Le Front national a-t-il gagné le premier tour des municipales ? Cette idée mérite quelques vérifications. Il n’a pu présenter que 597 listes, non sans difficulté. Sa zone de force est le bassin méditerranéen, mais alors qu’il annonçait jusqu’à 90 listes en Languedoc-Roussillon il n’a pu en présenter que 58, et des listes n’ont pas pu y être édifiées dans des villes prometteuses (par exemple à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, où il avait enregistré 37,2 % en 2012). Cela témoigne de ses difficultés à être un front « local » et de la distance quant à l’édification d’un « tripartisme », selon ses éléments de langage repris par la presse depuis le vote.
Les meilleurs scores enregistrés sont dans des villes où ils étaient attendus (Hénin-Beaumont, Béziers, Perpignan, etc.), sans que cela ait impliqué une quelconque attention politique et sociale supplémentaire à ces territoires. Le FN bénéficie donc de l’abstention différentielle à l’égard de la gauche, mais aussi d’un désintérêt au long cours des partis de gouvernement pour ces espaces. Ses scores participent d’une action de lobbying de la part du corps électoral exigeant une action politique – un argument utilisé par Louis Aliot à Perpignan, affirmant que l’Etat, pour contenir une mairie FN, investirait massivement dans les services publics locaux.
En outre, la « dédiabolisation mariniste » ne suffit pas à expliquer les bons scores. En effet, c’est l’ensemble de l’extrême droite qui bénéficie d’une dynamique. Jacques Bompard est député et maire Ligue du Sud dès le premier tour ; sa formation mène également la liste Rassemblement Bleu Marine à Carpentras(34,38 %) et atteint 49,35 % à Bollène. Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti, néofascistes dont les organisations ont été dissoutes par le ministre de l’intérieur l’été dernier, mènent une liste qualifiée pour le second tour à Vénissieux (11,49 % des voix). Le Parti de la France de Carl Lang soutenait dix listes, l’ancien membre d’une liste Non aux minarets atteignant 14,61 % à Ronchamp – une ex-cité minière comme Hénin-Beaumont –, tandis que 24,66 % des suffrages sont atteints dans le village d’Ouzouer-sur-Trézée – la forte prolétarisation de la ruralité rencontrait déjà en 2012 la nostalgie frontiste du monde pré-mondialisation.
Là où le FN ne peut monter une liste, son potentiel constaté en 2012 est utilisable par d’autres formations. C’est donc que l’extrême droite correspond aujourd’hui à une demande sociale. Celle-ci est éclairée par la sociologie des territoires du vote extrême droitier.
Cette sociologie demeure largement populaire, même si cette caractéristique a moins pu s’exprimer à l’occasion de ces municipales. En effet, les listes FN étaient présentes dans toutes les communes de plus de 100 000 habitants sauf trois, dans 60 % des villes de 30 000 à 100 000 habitants, mais dans seulement 1 % des communes de 1 000 à 3 500 habitants.
On trouve dans les communes où le FN était présent dimanche moins d’ouvriers que la moyenne, un peu plus de cadres, et surtout moins de retraités. Le revenu moyen y est aussi un peu plus élevé, mais les inégalités de revenus sont également plus grandes. Parmi ces communes, le score augmente proportionnellement au nombre d’ouvriers et d’employés. De plus, le caractère géographiquement et socialement « périphérique » du vote FN se trouve confirmé : le vote FN, qu’on le mesure en proportion des inscrits ou des exprimés, décroît nettement dans les communes au-delà de 10 000 habitants, et culmine à une vingtaine de kilomètres des grands centres urbains.
Le niveau du vote FN décroît également régulièrement avec le niveau de revenu moyen – des cas comme ceux d’Hénin-Beaumont, mais aussi de Béziers ou Perpignan, illustrent parfaitement cela. Il faut donc relativiser l’idée que le déclin économique ne serait l’explication de la force du Front national que pour le « FN du Nord » : dans le Sud méditerranéen, difficultés économiques et motivations d’ordre plus identitaire ou idéologique peuvent se combiner et se renforcer. L’éloignement du « centre » politique, économique et culturel radicalise des « périphéries » qui réclament leur « intégration ».
Sur le plan politique, il convient de souligner deux éléments. D’abord, le score du FN est fortement lié à la participation électorale. De ce point de vue, rapprocher le vote FN d’une supposée crise de la démocratie nous paraît être une erreur d’analyse : à bien des égards, le vote FN est un opérateur de politisation, dans une élection que beaucoup essaient de dépolitiser. D’autre part, le score du FN est plus faible lorsque celui de la droite est plus fort, et inversement. Il n’y a en revanche pas de corrélation avec le score de la gauche. Tout semble indiquer, dans nos observations, que le FN se situe d’abord au sein du marché électoral des droites. Le Front national participe bien, depuis trente ans, à la droitisation de certains groupes sociaux, en particulier populaires.
Si elles ne constituent pas une nouvelle « vague » ou « déferlante », ces élections municipales confirment la capacité renouvelée du FN à traduire ses scores présidentiels en performances locales. En capacité de distribuer des postes d’élu, l’extrême droite peut espérer attirer plus de petits notables, qui se présenteraient aux élections de 2015, et, ainsi, être plus normalisée à la présidentielle de 2017. Mais elle sera alors responsable de bilans municipaux : leur qualité influencera sans doute l’avenir de Marine Le Pen.
Joël Gombin et Nicolas Lebourg
Source : Fragments sur les temps présents : http://tempspresents.com/2014/03/30/joel-gombin-nicolas-lebourg-extreme-droite-une-demande-sociale/#more-5575
Première parution : Joël Gombin et Nicolas Lebourg, « Le vote pour l’extrême droite est une façon de repolitiser l’élection », Le Monde, 28 mars 2014, p. 25.
http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFAyEAEulZVUkIvdwS.shtml
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L’extrême droite : une demande sociale
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Conférence du Cercle Non Conforme: "Souveraineté populaire, solidarité nationale, fraternité européenne" - 5 avril 2014 - 19h30
L'entrée est gratuite mais nous demandons aux participants de venir avec un don (argent, nourriture, ustensiles, vêtements, divers, ...)
Liste des affaires qu'il faudrait en priorité pour Solidarité Populaire :
Nourriture:
Gâteau individuel , barres céréales, soupes (à diluer dans de l'eau ) , sachet de thé , sucre , café , eau
Ustensiles:
Thermos, petites cuillères , serviette , gobelet en plastique et "bol" jetable pour la soupe
Vêtements:
Sous vêtements , chaussures , vêtements homme et femme ( pull , tee shirt , pantalons , jupe , écharpes ... )
Divers:
Nécessaire de toilette de première nécessite ( des savonnettes , des échantillons de gel douche , shampoing , des mouchoirs , rasoirs ) , couvertures
Une part non négligeable du matériel de SP a été détruit dans l'incendie du local du MAS... -
Ce n’est pas une farce : Gaz : la "taxe carbone" arrive le 1er avril
Le 1er avril, les ménages français seront soumis à une nouvelle taxe sur la consommation de produits énergétiques polluants, qui alourdira leur facture de gaz, même si le gouvernement a prévu des compensations pour les plus modestes.
Les ménages étaient jusqu’ici exemptés de la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN), collectée depuis 1986 par les fournisseurs de gaz auprès de leurs clients et reversée à l’Etat. Elle est l’équivalent pour le gaz des taxes intérieures de consommation perçues sur les carburants, le fioul ou le charbon.
Mais le gouvernement a décidé de mettre fin à cette exception, dans le cadre de la mise en place de la contribution climat énergie (CCE), sorte de "taxe carbone" qui consiste à lier en partie les taxes sur les énergies polluantes à leurs rejets de gaz carbonique.
Selon le ministère de l’Ecologie et de l’Energie, le montant de la taxe a été fixé à 1,41 euro par mégawattheure à compter du 1er avril.
Elle sera ensuite relevée à 2,93 euros en 2015, et 4,45 euros en 2016.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Ce-n-est-pas-une-farce-Gaz-la-taxe
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Ils veulent perdre les municipales
Les perles gouvernementales de la semaine :
- Convocation d'une réunion de crise, hier, à l'Elysée. Objectif : rabibocher le... chef des cuisines avec Nicole Bricq, qui a pourtant le bon goût d'incarner parfaitement la gauche caviar. D'après le ministre du commerce extérieur, le foie gras truffé et le Château Lafite (prix grand public, 460 € la bouteille), c'est "dégueulasse". Au moins aura-t-on appris qu'il y avait un chef à l'Elysée.
- Le chômage a battu un nouveau record en février (+31 500 inscrits à Pôle emploi, et +28,5% de radiations) ? Michel Sapin nous rassure : "Les chiffres vont dans la mauvaise direction mais on maintient le cap". Si François Hollande est capitaine de pédalo, le ministre du chômage, lui, est commandant du Titanic.
- Le ministre marocain des affaires étrangères a subi une fouille à l'aéroport Charles de Gaulle. Deux incidents diplomatiques en un mois avec le Maroc, ça mérite des excuses : Laurent Fabius a donc dû s'aplatir façon carpette. Encore un coup de Mistral, et elle s'envolera très loin du Quai d'Orsay ?
- Depuis que François Hollande Fal'con pour aller voter, ses ministres sont priés de rouler en Zoé. La voiture électrique, c'est écolo, mais ça tombe en panne dès que vous voulez utiliser un gyrophare. Ce gouvernement souffre de circulation alternée : il n'y a qu'une partie du cerveau qui est irriguée.
- Si Christiane Taubira a laissé dire pendant plus de dix ans qu'elle était titulaire de deux doctorats, c'est la faute des journalistes. Si elle découvre la dernière que Nicolas Sarkozy est sur écoutes, c'est la faute de sa directrice de cabinet. Si elle brandit des documents qui contredisent ce qu'elle affirme, c'est la faute à pas de chance. Et si elle rate son train pour Grenoble où elle sait qu'elle n'est pas la bienvenue, c'est la faute à... Zoé ?
Qui a demandé de "remercier ce gouvernement de branquignols" ?
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Espagne: défilé géant à Madrid pour dénoncer l'«urgence sociale»
Des milliers de personnes venues des quatre coins de l'Espagne ont convergé, ce samedi 22 mars, dans les rues de la capitale. Certains marchaient depuis près d'un mois depuis l'Andalousie, la Catalogne ou encore les Asturies. Un grand défilé pour dénoncer l'« urgence sociale », notamment le taux de chômage record, 26%, et puis plus largement pour dénoncer la politique du gouvernement. Reportage dans les rues de Madrid.
Grande manifestation à Madrid contre l'austérité :
Les participants aux « marches pour la dignité » sont arrivés à Madrid. Un grand élan contestataire pour, une fois de plus, après tant d’années de crise, dénoncer la rigueur imposée par le gouvernement.
Les manifestants comme Esther et Ramon veulent défendre leurs droits durement acquis : « C’est une injection de solidarité, de dignité comme l’annoncent les marches, mais surtout de solidarité », estime Esther. « C’est une lutte civique du peuple de bas en haut. Elle n’est manipulée par personne. Ici, on trouve ceux qui sont en colère, indignés », explique pour sa part Ramon.
Six millions de chômeurs, des familles dans la pauvreté sans ressources, sans beaucoup d’espoir, certaines expulsées de leur domicile. Même si l’on assiste aux balbutiements d’une sortie de crise, les Espagnols ne croient plus aux promesses de leurs gouvernants qu’ils accusent d’être à la botte de la troïka. Ils parlent d’« urgence sociale ».
A quelques semaines des élections européennes, c’est un coup de semonce pour le gouvernement de Mariano Rajoy. Pour éviter tout incident, le dispositif policier a été renforcé partout dans la capitale. On craint de possibles débordements des plus extrémistes.
Mariano Rajoyhttp://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAVVFpZZpBnLcLWeo.shtml
Source : Rfi : http://www.rfi.fr/europe/20140322-espagne-defile-geant-madrid-denoncer-urgence-sociale/ (Avec la correspondante à Madrid, Martine Pouchard)
L'image insérée dans le corps de l'article par la Rédaction de Voxnr est insue du Nouvel Observateur : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140322.REU2522/grande-manifestation-a-madrid-contre-l-austerite.html -
Dette, crise, chômage : qui crée l'argent ?
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Olivier Delamarche : « 2 millions d’Espagnols dans la rue pour réclamer un peu de dignité »
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Vote ouvrier FN : la preuve par Hayange et Engelmann
Le monde ouvrier, trahi de toutes parts, se tourne de plus en plus vers les seuls qu’il n’a pas essayés, et qui parlent encore de lui.
Il a à peine 35 ans. Il vient de l’extrême gauche, Lutte ouvrière, puis le Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Plombier, il était secrétaire du syndicat CGT des agents territoriaux de la mairie de Nilvange. Pour une fois, l’extrême gauche tenait un véritable ouvrier, pas un de ces fils de bourgeois qui ne sont que les enfants de leur lecture, et ne connaissent rien à la dure réalité du salariat. Il se présentait à chaque élection locale, et faisait de bons scores.
Et puis tout s’est enrayé. Fabien a commencé à se poser des questions. La candidature d’une militante voilée, Ilham Moussaïd, soutenue par son parti aux élections régionales PACA, l’a plus que perturbé. Et il s’est mis à réfléchir, dans une région où les hauts-fourneaux ferment les uns après les autres, malgré les promesses de Sarkozy ou de Hollande, et les gesticulations de syndicalistes à la Édouard Martin, à la solde du PS.
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Le militantisme social au XXIème siècle
Des constats et des initiatives pour une révolution des esprits et des actes
Un terrain occupé par un géant aux pieds d’argile
Le terrain social a été depuis des décennies occupé par des groupes et des personnalités issus de l’extrême gauche, notamment trotskyste (et gramschiste). Cette dernière a fait intelligemment du social son creuset, en investissant par le biais d’associations et de syndicats les milieux sociaux et éducatifs. Elle a eu par ce biais une influence déterminante bien que moins visible que la sphère électoraliste sur notre société.
Deux phénomènes en particulier sont venus remettre en cause le bien fondé de cette stratégie pourtant autrefois très efficace. Ces deux éléments sont des exemples concrets de cette pensée unique, dans laquelle vont se retrouver ceux qu’on nous présente comme illusoirement opposés (c'est-à-dire ici les néolibéraux de « droite », et la « gauche » considérée par ses différents courants)
Premièrement l’immigration massive, elle s’est imposée depuis les années 60 et s’est progressivement accélérée. La doctrine politique sociale développée par les associations gauchisantes s’est adaptée d’une façon à la fois naïve et calculatrice à ce nouveau flux. Calculatrice, car les immigrés extra-européens (et surtout africains) représentent des clients associatifs faciles à appâter, et un électorat aisé au niveau de l’Etat, surtout si vous les aidez sur le plan matériel. On régularise à tour de bras, et on investit massivement dans le terrain social immigré construisant ainsi une certaine clientélisation. Elle est aussi naïve, car les immigrés extra-européens n’oublient pas si aisément leurs racines, et un réel repli communautaire est constatable. Partout on assiste à un développement féroce d’une véritable haine contre la France, et d’une entraide avant tout ethnique et religieuse bien loin de « l’idéal » républicain, et surtout gauchiste universalisant et laïque. Le précepte de base, était de supposer que la prospérité économique entrainerait une intégration automatique soutenue par une politique sociale étendue. Oui mais voilà, la prospérité économique espérée du modèle néolibéral de libre marché (par la gauche dite « socialiste » elle-même !) s’est révélée illusoire, aggravant encore son décalage par rapport à la réalité. L’économie se dégrade inexorablement, exacerbant d’autant les relations entre groupes ethniques.
Le tissu associatif d’extrême gauche mis en place sera peu à peu supplanté et détourné par les populations qu’ils ont aidées. Cette stratégie est donc vouée à l’échec sur le long terme. On peut étudier par exemple cet effet sur le terrain syndical par exemple, avec les politiques suicidaires de la CGT qui tente de survivre à l’heure mondialisée, en promouvant la protection des travailleurs immigrés. Les intérêts du grand Capital rejoignant comme souvent ceux des plus gauchisants, avec la constitution d’une armée de réserve en termes d’employés maintenant les salaires bas.
Deuxièmement c’est la mondialisation. Une politique sociale n’a de sens que dans un système un tant soit peu protectionniste. Mettre en concurrence des économies ne disposant pas des mêmes bases de protection sociale n’a aucun sens. Cela revient à importer la misère des autres continents en Europe. L’appauvrissement et l’endettement de la France ces dernières années est inéluctable sur cette pente hypocrite. La gauche n’a pas d’issue, elle qui n’a d’ailleurs plus rien de socialiste, empêtrée dans l’économie de marché, désormais envisagée comme une fatalité. Là réside une nouvelle collusion avec les élites politico-financières néolibérales qui voient dans la Mondialisation une opportunité d’enrichissement (presque) sans limite. Les structures sociales mises en place par l’Etat et ses avatars associatifs sont donc condamnées au déclin dans un système économique incohérent. Elles trouveront notamment leur bornes dans l’accumulation de dettes colossales, et l’impossibilité de financer une aide sociale au budget faramineux.
Ces constats nullement nouveaux nous amènent à considérer au delà de la situation alarmante de notre pays, une multitude de possibilités sur le terrain social pour notre bord. En effet, la politique sociale de l’Etat et ses mignons repose sur une double contradiction, d’un système économique absurde et déficitaire, orientée massivement vers des populations qui lui sont en définitive assez hostiles. Chaque contradiction de l’Etat est une fissure dans laquelle nous pouvons investir et construire notre modèle de société alternatif.
Une prise de conscience
Indéniablement, il y a eu une véritable prise de conscience de l’importance du social dans nos milieux en Europe ces dernières années. En France on a pu voir l’association SDF (Solidarité des Français) et sa soupe au cochon par exemple. Ceci est aussi visible à l’échelle de notre continent par la remarquable Casapound (Association italienne…) qui a fait d’une façon innovante du social son creuset. Mais l’exemple contemporain le plus probant illustrant le caractère décisif que représente le social est à chercher hors de nos frontières. Certains précurseurs ont conçu le social comme une nécessité humaine communautaire, mais aussi comme une arme politique. Ainsi, la pensée pragmatique du fondateur des Frères Musulmans (Hassan El-Banna) ne se leurrait pas dans une hypothétique conquête violente« par le grand soir » de l’État égyptien, ni même une ascension par les urnes qui ne constituaient qu’un point ultime de sa stratégie. Au contraire, il considérait que la lutte politique devait se mener par le bas avec le social.
L’idée de fond repose sur le développement d’un réseau d’entraide efficace et solidaire qui profiterait des défaillances de l’État. L’objectif était de changer profondément les mentalités, afin d’intégrer à un réseau, l’individu, la famille, le peuple (par ses syndicats, associations, villes etc.) puis l’État lui-même. Nous avons pu constater l’efficacité de cette méthode ces dernières années par la montée en puissance des Frères Musulmans en Égypte. Directement héritiers de cette école de pensée en Palestine, le Hamas ne s’est présenté aux élections législatives qu’après des dizaines d’années de travail social acharné, et une forte implantation au niveau municipal. Le résultat y est révélateur, avec une prise de position de tout premier ordre dans la vie politique locale. De la même manière, le Hezbollah s’est implanté durablement au Liban par cette voie jouant un rôle tout à fait majeur dans la sphère politique nationale. Certes, ces ascensions politiques reposent sur le pilier d’une religion, mais le nôtre s’appelle identité française et paneuropéenne, et il peut-être tout aussi fort.
Il est donc plus que temps de bâtir notre vision du social, qui s’est démontré être une voie réaliste vers l’accession à des postes clés du pouvoir. Le laisser à l’extrême gauche a mené notre pays et notre continent à la ruine, c’est donc une nécessité de le réinvestir.
C’est aussi une autre vision du militantisme, non plus axée sur la dénonciation ou la contestation, mais au contraire vers une démarche créatrice et positive. Cela suppose un véritable changement d’esprit, nous ne devons plus nous contenter de coller des affiches ou créer des pages web au contenu enflammé, mais agir avec sérieux dans le réel pour et par notre communauté.
Réalisme et professionnalisation
Le constat assez terrible après des années de militantisme reste le même pour beaucoup de groupes, quel amateurisme ! Comme démontré plus haut, les exemples d’organisations qui ont réussi sur cette voie, ont véritablement transformé leur façon de militer et surtout d’envisager le militantisme social. S’engager politiquement dans le social n’est plus un loisir consommateur, c’est une activité positive de création (ce qui n’exclut pas les bons moments loin de là !), pour la première fois on ne se contente plus de recevoir, on créé du lien, des projets, on émet sa vision du monde. On ne vient pas soulager sa mauvaise conscience, on vient rétablir l’équilibre d’une Société, la cohérence d’un Tout harmonieux, imposer une justice sociale pour sa communauté.
Cette conscience se traduit par un souci d’efficacité, car on croit à sa cause, à son avenir, la nostalgie est déjà loin. Le fil de l’identité nous lie à nos aïeux par un fond commun, mais à chaque génération ses symboles, ses combats et ses méthodes. Le militantisme social est une vocation pour ceux qui veulent gagner et voir dans leurs actions un résultat concret, notamment sur le long terme. Il nécessite le développement de qualités assez proches du monde professionnel. Sens des responsabilités, organisation, innovation, gestion de projet, travail d’équipe, la liste pourrait être longue.
C’est une véritable professionnalisation qui peut avoir un intérêt partagé pour l’organisation et ses militants. L’organisation voit son efficacité démultipliée et solidement ancrée dans le long terme (un bel exemple est représenté par l’association Solidarité Kosovo). Les militants se forment et évoluent avec l’organisation, développant même des compétences qu’ils pourront utiliser dans leur vie professionnelle et personnelle (Montage vidéo, gestion de projet, informatique etc.). Organiser des réunions efficaces et constructives, des débriefings, structurer les tâches en équipe en fonction des compétences, des responsabilités et des envies des bénévoles. C’est tout simplement donner les moyens à ses initiatives de réussir et à ses militants de s’engager plus en avant, voyant le fruit de leur labeur se développer.
C’est aussi adopter une politique de communication adaptée, par une subtile alchimie à atteindre entre rechercher l’intérêt des individus aidés, et celui de son organisation. Nous sommes au cœur de notre communauté, le cynisme marchand n’a pas sa place. Ce n’est pas pour autant que nous devons négliger le réalisme et l’efficacité d’une communication fondamentale à la réussite d’une cause, qui aura en définitive des effets salvateurs pour toute notre communauté.
ESF dans tout ça
Le combat social a donc encore à bien des égards de belles heures devant lui. C’est fort de cette réflexion que nous avons développé à notre échelle le projet ESF (Entraide Solidarité Famille). Une initiative réalisée dans le cadre de l’association Solidarité Populaire. Il vise à venir en aide aux familles d’origine européenne en situation précaire.
Nous sommes partis de plusieurs constats dans une Europe en pleine paupérisation. Premièrement, une situation économique et sociale extrêmement défavorable à ces familles, que nous pouvons constater par des indicateurs variés comme la hausse du chômage, du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que le coût du logement. Tous ces facteurs impactent directement des personnes qui peinent à s’en sortir à la fin du mois, malgré leur volonté de subvenir à leurs besoins. Deuxièmement, c’est le manque de solidarité que nous pouvons constater au sein de notre communauté, là où les extra-européens ont développé de véritables réseaux d’entraide. Enfin comme abordé plus haut, l’Etat français par sa politique immigrationniste suicidaire privilégie une minorité qui n’en est déjà plus une dans nombre de nos quartiers, ceci par le détournement massif des prestations sociales. Pour toutes ces raisons, il nous a semblé qu’il était plus que temps de développer notre propre maillage communautaire européen.
L’entraide aux familles et aux individus se réalise en plusieurs étapes et par différents biais
Premièrement, nous prenons contact, nous discutons, nous prenons le temps de connaitre nos interlocuteurs. Nous expliquons le fonctionnement et les principes de ce réseau de solidarité, nous nous assurons que cela est compris et accepté. L’idée est d’intégrer des familles et des individus qui partagent « un minimum » nos principes, et une volonté de participer à ce lien d’entraide dans les deux sens. L’objectif n’étant pas d’en faire des perpétuels assistés mais de les aider à remonter la pente. Dans un premier temps, nous organisons des convois chargés de biens de première nécessité. Nous envisageons ensuite avec les personnes leurs besoins à court, moyen et long terme. Puis, en lien avec nos moyens, nous réfléchissions à la meilleure manière de les aider et de les accompagner dans leurs projets variés (cela peut-être de la formation, permis de conduire, rénovation de bâtiment etc.). Nous pouvons les aider directement et/ou leur proposer différentes solutions comme le microcrédit. Ils sont progressivement intégrés au réseau d’entraide et pourront dans l’idéal aider d’autres familles et individus dans une situation similaire. Ils peuvent enfin participer aux diverses activités du MAS.
Une action ancrée dans le réel
Concrètement au niveau matériel, c’est déjà plusieurs convois chargés de biens de première nécessité, un camion de 20m3 de matériel pour le chantier d’isolation. Mais c’est aussi une aventure sur le plan humain, de nombreux bénévoles vont travailler sur un chantier, et ont partagés des moments très conviviaux avec les familles. C’est aussi ça la solidarité et le social, des liens humains, et des bons moments passés ensembles. Tous les militants qui ont participé à ce genre d’intervention en ont gardé un souvenir ravi. C’est aussi l’occasion de développer des compétences variées selon les cas, et d’agir concrètement sur le terrain social.
Il est possible de nous aider de plusieurs manières.
Le nerf de la guerre reste les dons, qui rendent possible notre activité, mais pas seulement.
Sur le plan humain, il est tout à fait possible de nous soutenir selon ses spécialités et envies. Les bonnes volontés peuvent prendre des formes diverses, comme le conseil spécialisé selon les compétences de chacun (bâtiment, juridique etc.) ou encore la participation aux chantiers.
Dernier point et pas des moindres, n’hésitez pas non plus à nous signaler une famille en précarité qui pourrait bénéficier de notre soutien. Nous les contacterons dans les plus brefs délais, et tâcherons de les aider du mieux que nous pourrons dans la limite de nos moyens et selon leurs besoins exprimés.
http://www.solidaritepopulaire.com/
Renaud (Projet ESF) pour le Cercle Non Conforme
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Vers une baisse significative de la fiscalité des entreprises ?
La Rédaction a de plus en plus de mal à réfréner le fou rire qui la prend (voir article précédent (1)). Pas une semaine sans qu'il n'y ait mesure ou projet visant à développer le capitalisme en France. Ce au point qu'en matière d'Economie, la droite en est muette. C'est un signe qui ne trompe pas.
Un membre du groupe de travail sur l'IS se montre quelque peu étonné du chiffre de huit milliards avancé par les Echos : "Huit milliards, cela veut dire qu'il n'y a pas de marge pour un élargissement du Cice."
Le groupe de travail chargé de réfléchir à une évolution de l'impôt sur les sociétés (IS) dans le cadre des Assises de la fiscalité des entreprises préconise une baisse massive de ce prélèvement, ou, à défaut, de supprimer la "C3S", taxe sur le chiffre d'affaires.
La fiscalité des entreprises est-elle devenue plus « juste » ?
Baisser massivement l'impôt sur les sociétés (IS). Telle serait la préconisation du groupe de travail chargé de réfléchir à une évolution cet impôt dans le cadre des Assises de la fiscalité des entreprises, selon un relevé de conclusions obtenu par l'agence Reuters.
A défaut, ces experts, parlementaires et représentants des entreprises, qui doivent rendre leurs propositions mardi aux ministres de l'Economie et du Budget, recommandent une baisse des taxes sur les facteurs de production, en particulier de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S).
Jusqu'à 8 milliards d'euros?
De son côté, le quotidien économique Les Échos estime que la baisse de la fiscalité des entreprises envisagée par l'exécutif pourrait aller jusqu'à huit milliards d'euros. Un montant légèrement inférieur à ce que le président du Medef souhaitait mardi dernier. Pierre Gattaz évoquait alors dix milliards d'euros partagés à égalité entre IS et impôts sur la production, dont la C3S.
Interrogé sur le chiffre avancé par les Echos, le ministère du Budget a répondu qu'il ne ferait "pas de commentaire".
Un des taux les plus élevés d'Europe
Il faut dire que la France a le taux d'impôt nominal d'IS le plus élevé de l'Union européenne, que ce soit le taux normal de 33,33 % ou le taux applicable aux entreprises de plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires (38%).
C'est aussi, après la Suède, le pays qui a les impôts sur les facteurs de production les plus élevés d'Europe (plus de 3,0% du PIB contre une moyenne européenne de 1,4% et 0,4% en Allemagne).
"La baisse du taux de l'IS devrait être privilégiée à condition d'être massive en visant à terme un taux nominal proche de la moyenne européenne, soit environ 25% (28,5% pour les grandes entreprises si la contribution sociale sur les bénéfices et la surtaxe étaient maintenues)", indique le relevé de conclusion du groupe de travail.
Pas d'élargissement de l'assiette
D'après cette note, la baisse envisagée pourrait être réalisée par étapes, comme au Royaume-Uni, l'important étant "d'annoncer un calendrier et de s'y tenir". Le groupe de travail recommande cependant de l'étaler sur une période n'excédant pas la fin du quinquennat, c'est-à-dire trois ans maximum.
Il juge en revanche épuisées les marges d'élargissement de l'assiette de l'IS et écarte cette piste. Si les marges budgétaires ne permettent qu'une baisse de quelques points du taux d'IS, l'effet sur l'attractivité de la France serait marginal, lit-on dans le relevé de conclusions.
La CS3 supprimée et un taux d'IS diminué
Dans ce cas, une majorité des membres du groupe considère que c'est la baisse des impôts sur les facteurs de production qui devrait être privilégiée, en priorité la C3S, assise sur le chiffre d'affaires des entreprises. Ce qui semble acté comme l'avait révélé La Tribune.
Un membre du groupe de travail interrogé par Reuters estime que la suppression de la C3S (4,5 milliards d'euros) pourrait être complétée par une baisse de 2,5 points du taux d'IS, soit un allègement de 3,5 milliards.
Ce scénario va dans le sens de la promesse faite par le président François Hollande de faire converger la fiscalité des entreprises françaises avec celle de l'Allemagne.
La clef de voûte du pacte de responsabilité
Pour rappel, le gouvernement cherche à réduire d'au moins 50 milliards d'euros d'ici 2017 la croissance des dépenses publiques pour ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2015 et financer une baisse des cotisations sociales des entreprises de 10 milliards en plus des 20 milliards du crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice).
Certes, baisse de charges et économies constituent la clef de voûte du "pacte de responsabilité" proposé par François Hollande pour relancer l'investissement et l'emploi en France.
Mais un membre du groupe de travail sur l'IS se montre quelque peu étonné du chiffre de huit milliards avancé par Les Échos : "Huit milliards, cela veut dire qu'il n'y a pas de marge pour un élargissement du Cice."
À moins que le gouvernement ne se soit découvert des marges jusqu'ici insoupçonnées pour combiner baisse de la fiscalité et réduction des charges sociales des entreprises au-delà des 10 milliards d'euros évoqués jusqu'ici.
Une autre proposition
Ce spécialiste de la fiscalité recommande quant à lui un panachage entre élargissement du Cice de cinq milliards d'euros supplémentaires, suppression de la C3S et réaménagement de la taxe sur les salaires d'environ 500 millions pour les 120.000 entreprises de l'économie sociale qui n'ont pas accès au Cice.
Une des pistes étudiées pour la baisse du coût du travail consiste à remonter le plafond de 2,5 smic au-delà duquel la Cice ne s'applique plus à 3 ou 3,5 smic. Cela permettrait d'améliorer la compétitivité des entreprises tournées vers l'exportation, qui emploient des salariés très qualifiés.
Pour l'heure, les grandes lignes du pacte de responsabilité et les arbitrages associés seront dévoilés avant le 15 avril.
http://www.voxnr.com/cc/politique/EFAVuVEVFZWHxHPrnW.shtml
Source : latribune.fr : http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140321trib000821203/vers-une-baisse-significative-de-la-fiscalite-des-entreprises.html
(1) http://www.voxnr.com/cc/politique/EFAVFlkVlpsghwvHBP.shtml