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« À ce jour, 1 peine d’emprisonnement sur 2 prononcée par le juge ne peut être effectuée. » Paul-Louis Auméras a été au cœur des plus grandes affaires criminelles de ces dernières décennies. Il est le premier Procureur Général à livrer ses souvenirs personnels.De l’assassinat du juge d’instruction Pierre Michel au démantèlement de la French Connection, d’une première prise d’otages à Béziers aux suivantes à Perpignan, de l’Affaire Médecin à Nice aux trafics de stupéfiants de la Côte d’Azur, il est aux côtés des policiers et des gendarmes dont le sacrifice est en conflit permanent avec les « embrouilles et brouilles » des avocats… C’est également lui qui convoqua le leader syndical José Bosé pour qu’il se présente à la maison d’arrêt afin d’y effectuer sa peine d’emprisonnement. Entretien avec Paul-Louis Auméras. (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul) « Parcours de Proc », Paul-Louis Auméras, préface de François Missen, Éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 388 pages, 31 euros.¢Vous sentiez vous libéré de votre devoir de réserve pour pouvoir publier aux éditions Dualpha Parcours de Proc ?À mon sens, le devoir de réserve ne s’oppose pas à l’écriture d’un livre de souvenirs professionnels. Le principe fondamental est, faut-il le rappeler, celui de la liberté d’expression qui est expressément garantie au fonctionnaire par l’article 6 de la loi du 13 juillet 1983. Il interdit donc au fonctionnaire de faire de sa fonction l’instrument d’une propagande quelconque ou de tenir des propos outranciers ou diffamatoires dévalorisant l’administration. Telle n’était nullement mon intention puisque, tout au contraire, je voulais plaider la cause du Ministère Public, faire connaître sa pratique quotidienne que je prétends digne et respectable, défendre une profession méconnue, injustement décriée et caricaturée, y compris à l’intérieure de l’Institution Judiciaire, pourfendre à l’occasion ses adversaires qui présentement l’accablent. Je ne pense donc pas que Parcours de Proc puisse trahir les intérêts de l’Institution Judiciaire. J’en fais juge le lecteur.Vous êtes le premier – le seul ? – Procureur Général en retraite à livrer des souvenirs… Qu’en pensez-vous ?L’époque qui a été la mienne a connu une profonde transformation de la justice et une remise en cause de ses principes fondateurs. Cela a suscité, pour ce qui me concerne, de grandes interrogations et une forte incitation à essayer de se mettre au clair devant les perspectives très ouvertes qui se profilent. Sans doute aussi, ma génération, avec son nouveau positionnement vis-à-vis de la presse, puisqu’elle est appelée à communiquer sur les affaires importantes, est moins empruntée pour s’exprimer publiquement sur son expérience professionnelle, voire personnelle. Je suis persuadé que, très bientôt, d’autres collègues sauteront le pas eux aussi.Quel bilan portez-vous sur la justice en France durant les années où vous avez été en fonction ?Le bilan judiciaire, au plan statistique, c’est le nombre des dossiers dont sont saisies les juridictions avec, en regard, le chiffre de décisions rendues. Jusqu’en 1970, globalement, l’Institution Judiciaire parvenait à évacuer le contentieux dont elle était saisie. Mais, à partir de 1970, le flot montant des dossiers va submerger, les tribunaux. Ceux-ci sont maintenant confrontés à des contentieux dits « de masse ». Au civil, ce sont les accidents de la circulation, les divorces, les licenciements. Au pénal, c’est l’explosion de la délinquance, des incivilités.L’augmentation massive du contentieux exigeait d’évidence des moyens supplémentaires en juge et en fonctionnaires. Les gardes des Sceaux successifs, le politique, a certes, par plusieurs lois de programme, satisfait à cette nécessité, mais pas dans des proportions suffisantes. Par ailleurs, cédant à la schizophrénie de l’opinion publique réclamant le matin la plus grande sévérité contre les délinquants et l’après-midi l’indulgence pour les « victimes de la société », le même politique s’est lancé dans un programme de réformes permanentes dans tous les domaines du droit. La procédure pénale a bénéficié d’une attention toute particulière avec plus d’une réforme chaque année. Les possibilités de recours ont été multipliées. Les délais pour voir intervenir les décisions réduits, la sanction de leur non-respect étant la mise en liberté immédiate du prévenu. Le contentieux s’est donc, pour chaque affaire, très substantiellement alourdi.Avocats, dont le nombre a augmenté de façon exponentielle, et Presse, ont exercé un contrôle de plus en plus strict, de plus en plus critique sur le fonctionnement judiciaire. De véritables à-priori se sont emparés de l’opinion publique. Le politique, en matière pénitentiaire, a refusé de mettre en place la capacité carcérale permettant d’exécuter les peines d’emprisonnement prononcées par le juge. À ce jour, la moitié de ces dernières ne peuvent l’être.Pensez-vous toujours qu’il faille « croire en la justice de son pays » malgré certaines défaillances, regrettables, mais inévitables ?La réponse est catégorique : oui. Il n’y a pas d’alternative, sauf à rompre définitivement et totalement le lien social dans notre société. Reste bien sûr que l’erreur judiciaire peut survenir, parce que la justice est rendue par des hommes qui, par définition, peuvent faillir. Il faut tout faire pour qu’il y en ait le moins possible, mais sa survenance ne peut être totalement exclue. Aucune œuvre humaine ne peut avoir la prétention d’accéder à la perfection absolue.Que préconiseriez-vous pour améliorer le système judiciaire ?Il y a sans doute quelque prétention à répondre à cette question…En premier lieu, il est nécessaire de réduire le périmètre de l’intervention judiciaire autant que possible. Le juge ne peut être appelé à statuer sur tout. Il doit jouer le rôle d’un dernier recours après intervention de mécanismes de médiation mises en œuvre par des administrations ou des organismes constitués à cette fin. Il faut donc combattre l’évolution à l’américaine que nous connaissons en matière notamment de responsabilité civile.Naturellement, sous la réserve d’une surveillance accrue des dépenses effectuées, des moyens supplémentaires en hommes et en crédits doivent être consentis par le politique pour mettre la France, en matière de justice, au niveau des autres grands pays européens, ce qui n’est pas le cas actuellement.« Parcours de Proc », Paul-Louis Auméras, préface de François Missen, Éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 388 pages, 31 euros.
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La spécificité russe sur la scène internationale
Jean Geronimo, docteur en économie, expert des questions économiques et stratégiques russes, Université Pierre Mendès France de Grenoble, est auteur de « La Pensée stratégique russe, Guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes et après ? » (Sigest, 2012). Il évoque dans l‘interview ci-dessous, et que nous publions sur Contre-Info à sa demande, la pensée stratégique et les nouveaux défis de cette Russie post-communiste.
Pourquoi cette seconde édition, sous-titrée : « Les Révolutions arabes, et après ? » ?
Je voulais expliquer la spécificité de la position russe sur la scène internationale, au regard de l’évolution géopolitique récente accélérée par le « mirage arabe » et, dans ses grandes lignes, verrouillée par la gouvernance néo-libérale sous leadership américain.
Cette évolution touche, d’une manière plus ou moins directe, les intérêts nationaux de la Russie – élargis à sa proche périphérie, la Communauté des Etats indépendants (CEI), qui couvre prés de 99% du territoire de l’ex-URSS. En la définissant comme son « Etranger proche », la Russie veut montrer à l’Occident que la CEI reste sa zone exclusive de responsabilité et, par ce biais, dissuader ses velléités expansives.
Fondamentalement, mon livre vise à présenter la réaction russe face aux doubles menaces constituées par le futur bouclier anti-missiles américain et la propagation du « Printemps arabe », au-delà de son cadre régional. A la base, il y a une totale incompréhension de l’Occident global sur le comportement russe, perçu à travers le prisme désuet de la Guerre froide. Cette seconde édition enrichie du livre, recentrée sur l’imminence d’un « hiver islamiste » – selon l’expression de Poutine –, s’efforce d’éclairer ce point particulièrement délicat.
Depuis la disparition officielle de l’URSS, le 25 décembre 1991, la Russie a le sentiment d’avoir été volontairement marginalisée par l’axe occidental. Au moyen de son levier USA-OTAN, cet axe s’est montré avide de profiter de la faiblesse temporaire de la puissance russe, issue d’une transition post-communiste désastreuse sur le plan économique et rythmée par la terrible « thérapie de choc » imposée par le premier ministre de Boris Eltsine, Yegor Gaïdar. Comme si, selon Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev, il y avait eu une volonté inavouée de l’Occident – surtout des Etats-Unis – de voir la Russie post-communiste disparaître de la scène mondiale, en tant qu’acteur majeur, et de la réduire au rang de simple puissance régionale.
Entre 1992 et 1998, après l’application du « modèle de Washington », cette transition néo-libérale en Russie se traduit par une inquiétante décroissance – croissance économique négative, sanctionnée par une compression de prés de 50% du PIB russe sur cette période ! Moscou regrette, aujourd’hui, la volonté occidentale d’étendre son influence en périphérie post-soviétique, considérée comme son pré-carré historique et, en définitive, de renforcer son unilatéralisme armé dans la gouvernance mondiale.
Le vieux rêve gorbatchévien d’un monde post-guerre froide multipolaire, repris par la nouvelle direction russe à la suite d’Evgueni Primakov et poursuivi désormais par Vladimir Poutine, a été brisé.Le discours de Poutine à la Conférence de Munich sur la sécurité en 2007, était-il le symbole d’une inflexion radicale dans la politique étrangère russe ?
Tendanciellement, depuis son arrivée au pouvoir présidentiel, le 30 mars 2000, V. Poutine s’efforce de s’opposer à l’orientation qu’il juge « anti-russe » de la diplomatie occidentale et cela, sur la base de la défense prioritaire de ses intérêts nationaux.
Il le fait en s’appuyant de plus en plus sur un axe eurasien avec la Chine – avec aussi, l’Inde et l’Iran –, surtout depuis la désillusion de 2003 avec l’intervention américaine en Irak, en violation des règles internationales et ce, en dépit de l’opposition sino-russe. Cette orientation eurasienne, catalysée par l’axe sino-russe, est d’ailleurs reprise dans le cadre d’une structure politico-militaire commune, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Depuis 2003, et sous l’impulsion du vieux « soviétique » Primakov, on assiste donc à une inflexion asiatique de la diplomatie russe, en réaction à l’attitude occidentale.
De manière spectaculaire, Poutine a dénoncé l’attitude provocante de l’Occident lors de son célèbre discours de Munich, le 10 février 2007. Il n’accepte pas la sacralisation du « facteur force » – selon son expression – dans la régulation mondiale et dans la stratégie d’ingérence de l’axe USA-OTAN, très politiquement orientée. Il n’accepte pas non plus l’élargissement de l’OTAN à l’ancienne zone d’influence soviétique et l’extension douteuse du bouclier américain ABM, via sa composante otanienne en Europe, aux portes de la Russie. Pour le président Poutine, il s’agit d’une stratégie d’encerclement à finalité politique, consciemment focalisée contre la Russie restée, dans le prisme occidental, l’ennemi héréditaire de la Guerre froide.
En poursuivant le reflux (roll back) de la puissance russe et la neutralisation de son potentiel nucléaire stratégique – via son bouclier anti-missiles –, la politique de l’administration Obama s’inscrit dans une logique atténuée de Guerre froide. Ce faisant, elle oblige la Russie, soucieuse de rééquilibrage stratégique, à renforcer les deux organisations politico-militaires de sa ligne sécuritaire sur l’espace eurasien, l’OCS et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).
Au final, la politique américaine apparaît donc, dans la pensée stratégique russe, comme une menace latente majeure – en quelque sorte, « officialisée » par l’avertissement de Munich.Vous parlez de « pensée unique », pour caractériser les analyses dominantes sur les révolutions arabes, pourquoi ?
Oui, le plus troublant est ce relatif consensus sur les « révolutions » arabes qui s’exprime, désormais, de manière unilatérale contre le régime Assad, devenu soudainement gênant – un peu à la manière de feu Kadhafi. Comme un ennemi (idéologique) à abattre.
Pour caractériser cette configuration, associée à une structure d’intérêts relativement complexes et contradictoires, mais motivés par la volonté d’éliminer un « dictateur qui massacre son peuple », Moscou parle de scénario libyen. Par cette expression, la Russie sous-entend la mise en œuvre d’une stratégie manipulatoire soumise à un objectif politique précis visant, en réalité, autre chose que les intérêts légitimes du « bon peuple syrien » et la défense des droits de l’homme, en général.
En référence à l’expérience libyenne, Moscou redoute une possible instrumentalisation d’une résolution de l’ONU avec la complicité tacite de l’OTAN, en vue d’une intervention militaire et réaliser, par ce biais, un vieil objectif de la Guerre froide visant à l’expulser de la région. Selon moi, il y a une volonté délibérée de créer un seuil critique conduisant le « système » (le régime syrien) à surréagir et à « perdre la tête » – pour, à terme, légitimer un devoir d’ingérence. La stratégie de harcèlement continu contre les forces pro-Assad s’inscrit, de manière indiscutable, dans la réalisation de cet objectif. La multiplication des incidents avec la Turquie, plus ou moins suscités par cette dernière, s’explique à partir de cette problématique qui a, il y a peu, justifié l’installation par l’OTAN de missiles Patriot à visée (théoriquement) défensive, à la frontière turco-syrienne. Depuis peu, les prétextes d’une intervention se multiplient – dont celui, redondant, de l’utilisation d’armes chimiques par « celui qui massacre son peuple ».
Et, cela, à partir d’une simple rumeur, allègrement reprise par les médias occidentaux sans la moindre vérification – une fois de plus. Inquiétant.Pourquoi parler d’ « évolutions » arabes, et non de révolutions ?
Au départ, ces « révolutions » semblent spontanées et répondent au juste désir d’émancipation de peuples longtemps privés de droits et de libertés. « Semblent », car Moscou n’écarte pas l’idée – depuis le début de la crise – d’une main extérieure pour précipiter l’éclosion précoce d’un « Printemps démocratique ». Et, a priori, mes informations personnelles accumulées depuis 2 ans le confirment. Les dés sont, donc, politiquement pipés.
Même dans l’hypothèse de véritables « révolutions », ces dernières ont été progressivement soutenues et guidées de l’étranger au profit, notamment, de puissances ambitieuses enclines à renforcer leur pouvoir régional. Sans parler du rôle trouble des grandes puissances occidentales adeptes, dans un premier temps, d’un encouragement aveugle de la rébellion et, dans un second temps, de son soutien armé. Au nom de droits de l’homme à géométrie variable.
Cette orientation est évidente dans le cas syrien, avec l’implication insidieuse des puissances saoudienne, qatarienne et turque – en totale violation du principe westphalien de souveraineté des Etats-nations. A cela, s’est greffée l’ingérence croissante des services secrets occidentaux. Je préfère donc parler d’évolutions consciemment orientées. Le terme « révolutions » est idéologiquement connoté et traduit un déterminisme excluant toute critique ou vision alternative. C’est la porte ouverte à la pensée unique et, surtout, à la justification morale d’une ingérence politique programmée.Quelle est la position officielle de la Russie sur la Syrie. Et comment mieux la comprendre ?
Officiellement, et conformément aux lois internationales sur la souveraineté des Etats, la Russie ne veut pas s’impliquer militairement dans un conflit interne pour éviter son exacerbation et aggraver le chaos. Et cela, d’autant plus qu’elle sort d’un lourd traumatisme.
Elle n’a pas oublié le « piège afghan » de 1979, tendu par Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la Sécurité du président Carter, pour l’enliser dans un conflit périphérique. La « leçon » afghane – comme plus tard, celle de 1999 en ex-Yougoslavie, avec le bombardement de l’OTAN – est profondément ancrée dans la mémoire stratégique russe. En outre, l’indépendance auto-proclamée du Kosovo, le 17 février 2008, a été ressentie par elle comme une véritable gifle diplomatique. Trop longtemps occultée, la Russie veut désormais s’affirmer sur la scène mondiale et, dans cette optique, elle veut faire de la question syrienne, une « preuve » de son retour comme grande puissance, respectée et écoutée. Pour Moscou, seule une solution négociée permettrait de sortir de l’impasse syrienne – conformément aux accords de Genève, du 30 juin 2012.
Moscou s’efforce donc d’adopter une attitude neutre et équilibrée, privilégiant une reprise du dialogue entre les parties prenantes à la crise, comme pierre angulaire de la future transition démocratique – qu’elle n’exclut pas sans Assad, si le peuple le décide (c’est d’ailleurs, aussi, la position du président syrien). Ce faisant, la Russie s’oppose ouvertement à la coalition arabo-occidentale qui exige, comme préalable incontournable, le départ d’Assad. Un non-sens, auto-destructeur pour la Syrie et donc, pour la région.
Cette configuration explique le veto russe – associé à celui de la Chine – aux résolutions successives du Conseil de sécurité de l’ONU, portées par les membres de cette coalition et structurellement favorables à l’opposition anti-Assad. Comme d’ailleurs, l’information médiatique quotidiennement diffusée par l’Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH) sur la crise syrienne, asymétrique et non contrôlée, donc potentiellement manipulable. Avec, en définitive, une désinformation choquante – la fin justifiant les moyens.
Or, l’extrême hétérogénéité et islamisation de cette coalition ne présage rien de bon sur la transition post-Assad.Vous parlez « d’enjeux cachés » dans le déroulement de la crise syrienne. Pouvez-vous expliquer ?
Aux traditionnels enjeux politiques de contrôle d’une zone névralgique, il y a la volonté de gagner la bataille de l’énergie, via le contrôle des sources et circuits énergétiques majeurs. Par ailleurs, à l’instar d’autres acteurs de la région, le Qatar aurait un projet gazier stratégique passant par le territoire syrien pour « rentabiliser » ses exportations énergétiques et garantir ses débouchés. Le potentiel gazier syrien, a priori considérablement sous-évalué, serait donc un objectif implicite de cette guerre qui ne dit pas son nom et qui est aussi, par ricochets, une guerre contre l’Iran.
Dans le même temps, il y a en effet le désir de toucher l’Iran en affaiblissant un de ses principaux alliés de la région et, par ce biais, fragiliser le nouvel axe du mal émergent Chine-Iran-Russie. Car la puissance économique et politique montante de cet axe eurasien est de plus en plus redoutée par le leadership américain, contraint à une reformulation de sa stratégie dans la région. Nouveau réalisme oblige.
Au final, « l’hyperpuissance américaine », pour reprendre l’expression de Hubert Védrine, doit aussi gérer son déclin économique, aujourd’hui rendu inéluctable par la pression concurrentielle accrue des « émergents ». Ce déclin est accéléré par un interventionnisme politico-militaire de moins en moins soutenable et économiquement épuisant – parfaitement anticipé par Paul Kennedy, en 1987, dans son fameux livre « The Rise and fall of the great powers ».
En conséquence, le redécoupage régional des cartes géopolitique et énergétique se présente comme l’enjeu clé de cette guerre sans nom.A vous suivre, il s’agit aussi d’une « guerre de l’information » ?
Oui, sans aucune ambiguïté. Pour mémoire, rappelons que lorsque G.W. Bush a lancé sa fameuse croisade en Irak en 2003, il a reconnu – et ce n’est pas par hasard – que la première guerre à gagner était celle de l’information. Les révolutions libérales (« colorées ») en zone post-soviétique à partir de 2003, et plus tard, les révolutions arabes depuis 2010, sont une stricte application de ce « principe bushien ».
Noam Chomsky démontre, dans ses œuvres, le rôle crucial des stratégies de désinformation dans les démocraties. Pour V. Poutine, l’information a un rôle politique, via l’activité décisive d’ONG à financement étranger dans la structuration et la manipulation de l’opinion publique. Il l’a personnellement vérifié lors des dernières campagnes législatives et présidentielles russes, avec Golos – ONG russe chargée du monitoring des élections, mais très liée aux dollars et donc, aux intérêts américains via National Endowment for Democracy (NED) et United States Agency for International Development (USAID). Pourrait-on imaginer un scénario inverse aux Etats-Unis ? Cela a conduit, fort justement, Vladimir Poutine à renforcer la législation russe contre ces nouveaux « agents d’influence », soutenus de l’étranger – et, dés lors, définis comme des agents politiques.
Dans les années 2000, dans le cadre des « révolutions de couleur », les ONG à financement américain ont eu un rôle clé dans l’arrivée au pouvoir des « libéraux » dans certaines républiques post-soviétiques, comme la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005). En 1989, lors de la révolution polonaise, elles ont aussi joué un rôle non négligeable – avec, encore, le soutien de NED. Troublante inertie.
En conséquence, Poutine définit l’information comme levier des nouvelles stratégies du soft power, moins coûteuses sur les plans politique et économique, mais terriblement efficaces dans le monde inter-connecté d’internet, fondé sur l’immédiateté communicationnelle. « L’hyper-information » mal contrôlée peut, en effet, alimenter des stratégies politiques de déstabilisation des pouvoirs en place. Une telle tentative a été observée au Kazakhstan en décembre 2011, contre le président pro-russe et ami de V. Poutine, Nazarbaïev. A la même époque, ce scénario s’est répété contre le candidat Poutine qualifié, lors des manifestations de rue successives, de nouveau « dictateur soviétique ». Les clichés ont, décidément, la vie (trop) longue.
Le discours de Poutine souligne le danger de futures révolutions portées par le soft power et la manipulation de l’information pour renverser des régimes hostiles, comme cela se passe au Moyen-Orient et bientôt, comme il le redoute, en périphérie post-soviétique. Poutine craint, en particulier, une extension du « Printemps arabe » dans les régions musulmanes de l’espace russe économiquement sous-développées, donc fragilisées et courtisées par les idéologies de l’Islam radical – ce qu’il dénonce comme la menace imminente d’un « hiver islamiste ».
Dans ce cadre, ne pas comprendre la réaction russe relève d’une ineptie intellectuelle.A la fin de votre livre, dans le post-scriptum, vous développez le concept de « Guerre tiède »…
En opposant à nouveau Russes et Américains, via des axes géopolitiques relativement hétérogènes mais structurés autour de la défense d’intérêts communs, cette guerre s’inscrit dans le prolongement d’une forme actualisée et désidéologisée de la guerre « froide ». Structurellement, il s’agit toujours d’une guerre d’influence, par alliés interposés – mais recentrée sur l’économique. C’est ce que j’appelle la guerre « tiède ».
Ainsi, la transition post-communiste du nouvel ordre international est caractérisée par une nouvelle forme de conflictualité bipolaire opposant, dans un terrible face-à-face, l’axe arabo-occidental (soutenu par la Turquie) et l’axe eurasien sino-russe (soutenu par l’Iran). En creux, c’est aussi la question d’un monde post-occidental plus démocratique qui se joue – selon le terme utilisé par Hélène Carrère d’Encausse dans son livre de 2011, « La Russie entre deux mondes ». Cette question est portée par le pouvoir économique et politique croissant des puissances émergentes du 21e siècle, contestant la traditionnelle domination du Nord. Ces puissances, principalement les BRICS, revendiquent leur place dans la nouvelle gouvernance mondiale et ses instances décideuses – ce qui, selon la phraséologie gorbatchévienne, passe par une « Perestroïka internationale ».
Fondamentalement, cette Guerre tiède est axée sur le contrôle des Etats stratégiques, en particulier les « pivots géopolitiques », pour reprendre la terminologie de Brzezinski. Ces Etats « pivots » fondent leur force moins sur leur puissance intrinsèque que sur leur capacité de nuisance et sur leur localisation au cœur d’espaces et de carrefours stratégiques. Zbigniew Brzezinski l’explique fort bien dans son ouvrage majeur, véritable bible de la politique étrangère américaine depuis 1997, « Le grand Echiquier ». De ce point de vue, l’Arabie saoudite peut être considérée, selon moi, comme le nouveau pivot géopolitique de la stratégie américaine sur l’Echiquier arabe.
Aujourd’hui, ce pivot régional est activé contre les intérêts russes au Moyen-Orient, pour poursuivre le reflux de l’ancienne puissance communiste. Par ce biais, Washington transforme la Syrie en pièce maîtresse de cette impitoyable partie d’échecs. Or, en s’appuyant sur le facteur religieux, elle provoque une inquiétante politisation de ce dernier – exprimée par la montée de l’Islam radical, comme vecteur identitaire et accélérateur des « révolutions ». Au final, la crise syrienne cache donc un enjeu géopolitique majeur, médiatisé par de puissants rapports de force.
Au coeur de la Guerre tiède, les coûts collatéraux humains et politiques sont déjà énormes et, sans doute, irréversibles – avec, en particulier, le renforcement de la fracture chiites/sunnites comme levier d’une terrible conflictualité inter-confessionnelle.
Les Révolutions arabes, et après ?« La Pensée stratégique russe. Guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes et après ? » (Sigest, 2012 – 14,95 e). Préface de Jacques Sapir.
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Méridien Zéro - Europe contre Occident
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Chypre : au secours, la droite revient !
On y a un peu moins fait attention que pour l’Italie mais il y a aussi eu des élections présidentielles à Chypre, l’île d’Aphrodite. Dimanche, Nicos Anastasiades (DYSI), l’impétrant de droite, a été élu Président de la République avec 57,5% des suffrages exprimés contre 42,52% pour Stavros Malas, le candidat de gauche. Le sortant, eurosceptique assez populaire, était un… communiste : Demetris Christophias. Dire qu’un pays de l’UE avait un chef d’Etat communiste depuis 2008 qui a même pris la présidence de l’Union en 2012 et que personne ne le savait ! C’est sans doute que les observateurs et les touristes n’ont aperçu aucun goulag sur les plages. Il faut dire que Christophias n’a – malheureusement- pas tenté un remake de la prise du Palais d’Hiver avec les bureaux de la Commission européenne.
Comme Mario Monti, monsieur « tout le monde aime ma rigueur mais je fais 10% quand je me présente », Nicolas Anastasiades était le cheval choisi par Bruxelles et la Troïka, casaque austérité, toque hyper rigueur. Mais lui, contrairement à Monti, c’était sa première fois et il a bénéficié de la panique du peuple chypriote qui en a oublié la partie nord de l’île occupée par les Turcs, habituellement grand argument électoral, pour ne plus se concentrer que sur la situation économique. Chypre a dû solliciter en 2012 une aide financière extérieure. Parce qu’elle a un système de protection sociale scandaleux ? Une fonction publique hyperbolique ? Des retraités de 45 ans, des semaines de 30 heures ? Même pas. C’est peut-être ce qu’on finira par dire pour légitimer les purges à venir mais s’il y a eu le feu à la maison d’Aphrodite, c’est en raison des pertes subies par ses banques à la suite de la restructuration de la dette de la Grèce voisine. L’État ne peut plus se financer sur les marchés depuis mai 2011. Il a désormais besoin de 17, 5 milliards d’euros. L’Europe veut bien aider, mais il va falloir faire comme elle veut, quand elle veut, élections ou pas. Et les 17, 5 milliards ne viendront qu’aux conditions habituelles : privatisation des grands groupes publics, baisse des salaires, hausse des impôts. Anastasiades, selon un scénario désormais bien connu, a présenté un programme d’allégeance à la Troïka tout en expliquant aux électeurs déboussolés que c’était la seule voie possible, quand bien même on commence à savoir depuis quelques années que la potion tue le malade.
La suite sur Causeur
Jérôme Leroy http://www.actionfrancaise.net
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Le nihilisme, cette religion laïque
Vincent Peillon est le modèle des idéologues parmi nos ministres, dont on a l'impression qu'ils rivalisent dans ce domaine. Il vient de publier un livre-manifeste intitulé Refondons notre école. Mais ce n'est pas seulement de l’École qu'il nous parle, c'est de la République et du Mental nihiliste des ministres républicains...
Vincent Peillon présente bien, il est propre sur lui, parfaitement décontracté d'apparence. Bref un petit côté gendre idéal et qui, vu son âge, a déjà donné satisfaction. Mais cette apparence amène cache un redoutable ratiocineur, parfaitement à son poste au ministère de l’Éducation nationale. Spécialiste de Jean Jaurès et de Ferdinand Buisson, il envisage ces Maîtres non comme des magots de brocante mais comme des docteurs de l'avenir. Dans son manifeste Refondons l’École, il se montre élève discipliné des grands anciens, dont l'enseignement idéologique est dûment reçu et actualisé dans l'ambiance gauche-bobo, propre à notre Bel aujourd'hui.
Le plan a été mis au point pendant la dernière moitié du XIXe siècle
Et pour commencer l'aveu qui tue : « C'est grâce à l'école que la République a fait de ses enfants des Républicains et qu'elle a pu enfin s'établir définitivement ». Le constat est fréquent sous la plume de Peillon : la République n'a pas forcément été un enfant désiré de la Nation France. C'est l'éducation nationale qui a permis que le fait républicain s'incruste dans les mentalités. Le plan a été mis au point pendant la dernière moitié du XIXe siècle par les Républicains qui, entre 1792 et 1799 d'une part, puis 1848-1852 d'autre part, n'avaient pas réussi à s'installer durablement à la tête du Pays. La marque de fabrique de la République sera ce ministère de l'Instruction publique, sous l'autorité duquel « l’École doit non seulement instruire mais éduquer, non seulement transmettre des savoirs mais transmettre des valeurs. Celles de la République. Ni plus ni moins ». Nous sommes au cœur du discours républicain. À l'heure des grandes utopies fascistes et communistes, la France, elle, avait déjà son école. Elle lui donnait tous ses soins comme au berceau de la République.
Las... ce berceau se porte plutôt mal en ce moment. « L'avenir est en crise » écrit Peillon qui aime les formules à l'emporte pièce. « En 2006, l'école française occupe le 27e rang sur 44. [en 2001 le 18e sur 33]. 33 % des élèves sont jugés faibles ou très faibles par les enquêteurs internationaux ». Bref le principal ascenseur social de la nation est en panne. Cela n'empêche pas Vincent Peillon, dans une tradition que l'on doit qualifier de stalinienne, de déclarer que l'on fera tout pour que tous réussissent. Autrefois, on cherchait à faire en sorte que les meilleurs tirent leur épingle du jeu. Mais on a changé tout cela... « La mixité sociale et scolaire (sic) ne porte préjudice à aucun élève bien au contraire ». « Il va falloir se donner les moyens de permettre la réussite de tous et donc revoir ces politiques de ségrégation qui ont échoué ». Vive l'école black, blanc beur ! Elle sera aussi performante que notre équipe de football.
Mas il en va de la société de demain, qui doit être indifférenciée, nous allons le voir.
Cette école n'est plus l'école laïque d'autrefois, et pas seulement à cause de son recrutement. Le contenu de l'enseignement a changé. On pourrait dire d'ailleurs qu'il importe peu. Ce qui est essentiel, c'est d'apprendre à apprendre. Je dirais même : d'apprendre à désapprendre. L'idée est de refuser a priori toute identité reçue et de ne tolérer, éventuellement que les identités choisies : « Il s'agit de donner à l'enfant les moyens de s'arracher à tous les déterminismes qui peuvent peser sur lui. Cela ne veut pas dire l'arracher à sa famille, à son histoire, à sa patrie, à sa religion. Cela veut dire lui donner les moyens de choisir en toute connaissance de cause et par une adhésion volontaire, personnelle et motivée. La première des libertés, c'est la liberté de conscience. Cette liberté est aussi le cœur battant de la laïcité ».
Il faut : « arracher l'enfant aux déterminismes qui pèsent sur lui »
Nous sommes à 1000 lieues de la laïcité selon Jules Ferry. Dans sa célèbre Lettre aux instituteurs, Ferry disait : « si ce que vous dites risque de choquer un seul père de famille dont l'enfant se trouve dans votre classe, abstenez-vous ». On peut dire que cette École d'autrefois se souvenait qu'elle prétendait à la neutralité. Aujourd'hui, plus de neutralité dans la laïcité. Chacun doit être capable de défendre ses convictions et plus exactement de les perdre pour éventuellement les retrouver. Le modèle n'est plus la neutralité mais le nihilisme collectif. Il faut, vous avez bien lu, « arracher l'enfant aux déterminismes qui pèsent sur lui ». Il faut lui donner les moyens de choisir en toute connaissance de cause, en lui ôtant tout ce qui ne relève pas de la Raison. Seule la Raison, au sens où l'entend Vincent Peillon, est capable d'opérer ce mécanisme de désappropriation collective et de réappropriation personnelle. Les enfants qui sortent d'un tel système auront perdu l'identité qu'ils ont reçue, de leur famille, de leur éducation etc. Ils seront capables de retrouver une identité personnelle, parfois, par compensation, particulièrement intense (je pense à l'islamisme de nos banlieues, qui est une réislamisation personnelle de gens auxquels on a voulu tout enlever). Ou bien ils céderont à la grande idée commune, qui est aujourd'hui l'autre nom du socialisme comme le pressentait Igor Chaffarevitch, l'ami de Soljénitsyne : cette génération est mûre pour le nihilisme obligatoire.
En tout cas, ajoute immédiatement Peillon, il faut que ce soit clair : « Un des critères de la rationalité, c'est précisément l'impossibilité de parvenir à une vérité absolue et définitive ». On croirait entendre Bernard Shaw : « La seule règle d'or, c 'est qu 'il n'y a pas de règle d'or ». Cette assertion ministérielle est fausse, soulignons-le au passage : la raison, que ce soit au plan scientifique ou même au plan moral, parvient à des vérités définitives : un théorème ou une loi morale imprescriptible. Mais cette affirmation ministérielle est le premier article du Credo de la nouvelle religion laïque.
Claire Thomas monde & vie 26 février 2013 -
Pelot d'Hennebont, Tri Yann
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Loi sur l’école – Information à la population .
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Un jour noir pour la gauche de la gauche
Ce 5 mars 2013 aura décidément représenté un jour assez sombre pour la gauche la plus intelligente du monde. À Paris, il faisait un temps magnifique. Pour les hommes épris de liberté, et même pour les trotskistes, on aurait pu fêter le 60e anniversaire de la mort de Staline. (1)⇓ Ne parlons même pas du record historique de la bourse de New York, effaçant les pertes liées à la crise des obligations pourries et à la faillite de Lehman Brothers de 2008.
En fin de soirée on apprenait la disparition d’Ugo Chavez. Voilà qui a tout gâché. La réaction de Mme Christiane Taubira en témoigne. Gardienne de l'État de droit au royaume de François Hollande, elle s'est crue obligée de proclamer : "Amitié et respect au peuple du Venezuela qui dit son cœur brisé et ses craintes du retour hardi des injustices et exclusions." (2)⇓
Dans la journée, un autre deuil, sans trop de gravité pour le gouvernement : l'échec de la mobilisation de la CGT et de ses comparses contre l'accord du 11 janvier sur la réforme du marché du travail.
On le sait la différence entre le sigle CGT et le cancer général du travail vient seulement de ce que le cancer évolue, et pas la CGT.
Il a fallu attendre en effet une heure de défilé au journaliste du Monde pour qu'il note, à 15 h 27, le "premier slogan anti exécutif" : "Hollande si tu continues, la classe ouvrière te bottera les fesses". (3)⇓ Pas bien méchant. On continue de ménager ce pouvoir d'une main, en le harcelant de l'autre. Prudemment le frère Mailly déclare attendre l'avis du conseil d'État. Or, le gouvernement ne l'a pas encore publié. D'ailleurs le secrétaire confédéral de Force ouvrière, tout en défilant et en posant pour la photo aux côtés du dirigeant cégétiste ne demande pas formellement le retrait du texte : "On verra demain le texte qui sera présenté en conseil des ministres" déclare-t-il.
On ne peut que hausser les épaules quand on entend que FO et la CGT revendiquent 200 000 manifestants. On doit d'ailleurs considérer, de toute manière, ce chiffre inflaté lui-même comme dérisoire si on le rapporte aux 174 défilés organisés par les quatre centrales syndicales sur toute la France.
À 16 heures, le dernier manifestant avait quitté la place du Châtelet.
L'UNEF, la FSU et Sud clôturaient le cortège.
C'est la CGT de l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris qui est là en nombre et qui crie pratiquement le plus fort.
Mais ni les étudiants de l'UNEF, ni les enseignants de la FSU, ni les postiers ou les cheminots de SUD, ni les hospitaliers de la CGT ne sont concernés par l'accord du 11 janvier.
Globalement, les manifestants CGT apparaissaient certes, et de très loin, plus nombreux que ceux de Force Ouvrière.
Cependant la présence de FO, Mailly bras dessus bras dessous avec le camarade Thibault, sert d'alibi.
L'appareil cégétiste et les communistes, doivent être considérés comme les véritables instigateurs du rassemblement : à 13 h 44, sur le pont au Change, les deux camarades Bernard Thibault et Pierre Laurent flanqués de leurs gardes du corps échangeaient les dernières consignes. Le parti, abrité cette fois derrière le front de gauche, s'était déjà retrouvé le 27 février devant le Sénat quelques jours auparavant. "300 partisans" (4)⇓. avaient pu faire pression sur la Haute Assemblée : 174 sénateurs contre 172 avaient ainsi voté l'amnistie légale des casseurs activistes de gauche.
FO, rappelons-le, regroupe traditionnellement plutôt des fonctionnaires. Et quand la CGT parvient à mettre en avant des manifestants issus des salariés du privé, il s'agit surtout de délégués syndicaux.
Autre détail étonnant : tous les médiats évoquent les "quelques députés" socialistes qui soutenaient la manif ou qui s'apprêteraient à votre contre le texte. Or, cette fraction semble minuscule. On ne cite jamais que 2 ou 3 noms. Toujours les mêmes.
Ne crions cependant pas victoire trop vite ni trop fort. Certes, les damnés de la Terre ne se dressaient pas debout : la démobilisation de tout ce beau monde en ce premier beau jour, tient peut-être aussi… aux vacances de neige. On le murmurait dans le cortège.
En regardant défiler les photos, on ne sait d'ailleurs plus très bien si on a affaire à des intermittents de la mobilisation ou à des permanents du spectacle.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- Le même jour, 5 mars 1953, mourait Serge Prokofiev.⇑
- cf. son gazoullis sur Twitter⇑
- cf. l'envoyé du Monde⇑
- Ce chiffre fort généreux était donné par Le Monde en ligne le 27 février à 21 h 27⇑
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Vers l'immortalité ?
Quand ont été découverts les chromosomes, les jeunes généticiens disaient leur angoisse devant les perspectives ouvertes par cette nouvelle science. Et le professeur Lejeune s'en alla en pleurant quand il reçut le Prix Kennedy en 1962 aux États-Unis ; un professeur lui avait expliqué que sa découverte allait pouvoir détecter in utero la trisomie et éliminer les porteurs de cette maladie par l'avortement qui allait être légalisé. Or depuis cette époque, les choses se sont accélérées et iront encore plus vite. Le schéma des devoirs de la médecine du futur était ainsi déterminé. Après les anomalies chromosomiques, furent découvertes les anomalies génétiques, puis les anomalies de l'ADN. Celles-ci vont avoir leurs conséquences. Elles sont imprévisibles mais en même temps terrifiantes.
Quand la compassion justifie l'injustifiable
La société est devenue utilitariste. Et au nom de la compassion, toujours invoquée par les médias, l'euthanasie prônée à cette époque par Attali comme règle de la société a permis des affaires Humbert ou Sébire. Mais déjà 2 % de la population belge se fait euthanasier et les corps servent de réservoir d'organes (26 % des greffés du cœur). Nul doute que jouant sur l'émotion, ces catégories s'étendront et s'étendent déjà à tous ceux qui sont fatigués de vivre, puis aux vieillards considérés comme inutiles. En Grande-Bretagne, les nouveau-nés handicapés ne sont pas réanimés ou éliminés à la naissance. Un professeur propose même de ne plus réanimer les enfants à la naissance, alors que pour nous obstétriciens, c'est un geste quasi quotidien. Et en France depuis la loi Veil ces enfants sont tués in utero par le diagnostic prénatal. Ce tri des humains s'étend aux anomalies génétiques détectées par le diagnostic préimplantatoire, une sélection eugénique de même type. Et nous avons vu dans un article précédent qu'en analysant l'ADN, ce qui est désormais facile, il est possible d'éliminer les maladies y compris sur de simples probabilités. En Angleterre par l'observation de l'ADN, sont évincés des embryons sur de simples possibilités de risque de cancer du sein. Nous nous acheminons ainsi vers une humanité normalisée bien objectivée par le mythe de « l'enfant parfait » qui tend à devenir réalité. Dans 20 ans des médecins seront traînés devant les tribunaux pour avoir laissé venir au monde des enfants qui simplement seront laids ; comme on les traîne actuellement pour n'avoir pas diagnostiqué une anomalie fœtale.
L'homme machine
Conjointement la médecine par la micro-informatique fait des progrès stupéfiants. Des micro-ordinateurs sont implantés dans le cerveau pour les troubles de la cochlée ; ce qui permet de rendre l'audition. De tels dispositifs appelés implants sont greffés chez les cardiaques ou les malades atteints d'Alzheimer. Des reins artificiels sont été implantés sous la peau et réglés par ordinateurs. Un cœur artificiel a été nus au point. La dépression nerveuse peut être aussi guérie par ces implants.
Si bien qu'en pratique on ne sait plus bien ce qui à terme sera ou ne sera pas bon pour l'Humanité. Or les politiques au lieu de donner des limites se mettent à la remorque des médias. Et un groupe de scientifiques (avec Peschanski), lors des dernières discussions sur le renouvellement des lois de bioéthique, demandait que la recherche soit définitivement libérée ; reléguant ainsi l'humanité au rang de cobaye et laissant le champ libre aux savants fous aux apprentis sorciers. Il s'en est fallu de peu que cette revendication satisfaite. De quoi sera fait le lendemain d'une humanité normalisée au nom d'un progrès irréversible ? Il faut pourtant aller plus loin encore. Le clonage humain qui a été réalisé par Wood en Californie, finira par être autorisé par l'ONU : une possibilité de se survivre à soi-même.
Conjointement, Venter, après avoir créé une nouvelle espèce de bactéries appelée Synthia, progressera dans l'élaboration d'organismes de plus en plus complexes ; y compris humains comme il l'a déclaré lui-même.
Le monde des robots
L'idée des transhumanistes est qu'il doit être possible de télécharger l'encéphale dans un super-ordinateur puis dans un autre corps humain. Ceci permettrait à cet organe de se survivre à lui-même. Il serait alors possible de l'améliorer comme il se fait des avions par exemple. Ainsi serait atteinte une forme d'immortalité. Le monde serait alors dirigé par des cyborgs d'une intelligence croissante devenant progressivement artificielle et à laquelle serait ajoutée de la « mémoire vive » comme à un ordinateur. Des robots de plus en plus sophistiqués seront mis bien sûr à la disposition des humains pour leurs besoins quotidiens et même améliorer leur bien-être. Conjointement les hommes deviendront des robots pensants, issus de la technologie grâce à ces implants brain, ces implante dans le cerveau. Ils deviendront des êtres intelligents artificiels.
Vers le surhomme
Mais il est évident que cette super-technologie en raison de son coût faramineux ne pourra profiter à tout le monde. Tôt ou tard, elle sera réservée à quelques happy fews, quelques heureux élus. Les États seront obligés de se désengager de ces dépenses colossales. Il est évident que remplacer partie ou totalité d'un cerveau par un ordinateur ne sera réservé qu'à une infime minorité ; comme il en est ainsi par exemple des vols dans l'espace. On voit d'ailleurs que les personnages comme les Rockefeller ou Bill Gates dont l'argent a servi à pervertir le monde, jouissent de fortunes colossales dont ils n'ont nullement besoin présentement. Et leur sauf-conduit est la prétention qu'ils ont d'améliorer le monde. En réalité pour eux compte seulement d'accroître leurs propres pouvoirs et plus précisément celui de longévité. À ce jour, Rockefeller peut se faire greffer le cœur artificiel qui vient d'être mis au point. Ce simple matériel sans les frais opératoires et hospitaliers coûte 100 000 euros. Et la production actuelle en est infiniment lente. Une injection intraoculaire de Lucentis, un produit contre la dégénérescence maculaire, coûte 1 000 euros et la guérison n'est que partielle. Or cette maladie progresse avec une incroyable vitesse avec l'allongement de la durée de vie. Le coût du traitement du sida est absolument astronomique. Il en est de même de celui de certains médicaments anticancéreux.
Une sélection par l'argent
Ainsi ceux qui auront les fonds nécessaires et les relations pour se faire greffer dans l'encéphale des microordinateurs seront les « décideurs », car capables de joindre leur intelligence à la technicité des microprocesseurs. Ces futurs immortels auront un pouvoir colossal sur les autres.
Cette super-humanité serait amenée à être les « contrôleurs » du reste d'une population périssable appelée elle à avoir une durée de vie normale ou volontairement limitée. La société des Ubermenschen et des Untermenschen, des surhommes et des sous-hommes de Nietzsche, celle dont le nazisme voulait voir l'avènement. L'oligarchie régnante sur la planète a toujours su s'approprier des facultés nouvelles aux dépens du reste de la population. C'est probablement ainsi que se dessinera la post-humanité qu'appellent de leurs vœux les transhumanistes. Ce mouvement argue de cette évolution pour permettre à l'humanité de se survivre à elle-même au cas où le cerveau des hommes serait victime de « l'effet papillon » et que brutalement l'humanité perdrait l'intelligence.
Nick Boström qui dirige l'Institut pour le futur de l'humanité de l'Université d'Oxford, va plus loin encore. Il pense que l'esprit des hommes sera simulé et stocké sur des ordinateurs ; et que progressivement l'homme biologique serait amené à disparaître.
L'extinction de l'Humanité
Tous ces scénarios de science-fiction se réalisent progressivement. Et les choses iront plus vite que nous le pensons. Il n'est pas question de jeter la tunique de Nessus sur tout cela. Un homme que je pensais intelligent m'a déclaré naguère qu'il ne croyait pas que l'ADN existait. Faut-il le laisser à ses illusions ?
Il faut cependant conclure en faisant quelques remarques. La première est que la création d'espèces nouvelles comme le fait Venter risque de libérer un organisme non contrôlé par l'homme ; celui-ci pourra bien éradiquer l'espèce humaine. C'est ce qu'a déclaré ETC group, organisme international créé en 1930 par Eléonore Roosevelt (nièce de Théodore, président des États-Unis). Cet organisme surveille la biosphère. Il compare la synthèse de Synthia par Venter à l'ouverture d'une boîte de Pandore. Dans un ouvrage intitulé Bio-massacre, il dénonce la biologie synthétique menaçant la biodiversité et les modes de subsistance. À chaque apparition d'un microbe mutant se pose d'ailleurs cette même question. C'est l'histoire du chikungunya, de la grippe H1N1 ou d'Escherichia coli qui ont fait trembler le monde. Telle est de même la position de Nick Boström qui pense que l'Humanité a une chance sur deux de disparaître au travers de la création d'un organisme non maîtrisé.
Par ailleurs, en greffant une multitude d'implants cérébraux, l'homme restera toujours inquiet face à son destin. Il lui restera toujours à définir le sens de la vie. Et à cet égard, tôt ou tard l'humanité devra s'interroger sur ses fins dernières. Et à cela seule la religion peut répondre. Il y a présentement un regain d'intérêt pour la philosophie ; ceci débordera obligatoirement vers la métaphysique. Voilà qui est porteur d'espoir.
La dernière remarque est celle du croyant. Il y a un proverbe italien qui dit que c'est le diable qui fait bouillir la casserole, mais Dieu qui en tient le manche. Tant de tsunami que l'explosion de la centrale nucléaire au Japon devraient faire réfléchir les hommes. Or nous vivons dans notre pays sur la véritable bombe que sont nos 54 centrales nucléaires. De quoi détruire toute l'Europe et contaminer toute la planète, ramenant notre terre à l'ère de la préhistoire. Rappelons-nous un de ces négros spirituals qui sont de véritables prières. He has all the world in his hands. Il a le monde entier dans ses mains. Dieu n'a pas créé le monde pour l'abandonner. Là est notre espoir et notre confiance. La seule immortalité qui puisse exister est celle proposée par Jésus dans ses enseignements. Il suffit d'attendre et de prier.
Dr Jean-Pierre Dickès Présent du 27 juillet 2011 -
Venezuela : Caracas rapatrie la quasi-totalité de son or placé à l’étranger
(Article publié le 31 janvier 2012)
Le Venezuela a rapatrié son dernier convoi d’or déposé à l’étranger, un plan annoncé en août 2012 par le président Hugo Chavez qui souhaitait notamment protéger des réserves estimées à 9 milliards de dollars des turbulences financières en Europe et aux États-Unis.
C’est la dernière phase de ce plan qui s’est déroulé de la Banque centrale du Venezuela (BCV), Nelson Merentes, lors de la réception du convoi à l’aéroport international de Caracas, selon des images retransmises par la chaîne de télévision officielle VTV.
Le Venezuela maintenait 211,35 tonnes d’or principalement dans des banques européennes, d’une valeur totale de 11 milliards de dollars, dont il a rapatrié la majeure partie en 3 convois. Plus de 80% de ces stocks étaient déposés au Royaume uni, principalement dans les coffres de la Bank of England.
C’est un acte de prudence financière, et aussi de souveraineté de détenir l’or ici comme nous l’avions toujours fait, a déclaré M. Merentes, rappelant qu’une bonne partie de ces réserves avait été déposée à l’étranger entre 1986 et 1992.
Le reste des réserves d’or à l’étranger (environ 50 tonnes) permettra au pays de réaliser certaines opérations commerciales pour lesquelles elles sont nécessaires, a-t-il précisé.Le pays sud-américain occupe le 15e rang mondial des réserves d’or, avec plus de 365 tonnes, selon des chiffres officiels. Parmi elles, 154 sont déposées à la BCV.
A l’été 2011, le président vénézuélien a également affiché son intention de récupérer quelque 6,2 milliards de dollars – en liquide ou en bons échangeables – conservés dans des établissements bancaires suisse, britannique, français et américains ou de les transférer vers des institutions de pays amis (Chine, Russie, Brésil).
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