Les « dieux qui ont soif » peuvent compter sur un certain épiscopat qui leur conseillera de se soumettre. Reste à savoir si le Peuple chrétien ne recevra pas d’autres instructions de Saint Michel.
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Le titre d’un roman d’Anatole France… mais il pourrait illustrer ce que fut toujours le gauchisme, cette frange qui, furieuse de voir le socialisme échouer en tout, ne voyait comme solution de rechange, que la suppression physique des adversaires : « Du passé faisons table rase » !Il pourrait aussi illustrer les manifestations après la mort de l’extrémiste Clément Méric tombé dans une bagarre, comme il en est souvent entres divers jeunes excités. Mais pourquoi aujourd’hui cette mobilisation face à ce qui n’est qu’un « fait divers » de notre société ?C’est que les tenants du laïcisme au pouvoir, malgré le contrôle des médias et les gigantesques appareils de pression et de désinformation, n’ont pu dissimuler l’énorme mobilisation d’une chrétienté que l’on croyait morte, face à la profanation du mariage.
Et si toute motivation politicienne a su faire silence, au cours des énormes rassemblements, il n’en est pas moins vrai, que ceux-ci portent en gestation la nécessité de promouvoir le combat sur le plan politique, et, il faut bien le dire, à l’encontre de la fameuse « alternance » de tradition républicaine, qui n’a jamais été qu’un partage de l’« assiette au beurre » !Un exemple parmi tant d’autres: On vient d’apprendre qu’un agent du fisc de Haute-Garonne, Rémy Garnier, avait dénoncé dès 2008, les opérations financières litigieuses de Monsieur Cahuzac. Que fit le gouvernement de la fausse droite ? Par l’autorité d’Éric Woerth son supérieur, il sanctionna le fonctionnaire intègre ! La complicité de la crapule est un des atouts de « l’ordre républicain ». Et c’est presque miracle si, aujourd’hui, Monsieur Woerth a quelques ennuis avec la justice…Mais le danger à l’encontre de la réaction Chrétienne, ne vient pas seulement de la crapule politique, qu’une énorme majorité désavoue, même pas du monstrueux Pierre Berger, dont le visage comme défoncé par le vice semble une insulte à la figure humaine, le danger pire vient d’un clergé qui l’autorisa a prononcer l’éloge de son « giton » en l’Église de St Germain l’Auxerrois !Il est à craindre que ce soit ce même clergé qui, dans le Conseil « Famille et Société » de la conférence des Évêques de France », vient, en condamnant l’homophobie, de laisser croire qu’elle était présente dans les manifestations. La soumission à la loi contre nature de l’État est recommandée en ces termes : « C’est une preuve de maturité démocratique que d’accepter sans violence que son propre point de vue ne soit pas retenu ! »Et le texte traitant ensuite « d’Expériences » les aventures homosexuelles, assure qu’elles ne sont pas dévalorisées par les rapports charnels ! On en vient à se demander si certains prélats ne justifient pas ainsi leurs propres « expériences »!La soumission à l’État antichrétien avait déjà été recommandée par Monseigneur Podvin porte-parole des évêques de France, en ces termes : « La signification religieuse, nous y sommes attachés. MAIS le respect de la diversité c’est certainement une source de paix de la société ! ». Bref, ce que l’Église nommait le péché « contre nature », ne l’est plus : c’est une diversité qui doit inspirer le respect.Ce qui est certain, c’est que depuis des temps très anciens, nous sommes prévenus de cette crise de l’Église qui verra les évêques se dresser contre les évêques et contre le pape.L’immense Padré Pio, si longtemps persécuté par ses supérieurs religieux n’a pas hésité à dire : « Combien de nos malheureux frères dans le sacerdoce, répondent à l’amour du Christ en se jetant à bras ouverts dans l’infâme secte des francs-maçons ! ». -
Les amis de Fabius et Hollande tuent un jeune Syrien de 15 ans pour blasphème
Et quel blasphème !
« Un syrien de 15 ans a été exécuté en public à Alep par des rebelles islamistes pour avoir tenu des propos que ces derniers jugeaient blasphématoires, a déclaré dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’homme. [...]
Mohammad Qataa, un adolescent syrien de 15 ans a été tué d’une balle dans la bouche et d’une autre dans la nuque après avoir été arrêté par des membres de l’ex-Front al Nosra (passé le mois dernier sous la coupe de la branche irakienne d’Al Qaïda, sous le nom d’Etat islamique d’Irak et de Syrie), a déclaré l’OSDH [...]
Le jeune homme se serait disputé avec un individu avant de lancer : « Même si le prophète Mahomet descend (du paradis), je ne deviendrai pas croyant. »
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djihadistes, ils vont revenir !
Ils seraient cent vingt, selon le ministre de l’Intérieur, cent vingt Français, apprentis djihadistes, partis faire leurs classes en Syrie, dans les forces armées hostiles au régime de M. Assad. Cent vingt, dont M. Valls vient d’expliquer que « la plupart convertis à un islam radical ont un passé de délinquance […] de drogue […] de grand banditisme ». Voilà qui est clair.
Djishadistes" français" (Agence Reuters). Français ? Mon oeil !...
Pendant ce temps-là, peut-être pour profiter de l’occasion de façonner son image de grand ministre des Affaires étrangères, M. Fabius continue de manifester une grande animosité à l’égard de M. Assad. Avec et autour de lui, tous ces penseurs et journalistes « engagés », moins soucieux de l’intérêt national que de leurs fantasmes idéologiques. C’est qu’encore et toujours la bêtise le dispute, ici, à l’aveuglement. M. Filiu, professeur à Sciences Po Paris, vient ainsi d’affirmer que « le peuple syrien est prié de se laisser massacrer ». Donc, d’un côté « le peuple », de l’autre « les massacreurs ». Niaiserie d’intellectuel fatigué ou mensonge délibéré du militant droits-de-l’hommiste ?
Mais le verbiage enragé des interventionnistes et va-t-en-guerre se heurte aux réalités. Leur dernier argument en date - l’utilisation présumée d’armes chimiques par les troupes du régime – devrait faire long feu puisque même (et surtout) les États-Unis d’Amérique semblent y rester insensibles. Pour ces derniers, sans doute échaudés par les aventures d’Irak et d’Afghanistan, mais plus sûrement encore soucieux de leurs intérêts planétaires, la Syrie n’est qu’une carte dans le jeu qui les oppose aux autres grandes puissances, notamment à la Russie : elle s’inscrit dans leur stratégie mondiale et les bêlements humanitaires des Français et des Britanniques doivent bien les amuser, d’autant que la tournure prise par les événements justifie amplement l’attentisme voire l’inavouable décision de non-intervention.
Le constat est clair : la Syrie n’est pas le théâtre d’une lutte entre le Bien et le Mal ; s’y affrontent plus prosaïquement des Syriens - les uns, aidés par leurs alliés de toujours (Russie, Iran, Hezbollah), détenant le pouvoir légal ; les autres, armés par l’étranger (Arabie saoudite, Qatar) et soutenus par la « conscience universelle », voulant s’emparer de ce pouvoir. Ne pas admettre cette évidence a pour conséquence de dresser un écran de fumée qui occulte la seule chose qui devrait pour l’instant compter à nos yeux dans cette affaire, à savoir l’enrôlement (et donc le retour prévisible au « pays ») des cent vingt islamo-terroristes français (six cents pour l’ensemble de l’Europe !).
Ces cent vingt sont connus des services de M. Valls. Plutôt que de se préoccuper de M. Assad, ne vaudrait-il pas mieux se prémunir contre ces assassins potentiels ? Une fois en prison, ils pourront toujours lire la prose de M. Filiu. A condition de savoir lire, bien entendu.
Louis-Joseph Delanglade http://lafautearousseau.hautetfort.com/
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Jean Thiriart : prophète et militant
"J'écris pour une espèce d'hommes qui n'existe pas encore, pour les Seigneurs de la Terre..."
(F. Nietzsche, La Volonté de puissance).
La disparition soudaine de Jean Thiriart a été pour nous comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, pour nous, militants européens qui, au cours de plusieurs décennies successives, ont appris à apprécier ce penseur de l'action, surtout depuis son retour à la politique active, après bon nombre d'années d'"exil intérieur" où il a médité et reformulé ses positions antérieures.
A plus forte raison, sa mort nous a surpris, nous, ses amis italiens qui l'avions connu personnellement lors de son voyage à Moscou en août 1992, où nous formions de concert une délégation ouest-européenne auprès des personnalités les plus représentatives du Front du Salut National. Ce front, grâce aux travaux de l'infatigable Alexandre Douguine, animateur mystique et géopolitique de la revue Dyenn (Le Jour), a appris à connaître et à estimer bon nombre d'aspects de la pensée de Thiriart et les a diffusés dans les pays de l'ex-URSS et en Europe orientale.
Personnellement, j'ai l'intention, dans les lignes qui suivent, d'honorer la mémoire de Jean Thiriart en soulignant l'importance que sa pensée a eue et a toujours dans notre pays, l'Italie, dès les années 60 et 70 et dans le domaine de la géopolitique. En Italie, sa réputation repose essentiellement sur son livre, le seul qui ait véritablement donné une cohérence organique à sa pensée dans le domaine de la politique internationale: Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, édité par Giovanni Volpe en 1965, il y a près de trente ans.
Trois années seulement venaient de se passer depuis la fin de l'expérience française en Algérie. Cet événement dramatique fut la dernière grande mobilisation politique de la droite nationaliste, non seulement en terre de France, mais dans d'autres pays d'Europe, y compris en Italie. Les raisons profondes de la tragédie algérienne n'ont pas été comprises par les militants anti-gaullistes qui luttaient pour l'Algérie française. Ils n'ont pas compris quels étaient les enjeux géopolitiques de l'affaire et que les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale entendaient redistribuer les cartes à leur avantage, surtout les Etats-Unis.
Combien de ces militants de l'Algérie française ont-ils compris, à cette époque-là, quel était l'ENNEMI PRINCIPAL de la France et de l'Europe? Combien de ces hommes ont-ils compris intuitivement que, sur le plan historique, la perte de l'Algérie, précédée de la perte de l'Indochine, tout comme l'effondrement de tout le système vétéro-colonial européen, étaient des conséquences directes de la défaite militaire européenne de 1945 ? Ce fut en effet non seulement une défaite de l'Allemagne et de l'Italie, mais aussi de l'EUROPE ENTIERE, Grande-Bretagne et France comprises. Pas une seule colonie de l'ancien système colonial qui ne soit devenue à son tour sujette d'une forme nouvelle, plus moderne et plus subtile, d'impérialisme néo-colonialiste.
En méditant les événements de Suez (1956) et d'Algérie, les "nationaux-révolutionnaires", comme ils s'appelaient eux-mêmes, finirent par formuler diverses considérations et analyses sur les conséquences de ces deux affaires tragiques, considérations et analyses qui les différenciaient toujours davantage des "droites classiques" de notre après-guerre, animées par un anti-communisme viscéral et par le slogan de la défense de l'Occident, blanc et chrétien, contre l'assaut conjugué du communisme soviétique et des mouvements de libération nationaux des peuples de couleur du tiers monde. En un certain sens, le choc culturel et politique de l'Algérie peut être comparée à ce que fut, pour la gauche, l'ensemble des événements d'Indochine, avant et après 1975.
La vieille vision de la politique internationale était parfaitement intégrée à la stratégie mondiale, économique et géopolitique de la thalassocratie américaine qui, avec la guerre froide, avait réussi à recycler les diverses droites européennes, les fascistes comme les post-fascistes (ou du moins prétendues telles), en fonction de son projet géostratégique de domination mondiale. Le tout pour en arriver aujourd'hui au "Nouvel Ordre Mondial", déjà partiellement avorté et qui semble être la caricature inversée et satanique de l'"Ordre Nouveau" eurocentré de mouture hitlérienne.
La Nouvelle Droite française, pour ne donner qu'un exemple, a commencé son cheminement au moment des événements d'Algérie pour entamer une longue marche de révision politique et idéologique, qui a abouti au voyage récent d'Alain de Benoist à Moscou, étape obligatoire pour tous les opposants révolutionnaires d'Europe au système mondialiste. La démarche a donc été faite par de Benoist, en dépit de ses rechutes et de ses reniements ultérieurs, appuyés par quelques-uns de ses plus minables affidés, lesquels n'ont évidemment pas encore compris pleinement la portée réelle de ces rencontres entre Européens de l'Ouest et Russes au niveau planétaire et préfèrent se perdre dans de stériles querelles de basse- cour, qui n'ont d'autres motivations que personnelles, relèvent de petites haines et de petits hargnes idiosyncratiques. Dans ce domaine comme tant d'autres, Thiriart avait déjà donné l'exemple, en opposant aux différences naturelles existant entre les hommes et les écoles de pensée l'intérêt suprême de la lutte contre l'impérialisme américain et le sionisme.
Pour revenir à l'Italie, nous devons nous rappeler la situation qui régnait en cette lointaine année 1965, quand a paru l'oeuvre de Thiriart: les forces national-révolutionnaires, encore intégrées au Mouvement Social Italien (MSI), étaient alors victimes d'un PROVINCIALISME vétéro-fasciste, provincialisme cyniquement utilisé par les hiérarques politiques du MSI, complètement asservis à la stratégie des Etats-Unis et de l'OTAN (une ligne politique qui sera par la suite suivie avec fidélité, même au cours de la brève parenthèse de la gestion "rautiste", soi-disant inspirée des thèses national-révolutionnaires de Pino Rauti, gestion qui a appuyé l'intervention des troupes italiennes en Irak, aux côtés de l'US Army).
Les chefs de cette droite collaborationniste utilisaient les groupes révolutionnaires de la base, composés essentiellement de très jeunes gens, pour créer des assises militantes destinées, en ultime instance, à ramasser les voix nécessaires à envoyer au parlement des députés "entristes", devant servir d'appui aux gouvernements réactionnaires de centre-droit. Et tout cela, bien sûr, non dans l'intérêt de l'Italie ou de l'Europe, mais seulement dans celui de la puissance occupante, les Etats-Unis. Et une fois de plus, nous avons affaire à un petit nationalisme centralisateur et chauvin, utilisé au profit d'intérêts étrangers et cosmopolites!
C'était aussi le temps où l'extrême-droite était encore capable de mobiliser sur les places d'Italie des milliers de jeunes qui réclamaient que Trente et Trieste soient et restent italiennes, ou pour commémorer chaque année les événements de Hongrie de 1956! Mai 68 était encore loin, semblait s'annoncer à des années-lumière de distance! La droite italienne, dans ses prospections, ne voyait pas que cette "révolution" s'annonçait. Dans un tel contexte humain et politique, vétéro-nationaliste, provincial et, en pratique, philo-américain (qui débouchera ensuite dans la farce pseudo-golpiste de 1970, qui aura pour conséquence, au cours de toute la décennie, les tristement célèbres "années de plomb", avec leur cortège de crimes d'Etat), l'oeuvre de Jean Thiriart fit pour un grand nombre de nationalistes l'effet d'une bombe; un choc électrique salutaire qui mit l'extrémisme nationaliste botté face à des problématiques qui, certes, n'étaient pas neuves, mais avaient été oubliées ou étaient tombées en désuétude. Aujourd'hui, nous ne pouvons donc pas ne pas tenir compte des effets politiques pratiques qui découlèrent de la pensée de Thiriart, même si ces effets, dans un premier temps, ont été fort modestes. Disons qu'à partir de la publication du livre de Thiriart, la thématique européenne est devenue petit à petit le patrimoine idéal de toute une sphère qui, dans les années suivantes, développera les thématiques anti-mondialistes actuelles.
Sans exagération, nous pouvons affirmer que c'est vers cette époque que se sont développés les thèmes de l'Europe-Nation, d'une lutte anti-impérialiste qui ne soit pas de "gauche", de l'alliance géostratégique avec les révolutionnaires du tiers monde. L'adoption de ce thème est d'autant plus étonnante et significative quand on sait que l'aventure de Jeune Europe a commencé par une lutte contre le FLN algérien. Thiriart avait, sur ce plan, changé complètement de camp, sans pour autant changer substantiellement de vision du monde, lui qui, quelques décennies auparavant, avait quitté les rangs de l'extrême-gauche belge pour adhérer à la collaboration avec le III° Reich germanique, sans pour autant perdre de vue le facteur URSS. Ces acrobaties politico-idéologiques lui ont valu les accusations d'"agent double", toujours aux ordres de Moscou!
En Italie, la section italienne de Jeune Europe (Giovane Europa) est rapidement mise sur pied. Malgré l'origine politique de la plupart des militants, Giovane Europa n'avait aucune filiation directe avec Giovane Italia, l'organisation étudiante du MSI (copiée à son tour de la Giovine Italia de Mazzini au 19° siècle); au contraire, Giovane Europa en était pratiquement l'antithèse, l'alternative contraire. Si bien qu'une fois l'expérience militante de "Giovane Europa" terminée, la plupart de ses militants se sont retrouvés dans le Movimento Politico Ordine Nuovo (MPON), opposé à la ligne politique prônant l'insertion parlementaire, comme le voulaient les partisans de Pino Rauti, retournés dans les rangs du MSI d'Almirante.
Si l'on tient compte du rôle UNIQUE qu'a joué la pensée de Julius Evola sur les plans culturel et idéologique en Italie, on ne doit pas oublier non plus que Jean Thiriart a impulsé, pour sa part, une tentative unique de rénovation des forces nationales dans ces années-là et dans les années qui allaient venir. Même un Giorgio Freda a reconnu lui-même ses dettes, sur le plan des idées, envers le penseur et le militant belge.
Autre aspect particulier et très important du livre Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, c'est d'avoir anticipé, de plusieurs décennies, une thématique fondamentale, revenue récemment dans le débat, notamment en Russie, grâce aux initiatives d'Alexandre Douguine et de la revue Dyenn, et en Italie, grâce aux revues ORION et AURORA: la GEOPOLITIQUE.
La première phrase du livre de Thiriart, dans la version italienne, est dédiée justement à cette science essentielle qui a pour objets les peuples et leurs gouvernements, science qui avait dû subir, dans notre après-guerre, un très long ostracisme, sous prétexte d'avoir été l'instrument de l'expansion nazie! Accusation pour le moins incongrue quand on sait qu'à Yalta les vainqueurs se sont partagés les dépouilles de l'Europe et du reste du monde sur base de considérations proprement géopolitiques et géostratégiques. Thiriart en était parfaitement conscient, en écrivant son premier chapitre, significativement intitulé "De Brest à Bucarest. Effaçons Yalta": "Dans le contexte de la géo-politique et d'une civilisation commune, ainsi qu'il sera démontré plus loin, l'Europe unitaire et communautaire s'étend de Brest à Bucarest". En écrivant cette phrase, Thiriart posait des limites géographiques et idéales à son Europe, mais bientôt, ils dépassera ces limites, pour arriver à une conception unitaire du grand espace géopolitique qu'est l'EURASIE.
Une fois de plus, Thiriart a démontré qu'il était un anticipateur lucide de thèmes politiques qui ne mûrissent que très lentement chez ses lecteurs, du moins certains d'entre eux...
Mais il n'y a pas que cela!
Conjointement au grand idéal de l'Europe-Nation et à la redécouverte de la géopolitique, le lecteur est obligé de jeter un regard neuf sur les grands espaces de la planète. Ce fut un autre mérite de Thiriart d'avoir dépasser le traumatisme européen de l'ère de la décolonisation et d'avoir recherché, pour le nationalisme européen, une alliance stratégique mondiale avec les gouvernements du tiers monde, non asservis aux impérialismes, en particulier dans la zone arabe et islamique, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il est vrai que ceux qui découvrent la géopolitique, ne peuvent plus faire autrement que de voir les événements du monde sous une lumière nouvelle, prospective.
Et c'est dans un tel contexte, par exemple, qu'il faut comprendre les nombreux voyages de Thiriart en Egypte, en Roumanie, etc., de même que ses rencontres avec Chou en Lai et Ceaucescu ou avec les leaders palestiniens. Partout où il était possible de le faire, Thiriart cherchait à tisser un réseau d'informations et d'alliances planétaires dans une perspective anti-impérialiste. Par ailleurs, notons tout de même que la révolution cubaine, avec son originalité, exerçait de son côté sa propre influence.
Avec son style synthétique, presque télégraphique, Thiriart lui-même avait tracé dans ses textes les lignes essentielles de la politique extérieure de la future Europe unie: "Les lignes directives de l'Europe unitaire: avec l'Afrique: symbiose avec l'Amérique latine: alliance avec le monde arabe: amitié avec les Etats-Unis: rapports basés sur l'égalité".
Mise à part l'utopie qu'était son espoir en des rapports égaux avec les Etats-Unis, on notera que sa vision géopolitique était parfaitement claire: il voulait de grands blocs continentaux et était très éloigné de toute vision étriquée d'une petite Europe "occidentale et atlantique" qui, comme celle d'aujourd'hui, n'est plus que l'appendice oriental de la thalassocratie yankee, ayant pour barycentre l'Océan Atlantique, réduit à la fonction de "lac intérieur" des Etats-Unis.
Bien sûr, aujourd'hui, après l'aventure politique de Thiriart, certaines de ces options géopolitiques, dans le milieu "national", pourraient sembler évidentes, voire banales, pour les uns, simplistes et intégrables pour d'autres. Mais mis à part le fait que tout cela n'est guère clair pour l'ensemble des "nationaux" (il suffit de penser à certaines résurgences racistes/biologistes et anti-islamiques d'un pseudo-néo-nazisme, utilisées et instrumentalisées par la propagande américaine et sioniste dans un but anti-européen), nous ne nous lasserons pas de répéter qu'il y a trente ans, cette option purement géopolitique de Thiriart, vierge de toutes connotations racistes, était très originale et courageuse, dans un monde bipolaire, opposant en apparence deux blocs idéologiques et militaires antagonistes, dans une perspective de conflictualité "horizontale" entre Est et Ouest et sous la menace de l'anéantissement nucléaire réciproque, surtout pour les "alliés" des deux puissances majeures en Europe.
Nous pouvons affirmer aujourd'hui que si bon nombre d'entre nous, en Italie, en sont arrivés progressivement à dépasser cette fausse vision dichotomique de la conflictualité planétaire, et cela bien avant l'effondrement de l'URSS et du bloc soviétique, c'est dû en bonne partie à la fascination qu'ont exercée les thèses que propageait Thiriart à l'époque, à ses intuitions géniales.
Effectivement, on peut parler de "génialité", en politique comme dans tous les autres domaines du savoir humain, quand on PRE-VOIT et que l'on EX-POSE (du latin exponere, poser en dehors, mettre en exergue ou en évidence) des faits ou des événements qui sont encore occultés, méconnus, peu clairs pour les autres et qui ne se dégagent de leur phase occulte que graduellement pour n'advenir au monde en pleine lumière que dans un futur plus ou moins lointain.
Sur ce chapitre, nous voulons simplement rappeler les assertions de Thiriart relatives à la dimension géopolitique du futur Etat européen, consignées dans le chapitre (10, 1) intitulé "Les dimensions de l'Etat européen. L'Europe de Brest à Vladivostock" (pp. 28 à 31 de l'éd. franç.): "L'Europe jouit d'une grande maturité historique, elle connaît désormais la vanité des croisades et des guerres de conquêtes vers l'Est. Après Charles XII, Bonaparte et Hitler, nous avons pu mesurer les risques de pareilles entreprises et leur prix. Si l'URSS veut conserver la Sibérie, elle doit faire la paix avec l'Europe ‹ avec l'Europe de Brest à Bucarest, je le répète. L'URSS n'a pas et aura de moins en moins la force de conserver à la fois Varsovie et Budapest d'une part, Tchita et Khabarovsk d'autre part. Elle devra choisir ou risquer de tout perdre" (les caractères italiques sont dans le texte).
Plus loin: "Notre politique diffère de celle du général De Gaulle parce qu'il a commis ou commet trois erreurs: - faire passer la frontière de l'Europe à Marseille et non à Alger; - faire passer la frontière du bloc URSS/Europe sur l'Oural et non en Sibérie; - enfin, vouloir traiter avec Moscou avant la libération de Bucarest" (p. 31).
A la lecture de ces deux brefs extraits, on ne peut plus dire que Jean Thiriart manquait de perspicacité et de prévoyance! Or ces phrases ont été écrites, répétons-le, à une époque où les militants sincèrement européistes, même les plus audacieux, parvenaient tout juste à concevoir une unité européenne de Brest à Bucarest, c'est-à-dire une Europe limitée à la plate- forme péninsulaire occidentale de l'Eurasie; pour Thiriart, elle ne représentait déjà plus qu'une étape, un tremplin de lancement, pour un projet plus vaste, celui de l'unité impériale continentale. Qu'on ne nous parle plus, dès lors, des droites nationalistes, y compris celles d'aujourd'hui, qui ne font que répéter à l'infini leur provincialisme, sous l'oeil bienveillant de leur patron américain.
Il y a trente ans déjà, Thiriart allait plus loin: il dénonçait toute l'absurdité géopolitique du projet gaulliste (De Gaulle étant un autre responsable direct de la défaite de l'Europe, au nom du chauvinisme vétéro-nationaliste de l'Hexagone) d'une Europe s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, faisant sienne, du même coup, cette vision continentale absurde, propre aux petits professeurs de géographie, qui trace sur le papier des cartes une frontière imaginaire à hauteur des Monts Ourals, qui n'ont jamais arrêté personne, ni les Huns ni les Mongols ni les Russes.
L'Europe se défend sur les fleuves Amour et Oussouri; l'Eurasie, c'est-à-dire l'Europe plus la Russie, a un destin clairement dessiné par l'histoire et la géopolitique en Orient, en Sibérie, dans le Far East de la culture européenne, et ce destin l'oppose au West de la civilisation américaine du Bible and Business. Quant à l'histoire des rencontres et des confrontations entre les peuples, ce n'est rien d'autre que de la GEOPOLITIQUE EN ACTE, tout comme la géopolitique n'est rien d'autre que le destin historique des peuples, des nations, des ethnies et des empires, voire des religions, en PUISSANCE. En passant, nous devons ajouter que la conception de Jean Thiriart, pour autant qu'elle ait été encore liée aux modèles "nationalistes" influencés par la France révolutionnaire, était finalement plus "impériale" qu'impérialiste. Il a toujours refusé, jusqu'à la fin, l'hégémonie définitive d'un peuple sur tous les autres.
L'Eurasie de demain ne sera pas plus russe qu'elle ne sera mongole, turque, française ou germanique: car quand tous ces peuples ont voulu exercer seuls leur hégémonie, ils ont échoué. Echecs qui devraient nous avoir servi d'enseignement.
Qui pouvait, il y a trente ans, prévoir avec autant de précision la faiblesse intrinsèque de ce colosse militaro-industriel qu'était l'URSS, qui semblait à l'époque lancée à la conquête de toujours plus de nouveaux espaces, sur tous les continents, en âpre compétition avec les Etats-Unis qu'elle allait bientôt dépasser ?
Avec le temps, finalement, tout cela s'est révélé un gigantesque bluff, un mirage historique probablement fabriqué de toutes pièces par les forces mondialistes de l'Occident pour maintenir les peuples dans la servitude, avec, à la clef, un chantage constant à la terreur. Tout cela pour manipuler les peuples et les nations de la Terre au bénéfice de l'intérêt stratégique suprême, unique, posé comme seul "vrai": celui de la superpuissance planétaire que sont les Etats-Unis, base territoriale armée du projet mondialiste. En fin de compte, pour parler le langage de la géopolitique, c'est la "politique de l'anaconda" qui a prévalu, comme la définissait hier, avec les mêmes mots, le géopoliticien allemand Haushofer, et la définissent aujourd'hui les géopoliticiens russes, à la tête desquels officie le Colonel Morozov; les Américains et les mondialistes cherchent toujours à éloigner le pivot territorial de l'Eurasie de ses débouchés potentiels sur les mers chaudes, avant de grignoter petit à petit le territoire de la "tellurocratie" soviétique. Le point de départ de cette stratégie de grignotement: l'Afghanistan.
Jean Thiriart avait déjà mis en lumière, dans son livre de 1965, les raisons brutes et crues qui animaient la politique internationale. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, que l'un de ses modèles était Machiavel, auteur du Prince.
Certes, nous diront les pessimistes, si le Thiriart analyste de la politique a su anticiper et prévoir, le Thiriart militant, organisateur et chef politique du premier modèle d'organisation transnationale européiste, a failli. Soit parce que la situation internationale d'alors n'était pas encore suffisamment mûre (ou pourrie), comme nous le constatons aujourd'hui, soit parce qu'il n'y a pas eu de "sanctuaire" de départ, comme Thiriart l'avait jugé indispensable. En effet, il a manqué à Jeune Europe un territoire libre, un Etat complètement étranger aux conditionnements imposés par les superpuissances, qui aurait pu servir de base, de refuge, de source d'approvisionnement pour les militants européens du futur. Un peu comme le fut le Piémont pour l'Italie.
Toutes les rencontres de Thiriart au niveau international visaient cet objectif. Toutes ont échoué. Réaliste, Thiriart a renoncé à l'engagement politique, au lieu de reprendre son discours et d'attendre que l'occasion se représente, et même une meilleure occasion, celle d'avoir un grand pays auquel il aurait pu proposer sa stratégie: la Russie. Le destin de ce citoyen belge de naissance mais Européen de vocation a été étrange: il a toujours été "hors du temps", surpris par les événements. Il les a toujours prévus mais a toujours été dépassé par eux.
Sa conception de la géopolitique eurasienne, sa vision qui désigne GLOBALEMENT les Etats-Unis comme l'ennemi OBJECTIF absolu, pourraient être perçues comme les indices d'un "visionarisme" illuminé, freiné seulement par un esprit rationnel cartésien, et rationalisé en ultime instance.
Son matérialisme historique et biologique, son nationalisme européen centralisateur et totalisant, sa fermeture à l'endroit de thématiques écologiques et animalistes, ses positions personnelles face aux spécificités ethno-culturelles, son hostilité de principe à tout pathos religieux, son ignorance de toute dimension métapolitique, son admiration pour le jacobinisme de la Révolution française, pierre d'achoppement pour bon nombre d'anti-mondialistes francophones: tout cela constituait des limites à sa pensée et des résidus de conceptions vétéro-matérialistes, progressistes et darwiniennes, de plus en plus éloignées des choix culturels, religieux et politiques contemporains, chez les hommes et les peuples engagés, dans toute l'Eurasie et dans le monde entier, dans la lutte contre le mondialisme. Les idées "rationalistes", que Thiriart faisait siennes, au contraire, ont été l'humus culturel et politique sur lequel le mondialisme a germé au cours des siècles passés. Ces aspects de la pensée de Thiriart ont révélé leurs limites, pendant les derniers mois de son existence, notamment lors des colloques et conversations de Moscou en août 1992. Son développement intellectuel semblait s'être définitivement arrêté à l'époque de l'historicisme linéaire et progressiste, avec sa mythologie d'un "avenir radieux pour l'humanité".
Une telle vision rationaliste ne lui permettait pas de comprendre des phénomènes aussi importants que le réveil islamique ou le nouveau "mysticisme" eurasiste russe, ainsi que leur projections politiques d'une teneur hautement révolutionnaire et anti-mondialiste. Et ne parlons même pas de l'impact des visions traditionalistes d'un Evola ou d'un Guénon. Thiriart véhiculait donc cet handicap "culturel", ce qui ne nous a pas empêché de nous retrouver à Moscou en août 1992, où nous avons cueilli au vol ses innombrables intuitions politiques.
Quelques-unes de ces intuitions ont fait qu'il s'est retrouvé aux côtés de jeunes militants européens pour aller rencontrer les protagonistes de l'avant-garde "eurasiste" du Front du Salut National russe, rassemblés autour de la revue Dyenn et du mouvement du même nom. Nous avons découvert, ainsi, dans la capitale de l'ex-empire soviétique qu'il avait été parfaitement reconnu comme un penseur d'avant-garde par les Russes. Les enseignements géopolitiques de Thiriart ont germé en Russie, c'est indubitable, alors qu'en Occident ils ont toujours été méconnus voire méprisés. Thiriart a eu un impact lointain, dans les immensités glacées de la Russie-Sibérie, dans le coeur du Vieux Monde, près du pivot central de la tellurocratie eurasiatique.
Est-ce une ironie de l'histoire des doctrines politiques, qui surgit au moment de leur actualisation pratique ou est-ce la ennième confirmation de cet adage antique, "nul n'est prophète en son pays"? Le long "exil intérieur" de Thiriart semblait donc terminé, il s'était retiré de la politique active pour toujours et avait surmonté ce retrait qui, au départ, avait été une grosse déception. Il nous inondait de documents écrits, de comptes rendus d'interventions orales. Le flot ne semblait jamais devoir s'arrêter! Comme s'il cherchait à rattraper le temps qu'il avait perdu dans un silence dédaigneux.
Mu par un enthousiasme juvénile, parfois excessif et agaçant, Thiriart se remettait à donner des leçons d'histoire et de géopolitique, de sciences exactes et de politologie, de droit et toutes autres disciplines imaginables, aux généraux et aux journalistes, aux parlementaires et aux écrivains, aux politiciens de l'ex-URSS et aux militants islamiques de la CEI, et aussi, bien sûr, à nous, les Italiens présents qui avions, en même temps que lui, connu des changements d'opinion, en apparence inattendus. Et tout cela s'est passé dans la Russie d'aujourd'hui, où tout est désormais possible et rien n'est certain (et qui pourra être, qui sait, la Russie d'hier, quand cet article paraîtra); nous avons en effet affaire à une Russie suspendue entre un passé glorieux et un futur ténébreux, mais grosse de potentialités inimaginables. C'est là-bas que Jean Thiriart a retrouvé une nouvelle jeunesse.
Dans une ville de Moscou qui survit au jour le jour entre l'apathie et la fébrilité, semblant attendre "quelque chose" dont on ne connaît encore ni le nom ni le visage; une ville où tout se passe, où tout peut se passer comme dans une dimension spéciale, entre ciel et terre. De la terre russe tout et le contraire de tout peut jaillir: le salut et l'extrême perdition, la renaissance ou la fin, une nouvelle puissance ou la désintégration totale d'un peuple qui fut impérial et est devenue, aujourd'hui, une plèbe misérable. Enfin, c'est là, et là seulement, que se joue le destin de tous les peuples européens et, en définitive, de la planète Terre. L'alternative est bien claire: ou nous aurons un nouvel empire eurasiatique qui nous guidera dans la lutte de libération de TOUS les peuples du globe ou nous assisterons au triomphe du mondialisme et de l'hégémonisme américain pour tout le prochain millénaire. C'est là-bas que l'écrivain et homme politique Jean Thiriart avait retrouvé l'ESPOIR de pouvoir mettre en pratique ses intuitions du passé, cette fois à une échelle bien plus vaste.
Dans cette terre de Russie, d'où peut surgir le messie armé des peuples d'Eurasie, nouvel avatar d'un cycle de civilisation ou Antéchrist des prophéties johanniques, nous aurons un espace pour toutes les alchimies et les expériences politiques, inconcevables si on les regarde avec des yeux d'Occidental. La Russie actuelle est un immense laboratoire, une terre politiquement vierge que l'on pourra féconder de greffons venus de loin, une terre vierge où la LIBERTE et la PUISSANCE vont se chercher pour s'accoupler et tenter de nouvelles synthèses: "Le chemin de la liberté passe par celui de la puissance", soulignait Thiriart dans son livre fondamental, "Il ne faudrait donc pas l'oublier, ou il faudrait l'apprendre à ceux qui l'ignorent. La liberté des faibles est un mythe vertuiste, une ingénuité à utilisation démagogique ou électorale. Les faibles n'ont jamais été libres et ne le seront jamais. Seule existe la liberté des forts. Celui qui veut être libre, doit se vouloir puissant. Celui qui veut être libre doit être capable d'arrêter d'autres libertés, car la liberté est envahissante et a tendance à empiéter sur celle des voisins faibles". Ou encore: "Il est criminel du point de vue de l'éducation politique de tolérer que les masses puissent être intoxiquées par des mensonges affaiblissants comme ceux qui consistent à "déclarer la paix" à ses voisins en s'imaginant ainsi pouvoir conserver sa liberté. Chacune de nos libertés a été acquise à la suite de combats répétés et sanglants et chacune d'entre elles ne sera maintenue que si nous pouvons faire étalage d'une force susceptible de décourager ceux qui voudraient nous en priver. Plus que d'autres, nous aimons certaines libertés et rejetons de nombreuses contraintes. Mais nous savons combien sont perpétuellement menacées ces libertés. Que ce soit en tant qu'individu, que ce soit en tant que nation, nous connaissons la source de la liberté et c'est la puissance. Si nous voulons conserver la première, nous devons cultiver la seconde. Elles sont inséparables" (p. 301-302).
Voilà une page qui, à elle seule, pourrait assurer à son auteur un poste dans une faculté d'histoire des sciences politiques. Quand tout semblait à nouveau possible et quand le jeu des grandes stratégies politiques revenait à l'avant-plan, sur un échiquier grand comme le monde, quand Thiriart venait à peine d'entrevoir la possibilité de donner vie à sa grande idée d'Unité, voilà qu'a surgi le dernier coup du destin: la mort.
En dépit de son inéluctabilité, elle est un événement qui nous surprend toujours, qui nous laisse avec un sentiment de regret et d'incomplétude. Dans le cas de Thiriart, le fait de la mort fait vagabonder l'esprit et nous imaginons tout ce que cet homme d'élite aurait encore pu nous apporter dans nos combats, tout ce qu'il aurait encore pu apprendre à ceux qui partagent notre cause, ne fût-ce que dans de simples échanges d'opinions, ne fût-ce qu'en formulant des propositions en matières culturelle et politique.
Enfin, il nous appartient de souligner la complétude de l'oeuvre de Thiriart. Plus que tout autre, il avait complètement systématisé sa pensée politique, tout en restant toujours pleinement cohérent avec ses propres prémisses et en demeurant fidèle au style qu'il avait donné à sa vie.
Lui, moins que tout autre, on ne pourra pas lui faire dire post mortem autre chose qu'il n'ait réellement dite, ni adapter ses textes et ses thèses aux exigences politiques du moment. Il reste le fait, indubitable, que sans Jean Thiriart, nous n'aurions pas été ce que nous sommes devenus. En effet, nous sommes tous ses héritiers sur le plan des idées, que nous l'ayions connu personnellement ou que nous ne l'ayions connu qu'au travers de ses écrits. Nous avons tous été, à un moment ou à un autre de notre vie politique ou de notre quête idéologique, les débiteurs de ses analyses et de ses intuitions fulgurantes. Aujourd'hui, nous nous sentons tous un peu orphelins.
En cet instant, nous voulons nous rappeler d'un écrivain politique, d'un homme qui était tout simplement passionné, impétueux, d'une vitalité débordante, le visage toujours illuminé d'un sourire jeune et l'âme agitée par une passion dévorante, la même que celle qui brûle en nous, sans vaciller, sans la moindre incertitude ou le moindre fléchissement.
Le cas Jean Thiriart? C'est l'incarnation vivante, vitale, d'un homme d'élite qui porte son regard vers le lointain, qui voit de haut, au-delà des contingences du présent, où les masses restent prisonnières. J'ai voulu tracer le portrait d'un PROPHETE MILITANT.Carlo Terracciano http://www.voxnr.com
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Le 26 mai 2013, et après ?
Une question d'importance que nous devrions tous nous poser sans tarder... Nos amis du Centre Lesdiguières la poseront le lundi 10 juin 2013, à Grenoble. Une table- ronde prospective à laquelle participeront les représentants des AFC de Grenoble, du Printemps français, de « la manif pour tous-38 », sous l'aiguillon de Michel Michel, sociologue, et de Maître Pierre Tranchat (SIEL)...
Vous êtes tous invités !
Portemont
Le Centre Lesdiguières vous invite à une table-ronde sur La manifestation du 26 mai, et après ...?
La loi sur le mariage des homosexuels a suscité l'opposition d'un vaste mouvement social. Trois gigantesques manifestations ont marqué le paysage médiatique : "les plus grandes manifestations en France depuis les 40 dernières années". Alors même que la loi Taubira a été votée et promulguée, l'agitation ne fait que s'accentuer : à chacune de leur sortie les ministres se voient confrontés à un vigoureux "comité d'accueil", les structures de contestations se multiplient inventant de nouvelles formes d'action et les partis semblent mal à l'aise devant cette vague du pays réel que personne n'avait prévue.
La soirée sera consacrée à l'interprétation de cette effervescence, à en faire le bilan provisoire et à dégager les perspectives de ce mouvement social qui semble devoir durer. Participeront à cette table-ronde prospective : Claire HUBER présidente des AFC de Grenoble, Vincent DE SCHUYTENEER représentant du "Printemps Français", Michel MICHEL sociologue, Dominique PALIARD coordinateur de "la manif pour tous 38"et Maître Pierre TRANCHAT (SIEL).
Lundi 10 juin 2013 à 20 h.
Salle 1er étage - 10 place Lavalette, 38000 Grenoble
(Tram arrêt : «Notre-Dame »).Exceptionnellement, la Table-ronde ne sera pas suivie par un buffet. Participation aux frais.
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Il y a 2500 ans, les Gaulois fabriquaient déjà leur propre vin
Des chercheurs américains ont mis en évidence sur le site antique de Lattara, dans l’Hérault, les vestiges du plus ancien pressoir à vin connu en France, qui date d’environ 425 avant JC.
Cultivée depuis 9.000 ans au Proche-Orient, la vigne a donné naissance à une culture millénaire qui s’est répandue dans tout le bassin méditerranéen : celle du vin. Propagée par les marins phéniciens dès 800 avant JC, elle était partagée par les habitants de l’Étrurie (centre de l’Italie) dès 600 avant JC, comme l’attestent des épaves de navires remplis d’amphores. Toutefois, une partie de l’histoire restait floue. [...]
« Maintenant, nous savons que les anciens Étrusques ont converti les Gaulois à la culture méditerranéenne du vin par l’importation de vin dans le sud de la France. Ceci a engendré une demande qui ne pouvait être satisfaite que par la création d’une industrie locale », poursuit le chercheur [Patrick McGovern]. [...]
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Hommen : "ce n'est qu'un début"
Fabien (pseudonyme) est responsable national et porte-parole des Hommen. Il revient sur l'opération menée dimanche sur le court Philippe Chatrier de Roland-Garros :
"La lutte contre la loi Taubira n'est pas un combat politique, mais un combat de société. Nous savions que nous allions être critiqués. Mais sur Facebook et sur Twitter, nous constatons une explosion des messages de soutien. Notre objectif est de libérer la parole du peuple. Le gouvernement n'a pas écouté les immenses mobilisations du printemps. Il s'en frotte les mains. C'est pourquoi nous avons choisi de faire connaître cette situation dramatique dans le monde entier. D'où notre choix d'intervenir à Roland-Garros.
De ce point de vue-là, quels résultats avez-vous obtenus ?
Nous avons pu les constater dès hier soir en faisant le tour de la presse internationale sur le web. Disons que nous n'avons pas pu trouver de journaux qui n'en parlaient pas. Nous sommes présents partout : au Brésil, au Mexique, aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique, en Russie... Et dans des titres importants comme le New York Times par exemple.
Vous portez un masque blanc, vous vous exprimez sous pseudonyme... Pourquoi ?
Derrière le masque blanc que nous portons, nous considérons qu'on retrouve tous les Français qui s'opposent au mariage gay. Ce n'est pas un slogan, mais une réalité. Quand nous montons des actions, nous ne nous connaissons pas forcément. Ce sont souvent des nouveaux-venus qui se mobilisent pour une ou plusieurs opérations, et parfois nous ne les reverrons pas.
Êtes-vous néanmoins rattaché à l'un des mouvements officiels d'opposition au mariage gay ?
Nous ne sommes rattachés ni au Printemps Français, ni à la Manif pour Tous, ni au Camping pour tous, ni à aucun autre de ces différents mouvements. Nous sommes libres et autonomes, mais nous avons bien évidemment des relations avec eux. [...]
Quelle seront vos prochaines opérations ? On va vous voir à chaque étape du Tour de France maintenant ?
Je vous laisse la surprise. Ce qui est certain, c'est que ce n'est qu'un début. François Hollande veut nous interdire d'employer le terme de "résistance". Mais c'est un acquis. La résistance est en marche et elle se structure. Jamais on ne lâchera pour défendre le mariage et le droit des enfants, jusqu'à ce que la loi Taubira ne soit plus qu'un mauvais souvenir.
Cette loi avait été annoncée par François Hollande. Elle a été votée par le Parlement et promulguée. N'y a t-il pas un moment où il faut accepter le jeu démocratique ?
Il serait bon en effet que le gouvernement accepte enfin le jeu démocratique, quand une majorité de Français s'oppose à une loi. La démocratie, cela signifie que le pouvoir appartient au peuple. Quand le peuple n'a plus le pouvoir, on glisse vers le totalitarisme. Tout le monde sait que François Hollande n'a pas été élu sur cette proposition, mais sur le chômage et l'économie. C'est sur ces thèmes que les Français l'attendent. Pas sur le mariage gay."
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Les jeunes refusent de jouer le rôle de cadavres dans la civière d’une civilisation moribonde
L'abbé Guillaume de Menthière, curé de St Jean-Baptiste de la Salle (Paris 15e) écrit dans son éditorial paroissial du 9 juin :
"Je rencontre des jeunes, ces temps-ci, qui n’ont plus confiance en rien : les médias les trompent, les policiers les arrêtent, l’école les endoctrine, les politiques les trahissent, les économistes les égarent, le clergé les abandonne, le chômage les attend, leurs familles se déchirent, le pays entier est plongé dans une décadence de Bas-Empire…. Et, curieusement, c’est alors que tous ces appuis s’effondrent que ces jeunes, loin d’être amers ou désabusés, se lèvent comme happés par le vent extraordinaire de la liberté. Débarrassés des étais dérisoires de la société ils ne sont plus soutenus par un monde en état de décomposition avancé mais « surtenus », si j’ose dire, par Dieu même. Ils se refusent à jouer le rôle de dociles cadavres dans la civière d’une civilisation moribonde. Ils ne sont mus par aucun parti, aucune idéologie, aucun intérêt catégoriel. Simplement, ils répondent à l’appel du Seigneur : « jeune homme, je te l’ordonne, lève toi » !"
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Mark Twain ou l’Amérique qui bouge
L'esprit aventureux et l'humour peuvent très bien aller de paire. C'est ce que démontrent de façon irréfutable la vie et les œuvres de Samuel Langhorn Clemens, beaucoup plus connu sous le nom de Mark Twain.
À lui seul, d'ailleurs, le pseudonyme choisi par le grand humoriste américain fournit un reflet de son existence pour le moins agitée. Il vient, en effet, des quatre années que le père de " Tom Sawyer " passa comme pilote sur le Mississippi : " Mark twain ! ", était tout simplement le cri des veilleurs sur les «riverboats». annonçant deux fathoms (quatre mètres) de fond à la sonde.
Né en 1835 dans une petite ville du Missouri, Samuel Clemens était le fils d'un athée légèrement fou et d'une mystique impénitente. De plus, sa venue au monde avait coïncidé avec l'apparition de la comète de Halley. Il vécut avec l'idée que cette comète réapparaîtrait pour sa mort et, chose curieuse, il ne se trompa pas.
Un parfait garnement
Elevé sur les bords du Mississippi, dans l'univers qu'il sut si bien évoquer, des années plus tard, dans « Tom Sawyer » comme dans « Hukleberry Finn », le futur Mark Twain semble avoir grandi comme un parfait garnement, enclin aux pires méfaits et aux plus grandes audaces. Au point que, chaque fois qu'on lui rapportait son fils, fraîchement repêché dans le fleuve, sa mère proclamait :
- Je n'étais pas inquiète; les gens qui sont destinés à être pendus ne se noient jamais ...
À douze ans, en 1847, ayant perdu son père, il quitta l'école pour devenir apprenti typographe dans l'imprimerie et le petit journal que possédait son frère. Et, assez rapidement, il commença à écrire ses premiers articles, que la postérité n'a pas retenus.
À dix-huit ans, il quitta la petite ville d'Hannibal, cadre de ses premiers exploits, pour voyager dans tout le Sud des États-Unis, en louant ici et là ses services de typographe. Puis, en 1857, il prit le chemin de la Nouvelle-Orléans avec une grande idée en tête : s'embarquer pour l'Amérique du Sud et remonter jusqu'aux sources de l'Amazone. Mais il s'arrêta très vite en chemin et devint pilote sur le Mississippi.
La route de l'Ouest
Ce fut la Guerre de Sécession qui vint, en 1861, interrompre sa carrière fluviale. Sudiste fidèle, encore qu'anti-esclavagiste, Samuel Clemens devint, pour un court moment, sous-lieutenant dans un bataillon de volontaires confédérés, mais ne vit l'ennemi nordiste qu'une seule fois, d'une berge à l'autre d'une petite rivière.
En 1862, il prit la route de l'Ouest, encore sauvage, pour aller rejoindre son frère, nommé secrétaire du territoire de Carson City. Il tenta de se faire chercheur d'or, afin d'atteindre très vite la richesse, mais dut rapidement déchanter.
Il gagna donc San Francisco, où il devint journaliste et acquit très vite la réputation d'un humoriste impénitent. Encouragé par le romancier Bret Harte, il commença à écrire pour lui-même, et, en 1865, parut sa première nouvelle : « La célèbre grenouille sauteuse du comté de Calaveras ».
Dès ce moment, le succès était en route. Il se rendit aux îles Hawaii et entama ensuite, tout en continuant à écrire, une brillante carrière de conférencier.
Il fit une assez longue tournée en Europe, dans le bassin méditerranéen et jusqu'en Terre Sainte, dont il tira toute une série d'articles, publiés en série d'articles, publiés en volume en 1869 sous le titre " Innocents abroad ". Ayant épousé, en 1870 une jeune dame de la Nouvelle-Angleterre., l'homme du Missouri se fixa dans le Connecticut, « pour être enfin respectable », comme il le disait lui-même.
Mais, à ce qu'il semble, il ne tarda pas à étouffer un peu dans son nouveau milieu trop guindé. C'est alors qu'avec un léger esprit de provocation, il écrivit " Roughing it " (" À la dure "), où il contait avec une verve galopante ses aventures dans l'Ouest:
« S'il ne vous est jamais arrivé de faire un feu de camp le soir avec les flèches prélevées dans les cadavres des divers membres de votre famille, vous ne savez pas ce que c'est que la vie. »
Affaires malheureuses
« Tom Sawyer » devait naître en 1876, « Le Prince et le pauvre » en 1882 et « Huckleberry Finn » - que certains considèrent comme son chef-d'œuvre en 1884. Entre deux romans. il continue à écrire des contes et des nouvelles, ainsi que des récits de voyage. En 1889, c'est « Un Yankee à la cour du roi Arthur », livre satirique de haute volée.
Mais, malheureusement pour lui, il tente aussi de faire des affaires - ne serait-ce, peut-être, que pour s'affirmer dans la société mercantile de Nouvelle-Angleterre. Il s'y monte aussi peu heureux que dans sa recherche d'or dans le Nevada, quelque trente ans plus tôt.
En 1893, malgré le succès qu'il continue à remporter auprès du grand public, il se retrouve pratiquement ruiné, criblé de dettes et accablé de toutes parts par les soucis, qu'ils soient financiers ou familiaux : deux de ses filles meurent et sa femme tombe gravement malade.
Extérieurement, il s'efforce de faire bonne figure et de jouer les éternels humoristes, notamment dans les tournées de conférences qu'il effectue dans le monde entier. Cependant, qu'il le veuille ou non, un aspect longtemps enfoui de son caractère est remonté à la surface, fait de mélancolie, de pessimisme foncier et même de misanthropie. Il connaît aussi hérédité maternelle ? - des crises d'angoisse religieuse où il se prend à considérer ses malheurs comme la punition et l'expiation de ses péchés.
Ses livres, de « Souvenirs persormels de Jeanne d'Arc » au dernier, « Le Mystérieux étranger », reflètent de plus en pius cet état d'esprit.
En avril 1910, la comète de Halley réapparaît et Mark Twain disparaît, suivant de six ans sa femme dans la tombe. La légende veut que, sentant le trépas venir, il ait fait ouvrir tous les rideaux pour contempler le ciel de la nuit.
Mais, comme les vieux soldats de la célèbre ballade, les grands humoristes ne meurent jamais. Tom Sawyer et son complice Huck Finn sont restés là pour enchanter des générations d'enfants épris d'aventure et les faire rêver des petites îles herbeuses du Mississippi, où l'on joue si facilement à cache-cache avec le monde gris des adultes. De courtes nouvelles comme « Les Jumeaux », « Le grand convoi de bœufs » ou « Comment je devins directeur d'un journal d'agriculture » la plus merveilleuse leçon de journalisme que connaisse l'auteur de ces lignes - continuent à faire rire aux larmes toute personne ayant la chance de les lire.
Et puis, humoriste éternel mais journaliste à l'œil aigu, Mark Twain demeure aussi le témoin privilégié d'une Amérique en mouvement, d'une Amérique qui bougeait vite et violemment.
Jean Bourdier National Hebdo janvier 1988 -
Fabrice Luchini se lâche sur Hollande et le socialisme