On croyait l'extrême gauche en soins palliatifs, sinon morte, Par implosion, autodissolution et reniements successifs. Mais elle a soudainement ressuscité au milieu des années quatre-vingt-dix, sur les ruines du mur de Berlin et du Moloch soviétique. Les courbes électorales du PCF et de l'extrême gauche se sont alors croisées. On assistait à la revanche des gauchistes et au retour du fantôme de Trotski.
L’extrême gauche soulève un problème de géographie électorale. Où la situer sur un atlas politique ? À la gauche de la gauche ? Certes ! Mais personne ne siège à la gauche du PCF à l'Assemblée nationale. Au plafond ? Comme Lamartine, qui répondait quand on lui demandait où il siégeait à la Chambre : « Au plafond, car je ne vois pas de place pour moi dans aucun groupe ». Là haut, rien ne pouvait venir troubler sa pureté. Où alors ? Dans les nuées et dans les caves de la société ? Les deux sûrement, tant l'extrême gauche réunit un mélange détonnant de théorie froide, de chimère politique et de violence endémique. Longtemps d'ailleurs, la question qui venait à l'esprit lorsqu'on évoquait la gauche radicale, c'était combien de munitions ? Et non pas : combien de divisions ?