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élections - Page 547

  • Pourquoi le FN peut (vraiment) conquérir des régions

    "L'Obs" a fait le calcul à l'échelle des régions redécoupées : au vu des rapports de force et du mode de scrutin, oui, des régions peuvent basculer.

    Le Front national peut-il remporter une ou plusieurs région(s) lors des prochaines élections du mois de décembre ? C'est ce que veut croire Marine Le Pen, qui, lors de l'officialisation de sa candidature dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie le 30 juin, a clamé haut et fort son ambition d'"empocher la région" nouvellement redécoupée. Objectif réaliste, à en croire un sondage OpinionWay pour "Le Figaro" et LCI : la présidente du FN serait en tête du second tour avec 37% des intentions de vote.

    Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, tête de liste dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, est bien placée elle aussi. Elle est créditée de 33% au second tour, selon une enquête Ifop-Fiducial pour "Paris Match", deux petits points derrière la liste de droite conduite par Christian Estrosi (35%).

    Un gros tiers des voix peut suffire

    Ce n'est pas la première fois que les sondages sont flatteurs pour le Front national. Et pourtant, ses espoirs de conquête se sont toujours brisés sur la réalité électorale. Lors du scrutin départemental du printemps dernier, le parti d'extrême droite n'a finalement décroché qu'une poignée de cantons, alors qu'on le disait sur le point de s'emparer du Vaucluse ou de l'Aisne. Malgré des scores élevés, le FN a perdu la plupart de ses duels de second tour. 

    La raison ? "On a constaté lors des élections départementales un front républicain qui a plutôt bien fonctionné", explique Jérôme Fourquet, directeur opinion de l'Ifop. "Et ceci, particulièrement à gauche, dont l'électorat s'est fortement mobilisé pour faire barrage au candidat du FN."

    Mais cette mécanique ne fonctionnera pas aux élections régionales. Et pour cause : le mode de scrutin est totalement différent.

    Au premier tour, une liste doit recueillir au moins 10% des suffrages exprimés pour pouvoir se maintenir au second tour. Le Front national y parviendra facilement dans l'ensemble des 13 nouvelles régions de métropole (en Corse, le seuil est à 5%).

    Au second tour, la liste arrivée en tête reçoit une prime d'un quart des sièges, ce qui lui assure la majorité absolue dans la nouvelle assemblée régionale (sauf en Corse, où le mode de scrutin est particulier).

    Ce mode de scrutin a deux conséquences :

    Il faut s'attendre à un grand nombre de triangulaires au second tour, avec des listes de gauche, de droite et d'extrême droite.

    S'il y a trois listes, il suffit d'arriver en tête avec un gros tiers des voix pour s'assurer la majorité absolue des sièges. Si les trois listes sont à des niveaux comparables, 35% peuvent suffire. "C'est mathématique, la triangulaire rend le seuil de victoire plus bas", souligne Jérôme Fourquet.

    Un seuil que le FN a déjà atteint

    Ce seuil d'un tiers des voix, le Front national l'a déjà atteint à plusieurs reprises par le passé. Nous avons fait le calcul en collectant les résultats électoraux à l'échelle des nouvelles régions. La comparaison avec les régionales de 2010 n'est par pertinente, car le FN était en convalescence et Marine Le Pen n'en avait pas encore pris la présidence. En revanche, les scrutins de 2012 (présidentielle), 2014 (européennes) et 2015 (départementales) permettent de situer le niveau atteint par le Front national. "C'est un indice qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant, car chaque élection a sa logique propre, mais qui permet une évaluation du rapport de force", précise Jérôme Fourquet.

    Lors de ces scrutins, le FN a dépassé le tiers des voix dans deux régions : 

    Nord-Pas-de-Calais-Picardie (36,2% aux européennes, 34,2% aux départementales).

    Provence-Alpes-Côte d'Azur (33,2% aux européennes, 33,6% aux départementales).

    Le FN est particulièrement haut dans deux autres régions :

    Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine (29,6% des voix aux européennes, 30,7% aux départementales)

    Bourgogne-Franche-Comté (27,8% aux européennes, 27,6% aux départementales)

    Gare aux divisions...

    La route est encore longue jusqu'au scrutin de décembre, et la campagne qui commence ne manquera pas de faire bouger les rapports de force. Plusieurs facteurs vont peser. Notamment l'implantation des élus sortants, l'attractivité des têtes de liste et l'offre politique – c'est-à-dire la capacité de chaque camp à se diviser ou au contraire à se rassembler.

    Les sortants sont pour la plupart socialistes et se trouvent pénalisés par l'impopularité du gouvernement. Des figures comme Valérie Pécresse (LR), Emmanuelle Cosse (EELV) et Claude Bartolone en Ile-de-France ; Marine Le Pen (FN) et Xavier Bertrand (LR) dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie ; Christian Estrosi (LR) et Marion Maréchal-Le-Pen en Paca ; Laurent Wauquiez (LR) en Auvergne-Rhône-Alpes ; Hervé Morin en Normandie, apportent une dimension personnelle forte au scrutin.

    Mais ce sont surtout les divisions au sein de la gauche qui peuvent peser. "La grande question", selon Jérôme Fourquet, "est de savoir quel sera le comportement des électeurs de la liste arrivée en troisième position. Si Marine Le Pen risque de l'emporter et que le PS est très loin derrière, est-ce que l'on verra une partie de l'électorat de gauche se détourner du PS pour se reporter sur Xavier Bertrand ? Cela peut se produire, mais dans quelle ampleur ?"

    Des électeurs de gauche pourraient vouloir voter au second tour contre le candidat FN, surtout s'il s'appelle Le Pen. Et il n'est pas certain que la fusion dans l'entre deux tours de listes PS, EELV et Front de gauche, parties désunies au premier tour, les convaincra que la gauche est la mieux placée pour cela. 

    Le politologue résume d'une formule :

    Dans une triangulaire, il ne faut pas être le troisième. D'où l'importance pour chaque camp de partir uni dès le premier tour."

    Pour ce qui concerne l'Ile-de-France et les régions de l'arc atlantique, c'est le FN qui devrait logiquement figurer en troisième position. Mais pour tout l'Est de la France, les précédents résultats électoraux du FN montrent que c'est le PS qui devrait arriver troisième.

    Les socialistes ont bien compris le risque. Ils tentent d'obtenir une union dès le premier tour avec les écologistes dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Paca. Sans succès jusqu'à présent.

    Plus que jamais, le Front national peut donc espérer une victoire, et ce n'est pas pour rien que Marine Le Pen a pris le risque politique de monter elle-même en première ligne, un peu plus d'un an avant la présidentielle de 2017. "Pour une victoire du Front national, il faut un alignement des planètes : FN en tête, PS très nettement distancé", indique Jérôme Fourquet. On y est ?

    Baptiste Legrand

    source : Le Nouvel Observateur :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFyZVulypzimFyTCQ.shtml

  • Sondage : les Français favorables à la fin de l’espace Schengen

    Près de 7 Français sur 10 seraient favorables à une suppression de l’espace Schengen, et à un retour au moins provisoire, au contrôle des frontières du pays.

     

    C’est ce que révèle un sondage Ifop-Le Figaro sur "les Européens et la gestion des flux migratoires", paru ce vendredi. Dans les autres pays, les résultats sont plus contrastés : si 63% des Britanniques répondent de la même manière que les Français, seuls 53% des Allemands partagent cette opinion.

    Au sujet des migrants, les réponses varient encore davantage. A la question "êtes-vous favorables à ce que les migrants africains qui arrivent par milliers sur les côtes italiennes soient répartis dans les différents pays d’Europe et à ce que votre pays en fasse partie ?" les Français répondent répondent non à 64%, quand 69% de leurs voisins allemands et 81% des Italiens s’y disent au contraire favorables.

    Par S. Ac.

    Vu sur BFM TV

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Sondage-les-Francais-favorables-a

  • Regard sur l'actualité grecque: référendum, €uro et géographie

    Le référendum grec: une imposture ?

    Nombreux sont ceux qui ont salué le recours au referendum d'Alexis Tsipras dans la tragédie grecque qui se joue en ce moment. Dans cette Europe « technocratique », le recours au peuple est apparu comme une marque de « courage ». Pourtant à bien y regarder, les opinions publiques européennes, et les Grecs au premier chef, ce sont probablement fait blouser.

    Tsipras a habilement joué avec la légitimité populaire à la fois contre son propre camp, c'est à dire son aile gauche qui veut des mesures concrètes et aller beaucoup plus loin dans le bras de fer avec l'Union Européenne que contre son propre peuple. Dans un premier temps, Tsipras a fait se succéder la légitimité du peuple en lieu et place de la légitimité de son parti et de sa base électorale. Ainsi c'est donc une majorité « moins à gauche » qui se dégage. Autre intérêt du référendum, faire dire au vote ce qu'on veut lui faire dire. Ainsi Tsipras a déclaré immédiatement que les Grecs ne « voulaient pas de rupture avec l'UE ». En somme le NON était un OUI à l'Europe. Bref de l'enfumage politicien de premier ordre. Piège dans lequel sont tombés la plupart des mouvements populistes qui saluaient un pied de nez à l'Europe alors qu'il n'en était strictement rien. Enfin, on sait depuis longtemps que la démocratie à la sauce libérale a un objectif pour l'oligarchie : rendre le peuple consentant de sa mise en esclavage et de fait, maîtriser les velléités des classes populaires. On transforme les idéaux, les revendications et les rébellions en bout de papier. Au bout de quelques jours de feuilleton médiatique, le bilan est sans appel : le ministre de l'économie, Varoufakis a démissionné, Tsipras est venu les mains vide faire du bla bla au Parlement européen et au final sa dernière proposition passe pour une trahison et une capitulation.

    Vers une sortie de l'€uro ?

    La sortie de l'€uro de la Grèce est cependant sur toutes les lèvres. En raison de l'absence d'harmonisation fiscale et sociale au sein de la zone €uro, la Grèce y est comme un « intru ». Nous pouvons être, de prime abord, tout à fait favorable à la sortie de la Grèce de la zone €uro.

    En conséquence, si le pays venait à sortir de la zone €uro, cela pourrait avoir deux effets tout à fait différents. 

    Première hypothèse : les marchés y voient un manque de crédibilité de la zone €uro, ils auront alors pour réflexe d'attaquer la zone €uro et de conduire à une augmentation des taux d'intérêt. Cela pourrait avoir un effet désastreux pour les états qui tentent de sortir la tête de l'eau comme l'Espagne et se retrouveraient soudainement avec des intérêts plus élevés. La spirale de l'endettement et/ou de l'austérité pourrait s'enclencher de nouveau et conduire à une sortie en chaîne des pays du sud. Cela serait un service rendu aux Etats-Unis, et même aux BRICS qui voient ces pays comme des maillons faibles.

    Deuxième hypothèse : les marchés sont rassurés par le départ de la Grèce de la zone €uro, considérée comme un « mauvais élève ». Cela fortifierait la monnaie unique et permettrait aux européens de stabiliser la monnaie. Cela pourrait peut-être également conduire à une réflexion sur l'€uro, la politique fiscale et économique européenne sous fond de « plus jamais ça ». Cette situation aurait pour effet de renforcer le leadership allemand.

    Au final, il faut un sérieux moratoire sur le sujet : l'€uro au service des européens et monnaie concurrentielle au dollar : OUI, l'€uro comme arme de destruction massive libérale : NON.

    La Grèce, une marge de l'Europe

    La Grèce pose la question des marges et donc des limites de l'Europe. Je parle bien évidemment de l'Europe politique. Pour tous ceux qui ont construits le projet européen après guerre, il était « naturel » que le berceau de la civilisation européenne soit dans l'UE. Mais une nouvelle fois, selon une approche que nous avons déjà abordé sur Méridien Zéro, il est des moments où la « mémoire » (et donc l'histoire) doit peut-être s'effacer face aux logiques territoriales. Si un « empire » n'a pas les moyens de contrôler ses marges (géographiques) alors celles-ci sont la convoitise des autres « empires ». Cela explique que la Turquie et la Russie sont aujourd'hui deux « empires » qui convoitent la Grèce, profitant des hésitations de l'UE. Il va de soi que pour nous, cette présence de la Turquie, qui occupe déjà la moitié de Chypre, est un véritable problème. Entre les volontés d'expansion jamais douchée, les liens potentiellement existant avec l'Etat islamique et le rôle clef que joue le pays sur la route de l'immigration asiatique et musulmane à destination de l'Europe et dans la route de la drogue, on ne peut qu'être inquiet de savoir l'Europe incapable de contrôler la Grèce.

    Entre un gouvernement pro-clandestins, une Turquie qui voit une nouvelle fois la Grèce s'affaiblir et un grand nombre de territoires mités par des conflits ethno-culturels (Kosovo, Macédoine, Bulgarie, Bosnie Herzégovine) c'est une nouvelle fois dans le sud-est de l'Europe, puis dans les Balkans, que les rapports de force vont se nouer. Les récents accords entre la Russie et la Turquie ne sont pas rassurants. En effet la Russie ne peut plus apparaître comme le rempart « chrétien » face à la Turquie pour la Grèce puisque les intérêts gaziers ont très largement pris le pas sur toutes considérations culturelles.

    Lâcher totalement la Grèce serait un crime, une porte ouverte pour nos adversaires du moment, ce qui explique que les BRICS, des Turcs et Obama à se presser au chevet de Tsipras. Cette crise grecque doit permettre de reconstruire l'Europe sur un principe concentrique. La Grèce est une marge, mais doit demeurer une marge intégrée.

    Jean / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Le piège de « Flamby » par Georges FELTIN-TRACOL

    Dans le n° 397 de l’excellente lettre confidentielle Faits et Documents, Emmanuel Ratier rapporte des rumeurs, infondées ou non, colportées par quelques grands titres de la presse officielle.  Notre « Flamby » hexagonal aurait l’intention en 2016 de réformer le mode de scrutin des élections législatives.

    L’émergence d’une tripolarisation partisane durable (P.S., Les Républicains ex-U.M.P. et F.N.) (1), une abstention massive désormais structurelle et la très grande volatilité de l’électorat qui, d’une élection à l’autre, choisit des candidats d’étiquettes différentes qui bouleversent les subtiles équilibres institutionnels au point que les résultats ne reflètent plus la réalité politique.

    En s’appuyant sur un article paru dans Le Monde du 21 mai 2015, Emmanuel Ratier envisage une manœuvre très mitterrandienne de l’actuel Président. En 1985, François Mitterrand imposait le mode de scrutin proportionnel par liste départementale avec un seuil minimal de 5 % afin de freiner l’effondrement du P.S. comme ce sera le cas lors des législatives de 1993 (57 sièges !). Hollande l’appliquerait en la jumelant avec une mesure populaire : la réduction du nombre de députés de 577 à 400. Pour éviter toute polémique supplémentaire, la réforme supprimerait les actuelles circonscriptions redessinées avant 2012. Le scrutin se déroulerait dans le cadre des nouvelles régions qui deviendraient ainsi légitimes aux yeux de l’opinion. Elle imposerait aussi une parfaite parité hommes – femmes, ce qui freinerait la constitution de listes alternatives (P.D.F. de Carl Lang, M.E.I. d’Antoine Waechter, Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou…) qui, faute d’un nombre suffisant de militants, ne peuvent se plier à cette contrainte supplémentaire et aberrante. La parité nuit au nécessaire renouvellement politique.

    2016 étant une année sans échéances électorales prévues, ce projet serait soumis à un référendum. Mais, « astuce suprême (car il y a évidemment un piège), François Hollande, en disciple de François Mitterrand, écrit Emmanuel Ratier, couplerait ce référendum avec d’autres questions, comme le vote des immigrés étrangers aux élections locales (2) ». Après le « mariage pour tous » (mais pas encore à tout âge… – les sociétalistes demeurent d’incurables féministes), ce serait le « vote pour tous » avec le secret espoir de sauver des prochains désastres électoraux les ultimes vestiges du sociétalisme gendériste et financialiste agonisant… En outre, l’unique réponse à ces deux réformes en soi aisément séparables « créerait, toujours selon Emmanuel Ratier, un dilemme pour les électeurs F.N. : accepter le seul scrutin qui leur soit favorable tout en acceptant le vote des étrangers (3) ». Il y a peu, le 7 juin 2015, les électeurs luxembourgeois ont massivement rejeté (78,02 %) le droit de vote des étrangers à la surprise de la coalition gouvernementale libérale – verte – P.S. et des médiats (4).

    Sur ce sujet délicat, soyons explicites, quitte à mécontenter les « nationaux-républicains » hexagonaux. En tant qu’Européen de langue française, accorder aux autres Européens de racines albo-boréennes le droit de vote et l’éligibilité à toutes les élections, y compris nationales et pas seulement locales, n’est pas scandaleux. On a bien un Premier ministre d’origine ibérique (c’est sa politique qui est lamentable) et l’histoire de France se souvient du rôle majeur joué au milieu du XVIIe siècle par deux étrangers : la reine-régente Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, et son principal ministre, le cardinal italien Jules Mazarin, et au XVIIIe siècle par le Maréchal de Saxe. 

    Quant à la proportionnelle, est-elle vraiment la panacée ? Sans l’application du vote préférentiel, voire du panachage, la composition des candidatures repose sur les seuls états-majors politiciens. Les plus serviles peuvent espérer une lucrative place éligible s’ils savent bien courber la tête tandis que les meilleurs éléments intellectuels et militants seraient relégués en position inéligible.

    Par ailleurs, le rétablissement du scrutin proportionnel pourrait in fine entraver légalement le gouvernement de la France par des forces populistes. Proposons une hypothèse quelque peu osée. Un accident politique (comme il existe des accidents statistiques) porte à l’Élysée le candidat (la candidate ?) populiste. La logique institutionnelle de la Ve République – renforcée par le quinquennat – lui donnerait, le cas échéant, une majorité à l’Assemblée nationale grâce au scrutin majoritaire uninominal à deux tours et aux inévitables ralliements entre le soir du premier tour de la présidentielle et la clôture des candidatures législatives. Longtemps desservi par ce mode de scrutin, le populisme obtiendrait ainsi une majorité réelle. Avec la proportionnelle, il lui serait plus difficile de réunir une majorité stable. Les oppositions s’entendraient facilement afin de déchoir le chef de l’État populiste en reproduisant dans le contexte français le récent exemple égyptien. La proportionnelle tant espérée deviendrait ainsi le tombeau des espérances populistes.

    Dans un ouvrage remarquable consacré aux écrits constitutionnels de Carl Schmitt et de René Capitant, Gwénaël Le Brazidec observe que les deux constitutionnalistes « s’accordent […] sur la nocivité de la représentation proportionnelle : certes ils reconnaissent qu’elle réduit les fortes distorsions entre le nombre de suffrages et le nombre de mandats et apparaît donc plus juste; mais, pour les deux juristes, elle permet l’emprise du parti sur les élus et substitue le régime des partis, qu’ils condamnent l’un comme l’autre, au régime parlementaire. Cependant, Capitant insiste essentiellement sur le fait que ce mode de scrutin est contraire au régime parlementaire car il vise non à donner naissance au pouvoir mais à représenter les opinions et les intérêts devant le pouvoir, caractéristique du régime parlementaire; de plus, il favorise l’éclatement de partis ce qui rend difficile la formation de majorités sinon par coalition et entente. Schmitt préfère souligner que la représentation proportionnelle rompt la relation personnelle entre l’électeur et le chef du parti au profit des appareils de parti. Leurs analyses sont donc en définitive complémentaires (5) ». En outre, « il serait inexact de tenir le système proportionnel pour plus démocratique que d’autres, ajoute Carl Schmitt. Les divisions qu’il introduit ne sont certes pas territoriales mais elles n’en traversent que plus fortement l’État entier (6) ».

    Que des formations populistes revendiquent le scrutin proportionnel témoignent d’un refus implicite à gouverner, plus soucieux de privilégier une fonction tribunicienne. « Les politiciens de partis n’ont aucun intérêt à exercer la direction politique, prévenait Carl Schmitt : ils veulent préserver leur parti des remous et ne peuvent pas à assumer le risque de l’activité politique qui reste toujours lié à une véritable direction (7). » Pour sa part, Gwénaël Le Brazidec précise que « le mode de scrutin proportionnel tend à réduire jusqu’à la crainte de la dissolution chez les chefs de partis. Elle a pour conséquence d’absorber une grande partie des fluctuations électorales que le scrutin majoritaire, au contraire, amplifie (8) ».

    Par conséquent, en dépit de ses nombreux défauts, le scrutin majoritaire est un pis-aller honorable. Il importe néanmoins qu’il soit à un seul tour (comme le réclamaient les gaullistes Michel Debré et Philippe Seguin). Aux élections départementales de mars 2015, au soir du premier tour, le F.N. se trouvait en tête dans près de 322 cantons (au lieu de 62) ! L’idéal serait en fait le tirage au sort des candidats et le recours généralisé à tous les niveaux du référendum de choix non lié à un simple oui ou non. En attendant ces conditions propices, si cette éventuelle manœuvre politique se concrétisait, la réforme politicienne de « Flamby » ne peut qu’inciter au non.

    Georges Feltin-Tracol 

    Notes 

    1 : Le terme de « tripolarisation » paraît plus approprié pour désigner la situation actuelle du paysage politique français que le mot historiquement daté de « tripartisme » qui concernait la coopération gouvernementale entre 1945 et 1947 des socialistes, des communistes et des démocrates-chrétiens du M.R.P. (Mouvement républicain populaire).

    2 : Emmanuel Ratier, Faits et Documents, n° 397, 1er – 15 juin 2015, p. 3.

    3 : Idem.

    4 : Ce référendum portait sur trois questions (droit de vote des étrangers à toutes les élections, droit de vote à partir de 16 ans et limitation à dix ans du mandat ministériel). Les trois réponses furent négatives. Cette réaction signifierait-elle le réveil des Luxembourgeois tel que le prévoyaient Joseph Joly et Vincent Lefebvre, Luxembourg. La dynastie prisonnière (Éditions de l’Aspirant, 2014) ?

    5 : Gwénaël Le Brazidec, René Capitant, Carl Schmitt : crise et réforme du parlementarisme. De Weimar à la Cinquième République, L’Harmattan, coll. « Logiques juridiques », 1998, pp. 100 – 101.

    6 : Carl Schmitt, Théorie de la Constitution, P.U.F., coll. « Quadrige – Grands Textes », 2008, p. 378.

    7 : Carl Schmitt, op. cit., p. 497. 

    8 : Gwénaël Le Brazidec, op. cit., p. 141.

    http://www.europemaxima.com/

  • Laurent Wauquiez courtise-t-il le milieu LGBT ?

    Oui, selon Le Point, qui consacre un papier à Emmanuel Goldstein, connu pour son entregent et ses soirées parmi les plus prisées du tout-Paris friendly. Deux fois par an, ce banquier énarque reçoit dans son duplex du Marais.

    "C'est ainsi que ses soirées d'anniversaire, dites Goldies, sont devenues un cercle d'influence du Tout-Gay Paris et du Tout-Paris".

    Parmi tous ces successful people, Laurent Wauquiez, numéro 3 des Républicains et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, dépeint comme un ambitieux, opportuniste, capable des pires trahisons pourvu qu'elles servent sa carrière. Et de citer le journaliste Frédéric Martel :

    "Un jour, j'ai tweeté qu'il était passé, il en a été très mécontent.Sans doute n'était-il pas opportun qu'on sache qu'un anti-mariage pour tous courtise le milieu gay...".

    Michel Janva

  • "Sarkozy s'est fait élire sur la promesse de passer le Karcher. Il n'a même pas branché le tuyau"

    Thierry Mariani, co-fondateur de la Droite populaire, n'entend pas apporter automatiquement son soutien pour 2016 à Nicolas Sarkozy :

    "Il ne faudrait pas que notre candidat se presse de faire une campagne de second tour et cherche à convaincre les centristes et les déçus du socialisme."

    L'accord UDI/Les Républicains n'est pas une bonne chose. Il va dresser une liste de points non négociables et décidera ou pas de se lancer dans la primaire républicaine. 

    Mi-juin, Thierry Mariani avait refusé le poste de délégué national aux Français de l'étranger que lui offrait Sarkozy.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Pourquoi Sarkozy est loin d'avoir gagné la primaire

    Nicolas Sarkozy semble plus déterminé que jamais à retrouver l'Elysée en 2017. Alexandre Vatimbella analyse les raisons qui pourraient empêcher son élection.

    Il y a le feu dans la maison Sarkozy.

    Au fil des sondages, les Français continuent de dire très majoritairement qu'ils ne veulent pas d'un retour à l'Elysée de l'ancien Président de la République.

    Cette fois-ci, dans le dernier baromètre Opinionway pour Metronews et LCI (*), il est à 30% d'opinion favorable non seulement loin derrière ses principaux rivaux de LR (Les républicains), Alain Juppé (58%) et Bruno Le Maire (46%), mais, surtout, derrière Marine Le Pen (31%).

    Pourquoi ne parvient-il pas à décoller? Est-ce une tendance de long terme qui empêchera son retour à l'Elysée ? 

    Voilà en tout cas quatre raisons qui poussent les Français à se détourner de sa candidature :

    1) Il est un président sortant battu qui veut faire du neuf mais pourquoi alors ne pas voter pour une nouvelle tête ?

    Nicolas Sarkozy se présente comme quelqu'un qui va tout changer.

    Oui, mais voilà, il a été président de la république pendant cinq ans, auparavant ministre de Jacques Chirac et donc coresponsable dans l'opinion publique de toutes les politiques de 1995 à 2012.

    En outre, la situation de la France pendant son quinquennat n'inspire pas une puissante nostalgie qui le ferait regretter de ses compatriotes.

    De plus, il a connu un échec retentissant face à François Hollande, un outsider que personne ne pensait voir à l'Elysée mais qui a battu un homme que beaucoup ne voulait plus y voir.

    Enfin, les Français, dans toutes les enquêtes d'opinion, semblent plus enclins à vouloir une nouvelle tête comme président ce qui explique les bons scores de personnalités comme Bruno Le Maire à droite, Manuel Valls à gauche et Marine Le Pen à l'extrême-droite.

    Ou une personnalité vue comme consensuelle et posée comme Alain Juppé, image que Nicolas Sarkozy ne pourra jamais acquérir.

    2) Il veut concurrencer Marine Le Pen mais pourquoi prendre un clone quand on peut voter pour l'originale ?

    Nicolas Sarkozy martèle incessamment que sa principale rivale est Marine Le Pen et qu'il va, comme en 2007 avec son père, la battre sans problème et à plate couture.

    Pour cela, il a adopté une posture très à droite qui lui avait réussi lors de sa victoire à la présidentielle où il avait enfoncé Jean-Marie Le Pen, le finaliste de 2002.

    Cependant, cette stratégie ne semble pas donner les résultats escomptés pour l'instant.

    Beaucoup d'électeurs du FN ne sont plus dupes de ce racolage quand d'autres, venant directement de la gauche, n'ont jamais eu aucune envie de voter pour lui de toute façon.

    Enfin, pourquoi voudraient-ils voter pour un clone de leur égérie alors que celle-ci a le vent en poupe et qu'elle a réussi à «dédiaboliser» son parti dans les médias ?

    3) Il veut s'allier avec les centristes qu'il n'aime pas mais pourquoi ne pas voter pour Juppé qui est adoubé par ceux-ci

    Même si Nicolas Sarkozy a réussi à faire un accord avec les centristes de l'UDI pour les régionales et qu'il s'est déjà mis dans la poche plusieurs dirigeants du parti de centre-droit pour la présidentielle, les électeurs et les sympathisants centristes ne souhaitent pas, à une majorité écrasante, qu'il soit le candidat unique de l'opposition.

    Il lui préfère nettement Alain Juppé, voire même Bruno Le Maire ou François Fillon.

    Ceux-ci ont une image de modérés que Nicolas Sarkozy n'aura jamais.

    De même, Alain Juppé séduit jusque dans les rangs des électeurs du PS, une prouesse qui semble inatteignable pour l'ancien Président de la République.

    Enfin, les Français semblent plus enclins à choisir un vrai modéré qu'un radical qui se fait passer pour modéré pour nouer des alliances.

    4) Il veut garder une image gaulliste mais pourquoi ne pas préférer Bruno Le Maire dont le discours est plus convaincant dans ce domaine ?

    En zigzaguant en matière de politique étrangère au cours de son mandat et depuis, Nicolas Sarkozy a brouillé son image pour tout ceux qui demeurent des gaullistes dans l'âme, ceux qui continuent à défendre la vision du monde du général ainsi que sa lutte pour la grandeur retrouvée du pays pour lui demeurer fidèle.

    De par ses prises de position Bruno Le Maire a réussi à capter cet héritage (en se présentant aussi comme le continuateur en ce domaine de Villepin et de son discours aux Nations Unies contre l'intervention américaine en Irak) et il sera difficile à Nicolas Sarkozy d'aller le déloger.

    Néanmoins, Nicolas Sarkozy garde encore une carte dans sa main. Comme le montre le baromètre Opinionway, il demeure populaire auprès des sympathisants de LR (avec 66% d'opinions favorables derrière Le Maire à 77% et Juppé à 75% mais devant Fillon à 64%) et, évidemment et surtout, auprès des militants du parti.

    Cela pourrait lui suffire pour être désigné candidat de l'opposition, de pouvoir battre au premier tour Hollande (ainsi que Bayrou) et Marie Le Pen au deuxième tour.

    Voilà sans doute pourquoi il peut afficher une certaine assurance car une présidentielle est tout autant le choix d'une personnalité que le rejet des autres…

    Alexandre Vatimbella

    notes

    Alexandre Vatimbella est un journaliste français. Il est, depuis 2008, directeur de la rédaction de l'agence de presse LesNouveauxMondes.org, qui est spécialisée sur les pays émergents et la mondialisation. Il est également le directeur du Crec (Centre d'étude & de recherche du centrisme), un centre indépendant sur la pensée politique centriste, avec le site Le Centrisme. 

    (*) Sondage réalisé du 3 au 7 juillet auprès d'un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFyulpEZpZEidpaHD.shtml

  • Taisez-vous, Nicolas Sarkozy !

    De quelle légitimité morale Nicolas Sarkozy peut-il se prévaloir pour faire la leçon à Aléxis Tsípras ?

    Il y a une prétendue vérité qu’on répète partout, ici dans la rubrique commentaires, au journal télévisé et dans les couloirs de l’Assemblée nationale, et que je ne supporte plus parce qu’il s’agit d’un mensonge éhonté. Je veux parler de cette affirmation selon laquelle l’Europe a aidé la Grèce à hauteur de X ou Y centaines de milliards d’euros et que, maintenant, elle doit rembourser. La vérité est qu’en dehors des rétributions prévues par les traités sur les fonds structurels, l’Europe n’a jamais aidé la Grèce, jamais. D’emblée, mettons les choses au clair : si, demain, vous croisez un mendiant et vous lui donnez une pièce de cinq euros, vous l’aidez ; si vous lui dites que vous repasserez le lendemain et qu’il devra vous la rendre avec en sus quelques centimes d’intérêt, non seulement vous ne l’aidez pas, mais je gage qu’il vous enverra vous faire voir chez qui vous savez.

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  • La stratégie d'union des électeurs de droite

    De Jean Rouxel dans Les 4 Vérités à propos des élections régionales :

    "Tant que l’on n’aura pas vu le FN en position de gouverner de grosses collectivités locales, on ne pourra pas dire s’il saurait diriger la France. Pour le moment, l’expérience des gestions municipales est plutôt satisfaisante, mais il faut passer à l’étape suivante.

    C’est pour cela que, sans être toujours d’accord avec Marine Le Pen, j’espère qu’elle gagnera la région Nord Pas de Calais Picardie. C’est pour cela qu’étant souvent d’accord avec Marion Maréchal, j’espère qu’elle gagnera la région PACA. Cette dernière région pourrait aussi être un laboratoire d’une stratégie d’union des droites, qui changerait profondément la donne politique. En effet, en PACA, les électeurs et les élus UMP sont aussi à droite que les électeurs et élus FN et les frontières sont poreuses. La tête de liste FN dans les Alpes Maritimes sera d’ailleurs Olivier Bettati, un conseiller municipal de Nice, divers droite, qui appartint naguère à la majorité de Christian Estrosi. Il semble que ces alliances se fassent sur un programme clairement de droite, au plan identitaire, au plan des valeurs, et au plan économique.

    À mon sens, c’est la seule stratégie qui puisse permettre au FN de franchir le fameux plafond de verre, en permettant le report des voix de l’UMP vers un candidat FN pour battre la gauche.Nous n’y sommes pas encore, mais Marion Maréchal marche dans la bonne direction. Et, si elle gagne, cette stratégie a toutes les chances d’être généralisée. Nous pourrons alors peut-être en finir enfin avec le socialisme..."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Doit-on attendre un homme providentiel ?

    Jean-Michel Vernochet et Valérie Bugault échangent leurs points de vues sur la situation de la France. Faut-il attendre un « personnage providentiel » ? Ils conviennent qu’on ne doit pas attendre ce meneur exceptionnel, mais qu’il faut d’urgence rassembler les volontés dans une sorte de « shadow cabinet ». L’appel est lancé aux compétences !

    http://www.medias-presse.info/doit-on-attendre-un-homme-providentiel/34807