientifico-techniques sont dispersées et, surtout, enfouies assez profondément. Aussi faudrait-il de nombreux bombardements sur zones et la dévastation du pays pour neutraliser à coup sûr l'entreprise atomique irannienne.
    - Enfin, l'Iran aligne encore une armée active de 500.000 hommes, auxquels il faut ajouter les 100.000 hommes de la Garde islamique révolutionnaire. Il tient sous la menace de ses missiles Scud et Chahab les contingents occidentaux déployés en Irak et en Afghanistan. Ravitaillant en armes et en explosifs la résistance à l'occupant, l'Iran là où il est placé sur la carte, est en mesure de se faire craindre.

    photo satellite de la centrale de Busher

    La question se pose, compte tenu de la démarche iranienne peut-on exorciser l'atome militarisé ?

    Il est communément admis que l'arme atomique constitue un grave danger pour l'humanité et qu'un monde à nouveau sans désintégration de la matière serait plus sûr. Aussi, faute d'être en mesure de revenir à l'ère pré- atomique et d'effacer ce qui a été appris et réalisé au cours du dernier siècle, est-il indispensable à la fois de limiter le domaine nucléaire, de réduire les panoplies de ceux qui détiennent l'armement correspondant, de tarir études et recherches jusqu'à l'extinction naturelle d'une discipline qui aurait dû demeurer ignorée. C'est là un sentiment général. Tout être censé croit devoir témoigner de cette réprobation et, pour ainsi dire, automatiquement. Cette condamnation ne peut être l'objet d'aucune discussion. Il s'agit d'une évidence et bien rares sont ceux qui la nient.
    Et pourtant ?
    Est-il souhaitable d'en revenir à l'ère pré-atomique, celle de la poudre qui succéda à celle de la flèche ? Au cours des six siècles de l'ère de la poudre, l'humanité a été constamment en guerre. En près d'un demi siècle (1905 - 1945) le paroxysme de la violence guerrière a été atteint avec, probablement, 150 à 200 millions de victimes et plus de 50 millions de morts. Par dizaines de millions les combattants se sont affrontés, mettant en œuvre canons et chars d'assaut par centaines de milliers, avions par dizaines de milliers, navires de combat par milliers. Et sur de pareilles lancées les industries d'armement s'apprêtaient à faire " mieux " encore afin de rendre la guerre plus rémunératrice.

    Hiroshima et Nagasaki, un avion, dix hommes d'équipage, deux projectiles, en 3 jours ont mis un terme au massacre. Le Japon a chèrement payé cette brutale cessation d'hostilités mais Pearl Harbour a été son initiative, comme la cruauté de ses combats. En revanche, l'irruption de l'atome militarisé sur la scène internationale a imposé bien des renoncements à la guerre et notamment en Europe, apporté soixante années de paix, ainsi que le reconnaît le professeur Michel Serres (une paix qui eut été totale si l'Allemagne, mue par ses vieux démons n'avait mis les Balkans à feu et à sang ou si devenue une puissance nucléaire, la Yougoslavie eut été respectée).
    Ce ne sont pas les mots qui comptent ici mais les faits :

    - Entre les forces de l'OTAN et celles du Pacte de Varsovie, de 1955 à 1989 l'antagonisme a été manifeste. Mais, l'épée est demeurée au fourreau, ou plutôt les mégatonnes ont sommeillé dans les dépôts. A Moscou comme à Washington, l'on savait que l'affrontement armé était impossible. On savait - et l'on sait de plus en plus - qu'à l'ère atomique gigantesque est la disproportion entre l'enjeu d'une guerre - et les bénéfices qu'on en attend - et les risques qu'il faudrait prendre à y avoir recours.
    - Ce fut également le cas entre la Russie et la Chine au cours des années 60, lors de leur différend doctrinaire.
    - Et aussi entre la Chine et l'Inde, avant de devenir des puissances atomiques s'affrontant militairement dans l'Himalaya mais négociant sagement leurs intérêts respectifs depuis que l'atome est partagé, même inégalement, entre Pékin et la Nouvelle-Delhi.
    - Il en a été de même avec l'Inde et le Pakistan que deux guerres ont opposés. Depuis que chacun de ces deux pays possède un (modeste) armement nucléaire, l'entente et la coopération se sont imposées. Islamabad et la Nouvelle-Dehli ont substitué la négociation à l'épreuve de force.
    - Enfin, figurant en tête de l'énumération des peuples de l' " axe du mal ", la Corée du nord, potentiellement nucléaire, n'a pas subi le sort de l'Irak dont on sait, maintenant, qu'il était dépourvu de ces " armes de destruction massive " qui incitent à respecter l'Etat qui les détient. On ne peut mieux avoir mis en valeur l'intérêt national de l'atome militarisé.


    Renonçant au traité d'interdiction de toute expérimentation nucléaire et laissant entendre que les Etats-Unis reprendraient les essais de leurs prochaines réalisations atomiques, M. Bush a implicitement admis que le " génie nucléaire ne pouvait plus être remis en bouteille ", que la prolifération horizontale échappait au contrôle et que, dans ce domaine, les Etats-Unis en ayant la liberté de création et d'expérimentation, feraient mieux que quiconque.
    De son côté, sachant qu'elle va affronter politiquement et économiquement les Etats-Unis, la Chine n'est sans doute pas opposée à une certaine dissémination d'un armement qui, rétablissant la pleine souveraineté des Etats, limite le nombre de ceux qui recherchent la protection américaine.

    Et si la sagesse populaire se trompait ? Si le rejet quasi unanime du nucléaire d'Etat était une erreur ? Et si l'horreur d'Hiroshima escamotait l'abomination des guerres traditionnelles ? L'humanité en aurait-elle la nostalgie ?

    La Grande-Bretagne ayant manifesté, au sein de l'AIEA une certaine intransigeance, à Téhéran, les étudiants ont lancé des pierres et… des tomates sur l'ambassade britannique en réclamant, pour leur pays, la liberté de poursuivre son programme nucléaire. La fierté nationale les animait. Pourquoi l'Iran serait-il incapable de gérer l'indépendance que confère la possession de l'arme atomique ? Le monde est dirigé par ceux qui la détiennent et ils ne cessent de se donner en exemple. Autour de l'Iran nombreux sont, maintenant, les Etats qui gèrent convenablement cette forme de souveraineté. Devant les conséquences des incessantes innovations de l'humanité, les peuples seraient-ils à ce point inégaux ? La jeunesse iranienne ne l'admet pas.

    Ses clameurs ne demeurent pas sans écho. Il est de l'intérêt des pays producteurs de pétrole - et non encore " nucléarisés " - de consacrer les ressources nouvelles que procure le renchérissement du baril aux énergies de remplacement, à commencer par l'énergie atomique. Ses applications industrielles contribuent au développement et ses applications militaires apportent à la fois la sécurité et l'indépendance. Si bien que combattre pour éliminer les armes de destruction massive - celles-là du moins - aboutit à un résultat opposé à celui qui était visé : la rente pétrolière devient si rémunératrice qu'elle finance l'interdit.

    http://www.lesmanantsduroi.com
    Note :
    L'Iran met en œuvre 11 centrales nucléaires (fournissant au total 2600 mégawatts), une dizaine d'autres doivent être construites pour porter à près de 20.000 mégawatts la capacité de l'électro- nucléaire iranien en 2025.

  • L'Histoire de France, pré carré des affrontements politiciens de l’UMPS

    Communiqué de Presse de Karim Ouchikh, Conseiller de Marine Le Pen à la Culture, à la Francophonie et à la Liberté d’expression, Président exécutif du SIEL
    La Maison de l’Histoire de France a vécu. Selon un décret paru mercredi 26 décembre au Journal Officiel, l’établissement public chargé de mener à bien ce projet voulu par Nicolas Sarkozy, sera officiellement dissous le 31 décembre 2012.
    Contre l’avis d’une partie des historiens, l’ancien président de la République avait imposé en septembre 2010 la création d’une institution dont l’ambition affichée était de « renforcer l’identité culturelle de la France ». Dénoncé unanimement par une gauche bien-pensante, soutenu du bout des lèvres par une droite parlementaire frileuse, ce projet controversé ne pouvait survivre aux arrière-pensées politiciennes qui avaient pitoyablement présidé à sa difficile création. 
    L’Histoire de France ne doit pas être le jouet des affrontements de façade qui opposent les frères siamois de l’UMPS. Pour affronter son avenir avec confiance, la France a besoin de ressouder nos compatriotes, si désemparés par ces temps de crise, autour d’un roman national fédérateur, d’une Histoire qui tourne le dos aux innombrables accès de repentance qui contaminent tant les discours officiels actuels, d’un récit passionné dont le contenu éminent ne se confondrait pas avec les disciplines historiques scientifiques qui doivent être sanctuarisées.

    Plutôt que de limiter les ambitions de notre pays en ce domaine à la création étriquée d’une institution muséographique, Marine Le Pen et le Rassemblement Bleu Marine s’engagent, avec un volontarisme sincère, à rénover en profondeur l’enseignement de l’Histoire de France, en rétablissant notamment la compréhension chronologique et spatiale de notre passé, afin de redonner à nos élèves, tous établissements scolaires confondus, les motifs de fierté légitimes qu’ils se doivent, aux côtés de leurs aînés, de cultiver inlassablement vis-à-vis de notre admirable Histoire multiséculaire.

    http://www.francepresseinfos.com/

  • AUX BOUFFEURS DE CURÉS, LES IMAMS SONT INDIGESTES (arch 2005)

    Empêtré dans ses devoirs de mémoire et, surtout, ne sachant exactement à qui il convient de les rendre, notre gouvernement est fâché avec les commémorations. En dix jours seulement, il a boudé le bicentenaire d'Austerlitz et glissé subrepticement sur le centenaire de la loi 1905, pourtant chère au coeur du président. Il faut dire qu'aux bouffeurs de curés, les imams sont indigestes.
    Si, comme on le dit dans Libération (9/12), « ni Jacques Chirac ni Dominique de Villepin n'ont prévu de commémorer aujourd'hui la promulgation du texte fondateur de la laïcité », cela bien que « depuis le début du quinquennal; le chef de l'Etat n'a( it) pas manqué une occasion de souligner l'importance de ce "pilier du temple" dont l'effondrement entraînerait la dislocation du pacte républicain », c'est peut-être parce que l'on a bien du mal à s'entendre, aujourd'hui, sur la définition de ce mot.
    On relèvera d'ailleurs que la mauvaise posture du gouvernement en cette matière tient, pour l'heure, à deux choses essentielles : primo, le mensonge quant au contenu de cette Loi de 1905 et à l'interprétation qui en est donnée ; secundo, la polémique qui fait rage sur la colonisation. À force de se tortiller pour ne déplaire à personne, ce qui conduit à se fâcher avec tout le monde, on arrive en effet à donner de la laïcité une définition qui ressemble trait pour trait à celle du communautarisme. Exemple par Jean Glavany, ancien ministre de l'Agriculture du gouvernement Jospin, qui, dans ce même article de Libération, se livre à l'exercice au nom du parti socialiste. «  Depuis Jaurès, dit-il, le combat laïc a été indissociable du combat social. En ce sens, les mesures visant à mieux vivre les différences mériteraient d'être qualifiées de laïques : Pacs, parité, vote des immigrés. Défendre la laïcité, c'est défendre la mixité sociale ».
    Ainsi, la laïcité ne serait pas, comme l'écrivent encore les dictionnaires, le « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les églises aucun pouvoir politique » ; ce ne serait pas non plus, comme on l'a laissé entendre ces dernières années, le commun dénominateur des citoyens dans la neutralité, en quoi on entretient d'ailleurs une certaine confusion entre laïcité et démocratie. Non, ce serait à l'inverse la reconnaissance et la promotion de tous les particularismes individuels. Vaste chantier !

    Une rhétorique typiquement léniniste

    Ce qui était intéressant, dans la vieille acception de la laïcité à la française, c'était la conception universaliste - certes totalement utopique. Ce qu'on nous propose en lieu et place est cette fois d' « inspiration fondamentalement totalitaire », écrit Alain-Gérard Slama dans le Figaro Magazine (10/12).
    « La France était un pays où l'on pouvait encore exister sans avoir à exciper d'une religion, d'une race ou d'une appartenance », écrit-il. Or « il ne se passe plus de semaine. sans que l'on voie surgir un nouveau groupe de pression à caractère ethnique ou religieux ». Slama fait ici allusion au Cran, Conseil représentatif des associations noires, « qui prétend identifier une politique et une couleur de peau » et qui, sous prétexte de « répondre à un "besoin" de reconnaissance et de mémoire [...] ambitionne de peser assez lourd dans le débat public pour imposer ses conditions aux candidats à la prochaine élection présidentielle ». La menace ne doit pas être sous-estimée, étant « à la mesure d'un discours qui renoue avec le fond et la tactique du léninisme, et qui dévoile ainsi son inspiration fondamentalement totalitaire ». Et Slama explique : « Comme chez Lénine, les droits formels reconnus par la démocratie à chaque citoyen sont considérés comme nuls et non avenus aussi longtemps qu'ils n'ont pas été traduits dans les faits pour tous. On renie ainsi l'universalisme, sous prétexte qu'il n'a pas empêché la colonisation, et qu'il a lui même servi de prétexte : on remet en cause le principe d'égalité sans distinction d'origine, de religion ou de race, au motif que le racisme n'a pas été éradiqué dans les sociétés modernes, on rejette la laïcité, en invoquant l'inégalité d'accès des cultes à la pratique religieuse dans l'espace public, on va même jusqu'à répudier la séparation entre le public et le privé, le politique et le culturel,dans le droit fil de la pensée totalitaire ».

    " La question principale est celle des lieux de culte musulman"

    On peut constater chaque  jour la traduction dans les faits de ce qu'énonce ci-dessus A.-G. Slama. Prosaïquement, Libération (9/12) constate : « Si les élus locaux se mobilisent davantage que les élus nationaux, c'est sans doute parce que la laïcité n'est pas pour eux un concept abstrait mais une réalité au quotidien ». En effet, « c’est sur leur bureau qu'aboutissent les demandes des musulmans pour que des créneaux horaires de piscine soient réservés aux femmes ou, d'accord avec les juifs, qu'une alternative au porc soit prévue dans les cantines, voire que la viande soit hallal ». De même, « si les élus se sentent directement concernés par la loi de 1905, c'est aussi parce que c'est à eux que s'adressent les musulmans désireux de construire une mosquée ». Et comme le confie Jean-Marie Boekel, le président PS de l'Association des maires de France, « La question principale qui se pose aux maires en ce moment, et la plus lourde, est celle des lieux de culte musulman ». Or, la loi interdisant toute subvention publique des cultes, « les élus bricolent, mettant quasi gratuitement à disposition des associations musulmanes des terrains sous forme de bail emphytéotique, finançant l'aménagement du parking, subventionnant la construction de salles destinées non à la pratique du culte mais à des activités culturelles, comme l'enseignement de la langue arabe… »
    Et pendant ce temps, le gouvernement regarde ailleurs.
    TOPOLINE National Hebdo décembre 2005

  • Bataille des mémoires : à l'applaudimètre de l'émotionnel, les « colonisés » seront toujours vainqueurs face aux « colonisateurs »

    Lors de sa visite officielle en Algérie les 19 et 20 décembre derniers, le président de la République a estimé que la colonisation française en Algérie avait été « brutale et injuste ». Gérard Longuet a expliqué quant à lui que « si elle était injuste, elle constituait, au regard de ce qu'était la société traditionnelle ottomane, un véritable progrès ».
    Interrogé par Jean-Benoît Raynaud pour Atlantico, l’africaniste Bernard Lugan donne son point de vue.
    Polémia
     

    Atlantico : Le président de la République a estimé ce jeudi que la colonisation française en Algérie avait été « brutale et injuste ». Interrogé par Public Sénat, l’ex-ministre de la Défense Gérard Longuet a déclaré ce vendredi matin que le colonialisme ne peut être jugé à l'aune d'aujourd'hui, et que, replacé dans son contexte historique, il a eu un bilan « acceptable » et même « positif ». Il a également ajouté que « si elle était injuste, elle constituait, au regard de ce qu'était la société traditionnelle ottomane, un véritable progrès ». Cette bataille des mémoires est-elle de nature à faire avancer le débat ?

     

    Bernard Lugan : Le débat sur la colonisation est stérile car il a échappé aux historiens pour être monopolisé par des groupes mémoriels. Or, la Mémoire n’est pas l’Histoire. L’historien est un peu comme un juge d’instruction : il travaille à charge et à décharge, alors que le mémorialiste ou le témoin sont, par définition, en pleine subjectivité. Avec le rôle « positif » ou « négatif » de la colonisation, deux mémoires se dressent ainsi l’une contre l’autre : celle des anciens « colonisateurs » et celle des anciens « colonisés ». Or, comme colonisation est devenu un mot-prison synonyme, à tort, d’exploitation, d’injustice et d’esclavage, l’incommunicabilité entre les deux mémoires est totale.

     

    A. Les anciens colonisateurs ont une logique comptable, alignant le nombre d’hôpitaux construits, les pourcentages d’enfants scolarisés ou encore les kilomètres de routes quand les anciens colonisés parlent de dignité bafouée.

     

    B.L. A l’applaudimètre de l’émotionnel, les seconds sont assurés d’être les vainqueurs. Que pèse en effet un livre de comptes face à une humiliation historique, réelle, supposée ou ressentie ?
    Pour tenter de « reprendre la main » les premiers devront alors mettre en avant leurs propres souffrances : exode de 1962, spoliation, attentats, assassinats, enlèvements qui ont d’ailleurs été scandaleusement oubliés par François Hollande dans son discours d’Alger. Désormais, ce sera donc Mémoire contre Mémoire. Mais dans ce type d’exercice, les jeux sont faits par avance et les anciens « coloniaux » assurés de perdre une fois de plus. En effet, et à supposer que leur part de souffrance soit prise en compte, il leur sera toujours opposé, in fine que, pour respectable qu’elle soit, la leur l’est dans tous les cas moins que celle de ceux qu’ils ont humilié en les colonisant… Les colonisateurs étant toujours présentés comme des agresseurs et les colonisés comme des victimes, nous sommes donc dans une impasse et comme je n’aime pas me sentir enfermé, je refuse d’entrer dans ce débat biaisé.

     

    A. Pour autant, peut-on laisser de côté le bilan « civilisationnel » de la colonisation ?

     

    B.L. Evidemment non car il est nécessaire de rappeler à ceux qui ne cessent d’accuser la France de les avoir colonisés, qu’à la veille des indépendances, ils mangeaient à leur faim, étaient gratuitement soignés et se déplaçaient le long de routes ou de pistes entretenues sans risquer de se faire rançonner. Mais cela avait un coût pour les Français, toutes les infrastructures créées en Afrique, ports, routes, pont, écoles, hôpitaux, voies ferrées etc., ayant été payées par les impôts de nos grands-parents.
    Daniel Lefeuvre a magistralement démontré comment l’Algérie fut un insupportable fardeau pour la France. En 1959, toutes dépenses confondues, celle qu’il baptise la « Chère Algérie » engloutissait ainsi à elle seule 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! Quels intérêts la France avait-elle donc à défendre en Algérie pour s’y ruiner ainsi avec une telle obstination, l’on pourrait presque dire avec un tel aveuglement ? La réponse est claire : économiquement aucun ! Qu’il s’agisse des minerais, du liège, de l’alpha, des vins, des agrumes etc., toutes les productions algériennes avaient en effet des coûts supérieurs à ceux du marché. Quant au pétrole et au gaz découverts par des Français, ils ne furent véritablement exploités qu’après l’indépendance.

     

    A. Vous avez écrit que « la question coloniale sert à désarmer moralement les Français ». Pouvez-vous expliquer ?

     

    B.L. Si nous faisons le bilan, c’est pour nos sociétés européennes que la colonisation fut une catastrophe. Aujourd’hui, elle est devenue une véritable « tunique de Nessus » qui fait peser sur les générations européennes à venir une hypothèque d’autant plus lourde qu’elles ne l’ont pas signée et dont elles demanderont un jour pourquoi elle sont condamnées à en honorer les traites. Combien de temps encore les jeunes Européens accepteront-ils en effet de se soumettre aux incantations accusatoires de ceux qui veulent leur faire croire que, puisque, et par postulat, leurs grands-parents ont « pillé » l’Afrique, ils sont donc condamnés à subir et à réparer ? D’autant plus qu’ils ont sous les yeux le spectacle de ceux qui, tout en accusant la France de tous les maux, forcent cependant ses portes pour y trouver de quoi survivre ou pour s’y faire soigner. Laissons parler les chiffres. Il y eut au maximum 1.500.000 nationaux (ou Européens) installés dans tout l’Empire français, dont les deux tiers dans la seule Algérie. Or, aujourd’hui, les populations originaires de notre ancien empire et vivant en France, comptent plus de 6 millions de personnes, naturalisés compris, soit quatre fois plus qu’il n’y eut de « colons ». Là est le vrai bilan colonial.

     

    Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud
    Atlantico
    22/12/2012

     

    Correspondance Polémia – 28/12/2012

  • AME, CMU, RMI : la France dépouillée

    Avec un déficit de 31,7 milliards d'euros en 2007, le Commerce extérieur n'est pas seul à être en berne : les branches Maladie de la Sécurité sociale affichent elles aussi un déficit de 6,2 milliards d'euros (contre 5,9 milliards seulement en 2006). Faut-il s'en étonner quand on considère la cascade de scandales dévoilés en moins d'une semaine ? Le 24 janvier, Libération relatait ainsi qu'un couple de clandestins camerounais, bénéficiant de l' Aide Médicale d'Etat (AME) comme tous les "sans-papiers", et donc de la totale gratuité des soins, se faisait suivre depuis plusieurs mois par un « service d'aide médicale à la procréation » pour faire un enfant par fécondation in vitro, procédure longue et très coûteuse. D'autant que l'homme est sidaïque, raison pour laquelle il bénéficie en France d'« une autorisation provisoire de séjour pour soins », traitement exorbitant, et qu'il faut donc mettre au point les techniques les plus pointues de purification de son sperme pour « éviter tout risque de contamination ». Ajoutons que cette chance pour la France est polygame (trois épouses) et déjà père de sept enfants.
    « Les médecins se disent perplexes, raconte le quotidien anarcho-bancaire. Ils hésitent. Est-il "raisonnable" d'aider ce couple à avoir un enfant ?» Mais finalement, craignant sans doute d'encourir la terrible accusation de racisme, ils acquiescent et, alléluia, « la femme est aujourd'hui enceinte ». Bientôt les Camerounais, parents d'un « enfant né Français », pourront demander une régularisation qui leur sera automatiquement accordée.
    Pour peu que Madame se découvre diabétique et le bébé asthmatique, quel aura été pour la collectivité le prix de ce nouveau foyer français ?
    Le 1er février, c'était non plus un Camerounais sans papiers mais un Congolais naturalisé qui était le "héros" d'un article du Parisien : bénéficiaire de la Couverture Maladie Universelle (CMU), cet homme de 37 ans usait et abusait depuis le 1er juillet 2006 de sa carte Vitale pour obtenir en quantités industrielles soit des médicaments qu'il revendait à prix bradé pour acheter du "crack" dont il est gros consommateur, soit des « médicaments considérés comme substances vénéneuses ou stupéfiantes ». Préjudice pour la CPAM de l'Essonne : 83 000 euros !
    Celle-ci ayant déposé plainte, le Franco-Congolais jugé selon la procédure de comparution immédiate a écopé de quinze mois de prison ferme.
    Ajoutons que ce citoyen exemplaire, qui disposait de deux domiciles, l'un à Ormesson (Essonne) et l'autre à Londres, était également bénéficiaire du RMI.
    Décidément accordé avec la plus grande libéralité puisqu'il a fallu quatre ans aux services compétents pour savoir que ce revenu était ponctuellement versé à Laurence Pineau- Valencienne, fille du ploutocrate Didier Pineau- Valencienne (ancien PDG de Rhône-Poulenc et de Schneider et actuellement administrateur d'une kyrielle de grandes entreprises) et elle-même assujettie à l'Impôt sur la Fortune, étant l'heureuse détentrice d'un important patrimoine immobilier et 650 000 euros ayant transité par ses comptes. À son procès, la jeune femme a plaidé la bonne foi, affirmant avoir été inscrite à son insu (ou à l'insu de son plein gré ?) par son compagnon Adda Osmani, intermittent du spectacle et également érémiste.
    Osmani et sa meuf ont été condamnés le 25 janvier par le tribunal correctionnel de Nanterre à 8 mois de prison avec sursis et 25 000 euros d'amende chacun. Est-il besoin de préciser que ce « couple sans ressources avec enfant » bénéficiait évidemment de la CMU ?
    Le 2 février, c'est un autre genre de scandale - mais encore plus onéreux pour la collectivité - que révélait une dépêche de l'AFP annonçant la mise sous écrou à Marseille de « trois psychiatres soupçonnés d'avoir vendu des certificats de complaisance à des étrangers pour leur permettre d'obtenir des titres de séjour ». Il s'agirait de « l'un des plus gros trafics de ce genre démantelés » dans le Midi. Si deux autres psychiatres marseillais ont été mis en examen « pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, établissements de faux certificats médicaux et usage de faux » mais laissés libres, « quatre autres personnes liées à une Association pour l'aide au séjour (Apas) à Marseille ont également été écrouées » dont Germaine Teboul, présidente de l'Apas, où œuvraient également sa fille, son fils et jusqu'à un neveu parisien, qui servait de rabatteur.
    Quant aux médecins inculpés, il s'agit de Michel Aubry, Malek Gouni, Michel Cori, Michel Berenguet et Philippe-Xavier KhaliI, ce dernier exerçant à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille.
    Bien entendu, tout ce beau monde proteste de son intégrité, affirmant n'avoir agi que dans un « souci humanitaire », le cas de ces malheureux immigrés en situation irrégulière (et donc bénéficiant de l'AME) l'ayant ému jusques au fond du cœur.
    N'empêche que ce trafic était des plus fructueux puisqu'il en résulte pour la Sécurité sociale un préjudice d'environ 1,6 million d'euros, à raison de 1 500 à 4 000 euros par dossier, consultations et examens psychiatriques se succédant à un rythme échevelé. Mais avec succès : fonctionnant depuis janvier 2006 selon l'AFP, le réseau, qui avait en Michel Aubry recruté un « expert agréé auprès de la Ddass », a « permis à plusieurs centaines de personnes de toutes nationalités, notamment Maghrébins, d'obtenir un titre de séjour ». Et les avantages qui vont avec, notamment la CMU et le RMI.
    C'est pas grand et généreux, la France ? Mais ne vous étonnez pas après ça de voir fondre votre pouvoir d'achat. Et ne vous étonnez pas non plus, après la régularisation de tant de vrais et faux aliénés, connue s'il suffisait d'être maboul pour prétendre au droit du sol, de voir se multiplier tant d'agressions et de crimes dont les causes restent mystérieuses et dont les auteurs, irresponsables, ne répondent jamais de leur(s) forfait(s).
    Florent DUNOIS. RIVAROL du 22 février 2008

  • Pour F. Hollande, la France vit déjà sous la charia

    Noël : Contrairement à l’Aïd-el-Fitr, aucun communiqué sur le site de l’Élysée (Màj)

    Addendum

    France-Inter a évoqué l’affaire dans la soirée du 25 décembre, avec une intervention du député Lionnel Luca :

    Aucun vœu du Président Hollande à l’occasion de Noël sur le site de l’Élysée. En revanche pour l’Aïd-el-Fitr :

    « A l’occasion de l’Aïd-el-Fitr, qui consacre la fin du mois de Ramadan, j’adresse tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite aux musulmans de France. »

    FdeSouche

  • Syrie/Egypte : double jeu risqué des occidentalistes

    Entendons par "occidentaliste" la conjonction baroque entre les "puritanismes" politico-religieux anglo-américain et arabe, calvinisme et wahhabisme, la servilité des élites européennes et la veulerie des autres. Depuis des mois nous répétons que le soi-disant printemps syrien n'est en fait qu'une guerre, déguisée au départ, prétendument "civile", maintenant "ouverte"... un conflit international qui s'affiche impunément comme tel.
    Aujourd'hui « ce qui enjeu, ce n'est ni un homme ni un régime, mais l'existence même de la Syrie », soit un projet de totale destruction, tout à la fois « Histoire, Civilisation et Peuple » ! Ainsi s'exprime le vice-président syrien de confession sunnite, Farouk el-Charah, au quotidien libanais pro-syrien al-Akhbar. Charah dont la presse fait ce 18 décembre des gorges chaudes parce qu'il aurait exprimé publiquement - autrement dit dans le cadre de cet entretien - ses "divergences". Or il n'est de toute évidence pas tellement à classer dans le camp des défaitistes prêts à quitter le navire, au-delà du sentiment qu'au regard de l'actuelle évolution du rapport de force sur le terrain, aucun des deux camps n'est a priori susceptible de l'emporter à court terme, militairement parlant. Ce qui conduit el-Charah à penser qu'en l'absence d'issue militaire, les deux parties doivent nécessairement parvenir à un accord "historique" [Info Syrie 18 décembre]. Cependant d'aucuns rêvent d'une défection du vice-président syrien, faisant médiatiquement miroiter l'éventualité suivant laquelle il pourrait être l'homme de la situation en prenant la tête d'un gouvernement de transition. Le diable tentateur n'incite-t-il pas toujours à choisir l'ombre contre la proie ?
    DES MEDIA QUI NOUS VENDENT LA PEAU DE L'OURS AVANT DE L'AVOIR TUÉ
    Les média, fidèles relais de la chose politique, ne sont en effet pas en reste lorsqu'il s'agit de « vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ». Cela fait deux ans que la presse nous vante quotidiennement les victoires d'une rébellion qui, en dépit de l'aide reçue de toutes parts et des flots de combattants étrangers fanatisés (1), occupe à ce jour - officiellement - 60 % du territoire syrien ; à ce rythme il faudra par conséquent une année et demie supplémentaire pour achever leur guerre de conquête. De la même façon que la "défection" imaginaire d'el-Charah, la grande presse faisait ces derniers jours ses choux gras d'une déclaration du vice-ministre russe des Affaires étrangères chargé du dossier syrien, Mikhaïl Bogdanov, selon lequel « Damas perdait de plus en plus le contrôle du pays, envisageant désormais une possible victoire des opposants ». Soit la chute du régime sempiternellement annoncée comme imminente par tous ceux qui veulent aller plus vite que la musique, singulièrement notre fringant M. Fabius ! S’engouffrant dans la brèche, le Département d'État américain s'était lui aussi un peu vite cru autorisé à ironiser en saluant « le réveil » tardif de Moscou ! Las, Sergueï Lavrov, patron du susdit Bogdanov, mettait les points sur les "i" dès le lendemain et douchait l'enthousiasme des gens du Département d'État... « Nous n 'avons jamais changé et ne changerons jamais notre position » sur la Syrie, sous-entendu « nous ne lâcherons rien » [AFP 14 décembre].
    Certes, après concertation à Dublin et à Genève où Lavrov s'est entretenu avec Hillary Clinton le 8 décembre, les États-Unis et la Russie ont dépêché conjointement à Damas le médiateur des Nations Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, [AsSafir 14 décembre]. Ceci afin de consulter Bachar El-Assad sur l'éventualité d'un gouvernement de transition auquel il serait véritablement associé. En fait Moscou serait disposée, semble-t-il, à ce que le président syrien renonce aux pleins pouvoirs et accepte de ne pas se présenter aux élections présidentielles de 2014 prévues par le « Plan Brahimi » ?
    BIEN DISTINGUER ENTRE LES DÉSIRS DES UNS ET LA RÉALITÉ DES AUTRES
    Nous distinguerons bien ici entre la version occidentaliste des faits et la réalité de terrain, notamment en ce qui concerne ces rencontres de Dublin et de Genève, requalifiées aussitôt en "négociations" par la presse et les agences occidentalistes... Lesquels entretiens ont fait de la même manière l'objet d'une mise au point immédiate du porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Russie Alexandre Loukachevitch : « Nous ne menons aucune négociation ni avec nos collègues américains, ni dans d'autres formats » même si « la Russie recherche avec insistance et minutie un moyen de régler la situation en Syrie par la voie politique » [AFP 14 décembre].
    Dans le même ordre interprétatif, la Russie envoie de nouveaux bâtiments de guerre vers la Syrie [AFP 18 décembre] : le patrouilleur Iaroslav Moudryi, les navires de débarquement Kaliningrad et Alexandre Chabaline, le remorqueur SB-921 et le navire de ravitaillement Lena ont quitté leur port d'attache de Baltiisk en Mer baltique à destination de la Méditerranée orientale où ces éléments devraient prendre la relève de la force navale envoyée sur zone depuis la mer Noire en novembre et conduite par le croiseur Moskva [Itar-Tass]. Une opération dont le but serait de « participer à une éventuelle évacuation des citoyens russes » présents sur le sol syrien. Quelque cent mille au total indépendamment des cinq mille ressortissants russes officiellement recensés par leurs autorités consulaires. En raison des menaces qui pèsent sur cette communauté expatriée (2). Reste que c'est aller un peu vite en besogne que d'extrapoler à partir d'un dispositif d'évacuation de civils la fin d'un régime.
    Exercice cependant auquel se livrent en permanence les politiques et média occidentalistes passés maîtres dans l'art de la prophétie auto-réalisable. Il n'empêche, outre un procédé d'autosuggestion utile à rendre les acteurs politiques aussi convaincus que convaincants, quels que soient leurs dons naturels dans l'art du mentir vrai, le conditionnement des opinions est un préalable obligé avant tout recours à une quelconque forme d'intervention directe, laquelle curieusement ne semble plus à l'ordre du jour : exit le matraquage relatif aux armes de destruction massive, en l'occurrence les armes chimiques dont, du jour au lendemain, plus personne ne parle !
    CHANGEMENT DE CAP : EXIT LES ARMES CHIMIQUES DONT NUL NE PARLE PLUS
    Qu'en déduire ? Primo qu'elles n'ont jamais constitué une menace réelle, deusio que la situation a évolué et que la coalition a décidé de surseoir - ou de renoncer ? - à toute participation visible au conflit, les armes chimiques n'étant que le prétexte devant leur permettre d'entrer dans la danse. Mais quel fait nouveau a ou aurait pu faire annuler une opération qui apparaissait il y deux semaines comme plus que probable ? La détermination russe concrétisée par le renforcement de sa présence navale à proximité de la base de Tartous ? Un fait qui en soi ne constitue pas une explication suffisante. Sans chercher non plus d'hypothétiques livraisons à la Syrie de missiles anti-aériens supersoniques S-300 PMU-2, un système mobile sol-air particulièrement redoutable et véloce : Mach 6,5, que la Russie s'est apparemment engagée à ne pas livrer, ni à Téhéran ni à Damas. Un outil diplomatique hautement dissuasif et une arme d'interdiction aérienne quasi absolue à ne pas mettre entre toutes les mains. Que deviendrait la géopolitique si demain, l'Iran ou la Syrie acquéraient la capacité de "sanctuariser" leur territoire ? Tel est d'ailleurs le fin mot du "nucléaire iranien" qui n'est ni ne sera jamais une menace pour Israël, mais qui néanmoins du jour où il existerait interdirait toute attaque de la République islamique d'Iran.
    EXPLICATION TIERCE POUR UNE VOLTE-FACE INEXPLIQUÉE
    Ou bien, mais ici l'explication n'est pas entièrement satisfaisante, la victoire des Frères musulmans en Egypte - pourtant prévisible - modifie sensiblement la donne géopolitique du Machrek, au point de changer des rapports de forceps déjà caractérisés par une forte instabilité. À ce titre, quelques contradictions - au moins d'apparence - sautent aux yeux : en Syrie Washington s'appuie essentiellement, dans sa lutte contre le pouvoir laïc du Baas, sur les Frères musulmans, seul mouvement politiquement structuré et profondément implanté dans le tissu social syrien majoritairement sunnite, les mêmes qui sont au pouvoir au Caire et à Tunis. Parallèlement, l'Administration Obama fait porter sur la liste rouge des organisations terroristes le Front Al-Nosra, groupe djihadiste fer de lance de la rébellion syrienne qui a relégué au magasin des accessoires la prétendue Armée syrienne libre, l'ASL.
    En Egypte, Washington avait misé lors des présidentielles - et maintenant pour diriger le mouvement d'opposition au durcissement constitutionnel - sur le courant laïque conduite par El Baradei, ancien directeur général de l'AIEA, l'Agence internationale à l'énergie atomique. Opposition qui a mené une campagne virulente contre le président Mohamed Morsi jusqu'à l'accuser d'antisémitisme (!) et d'être un « nouveau Pharaon » en lieu et place du despote Moubarak. En clair, Morsi, lorsqu'il sert les intérêts américains, est un « type convenable » - a good guy - mais rien ne va plus lorsqu'il modifie la constitution pour affermir le pouvoir des Frères et se donner les moyens élémentaires de sa politique.
    LA CHARIA OU LE CHAOS ?
    Au demeurant, ici dans la vieille Europe, l'épouvantail de la Charia est du meilleur rendement. Or la nouvelle future Constitution donne la Charia - code jurisprudentiel s'appuyant sur la révélation coranique - comme « source de toute législation ». Une disposition qui figurait auparavant dans la Constitution en vigueur du temps de Moubarak. Il est vrai qu'alors les Frères Musulmans n'étaient pas au pouvoir et que les salafistes n'apportaient pas leur soutien au gouvernement, ce qui les met tous ensemble en position d'appliquer aujourd'hui la loi coranique dans toute sa sombre rigueur ! Il y aurait malgré tout beaucoup à dire et à redire à ce sujet, eu égard à notre belle religion des droits humains, cache-sexe de la liberté sans frein des marchés, au nom de laquelle nous versons tant de sang à travers le monde ! Ce qui nous amène à dire maintenant l'horreur suivante : à savoir que pour l'Egypte, pays arabe le plus peuplé avec quelque 85 millions d'habitants - chiffre estimé en janvier 2012 - mais aussi en plein effondrement économique, seul un pouvoir fort - musulman ou non - pourra ou pourrait espérer le remettre sur les rails... si tant est que cela soit possible dans les circonstances actuelles. Un super volcan éruptif que les puissances occidentalistes ont tout intérêt à manier avec mille précautions.
    M. Baradei n'ayant pas vraiment fait ses preuves, volentes nolentes les occidentalistes devront donc faire avec les islamistes au pouvoir en Egypte, en Tunisie et demain - Washington faisant tout pour - en Syrie. Une perspective qui n'enchante guère le roi Abdallah II de Jordanie qui s'inquiète fort de la constitution d'un axe reliant la Turquie à l'Egypte via le Qatar dont l'Emir, Cheikh Hamad, brisait, par sa visite "historique", le 23 octobre, le cordon sanitaire diplomatique et militaire qui enfermait Gaza jusque-là... Cela trois semaines avant l'assaut des forces israéliennes et l'Opération "Colonne de nuée" qui devait frapper durement du 14 au 21 novembre le réduit palestinien.
    Si donc la Syrie tombe finalement - pour répondre aux vœux les plus ardents de Washington, Londres et Paris - l'avènement d'un nouvel État islamique à Damas menacera directement la Jordanie [Al Jazeera 12 décembre]. C'est en tout cas ce que le petit roi au visage défait laisse désormais entendre aux journalistes qui veulent bien lui prêter l'oreille et lui tendre le micro. De fait, pour la première fois depuis le début des « Printemps arabes », à Amman des manifestants commencent à scander des slogans exigeant l'abdication de leur autocrate. Gageons que le sacrifice de la monarchie hachémite est à ce jour une étape envisageable - si elle n'est pas déjà programmée - dans le cadre d'un règlement "régional" du conflit israélo-palestinien : la Jordanie contre la Cisjordanie. Liquidation par transfert de population d'un contentieux sinon insoluble, une voie qui ne se comprend que dans le cadre de « l'Initiative Grand Orient » de reconfiguration générale, géographique et politique, de l'aire islamique, des Colonnes d'Hercule à l'Indus. Un projet bien avancé qui sème le chaos partout où il s'étend. Inutile de le préciser. Parions encore que l'option de l'éviction de la dynastie hachémite est déjà sortie du carton où elle sommeillait en attendant sagement d'être activée.
    LES APPRENTIS SORCIERS MAÎTRISERONT-ILS LES FORCES QU'ILS DÉCHAÎNENT ?
    Comprenons ici que ce qui apparaît dans la politique proche-orientale de l'Administration Obama comme autant de "contradictions" n'est en vérité que le frein et l'accélérateur dont disposent les pilotes, ceux qui s'efforcent de maîtriser ou de canaliser les possibles réactions en chaîne d'un Orient en pleine ébullition : favoriser et miser sur les islamistes, les Frères musulmans en Syrie, cela tout en s'employant à limiter la capacité de nuisance de leurs éléments les plus durs - Al-Nosra mais encore toutes les Katibas salafistes et/ou takfiristes qui pullulent sur le front de guerre (3)... - n'a rien de contradictoire avec la volonté arrêtée de tout faire pour brider et tenir en lisière ces mêmes islamistes en Egypte. De ce point de vue, il est assuré que la nouvelle constitution égyptienne va se heurter sur place à forte partie : la partie laïque de la société civile, mais encore des corps constitués comme la magistrature qui défendra autant des positions de principes que les privilèges attachés à leur fonction. Les Frères musulmans ont peut-être montré trop vite leur indocilité vis-à-vis de la puissance tutélaire américaine, mais il s'agissait de prendre de vitesse la reprise en main d'un vaste corps social travaillé par la tentation ultra-libérale et l'on sait par exemple la somme de misères que ce modèle a engendrée en Russie dans la période de l'immédiat postcommunisme. Comme dit précédemment, n'assistons-nous pas à la naissance d'un bloc régional sunnite, un arc islamiste allant de la Turquie à la Tunisie, ceci dans le cadre d'une politique turque à forte coloration néo-ottomane ?
    Les islamistes au pouvoir en Egypte se voyaient reconnaître par l'Occident le droit d'exister mais sans excès de zèle ; or ceux-ci semblent vouloir s'affranchir de tous rapports de dépendance pour conduire tous azimuts des politiques autonomes. Il y a par conséquent péril en la demeure - Tel-Aviv le sait qui ourdit sa vengeance contre la Maison-Blanche - telle est la leçon à tirer de la longue histoire des Golem fabriqués par l'Occident. Ainsi Al-Qaïda, emblème de l'invariable répétition des mêmes chaînes de causalité : les créatures enfantées par les apprentis sorciers de la guerre indirecte se retournent immanquablement contre des créateurs imprudents ou impudents. À force déjouer avec le feu à tout coup l'on se brûle. Et convenons-en, l'imbroglio d'alliances et de partenariats contradictoires tissés par la CIA, le Département d'État et leurs affidés européens relève du prodige labyrinthique. À l'arrivée nous avons une Babel subversive, un édifice diplomatique et géopolitique branlant qui menace de s'effondrer à chaque instant. Et n'est-ce pas ce qui est en train d'arriver en Syrie où les occidentalistes viennent de caler au moment de donner l'assaut au bastion damascène ? Attendons cependant les prochains rebondissements, dans une conjoncture qui, répétons-le, n'incite guère à un grandiose optimisme. La guerre rôde à nos portes, elle est déjà chez nous, à Oslo avec Breivik, à Toulouse avec Merah, à Newton avec Lanza et des tueurs non encore identifiés. Mais la guerre odieuse, n'est pas encore tout à fait la fin du monde, n'est-ce pas ?
    Léon CAMUS. Rivarol du 21 décembre 2012
    1-MEMRI — Middle East Media Research Institute, site communautariste, dépêche spéciale n° 5088, montrant un certain "trouble" de la part des émetteurs, peut-être la crainte d'un retour de flamme : « Des musulmans de France, d'Allemagne, du Royaume-Uni, de Hongrie, de Suède, de Tchétchénie, du Chili, des Balkans, rejoignent le combat contre le régime syrien. » Rapport accessible sur < media@memri.org > - « Le 15 novembre 2012, la chaîne télé algérienne Echorouk diffusait un document montrant des muhajirines - combattants étrangers - arrivés en Syrie pour y combattre le régime. Parmi eux des musulmans du Royaume-Uni, de France, de Hongrie, d'Allemagne, des Balkans, de Suède et de Tchétchénie, ainsi qu'un nouveau converti du Chili, mort dans les combats. La vidéo comprend également des extraits d'un entretien avec Abou Ahmad, chef des brigades Ahrar Al-Sham d'Alep, qui parle de son espoir de créer un État islamique après le renversement du régime d'Assad ».
    2-Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué ce mardi 18 décembre que deux citoyens de la Fédération de Russie venaient d'être enlevés en Syrie ainsi qu'un ingénieur italien. En octobre, la journaliste ukrainienne, Ankhar Kotchneva a également fait l'objet d'un rapt perpétré par l'Armée syrienne libre. Accusée de travailler pour les Services spéciaux, les rebelles menacent de l'exécuter.
    3-Parfois de bien curieux "takfiristes"... Vraie ou fausse, une note confidentielle émanant du ministère séoudien de l'Intérieur établirait que le Royaume envoie ses condamnés à mort combattre en Syrie, extraits : « Suite au télégramme du bureau royal N° 112 en date du 19/04/1433 hégire. Dans les prisons du Royaume des détenus (105 Yéménites, 21 Palestiniens, 212 Séoudiens, 96 Soudanais, 254 Syriens, 82 Jordaniens, 68 Somaliens, 32 Afghans, 194 Egyptiens, 203 Pakistanais, 23 Irakiens et 44 Koweïtis) accusés de trafic de drogues, de meurtre, de viol, méritant le châtiment de la charia islamique et l'exécution par l'épée, seront graciés, en contrepartie de l'obligation d'aller combattre pour le Jihad en Syrie après entraînement et équipement. Un salaire mensuel sera versé à leurs familles et leurs proches qui se verront interdits de voyager en dehors de l'Arabie Séoudite ». Cette note n'a pas été jusqu'ici épinglée comme hoax !

  • « Une directive Bolkestein à l'échelle planétaire » (arch 2005)

    « ❍ Bruno Gollnisch est intervenu devant le Parlement européen le 1er décembre 2005, notamment sur la préparation du prochain sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Doha (Qatar). Il a relevé que « la Commission s'apprête à (y) sacrifier notre agriculture et notre sécurité alimentaire », « à soutenir l'Accord sur le Commerce des Service, le fameux AGCS qui n'est rien d'autre qu'une directive Bolkestein à l'échelle planétaire ». Cette même commission « entend abaisser encore nos droits de douane, pourtant déjà les plus faibles du monde. Et elle ne défendra que mollement les intérêts européens contre le dumping de toutes natures, le piratage et la contrefaçon, ou le nécessaire respect d'un minimum de normes sociales et environnementales par ses concurrents ». « C'est avec une constance et un aveuglement remarquables » s'est indigné le délégué général du FN « que ce Parlement se félicite des bienfaits de la mondialisation et qu'il réserve ses considérations sur la protection et la diversification des économies, la nécessaire prise en compte des intérêts nationaux, la liberté de choisir le rythme et la vitesse de la libéralisation, ou encore la préservation de l'emploi, aux seuls pays en développement. Et puisque cette assemblée se répète,je me répéterai aussi. Le commerce mondial est inégal. Il est déloyal. Mais ce sont les pays européens et leurs peuples qui en sont les principales victimes » a-t-il encore noté.

    National Hebdo SEMAINE DU 8 AU 14 DÉCEMBRE 2005

  • Ecoracialisme (2) -/ Un homme, une femme ; un homme/femme, une femme/homme

    Frédéric Malaval, auteur du livre Ecoracialisme, non encore paru en édition, nous propose en exclusivité et sur un mode distrayant son deuxième extrait, choisi parce qu'il aborde la vision sociologique des différences homme/femme, et notamment la singularité homosexuelle. Le thème est parfaitement d'actualité.
    Polémia
     

    Un homme, une femme – un homme/femme, une femme/homme

    Dans un ouvrage devenu très populaire Pourquoi les hommes n'écoutent jamais rien et les femmes ne savent pas lire les cartes routières, Barbara et Allan Pease ont résumé les principales différences de comportement entre hommes et femmes. L'ambiance est résolument sociobiologiste. La vie de tous les jours apporte son lot d'incompréhensions entre hommes et femmes, mais ces différences avérées ne sont que le résultat d'adaptation comportementale afin d'optimiser les chances de survie collective. Il en est ainsi des différences à l'origine du titre de l'ouvrage. Etayé par une multitude de références à des travaux scientifiques, le ton est franchement humoristique car chacun s'identifie facilement à telle ou telle situation décrite.

    Ainsi, pour la femme, c'est l'incompréhension lorsque son homme cherche désespérément sa cravate dans la penderie, alors que ladite cravate se trouve juste sous ses yeux. Idem pour l'homme retournant tout le frigo pour y trouver le beurre, qui pourtant est bien en évidence, et ainsi de suite. Ce qui est évident pour la femme ne l'est pas pour l'homme. L'explication fournie est que les hommes et les femmes ont une vision qui fonctionne différemment. Les dames sont capables d’appréhender tout ce qui les entoure d’un simple coup d’œil. Leurs yeux captent le moindre détail dans un angle d’au moins 45 degrés. Il leur semble alors naturel qu’il en soit de même pour les hommes. Ce n'est pas le cas. L'homme voit moins de détails mais voit plus large, plus loin, et le mouvement.

    Ces différences sont le fruit d'un processus évolutif dont nos stéréotypes sont l'aboutissement. A l’époque des sociétés primitives, les rôles de chaque sexe étaient clairement définis. Chacun savait ce qu’il avait à faire : les hommes chassaient et guerroyaient ; les femmes restaient au village, élevaient les enfants, cueillaient.

    La chasse est une tâche qui nécessite de pouvoir s’orienter sur de longues distances, anticiper là où la proie sera, la repérer de loin, la cibler alors qu’elle bouge. C’est pourquoi les hommes ont développé une vision en tunnel. Ils sont capables de se focaliser sur un point précis à une longue distance et sont naturellement doués pour anticiper, évaluer les distances et les trajectoires. Quoi de plus énervant de savoir trop tard qu’il fallait tourner… à droite, n’est-ce pas messieurs !

    Les femmes, de leur côté, étaient responsables de la maternité. Les compétences nécessaires pour mener à bien ces missions sont complètement différentes de celles exercées par les hommes. C’est pourquoi les femmes ont développé une vision périphérique capable de les informer sur les changements infimes de leur lieu de vie, et une faculté à décoder les émotions et à lire le langage corporel. A courte distance, les hommes sont aveugles. Quand une femme cherche le beurre dans le réfrigérateur, elle n’a qu’à jeter un coup d’œil. Sa vision périphérique lui permet de détecter instantanément ce qu’elle cherche. Mais pour un homme, il lui faut balayer chaque centimètre carré de l’intérieur du frigo jusqu’à ce que sa vision en tunnel se pose exactement dessus.

    Une multitude de différences avérées sont compréhensibles dans le prisme sociobiologiste. C'est ainsi qu'est expliquée l'homosexualité tant masculine que féminine. A priori, cela ne favorise pas la pérennité de la lignée. Toutes les religions de la Modernité (judaïsme, christianisme, islam) la condamnent. Pourtant, alors qu'elle est combattue depuis plus de 2.000 ans, il y a toujours des homosexuels. Les auteurs du livre mentionné affirment que cela concerne potentiellement 10 à 20% des hommes et des femmes. La justification est à envisager sur plus de 40.000 ans. Pendant les 38.000 années qui ont précédé l'ère chrétienne et la condamnation de l'homosexualité, les femmes restaient seules pendant que les hommes chassaient. En favorisant le maintien de gènes à l'origine de comportements homosexuels, donc castrant le processus reproductif, cela permettait de disposer dans la communauté, d’une part, de femmes avec des cerveaux d'homme ayant donc des attitudes masculines et, d’autre part, d’hommes avec des cerveaux de femme, donc féminins, mais avec une musculature masculine. En outre, les hommes/femmes n ‘étaient pas perçus comme une menace sexuelle par les hommes/hommes obligés de laisser leurs femmes/femmes quand ils partaient chasser ou guerroyer. Les hommes/femmes ne tentaient pas de les féconder. Quant aux femmes/hommes, malgré leur virilité sociale, elles ne pouvaient pas féconder les femmes/femmes.

    Ainsi, ces « anomalies » se révèlent être un atout quand les hommes/hommes sont absents. Pas assez virils ou pas assez forts pour chasser, les homosexuels, hommes ou femmes, restent au village et assurent de fait une protection aux femmes/femmes dont la vocation essentielle est de faire et d'élever des enfants. Or, ce n'est pas la condition idéale pour combattre un agresseur, quel qu'il soit. La Nature ayant la vie dure, malgré les persécutions, le gène de l'homosexualité a traversé les temps modernes car il est un facteur de survie pour la lignée dont il est partie. Dans une perspective sociobiologique, le maintien de ce gène, a priori contre-nature, confère à la lignée qui le porte un avantage en disposant d'êtres de troisième sexe susceptibles de se sacrifier pour protéger les mères et leurs enfants. Ce troisième sexe dont la Modernité a nié la fonction sociale désigne ces individus considérés comme n'étant ni homme ni femme. Les Grecs (antiques) admettaient la réalité de ce troisième sexe. La Modernité l’a niée. Aujourd’hui, le contexte lui est plus favorable. Ainsi, la sociobiologie fournit une explication cohérente sur le maintien d'un gène associé à une fonction sociale déterminante pour la survie du génome alors que sa pérennité biologique est fragilisée par sa vocation.

    Frédéric Malaval
    Ecoracialisme (2) -/ Un homme, une femme – un homme/femme, une femme/homme
    17/12/2012
    A suivre

    Voir :Ecoracialisme (1) -/ Introduction

    Correspondance Polémia – 26/12/2012