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économie et finance - Page 516

  • Auto entreprise : enfonçons le clou

    Un excellent correspondant rebondit à propos du régime des auto-entrepreneurs dont le 4 août était le septième anniversaire. Et il s'interroge ou plutôt, il nous incite à juste titre à réfléchir plus avant.

    Je reprends donc les points principaux de son intervention :

    1° "4 milliards de cotisations pour 12 milliards de chiffre d'affaires, cela me paraît à première vue énorme."

    C'est en effet énorme, et cela constitue le point central, celui dont on ne parle jamais et nous allons y revenir. Le montant des cotisations versées est utilisé comme argument par les défenseurs de ce régime, – pour souligner le civisme des assujettis : ils payent des cotisations donc ils sont utiles à la société, etc. - alors que son énormité me semble plaider contre le système en général.

    2° "Bien sûr, il faut se féliciter de l'existence de ce régime, mais de là à dire que les auto entrepreneurs ont créé autant d'entreprises... "

    On doit en effet se demander ce qu'est une "entreprise".

    Je me souviens, à cet égard, d'une conférence de Pascal Salin qui soulignait que les firmes n'existent pas vraiment : la seule chose qui existe ce sont les réseaux de contrats. L'entreprise ne peut pas être limitée aux concepts de l'Insee, aux immatriculations, etc. Ou alors effectivement, il s'est créé en 2014 plus de 500 000 "entreprises" en France, contre … 350 000 en Grande Bretagne. Cherchez l'erreur.

    3° "Un auto-entrepreneur, c'est avant tout quelqu'un que personne ne veut salarier et que la loi incite à se bricoler un statut misérable d'indépendant."

    On pourrait poser le problème en termes moins méprisants et dire qu'il s'agit, dans ce cas, – car il existe d'autres cas d'auto entrepreneurs –, d'un chômeur qui a décidé de se prendre en main sans compter sur le monopole étatique.

    4° "Sans compter le nombre très important de prétendus auto entrepreneurs qui ont un chiffre d'affaires ridiculement bas, suffisant peut-être pour payer les cigarettes mais certainement pas pour vivre."

    Au prix des cigarettes c'est déjà quelque chose de pouvoir les acheter.

    5° "Par ailleurs, le problème de ce genre de mesure est toujours le même : il crée effectivement une distorsion de concurrence avec les gens qui ne bénéficient pas du régime dérogatoire."

    Là est en effet le problème : il peut se résoudre autrement en alignant les autres sur ce régime, incitant à l’activité.

    6° "De telles mesures ne sont donc cohérentes que si elles servent, une fois leur efficacité démontrée, à généraliser le libéralisme dont elles s'inspirent. "

    Nous sommes parfaitement d'accord. On ne doit pas se contenter "d'espaces" (restreints) de libertés. On doit militer pour la liberté.

    7° "Or, ni les gouvernements successifs ni la plupart des Français n'ont le réflexe élémentaire de se dire : puisque le régime de l'auto-entrepreneur marche si bien, alors ce sont les cotisations sociales et les impôts de toutes les entreprises qu'il faut massivement réduire."

    Tel est exactement le point de vue que nous défendons (CDCA, Claude Reichman, et quelques rares militants de la Liberté que je salue ici) depuis plus de 25 ans.

    De même, poursuit mon correspondant, puisque la forte baisse des cotisations sociales sur les bas salaires induit les entreprises à embaucher à bas salaire, alors c'est bien la preuve qu'il faut tailler les cotisations sociales sur l'ensemble des salaires. Hélas, personne ne fait cette déduction élémentaire ; tout le monde se repose sur ses lauriers en pensant que le boulot a été fait. Du coup, les effets pervers sont inévitables. Pareil avec les taxis : on autorise Uber, ça explose, les taxis se plaignent, on en reste là. Évidemment, les taxis ont de bonnes raisons de se plaindre. Concernant les taxis, d'ailleurs, j'aimerais bien que l'on m'explique ce qui est à l'origine de l'existence des VTC. Quelqu'un a-t-il exploité les failles de la législation, ou bien ce qui était interdit auparavant est devenu autorisé ? Aucun média ne s'est cru obligé d'expliquer cela.

    Ce qui a suscité les VTC s'appelle la libre entreprise, et leur succès résulte de la concurrence. Les medias de l'Hexagone, en général sont du côté des monopoles.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/2015/08/pour-lanniversaire-de-lauto-entreprise.html

  • Pour l'anniversaire de l'auto-entreprise


    Quand on évoque le modèle social français on ne doit jamais perdre de vue que sa première conséquence peut être observée à Londres. Vivent désormais dans la capitale britannique plus de 300 000 de nos concitoyens. L'orgueilleuse citadelle de l'impérialisme financier est devenue la 6e ville "française", en fonction du nombre de ses habitants venus de notre pays. S'y côtoient toutes les couches sociales, cadres supérieurs, salariés à venus à la recherche d'emplois qu'ils y ont effectivement trouvés, mais aussi, point très importants, créateurs d'entreprises.

    Grâce au modèle social français, l'Histoire des îles britanniques a connu le plus grand arrivage en provenance qu'elles avaient connu depuis Guillaume le Conquérant. Même les horreurs de la révolution jacobine n'avaient entraîné le départ que de 140 000 de nos compatriotes. Ne poussons pas la cruauté jusqu'à comparer le chiffre des patriotes qui se rendirent à Londres pour combattre aux côtés du général De Gaulle.

    Depuis 20 ans que ce mouvement s'est développé, une seule mesure légale efficace a été prise pour sauvegarder le développement en France de l'initiative privée, et par conséquent du maintien dans notre pays des gens désireux d'entreprendre : on la doit à Hervé Novelli inventeur du régime des auto entrepreneurs. Ce concept fait partie de la loi, beaucoup plus vaste, et pas toujours heureuse, dite LME, de "modernisation de l'économie", promulguée il y a exactement 7 ans, le 4 août 2008. Le nouveau système est entré en vigueur le 1er janvier 2009.

    On se tromperait en assimilant l'approbation que mérite le travail de ce ministre, appuyé par le vote des députés en 2008, à une quelconque nostalgie "sarkozyste" : le 13 mars 2015, vendredi 13 noteront les superstitieux, l'ancien président était invité surFrance Info. En cette occasion, il a cru bon de parler de la nécessité de revoir le statut d'auto-entrepreneur, : "C'est un caillou dans ma chaussure, a-t-il osé proclamer. (...) On a un problème de concurrence déloyale entre l'auto-entrepreneur qui n'a pas d'obligation et l'artisan."

    Pourtant, c’est bien sous sa présidence que ce régime avait vu le jour. En 2009, c'est bien lui, qui s'en été prévalu dans ces termes : "Le succès de l’auto-entrepreneur est en passe de devenir un phénomène de société. Je souhaite que l’on fasse de vos histoires personnelles des exemples dans les écoles, dans les cités, à la télévision." Et d'ajouter, de manière effectivement convaincante, mais apparemment pas sincère : "Que préfère-t-on ? Laisser les travailleurs indépendants qui paient leurs cotisations et leurs impôts face à la concurrence déloyale de ceux qui travaillent sans se déclarer et sans payer aucun impôt ?"

    Ces déclarations datent, certes, mais ce qui n'a pas faibli c'est la popularité de ce dispositif. Aujourd'hui encore il représente la moitié des créations d’entreprises, 283 000 sur 551 000 créées en 2014. On comprend mal dans de telles conditions la réticence d'une partie de la droite à le défendre. En 2013, un rapport remis par l’Inspection générale des finances et par l’Inspection des affaires sociales est obligé de conclure que sur les 982 000 auto-entrepreneurs, respectant leurs obligations et, notamment, la qualification pour l’exercice des activités artisanales, leur existence ne constitue aucunement une concurrence déloyale. Représentant environ 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires ils acquittent 4 milliards de cotisations sociales

    Cela marchait trop bien. Les socialistes donc ont essayé de le détruire.

    Mais devant la mobilisation du mouvement des "poussins" ils ont (provisoirement) reculé, se contentant d'alourdir le dispositif en le fusionnant en décembre 2014 dans le régime dit de la micro-entreprise qui maintient, malgré tout, certains principes essentiels du système.

    Ce n'est donc qu'un début, il faut continuer ce combat.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/2015/08/pour-lanniversaire-de-lauto-entreprise.html

  • Le « nationalisme de la fourchette »? Un impératif !

    Mouton néo-zélandais, bœuf britannique ou  hollandais, porc allemand, canard de Bulgarie mais aussi  ail d’Argentine,  fruits en provenance d’Italie, du  Chili, d’Espagne ou du Kenya… Que reste-t-il dans nos assiettes du made in France en faveur duquel notre gouvernement clame son engagement ? Aux actions coup de poing menées ces dernières semaines  par nos éleveurs étranglés,  s’ajoute le  désespoir de nos maraîchers et plus globalement  de nos   agriculteurs, acculés à la ruine et dans les rangs desquels on assiste ces dernières années à une épidémie de suicide  sans précédent. Dans deux entretiens parus dans Le Figaro au mois  de juillet, le célèbre journaliste et critique gastronomique  Périco Légasse, a poussé un véritable cri d’alarme, faisant écho au discours et aux avertissements énoncés par le FN.  «La part des produits en provenance de l’étranger ne cesse de croître, payés à des tarifs avec lesquels l’élevage français ne peut entrer en compétition » note-t-il. « Quant à la viande française, issue du plus bas de la gamme, elle est payée à des tarifs si bas que les éleveurs vendent à perte (…).  La puissance financière de la grande distribution et sa collusion avec la classe politique conduisent au massacre économique et social que l’on constate quotidiennement. (…) Les céréaliers sont touchés par la même crise que celle qui affecte les éleveurs. Ils ont perdu 30 à 40% du prix d’achat de leurs produits entre 2012 et 2014. De nombreux céréaliers sont dans une situation catastrophique. Aujourd’hui (…) le libéralisme à outrance et la déréglementation du marché contribuent à la précarisation des professionnels du secteur ».

    François Hollande  fait mine à son tour de découvrir une situation dramatique qui  existe depuis des années.  Elle contraint   les  gouvernements successifs de notre Etat en faillite  à sortir à chaque fois de leur chapeau  des aides  d’urgence qui ne résolvent rien sur le fond et ne permettent que de retarder, pour quelques uns,  l’échéance du désastre.

    Périco Lagasse  pointe aussi l’hypocrisie et/ou l’inconséquence du chef de l’Etat qui affirme  voler au secours de nos  terroirs  alors  que  « c’est lui qui a nommé à Bercy l’ancien rapporteur du projet Attali prescrivant l’installation des enseignes de la grande distribution dans les cœurs de ville, cause de la disparition rapide de ce qui restait du petit commerce de proximité. Il est donc solidaire de ce système. (Emmanuel) Macron est le génie du libéral-socialisme qui va transformer la France en supermarché. Et maintenant on leur dit: Eh les mecs, faut pas trop écraser la gueule des paysans, sans ça ils font des barrages sur les routes. En fait, la grande distribution fascine M. Hollande, comme tous les phénomènes auxquels on peut ajouter le concept pour tous. Là c’est la malbouffe pour tous».

    Il met aussi très justement  en garde contre les conséquences  du marché transatlantique :  « Si ce fameux TAFTA est signé tel que José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker l’ont conçu, ce sera tout simplement la fin des spécificités qui régissent la vie économique française depuis la Deuxième guerre mondiale et surtout la fin des normes qui permettent à l’agriculture française de se distinguer par la mise en valeur de son patrimoine qualitatif et par la préservation de ses origines. »

    Derrière les chiffres, les statistiques,  les analyses note Bruno Gollnisch, ce sont  des drames humains,  des familles  brisées, des  destins à terre, l’investissement de toute une vie ou de plusieurs générations qui est réduit à néant.   Aujourd’hui 22 000 exploitations  agricoles  sont menacées  de disparaitre,  soit environ 100 000 personnes qui peuvent  se retrouver  sans emploi. Et ce,  sous les coups de l’ultra libre échangisme bruxellois,   en raison de l’idéologie sans-frontiériste,  anti-protectionniste.  Mais aussi de charges sociales et de taxes insupportables –beaucoup moins importantes chez nos voisins européens et concurrents  immédiats-  dont les gouvernements français  accablent nos entrepreneurs, artisans et commerçants, comme  nos éleveurs et agriculteurs .

    Or, comme le note M.  Lagasse, « les salaires agricoles français sont déjà au plus bas et ne permettent plus aux agriculteurs de vivre.  Le paysan français veut vivre de son travail ». Mais  la  concurrence libre et non  faussée ,  la  libre circulation des personnes et des biens au sein de l’UE a  été instaurée  sans harmonisation fiscale et sociale préalable. D’où la disparité très grande  des charges salariales et des coûts de production.

    Si l’on ajoute à cela  l’absence de  barrières  douanières efficaces, le refus de tout  protectionnisme intelligent c’est  la liberté du renard dans le poulailler qui sévit  puisque on ne pourra bien évidemment  pas lutter face à   la concurrence de pays étrangers  non européens où les coûts salariaux sont faibles…Sans même parler de la Pologne dont le smic est inférieur à 410 euros, de  l’Allemagne dont les élevages porcins,  entre autres,  emploient  des travailleurs des pays de l’Est pour de salaires de misère; de l’Espagne, dont les charges salariales sont trois fois moins élevées qu’en France…

    Quant aux mâles déclarations du président de la République,  du Premier ministre Manuel Valls, du ministre de l’Agriculture  Stéphane Le Foll appelant les consommateurs  à la préférence nationale (horresco referens ! mais elle est tolérée ici pour nos produits pas pour les travailleurs Français…)  en mangeant  français…elles se heurtent une nouvelle fois aux diktats bruxellois. Il faut en effet rappeler que l’UE interdit aux collectivités locales et aux administrations de faire preuve de patriotisme économique :   au nom  de la liberté du commerce il leur est interdit dans leurs appels d’offres de privilégier les producteurs français… Le «  nationalisme de la fourchette » est  lui aussi prohibé.

    Autre sujet tabou, la situation de l’agriculture française s’est aggravée également du fait du blocus de la Russie exigé par les Etats-Unis dans le cadre du dossier ukrainien, et exécuté le petit doigt sur la couture du pantalon par l’Europe de Bruxelles. Sanctions européennes contre la Russie qui ont  entraîné en toute logique une riposte du gouvernement de Vladimir Poutine qui s’est traduite par   un embargo sur les produits européens, notamment les produits agricoles français.

    Le Bulletin d’André Noël l’a notamment évoqué, « le marché de l’exportation vers la Russie de porcs français vivants, d’abats et de graisse de porc se montait à 100 millions d’euros. Avec l’embargo, les producteurs de porcs ont perdu un marché particulièrement lucratif. Selon le comité régional porcin de Bretagne, cet embargo coûte en moyenne 70 000 € par an à un éleveur moyen. Même chose pour le lait et ses produits dérivés : fromages, beurre, crème… »

    « Sans vouloir être alarmiste, je suis très inquiet de la fin de l’année dans nos entreprises. Le pouvoir est sourd mais la campagne gronde »  affirmait encore Périco Lagasse dans Le Figaro. Il est clairement  évident  qu’il est temps d’en finir avec ce Système à bout de souffle, le parti de l’étranger au pouvoir,  cette Europe folle.

    Nous sommes à la fin d’un cycle,  l’arrivée au pouvoir du Front National, des idées nationales dont il est porteur,  est plus que jamais une ardente nécessité. Faute de quoi la France roulera  dans le gouffre car si « un peuple qui tombe s’accroche à un serpent » écrivait l’excellent historien  Pierre Gaxotte,  il lui arrive aussi de saisir,  mû par l’instinct de survie et un éclair de lucidité, la main ferme qui le tirera du précipice.

    Nombre de fois, au cours de sa longue histoire, notre pays a failli disparaître. Si la providence s’attache au destin de la France, c’est encore une fois sur leur propre force et leur propre volonté que les Français doivent compter pour donner un avenir à leurs enfants. Aide toi le ciel t’aidera.

    http://gollnisch.com/2015/08/05/le-nationalisme-de-la-fourchette-un-imperatif/

  • Crise agricole : distribuer de l’argent ne sert à rien

    Face à la crise agricole, que les politiques européennes et françaises ne feront qu’aggraver, distribuer de l’argent ne sert qu’à dissimuler l’ampleur des problèmes. Entretien avec Michel Collin, ingénieur agricole.

     

    L’Action Française 2000 – Les solutions gouvernementales aideront-elles à résoudre cette crise de la viande et, plus globalement, les crises de l’agriculture française ?

    Michel Collin – Les solutions, si j’ai bien suivi, sont essentiellement du report d’échéance, du report de crédit et des appels comminatoires à une bonne volonté commune entre les différents acteurs de la chaîne. Ce ne sont pas des solutions : on veut essayer de donner de la trésorerie momentanée aux éleveurs, je ne vois pas en quoi cela va régler le problème structurel du prix de la viande. On ne peut pas faire l’économie d’une réflexion de fond sur le monde agricole : nous avons développé un modèle d’élevage aberrant. En amont, il nous oblige à aller chercher à l’étranger de quoi nourrir notre bétail, notamment avec du soja brésilien, qui provient de terres dont les paysans locaux auraient besoin – il y a donc un accaparement de terres, direct ou indirect. En aval, avec les concentrations anormales d’animaux dans certaines régions, les sols ne peuvent pas supporter les effluents d’élevage, les surfaces ne peuvent pas les absorber. Si on ne regarde que ces deux points, on est déjà dans l’absurde. En examinant d’autres systèmes, comme le poulet, on trouve des paysans totalement prolétarisés, qui ne sont plus agriculteurs, mais “nourrisseurs de volaille”, qui reçoivent tout de l’extérieur, poussins et aliments. Ils élèvent, si l’on peut dire, la volaille (ils portent le risque, surtout), que des machines envoyées par les entreprises de transformation viendront ramasser… Depuis plusieurs années, à chaque crise de l’élevage, les subventions réclamées ne servent qu’à masquer le problème. Des éleveurs disparaissent, la concentration s’accélère, avec comme conséquence immédiate l’augmentation de la charge de travail et de l’endettement : c’est un système artificiel, une fuite en avant perpétuelle. Le gouvernement gagne quelques mois, mais évite soigneusement de s’attaquer aux racines du problème.

    La FNSEA joue-t-elle son rôle de défense des intérêts paysans ?

    Ce qui est compliqué, c’est qu’à la tête de la FNSEA il y a Xavier Beulin, qui est aussi président d’un gros groupe agro-industriel, Avril-Sofiproteol, leader européen des oléoprotéagineux. Il est censé défendre les paysans, mais ses intérêts économiques monstrueux dans l’agro-industrie lui commandent une politique contraire. Une des sociétés de son groupe importe du poulet brésilien (émission Capital, avril 2014) ! Ses actions en tant qu’industriel vont directement à l’encontre des intérêts paysans qu’il est censé défendre. On marche sur la tête ! Rien de bon ne peut sortir de cet homme, qui a l’oreille de tous les politiques, François Hollande compris 1.

    Si le gouvernement ne raisonne qu’en subventions, et si le seul syndicat représentatif n’accomplit pas son travail, existe-t-il une autre solution que de bouleverser le système de production agricole ?

    Non, il n’y a pas d’autre solution. Nous sommes sur un modèle agricole déphasé par rapport à notre époque. Ces dernières décennies, nous avons acquis un savoir certain, fiable, sur la santé, la “malbouffe”, les problèmes environnementaux, la biodiversité – et notre modèle agricole (en y incluant l’agro-industrie) génère clairement des nuisances majeures, qui mettent en danger les populations et la nature. Et il y a le problème de l’emploi : l’agriculture et la transformation des produits agricoles devraient être de formidables gisements d’emplois, mais on reste sur des problématiques d’il y a cinquante ou soixante ans… Dans ce système où l’agro-industrie et la grande distribution ont acquis un poids colossal, on ne peut pas imaginer revenir à de l’équité, donc à un vrai partage de la valeur, donc à de l’emploi. Il faut repenser totalement le modèle agricole, et cette crise est une opportunité. La transition vers le modèle qui fonctionnerait, qu’on connaît bien, l’agro-écologie, est extrêmement compliquée : les grands céréaliers, les grandes sucreries cotées en bourse, qui profitent le plus de l’argent de la Politique agricole commune (PAC), ne vont pas accepter que, du jour au lendemain, on supprime les exploitations de mille hectares dans la Brie… Mais c’est possible : il suffit d’une volonté politique. La PAC représente plusieurs milliards d’euros par an : donc, les moyens de cette transition existent. Mais le gouvernement ne fait rien, contrairement à ce que dit Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture). Augmenter de 10 % les subventions aux premiers hectares ou rien, c’est la même chose ! Cela ne favorise en rien l’avènement d’une véritable agriculture paysanne, c’est une poussière. Un certain nombre de personnes, en revanche, ont des solutions, comme Jacques Caplat, qui les a exposées dans son livre Changeons d’agriculture – Réussir la transition (Actes Sud, 2014), ou Samuel Féret, qui était à la tête du collectif PAC 2013 et avait essayé de proposer une véritable modification de la PAC. Le gouvernement préfère être du côté des industriels et des puissants.

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    1 – http://www.reporterre.net/ENQUETE-5...

    Action Française 2000

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Crise-agricole-distribuer-de-l

  • Union européenne : Le plan secret de Bruxelles pour des sorties « ordonnées »

    Il semble que la Commission prépare en coulisse un plan permettant à d’éventuels États membres de se retirer de l’Union Européenne d’une manière ordonnée. Une éjection pure et simple n’étant guère possible juridiquement, la Commission mettrait donc au point une sorte de procédure de divorce. Tout comme l’est déjà l’entrée dans l’UE, la sortie serait financée par les contribuables.

    Selon le site Euractiv, généralement bien informé, les travaux de rédaction d’un tel contrat de divorce ont d’ores et déjà été lancés. Euractiv s’appuie sur des sources anonymes au sein de la Commission. De cette façon, les États sortants pourraient être congédiés avec une espèce d’indemnité de départ.

    La Commission ne serait donc pas restée les bras ballants devant le désastre grec

    Des États-membres tels que la Grèce ou que la Grande-Bretagne pourraient prétendre à un “soutien“ de la part des États restants dans l’UE, “s’ils se décident à quitter la famille de manière ordonnée“. La procédure serait liée à la réalisation de certaines conditions bien définies (“benchmarks“), “similaires à celles du processus d’entrée [dans l’UE]“.

    Les modalités, selon les sources auxquelles se réfère le site, devraient correspondre à “celles de l’élargissement [de l’UE]“. Lors de l’élargissement, les pays entrants ont en effet bénéficié d’aides substantielles au cours des années précédant l’entrée, afin de leur permettre d’arriver à satisfaire ce que l’on appelle les critères de convergence.

    Ce développement constitue une innovation dans l’UE

    Jusqu’à présent, les Traités ne prévoient aucune possibilité de sortie (NdT : ceci est inexact, il existe bel et bien un article prévoyant le cas). Ainsi, la Grèce eût-elle quitté l’euro qu’elle serait restée dans l’UE, créant une situation certes complexe sur le plan légal, mais qui serait restée du domaine du possible.

    La situation aurait été peu claire non seulement sur le plan juridique, mais encore sur le plan financier –  un cas de figure dont la Commission, assez raisonnablement, souhaite empêcher l’apparition. Une chose, d’abord, est claire:  la Commission renoncerait ainsi à l’idée d’une appartenance irrévocable à l’Union Européenne.

    Une reconnaissance officielle de ce changement de ligne ne doit évidemment pas être attendue, puisqu’il s’agit ici d’un dossier extrêmement sensible. On ignore si les gouvernements français et allemands sont impliqués dans l’élaboration de ce plan, on ignore même s’ils en ont eu vent.(NdT : cette phrase doit se comprendre à la date de parution de l’article en allemand, le 25 juillet.)

    Quelques jours plus tôt, Mediapart avait révélé que le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, passait pour avoir offert au gouvernement d’Alexis Tsipras un soutien de 50 milliards d’euros en cas de Grexit. Schäuble aurait en effet proposé à l’Eurogroupe la possibilité d’une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro.

    Euractiv prétend également avoir eu connaissance de cette offre de Schäuble faite à Bruxelles. Les sources anonymes citées par Euractiv présentent Schäuble comme un “authentique Européen“, qui n’aurait rien contre la Grèce en particulier. Schäuble serait parti du postulat qu’un Grexit aurait été “cohérent avec l’idéologie de Syriza“. Il aurait voulu, toujours selon ces sources, encourager le gouvernement grec à sauter ce pas.

    Et de fait, cette solution aurait eu davantage de sens que celle, finalement adoptée, d’un programme très dur d’austérité

    Ce programme contraint le gouvernement grec à augmenter les impôts, réduire les pensions, et mettre sous tutelle auprès d’un Treuhand-Fonds (un fond contrôlé par les instances européennes) une part significative des actifs de l’État grec, destinée à être privatisée.

    Schäuble aurait fait cette proposition déjà au moment du référendum du 5 juillet. 35 milliards d’euros seraient provenus de ce que l’UE doit attribuer à la Grèce d’ici 2020, et les 15 restant auraient correspondu au renoncement, par la BCE, des coupons par elle perçus sur son stock d’obligations grecques.

    Schäuble a pourtant, semble-t-il, été pris par surprise, et ce, de deux côtés

    De l’un, Tsipras aurait refusé son offre, au motif qu’une majorité de Grecs souhaite – aux dires des sondages – rester dans l’euro. De l’autre côté, Schäuble aurait rencontré une opposition massive de la part tant de la BCE que du FMI : Les deux institutions auraient en effet subi des pertes financières sur leurs actifs grecs.

    Elles auraient toutefois pu être compensées par de l’argent provenant des contribuables européens, et il est possible que cela aurait diminué leur opposition à la solution du Grexit, étant donné qu’elles n’auraient plus subi de pertes.

    Il n’en serait pas moins resté que les sommes prêtées par les États européens à la Grèce, à hauteur de 240 milliards d’euros, auraient été perdues. La quote-part allemande de ces sommes est de l’ordre de 80 milliards.

    Au vu des exigences irréalistes contenues dans le plan d’austérité, et au vu du refus du FMI de continuer sa participation au financement tant que n’aura pas été consentie une réduction massive du fardeau de la dette grecque, les observateurs considèrent en général que l’option du Grexit est toujours sur la table.

    Le « contrat de divorce » sur lequel planche la Commission pourrait vraisemblablement être beaucoup plus facile, et beaucoup plus rapide, à mettre en œuvre que ne le seraient l’application et la surveillance d’un nouveau programme du Mécanisme Européen de Stabilité.

    Deutsche-wirtschafts-nachrichten.de

    http://fortune.fdesouche.com/387925-union-europeenne-le-plan-secret-de-bruxelles-pour-des-sorties-ordonnees#more-387925

  • Un accord électoral entre le PS et le PRG qui pourrait coûter jusqu'à 114 millions d'euros au contribuable

    D'après cet article du Figaro Vox, tout est parti de la toute nouvelle région Languedoc-Rousillon-Midi-Pyrénées,

    "le PS a dû céder au Parti radical une vice-présidence initialement promise à Damien Alary, lequel s'est donc trouvé écarté de la distribution des postes. Pour le consoler, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, tout le Gouvernement, jusqu'au Premier ministre, et le Chef de l'Etat n'ont pas hésité à créer un poste: «Président Délégué».

    Le nouveau Conseil régional serait donc conduit par un(e) président(e), plusieurs vice-président(e)s et un(e) président(e) délégué(e)… Damien Alary a fait connaître publiquement sa satisfaction. Elle est d'autant plus convaincante qu'il a tenu à préciser que le poste de «président délégué» devait être supérieur à celui de vice-président… Le «président délégué» n'est rien d'autre qu'un président supplémentaire. Le gouvernement et les majorités socialistes régionales viennent donc de décider la fusion de deux régions pour laisser la place à un seul Conseil régional… dirigé par deux présidents!"

    Mais pourquoi se limiter à une seule région ?

    "l'Etat et le Parti socialiste, qui eux ont bien fusionné, annoncent l'extension à toutes les régions ce poste de «président délégué», avec les obscurités et tous les coûts associés. On comprend donc que même les régions qui ne fusionnent pas se verront doter d'un nouveau poste de président!"

    L'auteur de l'article, Dominique Reynié, considère que la facture s'élèvera à 114 millions d'euros pour 6 ans, en partant du principe que le nouveau président délégué aura son propre cabinet. Dominique Reynié a lui-même reçu l'investiture des Républicains dans la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, alors que sa proximité avec le lobby LGBT n'est plus à démontrer.

    Louise Tudy

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Après les Mistral, les Rafale ?

    C’est officiel, le gouvernement indien l’a annoncé le 31 juillet : l’Inde abandonne l’appel d’offres remporté par le Rafale en 2012 qui portait sur l’achat de 126 avions du constructeur Dassault, dont 108 auraient été fabriqués en Inde. Il était en fait question de cet abandon depuis le 10 avril dernier, quand New Delhi avait décidé d’acheter 36 Rafale livrés depuis la France. Il semble d’ailleurs que cette acquisition ait aussi servi à négocier la sortie du contrat « MMRCA » sans pénalités pour l’Inde. Si certains, comme « Les Français Libres », un collectif de Français vivant en Russie qui ont lancé un appel publié le 3 août sur le site du Figaro, y voient une marque de défiance envers la France après l’annulation de la vente des navires Mistral à la Russie, côté indien il s’agit surtout d’un problème de coût.
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    En effet, la fabrication de 108 Rafale en Inde, du fait de la nécessité de mettre en place les chaînes de production et le réseau de sous-traitants, devait porter la facture pour l’Inde à 20 milliards de dollars au lieu des 12 prévus initialement, contre « seulement » 4 milliards pour les 36 Rafale « prêts à l’emploi » fabriqués en France. Autre pierre d’achoppement du contrat MMRCA, la société Dassault n’était pas prête à donner toutes les garanties demandées par le gouvernement indien pour un avion dont elle n’allait pas maîtriser elle-même toutes les étapes de fabrication.

    Les discussions traînaient donc, alors que l’Inde a un besoin urgent de ces nouveaux avions. L’armée de l’air indienne en voudrait même 20 de plus, mais, contraintes budgétaires obligent, elle ne les aura pas, ou en tout cas pas pour le moment. Elle compte donc sur les premières livraisons de Rafale d’ici à deux ans pour compléter ses escadrons. Il lui faudrait, d’après ses estimations, au moins 42 escadrons de 18 appareils chacun pour pouvoir faire face à un conflit simultané avec la Chine et le Pakistan, et elle n’en aura plus que 32 à la fin de l’année, avec l’abandon progressif de ses vieux MiG-21 et MiG-27 de fabrication soviétique.

    Or la Chine a, de son côté, beaucoup développé ses capacités de fabrication d’avions de chasse modernes, avec l’aide de la Russie. Une Russie qui est également le premier fournisseur d’armements et d’avions de chasse de l’Inde, avec laquelle elle développe un avion de chasse furtif de 5e génération. L’Inde n’a toutefois pas renoncé à construire elle-même une part importante de sa flotte, et un nouvel appel d’offres pourrait être lancé pour un nouveau contrat MMRCA portant sur 90 avions en remplacement du contrat qui n’a pas abouti avec Dassault, ainsi que l’annonçait le Times of India le 2 août. Tous les constructeurs qui avaient perdu la compétition face à l’avion français pourraient être à nouveau mis en concurrence.
    Outre ses avions de fabrication russe, l’armée de l’air indienne possède actuellement une cinquantaine de Mirage 2 000 français. Des Mirage 2 000 qui ont été particulièrement appréciés pour leurs performances dans le conflit des Kargil avec le Pakistan en 1999. L’Inde développe aussi son propre avion de chasse, le HAL Tejas, dont le premier exemplaire a été livré à son armée de l’air en janvier dernier.

    Olivier Bault

    http://fr.novopress.info/191212/apres-les-mistral-les-rafale/

  • Grèce : le gouvernement émet des tickets d’approvisionnement pour lutter contre la misère

    Le gouvernement a dû émettre des tickets d’approvisionnement alors que l’Eglise et les ONG amplifient leurs efforts.

    «En Grèce, les enfants et les familles connaissent l’horreur de la faim et du dénuement», a alerté cette semaine Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, en lançant un appel à la générosité. La situation, qui n’a cessé de se dégrader ces derniers mois, devient en effet dramatique.

    Le gouvernement a ainsi décidé de mettre en circulation des cartes alimentaires prépayées, utilisables dans 5000 magasins d’alimentation. Elles sont destinées à près de 150 000 personnes: familles nombreuses, monoparentales, avec enfants handicapés, ou chômeurs de longue durée. Cette mesure a été prise en urgence, car le filet social existant ne suffit plus.

    Le rapport 2014 des œuvres sociales de l’Eglise orthodoxe faisait pourtant déjà état de plus de 500 000 personnes secourues par 280 soupes populaires et plus de 75 000 Grecs aidés dans 150 «magasins sociaux», pour un coût total de 120 millions d’euros. Les mairies sont aussi impliquées, dont celle d’Athènes qui a vu la demande en aliments, médicaments et habits exploser ces dernières semaines.

    Des associations offrent également des douches et des générateurs à ceux qui n’ont plus d’eau ou d’électricité. Avec l’aide de nombreux bénévoles, souvent démunis eux-mêmes. Mais pour eux, aider les autres est le seul antidépresseur qu’il leur reste.

    Les entreprises s’y mettent à leur tour. Venetis, une chaîne boulangère de 80 magasins, distribue ainsi gratuitement plus de 100?000 pains par jour, le tiers de sa production. Car pour Panagiotis Monembasiotis, son directeur général, «avec ce 3e plan de rigueur qui commence, il n’y aura bientôt plus de consommateurs en Grèce, il ne restera que des mendiants».

    Dans les beaux quartiers, les gens vont discrètement le soir chercher leur pain offert. Ailleurs, on n’a plus cette honte. Fotis Pedikas, peintre au chômage, attend chaque jour la dernière heure pour aller au marché en plein air, quand les prix baissent de moitié. Les plus mauvais jours, il ramasse les fruits jetés, ou récupère autour des poubelles les sacs plastiques avec les restes des repas que d’autres laissent exprès. Et dans un grand éclat de rire, il interpelle le premier ministre Alexis Tsipras, qui a signé le fameux accord avec les créanciers du pays afin de rester dans la zone euro: «Pour que la Grèce continue d’appartenir au Club, faut-il que les Grecs meurent?»

    Merci à Stormisbrewing

    TDG.ch

    http://fortune.fdesouche.com/387827-la-grece-senfonce-dans-la-misere#more-387827

  • Les temps sont proches, la renaissance de la France approche

    Le revirement de l'opinion est perceptible comme il y a quarante ans. La néo-mitterrandie délabrée, confite dans ses dogmes de plus en plus utopistes et funestes, se raidit et sa crispation accentuera sa chute.

     

    Au détour d’un article, j’apprends qu’Élisabeth Lévy a été gentiment écartée de l’émission quotidienne « On refait le monde » du sieur Fogiel sur les ondes RTL. J’aimais bien écouter Élisabeth du temps où cette émission était encore presque supportable.

    Depuis, mon médecin (il se reconnaîtra, c’est un lecteur assidu de Boulevard Voltaire ; bonjour, docteur !) m’a formellement interdit l’écoute de la propagande des « Ruquiel », Fogier », « Poujade » et autres « Apathique ». C’est mauvais pour mon intestin, je passe le conseil à tous nos chers lecteurs.

    Je n’aurai donc pas le plaisir d’écouter ces débats passionnés et passionnants entre des représentants équitablement répartis de tout l’échiquier politique français, du centre gauche à l’extrême gauche en passant par les diverses nuances de la gauche.

    Peut-être même y entendra-t-on, une fois par mois, un juppéiste tout tremblant et éperdu de reconnaissance de pouvoir s’exprimer pendant trois ou quatre minutes.

    Mais, voyez-vous, mes amis, dans tout cela je sens de l’espoir, même au cœur d’un été plutôt inquiétant, voire sinistre.

    Lire la suite

  • Aux sources du capitalisme indien

    Aujourd’hui la 10e puissance mondiale en termes de valeur nominale du PIB, l’Inde reste largement absente des travaux comparatifs sur les variétés du capitalisme contemporain. L’historien de l’économie Claude Markovits revient ici sur le rôle du colonialisme, de la diaspora ou encore de la caste sur l’évolution de l’industrie et du capitalisme en Inde.

    Quel a été l’impact de la période coloniale britannique sur le développement de l’industrie et l’expansion du capitalisme après l’indépendance ?

    Claude Markovits: C’est une idée fort répandue en Inde que l’héritage de la période coloniale a pesé lourd sur le développement industriel et l’expansion du capitalisme après l’indépendance. Mais, quand on cherche à définir plus précisément les aspects négatifs de l’héritage colonial, on se heurte à certaines difficultés.

    La vulgate nationaliste indienne associe la période coloniale à un processus de «désindustrialisation », qui renvoie surtout au déclin de certaines productions artisanales, en particulier dans le textile. Cette question a fait l’objet de nombreux débats dans les années 1980, mais la notion de désindustrialisation a été contestée plus récemment par Tirthankar Roy (Roy, Traditional Industry in the Economy of Colonial India, Cambridge UP, 1999), qui a souligné la résilience de certains secteurs artisanaux.

    Par ailleurs une assez puissante industrie moderne s’est développée en Inde à partir du milieu du XIXe siècle, d’abord dans le textile, puis dans d’autres branches (sidérurgie avec les usines Tata inaugurées en 1911, cimenteries, sucreries). Bien que les capitaux britanniques aient joué un rôle dominant dans certains secteurs comme l’industrie du jute, c’est le capital indien qui a été le moteur principal de ce processus de développement industriel colonial, et la période 1860-1947 a vu la naissance d’un certain nombre de grands groupes capitalistes, dont les deux plus connus sont Tata et Birla.

    Capitalisme et domination coloniale

    À l’indépendance donc l’Inde était le seul parmi les pays coloniaux à disposer d’une certaine infrastructure industrielle et d’une classe d’entrepreneurs déjà ancienne.

    Cependant cette avance apparente masquait des déséquilibres profonds, dont le poids allait se faire sentir de façon durable. L’Inde restait un pays agraire, et l’archaïsme des structures agraires mises en place pendant la période coloniale constituait un formidable obstacle au développement d’une économie moderne.

    L’industrie, après des débuts difficiles, s’était largement édifiée à partir de 1918 à l’abri de barrières douanières, et était donc peu compétitive au niveau international. Par ailleurs la plupart des branches avaient une structure fortement oligopolistique, qui faisait obstacle à l’entrée de nouveaux venus.

    Enfin le secteur industriel était largement aux mains de firmes qui opéraient selon une logique plus financière qu’industrielle, et le secteur bancaire, pour sa part, encore dominé par des intérêts étrangers, n’était pas du tout orienté vers le soutien à l’industrie. Donc la nature même du secteur capitaliste privé qui s’était édifié pendant la période coloniale le rendait peu à même d’enclencher un processus de développement rapide.

    D’où la nécessité d’une intervention importante de l’État dans l’économie, à laquelle la plupart des capitalistes eux-mêmes s’étaient ralliés, comme en témoigne le « plan de Bombay » (voir ci-dessous) publié par les plus grands d’entre eux en 1944, qui se prononçait pour un modèle d’économie mixte.

    Dans quelle mesure les institutions, réseaux et structures du capitalisme indien ont-ils été forgés par le contact prolongé avec le modèle britannique ?

    Claude Markovits : La réponse à cette question ne peut être que nuancée. L’Inde pré-coloniale avait une forte tradition marchande, et se caractérisait par l’existence pluriséculaire de puissants réseaux commerciaux et financiers dont les ramifications s’étendaient d’ailleurs bien au-delà du sous-continent, allant des côtes de l’Afrique orientale jusqu’au détroit de Malacca, sans parler d’une pénétration jusqu’au fin fond de l’Asie Centrale.

    Ces réseaux utilisaient un instrument de crédit, le hundi, sorte de lettre de change, qui permettait la circulation de fonds sur de très grandes distances, et ils étaient au fait des techniques financières les plus avancées comme la comptabilité en partie double. Cependant on remarquait dans cet univers l’absence d’une lex mercatoria comparable à celle qui s’était développée en Europe.

    Dans la mesure où les transactions ponctuelles (« spot transactions ») prédominaient, une législation réglementant les contrats ne paraissait pas nécessaire, et les disputes se réglaient en général dans le cadre de guildes fortement auto-régulées.

    Dans ce domaine, la principale innovation coloniale fut l’introduction graduelle du droit commercial britannique, en particulier les lois sur les sociétés par actions (« joint-stock companies »). Cependant elle eut des aspects pervers, car le capitalisme indien resta familial, et l’existence d’une entité juridique appelée la « Hindu joint family », qui bénéficiait d’une forte protection légale permettait en fait aux capitalistes, qui étaient en grande majorité Hindous, de s’émanciper largement des stipulations du droit commercial en matière de transmission d’héritage, de faillite, etc.

    Donc on vit se mettre en place un système hybride dans lequel des firmes familiales purent profiter des innovations institutionnelles introduites par les Britanniques, sans avoir à se soumettre aux obligations de transparence induites par la législation sur les sociétés.

    Par ailleurs la sphère financière fut réglementée dans le but de limiter l’importance des instruments financiers comme les hundi et de favoriser le développement d’un système bancaire moderne. Ce ne fut qu’un demi-succès, et le système financier « informel », connu maintenant en général sous le terme de hawala, demeure important en Inde, en particulier pour le financement des petites et moyennes entreprises, et pour le transfert des fonds des émigrés de l’étranger vers l’Inde.

    Cependant, certaines institutions introduites par les Britanniques ont eu une influence durable sur la structure du capitalisme indien. Je pense en particulier à la « managing agency », un système de gestion qui permettait à quelques individus de gérer de nombreuses sociétés sans posséder nécessairement la majorité du capital, par le biais d’un contrat de gestion qui leur donnait de facto le contrôle de l’entreprise en les dispensant de demander l’avis des actionnaires.

    Créé au départ en raison du déséquilibre entre le petit nombre de managers britanniques compétents présents en Inde, et le grand nombre de sociétés à gérer, ce système fit l’objet d’une appropriation par les capitalistes indiens, qui l’utilisèrent en particulier pour la gestion des usines textiles à Bombay. Il donna lieu à de nombreux abus, les managers recevant en général une rémunération fixe, indépendante de la performance, ce qui favorisait des formes d’ « asset-stripping », mais il ne fut aboli qu’en 1970.

    Combiné avec la « joint Hindu family », il favorisa une concentration du capital entre les mains d’opérateurs qui n’étaient pas nécessairement les plus compétents, et pour qui la prospérité des actionnaires était souvent le dernier des soucis. Donc, plutôt que de l’influence d’un « modèle » britannique importé de la métropole, il faudrait parler d’une hybridation entre des formes de capitalisme indigène et des institutions de type britannique adaptées au climat indien des affaires.

    Peut-on parler d’un « capitalisme nehruvien » et quelles en seraient les caractéristiques ?

    L’expression paraît presque un oxymore, dans la mesure où l’on associe plutôt généralement la figure de Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde de 1947 à sa mort en 1964, au développement du « socialisme à l’indienne », qui devint à partir de 1955 la doctrine officielle du Parti du Congrès.

    Cependant elle n’est pas dépourvue de pertinence, et un auteur comme Charles Bettelheim, dans l’Inde indépendante (Paris, Armand Colin, 1962) n’est pas loin de la reprendre à son compte. Bettelheim insistait en effet sur le fait que, malgré l’adhésion formelle du Congrès à une forme de socialisme, l’Inde était clairement un pays capitaliste.

    Le capitalisme indien dans l’Inde indépendante

    Le capitalisme de l’ère Nehru présentait cependant certaines spécificités par rapport d’une part au capitalisme de l’ère coloniale qui le précédait et d’autre part par rapport aux formes de capitalisme plus libéral qui se développèrent en Inde à partir du début des années 1980.

    C’était un capitalisme dans lequel l’État jouait un rôle important, mais en conjonction étroite avec un secteur privé resté puissant. Les origines de ce système original remontent à 1938 quand le parti du Congrès a créé un National Planning Committee dans le but de coordonner les politiques économiques des différents gouvernements provinciaux qu’il contrôlait depuis les élections de 1937 (tenues dans le cadre d’une nouvelle constitution coloniale introduite en 1935), et de jeter les bases d’une planification de l’économie d’une future Inde indépendante.

    Au sein de ce comité, des dirigeants nationalistes, en particulier Nehru, se retrouvaient avec des représentants des principaux groupes capitalistes indiens. Le comité suspendit ses travaux à la fin de 1939 quand les gouvernements congressistes provinciaux démissionnèrent, mais les principaux capitalistes publièrent en 1944 une esquisse de plan, connu sous le nom de « Bombay Plan », qui servit en fait de projet (« blueprint ») pour l’élaboration du premier plan quinquennal indien (1951-55).

    Ce plan, aux objectifs de croissance relativement modestes, prévoyait une étroite collaboration entre secteur public et secteur privé, en particulier dans le secteur industriel. Il optait pour une forme de « planification indicative » à la française plutôt qu’une « planification impérative » à la soviétique. Il définissait quelques objectifs généraux en termes de croissance (qui ne furent d’ailleurs pas atteints), mais ne cherchait pas à orienter plus décisivement l’action des agents économiques.

    Une étape décisive dans l’histoire de la planification indienne fut l’adoption du second plan (1956-60), dont l’inspirateur fut le Professeur P. C. Mahalanobis, directeur de l’Indian Statistical Institute. Cependant, comme Bettelheim le montre dans son livre, la première version (« draft ») de Mahalanobis, qui donnait la priorité, sur le modèle des plans soviétiques, à l’industrie lourde, fut en partie modifié pour inclure des allocations plus importantes aux industries de biens de consommation et au secteur des transports.

    Ses objectifs étaient nettement plus ambitieux que ceux du premier plan, et, bien qu’ils n’aient pu être entièrement réalisés, la croissance économique de l’Inde s’accéléra nettement au cours de cette période. Les réalisations les plus importantes et les plus spectaculaires concernaient le secteur public avec l’édification, en coopération avec différents pays étrangers, dont l’Union Soviétique, de complexes sidérurgiques et de grands barrages et centrales hydroélectriques.

    Cependant le secteur privé connut aussi une expansion non négligeable, bénéficiant en particulier de mesures douanières qui, en 1957, aboutirent à restreindre considérablement l’importation de biens de consommation. Un certain nombre d’importateurs se convertirent alors en industriels.

    Par ailleurs, même dans le secteur de l’industrie lourde, les Tatas furent en mesure d’accroître la production de leurs installations de Jamshedpur. On se dirigeait donc vers une sorte de division du travail entre secteur privé et secteur public qui était avantageuse pour le premier.

    L’État prenait en effet largement à sa charge l’investissement dans les industries de base, dont la rentabilité à court terme était faible ou nulle, et fournissait au secteur privé travaillant surtout dans l’industrie des biens de consommation les « inputs » de base à des prix avantageux, permettant à ce dernier de dégager des marges confortables.

    Ce système connut cependant une crise en 1962 quand l’éclatement du conflit frontalier avec la Chine obligea à réviser les objectifs du troisième plan (1961-65) pour tenir compte des impératifs de la défense.

    Le système se perpétua largement, après la mort de Nehru, jusqu’à la fin du règne d’Indira Gandhi (1966-1977), mais avec un « gauchissement », dont témoigna en 1969 la nationalisation des banques et des assurances, qui renforça considérablement le poids de l’État dans l’économie aux dépens de celui du secteur privé.

    En même temps ce dernier était soumis à une réglementation plus stricte : ce fut ce qu’on appelle le « licence permit raj », qui ne fut véritablement démantelé qu’à partir de 1991. Cependant ce système représentait un développement largement postérieur à l’ère Nehru, et le « capitalisme nehruvien » ne doit pas être, comme c’est parfois le cas, confondu avec ces développements ultérieurs de la période Indira Gandhi.

    Comment s’organisent les réseaux marchands indiens transnationaux ? Ont-ils été affectés par les transformations de l’économie après l’indépendance ?

    Claude Markovits : L’Inde a été depuis la période médiévale le berceau de réseaux marchands opérant bien au-delà du sous-continent. Formés essentiellement d’originaires d’Inde de l’Ouest, avant tout Gujarati mais aussi Sindhi, mais comprenant aussi des Tamouls ainsi que des Punjabi et des Marwari du Rajasthan, ces réseaux ont connu une importante expansion pendant la période coloniale, surtout en direction de l’Afrique orientale et de l’Asie du sud-est (Birmanie).

    Ils reposaient sur la circulation d’individus, en grande majorité des hommes, entre des localités situées en Inde, où se trouvaient les sièges des firmes, et des localités à l’étranger, où elles avaient des filiales. Ces firmes avaient en général une structure familiale, mais, si elles atteignaient une certaine dimension, étaient obligées de recruter des employés en dehors du cercle de la famille.

    Le recrutement se faisait cependant en général localement, souvent dans le cadre d’une caste ou d’une communauté particulière. Ce n’est que rarement que les propriétaires des firmes s’installaient pour de bon à l’étranger, surtout quand des mesures de restriction de l’immigration rendaient plus difficile une circulation régulière entre l’Inde et l’étranger.

    Un capitalisme encastré dans des réseaux familiaux et communautaires

    Ces réseaux, souvent peu visibles, car leurs membres adoptaient généralement un profil bas, jouaient un certain rôle dans les échanges extérieurs de l’Inde avec l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie orientale et l’Asie du sud-est, bien que leur part soit difficile à quantifier avec précision.

    Mais ils avaient souvent aussi une position forte, voire quasi-dominante, dans la vie économique interne de certains territoires coloniaux de l’empire britannique (Ouganda, Kenya, Birmanie). Enfin certains s’étaient taillé une place dans des circuits internationaux sans liens directs avec l’Inde.

    Ainsi des commerçants sindhi d’Hyderabad (Sind) vendaient-ils des tissus japonais en Afrique occidentale britannique dans les années 1930. Leurs liens avec les capitalistes installés en Inde étaient variables : certains commerçants gujarati d’Ouganda approvisionnaient les usines textiles de Bombay en coton ougandais, et des commerçants tamouls en Asie du Sud-Est achetaient des produits textiles auprès des producteurs artisanaux d’Inde du Sud.

    Mais, plus généralement, les réseaux transnationaux d’origine indienne étaient relativement indépendants du grand capitalisme indien travaillant avant tout pour le marché domestique. La plupart opéraient dans le cadre impérial britannique et jouaient sur le fait que les Indiens, après 1858, étaient en droit sujets britanniques, même si dans les faits ils se heurtaient, dans de nombreux territoires de l’empire, à des discriminations.

    L’indépendance de l’Inde créa pour ces réseaux, formés en partie de musulmans, de sérieux problèmes. Certains de ces musulmans de l’extérieur optèrent pour la nationalité pakistanaise, et ceux, musulmans comme Hindous, qui choisirent la nationalité indienne, ne bénéficièrent guère de ce choix, car l’Inde, sous l’impulsion de Nehru, leur fit savoir très rapidement qu’elle n’entendait pas leur accorder une protection particulière.

    Ainsi quand la junte militaire birmane prit en 1962 des mesures de nationalisation qui aboutirent à un départ massif de commerçants indiens, New Delhi ne prit aucune mesure pour les aider.

    Avec la vague des indépendances africaines le gouvernement indien conseilla à ses ressortissants en Afrique d’adopter la nationalité du pays de résidence, un choix qui n’était pas toujours possible, comme en témoigne l’expulsion des « Asians » d’Ouganda par Idi Amin Dada en 1972.

    L’Inde de Nehru, concentrée sur un développement économique largement auto-centré, ne considérait pas sa diaspora comme une chance, mais plutôt comme un fardeau. C’est seulement avec la libéralisation d’après 1991 que l’Inde a tenté de renouer avec sa diaspora dans l’espoir de renforcer ses liens avec l’économie mondiale.

    Quel rôle joue la caste dans le fonctionnement du capitalisme indien ?

    Claude Markovits : C’est là une question délicate et controversée. Une vue répandue du système des castes est qu’il fixe de façon rigide la structure professionnelle. D’après cette théorie, les capitalistes devraient tous appartenir à la caste des bania ou plutôt à différentes sous-castes de cette caste. Dans les faits, outre la présence importante de non-Hindous dans les rangs des capitalistes (Parsis, Jains, musulmans, voire chrétiens), l’adéquation est loin d’être parfaite.

    Ainsi trouve-t-on d’assez nombreux brahmanes dans les rangs des entrepreneurs, surtout dans le secteur des hautes technologies, et a-t-on assisté récemment à l’apparition de quelques capitalistes issus de rangs des Dalits (ex-intouchables). Cependant, globalement, le monde du grand capital indien reste dominé par des groupes familiaux le plus souvent issus du milieu des castes marchandes hindoues (et jaïnes).

    Ils sont le plus souvent originaires de quelques régions du sous-continent, avant tout du Gujarat (Gujaratis hindous, jaïns et musulmans) et du Rajasthan (Marwaris hindous et jaïns). Cette prédominance globale des castes marchandes a des racines dans la période pré-coloniale, mais paradoxalement elle a eu tendance à se renforcer pendant la période coloniale.

    Les causes en sont complexes. Il y a des raisons avant tout politiques, le fait que les groupes qui combinaient commerce et métier des armes, comme les caravaniers Banjara ou les « ascètes » Gosain ont été victimes de la volonté de l’État colonial d’établir son monopole sur l’usage de la violence armée. Au contraire les castes marchandes non armées (et en particulier les Jaïns, dont la religion est non-violente) se sont vu privilégiées par le nouveau pouvoir, qui leur a confié en particulier l’approvisionnement de ses propres armées.

    D’autre part la mise en place d’institutions financières modernes essentiellement contrôlées par des Britanniques (banques d’État ou privées) s’est souvent accompagnée d’une politique restrictive en matière d’avances aux capitalistes indigènes, jugés constituer un trop gros risque.

    Ainsi, pour financer leurs entreprises, les capitalistes indiens ont-ils dû avoir souvent recours à leur réseau de parenté, mais aussi, dans la mesure où ce dernier était insuffisamment efficace, à leur réseau de caste. La caste en est venue parfois à constituer un véritable « resource group », jouant un rôle de substitut à des institutions financières inexistantes ou trop faibles. Le rôle de la caste a pu cependant varier suivant les lieux et les circonstances.

    Un anthropologue américain, David Rudner, à partir d’une étude portant sur des banquiers tamouls appartenant à la sous-caste des Nattukottai Chettiars (Rudner, Caste and Capitalism in Colonial India, University of California Press, 1994) a conclu à l’existence d’un véritable « capitalisme de caste » chez ces banquiers, opérant surtout en Birmanie, qui utilisaient leurs temples de caste comme des « clearing houses » pour des transactions considérables qui concernaient exclusivement des membres de la caste.

    Cependant ce modèle était loin d’être universel, et mes propres travaux sur des réseaux marchands du Sind (Markovits, The Global World of Indian Merchants, Cambridge UP, 2000) voient la localité plutôt que la caste comme le principe de base d’organisation des réseaux.

    Au-delà de ces études portant sur l’histoire du capitalisme indien, la question qui se pose est celle de savoir si dans la phase néo-libérale actuelle, le rôle de la caste va en diminuant, comme il serait logique qu’il le fasse. Il y a des indications qui vont dans ce sens, comme l’origine assez variée des entrepreneurs du secteur des hautes technologies, mais il est trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’une tendance lourde et irréversible.

    Notes:

    Claude Markovits est Directeur de Recherche Émérite au CNRS, rattaché au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur l’histoire économique de l’Inde coloniale. Parmi ses publications : Indian Business and Nationalist Politics 1931-39 : The indigenous capitalist class and the rise of the Congress Party (Cambridge University Press, 1985), The Global World of Indian Merchants c. 1750-1947 : Traders of Sind from Bukhara to Panama (Cambridge University Press, 2 000), Merchants, Traders, Entrepreneurs : Indian Business in the Colonial Era (Palgrave Macmillan, 2008).” The Colonised as Global Traders : Indian Trading Networks in the Global Economy”, in C. Dejung, N.P. Petersson (eds), The Foundations of Worldwide Economic Integration : Power, Institutions and Global markets, 1850-1930 (Cambridge University Press, 2013).

    La Vie des Idées

    http://www.fdesouche.com/608453-aux-sources-du-capitalisme-indien#more-351469