Maxence Hecquard, auteur des Fondements philosophiques de la démocratie moderne (éd. F-X. de Guibert), est aussi un homme d'affaires expérimenté qui connaît bien les marchés de capitaux.
Monde et Vie : Maxence Hecquard, la crise économique a connu cet été une nouvelle étape. Pensez-vous que nous soyons à la veille d'un effondrement du système ?
Maxence Hecquard : Non. Cette crise est grave, mais ne signifie pas encore à mon sens la ; fin du monde capitaliste, malgré ses turpitudes comme le montant astronomique des dettes extérieures des États.
Que se passe-t-il aujourd'hui ? Les investisseurs, c'est-à-dire le marché, prennent conscience que la dette d'un certain nombre d'Etats pourra difficilement être remboursée. En effet, ces États ne produisent pas suffisamment de richesses pour assurer à la fois le service de leur dette extérieure et le fonctionnement normal de leur économie. C'est le cas de presque tous les pays développés - y compris la France -, qui vivent depuis 30 ans au-dessus de leurs moyens, avec un endettement qui, en termes de pourcentage de leur produit intérieur brut (PIB), s'accroît structurellement.
Il faut se souvenir que la dette est à la fois un stock - son volume - et un flux. En effet chaque année, une partie de la dette arrive à échéance et doit être renouvelée : on crée donc une nouvelle dette pour rembourser la première et financer les affaires courantes. À cette occasion, les investisseurs prêtent de nouveau et fixent un nouveau taux d'intérêt, qui suit les aléas généraux des marchés internationaux. C'est ce mécanisme qui crée des difficultés. Car si les investisseurs prennent brusquement conscience qu'un emprunteur, en l'occurrence un État, est insolvable ou risque de le devenir, ils réclament un taux d'intérêt plus élevé pour couvrir ce risque de défaut. On entre alors dans un cercle vicieux : les intérêts augmentant, le pays est obligé de s'endetter encore davantage pour les payer et finalement n'arrive plus à rembourser le capital. C'est ce qui s'est produit en Grèce. Et si la prise de conscience s'étend à d'autres pays - on parle de ceux de l'Europe du Sud, la France n'étant pas à l'abri avec une dette représentant environ 80 % de son PIB -, les taux d'intérêt de leurs dettes montent brusquement, reproduisant le même mécanisme infernal.
La nouvelle dette sert exclusivement a payer les intérêts de la vieille dette
Les États-Unis sont dans la même situation et viennent de perdre leur note AAA. C'était inévitable puisque, depuis plusieurs années, leur nouvelle dette sert exclusivement à payer les intérêts de la vieille dette. Ils s'enfoncent ainsi dans un mécanisme de surendettement, qui ne peut pas durer éternellement.
Pourtant ce phénomène dure depuis des décennies : comment est-ce possible ?
C'est fondamentalement un problème monétaire. Si les États-Unis ont pu s'endetter autant, c'est parce que, depuis l'abandon de l'étalon-or, ils peuvent créer de la monnaie pour assurer les remboursements de leur dette. Le mécanisme des changes flottants permet ainsi à certains de s'endetter massivement tant qu'ils trouvent des prêteurs. Le Japon a financé pendant des décennies les déficits américains et c'est la Chine qui le fait aujourd'hui. L'augmentation de la masse monétaire en dollars, avec la dépréciation qui en résulte, a permis les remboursements réguliers de la dette américaine. L'Europe a imité les États-Unis. C'est parce que le dollar et l'euro ne sont plus convertible en or que l'Occident a pu s'endetter massivement. Mais les marchés ont brusquement pris conscience de ces risques souverains et se sont aperçus qu'il n'était pas exclu que des États occidentaux fassent défaut. D'où la nervosité qui incite beaucoup d'investisseurs à refuser de souscrire à de nouvelles dettes et à vendre les bons du trésor. Ils leur préfèrent les valeurs-refuge : or, immobilier, œuvres d'art, etc.
Une crise des finances publiques entraînerait une crise générale de liquidité, qui se traduirait par une récession mondiale, avec pour conséquence des faillites d'entreprises en chaîne et la chute des marchés boursiers.
Par ailleurs, dans une économie mondialisée, les difficultés d'un acteur sont ressenties dans toute la planète. La mondialisation se traduit donc fatalement par une multiplication des crises.
Néanmoins, le système financier international est extrêmement solide et ce n'est pas la première crise financière qu'il traverse - il s'en est produit tout au long du XXe siècle.
Puisque vous avez posé le diagnostic, examinons les remèdes. Par quels moyens pourrait-on sortir de la crise actuelle ?
Il existe plusieurs manières de traiter le surendettement.
La manière simple et honnête consiste, lorsque l'on a vécu au-dessus de ses moyens, à réduire son train de vie, sa consommation et à accroître son épargne pour rembourser ses créanciers. C'est la politique de rigueur imposée à la Grèce et que l'on envisage aujourd'hui de mettre en œuvre dans l'ensemble des pays occidentaux. Malheureusement je crains que cette politique soit inefficace aujourd'hui. En effet elle reviendrait à mettre le commun des citoyens au pain sec et à l'eau pour rembourser les dettes, alors que les dépenses somptuaires engagées par les pays occidentaux depuis 30 ans n'ont pas profité à toute la population.
Cette politique de rigueur aurait donc un coût social et politique important, difficile à gérer pour les équipes gouvernantes et dont les limites pourraient s'éprouver dans la rue. Les désordres sociaux seraient aggravés par la mauvaise assimilation de populations immigrées souvent désoeuvrées, comme nous l'avons vu récemment en Angleterre. En outre, la disproportion entre la masse des dettes à rembourser et les capacités d'épargne des parties les moins favorisées de la population et même des classes moyennes rend inopérant ce moyen de désendettement, pourtant le plus naturel.
Une seconde solution consisterait à faire défaut, en disant aux créanciers : nous n'avons pas les moyens de vous rembourser, donc nous vous demandons un rééchelonnement des dettes. C'est ce qu'ont fait la Russie en 1998, le Brésil en 1999 et l'Argentine en 2002. Il me paraît cependant difficile d'envisager une telle issue pour des pays nord-américains ou européens, car un défaut officiel entraînerait mécaniquement des provisions sur les bilans des banques, qui sont des détentrices importantes des dettes souveraines de ces pays. Il s'ensuivrait une faillite théorique des banques occidentales très compliquée à gérer par les banques centrales.
Mutualisation et inflation
Un troisième type de solution dissocierait les Etats européens qui ont franchement exagéré (l'Europe du sud) et ceux qui ont été plus raisonnables (l'Europe du nord) en les traitant différemment. C'est déjà le cas, puisque les pays du sud paient des taux d'intérêt très supérieurs à ceux de l'Allemagne, de la France ou de certains pays d'Europe du nord : la différence est de 3 à 5 %. Pour permettre aux États du sud de « relancer la machine », on pourrait envisager qu'ils sortent de la monnaie unique et retrouvent une monnaie nationale fortement dévaluée par rapport à l'euro. Cette dévaluation compétitive leur permettrait de relancer l'économie, de restaurer les exportations et donc de redonner de la compétitivité. Cependant, le coût politique pour l'Europe serait tel que les dirigeants europhiles préféreront une autre solution, plus douloureuse mais préservant la monnaie unique : la quatrième solution.
Celle-ci consisterait à mutualiser les dettes en substituant aux dettes des Etats les plus dépensiers une dette de l'ensemble de l'institution européenne, ce qui conduirait les fourmis à contribuer à payer les dettes des cigales.
Les peuples-fourmis ne risquent-ils pas de réagir négativement à cette mutualisation ?
L'opinion publique des pays les moins endettés et les plus performants économiquement sera mécontente, mais ce mécontentement suffira-t-il à enrayer ce processus ? Aujourd'hui, tous les pays européens sont engagés dans une fusion d'abord économique, puis politique. J'entends fort peu de voix demander le retour à une indépendance complète - y compris monétaire - des nations. Cette crise représente d'ailleurs une formidable opportunité politique pour réduire le pouvoir des nations en difficulté. Cette contrepartie politique justifiera les efforts financiers de l'Europe du nord, qui va accroître son emprise sur l'Europe du sud. Ça vaut bien quelques sacrifices des retraités allemands...
Toutes les mesures de règlement de la crise vont dans le sens de cette mutualisation de la dette. Ainsi, quand la Banque Centrale Européenne acquiert des dettes des États qui ne trouvent pas preneur, elle fait fonctionner la planche à billets pour les financer. Or, la BCE est elle-même financée par l'ensemble des États membres de l'Europe. Il s'agit donc bien d'un mécanisme de mutualisation.
De même, quand le Fonds de garantie européen s'endette auprès des États membres pour racheter la dette des Etats en difficulté, il s'agit encore d'un mécanisme de substitution et de mutualisation. Et la règle d'or qui a été envisagée la semaine dernière par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel est elle-même une condition pour avancer sur le chemin de la mutualisation complète des dettes européennes.
Cela suffira-t-il à régler le problème du surendettement ?
Non, car le surendettement est général, même s'il est plus grave dans certains pays. Mutualisée, la dette extérieure de l'Europe est aussi importante que celle des États-Unis - gigantesque. À court terme, la mutualisation rassure les créanciers et permet de gagner du temps, mais elle ne réduit pas la dette.
Une fois de plus la réduction de la dette passera invariablement par l'inflation. On fera fonctionner la planche à billets pour rembourser les dettes. C'est ainsi que l'on a réglé toutes les crises de surendettement majeur, dans tous les pays. Il était exclu de recourir à cette solution lors de la construction de la monnaie unique européenne, parce qu'on nous la présentait précisément comme un remède à l'inflation ; mais cette monnaie unique n'ayant pas empêché le surendettement, l'inflation va revenir.
Il y a déjà eu une importante inflation cachée, au moins sur les biens de consommation...
Oui, mais elle est insuffisante pour régler le surendettement, qui est d'une tout autre ampleur. On peut penser que celle à venir serait beaucoup plus importante, comparable à l'inflation à 15 % que l'on a connue en France à la fin des années soixante-dix. En pâtiraient essentiellement les gens qui ont une épargne monétaire, autrement dit les classes moyennes et les retraités. Comme nous sommes des pays vieillissants, cette politique inflationniste est plus difficile à faire accepter politiquement qu'il y a 30 ans, c'est pourquoi nos gouvernants se gardent de l'annoncer.
En pâtiraient aussi les pays comme la Chine, le Japon et les États du Moyen-Orient, qui ont investi massivement dans la dette souveraine de l'Occident vieillissant et consommateur : lequel leur répondrait cyniquement que les pertes qu'ils constateraient sur leurs dettes libellées en dollars ou en euros seraient la compensation des taux de change artificiellement bas dont ils bénéficient et qui leur ont permis de s'industrialiser au détriment des pays occidentaux.
Mutualisation et inflation : telle est la solution. Il s'agit d'un défaut de paiement qui ne dit pas son nom.
Vous avez posé le diagnostic de la crise et analysé les moyens d'y remédier, mais quelles sont ses causes ?
Nous sommes surendettés parce que nous avons vécu au-dessus de nos moyens ; et nous avons vécu en cigales parce que notre monde a perdu toute règle morale : sa seule règle est de consommer et de jouir de ce monde comme d'une chose qui nous appartiendrait. Telle est la cause profonde de la crise.
L'Occident doit faire son mea culpa. En quelques générations, il a dévoré l'ensemble des riches ses de la planète, sans enrichir les populations des pays sous-développés et sans même se reproduire correctement. La frénésie de la consommation a été le seul moteur de la croissance occidentale, alors que celle-ci aurait dû se fonder sur une saine croissance démographique. Ceci a engendré des flux migratoires et de nombreux désordres (comme le problème des retraites) que personne ne veut vraiment reconnaître. Je pense que nous allons certes passer cette crise, mais qu'à long terme la situation ne s'améliorera pas. L'effondrement du système finira par arriver si l'on ne règle pas les problèmes structurels de notre société. Ceux-ci ne sont pas économiques mais moraux. Ils touchent au bon ordre de la nature et à la nécessité de vivre conformément à nos moyens en pratiquant, comme disent les philosophes, la justice.
Propos recueillis par Hervé Bizien monde & vie . 27 août 2011
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Emmanuel Ratier rencontre les auditeurs du LTS
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Quand le peuple de gauche rejoint le Front national
Il y a quelques temps, le Président de la République française, François Hollande, a déclaré que « Marine Le Pen va être à la pointe de la radicalité populaire dans les mois à venir ».
Cette déclaration, à la fois étonnante mais révélatrice d’un malaise d’impuissance politique incapable de répondre à la crise sociale et économique, s’inscrit dans un constat d’inquiétude populaire face aux déceptions politiques qui ne sont pas à la hauteur des attentes et des promesses exprimées aux citoyens français par les socialistes lors des campagnes présidentielles et législatives de 2012.
Le changement exprimé par François Hollande et sa majorité de gauche ne sera pas pour maintenant, et ne le sera jamais.
Avec un bilan de presque un an de présidence Hollande, les électeurs socialistes se détournent progressivement du Parti Socialiste et de leurs leaders. Comment pourraient-ils soutenir un tel gouvernement lorsque celui-ci incarne le contraire de ce qui était annoncé dans le projet présidentiel de François Hollande ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 8,5 millions de français vivent avec moins de 964 euros par mois, 3,5 millions de personnes sont mal logées, et 23% de notre jeunesse vit dans la misère sociale et la détresse humaine. En décembre 2012, Eurostat a publié des statistiques qui indiquent que la France dépasse la moyenne européenne avec 25,2 % de jeunes chômeurs de moins de 25 ans.
Le premier bilan social et économique du tandem Hollande-Ayrault est sans appel. La hausse continue du nombre de chômeurs et les licenciements de masse n’ont jamais été aussi importants à la fin de l’année 2012 : 8300 pour PSA, 5122 pour Air France, 1430 pour Alcatel-Lucent, 1200 pour presstalis, 912 pour Sanofi, 629 pour Acelor-Mittal, 533 pour carrefour, 470 pour Petroplus, 419 pour Electrolux, 170 pour Coca-Cola… 2013 sera probablement une année noire pour la croissance. Ne parlons pas de la hausse des prix du gaz, de l’électricité, du carburant et de la baisse considérable du pouvoir d’achat.
Face à une droite financière qui a facilité par la loi les licenciements massifs et qui a participé à la précarisation des travailleurs et de la jeunesse, et une gauche mondialiste qui favorise et encourage largement le libre échange des capitaux, des marchandises et des hommes, tout en se soumettant lâchement aux grands groupes industriels et à la puissance de l’argent… les français n’ont plus rien à attendre de ce système politique !
Oui, effectivement le Front National est devenu la force de la radicalité populaire !
Oui, le Front National est à la tête d’un grand rassemblement social, populaire et patriotique !
Oui, le Front National incarne la France des oubliés, celle des salariés, des ouvriers, des artisans, des fonctionnaires, des retraités, des agriculteurs, des étudiants, des commerçants, des professions libérales, des dirigeants de TPE/PME… !
Cette force populaire, cette force patriotique, cette force de la saine colère incarne les attentes réelles et concrètes ainsi que l’espérance exprimées par les français !
Lors des élections législatives de juin 2012 dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, en tant que directeur de campagne, j’avais œuvré pour articuler nos axes de combat politique autour des questions sociales et économiques.
Notre discours a été relayé par une campagne de proximité qui s’est appuyée essentiellement sur la mobilisation d’une équipe de jeunes active et organisée, capable de mener rapidement et efficacement des actions ciblées. Le militantisme traditionnel n’a pas été délaissé pour autant, bien au contraire : affichages, collages d’autocollants, boîtages, tournées des quartiers et des marchés, mise en circulation d’une caravane de campagne, autant d’actions qui ont accaparé les jours et les nuits de nos militants dévoués ! Mais une stratégie de campagne moderne et innovante a été mise en place en parallèle, avec une place particulière faîte au site Internet et les réseaux sociaux.
Le résultat était à la hauteur de nos espoirs : alors que ce secteur est acquis à la gauche et au clan Guérini, nous avons largement renforcé les assises du FN qui étaient celles de Marine Le Pen à la présidentielle dans cette circonscription. En se qualifiant pour le second tour contre toute attente, le FN-Rassemblement bleu marine a réussi à devancer Lisette Narducci (PS dissident), soutenue par Jean-Noël Guérini, dans son propre bastion dont elle est la maire de secteur. Enfin, sans aucune réserve de voix, le FN-RBM a plus que doublé son score entre les deux tours en captant l’électorat de Lisette Narducci. Cette stratégie que j’ai développé tout au long de cette campagne a abouti à un résultat qui permet de nourrir tous les espoirs pour les prochaines élections municipales…
Dans le cadre des élections législatives partielles qui ont eu lieu dans l’Oise, notre candidate, Florence Italiani, a réussit à capter 40 à 45% des électeurs socialistes entre le premier et le second tour, face au candidat de l’UMP.
Ces deux élections doivent nous donner une leçon d’histoire politique ainsi qu’une réflexion profonde afin de rassembler autour de la nation les électeurs socialistes déçu par le PS.
Comme les électeurs du Parti Communiste Français qui ont rejoint, hier, le Front National sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, les électeurs du Parti Socialiste se mobilisent, aujourd’hui, en faveur de ce même Front National présidé par Marine Le Pen.
Eric Zemmour dans une très récente tribune a déclaré que « Le Front National est devenu l’héritier du Parti Communiste ». C’est une réalité ! Mais l’autre réalité c’est que le Front National va devenir également l’héritier du véritable, de l’authentique socialisme français. Comment pourrait-il en être autrement ?
En réalité les électeurs de gauche prennent progressivement conscience qu’il n’y a plus rien à attendre et à espérer d’une oligarchie politique libérale, socialiste soit-elle ! Et c’est à nous, patriotes, de les accueillir ouvertement et chaleureusement afin de poursuivre la lutte du peuple qui s’inscrit dans un héritage d’un combat social en faveur du peuple, des travailleurs et de la nation.
En effet, si l’on ignore qu’il existe un socialisme français, c’est que l’on a toujours confondu le socialisme et le marxisme. Bien avant Marx ou Léon Blum, les bases du socialisme étaient déjà fondées. Aux antipodes de la pensée gauchiste, libertaire et libérale du Parti Socialiste, l’esprit du socialisme français a puisé sa source, sa force et son prestige dans la défense des intérêts collectifs face aux intérêts particuliers. Disons le clairement, les patriotes français sont les héritiers de la radicalité populaire ! Cette radicalité qui prend sa source dans l’engagement désintéressé de grandes figures comme Jaurès, Saint-Simon, Thoumieux, Louis Napoléon, Blanc, Proudhon, Blanqui, Sorel, Salengro… Ils sont les figures et les pionniers de cette aventure politique, sociale et humaine.
Voici, d’ailleurs, quelques grandes œuvres politiques et sociales réalisées par les Héros du peuple, des travailleurs et de la nation :
Saint-Simon souligne l’importance de la production dans les rapports sociaux, au début du siècle dernier. Chacun connaît sa célèbre formule : « De chacun selon sa capacité et à chacun selon ses œuvres ». Celle-ci a été dénaturée par Marx et elle donne : « Chacun selon ses besoins » et Freud s’en amuse, il conclut : « Chacun selon ses besoins et ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants ».
Louis Blanc appuie le dialogue social entre les employeurs et les salariés. Il est le premier à donner l’idée du service public.
Louis Napoléon étend la pensée de Saint-Simon. Son socialisme n’est pas sur les mots. Il est basé sur les actes. Ce sont là : les régimes de retraite, la cité ouvrière, les crèches pour enfants d’ouvriers, la médecine gratuite pour les pauvres, le crédit foncier, les caisses d’assurances, la reconnaissance des syndicats, les prud’hommes, les chambres consultatives d’agriculture, l’assistance judiciaire, les bourses d’étude et bien d’autres…
Proudhon est le successeur de Saint-Simon bien qu’il l’ait fortement critiqué. Il mène ses recherches sur la répartition et sur le progrès du circuit monétaire. Il est le premier à envisager l’autonomie du travail par la lutte contre le capitalisme. Il blâme rudement le communisme qu’il qualifie de « Ténia ».
Thoumieux estime que l’internationalisme freine les Communards : « La Commune avait jailli précisément de la colère contre les prussiens et du désir du peuple de venger la Patrie ». Il oppose le « Nationalisme prolétarien » tel qu’il est exprimé par la Commune « face à Versailles et à l’internationalisme de l’AIT».
Blanqui est le vrai père du Socialisme Français. Bien qu’il n’y ait pas directement participé, il est le héros des ouvriers de la Commune. Il clame le droit au travail et le droit à la propriété pour tous. Pour lui, c’est la défaite du Capitalisme qui mettra fin à la lutte des classes. Blanqui est sans conteste l’un des grands noms de l’histoire du socialisme français. Il passe 36 ans de sa vie en prison. En 1832, à la Cour d’Assise, pour sa défense, il déclarait « Oui, Messieurs, c’est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs. Seulement ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu’il se défend quand il est attaqué ». Il créé un club et un journal : « La patrie en danger ».
Sorel relie la foi et la science tout en traitant les valeurs morales. Il attribue notamment au machinisme un rôle d’éducateur qu’il résume en cette phrase : « On est amené à regarder l’art comme une anticipation de la haute production » Il pense que tout corps de production doit être dirigé par un cadre fort et c’est là l’élite populaire.
Jean Jaurès lui-même, icône du socialisme français contemporain, affirmait « A celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien » allant jusqu’à dire que « Jamais nous ne livrerons la patrie ! ».
Charles Péguy, quant à lui, affirmait que « Le pauvre défend sa patrie et le riche la vend ». C’est à quoi nous assistons aujou’d’hui entre les forces de l’oligarchie de la finance internationale et du mondialisme face au peuple patriote qui entend résister et se faire respecter.
Si je devais synthétiser cet héritage, cette volonté de résister et de lutter pour le peuple et la nation, par une citation, je rependrais celle du défunt président vénézuélien, Hugo Chavez qui déclarait « Nous sommes révolutionnaires, nous sommes socialistes, nous sommes des humains, nous sommes beaucoup de choses mais dans notre essence nous sommes des patriotes ».
L’intelligentsia gauchiste du Parti Socialiste au Parti Communiste Français en passant par le Parti de Gauche… a œuvré méthodiquement à la dénaturation du mouvement de la résistance sociale et patriotique. Pourtant, n’en déplaise à nos détracteurs, le Front National est l’héritier légitime des grandes résistances populaires : Valmy, la Commune, les Canuts, Verdun, le Conseil National de la Résistance…
En réalité, un jeune qui veut lutter contre le mondialisme, un travailleur qui entend défendre son outil de production, un peuple qui entend se faire respecter et affirmer sa souveraineté… n’a plus d’autre choix que de rejoindre le Front National et Marine Le Pen.
Aujourd’hui la radicalité s’exprime dans un patriotisme de combat ! Et ce patriotisme de combat entend désormais faire changer réellement les choses. Les citoyens de gauche l’ont compris, c’est pour cela qu’ils seront nombreux demain à nous rejoindre, et c’est tant mieux pour la France !Grégory Gennaro http://www.voxnr.com
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La Métaphysique
Qu'est-ce que la métaphysique ? Le mot a été utilisé pour désigner une partie de l'œuvre d'Aristote. La métaphysique est la « science » de la réalité la plus haute de l'Être en tant qu’Être. On appelle aussi métaphysique toute connaissance au delà du sensible. « Il y a une science qui étudie l'Être en tant qu'Être et les attributs qui lui appartiennent essentiellement. Elle ne se confond avec aucune des sciences dites particulières » (Aristote, Métaphysique).
Tous les grands philosophes du passé de Platon à Spinoza ont voulu donner une explication métaphysique du monde. En général le monde sensible est mensonger et nous trompe. Pour Platon le vrai monde est celui des idées. Il existe des idées éternelles. Au XVIIIème siècle avec Kant, la métaphysique a pris une connotation négative. L'esprit anti-métaphysique s'est développé de pair avec les sciences expérimentales. Kant a pris acte de l'impuissance métaphysique. Nous avons des intuitions sensibles à partir des formes a priori de ma perception espace et temps. On ne peut connaître l'âme ou Dieu : concepts métaphysiques. Il n'existe que des phénomènes et non des noumènes. La métaphysique qui veut sortir de la sphère phénoménale est une illusion. « La colombe légère, qui dans son libre vol, fend l'air dont elle sent la résistance, pourrait s'imaginer qu'elle volerait bien mieux encore dans le vide. C'est ainsi que Platon, quittant le monde sensible, se hasarda sur les ailes des idées, dans les espaces vides de l'entendement pur. Il ne s'apercevait pas que, malgré tous ses efforts il ne faisait aucun chemin parce qu'il n'avait pas de point d'appui » (Kant, Critique de la raison pure). Malgré toutes les critiques et attaques contre la métaphysique depuis Kant jusqu'au positivisme de Comte, le néopositivisme de Wiener Kreis, la philosophie analytique et l'École de Francfort... cela n'a pas empêché de nombreux philosophes comme Hegel, Bergson, Sartre, Heidegger... d'avoir des écrits métaphysiques. Car l'homme est fondamentalement un animal métaphysique qui s'interroge sans cesse sur le sens de la vie, l'être (pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?), le bien, le mal, l'angoisse, qu'est-ce que connaître ? (il n'y a d'objet connu que pour un sujet connaissant)
Les éradicateurs de la métaphysique
Le positivisme scientifique de Comte énonce que seul l'analyse des faits vérifiés par l'expérience peut expliquer le monde.
Auguste Comte définit 3 états : l'état théologique, l'état métaphysique et celui scientifique. Il faut remplacer les croyances religieuses ou métaphysiques par la Science. Il faut renoncer au concept des causes premières. On ne cherche qu'à expliquer le comment par l'utilisation du langage mathématique. Auguste Comte était polytechnicien. Le positivisme correspond à une idéologie de la Science qui s'est considérablement développée au XIXème siècle. On n'est pas loin du « scientisme ».
Le cercle ce Vienne ou Wiener Kreis a été le prolongement du positivisme de Comte qu'on a appelé néopositivisme. Son chef de file Moritz Schlick fut assassiné par un étudiant. La seule explication du monde est la conception scientifique du monde.
1. On utilise les mathématiques et la logique comme langage.
2. La métaphysique est dépourvue de sens.
La Science vient soit de l'expérience (sensation) soit de la pensée mise sous une forme logique ou mathématique. Parmi les membres du Cercle de Vienne, Carnap est particulièrement virulent contre toute métaphysique. Il prend comme cible le livre « Was ist Metaphysik ? » de Heidegger. Il cherche à montrer que les énoncés de Heidegger sont des pseudo-énoncés et n'ont aucun sens.
Le tractatus loqico-philosophicus de Wittqenstein
D'après Ludwig Wittgenstein pour qu'une proposition ait du sens il faut qu'elle puisse être dite vraie ou fausse. Il faut qu'on puisse la comparer à un état de choses. Les propositions éthiques ou métaphysiques n'ont pas de sens (ni vraies ni fausses). L'éthique et la métaphysique donnent de la valeur aux choses. On n'a donc pas une description du monde. Wittgenstein arrive à sa sentence célèbre « ce dont on ne peut parler, il faut le taire ». Citons aussi « la méthode correcte en philosophie consisterait proprement en ceci : ne rien dire que ce qui se laisse dire, à savoir les propositions des sciences de la nature - quelque chose qui par conséquent n'a rien à voir avec la philosophie - puis quand quelqu'un voudrait dire quelque chose de métaphysique, lui démontrer toujours qu'il a omis de donner dans ses propositions, une signification à certains signes. Cette méthode serait insatisfaisante pour l'autre - qui n'aurait pas le sentiment que nous lui avons enseigné la philosophie - mais ce serait la seule strictement correcte » (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 6.53) Seule la « science » peut décrire le monde.
Schopenhauer
Ce philosophe considère que la métaphysique n'a plus de soubassement mais que tout repose sur une base métaphysique. Les concepts métaphysiques pour Schopenhauer sont : « l'essence, le fini, l'infini, l'être, la nécessité, la substance... »
Pour le philosophe, toute philosophie est métaphysique. Schopenhauer a une vision originale sur la métaphysique : il considère les concepts passés de la métaphysique comme vides ce qui ne l'empêchera pas de fonder une philosophie « métaphysique ». La métaphysique selon lui fait la différence entre l'homme et l'animal.
Nietzsche
De façon toute guerrière, Nietzche veut mettre à bas la métaphysique. Cette dernière s'oppose à la philosophie du penseur de Leipzig puisqu'elle nie le devenir et veut des vérités éternelles. La métaphysique refuse la jonction des contraires. Elle est aussi une recherche de la transcendance et non une explication généalogique. La métaphysique tue la vie. Nietzsche s'attaque au Platonisme. Nous n'avons aucune connaissance en dehors de ce que nous percevons. Ce que nous percevons change ; donc est du devenir. « Il n'y a pas plus de données éternelles qu'il n'y a de vérités absolues » (FN, humain trop humain).
S'il n'y a pas de vérité absolue, on peut que rejeter la métaphysique.
Le philosophe va encore plus loin dans sa critique de la métaphysique qui n'est selon lui qu'un dénigrement de notre monde donné par nos sens. « Dans ce cas, nous nous vengeons de la vie en lui opposant la fantasmagorie d'une vie « autre » et « meilleure » (FN).
Le monde de nos sens serait faux pour la métaphysique. La haine des sens qui va de Platon au christianisme fait imaginer un autre monde.
Heidegger
Pour Heidegger la métaphysique est histoire de l'être. Dans son livre « Was ist Metaphysik ? » le philosophe considère que la métaphysique tout en posant la question de l'être l'oublie aussitôt et se limite à l'étant. On a la reprise de la question « Pourquoi d'une manière générale, l'étant plutôt que le néant ? ».
Si la métaphysique est histoire de l'être, le livre de Heidegger Sein und Zeit (Être et Temps) ne fait qu'approfondir par l'analytique existentiale son Histoire. « En quelle manière, l'essence de l'homme appartient à la vérité de l'être ». L'homme est le seul à posséder une conscience de l'être ». Le « Dasein » (être-là) est ouverture sur l'être. Heidegger préférera le terme ontologie à métaphysique. Il rappellera la distinction entre la métaphysica generalis (portant sur l'être, qu'on appelle aussi ontologie) et la métaphysica specialis portant sur des états spécifiques : Dieu, l'âme, le monde…)
Habermas
On a une fois de plus une attaque contre la métaphysique dans Nachmetaphysisches Denken ; Habermas veut être le « nouveau » fossoyeur de la métaphysique. Elle est inapte à la pensée contemporaine. La métaphysique est une somme d'erreurs du passé. La compréhension de la totalité est une illusion. Habermas s'est surtout attaqué aux métaphysiques modernes (Descartes, Spinoza, Leibniz, Schelling, Hegel....)
Il faut passer à une pensée post-métaphysique. En tout cas on pourrait se poser la question de l'existence d'un reliquat métaphysique dans ses écrits sur l'éthique.
Il y aura toujours un « nouveau » philosophe pour annoncer la mort de la métaphysique. Ce qui prouve qu'elle n'a pas disparu. Freud n'y voyait qu'une illusion proche de la religion. Il croyait sa pensée « scientifique » alors que la psychanalyse n'est qu'une métaphysique de la sexualité, cette dernière étant une cause première de l'agir humain. La Science s'est toujours considérée comme discours anti-métaphysique alors que comme l'a vu le philosophe des sciences Ernst Mach, la physique elle-même souvent considérée comme un modèle pour la Science est infectée de concepts métaphysiques comme la masse, l'énergie, la force, le champ, l'espace, le temps...
Lorsque Galilée déclare : « la langue de la nature est celle des mathématiques » on a là une déclaration toute métaphysique. Il y a eu sur la relativité un désaccord entre Mach et Einstein. Pour ce dernier il existe une « réalité » qu'on peut exprimer en langage mathématique. Mach pour qui l'idée de réalité n'a aucun sens ne pouvait accepter cette vision. Il était un phénoménaliste pour qui toute connaissance provient de notre perception des phénomènes. Si même la « Science » est une métaphysique, quelle philosophie ne l'est pas ? Même le grand Kant en séparant le sujet et l'objet, le noumène (chose en soi) et le phénomène n'a-t-il fait que créer une nouvelle métaphysique ce qui fera dire à Nietzsche : « la chose en soi ne mérite qu'un rire homérique »
PATRICE GROS-SUAUDEAU -
Mis en cause par Manuel Valls, le Bloc identitaire répond au ministre de l’Intérieur
Ambiance électrique à l'Assemblée nationale... par LeLab_E1PARIS (NOVOpress) – Interrogé ce mardi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Manuel Valls a maladroitement et honteusement justifié les violences policières. Mais surtout pour dédouaner les forces de l’ordre, il a incriminé notamment le Bloc identitaire qui aurait été soi-disant un agent provocateur.
Le Bloc identitaire a répondu à Manuel Valls par le biais d’un communiqué, où il est d’abord indiqué : « Cette accusation ne repose sur rien car elle est n’est en rien la réalité. »
En effet, « aucun militant identitaire comme aucun des 1,4 million de manifestants de dimanche n’a brûlé une voiture, cassé une vitrine, pillé un magasin. Il n’y a pas eu de “débordements”. A la suite de la manifestation, des dizaines de milliers de personnes ont souhaité rejoindre, à titre individuel, entre amis ou en famille, la plus grande avenue de Paris où se trouvaient déjà des milliers de touristes. »
De plus, on peut sans peine affirmer, à la suite du Bloc identitaire, que « le gouvernement socialiste voulait des incidents. Il a délibérément parqué une foule considérable sur une avenue trop étroite. » Cependant, « cette foule s’est conduite avec une correction exemplaire et, en cela, elle a été parfaitement française. Nous parlons naturellement d’une France traditionnelle que M. Valls ne peut comprendre puisqu’il la méprise. »
Enfin, selon le Bloc Identitaire, « il importe de dire ceci : le mouvement du 24 mars n’appartient à personne. Il appartient à tous les Français dans la rue ce dimanche. Comme des centaines d’autres associations, partis, groupes, le mouvement identitaire était présent ce jour là. Il a tenu sa place comme eux et, dans ce combat fondamental, il y a de la place pour tous. »
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Le dernier « diable » d’Europe
Le samedi 2 février 2013 à Paris, à l’initiative du Mouvement Troisième Voie de Serge Ayoub et du mensuel Salut public d’Hugo Lesimple se tenait une manifestation contre tous les impérialismes. Aux côtés des organisateurs s’étaient associés la N.D.P. (Nouvelle Droite populaire), Synthèse nationale, Le Lys Noir et des délégations amies venues du Québec, de Syrie et de Belgique. Plus de 800 personnes marchèrent derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire que « les héros du peuple sont immortels » et au dessus de laquelle figuraient cinq portraits de résistants au « Nouveau désordre financiariste mondial » : le combattant tchetnik serbe Draja Mihailovitch (1893 – 1946), le président syrien Bachar El-Assad, le commandante bolivarien du Venezuela Hugo Chavez, le président russe Vladimir Poutine et le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko.
Guère connu en France, le président Loukachenko fait cependant l’objet d’une tout première biographie parue en français. Écrite par Valeri Karbalevitch, l’ouvrage comme l’indique son titre éloquent et grossier, Le satrape de Biélorussie, est une violente charge contre le chef d’État biélorusse. Il faut dire que l’auteur anime une émission en biélorusse sur Radio Liberty, une radio financée par les États-Unis et la C.I.A., ce qui en fait un stipendié de l’Occident globalitaire (1).
Bien que ce livre soit totalement subjectif et partial, Karbalevitch n’arrive pas à taire les indéniables qualités politiques d’Alexandre Loukachenko. Évoquant la grande animosité du futur président envers la nomenklatura soviétique, l’auteur lui attribue « un sentiment parfaitement sincère (p. 45) ». Il l’estime plus loin « armé d’une volonté de fer (p. 76) » et le définit même comme « un véritable animal politique (p. 131) ».
Valeri Karbalevitch dépeint par conséquent un homme d’État dont la stature se fait maintenant rare en Europe et même dans le monde. « Loukachenko possède indiscutablement du charisme et une importante capacité de persuasion (p. 141) »; il « fait preuve d’une réelle audace politique et personnelle (p. 151) ». « Homme politique chevronné (p. 307) », « brillant orateur et agitateur maîtrisant l’art du discours politique à la perfection, le président biélorusse aime la casquette de tribun (p. 139) ». L’auteur cite un politologue russe, Leonid Radzikhovski, pour qui « Loukachenko est un homme fort et un psychologue intelligent (p. 336) ». On comprend mieux pourquoi il dirige la Biélorussie d’une autorité ferme depuis l’été 1994. Mais le tempérament affirmé du « premier des Biélorusses » s’est accordé aux aspirations populaires de ses compatriotes. Cette connaissance intime des mentalités biélorusses provient d’une grande expérience de la vie.
Avant la politique
Alexandre Loukachenko naît le 30 août 1954 à Kopys d’une mère célibataire, Ekaterina, dont il porte le patronyme. Il grandit à la campagne dans un milieu pauvre. Élève brillant et passionné de hockey sur glace, il suit des études d’histoire à l’Institut pédagogique de Moguilev. En 1975, il décroche le diplôme d’historien avec une mention « Très bien » et effectue ensuite son service militaire chez les gardes-frontières soviétiques. Le jeune sergent Loukachenko y est instructeur politique. Libéré de ses obligations militaires en 1978, il devient professeur d’histoire-géographie, mais l’enseignement l’ennuie vite; il s’inscrit alors à des cours d’économie agricole dès 1979. Il y décroche en 1985 un nouveau diplôme. En 1980 – 1981, il est rappelé sous les drapeaux et sert au sein des fusiliers – motocyclistes avec le grade de lieutenant-chef.
Son biographe et adversaire remarque une instabilité professionnelle certaine. Dès sa prime jeunesse, il développe des traits forts de caractère : « Esprit rétif, sens aigu de la justice, défense des faibles et des offensés (p. 36). » Sa franchise et la rudesse de ses propos lui valent deux blâmes de la part du Parti communiste dont il est membre ! Son attitude ne l’empêche pas de devenir député du soviet local de Chklov et secrétaire de kolkhoze en 1985. L’année suivante, il est promu directeur du sovkhoze Goradets qui est en déficit. « Le jeune directeur se mit énergiquement au travail. Il commença par mettre de l’ordre, en réinstaurant la discipline et en assurant le bon état de marche des machines (p. 39). » Vivant de manière très modeste avec son épouse et leurs deux jeunes enfants, Alexandre Loukachenko se donne corps et âme à la réussite du sovkhoze. « En deux ans, le produit brut de son exploitation fut multiplié par 2,2. Le sovkhoze cessa d’être déficitaire (p. 40). »
Les autorités locales, puis de la République socialiste soviétique de Biélorussie, commencent à s’intéresser de près à ce directeur agricole aux coups de gueule retentissants. Alexandre Loukachenko est reçu à Minsk, puis à Moscou, au moment où sont lancées les réformes gorbatchéviennes. « Cet homme ambitieux et énergique n’a pas pu se frayer un chemin jusqu’à la haute nomenklatura avant que ne commence la perestroïka gorbatchévienne (p. 38). » En effet, « à l’époque soviétique, pour moult raisons, Loukachenko n’avait pas l’opportunité de faire carrière, mais la perestroïka gorbatchévienne et l’effondrement du système communiste lui permirent un envol vertigineux. Cependant ce directeur de sovkhoze devait posséder un caractère très particulier et des capacités certaines pour se frayer un chemin jusqu’au fauteuil présidentiel (pp. 27 – 28) ».
Le futur responsable biélorusse soutient au départ la politique réformatrice de Mikhaïl Gorbatchev. Puis, « dans cette période de cataclysme social croissant, les traits de caractère qui le désavantageaient dans le passé le portent en avant. Loukachenko devient un homme connu, au-delà même de la nomenklatura du district. Il acquiert l’image d’un homme courageux, qui n’a pas peur de dire la vérité. Il comprend que son temps est enfin venu (p. 41) ».
Les premiers pas électoraux
En 1989, l’Union Soviétique organise ses premières élections semi-libres pour le Soviet suprême (le Parlement soviétique). Alexandre Loukachenko n’hésite pas à affronter Viatcheslav Kebitch, vice-président du Conseil des ministres de Biélorussie et responsable du Gosplan (ministère de la planification). La campagne électorale est rude pour le jeune directeur – candidat qui affronte l’un des principaux apparatchiki du Régime. « Mais la donne politique avait changé. Même dans un coin perdu, il était désormais difficile d’intimider et d’écraser quelqu’un qui n’avait pas peur. Or Loukachenko n’avait pas peur et il se battait avec un art politique consommé, faisant preuve d’une combativité et d’une capacité de travail hors du commun (p. 44). » Si Kebitch remporte l’élection avec 51 % des suffrages, Alexandre Loukachenko obtient quand même 45,7 % des voix ! L’âpre campagne électorale l’a transformé. « Chez cet homme qui possédait de grandes réserves d’énergie, le goût du risque et une volonté de victoire indomptable, s’éveillera un vrai talent d’homme politique (p. 47). »
En 1990 se déroulent des élections libres pour le Soviet suprême de la Biélorussie. Alexandre Loukachenko pose sa candidature dans une circonscription rurale et tient un discours anti-Système radical, car il « incarne un nouveau type d’homme politique, caractéristique de l’époque post-soviétique. Doté d’un flair politique extraordinaire, il a compris plus vite et mieux que les autres qu’en appeler directement au peuple pour obtenir son soutien était la condition sine qua non de toute prise de pouvoir (p. 28) ». Très vite, « les gens allaient aux meetings de Loukachenko comme s’ils allaient admirer une star de cinéma : il avait un don d’orateur peu ordinaire (du moins selon les standards locaux) et savait utiliser des mots simples qui allaient droit au cœur (p. 46) ». Au premier tour du scrutin, il rassemble 45,51 % et est élu député lors du second tour avec 68,21 %.
Membre du Soviet suprême, ce gorbatchévien critique se rapproche de l’opposition nationaliste du Front populaire biélorusse. Il approuve ainsi en mai 1991 la souveraineté biélorusse. Il apporte toutefois son soutien à Gorbatchev lors du coup d’État des 19 – 21 août 1991. Quelques semaines plus tôt, il animait un petit groupe parlementaire « centriste » : « Les communistes de Biélorussie pour la démocratie ». Alexandre Loukachenko défend une évolution de l’U.R.S.S. vers un véritable ensemble fédéral. Sa position est donc médiane entre le conservatisme centralisateur et les séparatismes nationaux. Toutefois, son message passe mal, car « faute de savoir jouer en équipe, il reste un politique solitaire (p. 49) ». Ce qui paraît à ce moment-là comme un inconvénient se révèle vite comme un atout majeur parce que « enfant de la glasnost gorbatchévienne, il comprit, plus tôt et plus rapidement que les autres, la force de l’opinion publique. Il ne perdit donc pas de temps à créer un parti politique, mais utilisa son tempérament véhément pour séduire la population (p. 64) ».
L’effondrement de l’U.R.S.S. et l’accession à l’indépendance de la Biélorussie en décembre 1991 le rapprochent des communistes conservateurs et nostalgiques. Par des discours virulents souvent retransmis à la télévision qui le fait connaître dans tout le pays, il condamne la fin de l’Union Soviétique et l’expansion de la corruption. Ce combat contre la corruption devient son thème favori si bien qu’il accède en juin 1993 à la présidence d’une commission parlementaire spéciale ad hoc, ayant la réputation d’« être un homme honnête et audacieux, qui n’avait pas peur des supérieurs (p. 57) ».
L’éclatante victoire de 1994
Le 15 mars 1994, le Soviet suprême biélorusse adopte une nouvelle constitution largement inspirée de la constitution de la Ve République française puisque Robert Badinter et ses juristes hexagonaux ont apporté leur savoir-faire aux nouveaux États d’Europe centrale et orientale. La Constitution biélorusse accorde de larges pouvoirs au président de la République élu au suffrage universel direct. L’élection est prévue pour le 23 juin 1994 avec, le cas échéant, un second tour, le 10 juillet suivant.
La Biélorussie traverse à ce moment une terrible crise économique. La production chute de 35 % et l’inflation mensuelle est de 40 à 50 %. Premier ministre en exercice et homme fort du pays, Viatcheslav Kebitch fait figure de favori.
Bénéficiaire d’une notoriété nationale, Alexandre Loukachenko annonce sa candidature à la présidence de la République. Or, « au début de sa campagne, Loukachenko ne jouissait d’aucun soutien de l’appareil d’État ni de celui d’aucun parti (p. 70) ». Ses collègues députés sont moqueurs d’autant que pour que sa candidature soit validée, il doit rassembler le parrainage de 100 000 citoyens. Les journalistes pensent qu’il ne les obtiendra pas. Mais ils ignorent que « cet acteur de talent […] sent bien son auditoire. Il dépasse de loin tous les autres politiques pour ce qui est de savoir conquérir un électorat (p. 28) ». « En vingt jours, Loukachenko collecta 177 000 signatures ! (p. 70) ».
Outre Kebitch et lui, quatre autres concurrents briguent la nouvelle fonction présidentielle. Alexandre Loukachenko se distingue de ses adversaires par une campagne radicale et populiste. Il s’élève contre la corruption, la cleptocratie et les thèses néo-libérales. Au cours de la campagne électorale, « les sondages montraient que la majorité de la population était pour une approche égalitaire et se prononçait contre “ le marché ” (p. 73) ». Valeri Karbalevitch ajoute même que « dès le début des réformes, la Biélorussie fut une “ Vendée anti-perestroïkiste ”, l’un des centres de l’opposition à la politique de Gorbatchev (p. 67) ». Le terrain est favorable à l’anti-libéralisme conséquent.
« S’il a tiré profit d’un concours de circonstances extraordinaires en arrivant au bon endroit et au bon moment, notre “ héros ” possède un talent politique inné, il faut bien le reconnaître. Les experts, les hommes politiques et les journalistes qui étudient le phénomène Loukachenko lui prêtent une intuition politique aiguë. Selon eux, il dispose d’un instinct naturel qui lui permet d’aller dans la bonne direction et de percevoir très tôt les menaces potentielles. Pour un leader populiste, il est très important de “ sentir ” son peuple et d’en reproduire les archétypes profonds de l’esprit national et à exprimer la voix intérieure de ses électeurs (p. 132). » Rapidement, en dépit d’un système médiatique aux ordres qui le dénigrent, Alexandre Loukachenko parvient à faire jeu égal avec le Premier ministre dans les intentions de vote. Son discours contestataire attire l’intérêt de l’opinion. « La société étant déçue par les uns et les autres, il espérait s’imposer comme troisième force : “ Ni avec la gauche, ni avec la droite, mais avec le peuple ”, proclamait son tract (p. 74) ».
Au soir du premier tour avec une participation de 78,97 %, le « candidat du peuple » crée la surprise. Alexandre Loukachenko recueille 44,82 % des suffrage et est en tête dans 111 circonscriptions sur 118 ! « La province, et la campagne en particulier, l’avait soutenu avec un enthousiasme particulier. Ces résultats provoquèrent un véritable choc auprès de l’élite gouvernante qui fut incapable de s’en relever (p. 78). » Kebitch se qualifie pour le second tour avec 17,33 %. Quinze jours plus tard, alors que la participation baisse à 70,6 %, Alexandre Loukachenko remporte l’élection par 80,34 % contre Kebitch qui ne récolte que 14,70 %. Le nouveau président est investi le 20 juillet 1994.
Il accède à la présidence dans des circonstances économiques dramatiques : la production nationale se contracte de 32 %, le taux d’inflation est de 53 % et le revenu de la population diminue de 23 %. La victoire du nouveau président exprime un profond mécontentement populaire. « La “ révolution populaire ” biélorusse avait un caractère à la fois anti-nomenklaturiste et anti-bourgeois : le peuple acclamait celui qui se dressait passionnément contre la nomenklatura et le business (p. 79). » Une demande de « troisième voie » transparaissait auprès des électeurs minés par la crise et l’incurie gouvernementale.
Le nouveau président avait un gigantesque défi à relever : fonder un État respecté et protecteur du peuple. D’autres auraient tergiversé, puis reculé sous les pressions. Pas Alexandre Loukachenko qui affronta les difficultés avec une rare détermination.
Une révolution « populiste », anti-libérale et anti-bourgeoise
« Nous devons être les premiers en Europe et dans le monde à créer un État pour le peuple », s’exclame le nouveau président. Depuis 1994, avec patience, la Biélorussie édifie un État digne de ce nom et non point une structure infestée par des groupes financiers anonymes. Il n’en fallait pas plus pour que l’Occident décadent « s’en prend à Loukachenko parce qu’il a démontré le succès économique du modèle nationaliste social, ou de ce qu’il appelle le modèle du “ marché social ” par opposition au capitalisme libertaire (2) ». C’est d’ailleurs dans cet état d’esprit que « ses premières prises de parole manifestent […] un enthousiasme sincère, un véritable désir d’aider le peuple et de sortir le pays de la crise (p. 83) ». Par conséquent, son anti-libéralisme foncier « s’appuie sur la partie la plus conservatrice et passive de la société : les retraités, les allocataires de minima sociaux, les paysans. des catégories sociales opposées à la démocratie et au marché (p. 264) ». Ainsi, pour le plus grand regret de Karbalevitch, la Biélorussie ne sanctifie-t-elle pas les sacro-saintes lois du marché. En 2007, le président biélorusse déclarait : « Ce n’est pas moi qui vous ai conduits vers ce marché démentiel ! Moi, je le hais de tout mon cœur, de toute mon âme. » Quelques années auparavant, en 2002, il estimait avec raison que « nous partons ici du fait que la mentalité, les traditions et le mode de vie des gens ne peut pas changer en une nuit. Faut-il les changer ? Il n’est pas possible de jeter des gens sans préparation dans l’abîme du marché (3) ». On ne retrouve pas cette sage prévoyance chez les dirigeants russes et ukrainiens qui paupérisent leurs populations dans les années 1990 – 2000. Dès sa campagne de 1994, Alexandre Loukachenko tonnait contre les ravages de la société de marché. « Quand Loukachenko est arrivé au pouvoir, il avait deux options : libéraliser le pays ou obtenir de la Russie ce qu’elle avait toujours donné. Les usines s’étaient arrêtées, la pauvreté augmentait. La libéralisation n’était pas envisageable pour la bonne raison que tout le capital aurait été détenu aux mains des Russes : il a donc opté pour une économie d’État (4). »
L’État biélorusse agit par conséquent en État stratège dans les affaires économiques. Bien entendu, Karbalevitch se scandalise que « c’est l’État qui définit ce dont les personnes ont besoin (p. 267) ». En Occident, ce sont les groupes privées, souvent transnationaux, qui imposent leurs volontés aux citoyens au moyen d’une incroyable propagande publicitaire. Dans sa préface très nuancée, Stéphane Chmelevsky, ambassadeur de France à Minsk de 2002 à 2006, signale une « publicité discrète et maîtrisée (p. 14) » dans les rues des grandes villes. La Biélorussie résiste à l’emprise spectaculaire de la marchandise. Les « casseurs de pub » du métro parisien le rêvaient; le Président Loukachenko l’a fait !
Les autorités biélorusses savent oser quand il s’agit de défendre des entreprises ou des activités nationales majeures. Si les circonstances l’exigent, elles peuvent nationaliser. Arnaud Montebourg, le ministre français du Redressement productif et naguère chantre de la démondialisation, l’a rêvé, Alexandre Loukachenko l’a fait. Montebourg devrait s’en inspirer et aller à Minsk, là où on n’abdique pas la volonté politique… « À rebours de ce qui semblait la logique politique, Loukachenko n’a pas eu peur de passer pour un rétrograde. Il a choisi de conserver l’essentiel des mécanismes et institutions du système soviétique, et prouvé qu’il n’était pas impossible d’arrêter la course du temps et de renverser le mouvement de l’histoire (p. 28). » Le président biélorusse appartient à une tradition politique spécifique, les « étatistes ». Pour lui, « l’État doit être puissant, honnête et dirigé de manière compétente, parce que l’alternative, c’est le contrôle oligarchique et la substitution du droit privé au droit public. L’État se comporte en protecteur de son peuple – ce qui est une idée originale à une époque où les élites occidentales ont systématiquement sapé les intérêts de leur propre peuple, en particulier en matière d’immigration (5) ».
Il est clair qu’en Biélorussie, dit Evgueniï, un Biélorusse de 29 ans, consultant dans une société de conseil et vivant à Moscou depuis 2001, « l’essentiel pour [ses parents] est qu’ils vivent mieux que dans les années 90. La Biélorussie est une Corée du Nord, mais avec des frontières ouvertes. Si quelque chose te déplaît, tu peux facilement en partir (6) ». Il est facile d’imaginer que la Biélorussie serait un pays-prison. C’est faux ! Un Européen habitué au libre passage des frontières de l’Espace Schengen peut être déstabilisé par l’examen attentif et minutieux de ses documents officiels à la douane. La République de Biélorussie a compris la nécessité de maîtriser et de réguler les admissions étrangères. C’est un bel exemple de « société fermée » qui ne peut qu’agacer la caste libre-échangiste, mondialiste et sans-papiériste (7).
Anti-libérale et anti-mondialiste (la Biélorussie n’appartient pas par bonheur à l’O.M.C.), la politique économique d’Alexandre Loukachenko présente une remarquable originalité.
Une troisième voie économique ?
Dans la décennie 2000, l’économie étatisée et nationalisée n’a pas heurté les investisseurs étrangers, russes en particulier. Des rapports d’organismes économiques internationaux mentionnent la Biélorussie comme un « Tigre slave » en référence au « Dragon celtique », l’Irlande, et les N.P.I. (nouveaux pays industrialisés) asiatiques des décennies 1970 – 1980 (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong) (8).
L’économie marchande se développe avec des restrictions précises. L’État biélorusse facilite la constitution d’unions corporatives (Fédération des syndicats, Union des femmes…) qu’on aurait pu appeler ailleurs en d’autres temps des « syndicats nationaux ». Ces unions sont les actrices principales d’une économie sociale et solidaire de proximité. « L’État est occupé principalement à mobiliser et à redistribuer les ressources entre les cellules sociales, militaires et productives primitives, appelées clusters (9). » Dans ce contexte holistique dans lequel les intérêts nationaux et du peuple passent en priorité, les forces de l’Argent sont sévèrement contenues. Zélote défenseur de la société libérale de marché totalitaire dans laquelle on crève aisément de faim, Valeri Karbalevitch s’offusque que « Loukachenko veut faire des banques des outils au service de sa politique […]. Par conséquent, les autorités obligent les banques à financer des programmes d’État (construction de logements et d’« agrovilles », etc.) et à soutenir des entreprises non rentables au détriment de leurs intérêts (p. 278) ». Alexandre Loukachenko démontre que la Finance, cet « ennemi sans visage » selon François Hollande, peut être vaincue. Notre Flanby normal devrait lui aussi effectuer un stage semestriel à Minsk… de véritables campagnes de désinformation, et cette biographie en est une preuve supplémentaire, se déroulent en Occident contre la Biélorussie et son chef.
« Sur quoi se fonde le leadership de Loukachenko, s’interroge Matthew Raphael Johnson ? La réponse est : l’idée “ sociale nationaliste et d’un marché social ”. La doctrine officielle biélorusse sur le développement dit ceci :
“ La Biélorussie a choisi de suivre la route du développement évolutif, et rejeté les dispositions du Fonds monétaire international comme thérapie de choc et privatisations à tout va. Après plusieurs années de travail créatif, le modèle biélorusse de développement socio-économique a été mis en place : un modèle qui réunit les avantages de l’économie de marché et une protection sociale efficace. Notre concept de développement a été élaboré en conformité avec la continuité historique et les traditions du peuple. Ce modèle biélorusse a pour but d’améliorer la base économique existante plutôt que de provoquer une cassure révolutionnaire de l’ancien système. Le modèle économique biélorusse comporte les éléments de continuité dans le fonctionnement des institutions d’État partout où il s’est révélé efficace. ”
En d’autres termes, la vision qui est celle de Loukachenko ici, est celle d’une “ troisième voie ” entre le socialisme et le capitalisme. Elle retient ce qui est bon dans l’économie de marché mais maintient l’idée d’un État fort qui s’assure qu’une certaine croissance économique ne bénéficie pas uniquement à quelques personnes bien placées. Ce que marxisme et capitalisme ont en commun ce sont leurs résultats : inégalité totale devant le pouvoir, devant la richesse et devant l’accès. Qu’il s’agisse du parti ou de la classe des oligarques, ces systèmes modernes et matérialistes ne servent guère à autre chose qu’à des transferts massifs de richesse de l’homme qui travaille vers l’oligarque. Que ces oligarques prétendent travailler “ pour le peuple ”, “ pour le parti ” ou “ pour la liberté de l’Amérique ” ne change rien. Le résultat est exactement le même (10). » Pour contrecarrer cette assertion judicieuse, Karbalevitch en vient à recourir aux rapports annuels de la Heritage Foundation et du Wall Street Journal qui sont d’une fiabilité et d’une objectivité plus que douteuse.
La Biélorussie ose appliquer une « économie de mobilisation ». C’est possible parce que les Européens de l’Est conservent encore une attitude pré-moderne, voire non moderne, qui s’apparente à une faculté innée de privilégier le groupe. Quand bien même son étude concerne la Russie, l’ouvrage d’Alexandre P. Prokhorov éclaire notablement certains mécanismes psychiques collectifs des Biélorusses. Il remarque qu’« en Russie, le désir d’enrichissement ne joua pas dans l’activité humaine un rôle aussi efficace que cela doit l’être dans une économie normale de concurrence (11) ». À bien des égards, l’économie biélorusse se conformerait dans les faits à un anti-utilitarisme empirique.
En dépit donc d’une conjoncture mondiale mauvaise (crise profonde en Grèce, en Italie, en Espagne, aux États-Unis et en France), on remarque avec surprise que « les résultats de Loukachenko sont brillants. D’après les statistiques de la Banque mondiale mises à jour en 2010, la Biélorussie a évité la récession/dépression qui enserre l’Occident. Les banques biélorusses, la plupart propriétés de l’État, ont surpassé toutes les banques européennes en 2009. Ces banques propriétés de l’État ont augmenté leur capitalisation de près de 20 % au moment où le contribuable occidental était contraint de renflouer les banques mêmes qui ont condamné le gouvernement de Minsk. De 2001 à 2008, la croissance économique moyenne biélorusse a été de près de 9 %, ce qui équivaut à peu près à celle de la Chine. Tandis que les économies occidentales diminuent en 2010, l’économie biélorusse a augmenté d’environ 6 %, avec une augmentation de 10 % dans la production agricole et de 27 % dans les exportations. Le revenu réel, c’est-à-dire le revenu ajusté à l’inflation et au coût de la vie, a augmenté d’environ 7 % en 2010 (12) ».
Près de deux décennies de présidence Loukachenko ont façonné la vie quotidienne des Biélorusses. En la comparant à celle de leurs « grands frères » russes, les témoignages démentent l’image sulfureuses montée et diffusée par certaines officines subversives. « Nous avons des routes bien meilleures qu’en Russie, déclare Irina, une traductrice du chinois et de l’allemand de 24 ans, à Moscou depuis 2008, le système de santé publique est gratuit – nous n’apportons qu’une boîte de bonbons ou une bouteille de cognac pour que le médecin soit plus attentionné, rien de plus (13) ». Pour Georguiï, 22 ans, un étudiant en Master à l’Institut de droit européen, résident à Moscou depuis 2007, « il y a des différences de mentalité qui sont flagrantes. Les Biélorusses sont plus polis, et plus respectueux des lois : nous avons moins de corruption, moins de violation du code de la route. Minsk est une ville très propre. En ce qui concerne la vie de tous les jours, je dirais que le coût des produits de consommation courante sont à peu près les mêmes. Par contre, à Minsk, on peut louer un appartement pour à peu près 250 dollars. Les restaurants sont de deux voire trois fois moins chers, et les services comme le transport ou Internet sont eux aussi moins coûteux (14) ». Certes, « la Biélorussie a une économie quarante fois moins importante que la Russie. La République s’appuie sur quatre piliers : l’achat d’énergie russe à moindre prix, l’accès ouvert au marché russe, une économie gérée à 82 % par l’État et un marché fermé [vingt-deux restrictions existent sur les produits russes à l’importation, N.D.L.R. du Courrier de la Russie] (15) ».
La forte homogénéité ethnique de la Biélorussie ne joue-t-elle pas aussi un rôle dans le maintien de ce sens commun relevé par ces deux Biélorusses de Moscou ? La Russie est une fédération d’espaces multi-ethniques et pluri-religieux, d’où d’inévitables tensions réglées par l’État, incarnation de la majorité russo-slave. Si la Biélorussie accueille des immigrés chinois et installe dans le Sud des familles venues d’Asie Centrale, la cohésion slave perdure avec 81,2 % de Biélorusses, 11,4 % de Russes, 3,9 % de Polonais et 2,4 % d’Ukrainiens ! Il importe de ne pas négliger ce facteur bien souvent ignoré pour des motifs politiquement corrects.
L’auteur de cette biographie ironise qu’« en Biélorussie, l’agriculture est considérée comme une “ branche stratégique ” et la sécurité alimentaire est la grande priorité du régime. Elle mobilise 12 % du budget de l’État, alors que ce chiffre ne dépasse pas 3 à 4 % dans les pays développés. […] À l’époque postindustrielle de l’information, faire, de cette façon, de l’agriculture la priorité nationale est contraire à la logique du développement mondial (pp. 276 – 277) ». Pourquoi ? En cas de disette ou de famine, le geek mangera-t-il ses clefs U.S.B. ? En pariant au contraire sur l’agriculture, véritable « arme nucléaire verte du XXIe siècle », Alexandre Loukachenko est un visionnaire génial. outre des considérations géostratégiques sur la souveraineté alimentaire et l’auto-suffisance agricole, ce grand intérêt pour l’agriculture explique que « la nourriture chez nous est meilleure, le contrôle de qualité y est extraordinaire, déclare Irina. Ici [à Moscou], les produits laitiers, la viande, les légumes… C’est immangeable ! Ma mère m’envoie toutes les deux semaines un colis par le train avec des produits biélorusses (16) ». Échappant aux industries agro-alimentaires, les Biélorusses n’auraient donc pas la chance de manger du bœuf au cheval en attendant les savoureux légumes aux O.G.M.
Valeri Karbalevitch s’inquiète du « bas niveau de consommation (p. 264) ». Or la consommation n’est jamais la panacée idéale. Elle détruit lentement le tissu social alors que « les Biélorusses sont de meilleurs gens, affirme Evgueniï, les familles sont plus soudées. Ici [à Moscou] tout le monde se fiche de tout le monde, et les liens familiaux sont assez formels (17) ».
Une conception schmittienne de l’État
Il faut se demander si, dans sa jeunesse, le président Loukachenko a lu Le Prince de Machiavel et La psychologie des foules de Gustave Le Bon ainsi que les écrits du plus grand penseur allemand du politique du XXe siècle, Carl Schmitt, tant il paraît évident qu’il en est leur plus brillant praticien. « Le leader biélorusse souligne toujours son lien de sang avec le peuple, persuadé qu’il est le seul homme politique qui comprend les problèmes des gens ordinaires, qui se soucie d’eux et exprime leurs intérêts (p. 149). » On a vu que « dès qu’il a été élu, Loukachenko a promu l’idée d’un État fort, seul capable d’instaurer “ un ordre de fer ” (p. 193) ». Il remplace par exemple les exécutifs locaux élus par « une “ verticale ” de l’exécutif – un système de dépendance directe, par le jeu des nominations – qui renforçait le pouvoir présidentiel (p. 87) ». Son objectif est d’édifier des institutions saines et efficace parce qu’il « a probablement le désir sincère que les fonctionnaires servent les gens (p. 196) ».
Pour cela, dès août 1994, il affronte le Parlement et demande aux citoyens de trancher le contentieux par référendum. Le 14 mars 1995, il soumet à la décision du peuple quatre questions qui sont un triomphe pour lui : 83 % des électeurs approuvent que le russe devienne langue officielle de la Biélorussie, 75 % entérine les nouvelles armoiries (et donc le nouveau drapeau national), 82 % accepte une intégration avec la Russie et 78 % avalise la possibilité par le Président de dissoudre le Soviet suprême. Aigri, Karbalevitch commente « ces résultats, qui démontraient l’immaturité de l’État national biélorusse, vinrent confirmer que la population était nostalgique de l’U.R.S.S. (p. 93) ». Il est toujours plaisant de voir les donneurs de leçons démocrates exprimer leur rage quand le peuple va à l’encontre de leurs désirs pathologiques…
Afin de contourner les blocages institutionnels, le Président Loukachenko organise, le 24 novembre 1996, un nouveau référendum à cinq questions. Une fois encore, le peuple accorde toute sa confiance à son Batka : 70,5 % entérine la nouvelle Constitution; 69,9 % rejette la possibilité de rétablir les exécutifs locaux élus; 65,9 % récuse les financements administratifs; 82,9 % refuse le droit de vente illimité des terres et, enfin, 80,4 % maintient la peine de mort. En 2004, un autre référendum abroge la limitation du nombre de mandats présidentiels. Pour Karbalevitch, « le référendum marqua le seuil du changement de l’idéologie d’État. Ainsi, l’unité slave – autrement dit, le panslavisme – supplanta la renaissance nationale et devint l’idéologie dominante (p. 94) ». La renaissance du panslavisme n’est ni fortuite ni futile. C’est un pilier fondateur de la politique du président Loukachenko qui, le 12 avril 1995, lançait : « On regarde la Biélorussie comme le sauveur de la civilisation slave, et nous devons en effet sauver cette civilisation ! ». Le volontarisme panslaviste commence à avoir une résonance extérieure. Depuis le début de l’année, la Bulgarie connaît de graves troubles politiques. Des manifestations gigantesques ont provoqué la démission du gouvernement de centre-droit, le 20 février 2013. Les manifestants ont des revendications qui « ont jeté un froid au sein de l’intelligentsia bulgare. “ Leur modèle social semble osciller entre la Libye de Kadhafi et la Biélorussie ”, s’énerve Konstantin Pavlov, auteur d’un blogue politique très lu dans le pays (18) ». Verra-t-on bientôt une exportation du modèle biélorusse ? Il faut l’espérer pour l’avenir viril de l’Europe.
En bon larbin de la démocratie illusoire du marché, Karbalevitch juge le référendum comme un procédé non-démocratique et populiste… Il s’élève en outre contre l’usage du vote anticipé. Or ces maîtres, les États-Unis, le pratiquent très largement. Lors de la présidentielle de 2012, Barack Obama vota par anticipation à Chicago fin octobre ! Les conditions de vote aux États-Unis sont bien plus aléatoires qu’en Biélorussie, mais, obsédé par le mirage yankee, l’auteur ne souhaite pas le savoir. À tort, car il apprendrait que John F. Kennedy en 1960 et George W. Bush en 2000 ont gagné à la suite de fraudes monstrueuses orchestrées pour l’un par la maffia et, pour l’autre, par des clans du complexe militaro-industriel. Quant aux bourrages des urnes, ils existent aussi en France à Hénin-Beaumont ou à Marseille.
Prenant prétexte que depuis 1999, les O.N.G. sont strictement surveillées par les autorités biélorusses qui connaissent leur rôle frauduleux et subversif, Karbalevitch décrit une Biélorussie qui serait… totalitaire. Dans la même veine mensongère, l’auteur dénonce et la forte criminalité qui y régnerait et de supposés liens établis entre la pègre et l’État. Ne sait-il pas que de telles relations sont nécessaires afin de contenir dans un périmètre défini les activités illégales ? Ignore-t-il qu’au Japon, les Yakuza sont un élément essentiel de la société civile ? Où est-il le plus dangereux de se promener le soir, dans une rue de Minsk ou dans les quartiers Nord de Marseille ? D’ailleurs, quand on consulte la page « Conseils aux voyageurs » du ministère français des Affaires étrangères, on lit que « la police est bien assurée à Minsk, comme à Grodno, Brest, Gomel, Moguilev et Vitebsk, il est cependant recommandé, comme partout ailleurs, de ne pas faire étalage d’objets de valeur ou d’argent liquide en public (19). »
Dans la même veine outrancière, l’auteur attaque une justice qui ne serait pas indépendante. Et en France alors ? Avec une mauvaise foi consommée, Karbalevitch accuse Alexandre Loukachenko de rejeter « complètement l’idée d’un pouvoir judiciaire indépendant (p. 209) ». La Biélorussie a plutôt la chance de ne pas pâtir d’un gouvernement irresponsable des juges, cette lubie pour esprits naïfs. Ne se soumettant à aucune décision d’une pseudo-morale droit-de-l’hommesque, elle demeure l’ultime État européen à mépriser les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg et d’appliquer la peine de mort. Sur ce sujet, l’auteur montre son arrogance à l’égard du choix souverain des Biélorusses pour la peine capitale. « Si tous les États européens ont proclamé l’abolition de la peine de mort par un vote parlementaire, évitent ainsi de soumettre au verdict des urnes cette décision au caractère très délicat, Loukachenko choisit pour sa part, en 1996, la voie référendaire et obtient le soutien de la majorité de la population pour le maintien de la peine capitale (pp. 133 – 134). » Où va-t-on si le peuple se met à prendre des décisions à la place de ses élus corrompus et incompétents ? Et puis, qui est le plus démocrate ? Le président Loukachenko ou bien Nicolas Sarközy qui viole le vote référendaire négatif du 29 mai 2005 ou la Cour suprême de Californie qui autorise l’homoconjugalité refusée par référendum ? Le président Loukachenko confirme par sa pratique l’énoncé célèbre de Carl Schmitt : « Est souverain celui qui décide lors d’une situation exceptionnelle (20). »
Un hyper-présidentialisme assumé
Agent d’influence de l’Occident et des États-Unis à Minsk, Valeri Karbalevitch voue un culte pour l’abject régime présidentiel étatsunien et son ineffable équilibre des pouvoirs qui démontrent maintenant leur grande inefficacité, voire leur perversité constitutionnelle. L’auteur déplore qu’« en Biélorussie, contrairement à ce qui se fait ailleurs de la façon la plus classique, on ne discute pas des mesures importantes de manière collégiale (p. 201) ». Les décisions collectifs prises au 10, Downing Street, à la Maison Blanche ou à l’Élysée sont bien connues des citoyens occidentaux à moins que l’auteur ne se réfère aux groupes d’influence et de pression (Bilderberg, Trilatérale, Fabian Society, Le Siècle…).
Au pays d’Alexandre Loukachenko, le pouvoir « doit être monolithique […]. Et de proposer une conception politique originale : celle d’un “ tronc ” (le pouvoir présidentiel) d’où poussent des “ branches ” (les pouvoirs législatif et judiciaire). ce qui permit aux juristes biélorusses d’ironiser sur le mutant botanique biélorusse… (p. 192) ». À la place de l’auteur et de ces « juristes » de pacotille, plutôt que de ricaner bêtement, ils auraient du rechercher d’autres exemples de cette « mutation botanique ». Le 7 mars 2009, le président équatorien anti-libéral de gauche, Rafael Correa, déclarait que « le président de la République n’est pas seulement le chef du pouvoir exécutif. Il est le chef de tout l’État équatorien. Et l’État équatorien, c’est le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir électoral ! (21) » Karbalevitch rétorquerait que Correa ne sert pas Washington et qu’il incarne le « satrape de l’Équateur »… « S’il doit être évidemment entendu que l’autorité indivisible de l’État est confiée tout entière au Président par le peuple qui l’a élu, qu’il n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui… » proclame non pas Alexandre Loukachenko, mais… Charles de Gaulle en conférence de presse, le 31 janvier 1964. Sans le savoir, le président biélorusse suit les conseils du fondateur de la Ve République française parce qu’au cours de cette intervention, le président, seul détenteur de la légitimité de l’État, est présenté comme l’homme de la nation d’où procède tout autorité réelle.
Contrairement aux voisins fragilisés par des partis politiques fauteurs de divisions, la Biélorussie a écarté les partis sans les abolir ou les interdire. Il n’existe pas de parti loukachenkiste, ni a fortiori de parti unique. Avec une avance de deux décennies sur le mouvement anti-Système de l’Italien « Beppe » Grillo, Alexandre Loukachenko a compris la fin programmée des partis. Il a en revanche saisi l’influence majeure du pouvoir médiatique et s’en est assuré la maîtrise, car « les médias sont l’une des armes les plus puissantes du monde. Ils doivent donc être régulés comme n’importe quelle autre arme. Les élites des médias sont souvent oligarchiques et centralisées, et elles utilisent leur empire pour pouvoir contrôler les autres. Par conséquent, l’information médiatique libre doit être diversifiée et permettre l’exposition de divers points de vue. Ce qui est bien davantage le cas en Russie et en Biélorussie qu’aux États-Unis (22) ». Plutôt que travailler pour le privé, télévisions et radios dépendent du secteur public. En parallèle existe une vivace presse d’opposition qui prépare les esprits à une quelconque révolution colorée. Matthew Raphael Johnson rappelle que « ce n’est pas un hasard si le gros de son opposition américaine provient de l’Université de Harvard, en particulier de la faculté de droit, y compris de Yarik Kryovi, qui à un moment donné a travaillé pour la Radio Liberty, propriété de Soros, et a fait fonction d’avocat pour la Banque mondiale (23) ». Or c’est à Radio Liberty qu’officie aussi Karbalevitch !!!
Financée par les États-Unis, l’opposition biélorusse existe, mais demeure minoritaire. « L’organisme T.N.S. Global Research, basé à Londres, a sondé 10 000 Biélorusses à propos de leur président, constate Matthew Raphael Johnson. Le sondage a démontré la solide popularité de Loukachenko qui a obtenu près de 75 % à l’automne 2010. Par conséquent, les accusations selon lesquelles il aurait truqué les élections sont absurdes. Qui plus est, son opposition est fortement divisée, inefficace et profondément sceptique sur sa propre raison d’être (24). » Sans exagérer, on est plus libre en ces temps du politiquement correct à Minsk qu’à Paris, Los Angeles ou Londres. Est-ce en Biélorussie qu’interviennent des policiers dans les établissements scolaires ou que la vidéo-surveillance espionne la sortie des poubelles aux mauvaise heures ? Non, c’est au Texas et au Royaume-Uni (25).
Un parler vrai et libre
« La Biélorussie reste au travers de la gorge des Américains », a lancé une fois le Président Loukachenko qui aime provoquer. Maniant un sens de l’humour au troisième degré incompréhensible pour le Yankee d’adoption qu’est Karbalevitch, « le président biélorusse défie les usages en vigueur de la communauté internationale (p. 344) ». Sa libre parole tord les convenances diplomatiques compassées. « Son style est tout sauf politiquement correct. En Biélorussie, chacun s’est habitué à ce que le président tutoie tout le monde. […] Loukachenko ne modère jamais son expression et dit des choses imprononçables dans une société civilisée. Il profère facilement des grossièretés, comme beaucoup de ses électeurs dans la vie de tous les jours. Dans ce sens, il n’y a pas de différences entre le président et le peuple (p. 135) », assène avec un rare mépris à l’égard des Biélorusses qui votent si mal Karbalevitch. La Biélorussie et son peuple sont pour l’heure exemptés du puritanisme en vogue outre-Atlantique et qui pollue la planète entière.
Le Président Loukachenko ne fait pas dans la langue de bois. Il traite tour à tour la politique de Washington d’« idiotie » et l’entité pseudo-européenne manipulée depuis Bruxelles de « sauvagerie » et de « stupidité ». Quant aux membres de la Commission dite « européenne », ce sont des « imbéciles ». Des propos virils qui tranchent nettement avec les zombies politiciens de l’Ouest.
En avril 2001 à la télévision biélorusse, il s’attaquait à la multinationale de la malbouffe et du conditionnement psychique des enfants : « Ces Mac Donald’s sont comme des nœuds de vipères qui s’installent à nos carrefours ! Il est temps de manger biélorusse. Nous n’avons pas besoin de cette contagion chez nous ! » Il va de soi que le Président assume ses actes (et ses sentences bien senties), ce qui lui vaut d’être interdit de séjour en Occident ainsi que plus de cent trente hauts-fonctionnaires biélorusses. Étrange cette Union européenne qui refuse la venue d’hommes de qualité et accepte le déferlement massif des clandestins… Manque de chance pour cette U.E. néo-puritaine en triste état, le populisme fleurit, y compris en hiver, sur tout le Vieux Continent si bien qu’il serait un jour possible que la Biélorusse et son excellent président prennent la tête d’une Ligue européenne des États populistes avec la Hongrie d’Orban, la Grèce de l’Aube dorée, l’Italie grilliniste… En attendant la concrétisation de cette possibilité, Minsk s’ouvre aux puissances émergentes du Sud.
Une diplomatie révolutionnaire anti-mondialiste
N’adhérant à aucun corset économique mondialiste et libre-échangiste libéral, le gouvernement de Minsk en récuse aussi la version judiciaire en niant l’existence de la Cour pénal internationale et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. En bon larbin des États-Unis, Karbalevitch lui en fait le reproche. « Sous prétexte que chaque pays a la liberté de choisir sa voie de développement, Loukachenko défend de facto le droit des pays voyous et leurs dirigeants autoritaires à ne pas se conformer aux normes internationales, et à mener leur politique intérieure et étrangère à leur guise (pp. 345 – 346). » On retrouve la rhétorique habituelle des néo-conservateurs occidentalistes et bellicistes. En réalité, les seuls vrais États voyous s’appellent les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël, la République hexagonale, l’Allemagne fédérale dégénérée, la Suède, les Pays-Bas, l’Arabie Saoudite et le Qatar.
Au printemps 1999, méprisant un danger certain, Alexandre Loukachenko se rend à Belgrade réconforter le président Slobodan Milosevic agressé par l’organisation terroriste appelée O.T.A.N. « Il faut être capable d’un sang-froid peu ordinaire et être prêt à mettre son avenir en jeu (p. 152). » Il soutient ensuite les martyrs de la liberté des peuples que sont Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi. Il contribue à devenir aux côtés de feu Hugo Chavez et du président bolivien Evo Morales « le champion de la résistance à l’Occident (p. 315) ».
Dans cette perspective d’affrontement géopolitique d’ampleur planétaire, cet « orthodoxe athée » souhaitait riposter en mars 1997 au prochain élargissement de l’Alliance Atlantique totalitaire par la formation d’un bloc continental Minsk – Moscou – Pékin. Quelques mois plus tard, il réitéra sa suggestion en s’adressant à la Russie, à la Chine, à l’Inde, à l’Iran et à des États arabes : « C’est ensemble que nous créerons un contrepoids au bloc de l’O.T.A.N. et des États-Unis. C’est nécessaire […] pour sauver la civilisation, sauver la planète. » Face à l’Occident barbare, la Biélorussie d’Alexandre Loukachenko incarne une anti-barbarie conséquente.
Le président de la Biélorussie insiste beaucoup sur la renaissance du panslavisme et d’une Orthodoxie plus politique. « En opposition au catholicisme, il exalte la religion orthodoxe qui sert de base spirituelle à l’unité des Slaves de l’Est (p. 309). » Nonobstant un enclavement préjudiciable, l’absence de toute façade maritime et une taille démographique modeste (une dizaine de millions d’habitants), la Biélorussie ne craint pas grâce à son chef d’État énergique de participer au Grand Jeu des puissances. Elle a aussi su s’adosser à la Russie d’autant qu’auprès des Russes, « le président biélorusse mène sa barque avec brio (p. 311) ».
Minsk – Moscou : des relations tourmentées
L’essai Réflexions à l’Est évoque longuement les différentes tentatives d’Alexandre Loukachenko d’assumer la direction d’un ensemble commun Russie – Biélorussie dans la décennie 1990. L’ouvrage de Karbalevitch, en particulier le chapitre 10 (pp. 295 à 337), en confirme l’analyse et y apporte des détails supplémentaires. En 1994, la victoire du président Loukachenko est bien reçue en Russie. « Son charisme et son populisme y furent accueillis avec enthousiasme, non seulement par le petit peuple, mais aussi par une partie des élites : il fut ovationné par des hauts fonctionnaires et des académiciens (p. 300). » « Dès 1995, il laisse entrevoir qu’il désire ardemment exercer la présidence de l’État uni (p. 299). »
Au chaos intérieur, politique, social et économique, russe et à l’absence de volonté d’Eltsine, « le président biélorusse s’assure une présence quasi permanente dans les médias russes en leur accordant davantage d’entretiens que n’importe quel politique russe. L’ambassade biélorusse à Moscou organise plusieurs voyages de journalistes en Biélorussie (p. 312) ». De 1996 à 2001, Alexandre Loukachenko visite de nombreuses régions de la Fédération, rencontre leurs gouverneurs et « se positionne clairement comme un futur candidat à l’élection présidentielle, qui doit avoir lieu en 2000 (p. 313) ». En 1999, il est même prêt à fusionner son État avec la Russie afin d’obtenir une citoyenneté commune apte à lui ouvrir les portes du Kremlin.
Mais son dessein se heurte à l’entourage familial, maffieux et libéral d’Eltsine. « L’etablishment russe ne voulait pas que le “ frangin slave ” vienne perturber la campagne présidentielle de 2000 : il devenait un candidat sérieux. À Moscou, on craignait que Loukachenko ne casse le système qui s’était mis en place avec Boris Eltsine, pour instaurer un régime de type biélorusse. Malgré ses visées impérialistes, l’élite russe a donc sauvé la souveraineté biélorusse. Quel paradoxe ! (p. 322). » À l’été 1999, cet entourage présidentiel promeut Vladimir Poutine. Son arrivée modifie les relations russo-biélorusses par un net refroidissement. Le nouvel homme fort de la Russie veut soumettre son homologue biélorusse. Sans succès. Au contraire ! Dans le même temps, certains politiciens russes comme cherche à réduire au silence le second. Entre 2001 et 2002, certains politiciens russes tels Boris Nemtsov, de l’Union des forces de droite, un groupuscule libéral et atlantiste, se comportent en Biélorussie comme si c’était une colonie. À l’instar de Nemtsov, ces bradeurs de la civilisation slave sont expulsés manu militari.
En 2006, Moscou cherche encore à inféoder la Biélorussie récalcitrante. En pleine guerre du gaz russo-biélorusse, le président Loukachenko, exaspéré par cette morgue, offre à l’Ukraine alors « Orange » une entente renforcée destinée à contrer un danger russe avéré… Contre les menaces sérieuses d’annexion rampante voulue par Moscou, Minsk en vient à menacer de transformer la Biélorussie, vieille terre de guerre des partisans, en une nouvelle Tchétchénie mille fois pire… À l’été 2010, la chaîne russe N.T.V. diffuse « Le Parrain paternel », un « documentaire » inqualifiable de sottises qui vise à déstabiliser la présidence biélorusse. Sans succès, heureusement…
Depuis 2011 – 2012, on observe un apaisement des tensions russo-biélorusses, car Vladimir Poutine sait pouvoir compter sur l’appui international de la Biélorussie d’autant qu’ils affrontent les mêmes ennemis (financiers véreux, Pussy Riot, FemHaine…). Il est d’ailleurs intéressant d’observer que la directrice de la collection dans laquelle sort ce livre, Galia Ackerman, collaboratrice au Monde, consacre tout un ouvrage aux FemHaine. La guerre culturelle est patente. Que ces mégères, jeunes et moins jeunes, sachent bien que nous la conduirons sur tous les fronts sans pitié…
Alexandre Loukachenko demeure un recours possible, quoique ténu, pour des Russes déboussolés. En effet, la Russie s’engage malheureusement dans une direction complaisante envers l’Occident en espérant l’amadouer. Marie Jégo rapporte que « face à la déliquescence institutionnelle ambiante, le gouvernement russe, conseillé par Goldman Sachs, ambitionne de faire de Moscou un centre financier international. Les banquiers se frottent les mains à l’idée d’acheter de la dette russe (l’endettement extérieur public est très faible, soit 11 % du P.I.B.) (26) ».
L’actuelle dyarchie russe entre Vladimir Poutine et son Premier ministre, Dmitri Medvedev, un familier des réunions de Davos, ferait l’objet de dissensions internes possibles. Des enquêtes d’opinion révèlent l’impopularité croissante de la politique gouvernementale menée par Medvedev. Plus proche des cénacles occidentalistes, celui-ci qui semble avoir pour modèle historique Catherine II la Grande qui parvint au pouvoir en 1762 après l’élimination de son mari germanophile, le tsar Pierre III, pourrait un jour prendre l’initiative de « normaliser » la Russie (c’est-à-dire de l’assujettir à l’Occident) en écartant son mentor Poutine. Outre les précédents de 1762 et de 1801 qui vit l’assassinat du tsar Paul Ier par des éléments anglophiles, il existe un exemple tunisien désormais ancien. En 1987, le Premier ministre Ben Ali destitua le vieux président Habib Bourguiba pour un motif sanitaire et s’empara de la présidence. Dans ce cas très hypothétique, Alexandre Loukachenko retrouverait peut-être une chance réelle de peser à nouveau sur le destin de la Russie et du bloc eurasien en voie de formation.
L’ouvrage de Valeri Karbalevitch appartient à une collection particulière de l’éditeur, « Les moutons noirs », qui est financée par Pierre Bergé. On comprend mieux maintient le violent réquisitoire contre le président Loukachenko quand on sait l’extrême nuisance de ce milliardaire hexagonal, ancien parrain de Globe et de S.O.S. – Racisme. Les prochains titres ne dénonceront pas ces véritables ennemis des peuples que sont, outre Pierre Bergé lui-même, George Soros, Boris Bérézovski qui vient de disparaître, le groupe de Bilderberg, la Commission Trilatérale ou les entités mondialistes occultes.
En 2010 – 2011, Alain Soral et son mouvement Égalité et Réconciliation organisèrent une campagne réclamant « un Chavez à la française ». Il serait plus approprié d’exiger « un Loukachenko à la française », car l’ouvrage partial de Karbalevitch présente l’unique mérite de montrer un dirigeant européen d’exception. Loin d’être un « mouton noir », Alexandre Loukachenko est un grand renard, le « Renard de Biélorussie » !
Georges Feltin-Tracol http://www.scriptoblog.com/
Notes
1 : Le présent article corrige, modifie et approfondit les précédentes contributions de l’auteur des lignes, en particulier les chapitres 8, 9, 14 et 15 de Réflexions à l’Est, Alexipharmaque, 2012, « Le diable de l’Europe et la troisième voie biélorusse », Salut public, n° 9, octobre 2012, et « La troisième voie biélorusse », conférence donnée au Local 92 à Paris, le 8 novembre 2012, qu’on peut écouter sur le site Troisième Voie et sur YouTube :
http://troisiemevoie.fr/4897-la-troisieme-voie-bielorusse-conference-de-georges-feltin-tracol-au-local/
http://www.youtube.com/watch?v=H4_ieJQJK1o
2 : Matthew Raphael Johnson, « La pensée politique d’Alexandre Loukachenko (Biélorussie) hors de la désinformation », mis en ligne sur Polémia, le 3 novembre 2011, et d’abord paru en anglais sur Occidental Observer, le 27 octobre 2011.
3 : cité par Matthew Raphael Johnson, art. cit.
4 : Andreï Soudaltsev, « Le sacrifice biélorusse face à l’Union douanière », entretien pour Le Courrier de la Russie mis en ligne le 28 octobre 2011.
5 : Matthew Raphael Johnson, art. cit.
6 : « Biélorussie, notre douleur », Le Courrier de la Russie, mis en ligne le 4 avril 2012.
7 : cf. Georges Feltin-Tracol, « Pour une société fermée », dans Orientations rebelles, Éditions d’Héligoland, 2009, pp. 97 – 100.
8 : cf. Laurent Blancy, « Le “ Tigre ” de Minsk », Rivarol, 19 février 2010.
9 : Alexandre P. Prokhorov, Le modèle russe de gouvernance, Cherche-Midi, coll. « Documents », Paris, 2011, p. 99. Un cluster désigne « un groupement autosuffisant composé d’unités homogènes ».
10 : Matthew Raphael Johnson, art. cit.
11 : Alexandre P. Prokhorov, op. cit., pp. 359 – 360.
12 : Matthew Raphael Johnson, art. cit.
13 : « Biélorussie, notre douleur », art. cit. L’accès aux soins est gratuit en Biélorussie, quelque soit le statut du patient (citoyen, résident ou touriste).
14 : Idem.
15 : Andreï Soudaltsev, art. cit.
16 : « Biélorussie, notre douleur », art. cit.
17 : Id.
18 : Alexandre Lévy, « Le suicide d’un activiste électrise la Bulgarie », Le Figaro, 5 mars 2013.
19 : « Conseils aux voyageurs », dernière mise à jour, le 19 octobre 2012 et information toujours valide le 4 mars 2013, cf. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/bielorussie-12211/
Les seules consignes de sécurité sont alimentaires du fait des conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
20 : Carl Schmitt, Théologie politique, Gallimard, 1988. On reprend ici la célèbre formule dans la traduction de Julien Freund, « Les lignes de force de la pensée politique de Carl Schmitt », Nouvelle École, n° 44, printemps 1987.
21 : cité par Le Figaro, 16 et 17 février 2013.
22 : Matthew Raphael Johnson, art. cit.
24 : Id.
25 : cf. Chris McGreal, « Au Texas, un bon élève est un élève fliqué », The Gardian, traduit dans Courrier International, 2 – 8 février 2012; Rose Claverie, « Les Britanniques espionnés en sortant leurs poubelles », Le Figaro, 23 août 2012
26 : Marie Jégo, « Lettre de Russie – Roulette russe : faites vos jeux ! », Le Monde, 1er mars 2013.
• Valeri Karbalevitch, Le satrape de Biélorussie. Alexandre Loukachenko, dernier tyran d’Europe, François Bourin Éditeur, coll. « Les moutons noirs », préface de Stéphane Chmelewsky, traduit du russe, adapté et annoté par Galia Ackerman, Paris, 2012, 442 p., 24 €.
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Les divers usages du « mariage pour tous » : eugénisme, marchandisation des corps et « sionisme rose » (pinkwashing)
Écrit par Lucien
Comme chacun le sait, le « mariage pour tous » n’est pas une demande des homosexuels. De fait, les homosexuels n’ont aucune envie de contractualiser leur sexualité. La population homo et bisexuelle en France était évaluée par une enquête de l’Ifop pour le magazine « Têtu » en 2011 à 3,2 millions d’individus ; ce qui constitue donc un potentiel de 1,6 million de couples homos ou bisexuels, et donc autant de Pacs conclus (Pacte civil de solidarité, créé en 1999). Or, le chiffre officiel des Pacs signés par des gens de même sexe pour l’année 2010 était de : 9143… L’institution du mariage étant encore plus contraignante juridiquement et symboliquement que celle du Pacs, elle obtiendra fatalement des résultats encore plus faibles auprès des homosexuels (1).
Donc d’où vient cette loi ? Elle émane de l’univers du lobbying, qui est un milieu sociologique à lui tout seul et à part entière. Fortement interconnectés, s’observant mutuellement, possédant une culture commune et des feuilles de route qui se recoupent, les lobbies ont plus de choses à partager entre eux, quelle que soit la nature de leurs revendications, qu’avec les groupes qu’ils sont censés représenter mais qu’ils instrumentalisent en réalité. De fait, le « mariage pour tous » répond à divers agendas qui ne sont pas tous homosexuels, comme nous le verrons plus loin. Le mouvement LGBT, pour « Lesbien, Gay, Bi et Trans », lui-même une minorité, est donc infiltré par des minorités actives encore plus minoritaires et travaillant pour leur propre compte.
Pour user d’un terme d’ingénierie sociale, le phishing est synonyme d’infiltration : on fait passer quelque chose sous couvert d’autre chose, ou quelqu’un sous couvert d’une autre identité. Ce qui est mis en avant est donc un moyen, pas une fin. C’est le rôle de l’accroche (« hook ») dans la conception d’une opération psychologique (psyop). C’est aussi le principe du « cheval de Troie », bien connu en virologie informatique. Obéissant aux mêmes principes, le « mariage pour tous », et plus largement la propagande LGBT, en tant que moyens au service de finalités autres que celles prétendues, sont donc des outils d’ingénierie sociale négative. Sous le couvert d’un simulacre de cause morale généreuse présentée comme appât et accroche, en l’occurrence l’« égalité des droits », alors qu’historiquement et anthropologiquement le mariage est un devoir, il s’agit d’introduire de force des changements destructeurs dans les sociétés humaines en attaquant leurs principes fondateurs : les différences homme/femme et parent/enfant, soit le complexe d’Œdipe, ainsi que la gratuité et le mécanisme de don/contre-don à l’origine de la filiation et de la socialisation. Au moyen d’un hameçonnage, ou « phishing », progressiste et égalitariste, on banalise d’une part le « Chacun fait ce qui lui plaît » individualiste et libéral-libertaire, et d’autre part, les techniques de procréation artificielle tarifées ; le tout visant à provoquer des changements dans la condition humaine, changements toxiques et pathogènes qui attaquent le cœur même du processus de l’hominisation.
Ces changements destructeurs qui impacteront également la communauté LGBT se répartissent en objectifs à long, moyen et court termes et débordent largement le cadre LGBT, dont la plupart des membres et sympathisants ne comprennent absolument pas ce qui se passe, ni les implications, ni les enjeux réels.
À long terme, le « mariage pour tous » appartient à un agenda eugéniste et transhumaniste cherchant à génocider l’espèce humaine et à la remplacer par une nouvelle espèce issue des laboratoires. On se reportera à Aldous Huxley et à son « Meilleur des mondes » pour s’en faire un tableau complet. Ce programme puise ses origines dans l’illuminisme anglo-saxon et son projet de création du « Nouvel Homme », illustré au 20ème siècle par le nazisme et le communisme, et aujourd’hui par l’Occident postmoderne. Idéologie du progrès, technologisme, scientisme et futurisme sont les traits typiques de l’anti-civilisation.
À moyen terme, le « mariage pour tous » s’inscrit dans une vaste entreprise capitaliste de marchandisation du corps humain, et en particulier du corps de l’enfant et de la femme, comme l’a rappelé Pierre Bergé, financier du lobby gay, avec ses paroles sur la location du ventre des femmes : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA , la GPA ou l’adoption, souligne Pierre Bergé, président du Sidaction et fondateur de Têtu. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. » (« Le Figaro », 16/12/12). Conséquences de cette marchandisation : la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA), le clonage reproductif, l’ectogenèse et les utérus artificiels qui permettront un jour de se passer totalement des femmes, ce qui sera le parachèvement d’un monde entièrement « gay », purgé de toute présence physique féminine, où la reproduction deviendra l’objet d’un commerce et remise dans des mains d’hommes du début à la fin. Le « mariage gay » et ses conséquences sont ainsi l’expression la plus parfaite du capitalisme, de la domination masculine et du biopouvoir, comme le dénonceraient les intellectuels phares de la Gauche , notamment Pierre Bourdieu et Michel Foucault, s’ils étaient encore en vie.
Quant aux objectifs à court terme, ils sont d’ordre géopolitique. Le mouvement LGBT est lui-même infiltré par des lobbyistes et influenceurs qui pratiquent ce que l’on appelle du « pinkwashing ». De quoi s’agit-il ? D’une tactique de guerre culturelle dont Alain Soral résumait un jour l’esprit dans la formule suivante : « Nous allons attaquer l’Iran pour préserver le mode de vie des homosexuels ». Le pinkwashing, traductible par « sionisme rose », est décrit pour la première fois de manière critique par l’universitaire Sarah Schulman dans le New York Times comme une stratégie de séduction élaborée en toute conscience par l’entité sioniste dans le cadre d’un plan de communication mondial intitulé « The Israel Project », dépendant du think-tank israélien du même nom. Des militants palestiniens de la cause LGBT étaient invités à Paris en 2012 pour une conférence et présentaient les choses ainsi : « Selon The New York Times, dès 2005, et ce avec l’aide de directeurs marketing américains, le gouvernement israélien a déployé une vaste campagne, "Brand Israel", en direction principalement des hommes entre 18 et 34 ans : cette campagne a été mise en œuvre en vue d’offrir à cet État colonial un visage attractif et moderne. En 2009, The Israel Project a publié un dictionnaire des "mots qui marchent" pour défendre la politique d’Israël en mettant l’accent sur le fait que la "démocratie" israélienne respecte "les droits des femmes". Ce plan marketing s’est progressivement dirigé à l’attention de la "communauté LGBT". Dès lors, en 2010, ce sont 90 millions de dollars qui ont été investis par l’office de tourisme de Tel Aviv pour se donner des allures de destination de vacances sur mesure pour les gays du monde entier. Ce type de financement fleurit, souvent à la faveur d’un arsenal culturel, pour donner un visage gay-friendly à Israël. » (2)
La dimension de guerre cognitive, proprement linguistique et sémiotique, de ce programme est contenue dans le volet « Global Language Dictionary », qui se présente comme un support à la fabrique d’argumentaires et se pose la question du meilleur langage à adopter pour vendre la politique israélienne : « The Israel Project commissioned a study by Frank Luntz who ran polls and focus groups to determine the best language to use to promote Israeli settlements to the American public. The study was marked, "Not for distribution or publication" and was leaked to Newsweek online. It recommends being positive, framing the issue as being about peace not settlements. The document also lists arguments that don't work, in particular noting that religious, ownership and "scapegoat" arguments failed to sway listeners, that Arab housing is being demolished in East Jerusalem because it fails to meet the building code, the worst claim by this group in the guide is "Israel is so rich and so strong that they fail to see why it is necessary for armored tanks to shoot at unarmed kids" para (3) page 90. This study states that "public opinion is hostile to the settlements – even among supporters of Israel " so instead of dwelling on settlements one should always talk positively and focus on past peace achievement. » (3)
On le voit par ces exemples, les vraies motivations du « mariage pour tous » sont bien loin des prétextes officiels alloués dans la propagande médiatique. Il paraît donc indispensable de toujours rappeler que ce projet de loi n’a aucun soutien populaire, que ses origines sont purement oligarchiques, que sa dynamique profonde est anti-démocratique, expression de minorités actives et de groupes de pressions et d’influence qui représentent moins de 1% de la population. Si ce projet de loi est finalement voté, en dépit du refus populaire manifesté par la mobilisation historique de la « Manif pour tous » du 13 janvier dernier et du probable succès du 24 mars prochain ainsi que des 700.000 signatures envoyées dans le cadre de la pétition au CESE, il ne restera qu’à l’abolir un jour, quand le Peuple aura repris le pouvoir. Aucune décision humaine n’est irréversible, et toute « loi positive » peut être annulée.
(1) « Une enquête exclusive répond à la question : qui sont les homos français ? », Paul Parant, TÊTU, 24/06/2011 :
« Évolution du nombre de mariages et de pacs conclus jusqu’en 2012 », Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) :
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF02327
(2) « Pinkwashing and Israel ’s use of gays », Sarah Schulman, New York Times, 23/11/2011 :
« Combattre le pinkwashing – Au cœur du mouvement queer arabe », Contretemps, 14/03/2012 :
http://revolutionarabe.over-blog.com/5-categorie-11824722.html
« Le pinkwashing ou le "sionisme rose" »
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-pinkwashing-ou-le-sionisme-rose-16653.html
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-pinkwashing-ou-le-sionisme-rose-16663.html
(3) The Israel Project :
http://en.wikipedia.org/wiki/Israel_Project
http://www.theisraelproject.org/site/c.ewJXKcOUJlIaG/b.7711637/k.BEA8/Home.htm
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"MERIDIEN ZERO ACCUEILLE ADRIANO SCIANCA"
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Europe et mondialisation
On a là deux mots qui font peur, surtout accolés l'un à l'autre. Les Européens sentent confusément tout ce qu'ils contiennent d'explosif. Le vote irlandais a exprimé cette inquiétude. Le cadre institutionnel qu'a créé la construction européenne n'est pas du tout adapté à la mondialisation. Il l'a même aggravée. Dans un cadre de mondialisation, il fallait aux différents pays plus de souplesse et de réactivité comme cela se passe dans les pays d'Asie. La construction européenne n'a apporté que de la rigidité et a anéanti toute politique budgétaire et monétaire, bref la plupart des pouvoirs étatiques nationaux.
Les Etats-Unis ont créé avec la mondialisation et le consensus de Washington une véritable machine de guerre à désindustrialiser l'Occident. Les Européens ont créé avec l'Union Européenne une machine de guerre à désindustrialiser Ia zone EURO et surtout les pays membres fondateurs.
Pendant des années, avant la mise en place de l'Euro, la France a été contributrice, c'est-à-dire qu'elle a payé pour que les entreprises aillent s'installer ailleurs que chez elle (Irlande, Espagne, Portugal, Grèce, maintenant l'Europe de l'Est). Maintenant, l'Euro fort a comme effet d'accélérer la désindustrialisation de la France, ce qui est particulièrement inquiétant car les secteurs non délocalisables (agriculture, services) ont de faibles gains de productivité, donc génèrent peu de croissance.
Tout ceci explique les faibles taux de croissance de la France depuis des années. Pour un pays, garder une industrie forte est une garantie pour l'avenir et de contrôle des secteurs innovants. En 2007, la France a perdu 50.000 emplois dans l'industrie.
L'Euro pour l'Italie a été une catastrophe.
Il faut aussi relativiser le « miracle» allemand actuel avec son excédent commercial. L'Allemagne a externalisé sa production, c'est à dire qu'une grande partie de sa production est réalisée à l'étranger par des sous-traitants, l'emballage se faisant « made in Germany ». L'excédent commercial a été fondé aussi sur une politique de désinflation compétitive (compression pendant vingt ans des salaires allemands). Les excédents commerciaux officiels n'ont donc pas amélioré le sort de l'ensemble du peuple allemand. L'image de l'ouvrier allemand se rendant à son usine en grosse Mercédès, un gros cigare aux lèvres appartient au passé.
L'Allemagne a joué son intérêt personnel contre les intérêts de la France et de l'Italie dans le cadre de l'Europe.
Europe et mondialisation ont été un mélange explosif pour la France. Il faut noter que les gagnants de la mondialisation sont maintenant en fin de compte très peu nombreux (financiers, industriels qui délocalisent sans état d'âme, ceux qui contrôlent la distribution, gros actionnaires, ... ). Une partie de la population, sans être gagnante, n'est guère touchée (fonctionnaires, professions libérales, salariés de secteurs protégés). La majorité est directement atteinte (baisse de salaires, précarité, chômage, pouvoir de négociation réduit à néant, ... ) Avec la construction européenne et le traité de Maastricht on avait promis aux Européens « des lendemains qui chantent ». Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, beaucoup d'Européens pensent que demain sera pire qu'aujourd'hui. Pendant cinquante ans on a fait rêver les Français avec l'Europe. Beaucoup d'hommes politiques ont bâti leur carrière sur ce thème. Maintenant que nos concitoyens n'y croient plus, on a inventé un nouveau gadget sarkoziste : l'Union pour la Méditerranée, invention qui ne traduit que la faillite du projet européen.
Que faire ?
Pierre Bourdieu écrivait : « La néo-libéralisme annonce un fatalisme économique contre lequel toute résistance paraît vaine. Le néo-libéralisme est pareil au SIDA : il détruit le système immunitaire de ses victimes ». Alain Minc disait plus crûment : « il ne sert à rien de pisser contre le vent ». Il est vrai que lorsqu'on interroge certains « experts» ou spécialistes en économie ils répondent la plupart du temps à la question « Que faire ? » - Rien.
Ceux qui s'enhardissent répondent : « il faut s'adapter », formule très creuse qui voudrait transformer les Français en vendeurs de saucisses et de merguez. Comme nous l'avons vu, la construction européenne a enlevé à la France ses pouvoirs de décision. Jean-Claude Trichet, grand maître de la politique monétaire avait déclaré avec toute l'arrogance et la grossièreté de ceux qui étant arrivés à des postes de responsabilité internationaux et pour qui renier son pays est un plus : « Je ne me considère pas comme Français ». Il est vrai qu'avec son salaire en euros (kolossal), la situation de la France lui importe peu.
En 2002, le candidat aux présidentielles Le Pen avait proposé de sortir de l'Euro ; on a crié « au fou » mais cette proposition pouvait se justifier, même s'il est toujours très difficile de revenir en arrière. Le Front National a aussi commis l'erreur de ne pas avoir créé un cercle d'économistes composé de libéraux pragmatiques et de keynésiens de haute Volée pour être crédible. Il est de bon ton de moquer et même haïr l'idée de frontières, mais elles protégeaient sur le plan économique. (1)
Une politique cynique consiste à faire baisser les salaires en Europe. On a donc inventé le NAIRU (Non Accelerating Inflation Ratio of Unemployment), taux de chômage qui stabilise l'inflation. On crée donc un taux de chômage important pour comprimer les salaires et l'inflation (tout en faisant croire qu'on le combat) par différents procédés, dont l'immigration.
Un état peut difficilement agir sur le plan économique puisque l'on privatise tout ce qui peut l'être. L'économie est devenue transnationale et même transeuropéenne. Le pouvoir politique ne contrôle plus grand-chose. Comme le déclarait aux politiques Hans Teitmeier, ancien président de la Bundesbank allemande : « Désormais, vous êtes sous le contrôle des marchés financiers ». L'idéologie néo-libérale qui avait pour but de liquider toute instance régulatrice étatique ou non a gagné. En tout cas, il ne faut pas demander aux peuples d'entériner des traités pour une construction européenne à laquelle ils ne croient plus. Certains en ont conclu, que comme le peuple votait NON, il ne fallait pas demander son avis au peuple.
(1) - La gauche française n'a aucune solution à apporter non pas, parce qu'elle est stupide mais parce qu'elle est empêtrée dans des schémas idéologiques archaïques et dogmatiques (Europe, universalité, bienfaits de l'immigration, lutte des classes pour la gauche radicale) mais ce qui ne sont plus du tout adaptés à la situation actuelle.
Patrice GROS-SUAUDEAU Statisticien-économiste -
Algériens : La France va simplifier la délivrance des visas de circulation
La France a annoncé, ce lundi 25 mars, qu’elle va « simplifier » la délivrance des visas de circulation, valables entre six mois et cinq ans.
Dans le même esprit, un débat sans vote aura lieu en avril prochain au Parlement sur l’immigration professionnelle et l’accueil des étudiants.
Les ministres français de l’Intérieur et des Affaires étrangères « ont donné instruction au réseau diplomatique et consulaire d’améliorer, partout où cela est possible, le taux de délivrance des visas de court séjour, dit ‘de circulation’, ainsi que leur durée de validité », selon un communiqué conjoint.
Les visas de circulation permettent à leurs bénéficiaires de séjourner en France et dans l’espace Schengen 90 jours par période de six mois, sans avoir à demander un nouveau visa à chaque déplacement, a précisé le communiqué. [...]
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