Bonjour mesdames et messieurs,
J’ai aujourd’hui l’honneur de m’adresser à vous à l’invitation de Serge Ayoub. Je ne suis pas membre de Troisième Voie, l’expérience m’ayant enseigné qu’un engagement politique est incompatible avec le recul attendu d’un analyste impartial. Pour autant, je me considère comme un compagnon de route de votre mouvement. J’ai en effet coécrit, avec Serge et un mystérieux « M. Thibaud », un petit ouvrage, « G5G, la guerre de cinquième génération », dont certaines idées se retrouveront sans doute, à l’avenir, dans votre Troisième Voie.
C’est pourquoi, quand Serge m’a demandé une contribution à votre réflexion sur l’économie, j’ai immédiatement accepté. De toute manière, le moment est excellent pour proposer des voies nouvelles. Après tout, ce que nous allons vivre dans les vingt ans qui viennent, c’est la fin d’un monde. Alors profitons-en pour dessiner, dès à présent, ce que nous espérons pour le monde d’après.
Entendons-nous bien : cette formule, « la fin d’un monde », n’est pas une « manière de parler ». C’est l’exacte réalité, nous vivons, tous ici, depuis notre naissance, dans un monde : le monde de la consommation, de la confiance en l’avenir et du crédit. Nous allons, dans les deux décennies qui viennent, basculer dans un autre monde : le monde de la rareté, de la méfiance devant l’avenir et de la menace.
Nous sommes à la veille de constater la faillite du monde anglo-saxon. La dernière fois que ça s’est produit, c’était en 1343, sous le règne d’Edouard III. Cela a entraîné la chute du capitalisme médiéval, conditionné la prolongation de la guerre dite de Cent Ans, et contribué à la division par deux de la population de notre continent. Oyez, oyez, bonnes gens, grand spectacle en perspective ! On ne voit pas ça tous les jours !
C’est comme ça, on n’y peut rien… Essayons de faire une opportunité de cette grande menace : voilà ce dont il doit être question, pour une troisième voie économique.
Mais commençons par prendre l’exacte mesure de la réalité.
Sur le plan financier, la situation actuelle de l’Occident est facile à résumer : c’est la faillite à peu près complète d’à peu près tout le monde. Il y a, dans le système et avant de prendre en compte les produits dérivés, trois ou quatre fois plus de dettes que ce qui est soutenable au regard des taux de croissance actuels. Les évaluations des actifs monétaires sont totalement déconnectées du réel et ne renvoient plus qu’à un immense schéma de Ponzi. Les actifs immobiliers sont estimés sur la base de ce que les baby-boomers étaient prêts à payer pour préparer leur retraite, on va bientôt voir ce qu’ils vaudront quand ces mêmes baby-boomers devront les revendre aux classes démographiques creuses. Les actifs productifs eux-mêmes sont largement surévalués, puisqu’apparemment, personne n’a provisionné les implications des crises énergétiques et écologiques à venir.
En fait, tout l’Occident, c’est ENRON. Tous les occidentaux sont des salariés d’ENRON : ils croient qu’ils ont un boulot, mais en fait, ils n’ont qu’une ligne de crédit sur un compte déjà dans le rouge.
En 2008, les USA et l’Europe se sont offert un répit en sauvant leur système bancaire par les comptes publics. Mais l’Etat salvateur est lui-même totalement démuni. A court terme, la faillite de certains Etats occidentaux devra forcément être constatée, d’une manière ou d’une autre. Va-t-on sauver l’Etat par la Banque, après que la Banque a été sauvée par l’Etat ? Si oui, cela passera par les super-souverains, FMI, BCE. Et après ? Et après, rien. On n’aura fait que reculer pour mieux sauter.
Dans notre situation et à l'intérieur du cadre imposé par la haute finance actuellement au pouvoir, dans l'Etat profond, aux USA et en Europe, il n’y a que trois solutions : admettre qu’on ne peut pas rembourser les dettes, ce qui implique la déflation, puisque les faillites détruisent des revenus ; faire semblant de rembourser en imprimant de la monnaie à tour de bras, ce qui finit toujours par provoquer une inflation, par exemple via les prix des matières premières ou des denrées alimentaires ; ou bien gérer au fil des évènements, une politique de stop and go, pour fabriquer autant que possible une stagflation ou quelque chose qui s’en rapproche.
C’est cette dernière solution que nos élites vont probablement suivre ; tout l’indique à ce stade, en tout cas. Dans les années 1970, cela avait permis de gérer l’abandon de l’étalon-or et les chocs pétroliers ; mais cette fois, la situation est bien plus grave : une stagflation étalée sur dix ans, qui se traduira probablement par une inflation réelle de l’ordre de 10/15 % par an, avec dans le même temps des salaires qui stagneront ou progresseront peu en monnaie courante, voilà le programme. La soupe à la grimace, et il y en aura pour tout le monde ; le tout venant impacter des sociétés ravagées par trente ans de dérive inégalitaire et d’appauvrissement des jeunes au profit des vieux.
Première rupture : c’est la fin de l’ère de la consommation, c’est le début d’une ère de rareté relative. Voire, si certains mécanismes s’emballent, de rareté tout court.
Circonstance aggravante dans ce contexte pour le moins tendu, le système financier international est par terre. Pour l’instant, on a l’impression qu’il est toujours debout parce que tout le monde fait semblant de ne pas voir qu’il est par terre, mais il est bel et bien par terre.
La zone euro sera évidemment à brève échéance contrainte à un réaménagement drastique ; ce sera peut-être une explosion pure et simple entre une zone mark et une zone franc, peut-être le passage à un euro monnaie commune mais pas unique, peut-être une assez improbable sortie de crise par l’inflation, une inflation orchestrée par la BCE – une issue assez improbable vu les positions allemandes sur la question.
Mais en tout cas, ce qui est certain, c’est que la zone euro telle que nous la connaissions, c'est fini. Ça ne pouvait pas durer, de toute manière. En gros, c’était : « empruntez comme des Américains si vous êtes espagnols ou irlandais, négociez vos salaires comme des Français si vous êtes français, et profitez cependant des avantages d’une monnaie forte, à l’Allemande, si vous êtes riches. » Ce genre d’incohérence ne peut pas durer très longtemps. Surtout quand ça crée un système où il n’y a plus aucun outil de contrôle au sein d’un espace allant de Naples à Paris…
Le dollar, lui, n’est plus appuyé sur rien, à part la trouille bleue que le monde entier éprouve devant l’US Army. A ce sujet, pour ceux qui se demanderaient ce que les armées occidentales vont faire en Lybie : non, il ne s’agit pas de défendre les droits de l’homme parce que BHL a prophétisé son oracle. Il s’agit d’implanter une présence militaire euro-américaine pour empêcher par les armes la progression jusque là irrésistible de la Chinafrique, et ainsi conserver les matières premières sous contrôle – la seule raison qu’il reste au monde de vouloir du dollar, c’est en effet qu’on en a besoin pour acheter du pétrole et des matières premières.
Conclusion : le système que l’Occident est en train de mettre en place, en gros, c’est le durcissement de la structure de classes en interne, et l’impérialisme à l’extérieur, pour défendre le pouvoir de la haute finance, principalement anglo-saxonne, en confisquant les matières premières et les énergies. Soit l’impérialisme pour sauver l’hypercentralisme du capital privé.
Techniquement, ça rappelle assez certaines logiques des années 30, n’est-ce pas ?
Militants de Troisième Voie, à l’avenir, quand on vous traitera de fascistes, vous pourrez répondre à bon droit que vous l’êtes en tout cas moins que les gens que vous combattez ! Une réponse alternative serait que vous assumez les bons côtés du fascisme-projet, alors que les dirigeants actuels du capitalisme globalisé incarnent les mauvais côtés du fascisme-Etat, mais ce genre de nuances est probablement incompréhensible pour la plupart des gens…
Bref, revenons au sujet.
En face de ce fascisme bancaire occidental, un contre-pôle apparaît. En gros, c’est l’Organisation de Coopération de Shanghai, c'est-à-dire principalement l’alliance sino-russe, avec l’Inde en arrière-plan, même si elle n’a pas encore clairement choisi son camp.
Ce contre-pôle, on peut le remarquer au passage, est allié avec une partie du monde musulman, mais ennemi d’une autre partie. Ici comme ailleurs dans l’Histoire, l’unité musulmane apparaît comme un leurre, et ceux qui ont espéré, à une certaine époque, en l’Islam unifié contre l’Empire de la Banque… eh bien ceux-là apparaissent, une fois de plus, comme des rêveurs. Le monde musulman, sur le plan géopolitique, ça n’existe pas. Il y a des pays musulmans, la plupart sont sans force. La Turquie et l’Iran ont un véritable pouvoir régional, mais le face-à-face planétaire, évidemment c’est Chine contre USA, avec l’Europe à ce stade dans le camp américain, et la Russie dans le camp chinois.
Il y a un contre-impérialisme pour défendre l’hypercentralisme du capital d’Etat, et ça n’a rien à voir avec le Grand Jihad Hollywoodien et autres fariboles plus ou moins made in CIA...
Le monde qui émerge, à travers cette confrontation pour l’instant très froide et très indirecte entre OTAN et OCS, c’est un monde de la méfiance. La méfiance de tous devant l’avenir engendre la méfiance de chacun devant les autres. C’est la deuxième rupture : le passage d’un monde de la confiance en l’avenir à un monde de la méfiance devant l’avenir, et donc de la méfiance entre les puissances.
Cette rupture est sinistre, bien sûr, mais il faut aussi reconnaître qu’elle traduit une prise de conscience : les peuples qui ont fait confiance à l’Empire occidental savent maintenant à quoi s’en tenir, quand on leur tient des discours lénifiants sur la démocratie et la société ouverte. Allez parler de société ouverte aux retraités russes, vous allez voir, ils ont des choses à dire à ce sujet…
Bref, revenons au sujet : le temps de la méfiance.
La manifestation concrète de cette méfiance, c’est la décision sino-russe de commercer désormais en roubles et yuans. La signification de cette décision, c’est que la moitié du monde se prépare à sortir du cadre de représentation monétaire promu par l’Occident. La confiance ne règne pas…
Et elle ne règne pas, d’ailleurs, pour de bonnes raisons.
Ce cadre de représentation monétaire, promu par la sphère anglo-saxonne, dominante au sein de l’Occident, est depuis toujours appuyé sur le système du crédit. Ce système du crédit, concrètement, cela consiste à fabriquer, via la dette, une masse monétaire un peu plus importante que les besoins de l’économie réelle, qu’on lance ainsi à la poursuite d’une fiction : l’économie qu’il faut construire pour donner un sous-jacent à la masse monétaire générée par le crédit. De ce cadre de représentation, induit par le système du crédit, découle l’obligation de la croissance.
Au départ, tout cela n’était pas malsain ; cela a pu contribuer à créer de la prospérité. Mais le système a peu à peu dégénéré, au fur et à mesure que le capitalisme butait sur des limites écologiques et énergétiques niées contre toute évidence. La machine économique occidentale s’est ainsi virtualisée jusqu’à définir une véritable paraphrénie, une sorte de discours délirant produit par un cerveau global schizophrène : vous ne pouvez plus rouler en voiture, mais les compagnies automobiles font des bénéfices records ; vous êtes rendus malades par les médicaments, mais l’industrie pharmaceutique prospère. C’est de la folie. Le système économique occidental, depuis quelques décennies, c’est de la folie.
Le résultat contemporain, c’est une course en avant qui a échappé à toute limite, à tout processus de pilotage coordonné, un cerveau global entièrement dominé par une irrésistible « pulsion de croissance », si j’ose dire, en fait un cerveau global psychotique. Un cerveau global qui, parvenu au terme de son évolution, révèle progressivement son caractère psychotique, jusqu’à devenir une sorte de serial killer planétaire, ivre de toute puissance technologique, exactement comme un pervers violent est ivre de puissance devant une victime.
Il y a un moment où il va falloir que nous, occidentaux contemporains, acceptions de nous voir tels que nous sommes, même si c’est douloureux…
Nous sommes une civilisation malade. Nous avons détruit la conscience en anéantissant les cadres religieux qui interposaient des limites, des barrières, entre nous et nos fantasmes de toute-puissance. Nous sommes sortis de la religion, puis nous avons laissé tomber nos idéologies, qui étaient des formes religieuses dégénérées. A présent, nous sommes dans les ténèbres, mais nous ne le savons pas. Nous avançons tels des somnambules, ou plutôt tels des morts vivants, des robots, des créatures programmées par une obsession qui les commande pour leur perte. De la disparition de toute référence à une extériorité transcendante, de l’émergence d’une sorte de projection de nous-mêmes comme point de référence à notre course, est sortie une vision du monde pathologique. Celle d’un Jacques Attali, qui nous présente comme « l’idéal judéo-grec » la double négation de la conscience juive du péché et de la conscience grecque de la nature. Véritablement, c’est une maladie dégénérative.
Nous sommes aussi une civilisation contagieuse. Parce que nous engageons une course indéfinie à la puissance technologique, tout le monde est obligé de nous suivre. Certains n’y parviennent pas : Africains, musulmans, sud-américains, pour l’instant. D’autres y parviennent : Russes et Chinois, Indiens aussi, en partie. Il y a donc d’un côté ceux que nous pouvons détruire, et d’autre part ceux qui sont amenés, à leur façon, à nous suivre pour résister à notre menace – en produisant une menace en sens inverse.
C’est là que nous trouvons la troisième rupture : bienvenu dans le siècle des menaces, et des menaces croisées, réciproques.
Donc, je me résume pour que tout le monde ait les idées claires, voilà la situation : l’ère de la consommation, de la confiance et du crédit, nous a conduits, à l’instant de son retournement, dans l’ère de la rareté, de la méfiance et de la menace.
Et alors la Troisième Voie, dans ce contexte ? J’y viens.
Deux voies existent aujourd’hui. Le système s’arrange toujours plus ou moins pour fabriquer deux voies. Ça ne date pas d’hier…
La première voie est définie par le bloc occidental : c’est le capitalisme de la Banque ; la seconde voie est incarnée désormais par la Chine : c’est le capitalisme de l’Etat. Dans les deux cas, le capitalisme n’a plus grand-chose à voir avec la libre entreprise, encore moins avec la liberté. Il n’y a pas de libre entreprise dans un pays où la Banque déclenche des faillites collectives pour ramasser périodiquement la mise. Il n’y en a pas plus, évidemment, dans un système où l’Etat conserve fondamentalement un contrôle presque total sur la société.
Ces deux voies, chinoises et anglo-saxonnes, n’en font qu’une à long terme. Aucune des deux ne répond aux défis de l’heure. Elles sont produites par le siècle des menaces, mais elles ne permettent pas de répondre aux défis de ce siècle. Dans les deux cas, ce que nous avons, c’est un programme de maximisation de la puissance, une obsession de la croissance quantitative. Ni le modèle américain, ni le modèle chinois ne permettent de définir un avenir humain dans un monde où l’impératif de croissance va buter sur ses impératifs écologiques, énergétiques, mais aussi psychosociaux.
En fait, ces deux modèles supposent implicitement un rebond technologique avant la date fatidique où les catastrophes convergent, entre 2020 et 2030. Mais ce rebond paraît très improbable. L’énergie de fusion, les ordinateurs quantiques… on nous promet tant de choses. Mais en pratique, ce que l’on voit, c’est un déluge de gadgets, une multiplication des micro-innovations d’un intérêt de plus en plus douteux.
La voie du capitalisme financiarisé, virtualisé, à l’occidentale, nous conduit vers un monde où le Capital privé, devenu maître de l’Etat, bâtit un pôle de puissance et de richesse prédateur et restreint, dominant un contre-pôle de pauvreté et d’impuissance, formé par une masse dominée. C’est le monde créé par la toute-puissance de la Banque virtualisée, toute-puissance prédatrice et corruptrice, racine de presque tous nos maux, en réalité. Fondamentalement, le cœur de cette voie se trouve dans les pays anglo-saxons et en Israël. Précisons que les peuples américains, anglais ou israéliens n’y sont, dans leur écrasante majorité, pour rien ou à peu près ; ils se trouvent simplement que le Capital a élu domicile chez eux. Ils commencent d’ailleurs à figurer parmi les victimes les plus cruellement attaquées, d’ailleurs, s’agissant en tout cas des Américains et des Anglais.
La voie du capitalisme encore industriel, à la chinoise, nous conduit exactement vers le même monde, avec deux ou trois décennies de retard, malgré la vitesse étonnante du décollage chinois. Le capitalisme de l’Etat, tout en haut de la structure, donne peut-être à la voie chinoise, à ce stade, une plus grande cohérence. Mais ne nous y trompons pas, cette cohérence n’est pas mise au service de la liberté, de la dignité des êtres ordinaires. Le système chinois a l’immense mérite de parvenir à gérer un pays d’un milliard trois cent millions d’habitants. Mais ce n’est pas un système que nous, européens, pouvons envier.
En pratique et en profondeur, Chine, USA, cela revient au même : c’est le modèle d’une humanité à deux vitesses, pour mettre en cohérence le maintien du niveau de l’empreinte écologique démesurée des riches et l’harmonisation des structures de classes à l’échelle planétaire. Deux voies s’opposent, mais elles s’opposent pour se cautionner, et pour conduire, par leur opposition, à un unique modèle. Lire Jacques Attali, pour savoir ce qu’est ce modèle.
Chine-USA, une opposition en forme de piège. Une ruse de l’Histoire. Ou plutôt : de ceux qui font l’Histoire.
Mais c’est aussi une opportunité, car à la charnière de ces deux voies opposées par leur origine, et convergentes par leur dynamique, une troisième voie peut apparaître.
Cette troisième voie, c’est notre espoir.
Le duopole sino-américain est en crise. Il y a une sorte de course de vitesse entre deux phénomènes historiques : d’une part la confiscation progressive du pouvoir par une hyperclasse mondialisée qui a encore, sans doute, besoin de plusieurs décennies pour prendre vraiment conscience d’elle-même à l’échelle globale ; d’autre part l’implosion de l’empire jusque là dominant, celui du capitalisme occidental, et une transition complexe à gérer vers une nouvelle structure, au sein de laquelle la Chine risque d’être prédominante. La super-crise sociale et la super-crise géopolitique : laquelle des deux va surdéterminer l’autre ?
Alors, à tout moment, l’opposition de façade entre capitalisme occidental et capitalisme asiatique peut devenir autre chose qu’une opposition de façade. Le système global n’est pas stabilisé ; il faudra encore plusieurs décennies pour le stabiliser.
Et c’est donc pendant ce moment historique, entre l’ère impérialiste occidentale et l’ère de l’hyperclasse globalisée, et à la charnière entre les deux sphères occidentale et asiatique, c’est ici et maintenant, que peut se trouver une des rares lueurs d’espoir de notre époque : l’hypothèse d’une renaissance européenne, pour une troisième voie, ni américaine, ni asiatique.
Le monde a besoin d’un retour à l’esprit de limitation, parce que nous sortons de la consommation et entrons dans la rareté. Le monde a besoin d’une proposition de société qui préfère l’équilibre à la croissance, parce que nous sortons du temps de la confiance aveugle en l’avenir, parce que nous entrons dans l’ère de la méfiance. Et par-dessus tout, le monde a besoin d’une capacité à construire la paix et la stabilité, parce qu’il est, désormais, le monde de la menace. Ces caractéristiques, limitation, équilibre, stabilité, ne peuvent être apportées ni par l’économie atlantique contemporaine, véritable prolifération cancéreuse de la valeur comptable sans contrepartie réelle, machine à secréter le déséquilibre destructeur, ni par une économie chinoise pour l’instant éclatante de santé, mais caractérisée en profondeur par des déséquilibres sociaux gravissimes, qui finiront par pousser Pékin à s’engager dans un impérialisme adapté à la donne chinoise.
Dans un tel contexte, la définition d’une troisième voie par un troisième pôle est une espérance pour le monde.
Cette troisième voie, sa définition suppose d’une part qu’une force émerge qui puisse dire non à l’impérialisme anglo-saxon, d’autre part que ce refus soit accompagné d’une proposition positive de refondation.
La force, pour liquider l’énorme masse de dettes en la soldant sur la finance spéculative – ce qui suppose, pour que le voleur rende gorge, que la puissance de l’US Army et des réseaux d’influence de l’Empire occidental, gardiens du pouvoir de la Banque, trouve en face d’elle une puissance dissuasive, de force sinon égale, au moins comparable. La force, en somme, pour préempter la crise géopolitique, pour l’utiliser comme un levier, au lieu de la subir.
Et la proposition de refondation, c’est la fin, ou plutôt le dépassement de la psychose occidentale. Si notre civilisation a fabriqué cette psychose, c’est d’abord parce qu’elle avait pris énormément d’avance sur les autres civilisations du globe. Ceci implique aussi que nous pouvons, peut-être, trouver les premiers le remède à la maladie que nous avons répandue.
Ce remède, on le connaît tous en réalité. Arrêtons de tourner autour du pot : très concrètement, il s’agit de convaincre les riches qu’ils vivront une vie bien plus intéressante en partageant. Hors de là, pas de salut. Un processus d’imitation parcourt la structure sociale et la modèle de haut en bas. Nous devons en changer le contenu, pour qu’il répande à nouveau, à travers toutes les couches de la société, les valeurs supérieures du courage, de l’ascèse, du partage, et de la protection du faible par le fort en somme. Bref, il faut en finir avec le règne des marchands.
Si l’on a pu s’illusionner un instant sur une possible révolution conservatrice aux USA, il devient désormais évident que nous ne trouverons pas la formule de cette réhabilitation des valeurs supérieures dans un monde atlantique qui nous domine, mais qui illustre, jour après jour, sa renonciation à toute décence. Nos traditions de l’Europe continentale sont notre dernier espoir, voilà ce qu’il nous faut raviver si nous ne voulons pas périr.
Bref, qu’il s’agisse de constituer un pôle de puissance ou de lui donner une substance, c’est toujours par un choix géostratégique que peut et doit commencer toute « troisième voie économique » : nous devons choisir le contrepoids à la puissance et aux valeurs d’un monde atlantique malade et prédateur, qui nous fait crever parce qu’il héberge, pour l’instant du moins, la Banque, le Capital parasitaire. Demain, peut-être, une deuxième révolution américaine me fera mentir.
Mais pour l’instant, nous savons tous où se trouve l’alternative : dans l’alliance russe.
Et nous savons tous, aussi, comment cette alliance peut s’organiser. Depuis que Vladimir Poutine a publié dans la Süddeutsche Zeitung un plaidoyer pour un espace économique de Lisbonne à Vladivostok, tout le monde a pu constater que le Kremlin veut l’alliance européenne – ce qui est parfaitement logique, puisque cela installe la Russie en pont terrestre entre l’Europe et l’Asie. Et tout le monde a pu constater, aussi, que la proposition a été formulée en allemand, ce qui, là encore, n’étonnera personne, du moins parmi les gens qui se sont intéressés, ces dernières années, à la progression fulgurante du commerce germano-russe.
Bref, le nom concret de l’alliance russe, c’est : Paris-Berlin-Moscou.
Alors soyons clair : si vous vous demandez, parmi les gens qui vous parlent, qui est du côté des peuples, il y a deux questions à poser. La première, évidente, c’est : êtes-vous pour le retour à la souveraineté monétaire des Etats, donc pour l’abolition de la loi de 1973 interdisant à la Banque de France d’accepter les effets du Trésor à l’escompte. La deuxième, moins évidente mais tout aussi cruciale, c’est : êtes-vous pour une alliance Paris-Berlin-Moscou ?
Ceux qui répondent oui aux deux questions veulent une troisième voie économique.
Ceux qui répondent oui à la première question, la loi de 73, mais non à la seconde, Paris-Berlin-Moscou, sont de doux rêveurs, qui n’ont pas pris conscience des vrais rapports de force.
Vous en trouverez aussi qui répondent oui à la deuxième question, Paris-Berlin-Moscou, mais non à la première, la loi de 1973. Ceux-là veulent en réalité positionner le pouvoir bancaire au cœur d’une future économie continentale – car, il faut bien le comprendre, ce pouvoir, aujourd’hui logé dans le monde atlantique, peut très bien, demain, se repositionner dans un cadre différent, y compris à travers un axe Berlin-Moscou maîtrisé, en réalité, par les banques d’affaires. La politique et l’économie sérieuses, ce n’est jamais simple.
Mais supposons que tous les écueils ont été contournés. Supposons qu’un nouveau pouvoir, en France et en Allemagne, sans rompre totalement les liens avec les USA, engage réellement l’Europe dans une troisième voie économique…
Imaginons que le rêve esquissé par Vladimir Poutine dans la Süddeutsche Zeitung est devenu réalité. En quoi consiste alors la troisième voie ?
Oh, ça n’a rien de bien sorcier : c’est d’une part le relèvement de tout ce qui a été abattu par un demi-siècle de despotisme bancaire, et d’autre part l’adaptation de ces dispositifs restaurés à la nouvelle donne créée par les défis du XXI° siècle, des défis qui ne seront pas ceux du XX° siècle.
En France, en gros, il faut refaire le Conseil National de la Résistance, en nous souvenant que l’enjeu n’est plus tant de sortir de la pauvreté que d’organiser une aisance écologiquement responsable. En Allemagne, il faut revenir, là encore sous des formes renouvelées, à ce qui s’appelle, là-bas, l’économie sociale de marché et la cogestion. Et en Russie, il faut continuer le bon travail fait, depuis dix ans, par Poutine, en tirant profit des avantages considérables que la Russie peut espérer d’un investissement technologique européen. Nous avons notre hinterland à développer, il s’appelle la Sibérie, et il est immense. Croyez-moi, si nous osons renaître, nous ne sommes pas les plus mal placés sur terre…
On peut tout à fait imaginer que progressivement ces modèles européens, ces projets nationaux inscrits en Europe, se rapprochent et, dans une certaine mesure, fusionnent. Il est hors de doute qu’il existe aujourd’hui en France un intérêt pour ce que l’Allemagne a réussi mieux que nous ; une partie de cet intérêt est obscène : cette partie renvoie au fantasme que le pouvoir capitaliste français a toujours entretenu à l’égard de la société germanique hiérarchisée. Mais une autre partie de cet intérêt est tout à fait sain : le fait est que la cogestion et l’économie sociale de marché, eh bien cela marche tout simplement, dans certains domaines, mieux que la planification indicative à la française – même si dans d’autres domaines, c’est le système français qui s’impose.
D’ailleurs, il existe aujourd’hui en Allemagne un vif intérêt pour l’esprit de solidarité français – évidemment, les médias dominants, ici, ne vous en parlent pas, mais savez-vous que récemment, un sondage a révélé que 75 % des Allemands approuvaient une grève dure dans les chemins de fer, parce qu’ils estiment la rigueur excessive ? Vous a-t-on parlé des manifestations importantes qui viennent de secouer la Saxe, à peu près là d’où est parti, en 1989, le mouvement qui devait mettre la RDA par terre… Non, évidemment : vous comptez compter sur les médias français quand il s’agit de ne pas vous informer de ces choses. On préfère vous expliquer que les Allemands bossent dur et ferment leur gueule, et que vous devriez faire pareil. Eh bien, sachez-le, on vous ment : en Allemagne, il n’y a pas que des patrons et des retraités, il y a aussi une population qui souffre. Rien ne dit que cette population acceptera éternellement d’être le prisonnier modèle de la nouvelle prison des peuples, j’ai nommé l’Union Européenne bruxelloise…
En fait, ce qui se passe en ce moment, c’est que l’Europe est en train d’hésiter entre conclure son suicide et renaître.
Si nous ne parvenons pas à triompher de la dictature des marchés financiers, si nous devenons les auxiliaires du combat d’une soi-disant voie occidentale vers la société de l’injustice, contre une voie asiatique conduisant d’ailleurs elle aussi à cette même société de l’injustice… bref, si nous nous laissons entraîner dans une voie que nous n’avons pas choisie, les gens qui nous ont poussé au suicide finiront leur travail.
Mais il y a une autre voie.
La voie qui consiste, tout simplement, à décider nous-mêmes de notre avenir. Restaurer notre souveraineté nationale, l’insérer dans un ordre européen reposant sur une alliance structurelle entre des puissances européennes souveraines, mais coordonnées par un système d’agences, souple et réactif. Utiliser le formidable levier de puissance de cette alliance pour reconquérir les instruments de la souveraineté monétaire. Utiliser la souveraineté monétaire pour opérer, à l’échelle d’un espace eurosibérien coordonné, une véritable refondation monétaire. Profiter de cette refondation monétaire pour faire, à l’échelle de cet immense espace eurosibérien, ce que jadis, en plus petit, l’alliance des résistants dans le CNR avait fait en France, ou encore ce que, d’une autre manière, les politiques habiles et raisonnables firent en Allemagne, dans les années 50. Redistribuer les revenus. Dompter le capitalisme. L’obliger à produire, sans violence inutile, sans contrainte autre que celle strictement nécessaire, la dose exacte de socialisme qui doit servir de contrepoids à un libéralisme sain, un libéralisme des entrepreneurs. Et choisir, ainsi, à travers l’économie, qui n’est qu’un outil, la renaissance de nos vieux peuples.
On sait tous très bien ce qu’il faut faire. Et on sait tous très bien que la seule chose qui nous empêche de le faire, c’est, tout simplement, le pouvoir des riches, des très riches. Il faut, donc, tout simplement, briser ce pouvoir, là où il est à ce stade concentré : dans l’Anglosphère. La troisième voie, c’est la voie qui conduit à remporter cette bataille-là.
C’est possible. Mon opinion est qu’il y a très peu de chances pour que cela arrive, je ne vous le cacherai pas. Mais c’est possible, et c’est absolument la dernière chance, le dernier arrêt pour descendre et changer de train. Après, le programme, c’est highway to hell.
Donc, en conclusion, voilà à quoi, à mon avis, doit correspondre la troisième voie économique défendue par votre mouvement : saisir la dernière chance de l’Europe.
Evidemment, on dira qu’il y a un extraordinaire décalage entre cette ambition et vos moyens. A quoi bon, dira-t-on, parler de ces questions à des gens si peu nombreux, si peu puissants ?
A cette objection, je répondrai qu’on ne vous demande pas, à vous du mouvement Troisième Voie, d’être plus que des auxiliaires dans ce grand combat.
A ceux qui s’étonnent, ici ou là, que je sois un compagnon de route de votre mouvement, je réponds en général ceci : quand on va passer aux choses sérieuses, ce qui arrivera forcément dans quelques années, et nous le savons tous… quand on va passer aux choses sérieuses, donc, vous préférez les trouver où, les jeunes gars de cette tendance : en face de vous, ou à côté de vous ?
Et donc, voilà pourquoi j’espère, militants et sympathisants du mouvement Troisième Voie, vous avoir, en bon compagnon de route, un peu aidé aujourd’hui à choisir le bon combat.
Michel drac http://www.scriptoblog.com
économie et finance - Page 774
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Pour une troisième voie économique
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La monarchie sociale : ses raisons d'être...
La Monarchie française est éminemment sociale, ou a le devoir impérieux de l’être, ne serait-ce que pour légitimer sa nécessité et son autorité : c’est un élément que je ne cesse de mettre en avant, suscitant parfois une certaine circonspection de la part de mes contradicteurs mais aussi parfois des sympathisants monarchistes eux-mêmes…
Sans doute faut-il expliquer ce point de vue, et l’approfondir sans cesse, au regard de l’actualité, malheureusement cruelle aujourd’hui envers ceux qui travaillent ou qui cherchent un emploi : si la Monarchie n’est pas un remède miracle, elle est le régime qui peut permettre, avant tout, de garantir la justice sociale et de ne pas abandonner ceux qui souffrent d’une crise (en fait, d’un processus de mondialisation…) dont ils ne sont guère, en tant que tels, responsables ! L’indépendance de l’institution royale, de par le fait que la naissance ne doit rien à la fortune, lui donne l’occasion (qui est, en fait, un devoir) de parler au-dessus des simples intérêts privés, y compris des plus riches, que ceux-ci soient des individus ou des sociétés privées. Un Louis XIV n’hésita pas, en son temps, à embastiller Nicolas Fouquet, l’homme le plus riche du royaume, sans doute plus comme un rappel que l’Argent ne faisait pas le bonheur et, en tout cas, ne commandait pas à l’Etat royal en France, que comme le règlement d’une simple affaire de corruption… De plus, le Roi n’est pas le représentant des classes dominantes (une sorte de suzerain capitaliste, en somme) mais un souverain qui s’impose à tous et encore plus à ceux qui possèdent, et qui a le devoir de n’oublier personne dans son souci politique. S’imposer ne veut pas dire être un dictateur qui terroriserait les riches et flatterait les autres, mais simplement rappeler à tous que l’Etat n’est pas « une place à prendre » mais un pays à servir, au-delà des différences et des libertés particulières qu’il faut organiser, ou plutôt laisser s’organiser dans le respect des équilibres sociaux et de la justice nécessaire à toute œuvre sociale. Dans un monde où l’Argent a pris une telle importance, cela ne sera sans doute pas facile mais la Monarchie a ainsi quelques atouts et il serait dommage pour le pays de ne pas les utiliser…
L’indépendance royale, certes menacée par les jeux des groupes de pression financiers dans cette mondialisation qui cherchera à fragiliser l’Etat politique, est un levier important dans la capacité de l’Etat et de son gouvernement, quelle qu’en soit la couleur électorale, à faire accepter les réformes à ceux qui, d’ordinaire, cherchent à s’en abstraire ou à en fuir les conséquences quand elles ne leur conviennent pas. Mais la Monarchie n’oublie pas de permettre à tous, y compris les groupes de pression, de s’exprimer et de proposer, voire de contester : mais c’est la Monarchie qui arbitre et préserve l’Etat et l’intérêt commun, tout en laissant le gouvernement faire son travail et œuvrer au quotidien.
La Monarchie active « à la française », de par son rôle majeur (sans être omnipotent ni même omniprésent) d’arbitrage politique et de protecteur social, marque son territoire d’action par sa capacité de décision dans quelques grands domaines, ceux que l’on nomme régaliens (ce qui, d’ailleurs et même en République, veut dire … « royaux » !) : la grande finance, la diplomatie et les affaires militaires, et la garantie de « la protection de tous », en particulier sociale.
Si la Monarchie instaurée (le plus tôt sera le mieux !) veut s’enraciner sans se renier, il lui faudra assurer et assumer son rôle éminemment social : dans un monde incertain, face à une mondialisation menaçante, elle doit tracer un sillon social profond en rappelant aux puissants d’aujourd’hui, d’ici comme d’ailleurs, que toute politique crédible et efficace passe par la prise en compte des populations et par le souci de préserver la justice sociale, ciment des sociétés et facteur d’unité nationale. Il lui faudra aussi lancer le grand chantier d’une nouvelle organisation sociale, par le biais d’un syndicalisme vertical qui prenne en compte, dans ses structures, tous les échelons de la hiérarchie, et par la mise en place d’espaces de réflexion et de décision, voire de redistribution dans certains cas (intéressement, actionnariat salarial ou populaire, patrimoine « corporatif », etc.), espaces qui réunissent tous les acteurs de l’activité économique locale, communale, régionale ou nationale, y compris en y intégrant des acteurs extérieurs et étrangers (mais qui ne devront pas avoir vocation à diriger ce qui doit rester aux mains des producteurs locaux) comme les investisseurs ou les représentants des institutions internationales (ceux de l’Union européenne, par exemple) ayant une part dans l’activité économique concernée.
A l’heure où la République tremble devant les oukases de la Commission européenne et les injonctions d’un Marché devenu incontrôlable, il est temps d’en appeler, fortement, à l’instauration d’une Monarchie sociale pour la France, non par caprice ou utopie, mais par réalisme et nécessité !
C’est, d’ailleurs, sur le terrain social, que le royalisme a, aujourd’hui, le plus de chances de faire entendre sa « musique particulière », au travers de la contestation des mesures antisociales de cette « Europe-là » et de cette République hollandaise si oublieuse de ses promesses électorales de justice sociale… Mais, au-delà de cette régence sociale que nous assumons, il faut poser, ici et maintenant, les conditions d’une vraie politique sociale inscrite dans le marbre des institutions à venir…
Jean-Philippe Chauvin http://www.actionroyaliste.com
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Affaire Cahuzac : la commission d’enquête parlementaire blâme le gouvernement
Aujourd’hui mercredi, le président de la commission d'enquête parlementaire sur l'action du gouvernement dans l’affaire Cahuzac a déclaré que « la réponse des autorités françaises n'était pas adaptée ». Qu’en termes pudiques ces choses-là sont dites !Les députés, qui ont engagé leurs travaux il y a deux mois, ont auditionné mardi trois ministres, Christiane Taubira, Manuel Valls et Pierre Moscovici. Le ministre de l'Économie, soupçonné par l'opposition d'avoir cherché à blanchir Jérôme Cahuzac, a relancé leurs interrogations sur les responsabilités de l'État en confirmant la tenue d'une réunion en janvier dernier à l'Élysée en présence de l'ex-ministre du Budget."En l'état actuel de nos travaux, on peut dire que la réponse qu'a faite le premier ministre, le président et Pierre Moscovici à cette affaire n'était pas adaptée", a déclaré mercredi sur France 2 le député UDI Charles de Courson, qui préside la commission.Pour lui, le gouvernement a commis "une erreur" en saisissant l'administration fiscale suisse.De nombreux membres de cette commission s'interrogent d'ailleurs, au vu de ce "véritable désastre", de l'intérêt de la convention fiscale entre la France et la Suisse, a-t-il dit.L'affaire dite Cahuzac a été révélée le 4 décembre par le site d'informations Mediapart, mais l'ancien ministre du gouvernement Ayrault n'a été contraint de quitter son poste qu'après l'annonce de l'ouverture d'une information judiciaire le 19 mars.La réponse à la demande d'entraide fiscale à la Suisse formulée par la France a permis de dire que Jérôme Cahuzac n'avait pas détenu d'avoirs à l'agence UBS de Genève entre 2006 et 2010, ce qui semblait l'innocenter.Mais l'ex-ministre du Budget était soupçonné d'avoir ouvert son compte dès le début des années 1990, puis d'avoir transféré les fonds dans une autre banque, Reyl & Cie, avant de les déplacer en 2009 à Singapour."Il n'y a pas eu de dysfonctionnement côté de la justice, on n'en a pas trouvé, on n'a pas trouvé de dysfonctionnement du côté du ministre de l'Intérieur, par contre il y a plusieurs dysfonctionnements graves des services fiscaux, contrairement à ce que dit encore hier Pierre Moscovici", a encore déclaré Charles de Courson.Il s'est notamment étonné qu'aucune suite n'ait été donnée à des alertes lancées en 2001 et 2008 auprès d'inspecteurs des impôts.La commission d'enquête parlementaire dispose d'un délai de 6 mois, à compter de fin mai, pour enquêter et rédiger son rapport sur les responsabilités éventuelles du gouvernement et des autorités dans la gestion de cette affaire.Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/
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Entreprise, emploi : les deux difficultés de l'économie socialiste
Le chômage s'envole, et les entreprises, inquiètes, peinent à embaucher. Le discours de François Hollande, façon méthode Coué, promettant l'accalmie, voire mieux, pour la fin de l'année ne convainc pas. Or, il n'y a pas de croissance sans confiance. Et il ne suffit pas, pour cela, de voter une loi sur l'emploi, ni de la faire valider par le Conseil constitutionnel. Encore moins, sans doute, de convoquer une nouvelle Conférence sociale.
La loi sur l'emploi accorde plus de flexibilité aux entreprises - enfin, aux entreprises en « graves difficultés ». C'est-à-dire aménagement du temps de travail et salaires pendant deux ans maximum, accord de maintien dans l'emploi, mobilité interne, refonte des procédures de licenciement, etc. En échange, si l'on peut dire, de nouveaux droits sont accordés aux salariés (accès élargi aux mutuelles, droits rechargeables au chômage, compte individuel formation, encadrement des temps partiels, etc.).
En présentant ce texte, le ministre du Travail Michel Sapin vantait « un grand texte de progrès social qui sécurise et qui permettra à la France d'être prête demain à saisir la croissance qui repartira ». C'est là le hic : il n'y a rien à l'horizon. Et les chiffres de l'Insee ne sont guère faits pour rassurer. Comme le soulignaient Marion Le Pen et Gilbert Collard à l'Assemblée nationale : « Pour nous, la sécurisation de l'emploi passe d'abord par une reconstruction de nos industries à l'intérieur de frontières nationales ou européennes. » Discours inaudible...
Un gâchis
Ouvrant la deuxième Conférence sociale de son quinquennat, François Hollande est donc remonté au créneau, en ressortant la boite à outils. En réaffirmant haut et fort que « le sérieux budgétaire ne sera pas en France l'austérité ». Et en pointant deux urgences : le retour de la croissance et le désendettement. Parce que « plus de 10% de la population active privée d'emploi, (...) c'est un gâchis pour l'économie. » À qui le dit-il ! Mais le constat, bien que juste, ne suffira pas, même renforcé de sa conviction, à « inverser durablement la courbe du chômage à la fin de l'année ». Les partenaires sociaux, et les Français en général, ne se sont pas privés de le lui dire.
D'abord, parce que la désindustrialisation de la France est une réalité. En 1975, l'industrie française employait 40 % des actifs, 23 % seulement en 2009. C'est peu ! Et toute tentative de renforcer l'industrie, de simplifier les démarches des créateurs d'entreprise se heurte immanquablement à l'idéologie socialiste.
L'exemple récent du couac gouvernemental sur l'auto-entreprenariat le confirme. À peine Jean-Marc Ayrault avait-il tenté de calmer le jeu en affirmant que la menace d'une limitation dans le temps de ce système ne se concrétiserait pas que Sylvia Pinel, son ministre de l'Artisanat, prétendait le contraire, en affirmant son intention de placer une limitation très précise, à savoir « de un à cinq ans ».
Depuis, au grand dam des intéressés, le débat s'enlise. Ce qui ne manifeste que trop combien le gouvernement socialiste se méfie d'un statut où une certaine liberté ne peut que dissimuler, dans son esprit, du travail illégal.
Prendre la mesure ?
François Hollande préfère, pour sa part, proposer des mesurettes. Telles qu'un « contrat d'apprentissage avec engagement d'embauché », qui ne peut qu'indisposer un entrepreneur ; ou les fameux emplois d'avenir, spécialement destinés aux non qualifiés, et payés en conséquence, qui ne peuvent satisfaire personne.
On pourrait multiplier les exemples de mesures ainsi prises et dont l'impact, tant qualitatif que quantitatif, est faible.
Mais, une fois de plus, le chef de l’État est dans la péroraison de conviction. Posant, mi-juin, sur le plateau de Capital (M6), la question : « Vous croyez que je ne l'ai pas vue, la crise ? », Hollande a entrepris d'y répondre lui-même : « Je l’ai prise cette crise en pleine face pendant la campagne présidentielle, ensuite le vent a soufflé plus fort. » Et d'affirmer que, dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement en avait pris la mesure, et pris les mesures.
À ceux qui rétorquent que, à cette aune, le résultat est encore plus accablant, le président rétorque, en une espèce de Pilate de l'économie : « Ce n 'est pas le rythme des réformes qui est jugé trop lent, ce sont les résultats qui tardent. »
Au « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy, les socialistes prétendaient opposer un « travailler mieux pour vivre mieux ». On n'aura finalement ni l'un ni l'autre...
Olivier Figueras monde & vie 2 juillet 2013 -
LIBÉRALISME
Le libéralisme désigne de manière générique l'ensemble des doctrines apparues à partir du XVIIe siècle en Occident qui font de l'individu abstrait la clef de voûte de tout leur système. Le terme étant ambigu, selon qu'il l'applique à soit la philosophie politique soit à l'économie politique, nous retiendrons moins les philosophes (Locke, Montesquieu, Rousseau) défendant respect de la liberté individuelle que les tenants du libéralisme économique (Quesnay, Say, Adam Smith, Malthus, Ricardo, J. Stuart Mill) qui seul nous intéresse pour cette entrée lexicale.
Le libéralisme économique est une conception qui refuse l'intervention de l'État (si ce n'est pour défendre l'initiative privée) et qui postule l'existence de lois naturelles capables d'assurer l'équilibre de l'offre et de la demande, à condition que soient respectées la concurrence et la propriété privée des moyens de production. Le néo-libéralisme actuel est une doctrine qui, devant l'échec du libéralisme classique, admet une certaine intervention de l'État dans l'économie sans pour autant remettre en question le principe de la concurrence et de la libre entreprise.
Ses principes fondamentaux sont les suivants : individualisme économique, assimilation de la société à un marché (société marchande), méfiance à l'égard des pouvoirs de nature politique, croyance dans la transparence et la spontanéité des rapports sociaux dès lors qu'ils sont marchands et égalitaires, réduction des finalités culturelles à l'obtention du bien-être, croyance dans la fin possible des idéologies au profit d'une gestion “technique”, neutre et éclairée de la société, etc. Le libéralisme débouche sur la technocratie et l'étatisme (gouvernance), sur la mercantilisation et l'opacité des rapports sociaux, sur la réification de l'homme, assimilé à une “chose” dotée d'une valeur monnayable, qui est cette entité abstraite qu'est l'homo œconomicus. Tout en se vantant d'organiser le libre-échange économique et la libre communication culturelle, le libéralisme alimente la domination du modèle occidental de civilisation et d'un système économique transnational (cf. américanisme). D'autre part, il faut combattre l'idée que le libéralisme, aujourd'hui contesté dans son efficacité économique (cf. économisme), détienne le monopole de la concurrence et de l'économie privée de marché (cf. autarcie ou localisme).
Au plan politique, le régime idéal est fondamentalement celui où il y a le moins de contraintes sociales. Au plan social, il consomme la rupture avec le principe holiste, soit qu'il nie purement et simplement la notion d'intérêt collectif, soit qu'il le fasse naître de l'ajustement miraculeux des conduites individuelles mues par la recherche rationnelle du meilleur intérêt. Dans cette optique, c'est seulement le jeu des intérêts particuliers qui constituent la société : le tout n'est que le produit du comportement des parties. L'ordre public naît ainsi de la concurrence généralisée. Vision de guerre civile : l'ordre spontané, c'est le consensus établi sur l'exclusion des « perdants ».
Le libéralisme désigne de manière générique l'ensemble des doctrines apparues à partir du XVIIe siècle en Occident qui font de l'individu abstrait la clef de voûte de tout leur système. Le terme étant ambigu, selon qu'il l'applique à soit la philosophie politique soit à l'économie politique, nous retiendrons moins les philosophes (Locke, Montesquieu, Rousseau) défendant respect de la liberté individuelle que les tenants du libéralisme économique (Quesnay, Say, Adam Smith, Malthus, Ricardo, J. Stuart Mill) qui seul nous intéresse pour cette entrée lexicale. Le libéralisme économique est une conception qui refuse l'intervention de l'État (si ce n'est pour défendre l'initiative privée) et qui postule l'existence de lois naturelles capables d'assurer l'équilibre de l'offre et de la demande, à condition que soient respectées la concurrence et la propriété privée des moyens de production. Le néo-libéralisme actuel est une doctrine qui, devant l'échec du libéralisme classique, admet une certaine intervention de l'État dans l'économie sans pour autant remettre en question le principe de la concurrence et de la libre entreprise.
Ses principes fondamentaux sont les suivants : individualisme économique, assimilation de la société à un marché (société marchande), méfiance à l'égard des pouvoirs de nature politique, croyance dans la transparence et la spontanéité des rapports sociaux dès lors qu'ils sont marchands et égalitaires, réduction des finalités culturelles à l'obtention du bien-être, croyance dans la fin possible des idéologies au profit d'une gestion “technique”, neutre et éclairée de la société, etc. Le libéralisme débouche sur la technocratie et l'étatisme (gouvernance), sur la mercantilisation et l'opacité des rapports sociaux, sur la réification de l'homme, assimilé à une “chose” dotée d'une valeur monnayable, qui est cette entité abstraite qu'est l'homo œconomicus. Tout en se vantant d'organiser le libre-échange économique et la libre communication culturelle, le libéralisme alimente la domination du modèle occidental de civilisation et d'un système économique transnational (cf. américanisme). D'autre part, il faut combattre l'idée que le libéralisme, aujourd'hui contesté dans son efficacité économique (cf. économisme), détienne le monopole de la concurrence et de l'économie privée de marché (cf. autarcie ou localisme).
Au plan politique, le régime idéal est fondamentalement celui où il y a le moins de contraintes sociales. Au plan social, il consomme la rupture avec le principe holiste, soit qu'il nie purement et simplement la notion d'intérêt collectif, soit qu'il le fasse naître de l'ajustement miraculeux des conduites individuelles mues par la recherche rationnelle du meilleur intérêt. Dans cette optique, c'est seulement le jeu des intérêts particuliers qui constituent la société : le tout n'est que le produit du comportement des parties. L'ordre public naît ainsi de la concurrence généralisée. Vision de guerre civile : l'ordre spontané, c'est le consensus établi sur l'exclusion des « perdants ».
Le libéralisme s'avère là une machine à produire la désillusion. Dans une société libérale, le lien social résulterait de la libre concurrence des conduites individuelles ? Jamais comme dans le monde occidental actuel, l'anomie sociale n'a été aussi grande. Le marché serait pluraliste par nature ? Par le jeu du mimétisme concurrentiel, jamais les modes de vie n'ont été aussi indifférenciés : partout, le libéralisme détruit les identités collectives, les cultures enracinées, et s'avère générateur d'uniformité. Il serait principe de liberté, d'émancipation du sujet ? Jamais les hommes n'ont été aussi aliénés que dans le rapport à la marchandise qui caractérise le système des objets.
À en croire les auteurs libéraux, la liberté s'imposerait d'elle-même dans une société gouvernée par l'économie de marché. Le libre-échange engendrerait la liberté comme son produit le plus naturel, par affinité intrinsèque en quelque sorte. Une telle théorie, qui procède d'un raisonnement similaire au marxisme (c'est l'infrastructure économique qui détermine la superstructure politique et sociale), montre en fait que dans une société calquée sur le marché, la « liberté » elle-même est conçue sur le modèle de l'échange commercial. Ce processus a bien été décrit par Werner Sombart : « On réclame une liberté aussi large que possible, on exige la suppression de tout ce qui peut faire obstacle à la course au gain. Il s'agit, en premier lieu, de la liberté formelle, de la liberté de faire ou de ne pas faire, qu'on considère comme un facteur essentiel de la bonne conduite des affaires. [...] En deuxième lieu, la revendication de la liberté implique l'idée d'un gain ne tenant compte d'aucune considération sans rapport direct avec lui. Elle équivaut à la proclamation de la supériorité du gain sur toutes les autres valeurs. » (Le Bourgeois, ch. XIII). Henri Lepage décrit significativement la liberté de consommer comme « la plus fondamentale des libertés ». Dans la théorie du producteur-consommateur de Gary Becker, c'est par son aptitude à la consommation que l'individu s'affirme véritablement comme citoyen.
La propriété privé n'est pourtant pas un absolu : il y a quantité d'usages d'une propriété qui équivalent à des nuisances du bien commun. L'initiative privée, elle aussi, peut secréter le meilleur comme le pire. La croire intrinsèquement meilleure parce qu'elle est privée n'est qu'une illusion. Le principe de rentabilité (à distinguer du calcul de rentabilité) n'est qu'une façon d'asseoir le règne de la quantité. Quant à la concurrence, elle ne s'exerce pratiquement jamais selon le modèle idéal de la course des athlètes dans le stade. Elle est le plus souvent biaisée, imparfaite, destructive. La publicité, à elle seule, est déjà une suggestion qui fausse le choix.
Le libéralisme est une doctrine (et même une idéologie) philosophique, économique et politique, et c’est évidemment comme tel qu’il doit être étudié et jugé. Il ne peut être confondu complètement avec le capitalisme, régime économique apparu au XIXe siècle dans lequel les moyens de production relèvent de la propriété privée (car il existe aussi un capitalisme d'État, forme plus ou moins prononcée de collectivisme où l'État est propriétaire des moyens de production, en tout ou en partie). Même si les partisans du libéralisme économique considèrent qu'il constitue le meilleur ressort du développement économique dans la mesure où il stimule la production par la loi constante de l'offre et de la demande, ce régime implique l'exploitation des travailleurs et des peuples, exploitation qui ne peut que s'étendre mondialement pour aboutir à l'impérialisme, et s'accule, à plus ou moins long terme, à des contradictions mortelles entre une production dépendante de la spéculation boursière n'obéissant qu'à la recherche d'un profit toujours croissant et une consommation de plus en plus bloquée puisque, par application de la concurrence qui règne entre producteurs, le système ne peut, en durant, que diminuer le nombre des acheteurs potentiels (effets conjugués de la paupérisation et de la prolétarisation).
De toutes les idéologies occidentales, le libéralisme est la plus dominante et en outre celle qui menace le plus notre spécificité culturelle : confortant l'individualisme impolitique, elle fonctionne comme une drogue qui colonise les imaginaires et bloque, notamment, des réactions de défense concertée des peuples, de solidarité économico-politique et d'initiative locale. Le libéralisme est, très clairement, pour nous, l'ennemi principal. Le combattre, ici et maintenant, c'est prendre le mal à la racine, à savoir anthropologiquement le rabattement du politique sur l'économique.
Vouloir 24 /12 /2010 -
L’impossible retour de la croissance
Par Charles Sannat, diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Directeur des Études Économiques d’AuCOFFRE.com, il rédige quotidiennement des articles sur l’actualité économique dans Le Contrarien Matin, journal gratuit accessible chaque jour sur le site d’AuCOFFRE.com.
J’explique depuis plusieurs années qu’attendre la croissance, enfin son retour, même si notre Normal 1er pense avoir aperçu la reprise, est une illusion. La croissance c’est fini, il n’y en aura plus, ou en tout cas pas comme nous la pensons jusqu’à présent et pour plusieurs raisons.
La répartition des profits est indispensable
La croissance est liée à la notion de répartition des profits et de la création de richesse. La croissance est un « être » économique complexe. Très complexe même. Pour qu’il y ait création de richesses futures, il est nécessaire d’avoir une répartition optimale des richesses présentes (nous éviterons le mot « juste » qui n’a aucun sens).
En clair, c’est parce qu’il y a des consommateurs solvables que les entreprises peuvent vendre ce qu’elles produisent. Point de croissance sans consommateur solvable, or le consommateur solvable devient une espèce en voie de disparition ces derniers temps.
Les consommateurs solvables disparaissent sous la double pression de la mondialisation et de ses cohortes de délocalisations (je rappelle que délocaliser pour payer le même salaire n’a aucun sens, donc une entreprise qui délocalise le fait pour pouvoir verser des salaires de misère participant ainsi à la réduction du pouvoir d’achat global des consommateurs au niveau mondial), mais également des progrès techniques qui nécessitent de moins en moins de bras pour créer les nouvelles richesses. Moins de bras, égal moins de bras payés, égal réduction de la masse de consommateurs solvables donc, in fine, baisse de la croissance.
Mais ce n’est pas tout.
L’ère de la raretéComme je le dis et je le répète, le monde, avec plus de 7 milliards d’habitants (de moins en moins solvables), est entré dans une période de raréfaction des ressources. Moins de matières premières, difficultés à augmenter les rendements agricoles, etc. Bref, sans parler de rationnement, il faudra devenir beaucoup plus économe et frugal… Ce qui est de facto le cas grâce à la crise économique mondiale qui réduit la consommation de chacun.
Le plus grave dans tout cela c’est bien entendu les prix de l’énergie. Nous sommes « oléo-dépendant ». Tout dans notre économie de consommation de masse nécessite des masses d’énergies dont aucune n’est fondamentalement satisfaisante. Le nucléaire est très dangereux puisque sur environ 300 réacteurs nucléaires en service, nous avons connu trois accidents majeurs aux conséquences dramatiques et internationales, soit un taux d’échec d’environ 1 %. Appliquée à n’importe quelle industrie, un tel taux d’erreur serait insupportable. Imaginez 1 % des mangeurs de camembert tués par leur fromage préféré…
Les énergies renouvelables sont une bien belle idée, néanmoins cela fonctionne mal. Le panneau solaire ce n’est que la journée, l’éolienne que lorsqu’il y a du vent, bref, ces énergies sont coûteuses et ne sont pas forcément disponibles lorsque l’on en a besoin, sans oublier que leur bilan écologique n’est pas forcément brillant.
Il nous reste donc les énergies fossiles avec le pétrole et le gaz. Évidemment, pour tout ce qui est transport routier, fluvial, maritime, le pétrole est indispensable, de même que pour les usages agricoles. Bref, toute augmentation importante du prix du pétrole viendra fracasser toute velléité de reprise de la croissance.
Actuellement, alors que l’activité économique est faible, qu’elle ralentit dans les pays émergents, qu’elle patine aux États-Unis et qu’elle s’effondre en Europe, les prix du baril du pétrole se maintiennent à des niveaux jamais vus lorsqu’il y a aussi peu de croissance.
Le miracle des gaz de schiste est un mirage !Alors nombreux sont ceux à s’esbaudir sur la production de sables bitumineux au Canada. Pour visualiser ce que cela signifie, je vous propose d’aller jeter un œil sur le dernier numéro de Capital, dans la rubrique « L’économie en image ». Vous aurez les photos de ce progrès pour l’humanité que représente l’exploitation de sables bitumineux. Cautionner une telle exploitation est absurde. Nous sommes en train de nous tuer et de tuer les générations futures pour continuer à acheter des trucs complètement inutiles qui n’ont jamais apporté le bonheur à qui que ce soit.
Reste les gaz de schiste. Évidemment, ils sont un enfer environnemental et détruisent nos réserves d’eau potables. C’est complètement là aussi absurde.
Mais il y a plus grave. Il faut creuser des milliers de dizaines de milliers de puits qui s’épuisent à une vitesse folle, la durée de vie d’un puits de gaz de schiste n’excédant pas cinq ans et ne dépassant généralement pas trois ans. D’ici 5 ans, les gaz de schiste seront un miracle qui se sera évanoui ou presque.
Enfin, il faut noter que malgré le miracle tant vanté des gaz de schiste et autres pétroles non conventionnels, les prix du baril de pétrole se maintiennent largement au-dessus des 100 dollars. Or un baril durablement au-dessus de 100 dollars casse toute reprise économique que notre Hollandouille est vraiment le seul à voir !
Mais ce n’est pas tout !
Le poids des dettes
Comme l’être humain est ainsi fait qu’il n’anticipe jamais rien – d’ailleurs dès que l’on anticipe, on devient vite un pessimiste ou encore un « complotiste » –, nous nous sommes donc tous (aussi bien dans le monde anglo-saxon qu’en Europe) endettés massivement pour ne pas lever en impôts immédiatement le véritable coût de nos dépenses, en imaginant que la croissance future nous permettrait d’absorber et de camoufler tout ça tranquillement.
Évidemment, ce qui était prévisible s’avéra réel. Dans un monde où la croissance est très faible voire inexistante, il devient très difficile de payer ses dettes.
Le principe mathématique de l’affaire est assez simple à comprendre. Imaginez une dette sur PIB de 100 % (le cas de la France en 2014). Si les intérêts de la dette sont de 3 %, alors il nous faut 3 % de croissance du PIB pour financer seulement le poids de la dette. Pour avoir de la véritable croissance, il nous faudra donc plus de 3 % puisque jusqu’à 3 % de croissance, tout sera absorbé par le poids de la dette (en gros).
Autant vous dire que même si Hollandouille voit la reprise venir, cela ne changera rien à l’état épouvantable de notre pays et des indicateurs qui prouvent tous, tous, que tout retour de la croissance ici comme ailleurs est devenu impossible, en tout cas dans sa forme que l’on connaissait jusque-là.
Il y a un avenir !Tout cela étant dit, je fais partie de ceux qui pensent qu’il y a un véritable avenir. Que nous pouvons imaginer une autre façon de vivre, plus vraie, moins consommatrice, le bonheur de l’homme n’ayant jamais été dans la consommation. Nous n’avons jamais eu de technologies aussi puissantes et utilisables par le plus grand nombre. Nous pouvons vivre localement, produire localement et pourtant tous posséder une ouverture sur le monde global avec la fenêtre que représente Internet.
Nous allons tout simplement devoir réinventer notre façon de vivre, ce qui est important et ce qui ne l’est pas, définir ce qui doit croître et ce qui doit décroître. [...]
Un mouvement fort est en route et il représente un message d’espoir pour chacune et chacun d’entre nous. Nous pouvons changer les choses. Il n’y a aucune fatalité. Beaucoup se pensent impuissants, pourtant il appartient à chacun de nous de faire les choix nous permettant d’être le changement pour un monde plus humain.
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« Faux », « escroquerie » et « blanchiment » : l’affaire Thomas Fabius commence…
PARIS (NOVOpress) – Comment un homme de 31 ans n’étant pas assujetti à l’impôt sur le revenu peut-il s’offrir un appartement parisien de plus de 7 millions d’euros ? Voici la question que se pose le parquet de Paris. Il vient d’ouvrir une enquête pour « faux », « escroquerie » et « blanchiment », visant Thomas Fabius. Les enquêteurs ont découvert que le fils du ministre des Affaires étrangères a acheté, en juin 2012, un somptueux appartement de plus de 280 m² à St-Germain-des-Prés (Paris, VIème arrondissement) pour 7,5 millions d’euros. Transaction d’autant plus suspecte que Thomas Fabius ne paie donc pas d’impôt sur le revenu en France
D’où venaient les 3,4 millions d’euros d’apport ? Comment a-t-il obtenu un prêt pour le reste de la somme, alors que son père, Laurent Fabius, a assuré que son fils « n’a bénéficié d’aucune dotation ou héritage familial ? » Autant de questions que se pose la justice. Ce n’est pas la première fois que le fils de Laurent Fabius trempe dans des histoires d’argent. Il a été condamné en 2011 à 15 000 euros d’amende pour « abus de confiance ». Deux personnes l’accusaient d’avoir fait disparaître des sommes d’argent destinées à lancer une nouvelle forme de carte à puce. Ses accusateurs le soupçonnent alors d’avoir « réglé des dépenses de casino » avec l’argent détourné. Dans une autre affaire, le fils du ministre des Affaires étrangères est visé pour « tentative d’escroquerie et faux ». Il est soupçonné d’avoir laissé une fausse montre de valeur en gage à un casino marocain, fin 2011…
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De la croissance à la résilience
Qui n’a jamais entendu que les arbres ne grimpaient pas jusqu’au ciel ? Que cela soit heureux ou malheureux est un débat intéressant, mais il en est un qui l’est bien plus : savoir quoi faire quand l’arbre a terminé sa croissance. Depuis 2007, et pris en monnaie constante, le PIB français n’a pas augmenté. Celui de l’Europe pas plus, celui du Japon a un peu diminué, et même celui des États-Unis est globalement ce qu’il était il y a 5 ans.
L’économie sans croissance dans l’OCDE, c’est maintenant, et c’est parti pour durer un certain temps. Affreux ? Intolérable ? Peut-être, mais réel. Pour un individu pris isolément, l’arrêt de la croissance physique ne pose pas le moindre problème. Comme nous savons que cela arrivera, nous avons le temps de préparer des activités et des motifs d’espoir qui sont adaptés à l’évolution de notre situation physique.
L’économie industrielle est à ce tournant que nous connaissons tous comme individus : elle a vieilli, et ne peut plus assurer la performance d’antan. Les mines et puits de pétrole sont moins généreux, l’espace encore disponible est plus difficile à trouver, et plus généralement toutes ces ressources que 15 milliards d’années d’évolution depuis le Big Bang ont mis gratuitement à notre disposition se font un peu plus tirer l’oreille pour devenir disponibles.
Le problème, c’est que, tel l’artiste qui refuse de se voir vieillir, nous n’avons pas voulu voir le coup venir. On a beau se tourner partout, il n’existe pas la moindre production intellectuelle digne de ce nom sur ce que signifie de gérer un univers sans croissance. Cette question n’a pas besoin de savoir si la croissance est désirable ou pas : elle a vocation à explorer les modes de gestion qui permettent de conserver une société avec un bon moral si la croissance physique n’est pas ou plus là.
Habituées aux coups durs, les entreprises sont un peu mieux armées, mais guère plus. Il leur reste aussi à opérer la difficile mutation de la performance à la résilience, qui ne garantira plus les rendements d’antan quand tout va bien, mais assurera la survie à des horizons de temps plus longs. Sacré défi!
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Marion Maréchal-Le Pen : recherche sur l'embryon: la primauté de la science et du marché sur l’humain
Communiqué de presse de Marion Maréchal-Le Pen :
"L’Assemblée nationale s’est prononcée aujourd’hui en faveur d’une proposition de loi radicale de gauche et soutenue par le Gouvernement concernant la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires. Ce texte majeur modifie la loi de 2004 en passant d’une interdiction de principe avec dérogation à une autorisation de principe assortie de conditions plus souples.
Le débat a eu lieu en catimini, en quelques heures à peine et à l’insu des Français. Non content de ne pas respecter la loi de 2011 prévoyant un débat public sous forme d’états généraux pour les réformes éthiques, la ministre a demandé l’application de la procédure de « réserve des votes » empêchant ainsi les députés d’amender la proposition afin d’accélérer le débat.
Par ce texte, l’humanité de l’embryon est niée par principe, l’humain en devenir sera réduit à l’état de matériau d’expérimentation au nom de la compétitivité scientifique. Et ce, alors même que l’utilisation des cellules souches adultes et du cordon ombilical sont à l’origine de la majeure partie des avancées scientifiques et qu’une solution alternative a été découverte par le chercheur japonais Yamanaka grâce aux cellules souches dites IPS.
De surcroit, le texte a supprimé une disposition de la loi de 2011 prévoyant que les alternatives aux recherches sur l’embryon humain et conformes à l’éthique doivent être favorisées.
Cette proposition est d’autant plus étonnante qu’une directive européenne de 2010 fixe comme objectif le remplacement total des procédures scientifiques appliquées aux animaux « sous forme embryonnaire ou fœtale » par des méthodes alternatives. Demain l’embryon humain vaudra moins que celui de la baleine…
On peut s’étonner de la détermination du Gouvernement quand de nombreux chercheurs, comme le professeur Ménasché, affirment que l’ancien régime ne les empêchait pas de mener à bien leur recherche mais faisait obstacle aux investissements privés dans ce secteur…
Pour toutes ces raisons, Marion Maréchal-Le Pen a voté contre ce texte et cosigné avec Jacques Bompard un amendement interdisant toute recherche sur l’embryon humain".
http://www.lesalonbeige.blogs.com/
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L'Assemblée nationale a cédé aux lobbies pharmaceutiques et à la culture de mort : l'embryon humain est chosifié et commercialisable
Journée noire pour la France :
"Le Parlement français a adopté aujourd'hui une proposition de loi qui autorise sous certaines conditions la recherche sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires, malgré la vive opposition de la droite et des associations religieuses.
La loi de 2011 prévoit une interdiction de la recherche sur les embryons mais assortie de dérogations accordées par l'Agence de biomédecine. La proposition de loi présentée par les radicaux de gauche prévoit de passer d'un régime "d'interdiction assorti de dérogations" à un régime "d'autorisation encadrée" de la recherche sur l'embryon".
On relira cet article de 2011 pour comprendre l'influence des lobbies.
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