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international - Page 717

  • CETA: les mondialistes pris la main dans le sac

    «VRP du libre échange», le commissaire européen au Commerce, la suédoise Cecilia Malmström,  a averti: «Le monde nous regarde». C’est aujourd’hui, en sa présence, qu’une majorité de députés du Parlement européen s’est prononcée en faveur de l’adoption du traité de libre échange entre l’UE et le Canada, le fameux CETA(Comprehensive Economic and Trade Agreement), dont la négociation a été cédée à l’Union européenne, quoi qu’il en dise, par François Hollande, simple gouverneur de province sous tutelle bruxelloise. Un traité qui devra cependant être ratifié par la totalité des Parlements des pays membres de l’UE, ce qui repousse fortement dans le temps son application provisoire, prévue au mois d’avril. Une approbation qui était acquise, les formations de la gauche et de la droite antinationales, européistes étant majoritaires comme chacun le sait au Parlement européen. Le CETA a donc été voté par  408 élus dits conservateurs, socialistes, libéraux, réformistes, sociaux-démocrates - c’est-à-dire par les  députés Français euro-fillonistes et socialo-macronistes.  254 parlementaires dont ceux du FN  s’y sont opposés, 33 se sont abstenus .

    Ce CETA a été d’ores et déjà approuvé le 24 janvier par une large majorité de députés libéraux et socialo-européistes siégeant dans la Commission commerce international du  Parlement européen. A contrario, la Commission de l’emploi et des affaires sociales du PE où, certes , les élus libéraux  et  centristes-fédéralistes (PPE et ALDE) sont minoritaires, a voté  une motion encourageant le Parlement à rejeter l’accord. Outre Marine Le Pen, l’ensemble des autres candidats à la présidentielle française, à l’exception d’Emmanuel Macron qui y est clairement favorable et de François Fillon à la position sciemment nébuleuse, y sont opposés.

    Derrière « l’harmonisation des normes sanitaires et environnementales », l’ouverture promise à nos entreprises de « débouchés » vers l’immense Canada à nos entreprises, toutes choses vantées par les propagandistes de cet accord, la réalité est bien différente. Les écologistes par exemple notent très justement que si le CETA prévoit l’arrêt par étapes des subventions accordées en faveur des énergies fossiles…ledit arrêt n’a aucun caractère exécutoire et contraignant sur le plan légal.

    En revanche  Marine, qui a déposé une proposition de résolution contre l’adoption du CETA la semaine dernière, Bruno Gollnisch, les députés européens FN l’ont dit avec force, le CETA se traduira en fait par une destruction de nos emplois. Cet accord éradique officiellement 99% des droits de douane entre le Canada et l’UE, supprime les contingents, protège très mal nos AOC, favorise les éleveurs canadiens utilisant hormones et activateurs de croissance qui ont des coûts de revient plus avantageux que les nôtres. Quant à certains de nos services publics, ils seront tenus de fonctionner dans une logique purement marchande, au détriment de leur mission en faveur de tous les Français; les multinationales pourront attaquer les Etats devant des tribunaux d’arbitrage, nous assisterons à l’avènement d’une justice privée d’exception qui s’imposera à notre droit national.

    Bien sûr,  le socialiste Martin Schulz, qui a quitté son poste de président du Parlement européen pour  se lancer en Allemagne dans la joute électorale, espérant succéder la chancelière Angela Merkel, est un soutien fanatique du CETA,  comme le président du Conseil européen,  Donald Tusk.  « S’il y a bien une erreur que nous pourrions commettre aujourd’hui, c’est de rejeter le CETA » déclarait M Schulz en octobre dernier: « Le gouvernement suédois (gauche, soutenu par les Verts), le gouvernement deLisbonne (soutenu par la gauche et le parti communiste), le gouvernement italien, la France, l’Autriche, la Slovaquie, la République tchèque. Tous les partis socialistes sont pour. Ce sont les dirigeants socialistes d’Europe, nous sommes en faveur du CETA. C’est un nouveau type d’accord commercial, qui introduit des droits sociaux de base dans nos relations commerciales » affirme-t-il.

    Persécuteur en chef du FN au Parlement européen, à l’origine des attaques judiciaires  et des accusations contre les  députés frontistes, nous avons appris ces dernières heures, via   les révélations du Sunday Times et de Der Spiegel,  que Martin Schulz  « aurait fréquemment utilisé un jet privé coûtant 20 000 euros de l’heure, pour voyager entre Bruxelles, Strasbourg et Berlin. Or, son lieu de travail n’est limité qu’à la capitale belge.  L’ancien président du Parlement aurait aussi demandé à ses assistants de se livrer à des tâches non comprises dans leurs prérogatives. Ainsi, l’un d’eux aurait démissionné après s’être vu demander à plusieurs reprises… de repasser les pantalons de Martin Schulz.»

    «Sont aussi évoquées des pratiques de clientélisme : des alliés de Schulz auraient été nommés à des postes grassement payés au sein de l’administration du Parlement, sans passer par les procédures régulières de recrutement. En outre, les personnes nommées n’auraient, dans de nombreux cas, pas disposé des qualifications requises pour ses postes. En réaction à ces révélations, Ingeborg Grässle, qui dirige le puissant comité de contrôle budgétaire des fonds de l’Union européenne, a déclaré que l’ancien président du Parlement avait créé un système stalinien de clientélisme et qu’il était nécessaire d’ouvrir une enquête. Schulz a outrepassé les règles sans gêne pour satisfaire son ambition politique. J’espère que ces révélations feront l’objet d’une enquête, a-t-elle déclaré. » Si c’est Mme Grässle qui le dit!

    https://gollnisch.com/2017/02/15/ceta-mondialistes-pris-main-sac/

  • Thierry Meyssan décrypte l'actualité internationale (Syrie / Trump/Poutine..) - Meta TV 3/3

  • Thierry Meyssan décrypte l'actualité internationale (Syrie / Trump/Poutine..) - Meta TV 2/3

  • Thierry Meyssan décrypte l'actualité internationale (Syrie / Trump/Poutine..) - Meta TV 1/3

  • Strasbourg : capitale européenne des Kurdes - Journal du Mardi 14 Février 2017

  • C’est un scandale : Trump tient ses promesses !

    Soutien d’Emmanuel Macron après avoir  été celui d’Alain Juppé, Alain Minc présentait le Brexit comme « la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués ». Invité en janvier sur le site du journal Les Echos, cette figure du Système expliquait pareillement en janvier que « Les Etats-Unis d’aujourd’hui ne sont pas les Etats-Unis dont nous avons rêvé et qui nous ont sauvé », fustigeait les tenants des frontières et du protectionnisme et vantait « la mondialisation heureuse » ; « d’abord celle des centaines de millions de gens, Chinois, désormais Indiens, des pays du monde en développement, qui sont sortis de la pauvreté et qui ont fabriqué une immense classe moyenne. La mondialisation heureuse, elle relève aussi chez nous de la schizophrénie, c’est-à-dire que l’ouvrier légitimement angoissé pour son job est le même qui, le samedi après-midi, va faire ses courses chez Carrefour, et qui est un bénéficiaire de la mondialisation ».

    Outre que notre personnel politique est a priori mandaté pour assurer la prospérité des Français avant  celles de Chinois ou des Indiens, M. Minc apparaît bien déconnecté du réel. Sans même parler de la flambée des prix consécutive au passage à l’euro, ouvriers et employés qui appartiennent aux catégories salariales les plus nombreuses ont un salaire moyen inférieur à 15 000 euros net par an. Alors non, M. Minc, les Français les plus modestes, pour ne rien dire des six millions de chômeurs et des huit millions de pauvres, ne bénissent pas la mondialisation heureuse quand ils doivent remplir leur caddy.

    Le procès fait aux contempteurs du laisser-faire laisser-passer  intégral est bien évidemment quasi généralisé dans les gros médias, les mêmes qui fustigent le programme « irréaliste », dangereux », « inconséquent » de Marine… Qualificatifs qui sont aussi utilisés pour dénoncer les premières mesures prises par Donald Trump aux Etats-Unis, notamment sa volonté de mieux réguler les flux migratoires en provenance de pays à risques. Une décision qui n’a rien d’aberrante rappelait dernièrement Bruno Gollnisch  et  approuvée  selon un récent sondage par 57 % des électeurs américains. L’enquête réalisée par le  cercle de réflexion britannique Royal Institute of International Affairs, auprès de 10 000 Européens,  sur la pertinence d’une mesure similaire, à savoir la suspension de l’immigration en provenance de pays musulmans, confirme également les inquiétudes au sein de l’UE. 41% des Espagnols, 47% des Britanniques, 53% des Allemands,  61% des Français, 64% des Belges et des Hongrois, 65% des Autrichiens et 71% des Polonais y seraient  ainsi favorables.  

    Le problème de l’immigration n’est pas réductible à la question du fondamentalisme islamique en Europe comme aux Etats-Unis. Le nouveau président américain est aussi violemment attaqué par ses opposants pour son souhait d’expulser les clandestins, notamment les criminels en provenance des pays d’Amérique centrale et  de  bâtir un mur le long de la frontière avec un pays très majoritairement chrétien comme le Mexique.

    M. Trump a signé le 25 janvier un décret actant le projet de construction de ce mur qu’il entend faire financer par le Mexique et idéalement par les cartels. Mexique qui est en proie à une violence assez terrifiante et qui exporte aussi  vers son voisin nord-américain sa drogue et ses racailles. Plusieurs milliers de mexicains se sont rassemblés hier pour protester contre ce projet de frontière (plus) étanche. Il est cependant  loisible de comprendre cette inquiétude des Américains quand on sait qu’un tiers du territoire mexicain est contrôlé par les cartels mafieux disposant de 100 000 membres armés. Une guerre à la drogue et entre narco-trafiquants qui selon diverses estimations à fait entre 50 000 et 100 000 morts sous le seule présidence de Felipe Calderón entre  fin 2006 et juin 2012.

    Alors ce projet de mur n’est certainement pas la seule réponse efficace pour protéger les Etats-Unis de la violence, de l’immigration clandestine et des trafics, mais ledit projet n’est pas une surprise en ce sens qu’il  avait été clairement  annoncé par le candidat Trump. Et surtout comment contester le droit à un pays de se doter d’une frontière jouant son rôle, c’est-à-dire de filtre entre ce que l’on accepte de faire entrer sur son territoire et ce qui n’est pas admissible ?

    https://gollnisch.com/2017/02/13/cest-scandale-trump-tient-promesses/

  • Du Trump bashing à la Réalité ! & si les Démocrates creusaient là leur propre tombe ? [1]

    Un à un, les Commissions sénatoriales valident les hommes & femmes choisis par le 45ème président des États-Unis, Donald J. Trump. Foulant aux pieds tous les usages de la Grande république étudiée par Tocqueville, les Démocrates multiplient les obstacles, alors que Intel, sentant le vent qui balaye l’America First lui chatouiller les oreilles, vient d’annoncer 7 Md$US d’investissements aux USA. À ce petit jeu du mauvais perdant, c’est à se demande si le parti des Clinton, Obama & Sanders n’est pas en train de creuser de ses propres mains sa tombe politique. 1ère Partie.

    « Les Démocrates ne représentent plus l’opposition mais l’obstruction. Ils vont bloquer le Sénat pendant 24 heures pour retarder la nomination de la Ministre de l’Éducation choisie par Trump. Ils auront été de bout en bout, non seulement de mauvais perdants, mais aussi des obstrucitonnistes qui ne veulent pas laisser le président actuel gouverner quitte à faire du mal au pays. Quelle différence avec les Républicains qui avaient voté pour la nomination de tous les Ministres d’Obama même les plus radicaux, pour jouer leur rôle, qui est celui prôné par la Constitution, « d’opposition loyale » ! Ils auront montré le véritable côté fascisant de la gauche pathétique dans toute sa splendeur ! »
    Eber Addad.

    Comment analysez-vous le fait que les Démocrates s’offusquent de la présence d’anciens de la Finance, et notamment de Goldman Sachs, dans l’équipe de Trump ! ?

    Jacques Borde. (Éclat de rire). Ça leur va bien ! Vous me rappelez le nom du bonhomme nommé par William J. Clinton au poste de US Secretary of the Treasury de 1995 à 1998 ? Robert Edward Bob Rubin. Cet ancien de… Goldman Sachs se retrouvera à la tête du Council on Foreign Relations (CFR). Depuis, ses (nombreux) détracteurs l’accusent de porter une responsabilité écrasante dans la quasi-faillite de la banque Citigroup. Un homme honorable, comme disait Marc-Antoine à propos des assassins de César, probablement…

    Pour vous la plupart des allégation formulées contre Trump sont des médiamensonges, c’est cela ?

    Jacques Borde. Oui. Et je vais vous donner un exemple.

    Selon un rapport – sorti d’où ne sait où, dont personnage ne connaît pas l’origine et dont le contenu n’a pas été vérifié mais qui, en revanche, a été communiqué par les Renseignements US, à la fois à Donald J. Trump et Barack H. Obama – l’avocat de Donald Trump, Me. Michael Cohen, aurait (sic) rencontré un envoyé de l’administration Poutine à Prague à la fin de l’été 2016. Toujours selon ce rapport, le Kremlin aurait alors « alimenté l’équipe de Trump de renseignements sur ses opposants, notamment la candidate démocrate à la présidentielle américaine Hillary Clinton ».

    Là où le bat blesse c’est que Michael Cohen n’est jamais allé de sa vie à Prague ! Ce qu’ont confirmé des informations (de presse, notamment) jamais contredites à ce jour.

    À Prague, le magazine Respekt admettra même n’avoir trouvé aucune trace du passage de Me. Cohen durant cette période. « Nous avons essayé de retrouver des preuves de sa venue depuis le mois de décembre. Mais rien, aucun élément. Il n’est en tout cas pas passé par l’aéroport », expliquait Ondrej Kundra, l’auteur de l’article.

    Et cette pluie d’accusations, même celles à connotation sexuelle, n’ont affecté ni Trump ni ses électeurs ?

    Jacques Borde. Non, le soufflé n’a tout simplement pas pris. Mais pourquoi cela aurait dû être le cas, lorsque même Leon E. Panetta, qui fut chef de cabinet de Bill Clinton(1994-1997), directeur de la CIA (2009-2013) puis US Secretary of Defense (2011-2013) dans l’administration Obama, faisait part de ses très sérieux doutes quant à la véracité des allégations en question ?

    Allégations, émanent, la plupart du temps de groupies d’HiLIARy R. Clinton qui n’ont jamais réussir à retenir l’attention d’une seule cour de justice.

    Vous parlez, là, de médiamensonge, mais comment cela se monte un médiamensonge ?

    Jacques Borde. Je vais vous faire une réponse d’historien, puisque je suis licencié de la chose (Sorbonne Paris IV). J’ai gardé en mémoire, ces paroles de Dumézil à propos de l’Histoire romaine de Tite-Live, dont il disait, en substance, qu’elle était « un mélange de faux, de faits et de fables ». En fait, le médiamensonge c’est un peu ça !

    Un exemple, cette ouverture d’un sujet sur la Syrie, par des confrères britanniques :

    « Bataille d’Alep : selon l’ONU, 82 civils ont été abattus sur place.Les forces pro-gouvernementales syriennes ont pénétré dans des maisons d’Alep-Est et ont tué ceux qui étaient à l’intérieur, y compris des femmes et des enfants, selon l’ONU. Le bureau des droits de l’Homme de l’ONU a affirmé avoir des preuves fiables que dans quatre zones 82 civils avaient été abattus à vue ».

    Fin de la citation. Qu’en est-il réellement ?

    1- il n’y a tout simplement pas de Bureau des droits de l’Homme de l’ONU. Existe bien en revanche un Bureau du Haut Commissaire des Nations-unies aux droits de l’Homme (HCDH). Son commissaire, SAR Zeid Ra’ad al-Hussein, est même parent du roi de Jordanie, Abdallâh II.

    2- le bureau qui n’existe pas n’a pas « dit » que « 82 civils avaient été abattus ». Il a simplement fait était « sources » qui ont « rapporté » que cela se serait (sic) produit.

    Voilà un extrait du texte du HCDH : « Selon de nombreuses sources, des dizaines de civils ont été abattus hier place al-Ahrar, dans le quartier d’Al-Kallaseh, ainsi qu’à Bustan al-Qasr, par les forces gouvernementales et leurs alliés, dont le groupe irakien al-Nujabaa ».

    Donc, en ne mentionnant pas le HCDH, qui pourrait démentir ou ne pas confirmer, mais un bureau plus virtuel que réel, les auteurs de la brève ne prennent pas de risque. Concrètement, par ce biais, c’est l’ONU elle- même qui devient l’origine de l’information (sic) et non des sources peu ou pas identifiables !

    À propos de déontologie, justement, que pensez-vous du débat qui a opposé la direction du FBI au camp républicain, au sujet des e-mails de Mme. Clinton ?

    Jacques Borde. C’est assez étrange, en fait. Par ses propos – Cf. « Nous avons revu toutes les communications qui venaient d’Hillary Clinton ou lui avaient été envoyées lorsqu’elle était Secrétaire d’état, et après cet examen, nous n’avons pas changé nos conclusions annoncées en juillet concernant Mme. Clinton » – le alors encore directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), James B. Comey, espérait visiblement faire glisser le dossier des Junk mails de Clinton sous le tapis du salon. Dans le genre : « on a regardé, mais y a rien, chef » !

    Tout le problème est que Comey est bien le seul à croire ce qu’il disait ! Et, au-delà, le tout sera de savoir combien de temps le muret qu’il a dressé autour du clan Clinton tiendra avec la nouvelle administration.

    Le FBI pourrait donc encore changer d’avis…

    Jacques Borde. Le FBI obéira aux ordres, c’est aussi simple que ça ! Et le dossier de ce pauvre Comey fait peine à voir ! Le Bureau [le FBI] est un machine plutôt lourde à mettre en branle et, ensuite, à manœuvrer. Là, engoncé dans le corset électoral, James B. Comey avait annoncé que tout avait été tiré au clair en à peine plus d’une semaine ! Un peu court jeune homme, avait-on envie de lui dire en plagiant Edmond Rostand1. Car, oui : l’affaire a plus d’ampleur qu’il n’y paraît.

    C’est d’ailleurs ce que nous avait affirmé, à sa manière Donald J. Trump candidat qui, estimant que l’affaire du serveur privé d’Hillary R. Clinton est le « pire scandale politique » américain depuis le Watergate, s’étonnait : « On ne peut pas analyser 650.000 courriels en huit jours. Ce n’est pas possible. Hillary Clinton est coupable. Elle le sait, le FBI le sait et le peuple le sait, il est donc temps de rétablir la justice en se rendant aux urnes le 8 novembre ».

    C’est désormais chose faite !

    Quid de James Comey lui-même ?

    Jacques Borde. Peu de choses à en dire. Sauf ceci : la seule chose qui semble finie, à court terme, c’est la carrière de James B. Comey à la tête du Bureau ! Aucune des deux possibles administration n’avait l’intention de le maintenir à son poste, de toute façon. Il en a soit trop fait ou pas assez. Dans les deux cas c’est un Lame duck2.

    À ce sujet, on notera l’avis de l’ancien Speaker de la House of Representatives, Newt L. Gingrich, qui soulignait à l’époque des faits que « Comey doit subir une pression politique énorme pour flancher comme cela ». On ne garde un type comme ça à un tel poste.

    Notes

    1 La tirade du nez, Cyrano de Bergerac, « Ah ! Non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… Bien des choses en somme. En variant le ton, -par exemple, tenez : Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez Il faudrait sur-le-champ que je l’amputasse ! »Descriptif : « C’est un roc!… C’est un pic !… C’est un cap !…Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » » ; Etc.
    2 Littéralement canard boiteux, désigne, dans le monde anglo-saxon, un personnage public dont le mandat arrive à terme, d’une manière ou d’une autre.

    http://www.voxnr.com/8076/du-trump-bashing-a-la-realite-si-les-democrates-creusaient-la-leur-propre-tombe-1

  • Du Trump bashing à la Réalité ! & si les Démocrates creusaient là leur propre tombe ? [2]

    Un à un, les Commissions sénatoriales valident les hommes & femmes choisis par le 45ème président des États-Unis, Donald J. Trump. Foulant aux pieds tous les usages de la Grande république étudiée par Tocqueville, les Démocrates multiplient les obstacles, alors que Intel, sentant le vent qui balaye l’America First lui chatouiller les oreilles, vient d’annoncer 7 Md$US d’investissements aux USA. À ce petit jeu du mauvais perdant, c’est à se demande si le parti des Clinton, Obama & Sanders n’est pas en train de creuser de ses propres mains sa tombe politique. 2ème Partie.

    « Il est de tradition de ne prendre aucune décision stratégique la dernière année d’un deuxième mandat, encore moins le dernier et absolument rien la dernière semaine. On n’engage pas une politique qu’on ne ne peut plus suivre. Si le nouveau président a une stratégie différente il ne peut plus l’exercer. Il complique la tâche de son successeur à qui  il a ouvert plusieurs chantiers ces dernières semaines tant sur le plan intérieur qu’international. Jamais arrivé avant ».
    Eber Addad

    Les enquêtes autour des Clinton peuvent-elle redémarrer ?

    Jacques Borde. Oui, tout à fait. D’ailleurs, la directrice de la campagne présidentielle de Donald Trump, Kellyanne Conway, interrogée sur le sujet, n’avait pas exclu que Trump puisse, à un moment donné, désigner un procureur spécial pour enquêter sur le cloaca maxima des Clinton. Histoire de tirer ça au clair une fois pour toute.

    « Si je gagne, je vais donner l’ordre à mon ministre de la Justice de nommer un procureur spécial pour faire la lumière sur votre situation, parce qu’il n’y a jamais eu autant de mensonges, autant de choses cachées », avait d’ailleurs affirmé le candidat républicain lors du deuxième débat présidentiel.

    Le fera-t-il ? Est-ce même utile ? Ne suffit-il pas de laisser la machine judiciaire avancer motu proprio ? Les fameux « spectres d’Hillary » évoqués par Jacques Sapir lors de la campagne des présidentielles US.

    En tout cas, désormais le clan Clinton va devoir vivre avec une sacrée épée de Damoclès au-dessus de la tête. Juste retour des choses, car avec cette famille, les turpitudes, il y en a toujours une de plus qui vient s’ajouter aux précédentes, pavent leur vie politique…

    Et, à quoi pensez-vous au juste ?

    Jacques Borde. Oh, après la moiteur golfique, le frimas bernois, si je puis dire. C’est au tour du Schweiz am Sonntag de nous avoir rafraîchi lamémoire en rapportant comment la Direction du développement & de la coopération (DDC), soit l’organe du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) en charge de la coopération internationale, a versé en 2011 près de 500.000 francs suisse à la Fondation Clinton du temps, évidemment, où  Hillary R. Clinton était US Secretary of State.

    Or, toujours selon ce confrère suisse, Hillary R. Clinton était une partenaire des négociations autour différend fiscal opposant Suisse et États-Unis. Si tout ça ne relève pas du conflit d’intérêt, voir plus, cela y ressemble beaucoup. Un peu comme le débat qui agite Paris quant aux relations de François Fillon et le groupe AXA, même si comparaison n’est pas raison.

    Au-delà, je ne suis pas assez calé en droit pour vous dire comment les choses vont se passer. Mais comme l’avait écrit Jacques Sapir, « les spectres d’Hillary » existent bien et pourraient fort venir la hanter.

    Ces spectres, cela fait deux fois que vous les évoquez. Quels sont-ils au juste ?

    Jacques Borde. Ce, ou plutôt ceux dont nous avons déjà parlé :

    1- on pourrait tout à fait assister à « une procédure portant cette fois sur la Fondation Clinton sur la base du statut RICO, autrement dit le Racketeer Influenced & Corrupt Organizations Act un statut qui fut créé spécifiquement pour lutter contre le crime organisé »1. Les atermoiements de l’ex-directeur du FBI, James B. Comey, n’étant, en l’espèce, qu’un élément du dossier.

    2- Par ailleurs la machine judiciaire est déjà en marche sur d’autres affaires. Et sur ce point, la victoire de Trump ne fera probablement que permettre à la justice de passer plus vite. Jacques Sapir, s’interrogeant avant le 8 novembre 2016, avait noté qu’« Hillary Clinton devra répondre aux enquêteurs ou risquer une procédure, certes lourdes et très complexe, d’Impeachment . Elle sera donc nécessairement affaiblie durant au moins les deux premières années de sa présidence »2.

    Plus généralement, notait alors Jacques Sapir, « Si elle devait trébucher, et laisser la victoire à Donald Trump, elle ne le devrait qu’aux erreurs répétées qu’elle a commise depuis ces dernières semaines. Même si elle est élue, il se pourrait bien qu’elle se pose comme Lady Macbeth le question du sang, à la fois réel et métaphorique, qu’elle a sur les mains… »3. Fort heureusement le peuple américain en a décidé autrement.

    Laissons, sur ce point, le mort de la fin à Jacques Sapir qui conclut son propos en soulignant combien ce qui sortira de cette élection « …ne sera pas sans conséquences sur les relations internationales. L’émergence d’un polycentrisme mondial, ce que l’on appelle le  »monde multipolaire » est plus que jamais à l’ordre du jour »4.

    Donc pour vous c’est un manque de déontologie, à la fois judiciaire et médiatique ?

    Jacques Borde. Oui, criant même. Mais il y a d’autres manières de présenter les choses qui posent problème…

    Comment cela ?

    Jacques Borde. Comme lorsque le Figaro posait cette question, d’une lâcheté ahurissante, se savoir si « Après l’attentat de Berlin, faut-il interdire les marchés de Noël en France ? ». On reste sans voit devant cette veulerie ordinaire.

    Eber Addad, lui, soulignait à raison que « Supprimer ce qui est agressé, c’est ça que vous prônez au Figaro ? Se soumettre et se démettre, tout en même temps ! L’objectif des agresseurs et de terroriser pour détruire et faire abandonner ses valeurs à la société ! C’est ça que vous êtes prêts à accepter, bande de lâches et de traîtres ! Question ignoble et d’une révoltante lâcheté. Pourquoi ne pas proposer l’interdiction des camions aussi ? Déconcertants de conneries! ».

    Là encore, j’ai l’impression de remonter dans le temps. Munich et Daladier et son explication benoîte de l’infâme. Se coucher encore et toujours. on croirait lire Gringoire et quelques titres de ces temps de honte et de trahison !

    Autre élément : doit-on être si surpris que ça par un tueur infiltré ainsi dans la police turque ?

    Jacques Borde. Non, bien sûr. Ankara paye évidemment là l’ampleur de la pagaille causée par les purges incessantes de l’administration Erdoğan au sein de ses structures de force, comme disaient les Soviétiques. Entendez : la Défense, l’Intérieur, la Justice, etc. !

    Tout se paye un jour ou l’autre…

    Mais, là, l’Occident paye aussi pour ses décennies de laxisme, d’incompétence et de décadence. Y compris dans les rangs de police européennes et leurs supposément si efficaces groupes d’intervention dont le Bataclan et l’Hyper-Casher ne nous ont que trop montré les limites. Lisez à ce sujet ce qu’en a écrit Michel Goya.

    Vous n’êtes pas tendre ?

    Jacques Borde. Faut-il l’être ? À force de nous tresser des lauriers, nous avons régressé. Mais, surtout, c’est la gouvernance politique qui porte la responsabilité de ces choses. Comme dit le proverbe chinois : Le poisson pourrit toujours par la tête. Là nous approchons de la queue, j’en ai peur !

    Vous n’exagérez pas un peu ?

    Jacques Borde. Non, pas le moins. Un simple exemple :

    Tim Steffen, édile en charge de la Justice de Hambourg – membre des Grünen (Verts) – aurait retardé de plusieurs heures l’avis de recherche du terroriste tunisien de Berlin à diffuser sur les réseaux sociaux, handicapant la traque. Motif : ne pas déclencher le déchaînement de commentaires « haineux et racistes ».

    L’incompétence et la bassesse à de tels seuils, ça ne s’invente pas ! Les victimes apprécieront…

    Comme l’a souligné Slobodan Despot, dans un constat plus général, « La Russie intervient en Syrie à la demande du gouvernement légal. Les autres ingérences (USA, Turquie, OTAN) sont illégales. L’assassinat d’un ambassadeur américain ou turc lié à leurs opérations de flibuste n’en serait pas moins condamnable. Et je passe sur l’effarante disproportion entre les dégâts que peuvent commettre 70 avions russes depuis octobre 2015 en Syrie et ceux des armadas occidentales qui sévissent depuis les années 1990 au Moyen-Orient sans y avoir été invitées par personne. Mais l’essentiel est ailleurs. Nous connaissons, en particulier depuis la Bosnie ou l’affaire Merah-Squarcini, les relations très particulières entre les services spéciaux occidentaux et le milieu terroriste islamique. L’imprégnation de la police turque par les terroristes est-elle un avertissement pour d’autres pays ? ».

    Mais, ne rêvons pas : dans nos ploutocraties gangrenées jusqu’à l’os, ce ne sont pas les Munichois perfusés à l’or wahhabî qui vont remettre les choses à plats.

    Dernier exemple du merdier, excusez le terme mais, à ce stade, je n’en vois pas d’autre, Yves Chandelon, haut fonctionnaire de l’OTAN – rien de moins que l’auditeur général de l’OTAN – qui s’occupait des questions liées à la lutte contre le financement du terrorisme, a été retrouvé mort dans la ville d’Andenne en Belgique. Comme il l’avait évoqué à son entourage, il pensait avoir été suivi et avait reçu des appels « étranges ».

    Du coup, il se serait étrangement suicidé. Avec une arme ne lui appartenant pas, alors qu’il en possédait… quatre !

    L’enquête sur cette mort bien étrange est en cours. À savoir que la famille de Chandelon nie toute possibilité de suicide.

    Dans tout ce paysage de désolation géostratégique, seules deux administrations empruntent une voie plus assurée : la russe et l’étasunienne. La seconde suivie de près par le Royaume-Uni et l’Australie. Back to Basics !

    Notes

    1 Jacques Sapir.
    2 Jacques Sapir.
    3 Jacques Sapir.
    4 Jacques Sapir.

    RICO, DDC, OTAN, FBI, James B. Comey, Clinton

    http://www.voxnr.com/8078/du-trump-bashing-a-la-realite-si-les-democrates-creusaient-la-leur-propre-tombe-2

  • La meilleure armée de la planète ?

    Dans mon récent article, Les risques et les chances pour 2017, j’ai fait une déclaration qui a choqué de nombreux lecteurs. J’ai écrit :

    La Russie est maintenant le pays le plus puissant de la planète. [] l’Armée russe est probablement la plus puissante et la plus capable sur terre (bien qu’elle ne soit pas la plus grande) [] la Russie est le pays le plus puissant sur la terre pour deux raisons : elle rejette et dénonce ouvertement le système politique, économique et idéologique mondial, régnant dans le monde entier, que les États-Unis ont imposé à notre planète depuis la Seconde Guerre mondiale, et parce que Vladimir Poutine jouit d’un soutien solide comme le roc de quelques 80% de la population russe. La plus grande force de la Russie en 2017 est morale et politique ; c’est la force d’une civilisation qui refuse de jouer selon les règles que l’Occident a réussi à imposer au reste de l’humanité. Et maintenant que la Russie les a « rejetées » avec succès, d’autres suivront inévitablement (de nouveau, en particulier en Asie).

    Si certains ont rejeté ceci comme une hyperbole assez ridicule, d’autres m’ont demandé d’expliquer pourquoi j’arrive à cette conclusion. Je dois admettre que ce paragraphe est quelque peu ambigu : d’abord j’affirme quelque chose de spécifique sur les capacités de l’Armée russe puis les « preuves » que je présente sont de nature morale et politique ! Pas étonnant que certains aient exprimé des réserves.

    Effectivement, ce qui figure ci-dessus est un bon exemple de l’une de mes pires faiblesses : j’ai tendance à supposer que j’écris pour des gens qui feront les mêmes hypothèses que moi, considéreront les problèmes de la même manière que moi et comprendront ce qui est implicite. C’est ma faute. Donc aujourd’hui, je vais tenter de préciser ce que je voulait dire et clarifier mon point de vue sur cette question. Pour cela, cependant, un certain nombre de prémisses doivent, je pense, être énoncées explicitement.

    Tout d’abord, comment mesure-t-on la qualité d’une armée et comment les armées de divers pays peuvent-elles être comparées ?

    La première chose à écarter immédiatement est la pratique totalement inutile connue sous le nom de « décompte des haricots » : compter le nombre de chars, de véhicules blindés pour le transport des troupes, des véhicules blindés de combat d’infanterie, de pièces d’artillerie, d’avions, d’hélicoptères et de navires pour le pays A et le pays B et en déduire lequel des deux est le plus « fort ». Cela n’a absolument aucun sens. Ensuite, deux autres mythes doivent être détruits : que la haute technologie gagne les guerres et que l’argent gagne les guerres. Comme j’ai analysé ces deux mythes en détail ailleurs (ici), je ne le répéterai pas.

    Ensuite, je soutiens que le but d’une armée est d’atteindre un objectif politique spécifique. Personne n’entre en guerre uniquement au nom de la guerre, et la « victoire » n’est pas un concept militaire, mais politique. Donc oui, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Par exemple, réussir à dissuader un agresseur potentiel pourrait être compté comme une « victoire » ou, au moins, comme une réussite de votre armée si son but était la dissuasion. La définition de la « victoire » peut comprendre la destruction de l’armée de l’autre, bien sûr, mais ce n’est pas une obligation. Les Britanniques ont gagné la guerre des Malouines/Falklands même si les forces argentines étaient loin d’être détruites. Quelquefois, le but de la guerre est le génocide, et dans se cas se contenter de vaincre une armée ne suffit pas. Prenons un exemple récent : selon une déclaration officielle de Vladimir Poutine, les objectifs officiels des interventions de l’armée russe en Syrie étaient 1) stabiliser l’autorité légitime et 2) créer les conditions d’un compromis politique. Il est indéniable que les forces armées russes ont totalement atteint ces deux objectifs, mais elles l’ont fait sans que cela nécessite une « victoire » impliquant une destruction totale des forces ennemies. En fait, la Russie aurait pu utiliser des armes nucléaires et des tapis de bombes pour balayer Daech, mais cela aurait eu pour résultat une catastrophe politique pour la Russie. Est-ce que cela aurait été une « victoire militaire » ? Dites-le moi !

    Donc si le but de l’armée d’un pays est d’atteindre des objectifs politiques particuliers, cela implique directement qu’il est absurde de dire que l’armée d’un pays peut tout faire, partout et tout le temps. Vous ne pouvez pas avoir une armée indépendamment d’un ensemble de circonstances très spécifiques :

    1. Où : Espace/géographique.
    2. Quand : moment/durée.
    3. Quoi : objectif politique.

    Pourtant, ce que nous voyons, notamment aux États-Unis, est une approche diamétralement opposée. C’est quelque chose comme ça : nous avons l’armée la mieux formée, la mieux équipée et la mieux armée sur la terre ; aucun pays ne peut rivaliser avec nos bombardiers furtifs perfectionnés, nos sous-marins nucléaires, nos pilotes sont les mieux entraînés sur la planète, nous avons des capacités de guerre réseau-centrées sophistiquées, d’intervention globale, de reconnaissance et de renseignement basées dans l’espace, nous avons des porte-avions, notre Delta Force peut vaincre n’importe quelle force terroriste, nous dépensons plus d’argent que tout autre pays, nous avons plus de navires que toute autre nation, etc. etc. etc. Cela ne signifie absolument rien. La réalité est que l’armée étasunienne a joué un rôle secondaire dans la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre européen et qu’après cela, les seules « sortes de victoire » que les États-Unis ont remportées sont extrêmement embarrassantes : Grenade (à peine), Panama (presque sans opposition. Je vous accorderai que l’armée étasunienne a réussi à dissuader une attaque soviétique, mais je soulignerai immédiatement que les Soviétiques ont ensuite également dissuadé une attaque étasunienne. Est-ce une victoire ? La vérité est que la Chine non plus n’a pas subi d’attaque soviétique ou américaine ; cela signifie-t-il qu’elle a réussi à dissuader les Soviétiques ou les Américains ? Si vous répondez « oui », alors vous devrez admettre qu’elle l’a fait pour une fraction des coûts américains ; donc quelle armée était la plus efficace – celles des États-Unis ou celle de la Chine ? Ensuite, observez toutes les autres interventions militaires étasuniennes, il y en a une liste convenable, et ce que ces opérations militaires ont réellement atteint. Si je devais choisir la « moins mauvaise », je choisirais à contrecœur Tempête du Désert qui a libéré le Koweït des Irakiens, mais à quel prix et avec quelles conséquences ?

    Dans la grande majorité des cas, lorsqu’on évalue la qualité de l’armée russe, c’est toujours par comparaison avec les forces armées étasuniennes. Mais cela a-t-il un sens de comparer l’armée russe à une armée qui a une longue histoire d’échec à atteindre les objectifs politiques spécifiques qu’elle s’était fixés ? Oui, les forces armées américaines sont énormes, boursouflées, ce sont les plus chères de la planète, les plus technologiques, et leurs performances effectives assez médiocres sont systématiquement occultées par la machine de propagande la plus puissante de la planète. Mais tout cela les rend-elles efficaces ? Je soutiens que loin d’être efficaces, elles sont fantastiquement gaspilleuses et extraordinairement inefficaces, au moins d’un point de vue militaire.

    Vous doutez encore ?

    Okay. Prenons le « meilleur du meilleur » : les forces spéciales américaines. Nommez-moi s’il vous plaît trois opérations réussies exécutées par les forces spéciales américaines. Non, les petites escarmouches contre des insurgés du Tiers Monde peu entraînés et pauvrement équipés, tués dans une attaque surprise, ne comptent pas. Quel serait l’équivalent américain de, disons, Operation Chtorm-333, ou la libération de l’ensemble de la péninsule de Crimée sans qu’une seule personne soit tuée ? En fait, c’est une des raisons pour lesquelles la plupart des blockbusters de Hollywood sur les forces spéciales américaines sont basés sur de terribles défaites comme La Chute du faucon noir ou 13 Hours.

    Quant à la haute technologie américaine, je ne pense pas avoir besoin de me pencher trop à fond sur les cauchemars du F-35 ou du destroyer de classe Zumwalt, ou expliquer comment des tactiques bâclées ont permis à la défense aérienne serbe d’abattre un F-117A super furtif et censément « invisible » en 1999, en utilisant un ancien missile S-125 datant de l’ère soviétique déployé pour la première fois en 1961 !

    Il n’y a aucune Schadenfreude pour moi à me rappeler tous ces faits. Ce que je cherche, c’est briser le réflexe mental qui conditionne tant de gens à considérer l’armée américaine comme une sorte de mètre étalon permettant de mesurer ce que réalisent les autres armées dans le monde. Ce réflexe est le résultat de la propagande et de l’ignorance, pas d’une raison rationnelle. Il en va de même, d’ailleurs, pour les autres armées faisant l’objet d’une hyper-propagande : les FDI israéliennes dont les troupes blindées, les pilotes et les fantassins sont toujours présentés comme extraordinairement bien entraînés et compétents. La réalité est bien sûr qu’en 2006, les FDI n’ont même pas pu sécuriser la petite ville de Bint Jbeil située à seulement 2 km de la frontière israélienne. Pendant 28 jours, les FDI ont tenté d’arracher le contrôle de Bint Jbeil aux forces de second plan du Hezbollah (celui-ci gardait ses meilleures forces au nord de la rivière Litani pour protéger Beyrouth) et ont totalement échoué, en dépit de leur immense supériorité numérique et technologique.

    J’ai personnellement parlé à des officiers étasuniens qui se sont formés avec les FDI et je peux vous dire qu’ils n’étaient pas du tout impressionnés. Exactement comme les guérilleros afghans sont totalement unanimes lorsqu’ils disent que le soldat soviétique est bien meilleur que le soldat américain.

    Parlons de l’Afghanistan

    Vous souvenez-vous que la 40e Armée soviétique, qui était chargée de combattre les « combattants de la liberté » afghans, était généralement sous-équipée, sous-entraînée et peu soutenue en termes logistiques ? Alors lisez cet effroyable rapport sur les conditions sanitaires de la 40e Armée et comparez-le avec les 20 milliards de dollars par an que les États-Unis dépensent en air conditionné en Afghanistan et en Irak ! Ensuite comparez les occupations étasunienne et soviétique en termes de performances : non seulement les Soviétiques contrôlaient la totalité du pays le jour (la nuit, les Afghans contrôlaient la plus grande partie des campagnes et les routes), mais ils contrôlaient aussi toutes les grandes villes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. En revanche, les États-Unis tiennent difficilement Kaboul et des provinces entières sont aux mains des insurgés. Les Soviétiques ont construit des hôpitaux, des barrages, des ponts, etc., alors que les Américains n’ont absolument rien construit. Et comme je l’ai déjà dit, dans toutes les interviews que j’ai vues, les Afghans sont unanimes : les Soviétiques étaient des ennemis beaucoup plus coriaces que les Américains.

    Je pourrais continuer sur des pages et des pages, mais arrêtons-nous là et acceptons simplement que l’image de relations publiques de l’armée étasunienne (et israélienne) n’a rien à voir avec leurs capacités et leurs performances effectives. Il y a des choses que l’armée américaine fait très bien (déploiement à longue distance, guerre sous-marine en eaux tempérées, opérations de transport, etc.), mais son efficacité et son efficience sont assez faibles.

    Donc qu’est-ce qui rend l’armée russe si bonne ?

    D’une part, sa mission, défendre la Russie, est proportionnée aux ressources de la Fédération de Russie. Même si Poutine le voulait, la Russie n’a pas les capacités de construire dix porte-avions, de déployer des centaines de bases outre-mer ou de dépenser plus pour la « défense » que le reste de l’humanité. L’objectif politique spécifique confié à l’armée russe est très simple : dissuader ou repousser toute attaque contre la Russie.

    D’autre part, pour accomplir cette mission, l’armée russe doit être capable d’attaquer et de l’emporter à une distance maximale de 1 000 km, ou moins, de la frontières russe. La doctrine militaire russe officielle fixe les limites d’une opération offensive stratégique un peu plus loin et inclut la défaite totale des forces ennemies et l’occupation de leur territoire à une profondeur de 1 200 à 1 500 km (Война и Мир в Терминах и Определениях, Дмитрий Рогозин, Москва, Вече, 2011, p.155), mais en réalité cette distance serait beaucoup plus courte, en particulier dans le cas d’une contre-attaque défensive. Ne vous y trompez pas, cela reste une tâche redoutable à cause de l’immense longueur de la frontière russe (plus de 20 000 km), qui traverse presque tous les types de géographie, depuis les déserts et les montagnes arides jusqu’à la région du pôle Nord. Et c’est là l’extraordinaire : l’armée russe est actuellement capable de vaincre n’importe quel ennemi imaginable tout le long de ce périmètre. Poutine lui-même l’a dit récemment lorsqu’il a déclaré que « nous pouvons le dire avec certitude : nous sommes maintenant plus forts que tout agresseur potentiel, quel qu’il soit ! » Je réalise que pour la plus grande partie du public américain, cela sonne comme le baratin typique que tout officier ou politicien étasunien doit dire à chaque occasion publique, mais dans le contexte russe, c’est assez nouveau : Poutine n’avait jamais dit quelque chose de semblable auparavant. Les Russes préfèrent se plaindre de la supériorité qu’ils prêtent à leurs adversaires (eh bien, ils le sont, en nombre – ce que tout analyste militaire russe sait ne rien vouloir dire).

    Numériquement, les forces russes sont en effet beaucoup plus modestes que celles de l’OTAN et de la Chine. En fait, on pourrait dire que par rapport à la taille de la Fédération de Russie, son armée est assez petite. C’est vrai. Mais elle est redoutable, bien équilibrée en termes de capacités et fait un usage maximum des caractéristiques géographiques uniques de la Russie.

    Aparté
    La Russie est un pays bien plus « nordique » que, disons, le Canada ou la Norvège. Voyez où se situent la grande majorité des villes et des villages au Canada ou en Scandinavie. Puis regardez une carte de la Russie et les latitudes où sont situées les villes russes. La différence est assez frappante. Prenez par exemple Novosibirsk, qui est considérée en Russie comme une ville méridionale de Sibérie. Elle est presque à la même latitude qu’Edimbourg en Écosse, Grande Prairie en Alberta ou Malmö en Suède.

    C’est pourquoi tout l’équipement utilisé par les Forces armées russes doit être opérationnel à des températures allant de -50° à +50°. La plupart des engins occidentaux ne peuvent pas opérer à des températures aussi extrêmes. Bien sûr, il en va de même pour le soldat russe, qui est aussi formé pour agir dans cette gamme de températures.

    Je ne pense pas qu’il y ait une autre armée qui puisse prétendre posséder de telles capacités, et très certainement pas les forces armées américaines.

    Un autre mythe qu’il faut détruire est celui de la supériorité de la technologie occidentale. Alors qu’il est vrai que dans certains domaines spécifiques, les Soviétiques n’ont jamais été capables de rattraper l’Occident, les micro-puces par exemple, cela ne les a pas empêchés d’être les premiers à développer une grande liste de technologies militaires telles que les radars à réseau en phase sur des intercepteurs, des viseurs montés sur des casques pour les pilotes, des missiles sous-marins à sous-cavitation, des chargeurs automatiques sur les chars, des véhicules blindés déployables en parachute, des sous-marins d’attaque à double coque, des missiles balistiques mobiles, etc. En général, les systèmes d’armement occidentaux tendent à avoir plus de haute technologie, c’est vrai, mais ce n’est pas dû au manque de capacités des Russes, mais à une différence fondamentale dans la conception. En Occident, les systèmes d’armement sont conçus par des ingénieurs qui bricolent ensemble les dernières technologies puis conçoivent une mission autour d’elles. En Russie, l’armée définit une mission puis cherche les technologies les plus simples et les meilleur marché susceptibles d’être utilisées pour l’accomplir. C’est pourquoi le MiG-29 russe (1982) n’avait pas de « commande de vol électrique » comme le F-16 américain (1978) mais pratiquait de « vieux » contrôles mécaniques du vol. J’ajouterai qu’un fuselage plus sophistiqué et deux moteurs au lieu d’un pour le F-16 ont donné au MiG-29 un domaine de vol supérieur. En cas de besoin, cependant, les Russes ont utilisé des commandes de vol électrique, par exemple sur le Su-27 (1985).

    Enfin, les forces nucléaires russes sont actuellement plus modernes et beaucoup plus performantes que la triade nucléaire américaine, vieillissante en comparaison. Même les Américains l’admettent.

    Donc qu’est-ce que tout cela signifie ?

    Cela signifie qu’en dépit d’une tâche immensément difficile, l’emporter contre n’importe quel ennemi le long des 20 000 km de la frontière russe et jusqu’à une profondeur de 1 000 km, l’armée russe a constamment démontré qu’elle est capable de dissuader ou de vaincre un ennemi potentiel, que ce soit une insurrection wahhabite (que les experts occidentaux qualifiaient d’« imbattable »), une armée géorgienne entraînée et équipée par l’Occident (en dépit d’un nombre de combattants inférieur pendant les heures cruciales de la guerre avec d’importants problèmes et la faiblesse du commandement et du contrôle), le désarmement de plus de 25 000 soldats ukrainiens (prétendument des cracks) en Crimée sans tirer un seul coup de feu et, bien sûr, l’intervention militaire russe dans la guerre en Syrie où une toute petite force russe a changé le cours de la guerre.

    Pour conclure, je veux revenir à ma déclaration sur la Russie comme étant le seul pays qui ose ouvertement rejeter le modèle de civilisation occidental et dont le dirigeant, Vladimir Poutine, jouit du soutien de plus de 80% de la population. Ces deux facteurs sont déterminants dans l’évaluation de l’armée russe. Pourquoi ? Parce qu’ils illustrent le fait que les soldats russes savent exactement pour quoi (ou contre quoi) ils combattent et que quand ils sont déployés quelque part, ils ne le sont pas comme des instruments de Gazprom, Norilsk Nickel, Sberbank ou toute autre entreprise russe : ils savent qu’ils combattent pour leur pays, leur peuple, pour leur liberté et leur sécurité. En outre, le soldat russe sait aussi que l’usage de la force armée n’est pas l’option première et préférée de son gouvernement, mais la dernière à laquelle celui-ci recourt lorsque toutes les autres ont été épuisées. Il sait que le Haut Commandement russe, le Kremlin et l’état-major général ne sont pas déterminés à trouver quelque petit pays à tabasser uniquement pour faire un exemple et faire peur aux autres. Enfin, le soldat russe est prêt à mourir pour son pays en exécutant tous les ordres.

    À la fin, le résultat de toute guerre est décidé par la volonté, je le crois fermement et je crois aussi que c’est le « simple » soldat d’infanterie qui est le facteur le plus important dans une guerre, non le superman super entraîné. En Russie, on les appelle parfois « makhra » – les jeunes gars de l’infanterie, qui ne sont pas beaux, pas particulièrement mâles, sans équipement ni formation spéciaux. Ce sont eux qui ont vaincu les wahhabites en Tchétchénie, à un coût élevé, mais ils l’ont fait. Ce sont eux qui fournissent un nombre impressionnant de héros, étonnant leurs camarades et leurs ennemis par leur ténacité et leur courage. Ils ne font pas bien dans les parades et ils sont souvent oubliés. Mais ce sont eux qui ont vaincu plus d’empires que quiconque et qui ont fait de la Russie le plus grand pays sur la terre.

    Donc oui, la Russie dispose aujourd’hui de l’armée la plus performante sur la planète. Il y a beaucoup de pays qui ont aussi d’excellentes armées. Mais ce qui rend celle de la Russie unique est la portée de ses capacités, qui vont des opérations anti-terroristes à la guerre nucléaire internationale, combinée avec la résilience et la volonté étonnantes du soldat russe. Il y a une masse de choses que l’armée russe ne peut pas faire, mais contrairement aux forces armées étasuniennes, l’armée russe n’a jamais été conçue pour faire tout, partout, tout le temps (c’est-à-dire « gagner deux guerres et demie » n’importe où sur la planète).

    Pour le moment, les Russes observent comment les États-Unis n’arrivent même pas à prendre une petite ville comme Mossoul, même s’ils ne font que renforcer les forces locales avec beaucoup de « soutien » étasunien et de l’OTAN, et ils ne sont pas impressionnés, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais Hollywood fera sûrement un grand blockbuster de cet échec embarrassant et il y aura plus de médailles décernées que de militaires impliqués (c’est ce qui est arrivé après le désastre de Grenade). Et la foule de téléspectateurs sera rassurée que « bien que les Russes aient fait quelques progrès, leurs forces sont encore très loin de celles de leurs homologues occidentaux ». Qui s’en soucie ?

    Traduit par Diane, vérifié par Wayan | Source

    http://www.voxnr.com/7995/la-meilleure-armee-de-la-planete