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économie et finance - Page 466

  • L'Angleterre, ce paradis fiscal

    6a00d83451619c69e201bb09e5bcc2970d-250wi.jpgQuand La Tribune titre :

    "Brexit : une entreprise britannique sur cinq envisage de délocaliser"

    Est-ce une fausse nouvelle ?

    En effet, un cabinet des Côtes-d’Armor a aidé des centaines de commerçants et artisans français à fuir l'enfer fiscal français en leur créant une société outre-Manche. La Serrurerie Objatoise, en Corrèze, la boulangerie Au four et au moulin à Pocé-les-Bois (Ille-et-Vilaine) et la Carrosserie auto de la vallée de Saint-Amans-Soult, à côté de Mazamet (Tarn) ont la même adresse de siège social : 1 Palk Street, à Torquay, dans le sud de l’Angleterre. Toutes ont été voir le cabinet Setti, installé à côté de Guingamp (Côtes-d’Armor). Cette société revendique avoir créé près de 3 000 sociétés britanniques pour le compte de petits patrons français avec un argument de vente : ils peuvent ainsi éviter de payer leurs cotisations au régime social des indépendants (RSI).

    L’astuce est de créer une société en Angleterre qui rachète l’affaire du commerçant ou de l’artisan. Cette "limited company" crée ensuite un établissement secondaire en France où va s’établir la réalité de l’activité. L’établissement secondaire étant immatriculé auprès d’un tribunal de commerce français, le patron continue à payer ses impôts en France. Même chose pour ses salariés qui restent sur des contrats de droit français. En revanche, le système autoriserait le gérant à ne plus payer ses cotisations sociales, soit environ 45% de ses gains. Sans compter que la revente de l’affaire initiale à la structure anglaise permet de créer des charges artificielles qui ouvrent droit à une grosse réduction d’impôt sur les sociétés pendant environ cinq ans. Le patron de Setti assure que ce système est "parfaitement légal" et qu'en 22 ans, il n'a "jamais eu de problèmes".

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Wauquiez, joue-la comme Trump! Le président américain cartonne

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    Pour l’analyste, il y a de bien tentantes analogies à proposer entre Donald Trump et Laurent Wauquiez. L’un comme l’autre sont assaillis par les médias mainstream qui tentent de les ridiculiser, l’un comme l’autre ont maille à partir avec les hiérarques de leurs partis; l’un comme l’autre sont sceptiques sur les accords multilatéraux; et les deux défendent une ligne politique et économique social-souverainiste et affirment œuvrer dans l »intérêt de leurs nations. L’un est issu de l’entreprise industrielle, l’autre de la province, ce qui les enracine dans le pays profond; celui, très largement majoritaire, qui travaille et qui souffre. Et prend en grippe l’establishment.

    Trump réussit tout ce qu’il annonce

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  • Liberté entravée? Obsolescence programmée? Changement de nom du FN? Gollnisch précise!

    2017-10-25-bruno-gollnisch-002.jpgCe doit être un effet du réchauffement climatique,  plusieurs régions des Etats-Unis et le Canada sont confrontés ces derniers jours à un record de froid  - entre – 20 et – 50°- qui a eu notamment pour conséquence la mort de plusieurs requins qui ont été retrouvés congelés ! Congeler l’information en  empêchant  l’émergence de canaux différents, d’analyses alternatives,  reste aussi une priorité pour le pouvoir qui a été rappelée hier par Emmanuel Macron lors de ses vœux à la presse. Fort du soutien lors de la campagne présidentielle de la TOTALITÉ des gros médias institutionnels et privés concentrés entre les mains d’une poignée de groupes financiers, le chef de l’Etat a attaqué frontalement, mais sans les nommer,  la déclinaison francophone des   médias russes RT et Sputnik,  accusés de propager des fake news, de fausses nouvelles en bon français. Non invités à cette cérémonie,  ces derniers  ont été la cible des attaques de l’ex banquier a rapporté Russia Today. « C’est vous journalistes a dit hier M. Macron qui êtes les premiers menacés par cette propagande. Elle adopte votre ton (…) votre vocabulaire. Parfois même, elle recrute parmi vous», a-t-il déploré ajoutant qu’elle était «parfois même financée par certaines démocraties illibérales (…). » «Entre complotisme et populisme (sic), le combat est en effet commun (…). En cas de propagation d’une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge (afin) de supprimer le contenu mis en cause, de dé-référencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site internet, a ainsi annoncé le chef de l’Etat, évoquant également la responsabilité des plateformes de diffusion: Les pouvoirs du régulateur qui seront par ailleurs profondément repensés durant l’année 2018, seront accrus pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers. Et d’ajouter : Cela permettra au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel)  repensé, notamment de refuser de conclure des conventions avec de tels services.»

    «Lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles, conclut cet article,  le 29 mai 2017, Emmanuel Macron avait (déjà) accusé les médias russes RT et Sputnik de s’être comportés comme des organes d’influence (…) et de propagande mensongère». Verdict   qui ne manque pas de sel quand on écoute et lit les analyses et autres commentaires politiques, économiques, sociétaux de 95% des journalistes, éditorialistes et autres chroniqueurs formatés des médias bourgeois en France.

    Il est d’ailleurs assez révélateur que nos compatriotes,  de sondages en sondages,  confessent leurs doutes sur l’objectivité, l’honnêteté et l’impartialité du Quatrième pouvoir. Il est tout aussi logique qu’ils affirment également (selon une enquête Ifop publiée le 21 décembre dernier) à une très  large majorité ( 67%) « que la liberté d’expression est menacée, que ce soit dans les médias traditionnels (67%), ou dans la société de manière générale (67%). En revanche, l’idée que la liberté d’expression est en danger sur les réseaux sociaux est moins partagée : moins d’un Français sur deux partage cette idée (47%). A noter que les sympathisants de La France Insoumise et du Front National sont les plus inquiets au sujet de la liberté d’expression, et ce sur chacun des points testés…»

    Museler toute contestation c’est aussi un enjeu pour les multinationales et autres gros groupes commerciaux qui ne veulent pas que des citoyens plus entêtés ou curieux que d’autres soulèvent le voile derrière lequel ils cachent des manœuvres et pratiques pas toujours très catholiques.  Le site de France tv info relaye ainsi le fait que « la multinationale américaine Apple a décidé d’assigner en référé l’association   Attac.  Apple demande à la justice française d’interdire tout simplement aux militants d’Attac d’entrer dans ses magasins (ce qui au nom d’une simple logique commerciale  peut se comprendre, NDLR) sous peine d’une astreinte de 150 000 euros (…). Le 2 décembre dernier, des militants de l’association altermondialiste avaient occupé plusieurs Apple Store en France  (…).  Dominique Plihon, l’un des porte-paroles d’Attac, surpris d’être convoqué en urgence au tribunal de grande instance de Paris »  affirme que « c’est une manière de nous bâillonner et de faire diversion par rapport à la raison principale de nos actions, c’est-à-dire dénoncer la pratique d’évasion fiscale massive qui est aujourd’hui avérée.  (Apple)  a été condamnée à payer une amende de 13 milliards d’euros par Bruxelles le 30 août 2017 pour avoir bénéficié d’aides d’État illégales en Irlande. »

    Nous  n’avons pas, comme chacun le sait,  beaucoup de combats en commun  avec les altermondialistes d’Attac, ni évidemment avec l’Europe bruxelloise sachant d’ailleurs que dans cette affaire d’évasion fiscale la grille de lecture manichéenne ne tient pas.  Bruno Gollnisch avait tenu à poser  dans l’hémicycle du parlement européen un certain nombre de questions dérangeantes dans ce dossier, rappelant l”opposition des nationaux au dumping fiscal mais pointant aussi  les étranges incohérences de   la Commission …

    Surtout,  Bruno Gollnisch  qui avait égratigné il y a quelques années les pratiques  commerciales d’Apple (voir ici), est également sensible à un scandale bien avéré, très généralisé dans notre sociétés de consommation qui se piquent désormais (avec raison) d’écologie, de lutte contre la gaspillage et de protection des ressources, celui de l’obsolescence programmée ( l‘ensemble des techniques destinées à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement) .

    Il faut féliciter l’association française  Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) qui, rappelle le site LSA, a remporté  de vrais  succès.  « Depuis la loi Hamon de 2014 (félicitons aussi Benoit Hamon  pour cette heureuse initiative, une fois n’est pas coutume!, NDLR) , les pratiques d’obsolescence programmée sont passibles d’une peine de deux ans de prison et d’une amende de 300 00 euros pouvant être portée jusqu’à 5% du chiffre d’affaires. Cette particularité française, unique au monde, fait que c’est (…) HOP, qui est en pointe sur le sujet. »

    « Ses plaintes ont débouché sur l’ouverture d’une enquête visant Epson. Quant à Apple, sans reconnaître pratiquer l’obsolescence programmée, la société présente ses excuses et annonce baisser le prix de ses batteries. Ce n’est pas encore une bataille gagnée mais c’est une première étape importante. (HOP) pointe aussi du doigt d’autres produits de consommation dans les secteurs les plus variés comme les collants pour femmes qui se filent dès le premier usage, les voitures dont un voyant rouge s’allume pour signaler qu’il faut remplacer les plaquettes de frein alors qu’elles ne sont pas usées, les tondeuses aux composants cachés en vue de programmer une panne, etc, etc.»

    Au FN,  où nous  luttons  contre l’obsolescence programmée de nos libertés, de notre souveraineté, de notre identité, en un mot de  la France française décidée  par une oligarchie, des réseaux et une élite euromondialistes, il semblerait selon certaines sources  que le nom même du Front National n’ait pas atteint sa date de péremption dans l’esprit de ses adhérents.  Europe 1 cite ainsi RTL ce jeudi matin pour indiquer  qu’« une  large majorité des adhérents FN sont opposés à un changement de nom. C’est en tout cas la (très forte)  tendance (qui se dégage après le dépouillement de la moitié des 28.000 questionnaires renvoyés au siège du parti par les encartés frontistes.» «Voilà qui devrait ravir Bruno Gollnisch » conclut le journaliste  Sylvain Chazot, « Si Dior, Lancel ou Bricorama défendent bec et ongles leur marque contre les contrefaçons, c’est pour garder la confiance de la clientèle, estimait en novembre le député européen auprès du Monde

    Bruno Gollnisch que nous avons interrogé sur cette question nous précise qu’il a découvert cette information sur la tendance qui semble se dégager  en faveur du maintien du  nom du FN « en rentrant de (son) séjour au Japon. » «Cette information émane selon RTL d’un cadre du Front National. Il s’agit d’accueillir cette nouvelle avec la plus grande prudence, sachant que le dépouillement des réponses du questionnaire envoyé à nos adhérents est loin d’être terminé !  Pour autant, si la nouvelle se confirmait, elle ne serait en aucun cas un désaveu pour Marine et me satisferait bien évidemment.  Même si je ne suis pas nominalistele changement de nom du FN ne me parait pas une priorité, bien moins en tout cas que la nécessité pour notre Mouvement d’approfondir nos réflexions,  notre programme face aux  grands défis et questions du monde contemporain.  »

  • Le marché de l’attention et le capitalisme de sublimation

    Par Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, avocat, géopoliticien, contributeur de Polémia 

    Facebook, Whatsapp, Snapchat, Twitter, Viber, Google, Amazon et Apple, le labyrinthe des réseaux sociaux, tous sont là, ces virus technomorphes quotidiens, pour nous solliciter, détourner, capter l’attention, dans un ordre souvent cacophonique et synchronique. Notre attention est le plus souvent extorquée et orientée vers des offres voire des demandes pseudo-communicationnelles, ludiques et consuméristes, le tout paqueté dans un langage relationnel, interactionnel et prétendument créatif.

    520552374.jpgTel est bien l’enjeu de cette nouvelle économie de l’attention, dont le sociologue Gabriel Tarde rendait compte déjà au début du XXe siècle et dont Herbert Simon traçait des contours précis, dans le cadre contemporain de l’abondance d’information qui créait une rareté de l’attention.

    En effet, la surproduction du marché nécessite des formes de publicités qui puissent « arrêter l’attention, la fixer sur la chose offerte ». Bien sûr, ce phénomène ne date pas d’hier, et les stratégies publicitaires, le marketing des marques cherchaient à capter l’attention du consommateur sur tel ou tel produit, mais ce qui est nouveau aujourd’hui, avec l’explosion des applications internet et smartphone, c’est que l’attention est devenue une denrée rare, une ressource captable, une nouvelle monnaie qu’il est loisible de capitaliser et de stocker. Penser l’économie en termes attentionnels, c’est réduire l’attention à des questions d’économie quantifiables. Le récepteur étant constamment sollicité par un flot d’informations et de questions le plus souvent privées de profondeur et de sens, et dépassant souvent ses capacités attentionnels, se réduit à un consommateur boulimique passif de supports visuels et d’informations dans un univers digital et numérique où la frontière entre en attention et distraction, concentration et dispersion, disparaît.

    C’est le propre des stratégies numériques d’aligner des attentions (et des inattentions) sur certains indicateurs plutôt que sur d’autres, entraînant ce que l’on appelle des phénomènes de « cécité attentionnelle » : on concentre tellement son attention sur un phénomène précis qu’on rate quelque chose qui devrait pourtant nous sauter aux yeux. La cécité attentionnelle et les stratégies d’escapisme et de désinformation font bon ménage. Lorsque Patrick Le Lay, parlant du modèle d’affaires de TF1, affirmait que : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible », il touchait à la question capitale des conséquences anthropologiques délétères de l’économie de l’attention, puisque la manipulation et l’orientation des attentions humaines bouleversera à long terme les données anthropologiques culturelles multimillénaires basées sur la diachronie espace/temps, le respect des sphères intérieures privées, de l’intégrité personnelle et le besoin de reconnaissance au sein des sociétés humaines.

    L’emprise de cette économie serait d’autre part catastrophique sur la culture, sur l’enseignement, sur les capacités cognitives et cérébrales des nouvelles générations, puisque les facultés de concentration et les capacités de transmission du savoir sont considérablement amoindries et détournées. Pour le futurologue Ray Kurzweil, qui est aujourd’hui chargé par Google d’imaginer les produits et services du futur, cette immortalité est toute proche, puisque, selon lui, nous entrons dans l’ère de « la fusion entre la technologie et l’intelligence humaine ». Dépossédés de notre libre arbitre et du contrôle de notre attention, nous serons bientôt des êtres mi-homme mi-machine constamment reliés à l’Internet. Notre esprit se diffusera bientôt dans le réseau sous forme de données numériques. Nous sauvegarderons notre contenu cérébral aussi facilement que nous stockons aujourd’hui un fichier Word sur une clé USB. Une application permettra des mises à jour quotidiennes. Tout cela sera possible à l’horizon 2045, d’après les chantres du transhumanisme.

    Nous assistons dores et déjà à ce que le philosophe Eric Sadin appelle « la Silicolonisation du monde », en mettant l’accent sur l’impact anthropologique et politique de ce qu’il appelle « l’accompagnement algorithmique de la vie » ou « le soft-totalitarisme numérique », lesquels visent ultimement à nous dessaisir de notre attention, de notre jugement pour piloter automatiquement le cours de nos existences. L’économie de l’attention qui s’intègre dans cette « nouvelle industrie de la vie » serait le dernier avatar du techno-libéralisme :

    “L’économie de la donnée aspire à faire de tout geste, souffle, relation, une occasion de profit, entendant ne concéder aucun espace vacant, cherchant à s’adosser à chaque instant de la vie, à se confondre avec la vie tout entière. L’économie de la donnée, c’est l’économie de la vie intégrale.”

    De l’économie politique des signes, critiquée par Baudrillard, nous sommes passés au nouvel horizon du capitalisme fondé sur l’économie de l’attention. Dans cette économie, l’homme n’est plus seulement pensé en termes de valeur d’échange mais aussi en termes de valeur d’attention. Simultanément, l’individu, dégagé de toute obligation collective d’ordre politique ou transcendental-religieux, « libéré » de ses liens symboliques ou personnels, enfin « privé » et autonome, se définit par une activité d’allocataire d’attentions disparates, furtives et fluides. L’attention, étant le plus souvent spoliée, détournée vers des offres et des besoins artificiels et préconçus dans cet univers le plus souvent virtuel, s’intègre dans un système de codification (les likes chez Facebook, on like pour être like-é) non dénué de toute forme ostensible evoquée par Thorstein Veblen à propos de la consommation ostentatoire.

    Avec ce nouveau marché de l’attention, nous serions entrés dans une ère post-culturelle, pour d’autres, dans une période hyper-moderne ou post-humaine, eu égard aux progrès modernes de la nouvelle révolution digitale, de la reproduction artificielle et de la génétique qui bouleversent l’« univers biblique » ou fantasmatique touchant aux origines de l’humanité : une période marquée par un vacillement sans précédent des paradigmes qui pulvérise le schéma Khun-ien desdites « révolutions de paradigmes » qui ont, depuis la Renaissance, construit les modèles socio-culturels qui nous furent transmis et dont la sublimation fut un des moteurs. La civilisation occidentale « hyper-refoulatoire » et « hyper-pulsionnelle », surchargée de dispositifs libidinaux, serait vouée au cercle infernal de l’inflation sublimatoire. Y aurait-il une crise du processus sublimatoire lui-même – un malaise dans la sublimation – dont nous serions les témoins et les acteurs face à ce mouvement d’acculturation et de déculturation généralisée qu’entraîne l’uniformisation consumériste de la globalisation ?

    Il convient de s’accorder sur un constat : le cycle séculaire qui faisait de la culture le cadre de notre vie et de nos aspirations, ciment de la civilisation occidentale, est en train de se fermer. Le cycle de notre civilisation, dont l’épicentre trouve ses appuis les plus solides dans le Siècle des Lumières et par conséquent dans l’humanisme anthropocentrique, porte un héritage moribond. Aujourd’hui, les échos du passé deviennent presque imperceptibles dans la cacophonie généralisée de l’instantanéité médiatique et vidéosphérique omniprésente. Ils se dissolvent. Le sentiment de continuité cultuelle qui jusque-là permettait de contempler dans notre imaginaire les traces de ce qui avait fait l’objet de cet héritage paraît effacé et les conséquences sont nombreuses : repli de l’identité culturelle avec le retour des fanatismes ethno-confessionnels, et des crises identitaires entraînant des replis et réflexes sécuritaires.

    La raison instrumentale, le positivisme simplificateur, l’idéologie de la « faisabilité » et du solutionnisme opératoire reflètent une fascination pour « la supériorité du fait » et un certain « impérialisme de la preuve » inlassablement requise face aux incertitudes de la pensée et de la réflexion. Sans s’attarder sur le bien-fondé des leçons métapsychologiques freudiennes qui font de la sublimation le passage du sexuel vers des buts non sexuels d’ordre culturel (et qui, par voie de conséquence, produirait les forces d’une grande part des œuvres de la civilisation), il conviendrait plutôt de s’interroger sur la nature sociale de cette sublimation et sur la question de son devenir. Bien sûr, il est indéniable que la société consumériste globale contemporaine est une société pulsionnelle et sublimatoire, et la sublimation ostensible, qu’elle soit consumériste, esthétique, économique ou politique, reste à l’état réactionnel le symptôme d’une maladie plus profonde qui est celle de l’absence de sens. Notre époque sublimatoire n’a jamais été aussi « créative » et, mutando mutandis, « réactive », marquée par une véritable explosion d’ « œuvres » culturelles et artistiques, de festivals, de « rencontres », d’une myriade d’ « events », mais elle souffre fortement d’une absence de « contenu » référentiel ; elle privilégie l’autoréférentiel subjectif, hyperindividuel et par conséquent l’éphémère sublimatoire des « contenants » frivoles, de la pure consommation et de l’hédonisme individuel.

    La sublimation consumériste fébrile et ostensible qui résulte de ce captage de l’attentio prend la forme d’une excitation et d’un escapisme durable, un « onanisme » permanent, sorte de procédé auto-calmant, qui contrecarre l’hémorragie narcissique liée à l’investissement de l ‘œuvre en gestation. L’activité sublimatoire est ici à son acmé. La brutalité de l’oscillation des investissements narcissiques et objectaux plus souvent à l’œuvre dans les réseaux sociaux constitue bien une menace pour l’intégrité individuelle, pour « l’autarcie du for intérieur » qui nous empêcheront d’être notre « propre principe souverain » (autarcie).

    Il est question ici de dispositifs subliminaux purement somatiques qui n’ont rien à voir avec les procédés sublimatoires mystiques qui s’apparentent à une quête de soi (ou plutôt à un renoncement de soi et une séparation de soi) lesquels débouchent sur un mouvement de conversion intérieur qui détermine ce « saut ontologique », non pas dans le somatique, mais dans la spiritualité (même si les processus qui relient les diverses formes de conversion s’entrecroisent). Certains parlent de neuro-totalitarisme ou de totalitarisme numérique et avec raison. Le capitalisme de sublimation, après avoir aliéné le désir, aboutirait donc via la nouvelle emprise sur l’attention, au règne d’un autisme collectif. La sublimation postmoderniste aboutirait à une sorte d’extinction nihiliste, une sorte de « satori » global où notre société de consommation marchande s’abolirait elle-même par une entropie irréversible.

    L’idéalisation de la promesse de libération, de renaissance, de restauration ou de purification originelle, est illusoire, non seulement du fait de l’intensité des forces sublimatoires globales, mais aussi du fait du retrait des grands récits mobilisateurs porteurs d’idéal, et de leur incapacité à s’ancrer dans des consciences collectives qui ne sont ni pré-modernes ni modernes, mais tout simplement des consciences collectives coalisées par l’imaginaire sublimatoire occidental. Au contraire, plutôt que vers une sortie vers l’idéalisation, la sublimation générale mobilise des charges émotionnelles mélancoliformes, qui côtoient une sorte de dépouillement imaginaire, cousin de la déréalisation. De sorte que la société sublimatoire contemporaine s’achemine vers des phases de mélancolie successives qui jouent le jeu d’un processus de sevrage, dans lequel se résolvent les excédents d’images inflationnistes, pour nourrir un sentiment nostalgique qui équivaudra à un renoncement, à une perte de ses particularités défensives.

    Le véritable défi ontologique de notre époque sera celui de surmonter les formes d’une société mélancolique, en tant qu’usine de sevrage où se désintoxiquent des millions d’individus vivant à la surface des apparences d’images dénuées de sens. Ou bien cette même société sombrera dans une mélancolie psychiatrique généralisée, la folie des Anciens, où disparaît l’activité métaphorique et où le sens s’amenuise peu à peu, ou bien elle sombrera dans une folie infra-onirique, cathodique et hypnotique, qui dilue et réifère l’attention, le sens, pour n’entretenir que l’apparence d’une activité créatrice.

    Entre cette folie intra-onirique et la folie sociale, notre société globale contemporaine se trouve dans un espace interval et transitoire.

    Jure Georges Vujic 29/12/2017

    Notes bibliographiques :

    • Yves Citton, L’Economie de l’attention. Nouvel horizon du capitalisme ? La Découverte, 2014.
    • Eric Sadin, La Silicolonistion du monde, L’Echappée, 2016.
    • En savoir plus sur lemonde.fr

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Derrière l’entrée de Rosatom au capital d’Uranium One, le scandale du financement russe d’Hillary Clinton : l’enquête relancée par Jeff Sessions

    Rosatom Uranium One financement russe Hillary Clinton enquête Jeff SessionsLes retombées du scandale Uranium One accélèrent aux Etats-Unis. Alors que la gauche politique et médiatique a de plus en plus de mal à apporter les preuves d’une collusion entre Trump et la Russie, Hillary Clinton continue d’être empêtrée dans les mailles d’enquêtes sur ses tractations avec les Russes durant son mandat de Secrétaire d’Etat. Rappelons à grands traits la nature du scandale Uranium One. Un accord passé en 2010 pour le transfert de 20 à 25 % du producteur américain d’uranium au groupe public russe Rosatom avait permis à la Fondation Clinton d’engranger des millions de dollars, infiniment plus que ce que la Russie a pu dépenser dans des publicités sur Facebook que la machine politico-médiatique démocrate affirme effrontément avoir fait basculer l’élection de 2016 en faveur de Donald Trump… alors qu’elles avaient été publiées en 2015 avant que le futur président ne s’engage dans la compétition. Le stratège démocrate Mark Penn estime d’ailleurs que seuls 6.500 dollars d’origine russe avaient été investis dans des publicités proprement électorales par le Kremlin. Oui, 6.500.

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  • Les milliards des « dépenses fiscales » : paradoxe français

    Lors de l’examen des recettes du budget de l’État pour 2018, nos concitoyens ont pu apprendre que la puissance publique dispense des aides de toutes sortes sous formes d’exonérations variées, de franchises, de cotisations, de crédits d’impôts, et, bien entendu, des aides directes telles allocations, avances remboursables, taux garantis, primes, ce que l’on nomme des « subventions ». Il y aurait environ 450 niches de ce genre. C’est un des fourrés dans la forêt fiscale. L’ensemble de ces dépenses fiscales coûte 100 milliards d’euros à l’État devenant ainsi un « ingrédient vital du système économique français ».

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  • ÉCONOMIE : LES FINANCIERS ET LES MÉDIAS CACHENT LES VÉRITÉS ÉCONOMIQUES AUX FRANÇAIS

    1737457534.3.jpgMarc Rousset

    Mathilde Lemoine, chef économiste du groupe Edmond de Rothschild, nous avoue, dans Le Figarodu samedi 23 décembre, « qu’il y a un décalage entre la sphère financière et la réalité économique ». Elle reconnaît que le niveau de la dette privée des ménages et des entreprises, deux fois plus important que celui du PIB, peut devenir insoutenable si les taux remontent brusquement.

    La BCE (Banque centrale européenne) se contredit. Elle pratique une politique de taux bas et non conventionnelle d’achat de dettes d’entreprises françaises (29 % du total de ses achats, contre 25 % pour les entreprise allemandes) afin de faciliter leur accès aux marchés financiers, mais elle dérègle les prix du marché des actifs financiers comme dans une économie administrée. Elle émet en même temps des signaux contradictoires en imposant aux grandes banques, par le biais du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), de limiter leurs crédits et leur exposition à la dette de certains grands groupes.

    La BCE cherche, aujourd’hui, à tempérer l’appétit des entreprises pour la dette et celui des banques pour le crédit. La BCE cherche donc d’un côté à relancer l’économie par la politique de l’assouplissement quantitatif, mais donne des directives en sens contraire au HCSF.

    Alors que la dette publique française a atteint le niveau astronomique de 2.230 milliards d’euros au troisième trimestre 2017, qui serait insoutenable si les taux d’intérêt remontaient, les médias nous rassurent en nous rappelant que le coupon actuel n’est que de 0,7 % en 2017 et ne sera que 1,85 % en 2018 pour les obligations à dix ans. Quid si c’est, demain, 6 % et 15 % après-demain ? On nous rassure faussement en nous disant que les fonds propres des entreprises financières et non financières ont augmenté respectivement de 5,6 % en et 5,3 % en 2017, ce qui ne change rien au problème fondamental de l’insuffisance des capitaux propres.

    Les médias économiques évoquent aussi un argument impressionnant pour le néophyte en nous rappelant que, selon l’INSEE, le patrimoine économique national détenu par les ménages, les entreprises et les institutions publiques atteignait 14.023 milliards d’euros en 2016, soit 7,7 fois le produit intérieur net tricolore, et 6,5 fois le niveau d’endettement.
     
    Aux États-Unis, même scénario. Le Dow Jones flirte avec 2.500 points et le NASDAQ est proche des 7.000 points. Wall Street s’est adjugé 35 % de hausse en quatorze mois sans raison valable, si ce n’est l’augmentation de la masse monétaire, mais on nous rassure avec la réforme fiscale de Trump qui va propulser les bénéfices par action d’environ 10 %, oubliant qu’elle va augmenter la dette publique des États-Unis. La réalité, c’est que les valeurs américaines se payent en moyenne environ dix-huit fois les bénéfices attendus pour 2018 – du jamais-vu depuis la bulle des années 2000.

    De plus, aucun journaliste des médias traditionnels n’ose écrire que les totaux des bilans des quatre grandes banques américaines représentent 44,5 % du PIB des États-Unis et que les totaux des bilans des quatre banques françaises représentent trois fois le PIB de la France. Aucun journaliste français ne nous écrit que l’endettement des banques françaises est encore plus démentiel que celui des États-Unis. Les quatre grandes banques françaises ont des capitaux propres insuffisants, un effet de levier moyen de 25,53, c’est-à-dire 25,53 euros de dettes pour un euro de capital engagé (de 21,92 pour le Crédit agricole à 31,41 pour la Société générale).

    L’effet de levier de Lehman Brothers au moment de sa chute, le 15 septembre 2008, était de 31. Celui des banques américaines, aujourd’hui, n’est que de 11,63, une des rares nouvelles rassurantes en provenance des États-Unis. Au royaume des aveugles les borgnes sont rois.

    La vérité, c’est que la sphère financière et les médias ne nous parlent que de surchauffe et d’hirondelles qui font le printemps, alors que les clignotants sont au rouge avec une croissance économique artificielle, instable et fragile.

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  • HAUTS FONCTIONNAIRES DE BERCY : VOUS VOUS SERREZ LA CEINTURE, ILS SE SUCRENT !

    France Culture rediffusait, l’autre nuit, une émission consacrée aux grands travaux mitterrandiens des années 90. Des travaux à « vocation culturelle », disait-on alors en se pâmant devant ce monarque bâtisseur qui hérissa la capitale de ses monuments à l’ésotérisme de carton-pâte, monuments qu’il fallut tous rafistoler dix ans plus tard parce que leurs façades en carrelage s’effondraient sur les Parisiens… mais cela est une autre histoire.

    Bref, parmi ces chefs-d’œuvre ruineux, l’un sortait du lot puisque n’étant pas à vocation culturelle : c’est le ministère des Finances, le bunker de Bercy. Architecte Paul Chemetov, un homme dont l’art est qualifié de « brutaliste ». Très inspiré par une carrière à l’ombre des HLM des banlieues rouges et du PC, il avait d’ailleurs spécifié dans sa note d’intention que le citoyen, levant les yeux vers le ministère, devait ressentir toute la rigueur et le poids de l’impôt. Sur ce plan, c’est parfaitement réussi.

    Voilà, donc, pour l’extérieur : lignes droites, architecture concentrationnaire, gigantesque pavé brisant net la perspective en bord de Seine. À l’intérieur, il semble que ce soit nettement plus rock’n’roll.

    C’est la Cour des comptes qui le dit dans un référé publié mercredi dernier et repris par L’Obs : les rémunérations des hauts fonctionnaires de l’auguste maison atteignent « un niveau élevé et difficile à justifier ». Notamment des écarts de salaire étranges avec le petit peuple des ministères. « La rémunération nette des AGFiP (administrateurs généraux des finances publiques) de classe exceptionnelle s’élevait, en 2015, en moyenne, à 202.456 euros […], celle des CBCM (contrôleurs budgétaires et comptables ministériels) à 174.979 euros », précise le référé, qui estime que le niveau de rémunération des administrateurs généraux « doit être mis en cohérence avec celui du reste de l’administration ». Ce qui fait, si je compte bien, un salaire de 16.870 € mensuels pour les premiers et 14.580 € pour les miséreux. 

    Toutefois, cela ne suffit pas à éponger leurs menus frais, en conséquence de quoi l’administration octroie aux administrateurs des finances publiques, le gratin du gratin de Bercy, une « indemnité différentielle ». En 2016, un petit plus de 256.000 euros pour seize agents, soit 16.000 euros par personne (un treizième mois, en somme), ramené à 150.000 euros cette année, a dit le ministre Darmanin. La Cour s’en accommoderait sans doute si cette indemnité et quelques autres n’étaient « sans fondement légal ».

    On lit cela d’un œil distrait. On a tort. Ces gens-là sont les gérants des finances publiques, c’est-à-dire de NOS finances. Les gestionnaires du patrimoine de l’État, c’est-à-dire NOTRE patrimoine. Et plus ils exigent qu’on se serre la ceinture, plus ils se sucrent !

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