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économie et finance - Page 466

  • Manif contre la loi travail à Rennes : le coup de gueule d'un manifestant

  • Leur « tropisme libéral »…antinational

    « Réunion publique dans un bunker», titrait L’Obs dans l’article consacré sur son site au « meeting de soutien à la loi Travail » qui s’est tenu hier soir, sous haute protection policière, intitulé Défendons le progrès social (sic). Manuel Valls «était la vedette» de ce raout  qui s’est déroulé près du ministère des Finances à Bercy et qui a réuni 500 permanents, élus et (quelques rares) ministres Martine Pinville (Commerce et Artisanat), George Pau-Langevin (Outre-mer) ou encore Harlem Désir (Affaires européennes). Les intervenants, le Premier ministre, le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis se sont évertués à démontrer que cette loi El khomri, était un texte de gauche, émanant d’un gouvernement de gauche, combattu en tant que tel par «la droite libérale» et une extrême gauche jusqu’au-boutiste et archaïque.

    Ce texte, qui met en musique des exigences exprimées par Bruxelles, par ses outrances comme par ses insuffisances, est l’objet de très légitimes critiques rappelait dernièrement  Bruno Gollnisch. Il reste aussi le «bébé» d’Emmanuel Macron qui en fut largement le concepteur, lequel a perdu de sa superbe dans l’opinion si l’on en croit les sondages. Selon l‘enquête Ifop pour Le Figaro paru hier, la cote du champion de Jacques Attali  dégringole fortement. Seulement 36% des sympathisants socialistes estiment désormais que le ministre, qui entretient le suspense sur une éventuelle candidature à la présidentielle (2017? 2022?), serait capable de sortir le pays de la crise…contre 59% en avril.

    Le ministre de l’Économie a subi  lundi un accueil houleux, à base d’insultes, de bousculades et de jets d’œufs, de la part de militants cégéto-communistes lors de sa venue à Montreuil  pour inaugurer un timbre consacré au 80 ans du  Front populaire. Des violences  bien évidemment condamnables, que certains justifient par le caractère provocateur de cette visite.  Patrice Bessac, maire communiste de cette ville, avait fait savoir la veille dans un communiqué son refus de recevoir M Macron : «On ne peut pas vouloir revenir sur le modèle social français et venir à Montreuil, où est le siège de la CGT, inaugurer un timbre consacré au Front populaire. Trop, c’est trop. »

    Benoit Hamon, ex porte parole du PS, notait pour sa part sur radio classique le même jour  qu’il y a « des choix de confrontation qui sont délibérés. En allant pour le lancement d’un timbre sur le Front populaire à Montreuil, on est à peu près certain qu’on aura une manifestation. » Bref, M. Macron aurait cherché délibérément l’affrontement pour médiatiser son déplacement et aurait été récompensé de ses efforts au-delà de ses souhaits… Certes, nous l’évoquions sur ce blogue Emmanuel Macron peut compter aussi  sur le soutien de figures de la droite. Notamment  d’Yves de Kerdrel, directeur de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, qui affirme que l’ancien employé de la banque Rothschild « incarne le renouveau des idées dont la France a besoin».

    M. de Kerdrel, qui appartient comme le ministre de l’Economie, beaucoup de membres du gouvernement Valls, à un influent lobby anglo-saxon, la French American Foundation, Young leaders, et qui a siégé avec M. Macron dans la commission Attali, formée sous Nicolas Sarkozy,  se dit  «très proche» du ministre. Il affirmait aussi que la Young leader Najat Vallaud-Belkacem, souvent éreintée dans son journal, est  «une femme structurée, dotée d’un tropisme libéral réel».

    Cela n’empêche pas M. de Kerdrel de prendre toute la mesure de la montée en puissance dans l’opinion des idées, des thématiques défendues de longue date par le Front National. Un déplacement du centre de gravité de la vie politique française pris en compte ces dernières années  par la ligne éditoriale de Valeurs actuelles, très droitière, eurosceptique (anti-bruxelloise), opposée à l’immigration. M. de Kerdrel s’est élevé également (avec raison) contre la «régression du débat intellectuel » dans notre pays, à la suite des condamnations judiciaires dont son journal a fait l’objet suite à des accusations (infondées) de «racisme».

    Yves de Kerdrel reste cependant un soutien de Nicolas Sarkozy et manifeste toujours son hostilité à l’endroit du Front National. Minute  rapportait ainsi les propos de ce dernier lors de sa venue au «Rendez-vous de Béziers» organisé par Robert Ménard  fin mai. «Sans que Robert Ménard n’y puisse rien», «lors de la séance inaugurale (du 27 mai), en présence de Marion Maréchal-Le Pen», Yves de Kerdrel en a profité pour prendre ses distances (…) avec ce qu’il a appelé une extrême droite très sectaire, expression qui visait clairement le Front National». Ce qui serait sectaire dans la bouche des dirigeants du FN ne le serait plus dans celles des journalistes de VA ou de la girouette Sarkozy, actuellement en phase (très laborieuse) de séduction de l’électorat national ?

    A ce sujet, L’Express étrille assez logiquement le discours prononcé hier soir par Nicolas Sarkozy, lors d’une réunion publique à Saint-André-lez-Lille (Nord). L’ami du Qatar, l’ex ministre des Finances qui a bradé en 2004 un cinquième des réserves d’or de la Banque de France ( 600 tonnes de lingots, une perte de 18 milliards d’euros !); le responsable du chaos lybien; le chef d’Etat qui voulait la peau du régime laïque syrien; le champion toute catégorie de l’accueil de l’immigration dite légale sous son quinquennat; le (pseudo) gaulliste qui a placé la France sous le commandement intégré de l’Otan, imposé la constitution européenne, y exposait sa «vision de la France».

    Un discours que «son  équipe le compare à celui de Nîmes de 2006, prononcé avant sa candidature » et que les commentateurs ont aussi perçu comme une manière de se démarquer d’Alain Juppé, crédité, pour le moins, de mollesse sur les questions identitaires au sens large du terme.

    «En 2006 rappelle L’Express, ni le mot islam ni celui de musulman ne figurait dans le texte. En 1950, la France était catholique, étatisée et centralisée. Elle est aujourd’hui laïcisée, européenne et décentralisée. En 1950, elle était monoculturelle, elle est aujourd’hui multiculturelle, se réjouissait-il alors. Désormais, Nicolas Sarkozy voit dans le combat communautariste et la société multiculturelle, un puissant relais de la part d’ombre de Mai 68»… que Patrick Buisson lui conseillait déjà de pourfendre lors de la présidentielle de 2007.

    «Il y a dix ans, Nicolas Sarkozy estimait que le repli communautariste menace (…), le communautarisme, même s’il était multifactoriel, était avant tout présenté comme une conséquence du manque de considération des pouvoir publics. Nicolas Sarkozy allait même jusqu’à se dire partisan de la discrimination positive, qui n’est au fond que l’égalité réelle, que l’autre nom du volontarisme républicain. Dix ans plus tard, la perspective est inversée. Le même Nicolas Sarkozy pourfend la vision des élites pour qui la Nation se résume à la juxtaposition plus ou moins harmonieuse de communautés reconnues dans leurs droits particuliers. »

    « (…). En 2006, il était un fils d’immigré qui a reçu à sa naissance la France en cadeau et disait savoir ce que cela signifie de prendre en partage une histoire qui n’est pas celle de ses ancêtres. Désormais (il) dit: Je suis français. C’est même par ces mots qu’il commence son discours. Je suis chrétien, ajoute celui qui définit la France comme un pays né du baptême de Clovis il y a plus de 1500 ans. »

    «Mais si sa définition de la France a changé, les objectifs de Nicolas Sarkozy restent les mêmes. Ces Français humiliés par une droite qui n’en finissait pas de s’excuser de ne pas être la gauche et qui par dépit sont dans l’impasse du Front National, je veux les convaincre de revenir dans le giron républicain, disait-il à Nîmes en 2006. Jamais je n’accepterai la moindre complaisance avec les dirigeants du Front National et avec leur idéologie, assène-t-il toujours dix ans plus tard. Il y a une ligne rouge qui ne peut être franchie. » De son propre aveu, ce n’est pas la partie du discours qui a été la plus applaudie par son public.» Ce qui n’est certainement pas pour étonner Yves de Kerdrel.  Qui s’illusionne peut être plus sur la capacité du patron de LR, lui aussi doté d’un tropisme libéral réel,  à rééditer le casse de 2007, à cocufier de nouveau en 2017 des électeurs au tropisme national réel,  les patriotes  de droite, de gauche, d’ailleurs

    http://gollnisch.com/2016/06/09/jeudi-3/

  • Le capital fictif, ce Léviathan

    La financiarisation est à l'économie ce que le modernisme est à la société : un mécanisme qui conduit à créer un monde déraciné et apatride.

    Pour comprendre la notion de capital fictif, il faut remonter à l'aube du libéralisme. Comme le rappelle Cédric Durand, dans son ouvrage Le Capital fictif - Comment la finance s'approprie notre avenir, ce sont les libéraux qui ont défini les premiers cette notion. Pour eux, Friedrich Hayek ou encore David Riccardo notamment, il s'agit d'un excès de création monétaire qui ne repose sur aucune création de valeur réelle. Dans cette vision libérale, le problème n'est pas tant que le capital fictif existe, mais qu'il soit une source d'inflation ou de déflation : pour ces économistes, si le crédit (via la création monétaire) bute sur des limites de ressources (c'est-à-dire le "stock" d'épargne qui constitue la richesse réelle d'un pays), alors ceci crée une altération des prix.

    Hypothèque sur la valeur future

    Comme l'explique Cédric Durand, pour Karl Marx, le capital fictif est en fait une hypothèque sur la valeur future d'un bien productif. Dans cette perspective, le capital fictif est le mécanisme spéculatif par excellence distinguant la valeur spéculative d'un bien de sa valeur fondamentale. Karl Marx dénombre trois principaux outils du capital fictif : la monnaie de crédit, les actions des entreprises et les titres de dette publique. Cédric Durand montre que les outils désignés par Karl Marx ont été utilisés à plein régime durant la financiarisation de l'économie des années quatre-vingt, provoquant un ressenti de déconnexion entre la finance et le réel. L'auteur explique que ce ressenti tient au fait que le lien entre valeur spéculative et valeur fondamentale s'est distendu, mais surtout déplacé. La titrisation d'une part et l'asymétrie d'information d*autre part ont été les deux principaux vecteurs de ce déplacement.

    La crise des prêts hypothécaires à risques (dite crise des subprimes), survenue en 2006 aux États-Unis et dans les années suivantes en Europe et dans le reste du monde, en est un bon exemple. Le point de départ de la crise est l'accord de prêts hypothécaires et spéculatifs à des ménages déjà endettés ou sans grande capacité de remboursement. Premier aspect : la spéculation via la monnaie d'endettement. En prêtant des sommes importantes à des ménages endettés, les prêteurs couraient un risque de défaut de paiement important, qu'ils comptaient couvrir avec une croissance future anticipée comme élevée. On voit ici ce que Karl Marx appelle « l'hypothèque sur l'avenir ».

    La titrisation diffuse le risque

    Deuxième aspect : la titrisation. Cette opération consiste à rassembler des titres de créance au sein d'une société, dont les actions sont ensuite revendues sur les marchés financiers. Le risque initial de défaut de paiement se diffuse aux acheteurs des actions. Dans cette phase de titrisation, l'asymétrie de l'information, évoquée plus haut, prend toute son importance. En usant de véhicules financiers sophistiqués, il devient impossible, pour les acheteurs des actions des sociétés de prêts toxiques, de connaître exactement ce qu'ils achètent. C'est pour cette raison, notamment, que l'ensemble de l'économie mondiale a été touchée. Dernier aspect : le déplacement de la valeur fondamentale. Pour freiner cette crise mondiale, les États se sont mobilisés. Ils ont dû investir, racheter, "renflouer" les institutions bancaires malades. Et pour ce faire, les Etats se sont endettés. D'une crise de prêts hypothécaires, nous sommes arrivés à une crise des dettes souveraines. C'est ici qu'est le déplacement de la "valeur fondamentale", en passant des dettes de ménages américains vers des dettes de nations. On le voit, ce capital fictif ou spéculatif est le vrai mal de l'économie moderne. Véritable Léviathan, il se transforme, se déplace, s'adapte. En 1865, Gustave Doré réalisa une gravure représentant la destruction du Léviathan par l'Éternel. C'est peu dire si nous souhaitons sa vision comme prophétique.

    Raoul Trinchais

    ✔︎ Cédric Durand, Le Capital fictif - Comment la finance s'approprie notre avenir, Les Prairies ordinaires, novembre 2014, 224 pages, 17 euros.

    L'Action Française 2000  Du 19 novembre au 2 décembre 2015

  • Économie réelle, économie légale

    Souvent attaquées, ajuste titre, pour leur rôle insuffisant dans l'économie réelle, les banques consacrent la majeure partie de leurs liquidités aux activités financières, celles d'une "économie légale".

    Investissez dans l'économie réelle ! C'est le dernier slogan à la mode, qui vous promet de bénéficier de taux d'intérêts convenables tout en épargnant votre conscience des remords de la spéculation. On parle d'économie réelle par opposition à l'économie financière, parfois appelée également spéculative. C'est celle qui concerne la production de biens et de services, à l'exception donc des échanges de titres financiers. Concrètement, plutôt qu'être placé dans des valeurs boursières, l'argent ainsi collecté servira, par exemple, à la production de crédit automobile et permettra à Mme Michu d'acquérir un véhicule neuf, ou sera prêté à une entreprise pour acquérir ou rénover son outil de production.

    Qui ne risque rien...

    Pour les banques, c'est une mission quasi sacrée, mais surtout un sacré argument de communication : « la première responsabilité d'une banque est de financer l'économie, investir dans les projets des particuliers et des entreprises pour soutenir la croissance » (BNP Paribas). De là à déclarer les banques organismes d'utilité publique... Mais trêve d'ironie. Il y a une part de vérité dans les assertions bancaires. D'abord, le financement de l'économie est bien du ressort des banques. Ensuite, celles-ci remplissent effectivement ce rôle ; très insuffisamment, certes, mais réellement. Enfin, elles sont bien souvent confrontées à une quadrature du cercle, déjà évoquée dans ces colonnes : on exige d'elles un engagement plus vigoureux dans l'économie réelle, ce qui impose une prise de risque (le financement des PME, en création ou non, est une activité intrinsèquement risquée), mais on n'accepte pas qu'elles en prennent, ce qui fait qu'elles préfèrent financer à moindre risque. En pratique, un investisseur suffisamment solide n'aura aucun mal à faire financer une acquisition immobilière, quand un créateur d'entreprise ou un industriel résolu aura toutes les peines du monde à obtenir un crédit sans y intégrer des garanties personnelles - quand il en a.

    Derrière les chiffres

    La réalité, précisément, est toutefois moins reluisante pour les banques. En 2014 (chiffres de l'ACPR), moins de 30 % de l'actif des banques, qui s'élevait à 8 400 milliards d'euros, étaient constitués de crédits à la clientèle (particuliers et entreprises). 10 % de ces 2 400 milliards étaient destinés aux administrations publiques et 50 % aux ménages (habitat et consommation). Au total, seuls 580 milliards finançaient les investissements des entreprises, chiffre dont il faudrait retraiter les investissements improductifs. Il ne suffit pas, en effet, que l'argent n'aille pas directement sur les marchés financiers pour financer l'économie réelle. Une part difficile à estimer, mais non négligeable, de ces crédits est destinée à financer des activités qui n'ont qu'un impact très limité sur l'économie réelle. Citons, par exemple, l’immobilier d'investissement (dans l'ancien), qui absorbe une grosse part de la production de crédit sans impact direct sur l'économie réelle. Citons encore les opérations à effet de levier, qui sont davantage destinées à améliorer le rendement des capitaux engagés qu'à permettre des opérations que les seuls capitaux propres rendraient impossibles. Citons enfin le cas, un peu différent, des émissions obligataires, qui permettent aux entreprises (y compris les PME) de se financer mais aboutissent concomitamment à créer des instruments financiers qui viendront accroître la prégnance de l'économie spéculative. Quant aux crédits à la consommation (actuellement près de 150 milliards d'euros d'encours), ils contribuent certes au dynamisme économique, mais ne constituent pas en tant que tels des investissements productifs.

    Création monétaire

    C'est tout le problème posé par le processus de création monétaire depuis que celui-ci a été abandonné par l'État au profit de la BCE, et plus particulièrement par le déferlement de liquidités que Francfort a récemment octroyées (assouplissement monétaire plus connu sous le nom de quantitative easing). Quel sera leur usage ? La théorie néoclassique de la monnaie explique que la création monétaire par les banques centrales se transforme en crédits par l'entremise des banques privées. Or (cf. supra), les chiffres parlent d'eux-mêmes : la majeure partie de ces liquidités reste dans le système financier. Toujours en 2014, les crédits octroyés à la clientèle représentaient un montant équivalent aux dépôts des clients, ce qui signifie que le reste des liquidités (70 %) n'était pas injecté dans l'économie réelle (ou alors de manière très indirecte et surtout marginale). Aussi les institutions se targuant de financer l'économie réelle ont-elles raison de s'attacher à ce parti pris. Mais l'émergence d'institutions alternatives (La Nef, Terres de liens, etc.) et le développement du crowdfunding (financement participatif) s'avèrent toutefois des intermédiaires plus sûrs d'une utilisation directe des ressources financières au profit de l'économie réelle, contre ce que nous proposons désormais de qualifier d'économie légale, où, comme disait Maurras, « les profiteurs sont les maîtres » (1).

    Pierre Marchand Action Française 2000 du 19 novembre 2015 au 2 décembre 2015

    (1) « Il faut reprendre tout ou presque tout par le fond, depuis le moral du pays légal où les profiteurs sont les maîtres. » (L'Action Française, 1er octobre 1938)

  • Argentine, Brésil, Uruguay, Pérou, Vénézuela: les USA à la manœuvre

    Michel Lhomme, politologue

    Ex: http://metamag.fr

    L’Amérique Latine est en pleine recomposition. De l’Argentine au Vénézuela en passant par le Brésil et le Pérou, la contre-offensive du néo-libéralisme bancaire est en marche. Dans un contexte marqué par la récession et la crise des matières premières, les États-Unis tentent de reconquérir par tous les moyens leur ancien « pré-carré » latino-américain.

    L’Argentine dans le rang

    Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, le président français François Hollande  et enfin le président Barack Obama. Tous trois sont les premiers serviteurs du gouvernement mondial. Le Président argentin a satisfait ce beau monde occidental : il a abandonné aussitôt les efforts du gouvernement précédent pour promouvoir l’intégration régionale. Il y a un changement, une inflexion pro-américaine très nette de la politique extérieure de l’Argentine même si le gouvernement Kirchner n’était pas sans défaut dans son instinct de prédation populaire et de corruption oligarchique.

    Les gouvernements Kirchner avaient pourtant toujours entretenu de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie, avec  la gauche populiste d’Amérique latine. La politique extérieure argentine a donc aujourd’hui profondément changé. Lors de la conférence de presse à la Casa Rosada, le Palais Présidentiel argentin, les présidents Obama et Macri ont clairement évoqué la possibilité de signer un accord de libre-échange entre le Mercosur et les États-Unis, anticipant déjà un nouvel ALCA (Zone de libre échange des amériques) et ce, alors que le pays va certainement finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique.

    En Europe, la Commission européenne vient de faire pression la semaine dernière sur Paris pour signer le traité transatlantique . Alors que la Russie s’embourbe un peu en Syrie, les États-Unis avancent leurs pions et profitent du ralentissement chinois pour avancer en Amérique latine, reprendre le dessus et faire pression sur les gouvernements locaux pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échangisme radical. L’Uruguay et son gouvernement qualifié par la communauté internationale de « « progressiste » » est lui-aussi en train de signer ces traités, tout comme le Chili  de Michelle Bachelet.

    Le Brésil sous contrôle

    Restait donc l’os brésilien. Il était nécessaire et urgent de déloger Dilma Rousseff, la seule maintenant rétive à signer les grands traités de la grande reconfiguration libérale du monde en cours. Mais comment pouvait-on faire tomber une Présidente élue dans le modèle démocratique du consensus de Washington ? Par la République des Juges.

    Avec le Brésil, on sait ainsi que les coups d’état du vingtième siècle ne seront plus militaires mais judiciaires et l’ambassade des États-Unis au Brésil n’a pas cessé de recevoir les visites des opposants à Dilma dans le processus d’impeachment (destitution). On raconte au Brésil qu’aujourd’hui, cette ambassade  ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se sont préparés tous les projets de déstabilisation visant la chute programmée de Dilma Rousseff.

    Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, demain peut-être du Pérou avec Kuczynski , les États-Unis sont en passe de réaliser le grand schlem, la prise en main complète du Cône Sud. Rafael Correa, le Président équatorien a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor (alliance des armées des pays du Cône Sud pour éliminer à l’époque la subversion communiste et maoïste) qui serait en train de frapper le continent, un Plan Condor non plus strictement militaire mais avant tout économique et judiciaire, piloté en quelque sorte par les multinationales mondiales.

    Le 17 avril 2016 marquera l’histoire politique. Pour la première fois, une démocratie est entachée par un procès politique sans fondement juridique qui viole le précepte constitutionnel. C’est un coup d’État juridique sans respect de la souveraineté populaire, le point de départ d’une période de chaos et de violence par la seule volonté des puissants. La Chambre des députés du Brésil n’a ainsi pas tenu compte de l’accusation de la présidente de crime de responsabilité, l’argument de « pédalage fiscal » a été laissé de côté. A  aucun moment ce sujet n’a été abordé par les députés qui ont voté « oui à la destitution ». Dans ce contexte, il est parfaitement naturel de dire qu’il y a bien eu un coup d’état parlementaire au Brésil. On a ainsi vu le Président de la chambre des députés Eduardo Cunha, un véritable gangster politique présider la session alors que lui-même était mis en examen pour corruption passive et blanchiment d’argent et cité dans la liste des Panama Papers, en tant que propriétaire d’une société off-shore suspectée d’évasion fiscale.  Tous les députés en croisade contre Dilma Rousseff ont été élus avec l’argent de la corruption politique, soutenue par les grandes entreprises. C’est une alliance médiatico-politico-juridique qui est à l’origine du chaos politique et économique du  Brésil. La presse a construit et développé un discours ultra partisan contre les gouvernements du Parti des Travailleurs désigné comme le seul responsable de la corruption au Brésil, alors mêmes que les scandales de corruption touchaient l’ensemble des partis politiques de droite. Les secteurs juridiques conservateurs ont transformé les affaires juridiques de l’opération « Lave-Jato » (l’opération « mains propres » brésilienne) en opération de règlements de compte politique avec le soutien médiatique des grands journaux conservateurs comme « Estadao », « Folha de Sao Paulo ».

    Le Venezuela la chute avant l’été ?

    Au Venezuela, le bras de fer entre le président Maduro et l’opposition qui avait remporté les élections législatives de décembre continue. Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a pris position pour l’amnistie des opposants politiques emprisonnés. La situation est très délicate comme le révèlent le surprenant plan d’économie d’énergie – dans un pays pétrolier qui sur le papier dispose d’importantes réserves dans le delta de l’Orénoque – et qui se retrouve pourtant contraint de rationner l’électricité dans la partie la plus densément peuplée du pays. A Caracas, ce sont maintenant des queues interminables de plusieurs heures pour acheter les denrées alimentaires de base (farine, riz…)  et tous les rayons des supermarchés sont vides. La situation sociale est explosive alors qu’il faut se souvenir qu’avant le bolivarisme, le Venezuela était l’un des pays les plus industrialisés du continent latino-américain.

    Le président Maduro pourrait donc être l’objet d’une révocation pour incapacité à diriger le pays à l’issue d’un reférendum que souhaite organiser au plus tôt l’opposition qui affirme avoir déjà collecté pour ce faire environ un million de signatures. En attendant, faute de ressources, les députés ne seront plus payés.

    Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro a réclamé lundi 30 mai une réunion urgente de ses États membres pour évoquer la « crise institutionnelle » au Venezuela. Dans une lettre de 132 pages au président du Conseil permanent de l’OEA, M. Almagro affirme que le Venezuela connaît une « altération de son ordre constitutionnel » qui affecte la démocratie dans le pays. Il demande une réunion des 34 États membres de l’OEA du 10 au 20 juin, affirmant que « la crise institutionnelle au Venezuela exige des changements immédiats dans les agissements de l’exécutif » et soulignant que le pays « risque de tomber immédiatement dans une situation d’illégitimité ».  Luis Almagro avait déjà accusé ces derniers mois le président vénézuélien Nicolas Maduro de devenir un « dictateur », fin inéluctable de tout le processus révolutionnaire bolivarien.

    Début mai, une coalition d’opposition a déjà réuni 1,85 million de signatures réclamant un référendum sur le départ de Maduro que celui-ci conteste, l’accusant de fraudes. Il paraît donc évident que la population excédée par une crise économique qui la prive d’électricité plusieurs heures par jour, entraîne la fermeture des services publics cinq jours par semaine, et vide les rayons des supermarchés sortira très prochainement dans la rue à moins que le Venezuela ne décide de se couper définitivement du monde par la force  ce qui est peu probable. Le Vénézuela n’est pas la Birmanie !

    On risque donc d’entendre parler du Venezuela ce mois de juin même si pour Cuba, Maduro reste le modèle parfait du bon démocrate populaire.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Argentine, Brésil, Uruguay, Pérou, Vénézuela: les USA à la manœuvre

    Michel Lhomme, politologue

    Ex: http://metamag.fr

    L’Amérique Latine est en pleine recomposition. De l’Argentine au Vénézuela en passant par le Brésil et le Pérou, la contre-offensive du néo-libéralisme bancaire est en marche. Dans un contexte marqué par la récession et la crise des matières premières, les États-Unis tentent de reconquérir par tous les moyens leur ancien « pré-carré » latino-américain.

    L’Argentine dans le rang

    Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, le président français François Hollande  et enfin le président Barack Obama. Tous trois sont les premiers serviteurs du gouvernement mondial. Le Président argentin a satisfait ce beau monde occidental : il a abandonné aussitôt les efforts du gouvernement précédent pour promouvoir l’intégration régionale. Il y a un changement, une inflexion pro-américaine très nette de la politique extérieure de l’Argentine même si le gouvernement Kirchner n’était pas sans défaut dans son instinct de prédation populaire et de corruption oligarchique.

    Les gouvernements Kirchner avaient pourtant toujours entretenu de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie, avec  la gauche populiste d’Amérique latine. La politique extérieure argentine a donc aujourd’hui profondément changé. Lors de la conférence de presse à la Casa Rosada, le Palais Présidentiel argentin, les présidents Obama et Macri ont clairement évoqué la possibilité de signer un accord de libre-échange entre le Mercosur et les États-Unis, anticipant déjà un nouvel ALCA (Zone de libre échange des amériques) et ce, alors que le pays va certainement finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique.

    En Europe, la Commission européenne vient de faire pression la semaine dernière sur Paris pour signer le traité transatlantique . Alors que la Russie s’embourbe un peu en Syrie, les États-Unis avancent leurs pions et profitent du ralentissement chinois pour avancer en Amérique latine, reprendre le dessus et faire pression sur les gouvernements locaux pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échangisme radical. L’Uruguay et son gouvernement qualifié par la communauté internationale de « « progressiste » » est lui-aussi en train de signer ces traités, tout comme le Chili  de Michelle Bachelet.

    Le Brésil sous contrôle

    Restait donc l’os brésilien. Il était nécessaire et urgent de déloger Dilma Rousseff, la seule maintenant rétive à signer les grands traités de la grande reconfiguration libérale du monde en cours. Mais comment pouvait-on faire tomber une Présidente élue dans le modèle démocratique du consensus de Washington ? Par la République des Juges.

    Avec le Brésil, on sait ainsi que les coups d’état du vingtième siècle ne seront plus militaires mais judiciaires et l’ambassade des États-Unis au Brésil n’a pas cessé de recevoir les visites des opposants à Dilma dans le processus d’impeachment (destitution). On raconte au Brésil qu’aujourd’hui, cette ambassade  ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se sont préparés tous les projets de déstabilisation visant la chute programmée de Dilma Rousseff.

    Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, demain peut-être du Pérou avec Kuczynski , les États-Unis sont en passe de réaliser le grand schlem, la prise en main complète du Cône Sud. Rafael Correa, le Président équatorien a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor (alliance des armées des pays du Cône Sud pour éliminer à l’époque la subversion communiste et maoïste) qui serait en train de frapper le continent, un Plan Condor non plus strictement militaire mais avant tout économique et judiciaire, piloté en quelque sorte par les multinationales mondiales.

    Le 17 avril 2016 marquera l’histoire politique. Pour la première fois, une démocratie est entachée par un procès politique sans fondement juridique qui viole le précepte constitutionnel. C’est un coup d’État juridique sans respect de la souveraineté populaire, le point de départ d’une période de chaos et de violence par la seule volonté des puissants. La Chambre des députés du Brésil n’a ainsi pas tenu compte de l’accusation de la présidente de crime de responsabilité, l’argument de « pédalage fiscal » a été laissé de côté. A  aucun moment ce sujet n’a été abordé par les députés qui ont voté « oui à la destitution ». Dans ce contexte, il est parfaitement naturel de dire qu’il y a bien eu un coup d’état parlementaire au Brésil. On a ainsi vu le Président de la chambre des députés Eduardo Cunha, un véritable gangster politique présider la session alors que lui-même était mis en examen pour corruption passive et blanchiment d’argent et cité dans la liste des Panama Papers, en tant que propriétaire d’une société off-shore suspectée d’évasion fiscale.  Tous les députés en croisade contre Dilma Rousseff ont été élus avec l’argent de la corruption politique, soutenue par les grandes entreprises. C’est une alliance médiatico-politico-juridique qui est à l’origine du chaos politique et économique du  Brésil. La presse a construit et développé un discours ultra partisan contre les gouvernements du Parti des Travailleurs désigné comme le seul responsable de la corruption au Brésil, alors mêmes que les scandales de corruption touchaient l’ensemble des partis politiques de droite. Les secteurs juridiques conservateurs ont transformé les affaires juridiques de l’opération « Lave-Jato » (l’opération « mains propres » brésilienne) en opération de règlements de compte politique avec le soutien médiatique des grands journaux conservateurs comme « Estadao », « Folha de Sao Paulo ».

    Le Venezuela la chute avant l’été ?

    Au Venezuela, le bras de fer entre le président Maduro et l’opposition qui avait remporté les élections législatives de décembre continue. Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a pris position pour l’amnistie des opposants politiques emprisonnés. La situation est très délicate comme le révèlent le surprenant plan d’économie d’énergie – dans un pays pétrolier qui sur le papier dispose d’importantes réserves dans le delta de l’Orénoque – et qui se retrouve pourtant contraint de rationner l’électricité dans la partie la plus densément peuplée du pays. A Caracas, ce sont maintenant des queues interminables de plusieurs heures pour acheter les denrées alimentaires de base (farine, riz…)  et tous les rayons des supermarchés sont vides. La situation sociale est explosive alors qu’il faut se souvenir qu’avant le bolivarisme, le Venezuela était l’un des pays les plus industrialisés du continent latino-américain.

    Le président Maduro pourrait donc être l’objet d’une révocation pour incapacité à diriger le pays à l’issue d’un reférendum que souhaite organiser au plus tôt l’opposition qui affirme avoir déjà collecté pour ce faire environ un million de signatures. En attendant, faute de ressources, les députés ne seront plus payés.

    Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro a réclamé lundi 30 mai une réunion urgente de ses États membres pour évoquer la « crise institutionnelle » au Venezuela. Dans une lettre de 132 pages au président du Conseil permanent de l’OEA, M. Almagro affirme que le Venezuela connaît une « altération de son ordre constitutionnel » qui affecte la démocratie dans le pays. Il demande une réunion des 34 États membres de l’OEA du 10 au 20 juin, affirmant que « la crise institutionnelle au Venezuela exige des changements immédiats dans les agissements de l’exécutif » et soulignant que le pays « risque de tomber immédiatement dans une situation d’illégitimité ».  Luis Almagro avait déjà accusé ces derniers mois le président vénézuélien Nicolas Maduro de devenir un « dictateur », fin inéluctable de tout le processus révolutionnaire bolivarien.

    Début mai, une coalition d’opposition a déjà réuni 1,85 million de signatures réclamant un référendum sur le départ de Maduro que celui-ci conteste, l’accusant de fraudes. Il paraît donc évident que la population excédée par une crise économique qui la prive d’électricité plusieurs heures par jour, entraîne la fermeture des services publics cinq jours par semaine, et vide les rayons des supermarchés sortira très prochainement dans la rue à moins que le Venezuela ne décide de se couper définitivement du monde par la force  ce qui est peu probable. Le Vénézuela n’est pas la Birmanie !

    On risque donc d’entendre parler du Venezuela ce mois de juin même si pour Cuba, Maduro reste le modèle parfait du bon démocrate populaire.

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  • Blocage et grèves : Et si la foule des manifestants convergeait enfin vers l’Élysée ?

    En observant le paysage, certes éclaté, de la mouvance nationaliste ou identitaire, on constate une tendance à tirer à boulets rouges sur la CGT accusée de “nuire” à leurs concitoyens. Certaines prises de position m’ont étonné. Je crains hélas que ce ne soit un excès de dogmatisme faisant dévier le débat sur des questions presque “théologiques”.

    Je crains que certains ne se focalisent sur l’identité du vecteur de la tempête plutôt que de se féliciter de la survenue de cette dernière. Un sondage paru chez Odoxa (source) indique pourtant que 77% des sympathisants FN estiment le gouvernement responsable de la situation de blocage et non pas les syndicats. Même au centre-droit, seulement 51% des personnes interrogées accablent les syndicats prioritairement.

    Nous sommes peut-être à un tournant. La chute du gouvernement socialiste autour de cette “Loi Travail” me paraît une priorité de par le potentiel d’explosivité qu’elle contient. Nous pouvons voir se profiler une motion de censure contre le gouvernement, venue des rangs mêmes de la gauche socialiste. Alimenter cette guerre civile au sein des rangs socialo-communistes est salutaire et accélère la transition politique et idéologique générale. Ce qui passe, concrètement, par une crise gouvernementale.

    Nous ne sommes pas dans un scénario banal digne du départ de Juppé en 1995 ou de Villepin en 2006. Nous sommes à un moment où la France, comme l’UE, se trouvent dans une crise systémique majeure qui touche tous les pays du continent. Une crise gouvernementale sévère sur fond de paralysie économique – en plein milieu de l’Euro de football – renverrait une image exacte de la réalité française. C’est-à-dire désastreuse. Ce qui accroîtrait la crise de confiance générale.

    La CGT et la gauche radicale ont tort quant aux solutions, mais raison sur le refus de l’austérité imposée par le FMI et son relais bruxellois. La dette de l’état français ne peut être remboursée et la fuite en avant fiscale ne fait que précipiter l’économie française – et européenne – vers la dépression. Exiger des classes moyennes et des travailleurs en général qu’ils soient toujours plus pressurés pour que la caste politique hexagonale honore des dettes qu’elle a décidé par clientélisme et incompétence, est criminel. D’autant que 70% de cette dette n’est que la somme des intérêts des emprunts.

    La peur du défaut, avec l’inévitable révolution qu’il induirait, est la raison pour laquelle le gouvernement s’obstine.

    Au risque d’en froisser certains, je ne vois pas l’intérêt de laisser le pouvoir faire usage “du pain et des jeux” pour qu’il continue d’opérer tranquillement ses ravages. Les vacances à la plage de Laura et Enzo, certes prévues de longue date, me laissent tout aussi froids. Parce que déjà près de 40% des gens n’ont plus les moyens d’un tel plaisir. Et parce que la survie de l’Occident est en jeu. L’excitation d’un patriotisme sportif au profit d’un pouvoir illégitime – surtout après l’ignominie de Verdun – ne me paraît pas plus digne d’être maintenue à tout prix.

    La CGT peut avoir la direction qu’elle a, être soutenue par Mélenchon, voire défendre de sombres intérêts corporatistes, peu importe : ils peuvent faire tomber le gouvernement Valls.

    Et après ?

    Après, ou pendant. Nul ne sait ce qui peut advenir. Le gouvernement est tétanisé à la pensée d’un manifestant tué. Je ne souhaite la mort de personne, mais l’imprévu dans l’histoire est la règle. Un piquet de grève trop brutalement dispersé par des CRS ou gendarmes mobiles harassés peut déclencher une réaction en chaîne dont nous ignorons tout des effets. Un gréviste peut être tué accidentellement, suscitant des violences cathartiques insoupçonnées.

    Politiquement, quel est l’intérêt de voler au secours d’un gouvernement socialiste en appuyant son recours à la force contre les grévistes ? Marine Le Pen a plus habilement appelé à retirer la loi.

    La paralysie du pays qui se profile est le vecteur propice de la colère populaire contre un gouvernement et une présidence qui incarnent parfaitement la fin d’un système et d’un régime. Je ne vois pas l’intérêt d’œuvrer au maintien de leur ordre.

    Je ne sais pas ce qui va advenir. Peut-être rien dans l’immédiat. Ou peut-être que la foule commencera à s’agglutiner aux abords de l’Élysée pour tenter d’y pénétrer. Comme à l’assemblée nationale.

    Si, plus sobrement, Valls tombe, Hollande sera sans premier ministre de rechange. Macron étant plus libéral, il se mettrait encore plus à dos sa gauche s’il le désignait. Un scénario impossible dans la mesure où il gonflerait le vote mélenchoniste en 2017. Alors quoi ? Plus rien. Plus de ligne, plus de semblant d’autorité, la porte étant ouverte à l’imprévu et d’abord à l’anarchie parlementaire.

    Le système politique est verrouillé et 2017 ne sera qu’une énième redite de la part de l’oligarchie du cirque que nous ne connaissons que trop bien. Il est préférable de cultiver les ruptures et les coups de force révolutionnaires ou même d’aspect révolutionnaire.

    Il y a une nuance de taille entre un allié et un ami. Soutenir la CGT, comme le fait visiblement l’opinion publique par volonté de rupture, ne signifie pas se convertir aux théories économiques de l’archéo-gauche. C’est simplement utiliser la corde de la gauche radicale pour pendre les socialistes. Une maison divisée contre elle-même ne peut tenir debout.

    Ce qui ne rend pas la droite étatiste, proche des oligarques du système, plus séduisante. Mais chaque chose en son temps.

     

     

    http://borislelay.com/

  • Politique et éco n°92 : De l’enfer fiscal aux Molenbeek français.

  • De l’art de mal gérer le Bien commun : Dette publique et gabegie politicienne.

    Dr Bernard Plouvier

    L’un des grands ministres de l’histoire de France (ils ne furent pas si nombreux qu’on puisse facilement les oublier), Jean-Baptiste Colbert (in Maximes générales d’un bon gouvernement) a écrit : « L’impôt, pour être lucratif, doit être simple, d’une perception aisée par un très petit nombre de régisseurs et de comptables, afin de ne point salarier, aux dépens de la nation, un grand nombre d’inutiles, vampires de la société »… en nos jours de traitement informatique des données, l’administration du ministère des Finances en la VeRépublique française coûte plus cher à l’État que ne lui rapporte l’impôt sur les revenus !

    L’impôt injuste, spoliant les grands travailleurs, et l’impôt maladroit, du fait de dépenses ineptes, est la négation même de la notion de Bien commun. L’imposition excessive favorise l’évasion des capitaux. En revanche, c’est une mesure stupide que d’exonérer de l’impôt un citoyen : quels que soient ses revenus, tout citoyen doit contribuer aux dépenses communes, même de façon minime. En outre, tous les gains doivent être imposés, même ceux des jeux et loteries, tandis que le profit des marchés illicites (issus de trafics clandestins ou de la corruption) doit être intégralement confisqué au bénéfice de l’État. Aucune immunité ne doit couvrir les malversations d’élus du peuple ou de fonctionnaires.

    L’exemple français contemporain est assez instructif. Selon les données du ministère des Finances, les recettes de l’État, pour l’année 2014, ont été apportées à 56% par les taxes à la consommation, à 25% par les impôts perçus auprès des particuliers, à 13% par les impôts sur les sociétés, à 6% par les bénéfices d’exploitation des régies et Domaines. Les dépenses ont été réparties à hauteur de 25% en allocations diverses (aux associations et aux particuliers), de 12% pour le service de la Dette, 21% pour la Défense et la sécurité publique, 20% pour l’enseignement et la recherche, 22% pour les autres ministères… les dépenses ont très largement excédé les recettes, d’où un accroissement de la Dette ! Les politiciens démagogues sont d’abominables gestionnaires, irresponsables légalement autant que moralement.  

    Depuis le début de l’ère mondialiste, divers prédateurs ont inventé une nouvelle forme de racket légal : le Charity business. En l'An 1999, 900 000 associations étaient légalement reconnues par l'État français. En 2003, on a calculé que depuis 1980, elles avaient tiré 308 milliards de Francs de la charité publique et engrangé 166 milliards de subventions publiques (soit l’équivalent de 72 milliards d’euros)… nul ne connaît le montant exact des sommes dépensées en coût de fonctionnement ni celui des détournements à des fins d’enrichissement personnel.  

    Étant donné que, par les taxes à la consommation, les impôts sur les revenus et les successions, le bon peuple règle une énorme part de la dépense collective (81%, en 2014, pour l’exemple français), il est logique de prendre son avis, par voie référendaire, pour tout choix de société grevant les finances publiques : immigration massive, subventions aux associations, aide aux peuples attardés, entretien des ex-colonies qui continuent à être des boulets économiques pour la métropole sous l’appellation de départements d’Outre-mer, engagement de nouveaux fonctionnaires, etc… on ne méconnaît pas l’apport de l’impôt sur les sociétés, mais leurs dirigeants sont, eux, très largement écoutés des politiciens et des hauts-fonctionnaires.

    Fin 2015, l’État français, peuplé de 64,5 millions d’habitants en métropole et de 2,1 millions dans les succursales extra-européennes, était riche de 5,65 millions de fonctionnaires zélés autant que consciencieux, alors qu’il devait faire face à 5 millions de chômeurs pleins ou partiels ou en « stages » (catégories A, B et C) et à 13 millions de retraités… seul notre Président dodu estime, en 2016, que : « Ça va mieux ».

    Un État qui emprunte pour créer des infrastructures utiles (autoroutes, ports et aéroports, rail, télécommunications, production d’énergie au meilleur coût), pour mieux protéger la population et mieux instruire la jeunesse, est bienfaisant. Un État qui emprunte pour nourrir le parasitisme social (immigrés sans travail légal, associations) ou accroître le cheptel des fonctionnaires pour mieux caser les clients politiques et syndicaux est, par essence, un État démagogique et corrompu, appelé à disparaître.

    Or, les sommes prêtées par les banques centrales ou supranationales aux États ne sont que de l’argent fictif, alors que le remboursement de la Dette (principal et intérêts) n’est nullement fictif. Chaque contribuable voit ainsi détourné, au profit des requins de la finance cosmopolite, une part de plus en plus considérable de l’argent qu’on lui soutire… alors même qu’un peu partout, les États réduisent les infrastructures en milieu rural ou dans les petites villes ; c’est singulièrement le cas en France.    

    Tous les États de la planète, à l’ère globalo-mondialiste, sont surendettés. La Dette mondiale était en 2014 égale à 215% du Produit Brut mondial. En octobre 2013, des experts du Fonds Monétaire international ont recommandé aux maîtres du système de confisquer 10% de l’épargne des particuliers des Nations évoluées, pour éponger le surplus des Dettes étatiques constaté depuis l’effondrement financier des années 2007-2011, induit par l’explosion de bulles spéculatives et l’arnaque made in New York des subprimes.

    Les experts ont calculé que pouvaient être ainsi soutirés 11 200 milliards aux libres citoyens des USA, 8 400 milliards aux vaches à lait de l’Union Européenne et 1 700 milliards aux Britanniques (toutes valeurs exprimées en dollars US). Personne n’a osé envisager de faire rendre gorge aux hyper-riches ! On imagine que cette solution sera imposée par les dictateurs populistes qui devront reprendre en mains les destinées nationales, une fois terminée la gabegie globalo-mondialiste.      

    Depuis l’Antiquité, les théoriciens estiment que maîtres d’un État ont pour missions de gérer au mieux le Bien commun et de faire évoluer les institutions et les conditions de vie des citoyens à mesure qu’apparaissent les problèmes de fond. Toute réforme de fonctionnement doit être menée avec tact et intelligence, devant toujours être précédée d’une campagne d’information contradictoire, avant d’être soumise aux élus. Les réformes fondamentales (ou de structure) doivent impérativement être proposées pour avis au peuple souverain. Le despotisme éclairé n’est une bonne chose qu’avec des peuples arriérés et incultes.

    La démocratie telle qu’elle est pratiquée un peu partout dans les pays de mode de vie occidental, depuis 1830, n’est rien d’autre que l’art de gouverner pour maintenir les privilèges de la caste au pouvoir. « Il est insane et immoral qu’une faction, toute puissante par sa richesse, maîtresse de l’industrie et du commerce, tienne en sa main plus d’un ressort de l’administration publique »… probablement pour éviter l’accusation rituelle d’antijudaïsme, le bon Léon XIII (in Rerum novarum) omettait de citer les maîtres de la finance. La « mondialisation », programmée dès la fin des années trente par Franklin Delano Roosevelt, et progressivement mise en place à partir de 1980, n’est en définitive que le triomphe absolu du Pouvoir économique sur tous les autres types de pouvoirs.

    La démagogie n’a jamais été que l’art de faire croire à un peuple qu’il pouvait obtenir (presque) tout, sans effort notable. Seuls les plus modernes des populistes ont soutenu le contraire, exigeant énormément d’efforts pour surmonter une énorme détresse morale, ce qui est bien plus grave qu’une crise économique. De nos jours, partout en Occident, les autochtones ressentent une angoisse de ce type, associant désillusions et déréliction, sensation de péril imminent et surtout la tristesse spécifique de la fin d’une ère historique.

    Le populisme, c’est la réaction d’un peuple qui se sent trahi ou abandonné par la caste dirigeante, inepte, inapte et/ou corrompue. C’est une aspiration à renouveler la structure et le fonctionnement du couple Nation-État, qui reste inassouvie tant que le peuple n’a pas trouvé son chef ou lorsqu’il se laisse prendre aux rets d’un démagogue. Le populisme, c’est la volonté d’un peuple de voir correctement géré le Bien commun (cher à Platon, Aristote, Hobbes etc.), c’est la nécessité de créer les meilleures conditions pour la génération à venir, en se souvenant que les prévisions d’expert à long terme s’avèrent constamment fausses.

    Le populisme, c’est l’espoir pour un peuple de renaître, de recommencer une vie commune sur de nouvelles fondations. Le populisme, ce n’est nullement l’utopie égalitaire, qui est, au contraire, le Leitmotiv des propagandes démagogiques, dont le marxisme fut la plus pernicieuse. Le populisme, c’est se vouer à une grande aventure collective, à la fois politique, économique, sociale et culturelle… soit l’inverse de l’actuel individualisme stéréotypé. Le populisme est l’expression de la véritable démocratie, soit le gouvernement POUR le peuple et non plus le gouvernement pour défendre les privilèges de la caste économique et politicienne.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/05/27/de-l-art-de-mal-gerer-le-bien-commun-dette-publique-et-gabeg-5807504.html